Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

  • Carré blanc

    On nous dit tout, on nous dit rien. C’est plus malin. Tu veux connaître la Vérité ? Mais la Vérité, mon ami, c’est une aiguille dans une botte de foin, aujourd’hui, voyons ! Goebbels est mort, mais la Propaganda Staffel se porte bien, elle, merci.

    Pourquoi ne pas inviter Faurisson à venir s’expliquer en direct avec un Historien digne de ce nom sur un plateau de télévision ? Allez, qu’on en finisse avec ce révisionnisme abject, qu’on le réfute à la face du monde une bonne fois pour toutes…
    De fait, la choa est une affaire bien trop sérieuse pour qu’on la laisse à des journalistes, à des metteurs en scène qui nous ont fait croire à des charniers à Timisoara, rappelez-vous, dur comme fer. Et ces témoins qui n’ont rien vu et qui confondent parfois les chambres à gaz et les fours crématoires. La crémation n’est pas criminelle en soi, elle est même très à la mode aujourd’hui, le côté hygiénique.

    La métaphysique de Mgr Lustiger - je préfère vous épargner celle de Jacques Chirac -, est très séduisante. Pour l’archevêque de Paris, le plan d’extermination des Juifs cache une volonté d’Hitler de détruire le message de Dieu. Staline, Lénine, Trotski, Pol Pot, Mao, l’ONU (eh oui, l’ONU, ne me dites pas que vous avez déjà oublié le génocide rwandais, sous le nez des Casques bleus), ne seraient à côté d’Hitler que de vulgaires bandits de grand chemin. Mais la vie n’est pas un film de Steven Spielberg, Éminence. Votre métaphysique dissimule mal que, dans le fond, la choa est une question politique. C’est pourquoi la ruche est en effervescence et la télévision déverse son flot d’images creuses.

  • Ras-le-cul

    Rimbaud par-ci, Rimbaud par-là, c’est à vous dégoûter. Rimbaud, "mystique contrarié" ? Inverti, même. Rimbaud du temps où la pédérastie sentait le soufre, avant de sentir l’eau de toilettes…

    Sonnet du trou du cul

    Obscur et froncé comme un œillet violet,
    Il respire humblement tapi parmi la mousse,
    Humide encor d’amour qui suit la fuite douce
    Des fesses blanches jusqu’au cœur de son ourlet.

    Des filaments pareils à des larmes de lait,
    Ont pleuré sous le vent cruel qui les repousse,
    À travers de petits caillots de marne rousse,
    Pour s’aller perdre où la pente les appelait.

    Mon rêve s’abouchera souvent à sa ventouse,
    Mon âme, du coït matériel jalouse,
    En fit son larmier fauve et son nid de sanglots.

    C'est l'olive pâmée et la flûte caline,
    Le tube d'où descend la céleste praline,
    Chanaan féminin dans les moiteurs enclos.


    Bref, pas étonnant qu’Arthur ait fini abscons…

  • Le jour et la nuit

    Déjà dans Pauline à la plage, Arielle n’est guère sensuelle, une vraie poupée de porcelaine froide, elle promène sur la plage blanche de Rohmer un regard reptilien de bête à sang froid. L’injection de diverses substances destinées à lui conserver un air de jeunesse éternelle et un régime sévère n’ont fait qu’accentuer sont côté serpent.

    Mais dans le fond, je l’aime bien, Arielle, car il n’y a pas que la beauté physique qui compte chez une femme. Et qu’elle est belle dans son dévouement à son époux. Non contente d’avoir consenti à tourner dans l'assommante fantaisie filmée de son mari, elle le défend du mieux qu’elle peut contre son biographe, Philippe Cohen. Sans trop s’emporter, sans jamais citer le nom de l’auteur, comme le lui a conseillé Bernard ; mieux vaut feindre l’indifférence pour ne pas faire résonner la grosse caisse médiatique. On n’apprend pas au vieux singe à faire la moue !

