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  • Du rêve démocratique

    Alexis de Tocqueville situe utilement la démocratie en Amérique, bien qu'on peut concevoir cette idéologie comme la métastase d'un mouvement politique né en Europe.

    Rares sont les penseurs français à ne pas avoir pressenti la nature totalitaire de l'idéal démocratique. Tocqueville lui-même est circonspect ("De la démocratie en Amérique"), et son propos modéré au regard du mysticisme contemporain de la religion des "droits de l'homme".

    Tocqueville cherche à comprendre la démocratie plutôt qu'à l'imposer, et il en brosse par conséquent un portrait contrasté. Il rêve d'une démocratie aristocratique ou élitiste ("Pourquoi l'étude de la littérature grecque et latine est particulièrement utile dans les sociétés démocratiques").

    Même si elle comporte quelques détails pertinents, dans l'ensemble l'analyse de Tocqueville est insuffisante. "De la démocratie en Amérique" est un ouvrage qui vaut surtout pour les fanatiques d'une idéologie, dont il peut servir à tempérer les ardeurs. Indissociable du totalitarisme, le rêve démocratique a viré au cauchemar au XXe siècle.

    Tocqueville explique que la centralisation de L'Etat est une tendance démocratique. Il est ainsi permis de voir dans le régime despotique de Louis XIV et son administration centrale un préambule à l'avènement de l'Etat bourgeois ("Que les idées des peuples démocratiques en matière de gouvernement sont naturellement favorables à la concentration des pouvoirs").

    Tocqueville lie à juste titre l'idéologie démocratique à la notion d'égalité ou d'égalitarisme. Sous cet angle plus étroit, on peut d'ailleurs croire les Français attachés à la démocratie ; ils sont en réalité attachés à leur indépendance, à quoi le principe d'égalité peut paraître favorable. C'est sur le plan religieux que les remarques de Tocqueville s'avèrent intéressantes, car celui-ci se montre conscient que le culte démocratique est en partie le produit de la morale judéo-chrétienne.

    Le chapitre "Comment l'égalité suggère aux Américains l'idée de la perfectibilité indéfinie de l'homme" contribue à élucider la nature religieuse de l'idéologie démocratique, et le rôle de l'onirisme dans la culture des régimes bourgeois totalitaires. Il faut ajouter que l'idéologie égalitaire est typique des idées qui sont à première vue imputables au christianisme. La plupart des cultes païens sont "providentiels", et par conséquent hermétiques à l'idée d'égalité. Tocqueville considère pratiquement la démocratie comme un catholicisme qui aurait débordé les frontières juridiques de l'Eglise romaine.

    "L'égalité suggère à l'esprit humain plusieurs idées qui ne lui seraient pas venues sans elle, et elle modifie presque toutes celles qu'il avait déjà. Je prends pour exemple l'idée de la perfectibilité humaine, parce qu'elle est une des principales que puisse concevoir l'intelligence et qu'elle constitue à elle seule une grande théorie philosophique dont les conséquences se font voir à chaque instant dans la pratique des affaires.

    Bien que l'homme ressemble sur plusieurs points aux animaux, un trait n'est particulier qu'à lui seul : il se perfectionne, et eux ne se perfectionnent point. L'espèce humaine n'a pu manquer de découvrir dès l'origine cette différence. L'idée de la perfectibilité est donc aussi ancienne que le monde ; l'égalité ne l'a point fait naître, mais lui donne un caractère nouveau.

    (...) Ce n'est pas que les peuples aristocratiques refusent absolument à l'homme la faculté de se perfectionner. Ils ne la jugent point indéfinie ; ils conçoivent l'amélioration, non le changement ; ils imaginent la condition des sociétés à venir meilleure, mais non point autre ; et, tout en admettant que l'humanité a fait de grands progrès et qu'elle peut en faire quelques-uns encore, ils la renferment d'avance dans de certaines limites infranchissables."

    Tocqueville ne songe pas à tancer le christianisme, à l'instar de Nietzsche, pour avoir doté l'humanité d'une anthropologie défaillante ou irrationnelle. Catholique, T. n'est pas éloigné de voir dans la démocratie une manifestation de la propagation de la religion chrétienne à travers le monde, tout en conservant sang-froid et prudence devant une métamorphose politique dont les bienfaits restent à prouver à ses yeux.

