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sionisme

  • Du Sionisme

    Avant de parler plus en détail du sionisme, il convient de préciser que ni le judaïsme, ni le christianisme ne sont des points de vue "modernes" ; si les facteurs d'espace et de temps sont essentiels au calcul du progrès moderne, ils n'ont aucune importance spirituelle ou historique. Les prophètes juifs, chrétiens, les apôtres, pensent à contre-courant du monde et non selon sa détermination : c'est un leitmotiv biblique constant.

    Un juif ou un chrétien, en raison de son caractère "moderne", tiendra donc non seulement le propos sioniste, mais tout propos moderne comme un propos idéologique, c'est-à-dire subjectif. Le socialisme, le sionisme, le nationalisme, le communisme, etc. proposent de se soumettre à un idéal, contrairement au christianisme.

    Secundo, Jérusalem a dans l'apocalypse de Jean un double sens, un peu comme Israël précédemment dans l'ancien testament, tantôt chérie de dieu, tantôt blâmée et sanctionnée durement. Jérusalem symbolise dans le nouveau testament l'accomplissement spirituel, en même temps que son nom est associé à Sodome et à l'Egypte, ou encore à Babylone. L'une sera sauvée, l'autre sera détruite ; à chacun de choisir la bonne... ou pas. Pourquoi ce double sens ? L'apocalypse chrétienne contient la révélation du dévoiement (dit "fornication") de la voie spirituelle indiquée par le Christ Jésus sur le plan politique. Cette subversion est systématique tout au long de l'histoire de l'Occident, et contrairement au propos de l'essayiste luthérien Jacques Ellul, bien loin d'y renoncer, l'art politique occidental le plus récent, loin de renoncer à cette subversion, n'a fait que le perfectionner. Bien que l'exemple de la "monarchie chrétienne de droit divin" soit l'exemple le plus frappant de fornication, cet exemple est très loin d'être isolé. Plus subtile, et en même temps plus utile à déceler, la substitution de la "providence" à la parole divine et à son esprit. En effet la parole divine est "libre de droits", tandis que la providence, elle, ne l'est pas, et permet de détruire le catholicisme à l'intérieur du catholicisme. De plus le providentialisme demeure lié à l'invention et à la justification de l'Etat moderne totalitaire dans l'Occident "judéo-chrétien". 

    - Entrons maintenant dans le vif du sujet : le sionisme moderne, en tant qu'idéologie laïque. Avocat zélé et fameux de l'expression du sionisme en France, Bernard-Henry Lévy reconnaît cette définition d'idéologie laïque, quoi qu'il soit plus habile de présenter les idées politiques comme des "idéaux".

    Dans "Les Aventures de la Liberté", dont le titre traduit une conception laïque de la liberté, si ce n'est personnelle, B.H. Lévy précise : le sionisme est un idéal antitotalitaire, né au coeur de l'Europe (Autriche-Hongrie/Mittel-Europa). Le sionisme représenterait, à l'égal de l'européisme, si ce n'est mieux que lui, l'idéal des Lumières et de la Révolution française de 1789, répandu dans toute l'Europe. L'Etat israélien et ses élites dirigeantes seraient donc porteurs du flambeau de la liberté, allumé au coeur de l'Europe, sous la forme du sionisme ; une liberté dénuée du caractère nationaliste ou racial. Je crois avoir à peu près résumé la définition de B.H. Lévy.

    Les actionnaires d'un tel idéal ne peuvent en vouloir à des esprits moins idéalistes de remarquer son côté romantique, et de faire valoir que si l'idéal laïc sioniste est assez neuf et vierge, d'autres idéaux laïcs ont précédemment entraîné au XXe siècle les plus formidables bains de sang que l'humanité avait jamais connus auparavant. C'est donc la philosophie et l'anthropologie qui sont mêlées aux crimes modernes "contre l'humanité" (expression dépourvue de sens chrétien ou juif), non la théologie. Précisons : il faut pour conférer à la théologie chrétienne ou juive un mobile guerrier, la ramener à une culture ou une philosophie.

