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peguy

  • Par quel miracle ?

    J'en crois à peine mes yeux... Ils sont tous là, derrière le pape. Sarkozy, bien sûr, mais aussi Giscard-d'Estaing, Simone Veil, Bayrou, jusqu'à Jean-Pierre Elkabbach, touché par la grâce... tous ces noms synonymes d'infanticide, de vulgarité, de polytechnique, de reniement laïc, de missiles Lagardère braqués sur des populations civiles.

    Et dire que Benoît XVI prétend connaître et apprécier la culture française ! Apparemment il n'a jamais entendu parler de Paul Lafargue, apôtre de la Charité contre les prélats démocrates-chrétiens :

    "La seule religion qui puisse répondre aux nécessités du moment est la religion du Capital (...). Le Capital est le Dieu réel, présent partout, il se manifeste sous toutes les formes, il est or éclatant et poudrette puante, troupeau de moutons et cargaison de café, stock de Bibles saintes et ballots de revues pornographiques, machines gigantesques et grosses de capotes anglaises.

    Le Capital est le Dieu que tout le monde connaît, voit touche, sent, goûte ; il existe pour tous nos sens, Il est le seul Dieu qui n'a pas encore rencontré d'athée (...)" In : Le Congrès de Londres.

    Autant que le pape le sache, la culture française, celle de Péguy et de Claudel, celle de Paul Lafargue et de Bernanos, la culture française EMMERDE la métaphysique allemande ; la culture française vomit Kant et Hegel, Kierkegaard et Schopenhauer, Heidegger et Nitche, Adorno et Walter Benjamin, Horkheimer et Lévinas ; elle vomit l'"Ecole de Francfort", dont la seule chose à retenir c'est qu'elle est à deux pas de la "Bourse de Francfort".

    Il est écrit à propos de la Charité : "A celui qui a, on donnera, mais à celui qui n'a pas, on ôtera même ce qu'il SEMBLE avoir." (Mt 25,29)

     

  • Religio depopulata

    « Lu la première encyclique de Benoît XV. Étonnante médiocrité. »
    L. Bloy (décembre 1914)

    Que dire du panégyrique que Benoît XVI a tenu à prononcer des institutions laïques des Etats-Unis, comme si les Etats-Unis n’idolâtraient pas le dollar et le sacro-saint taux de croissance ? Qu’auraient pensé d’un tel éloge un Bloy ? un Péguy ? un Bernanos ?

    L’engouement de Benoît XVI pour les Etats-Unis ne me surprend guère, au vrai. Une de mes premières impressions en effet, quelques instants à peine après avoir posé le pied sur le sol des Etats-Unis, fut de m’y sentir comme en… Allemagne.
    « Arbeit macht frei ! » : cette devise pourrait être la devise morale des Yankis ; encore faut-il bien comprendre qu’il ne s’agit pas ici d’une libération par le travail en soi, comme pour les nazis ou pour Baudelaire, mais d’une libération par le travail en tant qu’il enrichit en biens matériels le travailleur, comme pour Sarkozy ou Guizot.

    Plus généralement un esprit français ne peut qu’être consterné par la persistance de la philosophie idéaliste allemande malgré les guerres civiles européennes sanglantes entre nations laïques capitalistes. Qu’en 2008, des théoriciens aussi débiles que Horkheimer, Heidegger, Adorno, E. Kant… aient droit de cité au Vatican, tandis que Duns Scot, Francis Bacon ou Karl Marx sont dénigrés, si ce n’est pas un signe de sclérose…

    Même les attaques de Benoît XVI contre la Renaissance n’ont guère suscité de réaction - y compris en Italie ! - encore un signe de sénilité de l’Eglise d’Occident tout entière.

  • L'invitation

    L’été dernier, il avait fait très chaud et cela m’avait beaucoup gêné dans mon travail. Au bout de quelques minutes, je ruisselais de sueur et mes membres devenaient de plomb. Aussi ai-je prié cette année pour avoir le temps le plus froid possible.

    *

    Depuis trois semaines, je résiste à l’invitation d’un pote à venir me reposer auprès de lui dans la montagne. Ce matin, je cède à la tentation et je pars prendre un train Gare de Lyon avec un mince bagage.
    Il faut dire que mon pote s’est montré particulièrement persuasif ces derniers jours : « On ne saurait concevoir lieu de villégiature moins démocratique, en dehors de quelques troupeaux de moutons qui paissent çà et là, rien ne rappelle la bêtise de nos contemporains, (…) l’endroit est quasi-désertique et la Nature a conservé la plupart de ses droits, les sources sont pures. » ;
    ou encore : « Fin août, les bobos sont déjà las de l’Ile de Ré, du Lubéron, de la Corse, de la Baule ou de la Côte basque, et ils rentrent tous à Paris ; c’est la fin de l’exode : il est préférable pour ton équilibre mental que tu n’assistes pas à ce reflux écœurant, qui ne manquera pas de se prolonger par une débauche de “shopping” indécent, cris hystériques des femelles bobos faisant leurs courses en compagnie de leurs “partenaires” efféminés. »

