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  • L'anti-Nietzsche

    Depuis mon plus jeune âge, j'ai toujours voulu cultiver la force. C'est une chose assez banale, en particulier chez les jeunes garçons. Qui veut être un lâche ? Même les intellectuels cultivent la ruse, qui est une sorte de force typiquement féminine.

    Je m'interrogeais : - Qui est le plus fort, d'Alexandre qui possède la richesse, ou de Diogène qui la méprise ? La réponse vient d'Alexandre, qui a conscience de ses limites, et s'incline devant la science d'Aristote. L'exemple d'Alexandre incite d'ailleurs à regarder la politique et les politiciens modernes comme une chose futile, car toute la force du politicien moderne consiste à dissimuler qu'il ne peut mais.

    A un certain point de ma quête, il m'est apparu que la force peut s'exprimer de deux façons diamétralement opposées, au contraire de Nietzsche qui ne conçoit que la puissance de la nature, et la vertu de l'homme qui, au prix d'un exercice acharné, parvient à être en harmonie avec la nature.

    La puissance que les nations et leurs élites politiques tirent de la nature n'explique pas tout ; elle n'explique pas, en particulier, pourquoi la force politique ne cesse de décliner. Nietzsche porte des oeillères, comme les chevaux de trait ; jusqu'à un certain point de faiblesse, l'ignorance, une explication toute faite comme "l'éternel retour", peut être une force.

    L'explication chrétienne du monde, comme le théâtre de l'affrontement entre deux forces inégales mais concurrentes, le mensonge et la vérité, correspond donc à mon expérience.

  • La Compassion

    La compassion pour autrui n'est souvent qu'une manière de s'apitoyer sur soi.

    On peut le constater avec le massacre au camion perpétré à Nice, qui a ému les Français et les téléspectateurs ; des milliers de personnes meurent de faim dans le monde chaque jour, dans l'indifférence, ou encore tué dans des conflits armés. Plus la victime d'un drame est proche, plus la compassion est grande.

    Cette compassion, réelle ou feinte, n'est pas une preuve d'amour mais de faiblesse. Quand s'ajoute à cette compassion un désir de vengeance ou de représailles, l'hypocrisie est avérée et parfaite.

    L'orchestration de la compassion et de l'émotion par les médias s'explique par la manière démagogique de gouverner les peuples désormais, probablement au moins aussi dangereuse que les méthodes terroristes.

    Voyons maintenant en quoi la compassion de Jésus-Christ diffère de ce que nous avons décrit, et qui n'est autre qu'un sentiment superficiel.

    D'abord, Jésus-Christ ne compatit pas "en général", mais tel homme ou telle femme suscite sa compassion - Lazare, un aveugle, un homme rossé et laissé pour mort dans la parabole du bon Samaritain...

    Jésus-Christ ne prononce pas des discours inutiles d'hommage aux victimes, au contraire des politiciens démocrates-chrétiens qui ne sont pas avares de simagrées.

     

  • Du Socialisme

    Je n'aime pas entendre dire que Karl Marx est socialiste ; le mépris des élites bourgeoises et de leurs calculs n'entraîne pas forcément l'amour de la société.

    La religion du progrès social est la plus fanatique et la plus ennuyeuse de toute ; or Marx n'est pas ennuyeux, c'est la vie bourgeoise qui l'est. Marx est historien, non socialiste, du côté de la réalité et non du rêve.

     

  • Du Socialisme

    Comme le socialisme est une doctrine paradoxale, je ne serais pas plus étonné que ça si le socialisme devait causer la destruction définitive de l'humanité, sous prétexte de l'améliorer ou de la rendre plus heureuse.

  • Argent et Temps

    Un adage populaire dit : "Le temps, c'est de l'argent". Ou encore : "L'argent est le nerf de la guerre."

    Quand un bourgeois, l'un des membres de cette caste inféodée à l'argent, veut paraître moins ignoble que le Juif Shylock, il fait l'éloge du Temps plutôt que de l'argent.

    Le dieu du Temps dévore ses enfants, il en va de même du veau d'or qui préside au destin de l'Occident.

  • Religion du Foot

    La religion du foot et le catholicisme sont deux religions de même profondeur.

    Le football n'est même pas du sport, impropre qu'il est à inculquer la vertu ou la maîtrise de soi ; c'est d'abord un spectacle destiné à fasciner le peuple et le maintenir au stade infantile.

    Quant au catholicisme, il a fait du Hasard un dieu, afin que l'humanité ne puisse pas s'approcher de la vérité.

    Pitié pour ceux qui se délectent du football et de toutes les communions factices - ils sont déjà morts et ne le savent pas.

  • Le Juif Shylock

    Une fois n'est pas coutume, avant de rédiger ce billet j'ai consulté la notice Wikipédia consacrée au personnage de Shylock dans "Le Marchand de Venise". C'est un concentré de remarques stupides, comme chaque fois que cette encyclopédie ne se contente pas de mentionner les faits et détails.

    En deux mots, disons pourquoi Wikipédia est scientifiquement nul : parce que Wikipédia, ses "modérateurs", tentent de donner, sur tel ou tel sujet, un avis balancé ; or, la moyenne ou la médiocrité, qui du point de vue politique représente le point de vue raisonnable, ne vaut rien en matière de science. Cette contamination de l'esprit critique scientifique par la raison politique est typique des temps modernes... depuis le moyen-âge.