    Ça vaut le coup, non, d’essuyer quelques critiques fondées, si c’est pour être défendu avec autant de passion amoureuse par sa femme ? Pourtant, j’ai senti BHL un tantinet désarmé, comme un flic poursuivant un voyou qui s’aperçoit tout à coup qu’il a oublié de charger son 9 millimètres. Car, même si BHL n’est pas philosophe à reculer devant un aussi petit paradoxe, ça va pas être facile d’accuser Cohen d’antisémitisme.

    J’ai consulté le menu proposé par Cohen et je l’ai trouvé plutôt alléchant, en voici un aperçu :
    - Né avec une cuiller en bois dans la bouche ;
    - Un homme de paroles ;
    - “Le plus beau décolleté de Paris” ;
    - La République des lettres expliquée à ma fille (fictienquête) ;
    - Justine, ou la vertu de la littérature pipolisée.

  • La pêche au caviar

    Avant-hier soir, je me couche comme tous les autres soirs sans me brosser les dents et après avoir bu un verre de rouge, vers deux heures - bref, rien de spécial ne laisse présager ce songe que je fais au milieu de la nuit, où la trame de mon roman m’est révélée d’un seul coup.
    Pulvérisés, les grains de sable qui bloquaient la mécanique. Jusque-là, je ne disposais que d’une vague intrigue que mon pote Erwan m’avait gentiment soufflée. Depuis trois mois, je mâchais et remâchais un fil conducteur un peu ténu, cogitant pour essayer d’étoffer cette trame - en vain.

    Au réveil, je m’empresse de noter tout ça quelque part dans mon ordinateur, pas tant par peur de laisser s'effilocher cette histoire que pour vérifier qu’elle résiste à la transcription (les rêves sont souvent comme des mirages). Content comme un pêcheur iranien qui vient de prendre dans son filet un esturgeon de vingt livres. La pêche au caviar, c’était le sujet d’un reportage dans Thalassa rediffusé la veille fort tard qui m’avait aidé à m’endormir.

    Mais le lendemain, pschitt, j’ai tout oublié, comme dirait l’autre… C’était dessiné si nettement sur mon plafond, pourtant ! J’allume donc ma bécane, à demi rassuré, m’autocongratulant pour ma prudence. Et là, stupeur, que dalle, nada, impossible de retrouver mon plan. « Was ist denn los ???? » J’ai écrasé le fichier ou quoi ? Quelqu’un a fouillé dans mes dossiers ? Retour à la case départ. Je suis furax, comme un pêcheur iranien qui vient de laisser sauter par-dessus bord l’esturgeon qu’il venait de pêcher, en voulant le sortir du filet.

    J’en viens même à me demander si TOUT ÇA n’était pas un rêve. Vérification faite dans le programme, aucun reportage sur la pêche avant-hier à la télé…

    Le polar est un genre exigeant. Il y a un public pour ça, les librairies lui consacrent généralement un rayon entier, un public qui attend qu’on le mène en bateau en tenant le cap jusqu’à bon port. Pas question que la barque prenne l’eau au milieu de la traversée à la première incohérence. Aujourd’hui, les bons artisans se font de plus en plus rares. Besson cite Demouzon. C’est plus facile d’être essayiste, de prendre un billet pour Bagdad ou Karachi, et de broder en partant de quelque attentat islamiste un scénario entrecoupé de bons sentiments.

    J’ai pas tout Simenon chez moi, j’ai donc pas pu vérifier que les deux derniers Maigret avec Bruno Crémer étaient fidèles au texte. Ça ne tenait pas debout. De toute façon, Maigret, ce n’est pas un rôle pour Crémer. Il est trop distingué, trop imposant pour jouer un flic. Je préférais Jean Richard.

