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rémi brague

  • De Maurras à Brague

    La "voie romaine" trouve son équivalent aux Etats-Unis dans l'"autoroute 66".

    A côté de la tentative burlesque de Michel Onfray d'adapter Nietzsche aux valeurs de gauche, alors que celui-ci aurait vu dans l'alternative gauche-droite une sorte de pas de l'oie de trouffion débile de la modernité, s'est développée une tentative d'adapter Nietzsche au christianisme ; elle comporte cette difficulté majeure de faire du chantre du satanisme et de la culture de vie un penseur "chrétien".

    Essentiellement, le trucage de Michel Onfray et des catholiques romains revient au même. Dans le premier cas, il s'agit de faire passer les valeurs républicaines pour des valeurs populaires, alors même que le régime républicain moderne a mis en miettes la culture populaire pour la remplacer par une culture de masse totalitaire. Jamais régime n'aura fait subir au peuple de plus grandes avanies, ni n'aura inculqué un mensonge aussi grossier que celui de la "souveraineté populaire" et de l'égalité.

    Pour faire passer une telle couleuvre, il est nécessaire de censurer à la fois Nietzsche et Karl Marx. Les valeurs républicaines modernes trouvent appui sur la rhétorique de quelques fonctionnaires assermentés, mais non sur des penseurs indépendants.

    La tentative sous le masque chrétien, elle, consiste à adapter le christianisme aux valeurs élitistes. Pour opérer ce tour de passe-passe, Charles Maurras va s'appuyer sur l'imbécillité extraordinaire du public catholique romain, que Nietzsche a théorisée d'une manière assez précise, bien qu'il n'en identifie pas la cause exacte. On trouve d'ailleurs à l'intérieur de l'Eglise romaine, quelques cas isolés de rebelles à l'imbécillité catholique romaine, tels Léon Bloy ou Bernanos, mais qui n'en reconnaissent pas la cause non plus, moins encore que Nietzsche.

    L'antichrist Charles Maurras, sorte de résurgence de Richelieu au niveau du journalisme, ne se contente pas de faire du christianisme le complice servile et commode des crimes des nations occidentales, il échaffaude par ailleurs une idéologie qui vise à faire passer l'empire romain pour une civilisation saine et équilibrée. Même la philosophie allemande n'est pas restée figée à un niveau critique aussi bas. Pour admettre que l'empire romain est une civilisation équilibrée, il faut admettre que le totalitarisme est un humanisme, ou bien la culture des Etats-Unis autre chose qu'une métastase. Quand on nie absolument l'histoire comme Maurras, on ne peut qu'en être le cocu, une sorte de voyageur dans le temps dépourvu de lien avec la pensée française.

    Ce cocufiage et l'infâmie de Maurras ont conduit à lui coller l'étiquette de chef de file d'un groupe folklorique vaguement indécent. Le besoin d'un discours subversif de l'histoire a cependant subsisté. L'évêque de Rome ne peut pas tout faire. Il est déjà assez occupé à combattre la mafia à l'intérieur de son parti, ainsi qu'à rédiger des encycliques suggérant que la lumière créatrice n'est pas celle de Satan : il a besoin de faussaires en histoire pour l'assister dans l'entreprise qui consiste à démontrer que le christianisme est compatible avec les visées de l'élite.

    Rémi Brague a pris le relais de Maurras il y a quelques années, avec un bouquin visant à démontrer que Rome est la matrice de l'Europe, c'est-à-dire du rêve nationaliste partagé par une série de bouchers sanguinaires fameux et un conglomérat de banquiers cyniques, et qui a choisi pour le symboliser une nymphe violée par un taureau, sans doute pour signifier la barbarie ultime de ce nationalisme.

    Ce que Brague et les braguets veulent éviter, ce n'est pas tant qu'on les rapproche de Satan, auxquels ils ne croient pas et qui leur semble pure abstraction en comparaison des missiles à longue portée du pacte atlantique. Ils ne veulent pas qu'on fasse le rapprochement avec Maurras, car ce dernier n'est pas assez bcbg.

    Malgré sa compromission avec le culte solaire de Louis XIV, qui oblige à le prendre "avec des pincettes", car ce genre de compromission sert à Nietzsche pour faire la démonstration d'un christianisme entièrement animé par des faux-jetons, le théologien catholique Bossuet signale quand même que, sur la piste de Satan et du nombre de la bête (666), tous les chemins mènent à Rome.

  • Saint Marx

    Marx et Engels démontrent, notamment dans leur pamphlet intitulé "La Sainte Famille", que le totalitarisme dérive d'une idéologie de la famille. C'est-à-dire que la sacralisation de l'Etat, ses institutions, ses lois, reprend en les développant les formules de la sacralisation de l'organisation familiale (même si d'un point de vue marxiste, bien sûr, les idées ne sont que des coquilles vides qui ne permettent pas de comprendre la logique tortueuse de l'Histoire). La famille n'est donc pas seulement l'organisation première constitutive de la société civile, sur le plan humain et économique, la "religion de l'Etat" est aussi un ersatz de la religion de la famille.