    Cependant le christianisme est absolument dépourvu de caractère anthropologique*, et l'idée d'un régime politique dans lequel le christianisme pourrait idéalement s'épanouir est contraire à la lettre et l'esprit évangéliques. Le cas de Tocqueville illustre que l'idéologie démocratique, bien plus sûrement qu'elle ne dérive du christianisme, dérive de principes aristocratiques mêlés absurdement ou par ignorance avec un culte chrétien superficiel, dégagé de ses obligations de respect de la vérité, qui dans le christianisme se confond avec dieu lui-même.

    (*Les soi-disant chrétiens qui affirment le caractère anthropologique du judaïsme ou du christianisme nient implicitement que le christianisme soit une religion révélée, et ne le font que pour rendre service aux élites capitalistes démocrates-chrétiennes.)

     

     

     

     

  • Europa über alles ?

    L'ex-trublion de Mai 68 Daniel Cohn-Bendit, en fin de carrière politique et reconverti dans le commentaire journalistique, commentait ce matin les remous politiques qui agitent l'Ukraine, dont la population incline du côté de la Russie de Poutine, ou bien du côté du Pacte Atlantique.

    Inutile de dire que Daniel Cohn-Bendit est un fervent défenseur du Pacte Atlantique, à l'instar des élites parisiennes, et suivant un mouvement amorcé depuis la chute du Mur de Berlin. Comme tous les diplomates, les diplomates français jouent un double jeu, étant donné que la puissance de la Russie de Poutine et ses richesses énergétiques sont loin d'être négligeables.

    La ruse diplomatique à elle seule suffit à dissuader de croire dans le motif d'un ordre mondial pacifié.

    Daniel Cohn-Bendit, pour faire la promotion de l'Europe en cette période difficile où une partie de la population ukrainienne est à peu près la seule à exprimer le désir de ralliement à l'Europe, n'a pas hésité à qualifier celle-ci de zone de liberté et de bien-être. On aurait cru une vieille pub des années 80. En fait de bien-être, le marché européen obéit aux contraintes de l'économie capitaliste, régime fondé sur la compétition et la frustration, c'est-à-dire les mobiles probablement les moins pacifistes qu'une population peut avoir, comme la culture de masse permettant aux élites de contrôler les classes moyennes et populaires l'indique. La liberté et le bien-être vanté par Daniel Cohn-Bendit est entièrement publicitaire, et l'humanisme de cet énergumène ne dépasse pas ce niveau.

    L'Europe comme solution de paix est sans doute l'élément de propagande des élites dirigeantes européennes le plus cynique. Non seulement l'idéal européen n'a jamais permis de calmer les haines territoriales entre voisins européens, mais le motif d'une Europe unie et pacifiée se retrouve derrière chacune des guerres qui ont mis les nations européennes, puis le monde, à feu et à sang, depuis le XIXe siècle.



  • L'Europe négationniste

    C'est le sacre de Napoléon par lui-même que l'auto-satisfecit des technocrates européens, se remettant le prix Nobel, rappelle. Sans doute Napoléon était-il plus conscient de la portée anthropologique de son geste ; moins irresponsable, bien que, déjà, massivement meurtrier.

    La seule paix dont la technocratie européenne peut se prévaloir, c'est celle qui règne après les grands massacres humains : la paix des cimetières. De tels discours, propres aux benêts, sont faits pour entretenir l'espoir ; la politique se situe désormais au niveau du pantomime.

    Ne vous y fiez pas : Anders Breivik est l'Européen véritable de la fin des temps, le fils de l'Europe prédatrice et sournoise.

  • 11.11.2011

    Le nombre onze est l'armoirie du mal, dit Augustin d'Hippone. Si la triple occurrence du nombre 11 dans le calendrier a peut-être échappé à certains chrétiens, y compris les plus augustiniens, les sectes sataniques, elles, n'ont pas manqué de la relever. En matière de rituels, on peut se fier aux sectataires du diable, dont la capacité à manipuler les hommes serait parfaite sans le Testament des Juifs, puis celui des chrétiens, dont la force eschatologique est décuplée.

    - Petit rappel d'astrologie catholique, avant d'essayer de décrypter plus avant ce nombre fatidique. J'écris volontairement "catholique", qui signifie "universel". En effet c'est une tendance de tous les sages du monde entier depuis la nuit des temps, bien qu'ils tirent très souvent des conclusions différentes, de chercher la vérité universelle dans les mouvements ou formes cosmiques.