  • Le pompon

    Pierre Murat, critique à Télérama, a rarement de l'intuition. Dans sa critique de La Chute, pour une fois, il fait preuve de sagacité :
    « Le pompon, c’est les Goebbels. Madame, surtout, qui endormira puis empoisonnera ses cinq enfants, afin qu’ils ne survivent pas à la chute du national-socialisme. Une folle ? Ok, si ce n'est que le réalisateur filme son geste dément comme un rituel glaçant et funèbre. À cinq reprises, on verra cette femme, au masque ravagé de douleur, introduire une capsule de cyanure entre les lèvres de ses enfants endormis. Et surveiller qu’ils s’endorment en paix pour l’éternité. Une Médée moderne… Il est des maladresses qui font peur et qui font mal. »

    Passons sur le style de Murat (« Le pompon, c’est les Goebbels »). Que vient foutre Céline dans Télérama ?
    Qualifier Mme Goebbels de "moderne”, en revanche, ça c'est bien senti ! Pierre Murat, à sa manière un peu maladroite, a compris une des caractéristiques essentielles du nazisme : la Modernité. Madame Goebbels et son mari marquent l'Histoire par leur modernité, c'est évident, les nazis étaient des gens très en pointe dans des tas de domaines. Ils nous ont légué toutes leurs inventions, même si on a préféré faire l’inventaire, brûler les casquettes et les bottes.

    Médée, elle, ne tue que deux enfants, et tout bêtement pour se venger de Jason, pas pour leur éviter d’affronter un futur difficile. La pauvre Médée n'avait pas lu Heidegger.

    Une chose est sûre dans tout ce chaos, c'est que si La Chute devait avoir plus de succès qu’un film de Desplechin ou d’Alain Resnais, la Critique le prendrait comme une déclaration de guerre des Boches.

  • Good bye Hitler !

    Pour une fois, je suis d’accord avec les bobos, s’il y a bien un truc profondément abject, c’est la nostalgie des régimes totalitaires, véhiculée par le goût des uniformes un peu tape-à-l’œil, napoléoniens, hitlériens, etc., ou par certains films ambigus, sans compter l’inclinaison des adolescents à faire la nique à leurs parents (moindre dans les milieux bourgeois/petit-bourgeois, où la rébellion se doit d’être plus souple afin de ne pas se couper complètement de l’héritage - on se contentera bien souvent d’écouter Manu Tchao en fumant des pétards et en soufflant dans des capotes).

    Ainsi, même si nos voisins allemands semblent plus touchés par cette Sehnsucht, comme qui dirait, dont un cartésianisme de bon aloi a su nous préserver, il convient de rester vigilants, pour éviter que nous, Français, garde-fous de l’Europe, soyons à notre tour contaminés par ce qu’il est convenu d’appeler “L’Esprit de Munich” (der Münchner Poltergeist).

    Or, une certaine presse ne se gêne vraiment pas non plus pour entretenir le mythe, et je crois qu’il est de mon devoir de la dénoncer ici et maintenant : je veux parler de l’hebdomadaire Télérama. S’emmêlant complètement dans son politiquement correct et son politiquement incorrect correct et son politiquement correct incorrect, il a en effet cru bon de réserver lors de sa sortie un accueil chaleureux à ce film, Good Bye Lenin, du cinéma carrément, et, je pèse et soupèse mes mots, NAU-SÉ-A-BOND.

    medium_gbl1.gif

    medium_gbl2.gif

    medium_gbl3.gif

  • Chasse au sorcier

    Le parti socialiste peut-il remporter des élections sans l’appui de Jean-Marie Le Pen ? Loin de moi l’idée de faire à Le Pen un procès d’intention, mais il aurait voulu mettre Chirac et sa clique de politiciens gominés à la Perben dans l’embarras, il ne s’y serait pas pris autrement…

    Ce qu’il y a de bien avec les blogues, c’est qu’on peut s’élever au-dessus du niveau des querelles politiciennes, des slogans éculés du Monde, de Libé ou du Figaro.
    En effet, les propos de Le Pen, que tout esprit désireux d’être éclairé entièrement aura pris soin de lire in extenso dans l’hebdomadaire Rivarol, ne se démarquent guère des études historiques sérieuses, un peu CHIFFRÉES, sur l’Occupation allemande… Là, je sens qu’un certain nombre de bobos se désabonnent de mon blogue… mais n’était-ce pas inéluctable ?