    La doctrine de G.W.F. Hegel n'est pas moins médiévale ou romaine que celle de Kant en réalité, même si la "statique" de Hegel, prince des philosophes allemands, est dissimulée derrière un principe d'évolution quasiment algébrique ou fonctionnel. Montesquieu n'est d'ailleurs pas plus capable que Hegel, après avoir posé le principe abstrus de la "loi naturelle", d'expliquer clairement quel rapport les lois entretiennent avec la Nature. Le lien qui s'impose à l'esprit entre la loi et l'artifice n'est effacé par Montesquieu qu'à l'aide d'un décret.

    L'analogie entre "l'homme providentiel" du droit laïc, "national-socialiste", et Moïse a déjà été remarquée par tel ou tel historien (A. Hitler lui-même comme certaines de ses notes en témoignent, avait remarqué les connotations religieuses du droit allemand) ; mais les lois de Montesquieu sont elles aussi comme "tombées du Ciel", et l'ésotérisme juridique de Montesquieu précède celui du Souabe Hegel, malgré la différence de style (et le fait que, dans le domaine artistique au moins, Montesquieu émet des idées moins lucifériennes que celles de Hegel.)

     

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    On peut penser qu'en dehors de l'influence de Charles Fourier, ce sont les études grecques de Karl Marx qui l'ont amené à s'attaquer à une idéologie fondamentalement romaine de la famille. Trois idéologies se rencontrent ici : non seulement le droit romain, mais aussi la philosophie allemande par conséquent, sans oublier le droit patriarcal juif, pour donner naissance à la religion dite "judéo-chrétienne", devenue "laïque" sous l'effet d'un certain nombre de spéculations et de conflits d'intérêts. La mythomanie de l'"Europe latine" (cf. Rémi Brague) procède encore du même amalgame. Si la thèse de Rémi Brague n'a pas de consistance historique, en revanche elle en dit long sur notre temps, incapable de comprendre quoi que ce soit en dehors des principes qui le déterminent.

     

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    Pas besoin par ailleurs d'avoir fait des études de théologie très poussées pour savoir que la théorie chrétienne du sacerdoce du prêtre est elle aussi bâtie contre l'institution matrimoniale ; non pas par puritanisme comme les journalistes disent parfois, mais parce que la famille, institution éminemment patrimoniale, se heurte à la vocation spirituelle de l'homme et aux nécessités de l'évangélisation. Les théologiens du sacerdoce n'ont pas pu ne pas remarquer que Jésus exige des apôtres qu'ils quittent tout sur le champ, y compris leur famille le cas échéant.

    Le journaliste C. Terras (de "Golias") n'a pas tort de relever que le sacerdoce lui-même n'est pas exempt de raisons patrimoniales et qu'il a eu parfois pour effet d'empêcher l'éparpillement des biens du clergé ; mais cette remarque n'a pas de sens sans le corollaire que le mariage, lui, ne déborde pas (d'un point de vue chrétien) le cadre patrimonial (même si la généralisation du salariat a eu tendance à gommer, dans l'après-guerre 1939-45 surtout, cet aspect essentiellement patrimonial, dont seul le monde des affaires ou le monde rural conserve la compréhension).

    L'aberration est donc la suivante : non pas d'inciter l'Eglise à abroger le sacerdoce pour une forme d'action plus moderne, mais de l'inciter à abandonner le principe du sacerdoce pour permettre aux prêtres... de se marier, c'est-à-dire d'endosser les conventions et les rites d'une institution particulièrement archaïque et païenne.

    Cette invitation faite à l'Eglise de se moderniser dans le sens du paganisme (!) a d'ailleurs pour effet de montrer que l'idéologie du mariage n'a rien perdu de sa vivacité, bien au contraire, dans le régime laïc totalitaire. Le "mariage gay" est certainement d'un point de vue matérialiste la conception la plus spirituelle du mariage qu'on ait jamais inventé. Les démocrates-chrétiens puritains, disons "boutinistes", qui combattent le mariage homosexuel, éprouvent d'ailleurs beaucoup de difficultés à lutter contre une conception encore plus "fleur bleue" que la leur de la réalité sociale.

     

     

     

     

     

  • Croisade de vieillards

    La dernière croisade sera peut-être cette croisade diabolique de vieillards prêchée par l'universitaire décadent Rémi Brague. Plus jongleurs de concepts amphigouriques qu'historiens, Brague et les "braguistes" tentent d'étayer le mythe d'une Europe essentiellement "judéo-chrétienne" et d'abord "romaine". Le moins qu'on puisse dire, c'est que ce Brague n'est pas avare de néologismes pour étayer sa thèse foireuse : "hygiène du propre", "romanité intrinsèque", "identité excentrique" : toute l'algèbre boche y passe !