    S'il n'y a pas de "statistiques chrétiennes", pas plus qu'il n'y a de république ou de système de droit chrétien, c'est en raison du fatalisme véhiculé par ces disciplines spéculatives. Elles lient ceux qui s'y soumettent à un destin commun, c'est-à-dire à une loi morale naturelle nécessairement inique, car humaine. L'ordre pyramidal égyptien, anthropologie la plus parfaite, ne fut jamais que le décalque de mécanismes naturels, une "phénoménologie de l'âme", dit la morale républicaine ou nationale-socialiste, dans laquelle l'homme accepte sa condition, et d'être en proie aux éléments.

    Contrairement aux religions païennes, les métamorphoses de la nature d'où l'ingéniérie tire la plus grande gloire, sont dans la vision chrétienne un signe macabre, attestant de la persistance de la mort et du péché dans le monde.

    Le serpent est l'animal emblématique de ce renversement de l'ordre païen par le christianisme. Positif, car symbole de vitalité et de santé dans de nombreuses religions païennes, le serpent introduit la mort en même temps que la vie (il se "mord la queue"). Or les chrétiens sont engagés, ainsi que leur en fait grief l'antichrist Nitche, dans un combat contre la vie et la mort, unis comme tenon et mortaise. Le Christ a vaincu la mort, il a ouvert une brèche dans cette muraille : c'est le sens du défi chrétien à la "Mère-nature", et tout le système matriciel et identitaire qui en découle.

    L'astrologie savante (Aristote, François Bacon, Shakespeare...) rejoint le constat chrétien qu'il y a bien, dans l'homme, deux tendances opposées, l'une animale ou politique, plan où il est le plus prévisible et comme "programmé" par avance ; l'autre, spirituelle, qui lui permet d'échapper à la condition humaine. Cela explique, par exemple, que Shakespeare ou Bacon signale la posture des rois et princes de ce monde, au sommet de l'échelle juridique, comme la plus dangereuse, proche de la folie et de l'aveuglement, sur le plan spirituel.

    L'astrologie n'est donc pas, comme la science statistique pleine de sophismes, ou encore la politique et la morale, un "angle mort" ou une vaine perspective infinie pour le chrétien.

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    La puissance ou le symbolisme des nombres, connus des bons astronomes et naturalistes, est donc une science physique, que seul Satan maîtrise parfaitement, ne serait-ce qu'en raison des difficultés pratiques liées à la quantité d'informations (A. Dürer, dans son apocalypse, a placé autour de Lucifer des instruments de mesure et de calcul). Maîtrisant parfaitement l'art de la kabbale, les empereurs et les rois "verraient leur fin".

    Une nette déperdition se produit, semble-t-il, au passage de la science arithmétique à l'algèbre (de l'art des nombres entiers à celui des fractions), et des mathématiciens de plus en plus dévots et aveugles, détachés de la biologie, multiplicateurs d'infini (!) (Les Etats-Unis fournissent un bon contingent d'imbéciles à cette cohorte de mathématiciens/psychologues modernes), ont remplacé de plus grands sorciers, comme Pythagore, ignorant moins le revers catastrophique de ce que nous appelons aujourd'hui "ingéniérie", dite dans l'antiquité "sorcellerie" ou "magie".

    - Dans la plupart des cas, on ne parvient à l'aide de la numérologie qu'à une reconnaissance a posteriori du caractère significatif d'un événement, perçu sur le moment comme le fait du hasard.

    Le 11 est à mi-chemin entre deux nombres au symbolisme humain bénéfique, le 10 et le 12. Son rapport avec la fécondité est signalé par les érudits, autrement dit la génération ou la métamorphose. Il suggère l'idée de la fausse unité humaine, d'ordre familial ou étatique, c'est-à-dire dynastique. Ce thème de la fécondité est lié à celui d'une genèse érotique du monde, 1+1, dont la lune d'argent dans certain mythe antique serait le produit, l'oeuf. Egalement Adam et Eve, unis par le fruit, symbole de procréation.

    Dans le christianisme, Jésus et son Epouse, l'Eglise des saints ou la "Nouvelle Jérusalem", sont l'Un, anti-Adam, l'autre anti-Eve, c'est-à-dire non pas unis par l'érotisme ou la cupidité naturelle, mais au contraire l'amour, renversement de l'ordre naturel. C'est un fait que les paraboles de Jésus renversent toutes l'ordre anthropologique païen. Le monde ou la société représente pour le chrétien l'équivalent de l'Egypte pour les juifs authentiques. 

