Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

peinture

  • La Docte ignorance

    La 'docte ignorance' prônée par le déplorable cardinal Nicolas de Cues définit on ne peut mieux le registre de ce qu'on appelle aujourd'hui pompeusement 'un intellectuel'.

    - Le cinéaste Jean-Michel Ribes fait la promotion d'un film où la connerie du public qui fréquente les musées est tournée en dérision. Etant donné que le mépris général à l'égard de la peinture est précisément le résultat de l'effort de doctes ignorants laïcs comme Jean-Michel Ribes, il faut pour produire ce genre de merde cinématographique une sacrée dose d'hypocrisie. Mention spéciale au mélancolique crétin Jean Clair, ex-directeur du musée Picasso et imposteur de première classe, qui bat des records d'orthographie.

    - Publication d'un bouquin reproduisant deux cent dessins commentés par Jean-Louis Chalumeau. Encore un docte ignorant. Mystérieuse est selon lui l'absence de dessins de Vermeer. Mystérieux est selon moi qu'on puisse classer Vermeer parmi les peintres. Si Proust ne l'avait pas fait, il n'est pas certain que quelqu'un d'autre y aurait songé tant Vermeer pue la photographie et le procédé industriel. On remplacera avantageusement les coûteuses niaiseries de ce Chalumeau, qui n'hésite pas non plus à qualifier Albert Dürer d''autodidacte' (sic) par la consultation de la base de dessins du Louvre qui contient des milliers, si ce n'est des dizaines de milliers de dessins heureusement non commentés.

    - L'exposition Picasso qui se tient en ce moment permet de constater le caractère didactique de la peinture de Picasso. L'amertume de Picasso est la même que celle de tous les communistes de cette époque-là, car Picasso est un professeur sans élèves ou presque. Elle permet de vérifier aussi que Picasso était plutôt un communiste 'tendance Staline' que Lénine ou Marx. Le goût de Picasso pour Vélasquez, notamment, l'atteste. Faites cette expérience au Louvre de parcourir la galerie 'Renaissance' puis celle des peintres du XVIIe siècle. Vous verrez ainsi quelle différence il y a entre l'aristocratie et la bourgeoisie et pourquoi Saint-Simon (l'aîné) a tout lieu de se lamenter.

    En ce qui me concerne je préfère Lautrec à Picasso étant donné que les portraits de putains et de danseuses de Lautrec donnent moins de prise à la récupération par les bataillons de doctes ignorants rôdés par l'université pour semer à tous vents la superstition cartésienne et le cinéma.

  • MON JOURNAL DE GUERRE

    Parce qu'il n'ont pas peint de scènes de genre chrétien, David et Géricault sont des peintres chrétiens.

    Lorsqu'il ne peint pas de scènes de genre chrétien, Ingres est un peintre chrétien.

    Une Eglise sans peintres n'est pas une Eglise catholique, c'est une secte juive ou protestante.

  • Morale de l'antiquaire

    En vain je parcours le Dictionnaire amoureux du Louvre de Pierre Rosenberg - rien à en tirer ; vu qu'il est capable de distinguer à l'oeil nu un dessin de Pater d'un dessin de Watteau, ou un Lemoyne d'un Boucher, Rosenberg a la réputation, dans le "milieu", d'être un type sérieux.

    Pourtant il n'hésite pas à colporter dans ce dico des billevesées aussi stupides que celle de Freud qui croit voir un vautour dans certain drapé de Léonard. Crétinisme absolu. Rencontre entre deux fétichistes.

    Le plus significatif, c'est que Rosenberg ne gobe probablement pas lui-même le rébus débile de Freud, trop familier pour ça avec la peinture. Mais il éprouve quand même le besoin de mentionner ce gadget, étant donné que Freud, dont l'impuissance et le charlatanisme ont tout pour plaire à notre époque, Freud est la mode. Le gouvernement des préjugés : voilà à quel régime la critique est soumise.

    Rosenberg n'est plus "antiquaire en chef" au Louvre, mais nul doute qu'il eût accueilli lui aussi avec l'enthousiasme d'un fonctionnaire, comme son successeur, les tartouillades d'Anselm Kieffer, que Sarkozy goûte fort aussi, doublées d'une logorrhée de circonstance sur la choa et les vilains nazis allemands, dont il n'est pas, lui, Anselm Kieffer, de la génération suivante qui porte des pin's démocratiques et ne se déplace pas sans ses certificats de bonne moralité, blablablablabla...

    Qu'est-ce qu'un contemporain comme Anselm Kieffer va chercher au Louvre, dans ce mausolée un peu ringard, si ce n'est un peu de la crédibilité dont ses hénaurmes fientes sont totalement dépourvues ?

     Qu'est-ce que prouvent les autodafés nazis, les autodafés soviétiques ? Ils prouvent que les nazis et les soviétiques n'étaient pas complètement indifférents à l'art.

     

  • Aimer Rembrandt

    “ Je vous le dis, sans aucun doute, si Rembrandt vivait aujourd’hui il ne serait pas peintre… il choisirait plutôt de faire du cinéma ! ” Le peintre Charles Marron avait attendu qu’on soit rendu entre la poire et le fromage pour essayer ce trait d’esprit provocant sur ses convives.