    Du moins peut-on accorder à B.H. Lévy de ne pas tenter l'accord impossible entre le judaïsme ou le christianisme et l'idéal laïc sioniste, opération de manipulation scandaleuse des esprits menée par certains clercs chrétiens, et à peu près aussi grossièrement chrétienne que le sacre de Napoléon par le pape. En revanche il se moque des faits historiques en attribuant à l'Europe centrale la promotion des valeurs des Lumières. Une telle thèse ne peut que rencontrer l'adhésion d'ignorants. Le nationalisme n'est pas un produit des Lumières françaises ou européennes. C'est une religion mystique qui découle de l'ordre juridique républicain et son appui dans la propriété. Cette religion a été baptisée dans le sang et la guerre, et non par la philosophie des Lumières. Si ce n'était le cas, stalinisme et hitlérisme auraient aussi bien pu se prévaloir de l'héritage des Lumières que l'idéologie sioniste laïque.

    Comme les idéologies sont idéologiques, les idéaux sont idéalistes ; voilà pourquoi il n'y a pas grand-chose à en dire de plus. Un juif ou un chrétien ne sera pas antisioniste, il se contentera d'être juif ou chrétien.

    La difficulté de l'idéal sioniste est à servir de support à une morale s'imposant à tous ; le subterfuge catholique romain qui consistait pour son clergé à dire le droit commun "au nom de Jésus" est difficile à renouveler sous la forme d'une éthique commune "au nom des victimes juives de la choa", ou même des victimes du totalitarisme en général. Le statut de la victime se doit d'être éminent.

    Bien que les victimes juives ne s'opposent pas formellement, comme le nouveau testament, à la fondation d'un ordre royal, laïc, démocratique, ou encore un consortium industriel et bancaire sur leurs reliques, il semble difficile de fonder une morale planétaire sur cet argument, y compris avec des moyens de propagande décuplés par rapport à ceux de l'Eglise romaine jadis. Aucune morale ne s'est jamais imposée dans l'histoire sans l'appui de forces militaires conséquentes. Comme tout romantisme, le sionisme paraît être exposé à un brutal retour à la réalité ; plus que d'autres idéologies laïques, il paraît confus et marqué par l'abstraction.

    (En lien, non pas avec l'idéologie sioniste mais l'histoire du salut chrétien, je propose cette étude de Rodney Sankinka, chrétien congolais sur la grande prostituée de l'apocalypse, dans laquelle celui-ci se demande si elle est une figuration mythologique de Rome ou de Jérusalem ?)


  • Sionisme et nazisme

    C'est une belle preuve de la perversité du diable que l'appui de la théologie dite "sioniste" sur l'apocalypse, c'est-à-dire l'évangile qui condamne sans appel toutes les nations sans exception. En Belgique, la justification du pacte atlantique entre les Etats-Unis et Israël par la Bible a quelque crédit comme, je pense, nulle part ailleurs en Europe.

    Donc le Jésus-Christ des Belges entre dans Jérusalem, et il félicite les pharisiens et le gouvernement romain pour leur concordat. "Folklore pédophile" : cette expression pour qualifier la culture allemande ou japonaise convient très bien aussi à la Belgique.

  • Sionisme et croisades

    Le chrétien "sioniste" est un type assez peu répandu en France, au moins pour deux raisons. La première c'est que l'Eglise romaine, communauté réduite aux caquets, cependant conserve grâce au soutien financier du patronat et de l'Etat une voix prédominante sur les autres sectes chrétiennes ; or Rome évite de donner des consignes politiques trop directives à ses ouailles, se contentant de recommandations morales (dupant lorsqu'elle fait croire que le capitalisme n'imprime pas nécessairement le mouvement à l'éthique moderne). L'imbécillité des catholiques romains éclata lors de la guerre 14-18, quand Bavarois d'une part, et Français de l'autre, s'étonnèrent du refus de Rome de soutenir l'un ou l'autre camp.