    Je disais donc que, lorsqu’on se penche posément sur le passé de la France, de l’Europe, et que l’on COMPARE les occupations, on peut conclure en vérité que cette Occupation allemande ne fit pas tant souffrir nos grands-parents, au regard de ce que leurs contemporains polonais ou hongrois endurèrent. Si je voulais ajouter une dose de soufre à mon propos, je dirais que les Palestiniens souffrent davantage de l’occupation israélienne, les Irakiens de l’occupation américaine, ou que les Kurdes souffrirent plus de l’occupation irakienne ; mais vouloir rivaliser avec Le Pen dans la provocation ne serait pas raisonnable de ma part.

    D’abord, parce que l’occupation allemande ne fut que partielle, dans un premier temps, et puis qu’on pouvait en pères peinards aller au théâtre voir les pièces de Sartre ou les concerts d’Arletty. Si plusieurs centaines de milliers (les chiffres sont là) de jeunes Françaises copulèrent avec des feldgraus, c’est après tout parce que l’envahisseur barbare fleurait bon l’après-rasage parfumé à l’edelweiss, qu’il n’était pas si farouche que ça.

    Je parle d’autant plus à mon aise de tout ça que je n’ai aucune goutte de sang teuton dans les veines et que mes grands-parents ne furent, ni de près ni de loin, mêlés à une quelconque exaction au cours des plus sombres années de notre histoire. Pas plus que les parents de Le Pen, en fait. Précision à l’attention de ceux qui croient à l’hérédité des crimes, et, surtout, à celle des vertus.

    Avant-hier, au BHV, j’assistai à cette scène étrange : je vis un jeune homme coiffé en crête, manifestement à la pointe du progrès, essayer sur lui un ticheurte blanc et rouge estampillé CCCP, sans qu’il se trouve personne dans le bazar, pas même moi, pour venir lui cracher à la gueule en mémoire des millions de victimes du goulag.

    Maintenant que les derniers bobos ont zappé sur un autre blogue intellectuellement plus confortable, je peux me permettre cette analyse plus subtile. Le Pen n’a sans doute pas bien digéré que Gollnisch lui dispute la palme de l’incorrection, dernièrement. Il y a des gens comme ça qui ne peuvent pas s’empêcher de faire du hors-piste quand tout le monde fait la queue-leu-leu devant le télésiège.

  • Nécro bidon

    Partouze tragique à l'hôpital Necker : un mort. Je suis impatient de lire la nécro du Professeur Choron dans Le Monde, l’hommage du conformisme à l’anarchie en quelque sorte, du balai dans le cul à la flatulence. Il vont derechef déployer des trésors d’hypocrisie. Comme pour ADG. Ça leur écorche la gueule de dire un peu de bien d’un libre-penseur, mais il faut bien faire semblant.

    Hara-Kiri - et donc Charlie-Hebdo - doivent beaucoup à Choron, colporteur génial qui écoula lui-même les premiers numéros à la criée, mais il y a beau temps que Cavanna, Siné et compagnie, sont rangés des bombes sous la houlette de Philippe Val, chansonniais jospinien. Ils se contenteront donc de jeter quelques fleurs fanées sur le cercueil de leur ancien acolyte - aussi intempérant qu’imprévisible. Pensez, Wolinski vient même de se faire épingler la Légion d’Honneur au revers de sa veste en peau d’anar retournée… Pauvre Daumier !
    Qui n’a pas rêvé d’avoir un grand-père comme Choron (à part un bobo, bien sûr) ?