    Un ange passa, avant que les réactions ne fusent :

    “ - Ah oui ? c’est ce que tu penses vraiment, Charles ?

    - Eh, eh, pas mal observé…

    - Oh oui, joli “travelling”, Charles ! ”

    La dernière répartie était de Flora, qui avait posé pour Marron autrefois dans sa période figurative. Il y avait en sus autour de la table dressée dans la courette du peintre, d’où on pouvait voir le quart Sud-Est du Sacré-Cœur : Anne-Elisabeth, une galeriste réputée l’amie intime de Flora, quai Voltaire ; Patrick, un voisin sans profession fixe avec qui Charles jouait souvent à la pétanque dans le quartier ; Axel, neveu unique de l’artiste accompagné de sa petite amie Ophélie ; enfin Me Bonneteau - dont Marron attendait surtout l’avis. Nicolas Bonneteau comptait en effet beaucoup pour l’artiste. Il était son agent et ami depuis plus de trente ans, l’avait toujours conseillé intelligemment. Mieux : si la peinture de Marron avait triplé sa cote et franchi un cap, c’était pour une part aux conseils de son meilleur ami que Marron le devait. Si Bonneteau acquiescait, alors Marron n’hésiterait plus, il relancerait sa formule sur Rembrandt et le cinéma lors de son prochain passage dans “Cultures en fusion”, l’émission du compositeur-animateur Frédérick Peticouly-Decaille.

    *

    Bonneteau, un peu en retard sur les autres, fit descendre en force la bouchée de pain Poilâne et de fourme de Montbrison qui lui restait en travers, vu que tous les regards après celui du “maestro” s’étaient tournés vers lui :

    “ - Eh, bien, comment dirais-je, Charles… ta métaphore est on ne peut plus “hégélienne”… et, même si Heidegger ou Houellebecq sont plus à la mode aujourd’hui, au niveau du concept, étant donné que tu vas précisément faire la promo d’un film, je trouve ça plutôt subtil… d’ailleurs Houellebecq et Heidegger sont déjà un peu “out”, donc… ”

    Là-dessus Bonneteau attaqua le tiramisu “fait maison”, dépassant ainsi les autres. Le peintre avait en effet décidé de se diversifier, de se consacrer au Septième art à son tour, tout en gardant un pied dans la peinture. Consacrer un long métrage à Rembrandt constituait une bonne transition. Il faudrait être fou en 2008 pour ne pas aimer Rembrandt ! Même les cons qui votent Le Pen ou Sarkozy aiment Rembrandt.

    Si l’on examine en détail l’œuvre de R., ce que Marron n’avait pas manqué de faire avant le tournage du film, on se rend compte du soin particulier qu’il apporte à la mise en scène et à l’éclairage, un peu comme Fritz Lang, le grand cinéaste juif chassé d’Allemagne par les nazis… Si Vermeer préfigure les grands photographes actuels qui savent mettre la vie quotidienne en abyme, Brassayas, J. Meese, ou même Ronald W. Stuart, on peut se permettre de faire le parallèle entre Rembrandt et le cinéma expressionniste allemand, David Flynch compris évidemment…

    “ - Mais, mon Oncle, fit le neveu de Marron, pris d’une inspiration subite et court-circuitant la méditation qui prolongeait la réponse de Bonneteau, mon Oncle comment peux-tu être aussi sûr que Rembrandt eût pu s’habituer à tenir une caméra après avoir fait usage auparavant d’un pinceau et d’une palette de couleurs une partie de sa vie durant ? Ça fait quand même un grand changement, non ?! En fait t’es bien placé pour le savoir ! ”

    Le “mon Oncle”, autant que la naïveté du propos, fit sourire le reste des convives sauf Ophélie qui ne souriait pratiquement jamais. Marron ne pouvait pas avoir d’enfants, étant donné sa vocation de peintre, mais sa sœur lui avait confié avant de mourir son fils Axel, qui rêvait de percer dans les arts plastiques lui aussi après avoir mis fin à ses études de commerce. Mais ce pauvre Axel était d’un terre-à-terre !

    “ - Cher Neveu, Marron imitait le style de son émule, j’espère que tu n’attends tout de même pas sérieusement que je réponde à cette question ? Le métier de peintre, vois-tu, tout le monde ou presque peut l’apprendre, avec un minimum d’entêtement, et je sais que tu en as un maximum ; mais pour ce qui est du concept… là c’est autre chose le concept… quasiment de l’ordre de… de l’inné ! Il n’y pas un seul génie dans l’histoire de l’art qui n’ait peint avec un concept puissant par-derrière… Léonardo ? On ne peut pas faire plus conceptuel ! Et Dürer, l’abstraction de Dürer !! Dürer est tellement abstrait qu’il a besoin de savoir à quoi ressemble un corps à l'intérieur avant d'en dessiner l’extérieur ; je ne parle même pas de Pottock, qui pense plus qu’il ne peint, Pottock qui est tout “intériorité” !… ”

    Mais Axel n’écoutait même plus, il s’était jeté sur la dernière part de tiramisu qui restait et semblait trouver un intérêt plus grand à la mastication de son dessert italien, les yeux levés au ciel en signe d’extase, qu’aux explications de son oncle, confirmant le mauvais pressentiment du tuteur quant aux chances de son pupille de se faire un nom dans l’art contemporain de demain.