    - D'ailleurs l'anti-américanisme reste répandu en France, ce d'autant plus en période de crise que les Etats-Unis n'ont jamais séduit que par les effets de leur puissance économique et militaire des milieux populaires à qui sont infligée une propagande constante.

    Je m'aperçois que j'ai oublié de définir le "sionisme chrétien" : il s'agit d'une théologie grossièrement truquée destinée à servir de justification au pacte militaro-industriel entre les Etats-Unis et Israël, quand bien même la domination de la puissance nord-américaine sur le monde est éclatante, et la condamnation des nations et des hommes en armes figure dans les écritures chrétiennes. Le sionisme chrétien est une théologie aussi grossière que celle du sinistre Bernard de Clairvaux jadis pour justifier les croisades, visant par conséquent à la mobilisation d'imbéciles au service d'une cause à laquelle ils ne sont pas directement intéressés. Il faut, du point de vue chrétien, deux bandes de singes humains du même niveau de spiritualité pour qu'il se produise, entre eux, un "choc des cultures". Et les études historiques montrent que les ordres religieux militaires officiellement chrétiens, se prosternaient en réalité devant des idoles (bien plus propices à leurs entreprises commerciales et militaires).

    - A l'appui du "sionisme chrétien", comme on peut le lire sur le forum de discussion "Actualité chrétienne", fréquenté semble-t-il surtout par des chrétiens francophones réformés (site auquel le réprésentant de commerce démocrate-chrétien Patrice de Plunkett apporte sa caution), une eschatologie complètement débile ; c'est-à-dire typique de l'amalgame "judéo-chrétien", qui ne dit jamais pourquoi le sacerdoce du clergé juif est caduc selon Jésus et ses apôtres ; l'amalgame revient à introduire le négationnisme de l'histoire dans le christianisme, alors même que le sens de l'histoire a été insuflé dans le monde par les apocalypses juives et chrétiennes.

    - Ce sionisme repose d'abord sur des citations tronquées d'Isaïe ou d'Ezéchiel, prophètes qui annoncent essentiellement la venue du Messie véritable Jésus-Christ, contrairement aux apocalypses de Jésus et des apôtres, tournées vers la fin des temps et l'avènement du "fils d'homme". Le caractère mythologique des prophèties juives n'est pas pris en compte, pas plus que le renversement par Jésus-Christ, au nom de l'Esprit, de l'ordre humain moral et politique auquel les nations étatsunienne et israélienne sont adossées. Bien entendu, le culte de la terre des ancêtres est exclusivement païen, et il n'y a pas d'identité juive possible.

    Les prophéties d'Isaïe comme celle d'Ezéchiel renferment d'ailleurs de violentes imprécations contre le peuple hébreu, prémonitoires de l'aveuglement des prêtres d'Israël, qui les entraîna à assassiner le Sauveur (c'est chez le prophète Daniel, auquel Shakespeare fait allusion dans "Hamlet", que l'on peut trouver non seulement l'annonce du Messie, mais aussi des prophéties sur la fin des temps et l'avènement du fils d'homme, qui concordent avec les prophéties chrétiennes ultimes, auxquelles le tragédien anglais se rattache. EN AUCUN CAS ON NE SAURAIT TROUVER DANS L'APOCALYPSE L'INDICATION D'UN PARTI-PRIS MORAL OU POLITIQUE. La spiritualité chrétienne n'accorde pas de sens catholique à des valeurs que les hyènes elles-mêmes se montrent capables de défendre avec moins d'hypocrisie : patrie, famille, et fruit de la chasse.

    Israël n'est pas pour un juif authentique un territoire ou une nation/une mère providentielle, mais la femme chantée dans le Cantique des cantiques, la fille de dieu, soumise à lui et à nul autre. De même la femme aux douze étoiles entre le soleil et la lune figure aux yeux des chrétiens l'épouse de Jésus-Christ, c'est-à-dire l'histoire des fidèles apôtres de Jésus-Christ, inscrite dans les cieux. La fille "émancipée", par conséquent, dont l'assomption est désormais permise.