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    On entre ensuite dans le domaine de l'hypothèse. Evidemment, en raison du symbole lunaire attaché à la déesse Europe ; comme celle-ci est actuellement en proie à un grave problème de stérilité, c'est à elle que j'ai d'abord pensé. La lune-Europe est en outre représentée dans la mythologie par d'autres déesses plus inquiétantes, notamment Diane-Artémis, divinité prédatrice. Or, la nation européenne est la plus sanglante de toutes les nations, et ses crimes sont innombrables.

    Etudiant depuis plusieurs mois le catholicisme romain, qui verse sous prétexte de "culture" dans de nombreux rituels et doctrines ésotériques, j'observe qu'il favorise le culte féminin absurde de la "Vierge Marie, mère de Dieu", et que des partis politiques sont engagés sous l'étiquette chrétienne, avec l'accord tacite de Rome, dans la propagande en faveur d'Europe, divinité parfaitement démoniaque.

    Il a de la part de l'Eglise romaine une sorte d'usage antagoniste de tous les symboles féminins chrétiens, retournés dans le sens païen. Impossible de ne pas s'interroger, par ailleurs, sur la dépravation du clergé catholique romain, par-delà l'auto-blanchiment ou les pamphlets superficiels. Cette dépravation ne peut pas être vue seulement comme le fruit du hasard.

    L'heure de l'Europe serait-il venu d'expier ses crimes ? Il ne faut pas oublier par ailleurs que Rome est la mère des nations païennes.

  • Chienne d'Europe

    Je rebondis sur la note pondue par mon confrère Bardamor pour le fanzine "Au Trou !?", afin de combattre l'idéologie européenne. En l'occurrence l'essai médiocre d'un certain Hervé Juvin.

    http://autrou.20minutes-blogs.fr/archive/2011/08/25/l-ideologie-europeenne.html

    Bardamor ne souligne pas assez en quoi cet essai est médiocre : parce qu'il est rédigé en langage technocratique ; la propagande visant les technocrates est vaine, ceux-ci étant déjà tous convaincus ou presque des bienfaits du mobile européen, pour une raison très simple : ils n'ont pas d'autre plan. Les démagogues de la trempe de Jean-Pierre Chevènement, Marine Le Pen & Cie jouent sur le velours.

    Ils n'ont pas d'autre plan, parce qu'on ne change pas de plan au cours d'un braquage : même mauvais, il reste le meilleur à ce stade. Le cas de Chevènement est celui, pathologique, d'un type qui n'assume pas pleinement la crapulerie inhérente à la vie politique, contrairement à un poisson-pilote comme Juvin.

    La difficulté pour le propagandiste est de convaincre les classes moyennes et populaires que ce n'est pas "la raison du plus fort" qui se cache derrière la stratégie européenne, dans un langage qui ne soit pas technocratique, et alors que le plus beau drapeau dont la propagande disposait est désormais en berne : la promesse d'enrichissement faite aux classes populaires.

    Observez ceci, d'assez exceptionnel dans l'histoire : l'abaissement moral des élites au-dessous du niveau des castes subalternes qu'elles prétendent diriger. L'élection de Sarkozy en est un symptôme, dans la mesure où il est parvenu à se faire élire sans le soutien du clergé, ou bien en s'emparant sans coup férir des quelques slogans à quoi l'éthique de l'élite se résout désormais. Le PS n'est pas tant gêné du comportement de DSK (son côté "bling-bling") que des conséquences qu'il peut avoir sur le score du PS.

    L'abaissement moral de l'élite -que vaut une élite qui n'a plus que l'enrichissement à faire miroiter, bien mal planqué derrière le gadget européen ?- se reflète dans ses difficultés grandissantes à s'exprimer. Caractéristique, par exemple, la défense de l'orthographe par une élite (Finkielkraut, Jean Clair), qui manie elle-même difficilement la syntaxe (dont l'admiration pour le cacouac nazi Heidegger n'a pas d'autre explication).

    En somme il ne reste plus aux "technos" pour imposer leurs systèmes d'exploitation que la télévision et le cinéma, le football. C'est sur ce point que la résistance "populaire" doit se concentrer, afin de résister mieux encore au cynisme de son élite. La culture populaire est le meilleur point d'appui, car c'est elle qui véhicule le moins le culte de l'art, la morale pure répandue comme une drogue dure par la caste des pharisiens, afin d'obtenir au prix le plus vil la peau du peuple.

    Le cinéma, la télévision et le foot n'ont rien de populaire. D'abord parce qu'ils sont beaucoup trop chers à produire. Au même titre que la démocratie, les divertissements de masse sont une invention du clergé pour manipuler les masses. D'ailleurs cette manipulation est à l'échelle mondiale, désormais.

