Les progrès de la propagande font que ses artisans peuvent nous montrer de vrais petits films de guerre à la télé, apparemment sans effets spéciaux. Ce type de cinéma est destiné à raffermir le lien entre le citoyen, vautré dans son canapé, et le type de la légion étrangère qui met sa peau au bout des valeurs actuelles, et se fait l'ange gardien des "intérêts français" dans des contrées lointaines barbares, peuplées de Talibans qui refusent le droit de vote aux femmes.
Les bidasses se plaignent souvent de se faire couillonner par les politiciens, mais c'est toujours a posteriori, en feignant d'ignorer que l'entraînement militaire suppose une bonne dose de connerie.
"On ne fait pas d'omelettes sans casser des oeufs !" : glapit le jeune officier d'une voix rauque de puceau qui cherche une posture virile, sans se douter que les oeufs en question sont le plus vraisemblablement ses propres couilles, que sa fiancée attend avec impatience au pays.
On ne soulignera jamais assez, après Homère et Shakespeare, le rôle joué par les femmes - mères, épouses, fiancées -, dans l'incitation au crime de sang ; d'autant plus, ici, que c'est le principe dont le talmud ou les talibans dérivent : la volonté d'endiguer le flux des femmes.
- Plus on progresse dans la hiérarchie militaire, plus on s'éloigne du feu et des valeurs de courage et d'honneur censées animer les soldats. A cela il faut ajouter que les soldats n'ont jamais été autant bernés que par des politiciens portant les insignes de leur caste, sauf peut-être Hitler, qui est allé au bout de son plan, et fait figure d'Ysengrin, tôt défait par une bande de goupils.
La scène est en Afghanistan, produite par "France 2". Pellicule et caméra ont été mieux calibrés et millimétrés que les tirs d'armes lourdes dont le petit détachement de légion étrangère va arroser les collines avoisinant sa position héroïque, afin d'épater la ménagère devant son écran. La "voix off" déclare, comme une mise en bouche :
- Le sergent Slavo, d'origine polonaise et fervent catholique, est un spécialiste du tir d'obus de mortier...
Remarquez comme le catholique fervent, polonais ou hongrois, ordinairement l'objet des moqueries du clergé républicain français en raison de ses moeurs désuètes, devient d'un seul coup une sorte de héros à la pointe de la défense des valeurs féministes occidentales ! Idem quand il s'agit de faire des travaux de plomberie au noir. L'idée d'un fervent catholique, le cul fièrement posé sur des phallus d'acier géants, tirant à l'aveuglette comme un crapouillot, ne fait même pas naître un soupçon d'ironie voltairienne dans la voix du commentateur.
Merde, sans les fervents catholiques de cette sorte, comment ferait-on pour assassiner la concurrence de sang-froid, nous qui avons été élevés au lait de l'éthique républicaine humanitaires, qui ne livre jamais ses obus sans quelques sacs de lait en poudre avec.
Le metteur en scène du sketch veut-il présenter objectivement un épisode du conflit ? Non, d'abord parce que l'objectif d'une caméra est le prisme le plus déformant. Même l'absence d'ironie du présentateur, je ne peux pas la garantir. Il est simplement surprenant d'entendre souligner l'opinion religieuse d'un soudard d'une armée en principe laïque. En amont, dans l'Education nationale, une telle révélation déclencherait un scandale. Musulmans et catholiques sont la cible des moralistes républicains, du FN à "Charlie-Hebdo" et Mélenchon, sauf quand ils se font un devoir d'accomplir les basses oeuvres économiques ou militaires de la République.
La réalité morale est d'une complicité des ministres-tartuffes républicains avec les sous-fifres démocrates-chrétiens. Ce serait à la République d'assumer jusqu'au bout ses valeurs économiques et militaires en limitant strictement l'accès dans l'armée à des types sans confession religieuse. Quant au clergé catholique, il peut bien ravaler ses prêchi-prêcha à la mords-moi-le noeud : en dehors de quelques femelles hystériques, il ne convainc plus personne. C'est le comble du négationnisme d'accorder les Evangiles au métier de soldat, tout en se répandant simultanément en diverses repentances ignobles. Bande de chiens, sur quelle parole du Christ fondez-vous le courage et l'honneur du soldat ? Pédérastes, allez vous faire tuer à la place de gosses dont vous libérez l'instinct sans aucun droit de le faire ! Sacrifiez-vous vous-mêmes au nom d'un civisme que pas une ligne des saintes écritures ne prescrit ! Voilà ce qu'il est chrétien de dire.
La voix-off poursuit de ses questions saugrenues le "sergent Slavo" (pseudo raciste), afin de meubler entre deux salves, dont on se gardera bien, du moins dans l'oeil de la caméra, d'aller vérifier le résultat, qui pourrait être une charpie sanglante moins télégénique qu'une escouade de jeunes légionnaires en vadrouille.
- Mais, dites, sergent, et vous n'avez pas peur de la mort ?
- Non, je n'ai pas peur de la mort... Parce que je crois en dieu...
Le crime de Satan contre l'Esprit chrétien est constitué là, sergent. Crime en bande organisée, puisqu'il remonte bien plus haut que notre sous-off., à l'engeance démocrate-chrétienne, qui a totalement vidé le christianisme de sa substance, le remplaçant par une éthique de barbares romains ou boches. D'une telle aliénation, la démocratie-chrétienne est responsable et attire ainsi sur elle la colère de dieu.
Imbécile de sergent, plus con qu'un samouraï japonais ou un soldat de la SS. C'est le métier du soldat de ne pas avoir peur de la mort, sinon il serait tailleur pour dames. En quoi la foi de notre soldat est, malgré tout, celle d'une femme ignare, qui aurait tout à gagner à croire en quelque divinité marine ou solaire, plutôt qu'au dieu des chrétiens. Il saurait mieux ainsi que c'est plutôt vers la vie et la jouissance que son culte doit se tourner, au lieu de jouer l'office de la mort.
Le seul droit que la nature accorde, c'est la vie, et tous les plaisirs qui vont avec. A l'arrêt de mort, la nature reprend tous les droits qu'elle a accordés ; toutes les illusions juridiques s'envolent, et le coffre-fort rempli des espérances de la démocratie-chrétienne est vide ; des tas de gredins plus malins l'ont vidé dans son dos.
Sergent Slavo n'est pas plus catholique ni libre qu'un pion dans une partie d'échecs n'est libre de sa trajectoire.