    Enfin, et c’est ce qui m’a décidé : « Non loin de mon home est une institution jésuite en pleine décadence, les derniers membres de cette société spéciale ont un pied dans la tombe. Nul doute que Xavier de Jassu doit se retourner dans la sienne en voyant ce petit tas de vieux démocrates-chrétiens échanger des sophismes à l’ombre des conifères en fleur, dans l’air parfumé. (…) Mais, car il y a un mais, ces vieux barbons marmottants, vêtus de grisaille, tous les ans bradent leur bibliothèque, ayant perdu toute notion de la valeur des livres prophétiques, plus enclins à lire La Vie, Pèlerin magazine, Le Monde des religions ou Famille chrétienne, toute cette presse avec laquelle je ne me torcherais même pas le cul (…). Dans cette braderie, on peut tomber sur des pépites, des éditions originales non coupées de Péguy ou de Claudel pour un ou deux euros ! Imagine, si tu tombes sur le brûlot antisémite et paradoxal de Bloy, Lapinos - Salus ex judaeis est -, NON COUPÉ !… Quelle tête feras-tu ? »

    Enfer et damnation ! Mon sang ne fait qu’un tour et je me rue vers cet Eldorado. Vingt-cinq minutes porte à porte entre mon terrier et ma place dans le Tégévé !
    En espérant que l’air des montagnes me fera le même effet qu’à mon pote, car je me suis senti un peu émoussé, dernièrement.

  • Ceci n'est pas une parodie

    Le gel pour les cheveux a-t-il des effets secondaires ? : ma parole, mais on dirait le titre d'un conte drôlatique d'A. Allais ! Et un peu plus bas : « Humain, en effet, est l'être qui peut fermer la porte derrière lui. » : encore du Allais !? Pas tout à fait : du Finkielkraut.

    Pour le 1 % de Français qui n'a pas la télé, par conviction religieuse ou par snobisme, quelques mots de présentation de Finkielkraut :
    Alain Finkielkraut est un philosophe engagé d'origine polonaise - quinze ans au Monde, dix ans à France-Culture, suivis d’une promotion sur France 2 environ une fois par semaine, et un petit stage dans les Balkans comme tout le monde. Comme on voit, c'est pas le quart de la moitié d'un trublion, cet artiste. On l'imagine mal se produisant au Chat Noir comme ce vieil Alphonse.
    Alain Finkielkraut fait partie de cette école de philosophes qui divergent un peu sur les solutions à la crise palestinienne mais qui ont en commun de se prendre tous très au sérieux et attendent conséquemment qu'on ait la même attitude respectueuse envers eux.

    Quand Finkielkraut dit ou écrit des choses drôles, il ne le fait pas exprès. Jamais. Du coup son rendement est beaucoup moins élevé… Mais, à un amateur du genre très spécial de "comique involontaire" que Finkielkraut produit, j'ai promis de dénicher un ou deux petits passages croquignolets…

    Ni une ni deux, je suis allé chercher directement dans une sorte de Journal, intitulé Le Présent imparfait. Mauvais titre puisque l'auteur tente de démontrer que le présent dans lequel nous nous (é)mouvons est très loin d'être parfait, mais on ne badine pas avec la règle du calembour depuis que Lacan l'a érigé en science exacte. Oui, dans son journal d'abord, car dès qu'un philosophe polonais met les pieds dans la réalité, il fait penser à Buster Keaton.

    Voyez un peu la conviction que Finkielkraut met à défendre les pauvres vaches abattues après le début d'épidémie d'encéphalopathie spongiforme bovine :
    « Deux millions de vaches inutiles* doivent être ainsi tuées, broyées, moulues et incinérées en cette première année du nouveau millénaire.
    Prudence tardive ? Insuffisante ? Excessive ? Démagogique ? Trop coûteuse ? Prudence dénuée de prévenance en tout cas. Ce n'est pas avec les vaches qu'il a été décidé de prendre des précautions. Le principe de raison les avait expulsées du monde de la vie. Le principe de précaution leur donne le coup de grâce en leur fermant la porte du scrupule et de la sollicitude (…) Pas une larme pour les vaches ! »


    Honnêtement, chers amis amateurs de comique purement involontaire, n'est-ce pas à meugler ?

    *Souligné par l'auteur.
    **J'ai d'autres passages du même tonneau sous le coude. Pour l'instant je ne les publie pas vu que mon but n'est pas humilier les militants de l'UMP qui ont cru pouvoir se décharger de penser par eux-mêmes sur Finkielkraut, ou bien qui se disent que citer Péguy ça fait trop "pétainiste", mais si ces militants viennent me faire chier ici - en plus de la vraie vie -, en me disant que je n'ai rien compris au système de Finkielkraut vu que je ne me suis pas tapé tous ses pensums de A à Z, alors je balancerai tout. C'est mon petit côté fachiste, comme dirait l'autre.