    Si le cinéma français est aussi mauvais, comparé au cinéma yankee, c'est d'ailleurs parce qu'il est privé de sa raison sociale. Les cinéastes français ne comprennent pas le plus souvent que la religion n'est pas faite POUR l'élite. Elle est faite PAR l'élite pour manipuler les foules. Si bien qu'on a un cinoche français dont toutes les bobines mises bout à bout ne valent pas trois lignes de Céline qui, lui, est la véritable culture populaire, à peu de frais et pour en éviter de grands aux dépends du peuple.

  • L'Arche européen

    Grâce à la crise le caractère mystico-religieux de l'Europe apparaît plus clairement, derrière le mobile capitaliste. Si bien peu de travail a été accompli depuis la "Libération" dans le sens de l'unité des nations, en dehors de la législation monétaire et agricole, c'est que les cartels craignent une surveillance accrue de l'administration sur leurs activités ; les Etats-Unis d'Amérique sans les fonctionnaires du Trésor et l'administration fiscale yankis, voilà le rêve brisé par la crise. Ne reste plus que la coquille idéologique : le nationalisme européen. Or le véritable ciment du nationalisme, depuis le XVIIe siècle, c'est la guerre.

    Les politiciens, y compris d'extrême-gauche, sont comme "possédés" par l'idée européenne. La position d'Olivier Besancenot est absurde. De quelle sorte d'Europe veut-il, s'il ne veut pas d'une Europe capitaliste ? La politique colbertiste puis jacobine n'a pas de sens historique en dehors du mobile économique capitaliste. L'internationale prolétaire communiste était destinée à renverser les cartels industriels et bancaires, auxquels les syndicats semblent désormais sentimentalement aussi attachés que les parlements le sont cyniquement. L'idéal européen de Besancenot apparaît donc comme une sorte de néo-stalinisme additionné d'une dose de métissage culturel, sur le modèle yanki ; cet idéal est complètement étranger à Marx ou même Che Guevara. Le principal facteur de métissage, hier comme aujourd'hui, au demeurant, c'est l'esclavage. En soi le métissage n'a pas plus d'intérêt que l'épuration aryenne de la race.

     

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    Mais c'est plutôt Daniel Cohn-Bendit qui bat tous les records de crétinisme, ce qui n'est pas étonnant vu que l'énergumène doit presque toute sa légitimité à une série de sketches télévisés.

    La religion de Cohn-Bendit est le pacifisme, dit-il ; la réconciliation du peuple allemand et du peuple français seraient à mettre au crédit de l'Europe, selon lui ; ce connard de bobo a-t-il jamais ouvert un bouquin d'histoire de sa vie ? Les populations françaises et allemandes ne se sont jamais "haïes", c'est complètement grotesque. Les deux nations ont été dressées l'une contre l'autre par leurs élites, essentiellement pour des raisons économiques et financières. L'hostilité à la philosophie germanique est le fait de Marx et d'intellectuels communistes au XIXe et XXe siècles, ainsi que de quelques écrivains catholiques isolés comme Léon Bloy ou Ernest Psichari, Péguy (le cas de l'athée Maurras mis à part, étant donné qu'on peut difficilement faire plus boche que Maurras qui pousse le vice jusqu'à aimer la religion sans Dieu, trait de caractère typique d'une femelle germanique)... mais les peuples allemand et français n'ont rien à voir dans les déclarations de guerres barbares qui ont opposé l'Allemagne à la France au long des XIXe et XXe siècle. La plupart des poilus interrogés après la guerre de 1914-18 déclaraient ignorer tout des motifs ayant entraîné leurs chefs à les mobiliser.

    Drieu La Rochelle dans son "Journal" -que Cohn-Bendit est sans doute beaucoup trop sectaire pour apprécier-, ne cesse de souligner pour la déplorer, mais peu importe, l'absence de combativité des Français en 1940.

    Cohn-Bendit ne fait donc que reprendre les termes de la grossière propagande gaulliste, de ce parti nationaliste à demi-mafieux qui a certainement causé beaucoup plus de tort à la France que n'importe quel autre parti au cours du siècle dernier. De Gaulle n'a d'ailleurs jamais eu que l'estime d'une frange de la bourgeoisie et très peu celle du peuple, encore moins que Pétain, à qui le peuple des soldats savait au moins gré d'avoir épargné quelques vies au cours de la bataille de Verdun.

