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  • Canards plumés

    Laurent Joffrin de "Libération", canard enchaîné à la pub., dit son mépris d'internet qui engrange moins de bénéfices encore que la presse écrite fonctionnarisée.

    Ce pantin n'a pas pigé que si les lecteurs se torchent de son journal-papier, c'est qu'ils voient un tract subventionné par les marchands de lessive ou les fourgueurs de mort à crédit. Cette gueule de métastase flasque de Joffrin fait paraître Sarkozy ou même Juppé sympathique à côté. Je la vois la lectrice-type de "Libé" dans le métro. : c'est la moule bobo altermondialiste, existentialiste et écologiste, qui s'imagine que Joffrin est dans l'opposition.

    Les Français ne sont pas assez désinformés par leur PQ pour avoir oublié le système mis en place par Elkabbach sur le service public, les prêches de Colombani en faveur des tirs de missile sur Bagdad, Philippe Val chialant pour gratter un peu de pognon à Jospin, avant d'échouer sur "France-Inter" la radio qui rend le populo moins con que ses maîtres ; Onfray et Philippe Geluck soi-disant anarchistes (en défendant Nitche et la famille !), Besancenot obligé de passer chez Drucker pour fourguer son syndicalisme réac., l'acharnement post-mortem de BHL sur Edern-Hallier, Edwy Plenel glanant ses scoops au ministère de l'Intérieur...

    Devoir d'information et déontologie journalistique, mon cul : quel besoin le Brestois a-t-il d'être informé en temps réel par "Radio Sarko n°1" qu'un bus vide vient de flamber à Grigny ? L'extrême solidarité virtuelle de la planète, cette harmonie du monde réversible en quelques instants en chaos imbécile n'a absolument rien à voir avec le prétendu professionalisme de crétins de l'encâblure d'un Joffrin ; on ne peut l'expliquer que par ce mot de Delacroix (1854) : "panhypocrisiade", pour désigner la religion des agioteurs et des photographes ; ou par Karl Marx, qui parle d'attentat général contre la réalité ; Marx passe par la sagesse grecque, qui voit dans l'information ou la culture, qui n'est qu'une somme d'indices, la séduction de la charogne.

    Si les journalistes avaient le moindre souci de renseigner les gens, ils leur diraient où mène la grande fabrique de rêves érotiques capitaliste pour ménagères-putains de 7 à 77 ans, et comment les médiats jouent le rôle de mitigeur entre sadisme et masochisme, purgatif tiédasse typiquement clérical, une dose de porno-chic mélangée à une dose de cadavres de la Choa, assorti de moyens autrement efficaces pour bourrer le mou des gonzesses que n'importe quel pape auparavant.

    (Comme je trouve parfaitement normal qu'on me prenne pour un fou, il suffit de passer au niveau d'intelligence supérieure à celle du journaliste ou du cinéaste pour trouver bon nombre d'écrivains de confessions diverses qui dénoncent sans philosophie le journalisme comme un bourbier merdeux : de Balzac à E. Waugh ("Scoop") en passant par Léon Bloy, Baudelaire.)

  • Vive l'astrologie !

    Le culte de la politique est typiquement oriental. C'est donc justement que Drieu La Rochelle traite Maurras de "métèque". Si on lit le "Journal" de Drieu, on verra qu'il a été séduit lui-même par l'orientalisme nazi avant de pencher en définitive pour une sorte de spiritualité façon derviche tourneur. Pas à une incohérence près, par conséquent. Mais ce qui rachète Drieu, c'est qu'il se place au centre des turpitudes qu'il dénonce et s'auto-flagelle allègrement. Comme Céline ou le Britannique Waugh. Et même Voltaire auparavant, dans ce qui a le mieux résisté au temps de son oeuvre : "Candide".

    C'est même ce qui évite à ces écrivains de sombrer dans la littérature bourgeoise comme il s'en produit désormais chaque année par dizaines de tonnes, toute cette merde surgie d'entre les pavés du Quartier latin comme d'un puits de pétrole sans fond : les Beigbeder, Moix, d'Ormesson et Cie, qu'il faudra bientôt songer à rendre obligatoire dans le cursus scolaire si on ne veut pas que même les jeunes dindes fraîchement émoulues de Janson de Sailly la repoussent avec dégoût comme un potage trop peu salé. Et dire qu'on songe seulement à rééditer maintenant, à côté de ça, les oeuvres complètes de Drieu (sur papier Bible de la Pléiade pour les culs bourgeois sensibles) !?

    Par exemple Waugh s'est entiché du mariage chrétien après avoir été fait cocu ; c'est même ce qui l'a poussé à changer de religion ; il n'en écrit pas moins le dialogue le plus démystifiant du répertoire romantique moderne (démystifiant cette putasserie qu'est l'amour courtois, bien entendu) (In: "Vile Bodies", à ne pas mettre entre les mains puériles de Yankees élevés dans le cinéma sans s'assurer qu'ils n'y comprendront que dalle.)