    Ecroulons ce petit "krak" néogothique ridicule derrière lequel le clan papiste français croit pouvoir abriter toutes ses lâchetés accumulées, son ignorance, et même ses petits paris médiatiques perdants à chaque coup :

    - Comme la thèse aux pieds d'airain et peu ésotérique de Karl Marx et son acolyte F. Engels permet de le comprendre, la "différence" de l'Europe moderne sur les autres nations tient dans le triomphe de la science sur la philosophie, de l'art de la Renaissance sur les spéculations médiévales. La Grèce antique connut elle aussi son moyen âge, le dépassement des spéculations milésiennes puis le dépassement de la science éléate.

    L'incitation de Marx à voir dans Rome un "pastiche" d'Athènes est féconde sur le plan historique, contrairement à la propagande de Brague. Ce qu'on qualifie en art d'"académisme" ou de "copie servile" : voici Rome et les Romains. Une idée de la littérature française à travers les seuls membres de l'Académie française serait à peu près aussi étriquée que l'idée d'Europe essentiellement romaine défendue par Brague.

     

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    - D'où vient de la part de soi-disant "médiévistes" le désir de consacrer le moyen âge ou saint Thomas d'Aquin comme le "sommet de la pensée chrétienne" ? Du compromis et du partage avec les historiens athées républicains ; autrement, dit il n'y a pas de façon plus sotte d'écrire l'Histoire ; ni plus lâche, de la part des papistes, puisque ceux-ci ne font que ronger l'os que daignent leur lancer les tenants laïcs et athées du mythe de la Révolution française. En une phrase de sa "Voie romaine", Brague trahit qu'il n'est qu'un petit idéologue consensuel, prouvant sa thèse parce que les adversaires de l'Eglise comme ses partisans admettent le "fait" de sa "romanité" (sic) ; félicité dans les "Temps modernes", écouté par le gratin de la bureaucratie française, quels sont les adversaires du pape et des papistes ? Il apparaît que les derniers catholiques sont tout à fait "neutralisés", du moins en Europe.

    "Médiévistes", beaucoup d'historiens actuels ne le sont que sur le papier, n'ayant aucun recul sur le moyen âge. Même saint Thomas d'Aquin et le moyen âge sont incompréhensibles si l'on décapite ainsi l'Occident ou qu'on déforme la Renaissance. Jacques Le Goff, à peine moins vain que Brague, n'hésite pas à prolonger, lui, le moyen âge jusqu'au XVIIIe siècle ? Pourquoi pas jusqu'à la fin du temps ? Que penser de tels médiévistes, incapables de voir que le XVIIe siècle a rompu profondément avec l'hellénisme ?

    - Le mobile n'est pas seulement pour les catholiques papistes de s'enfermer dans le pré carré du moyen âge, il est aussi et surtout de consacrer le principe d'une Europe militaire contenu dans l'idée d'une Europe essentiellement "romaine". Quitte à bafouer la Vérité et à saccager la théologie. La thèse d'un christianisme militaire et romain relève non seulement de la propagande, mais elle est en outre complètement hérétique sur le plan chrétien. La sainte horreur des premiers chrétiens vis-à-vis des Romains et de leurs principes est tout à fait "évangélique". C'est aux Grecs que saint Paul rend hommage dans la lettre aux Ephésiens, et non aux barbares romains.

  • Ubu règne

    Christian Terras de la revue 'Golias', qui a pour habitude de reprocher à l'Eglise son excès de dogmatisme, ce coup-ci trouve que le pape ne respecte pas assez le dogme laïc de la Choa. Situation parfaitement ubuesque.

    Par-dessus le marché, le pape ne respecterait pas assez selon C. Terras les formalités canoniques en acceptant de nouveau dans le sein de l'Eglise les évêques schismatiques ???? J'avoue qu'il est très difficile de démêler de l'extérieur si ce Terras est borné ou animé par quelque chose d'autre. Son agitation perpétuelle fait penser à celle de Sarkozy et n'est pas signe de franchise.

    Le plus comique, c'est la tronche déconfite des minables démocrates-chrétiens, l'écrivain François Taillandier en tête, escorté par Rémi Brague et Christophe Geoffroy (cf. l'émission de l'enfant de choeur Taddéi sur 'France 3'), qui ont tout misé sur le nouveau pape allemand, en passe de devenir un pape 'révisionniste' par la force des médias : 'Adieu, veau, vache, cochon, couvée...'

    L'absurdité, palpable pour un catholique, doit paraître carrément une foire d'empoigne, un Temple envahi par les boutiquiers, à qui observe les choses de l'extérieur. Le fait est que l'Eglise est incapable d'opposer un front uni à la violence du temps, d'apparaître comme un refuge contre cette violence terrifiante par son ampleur.

    Dans la mesure où Williamson n'avait pas d'avocat sur le plateau, c'était de la part de ce Taillandier une façon indigne de frapper un adversaire à terre.

    Le minimum de la part de Christian Terras, s'il était honnête, serait de dire qu'aussi stupide soit l'évêque Williamson selon lui, son implication dans la violence est sans commune mesure avec les calculs capitalistes cyniques de l'Occident, calculs qui ne sont pas étrangers au débat autour de la Choa, qui déshonore les macchabées morts dans les camps de travail plus qu'il ne leur rend hommage.