    Faudra donc compter sur Nabe, une fois de plus, pour rectifier le tir ; sur son site, par exemple… Au fait, pas si mal le dernier Nabe. Il invente au moins un nouveau mot : “collabeur”, qui devrait coller comme une fatoua à la peau de la racaille enrichie qui roule des mécaniques chez Ardisson, les Joey Starr et autre Djamel Debbouze.

    Le mariage homosexuel à Bègles inspire aussi à Nabe quelques bons mots, mais il fait surtout, navré, ce constat : ni les partisans, ni même les opposants sérieux de cette union débile, devant cette pantalonnade bouffonne, ne s’avisèrent un seul instant du comique de la cérémonie… Pauvre Rabelais !

  • Lourd, sucré et crémeux

    C’est seulement rendu aux trois-quarts de ce roman de Félicien Marceau que je saisis enfin qu’il est censé se dérouler aujourd’hui, lorsque le téléphone portable de François sonne dans sa poche, le trahissant. Je croyais que nous étions en 1960. C’est cette politesse dans les manières et le langage des protagonistes qui m’avait abusé. Il y a comme un hiatus.
    Dans le même genre de roman futile, je préfère celui de Patrick Besson : Lettre à un ami disparu.

    Besson s’embarrasse sans doute un peu trop de considérations psychologiques, mais certaines, à mon goût, ne manquent pas de saveur : « Il était paresseux. Il avait beaucoup de mal à se lever le matin et le chocolat, surtout quand il le préparait, lourd, sucré et crémeux, n’a jamais donné à personne le désir de conquérir le monde. Il donne plutôt celui de se recoucher. »

  • Plateau ciné

    medium_braun.gif


    J’irai pas voir La Chute de Hirschbiegel au cinoche. À mon âge, on préfère peloter les filles en pleine lumière plutôt que dans une salle obscure puant le pop-corn. Et puis j’aurais trop peur de me raser. Ferdinand Céline ne manquait pas de discernement en général, mais, question cinéma, il s’est sacrément gourré, lui qui prédisait un avenir mirobolant au “septième art” ; cinquante ans plus tard, un bon bouquin reste cent fois plus concentré en émotions et en images qu’un bon film, dès lors qu’on a un peu d’imagination.

    N’empêche, sommes-nous meilleurs que les Allemands qui ont élu Hitler ? Si les films de Claude Zidi, de Gérard Oury ou de Steven Spielberg ont éclairé votre enfance, alors il y a des chances que vous trouviez cette question un peu incongrue… Pourtant, c’est J.-J. Goldman en personne qui l’a posée le premier ! Et ce faisant, même s’il ne répond pas à la question - après tout un philosophe peut-il faire mieux que poser les bonnes questions ? -, Jean-Jacques ouvre une brèche dangereuse dans le Dogme. Le Dogme, c’est : on n’a jamais et on ne pourra faire pires salauds, pires monstres, pire nazis que les Allemands.

    « Si j’étais né en 17 à Leidenstadt,
    Sur les ruines d'un champ de bataille
    Aurais-je été meilleur ou pire que ces gens
    Si j'avais été Allemand ?… »

    Le doute n’était pas permis jusque-là.

    Sommes nous meilleurs, même, que nos grands-parents ? Qui s’illustrèrent par leur lâcheté pendant l’Occupation. Nos grands-mères surtout, qui, au lieu de se révolter contre toute la barbarie contenue dans un seul peuple, le peuple allemand, et d’aider les Juifs à fuir en Amérique, n’ont rien trouvé de mieux que de collaborer à blouses rabattues avec les forces du Mal.

    Autrement dit, si un génocide avait lieu en ce moment, comment réagirions-nous ? Les films de Claude Lanzmann, les promenades scolaires à Auschwitz nous ont-ils fait mûrir un peu ? Si pour des raisons économiques et sociales, par exemple, car la barbarie s’avance souvent masquée derrière des raisons économiques et sociales, on décidait de nier le statut d’être humain à une catégorie de la population, voire de s’en débarrasser, nous élèverions-nous contre ce crime abominable ?

    medium_aquarelle.gif

  • Vague à lames

    Ce raz-de-marée indien, c’était vraiment de l’extrait d’apocalypse !

