Le constat de décès du catholicisme en France est tiré par les sociologues qui indiquent que les moeurs des catholiques ne diffèrent plus de ceux des autres Français depuis le milieu des années 1980 ; auparavant ces experts de l'analyse des comportements pouvaient encore repérer un "vote catholique", par exemple, ce qui n'est plus le cas ensuite. Complétons ce constat : le catholicisme survit à l'état de folklore "identitaire" et d'idéologie(s).
Un autre indice de cette mort clinique est la séduction exercée par le président Donald Trump sur une partie des catholiques idéologiques, alors même que le président américain est un protestant américain typique, par conséquent antipapiste. La conversion de son adjoint J.D. Vance au catholicisme est un phénomène intéressant, mais pratiquement sans rapport avec la mort du catholicisme sur continent européen.
En fait de "grand remplacement", il en est un qui est bien réel, c'est celui du remplacement du catholicisme par l'islam. Cela peut expliquer l'islamophobie obsessionnelle de certains représentants du lobby catholique. Il faudrait dire leS islamS, car l'islam n'est pas unifié derrière un chef unique, comme le catholicisme. La guerre mondiale fracture l'islam en plusieurs chapelles entre lesquelles se nouent et se dénouent des alliances.
L'antisémitisme catholique en Europe s'est résorbé au fil du temps pour une raison aisément compréhensible : cet antisémitisme était lié à la fonction de religion d'Etat remplie par le catholicisme du temps de sa grandeur.
On ne dispose pas d'indices aussi précis en ce qui concerne la Russie, mais je mettrais ma main au feu que l'Eglise orthodoxe est dans le même état de décomposition, et qu'elle n'a plus d'empire que sur les soldats que V. Poutine envoie se faire tuer en première ligne pour défendre le Capital russe.
On peut expliquer le pourrissement accéléré du luthéranisme en Europe du fait qu'il a imité le catholicisme, ce qui revenait à convier Satan à sa table juste après l'avoir pointé du doigt.
La mort du catholicisme intervient au terme d'une longue agonie. Le ver est déjà dans le fruit sous le règne de Napoléon Ier où la franc-maçonnerie remplace les jésuites, malgré la façade catholique du régime (l'empereur avait besoin de paysans catholiques pour grossir les rangs de son armée).
Le règne de Napoléon III est le chant du cygne du catholicisme : les écrits du pamphlétaire-diariste Léon Bloy en témoignent - il se montre le plus conscient de la tartuferie bonapartiste-catholique et vitupère contre elle à la manière d'un pasteur protestant, soutenu moralement par son épouse danoise (qui l'empêche de picoler excessivement et tient les potes de Léon à distance).
Lorsque les congrégations religieuses seront expulsées et la loi de séparation de l'Etat et de l'Eglise prononcée, le catholicisme était déjà mort, privé de sa fonction régulatrice depuis plus d'un demi-siècle. Le nationalisme républicain s'avère dès le dernier tiers du XIXe siècle une religion d'Etat mieux adaptée à l'Etat bourgeois capitaliste, dont les "hussards noirs" de la République seront le clergé. Il est intéressant de noter que la relégation du clergé républicain et de sa théologie (le roman national) coïncide elle aussi avec un bouleversement économique - la désindustrialisation. L'exemple du nazisme illustre que le nationalisme républicain n'est jamais aussi exacerbé que dans la phase d'expansion industrielle.
Le catholicisme ancien est donc mort dans la partie occidentale du monde ; on voit bien que la croisade contre le tiers-monde n'est pas prêchée avec des arguments catholiques, mais avec des arguments "sionistes" ou, pour être plus précis, des moyens de propagande sionistes, car c'est de ce point de vue-là aussi que le catholicisme ancien est mort. Le parti impérialiste atlantiste (Océania) a peut-être commis une énorme erreur stratégique en attaquant la Russie de V. Poutine et l'Allemagne au passage (l'avenir le dira)... Un proverbe français dont V. Poutine vient d'éprouver la solidité dit que "la guerre est une chose beaucoup trop sérieuse pour la confier à des militaires".
Le catholicisme est désormais vivace en tant que religion du tiers-monde, sous la botte occidentale. Le pape François est le premier à avoir infléchi son discours dans ce sens, succédant à un pape juriste allemand qui croyait que l'avenir du catholicisme se trouvait en Allemagne (!).
Le catholicisme est, certes, concurrencé par l'islam, mais celui souffre de plusieurs handicaps : le premier est qu'il n'a pas de chef unique, loin s'en faut. Le second est que la plupart des mouvements révolutionnaires islamistes sont manipulés par la CIA ; après la comédie de l'Etat islamique/Daech, le manège atlantiste commence à se voir un peu trop. Bien entendu l'Eglise romaine n'échappe pas non plus à "l'entrisme" de la CIA, mais il lui serait plus facile de faire le ménage.
Ainsi les changements économiques et sociaux ont des répercussions sur les Eglises chrétiennes, de même que celles-ci ont créé un climat favorable à des guerres de religion atroces, au capitalisme et au totalitarisme, mais cela n'empêche pas le soleil de la Foi de briller à travers les interprétations diverses, qui sont parfois des trahisons et font penser au chapitre de l'Apocalypse où sept Eglises sont tancées par l'ange de Dieu pour sept sortes de trahisons différentes.