    Comme quoi on peut être un Juif apatride comme Marx et n'être pas pour autant une lumière. La race judéo-boche de Cohn-Bendit ne fait pas pour autant de lui un élu.

    (Un type comme Besancenot ne devrait pas laisser passer un tel mensonge, car l'inculpation des peuples est une des principales stratégies de la bourgeoisie pour dissimuler sa responsabilité dans les marées de sang versé.)

     

  • Ad Mariam Europa !

    Les promoteurs démocrates-chrétiens de cet étrange manège qu'est l'Europe, dont le pacifisme est aussi bien dissimulé que la charité dans un sermon janséniste ou le christianisme dans le "Parti orange" de François Bayrou, ces promoteurs n'ont pas hésité à mettre le Nouveau Testament au service d'un projet pharaonique. On pourrait même faire tout un florilège de paroles d'Evangile que les démocrates-chrétiens ne veulent pas entendre voire, pire, de paroles qu'ils ont converties en devises de singes, à commencer par : "Mon Royaume n'est pas de ce monde."

    "Puis il parut dans le ciel un grand signe : une femme revêtue du soleil, la lune sous ses pieds, et une couronne de douze étoiles sur sa tête. Elle était enceinte, et elle criait, dans le travail et les douleurs de l'enfantement." Ap. XII,12.

    C'est ce passage de saint Jean qui a été détourné par les "parrains" de l'Europe lors de sa mise à flots, et répété depuis comme une antienne, sachant que l'ancrage du christianisme dans la géographie est impossible sans des contorsions théologiques doublées de mensonges historiques. Pour bâtir la thèse d'une Europe "latine", il faut beaucoup plus de mythomanie que d'Histoire.

    C'est ici que s'insère la critique de Voltaire, car la calote dont le catholicisme a été recoiffé malgré toutes les admonestations de Jésus contre l'édification d'un royaume terrestre, cette calote est un couvre-chef de plaideur romain, dont le surplis pourpre recouvre tout le branlement canonique (C'est ici qu'on voit aussi que Nitche, "libertin hypermoraliste", est bel et bien un imbécile comparé à Voltaire.)


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    La femme revêtue du soleil, la lune sous ses pieds, a été indentifiée à Marie, mère de Jésus, et les douze étoiles du drapeau européen sur fond d'azur interprétés comme un symbole marial. Jamais aucun théologien sérieux n"a soutenu une telle blague, que la suite du texte interdit (où un séjour prolongé dans le désert de cette femme est peint, femme qui donne ensuite naissance à plusieurs enfants) : premier mensonge qui en entraîne un deuxième plus grave, puisque cette distorsion jette un voile sur la Révélation. En effet la femme revêtue du soleil, symbole comme l'or de la Foi, c'est l'Eglise de Jésus. La substitution relève bien du sabotage historique. Le subterfuge de la part des "parrains" vient peut-être de ce qu'ils craignaient de heurter avec leur propagande des nations protestantes comme l'Allemagne ou les Pays-Bas, l'Angleterre ? La dévotion mariale des luthériens a peut-être été jugée une astuce plus flatteuse ?

    (Dans certaines Eglises protestantes yankies, on déduit que la femme de l'Apocalypse est "Israël". La logique de l'Ecriture est à peine moins altérée que d'en faire Marie ; il s'agit encore là d'une dérive du "judéo-christianisme", c'est-à-dire de la doctrine qui consiste à peu près à additionner l'Ancien Testament et le Nouveau et non à les confronter véritablement, comme le Sermon sur la Montagne y invite, confrontation d'où naît la bonne intelligence du Paraclet. Comme le judéo-christianisme "romain", son cousin yanki a pour effet de substituer Moïse à saint Paul et de déboucher sur une autre forme de Léviathan, un sionisme tout aussi géographique et non moins absurde. Dès la Genèse d'ailleurs, à la suite du combat de Jacob avec l'ange de la fin du temps, Israël devient "la maison de Jacob" dont certaines tribus regagnent le sein d'Abraham (Gen. XLIX, 1-27).


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    La résurgence d'un parti catholique ou chrétien est plus que jamais illusoire en Europe, un fantasme laïc entretenu avec soin, mais la formule diabolique de Hobbes, qui contient les ferments des constitutions agnostiques ultérieures, elle, persiste.

    Les démocrates-chrétiens européens prêtent donc à leur Eglise la virginité de Marie, comme s'ils se disaient à propos de cette Eglise : "Pourvu qu'elle ne soit pas une putain !"