    Refermons cette parenthèse, qui n'en est pas tout à fait une, car Shakespeare, en faisant table rase de la culture médiévale, fournit le remède à la culture moderne, qui accorde une très large part à la spéculation dans tous les domaines : religieux, scientifique et politique.

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    Pourquoi l'odieux usurier Shylock est-il Juif ? Cela traduit-il le préjugé antisémite de Shakespeare ? On peut répondre catégoriquement non, car les fables de Shakespeare n'ont pas d'abord une valeur éthique ou une signification politique (contrairement à "La Divine Comédie" de Dante par exemple). Or l'antisémitisme, qu'il soit populiste (Hitler), ou plus raffiné (Nietzsche, Maurras, S. Freud), a une fonction éthique et politique. Il en va de même de l'antiracisme, antidote supposé de l'antisémitisme ; il est tout aussi vain de chercher à faire de Shakespeare un tragédien humaniste antiraciste.

    Le but de Shakespeare, après Homère ou Moïse, est de fournir une explication du monde, en particulier du monde moderne qui semble en proie à une aliénation excessive. Ce diagnostic de la folie moderne par Shakespeare pourquoi il a eu des lecteurs aussi différents que Marx et Nietzsche : sur la bêtise et la férocité propres aux temps modernes, Shakespeare semble en effet en savoir plus long que quiconque.

    Il fallait que Shylock soit Juif à cause de l'argent et du veau d'or. Exactement comme est catholique ce cardinal, fils de boucher, Th. Wolsey, cardinal-conseiller du roi Henri VIII, alors même que Jésus-Christ maudit quiconque servira un autre maître que dieu, son père, tout en se disant "chrétien".

    D'antisémitisme il n'y a pas, sauf chez le lecteur qui ne voit pas que le "traitement" réservé par Shakespeare à certains soi-disant chrétiens est le même que le traitement réservé au Juif Shylock : ils sont peints comme des monstres ou des possédés.

    Ce que Shakespeare met en scène, c'est la contradiction radicale incarnée par le Juif usurier, ou bien par le catholique-conseiller d'un prince de ce monde. Ce que Shakespeare nous montre, contrairement à beaucoup d'artistes qui s'emploient à le dissimuler, c'est le faciès satanique de Richelieu, pour prendre un exemple français.

    Ces types parfaitement contradictoires sont la clef pour comprendre le monde moderne et de la domination occidentale sur le reste du monde. On note que ces "types" sont nombreux chez Shakespeare, non seulement Shylock ou Th. Wolsey, mais aussi Th. More, Ophélie, Polonius, etc.

    L'antisémitisme de S. Freud est facile à comprendre : c'est un bourgeois allemand qui vitupère Moïse et les Hébreux, représentatifs à ses yeux du désordre et de l'anarchie (menace pour la propriété). Quant à Nietzsche, sa thèse antisémite et antichrétienne selon laquelle judaïsme et christianisme ont engendré une société de sous-hommes, n'est pas corroborée par Shakespeare, mais seulement par une lecture superficielle de Shakespeare, lui ôtant arbitrairement sa dimension métaphysique.

    L'aliénation excessive des temps modernes, leur éloignement tragique de la vérité, incarnés par des personnages tel que Shylock, n'est autre que la manifestation de l'Antéchrist, prophétisée par les apôtres.

    La mythologie de Shakespeare épouse les explications de l'apôtre Paul de Tarse à propos de l'Antéchrist de la fin des temps.

     

     

  • Blasphèmes

    Pour certains, le blasphème ne doit pas être sanctionné, car la liberté d'expression est illimitée ; d'autres, au contraire, plaident le respect des convictions d'autrui, en public, et jugent les paroles blasphématoires blâmables.

    Le blasphème contre dieu est devenu, dans les pays occidentaux, une chose assez banale. D'une certaine façon, on peut dire que la "liberté d'expression" est devenue plus sacrée que dieu. Cette liberté d'expression est d'ailleurs une notion assez indéfinissable, comme souvent les choses sacrées. Cependant, les insultes visant l'Etat et ses représentants légaux demeurent en principe répréhensibles, et c'est là une forme de censure du blasphème contre l'ordre et l'autorité.

    Le caractère sacré de l'argent s'impose assez naturellement en Occident, plus facilement que le culte de l'Etat (dont la puissance dépend largement). Rares sont les athées qui ne croient pas dans l'Argent.

    On note que la concurrence entre dieu et l'argent dans le coeur des hommes est un vieux thème biblique, repris dans les temps modernes par Shakespeare ou Karl Marx.

    Mais le blasphème le plus banal dans l'Occident moderne me semble le blasphème contre l'amour. C'est pratiquement comme si la survie du monde moderne dépendait de ce blasphème.

    En effet il y a bien pire que nier l'amour, comme font les savants biologistes qui n'en décèlent pas la moindre trace dans leurs éprouvettes ; invoquer l'amour en toutes circonstances est sans doute bien pire que nier son existence, ce qui relève d'une observation générale assez exacte, puisque l'amour est l'exception et non la norme.

    Est-il exagéré de dire que la culture occidentale moderne, plus qu'aucune autre, est un complot contre l'amour ? Un phénomène propre à l'Occident comme la société de consommation, qui est aussi une manière politique d'asservir les masses, me paraît explicable du seul point de vue du blasphème contre l'amour.