    Le romantisme, que le doux crétin Paul Valéry se refuse à définir, se résume donc bien à un mouvement orientaliste. Quitte à faire ensuite quelques exceptions et nuances. Le libéralisme n'est bien sûr absolument pas incompatible avec le romantisme, bien au contraire, pas plus que le nazisme ne se passa d'une politique économique keynésienne efficace jusqu'à la guerre.

    Si la République avait voulu se préoccuper honnêtement d'éduquer et d'instruire les jeunes immigrés d'origine musulmane, elle n'aurait à mon avis eu aucun mal à en faire des citoyens français exemplaires à sa botte. Chaque fois que je vois Tariq Ramadan à la télé, je suis bien obligé de constater qu'il est beaucoup plus "Français d'abord" que moi. Il parle français et connaît l'histoire de France comme Sarkozy ou Guaino n'osent pas rêver que les petits Français de souche la connaissent. Alors quoi ? Les immigrés d'origine musulmane ne doivent pas seulement tirer la conclusion que la République française a été malhonnête avec eux, ils doivent aussi comprendre que la République est une idiote, puisqu'elle avait les moyens de faire d'eux de bons petits soldats, et qu'elle n'a préféré le bavardage médiatique. D'ailleurs pour ce qui est de la "culture française", autant laisser ce machin de côté tout de suite, vu que c'est une idée allemande, à peu près ce qu'il faut de vernis pour animer une conversation à la table de Mme Bovary.

    La question des racines ou de l'enracinement n'a jamais passionné que les déracinés, qui peuvent fouailler, creuser tant qu'ils peuvent, ne rencontreront jamais que la merde froide, un grand trou noir. Tous les généalogistes ont du mal à cacher que, dans le fond, ils s'ennuient énormément.


  • Sans tambours ni trompettes

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    Si les journaux annoncent demain que Claude Allègre s'est converti au catholicisme, je ne serai pas plus étonné que ça… Il y a des signes. Des citations. Celle-ci par exemple, d'Henri Poincaré, le pionnier de la relativité, qu'Allègre affectionne particulièrement : « L'expérience est la source unique de la vérité ; elle seule peut nous apprendre quelque chose de nouveau ; elle seule peut nous donner la certitude. »

    Chez certains hommes de science ou certains artistes se produit parfois un phénomène qu'on peut qualifier de "conversion froide". C'est un phénomène un peu difficile à expliquer à des "gentils", des "visages-pâles", mais je peux toujours essayer…
    Pour schématiser, la pensée et l'imagination d'un homme de science sont en perpétuel mouvement impatient vers l'avant. Le philosophe est, à l'antipode, statique, centripète, fort peu dynamique, au point qu'on a parfois envie de lui botter le cul.
    Ainsi, d'ajustement en ajustement, suivant une dialectique féconde qui ne remet pas tout en question à chaque étape mais serre la vérité d'un peu plus près à chaque coup, il arrive que la pensée de l'homme de science se retrouve un beau matin en harmonie avec le credo. La coïncidence ne lui saute pas aux yeux immédiatement, puisque l'accord s'est fait à la vitesse de sa respiration, sans heurt. Aussi peut-on parler de "conversion froide". Il n'y a pas de choc, de chute de cheval, de trompettes et de tambours, de chœurs angéliques. Ne reste plus après la conversion froide que la question des formalités.

    C'est ce qui est arrivé à E. Waugh, par exemple, pour rester dans la filière des petits trapus. Et l'ecclésiastique avec qui W. prend rendez-vous pour se mettre en conformité avec son nouveau statut est étonné du flegme avec lequel Waugh pénètre dans l'Église catholique, comme un lord avec détachement dans son club favori pour y fumer un havane parfumé. Il n'y a pas lieu de s'agiter dans l'esprit de l'écrivain pour qui tout ça a déjà acquis progressivement une certaine familiarité. La conversion n'est pas dans ces cas-là un grand bond en avant comme une certaine imagerie d'Épinal se plaît à l'illustrer, mais un petit pas de plus en avant.

    Bien sûr cette dernière marche est décisive, Allègre peut toujours subir une mauvaise influence au dernier moment et se détourner de sa petite étoile. Je ne dis pas qu'il ne lui reste pas encore à se débarrasser de quelques oripeaux démocratiques ou socialistes. Néanmoins, à qui aurait été en contact trop longtemps avec la philosophie, l'ésotérisme ou le poker, et voudrait changer de vie, on ne saurait trop conseiller la lecture positive de l'histoire de la science de Claude Allègre. C'est assez édifiant.