    J’avoue, j’ai guetté le signe de Jonas, mais il ne s’est pas passé trois jours avant que Kouchner ne débarque sur les ondes radio pour aider ses concitoyens à prendre la mesure du cataclysme – avec sa gueule d’acteur politique poudrée de riz, préparant les prochaines élections.

    Parions qu’à l’heure de la parousie, plus difficile à prévoir par nos satellites modernes qu’un cyclone, un tremblement de terre ou une journée ensoleillée à Brest, il y aura des bobos pour se saisir de leurs caméscopes et zoomer sur les quatre cavaliers de saint Jean. Comme ces touristes en slips vautrés sur les plages de Thaïlande et d’ailleurs, filmant la déferlante qui va les engloutir. Sous hypnose.

    medium_apocalypse.gif

  • Scène de ménage

    medium_poing.gif
    Percutante, la campagne du Secours populaire contre la violence “maritale” ! Quel esprit ne sera pas frappé par ces affiches, dans le métro, qui disent en un ou deux dessins toute la haine d’un mari pour sa femme (ou d’un mec pour sa meuf, à la rigueur, mais c’est surtout les femmes mariées qui trinquent avec leurs moitiés alcooliques, si l'on s'en tient aux statistiques). Les dessins sont d’un certain Davis, pas de Vuillemin, comme c’est dommage…

    Je me demande si le Secours populaire vient aussi en aide aux bourgeoises battues par leurs maris, sans distinction de classe, malgré leurs sacs Hermès et leurs talons-aiguilles (qui peuvent servir à se défendre) ? Paraît-il aussi que la violence conjugale n’est pas l’apanage de la femme pauvre. Eh oui, qu’on se le dise, histoire de mettre un poing sur des cris, tous les hommes sont des salauds en puissance ! Depuis la nuit des temps, ils préfèrent la bagarre aux persiflages, c’est plus fort qu’eux, sans qu’on parvienne tout à fait à les refaire à l’image de leurs faibles femmes.

    Alors que faire, Mesdames, Mesdemoiselles ? Épouser une tapette ? Aïe, non, c’est impossible, car si cette espèce rare est aimable, cultivée et élégante, dans son immense minorité respectable, vous le savez bien, hélas, vous n’avez pas l’heur de lui plaire… Reste plus que le close-combat… ou le célibat.

    Si j’avais mis un coup de castagnettes à Isabelle le jour de son anniversaire, c’est sûr je serais passé pour un beau salaud, d’autant qu’elle n’a rien fait ce jour-là de septembre pour me déplaire, au contraire. De toute façon, comme les vraies brutes, je sais bien que c’est au ventre qu’il faut frapper – c’est très efficace et ça ne laisse pas de trace, comme une bonne lessive.

    Une fois n’est pas coutume, je prends le risque de vous choquer ; en effet, je crois qu’il y a pire qu’une femme battue, c’est, je vous le donne en mille… un homme battu ! Eh oui, car aux bleus vient s’ajouter l’humiliation de se faire tabasser chroniquement par une femme. Un homme battu, on en ricane dans les chaumières et même dans les appartements en ville, voyez-vous. Pas question d’avouer ça. L’homme battu reste seul avec sa plainte.

    J’ai longtemps douté de l’existence des hommes battus ; plus maintenant, puisqu’il en est au moins un, autour de la bibliothèque que je fréquente (le moins souvent possible), un qui placarde des affichettes poignantes sur les murs, depuis des mois sans se lasser, témoignant de son cas douloureux. Ce pauvre bougre me fait vraiment pitié et je l’inviterais bien à noyer son chagrin dans un verre en ma compagnie si je le surprenais en train de coller, mais il doit faire ça la nuit, je suppose, pour pas se faire poisser.
    medium_lapinos.gif