    - Un certain Luc Henrist, sur le site mentionné, avance des arguments un peu plus sérieux, mais néanmoins inappropriés. Il refuse d'ailleurs la qualification de "sioniste", sachant sans doute qu'elle est forcément ridicule, puisque Sion est le symbole du salut, et que le message universel des apôtres n'a de sens que par le salut et l'eschatologie.

    L. Henrist entend prouver qu'il est le moins antisémite des hommes. Il cite l'épître aux Galates de Paul ; mais celui-ci n'a rien à voir avec l'antisémitisme, notion floue et sujette à controverses. Paul prévient les gentils dans cette épître qu'ils ne doivent pas répéter la même erreur que les pharisiens, et qu'ils ne seront à l'abri de le faire que s'ils restent fidèles aux évangiles. La dernière erreur serait d'y voir une incitation à pactiser avec le pharisaïsme des juifs - erreur qui ne ferait que s'ajouter à toutes celles dont l'iniquité du monde est grosse. L'élection des gentils à la suite d'Israël, "l'olivier franc" selon Paul, ne ferme pas aux juifs la voie du salut.

  • Sionisme et catholicisme

    - Sionisme et catholicisme sont-ils compatibles ?

    - A partir du moment où on pose le principe qu'il peut y avoir des aumôniers militaires qui se réclament de... Jésus-Christ, bien sûr on peut parfaitement accorder le sionisme avec le catholicisme. Si l'on double ce principe de la méfiance de l'islam parce que c'est une religion... guerrière, alors là on peut faire avaler des ballons de rugby à la place des hosties à la messe de minuit. Tout est possible, à condition de se choisir un dieu permissif.

    Une observation plus intéressante, c'est que l'institution chrétienne puise systématiquement son négationnisme dans l'Ancien Testament ; c'est-à-dire que, pour faire barrage à l'Esprit, elle retourne puiser dans l'ancien testament ce que le nouveau a aboli, à commencer par le sacerdoce des pharisiens.

  • Dieudonné et le sionisme

    Le blaze de Dieudonné et son intérêt pour le sionisme ne va pas attirer que des philologues versés dans l'antiracisme de haute volée. Il devrait bien sûr attirer aussi pléthore de théologiens.

    Vu que Dieudonné est chrétien, je propose une petite révision :

    - Pas de "sionisme" pour un chrétien, en dehors de celui, tout spirituel, du vieillard juif Siméon ("Mes yeux ont vu le Salut"), accueillant Marie et Jésus au Temple.

    Toute entreprise nationaliste ou autre, badigeonnée d'un prétexte théologique, parfaitement terre-à-terre, ne fait que rappeler le mobile de Judas Iscariote, zélote de sinistre mémoire qui refusa de voir le Sauveur autrement que comme un "nouveau Moïse" venu pour libérer le peuple hébreu de la férule romaine et qui, déçu qu'il ne fut pas venu pour cela, le vendit pour trente deniers au "Beth Din" (tribunal pénal).

  • Dieudonné... sans confession !

    La candidature de Dieudonné est remplie de promesses : nul doute qu'on devrait atteindre des sommets dans la dialectique antiraciste, déjà fort élevée. Collectionneur d'ubuismes gros et petits, déjà, j'avais relevé dans "Les Temps modernes" : "Simone Weil est une juive antisémite ne s'aimant pas elle-même étant juive" (F. Kaplan) (A moins que ce ne soit l'inverse ? Je n'ai pas relevé par écrit.)

    Nul doute que l'agrégation de philosophie de BHL va lui servir à quelque chose pour démêler tout ça et que, par précaution, il devrait déjà distribuer quelques "grilles de lecture".

    Petit conseil d'un amateur qui trouve la philologie trop sérieuse pour ne pas la laisser à des professionnels du CNRS ou à Philippe Sollers : ceux qui veulent peindre le gaillard Dieudonné autre que comme un enfant de choeur feront mieux de passer par le patronyme non moins poétique "Mbala-bala".

    "Contre le sionisme" : Dieudonné va devoir aussi dire de quelle couleur car la gamme va de l'écru au noir, jusqu'au projet laïc de colonie juive à Madagascar.