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sarkozy - Page 3

  • Télévision et courte vue

    Vu que Sarkozy est tout le temps dans la télé, il devrait se produire entre sa déroute et la prise de conscience de sa déroute comme un léger différé. Perfectionnement démocratique oblige, les directs se font de plus en plus rares. On se souvient que même Chirac, pourtant un peu plus classique, a continué de parler dans le poste aux Français encore une fois ou deux alors qu'il était déjà "out".

     Philippe Sollers, lui, pense que Sarkozy sera réélu. C'est ça la littérature aujourd'hui, il faut miser sur le bon cheval. Des Philippe Sollers on en croise plein au bord des champs de course en province, l'oeil vif, pétillant.

    Mais l'avis de Sollers sur Sarkozy n'est que l'avis d'un homme de télé sur un autre homme de télé. On peut le prendre à la légère. Que Sollers soit déjà "out" depuis hier, ou pas avant demain, quelle différence ça fait ?

  • Radio libre

    Sur “Europe 1”, surnommée “Radio-Sarko n°1”, on ne compte plus les décérébrés, Jean-Pierre Elkabbach en tête, vieux et moins vieux valets du système pub+blablabla ensuite : Jean-Luc Morandini, Pierre-Louis Batz, Julie Leclerc, Karen Chéryl, Philippe Tesson. Moi je dis qu’au “Figaro”, ils peuvent presque être jaloux de l'équipe de "Radio-Sarko n°1".

    Évidemment la boutique ne serait pas complète sans une chronique “politiquement incorrecte”, d’un certain Frédéric Bonnot, qui fait une sorte de revue de presse vaguement antisarkozyste, assez pour abuser les crétins "de gauche" qui écoutent encore cette station.

  • Slogan marxiste

    "SARKOZY, T'ES FOUTU, LA REALITE EST DANS LA RUE !"

  • De Goebbels à Sarkozy

    Comparer Sarkozy aux nazis, à Hitler, peut paraître exagéré. Le fait est que les circonstances historiques sont très différentes. Hitler se situe plus près de l’apogée du capitalisme, Sarkozy, lui, est plus près de sa décomposition.
    Reste que ma comparaison n’est pas plus absurde que celle que les médias ont osée entre Sarkozy et Napoléon. Entre l’empereur et le führer, les points communs sont d’ailleurs nombreux. La principale différence, c’est que Napoléon est censé incarner la France, ce qui conduit l’Education nationale où règne le chauvinisme, le nationalisme le plus étriqué, à opposer deux figures historiques pourtant proches, qui ont modifié nettement leurs nations avant de les conduire à la catastrophe en passant par des victoires éclatantes.

    *

    Le goût prononcé des Français pour les gendarmes, pour l’uniforme, “Le prêtre, le poète ET le soldat” dit encore Baudelaire au XIXe, ce goût les Allemands en ont sans doute hérité de Napoléon et des Français. Indiscutablement, au XVIIIe, et jusqu’au début du XIXe siècle, la France a exercé une forte influence sur l’Allemagne, la Prusse notamment. Aujourd’hui encore, l’ouvrage de Mme de Staël, De l’Allemagne, est célèbre dans les milieux intellectuels allemands malgré la faiblesse de son argument.
    Ce qui a probablement séduit une partie des artistes et des intellectuels français les plus brillants dans l’Allemagne hitlérienne, de Céline à Brasillach en passant par Drieu La Rochelle, c’est l’effet de miroir. Ça n’a pas duré, car comme le reconnaît vite Drieu avec dépit, Hitler n’est qu’un bourgeois comme les autres. Le seul point commun idéologique entre Drieu, qui a touché un peu à tout, et les nazis, c’est le paganisme bouddhiste - Nitche, pour simplifier. Mais quel bourgeois ne s’entiche pas, à un moment ou à un autre, de Nitche ? Drieu est d’ailleurs assez lucide pour reconnaître que ce qui lui plaît le plus dans le bouddhisme, c’est sa nouveauté (cinquante ans plus tard Houellebecq fait figure d’attardé sur ce plan comme sur beaucoup d’autres).

    *

    Une observation parallèle : de Barbey à Drieu la Rochelle et Céline, en passant par Baudelaire, Bloy, Marx, ce qui fait leur force c’est que ce sont, à des degrés divers, des marginaux. Voltaire et Diderot n’en étaient pas. Et Rousseau l’était moins, guère indépendant. Qu’est-ce que ça change ? C’est ce qui leur donne un point de vue plus élevé, ils ne défendent pas instinctivement les intérêts de leur classe sociale ni même d’une quelconque catégorie. Les insultes lancées par Céline à toutes les institutions et à tous les lobbys influents de son époque ont cette signification. L’accusation d’antisémitisme dirigée contre Céline est le fait d’un bourgeois, d’un social-traître comme Sartre, ou d’un imbécile comme Siné, anar pour rire.
    Mais ces écrivains ne sont pas pour autant “antisociaux” ; de leur point de vue, c’est la bourgeoisie et ses institutions nouvelles qui sont antisociales.

    *

    Au plan idéologique on peut isoler un tronc de dogmes, de valeurs, de références communs aux libéraux de gauche, de droite, aux démocrates, aux nazis, même aux démocrates-chrétiens. Entre ces “partis”, il n’y a pas de frontières étanches. On a affaire en réalité à un vaste grenier (beaucoup de ces idées prétendument modernes remontent en réalité à plusieurs siècles av. J.-C.) où moisit tout un attirail idéologique dans lequel le régime capitaliste dit “démocratique” puise des slogans.
    Dans ce tronc on retrouve notamment l’évolutionnisme, une certaine forme d’anthropologie abstraite, le credo capitaliste selon lequel le capitalisme serait le meilleur des systèmes possibles (credo qui évoque fortement Pangloss), un certain positivisme scientifique, c’est-à-dire l’assimilation du progrès à la science et de la science à la technologie, l’égalitarisme et sa branche féministe, en pleine efflorescence, et l’athéisme, ou, pour être plus précis, une certaine forme de paganisme. Voilà pour les valeurs communes de la bourgoisie au pouvoir en Occident, transmises à 99 % des Occidentaux, étant donné la force des moyens de propagande dont la bourgeoisie au pouvoir dispose. On peut citer comme “docteurs” de cette Église : Nitche, Sartre, Heidegger, Darwin, Tocqueville, Malthus, Kant, Freud… à verser au contraire aux fossés de l’histoire pour un catholique marxiste.

    *

    On objectera l’antiracisme de Sarkozy, opposé au racisme d’Hitler. Il n’est pourtant pas difficile de voir qu’on a affaire là à deux conceptions assez idiotes et restrictives, toutes deux “antisociales”. La base de l’antiracisme, c’est le racisme. Il ne suffit pas de renverser une idée idiote pour faire une idée féconde. D’ailleurs, que reste-t-il de ces “philosophies”, au sens contemporain du terme, lorsqu’on les confronte à la réalité ? Hitler n’a pas hésité à mettre au service de sa politique des races non-aryennes. Quant à l’antiracisme, il n’empêche pas les bobos qui y adhèrent de vivre à l’écart des noirs.
    Les Etats-Unis, la plus grande nation antiraciste, est d’ailleurs fondée sur l’esclavage. L’esclavage des nègres dans les champs de coton, relayé par l’esclavage des immigrants dans l’industrie. Qu’est-ce que signifie une "économie tournée à 75 % vers les services" si ce n’est que 75 % de la production est assurée par des esclaves en Asie ? Toute la politique de “quotas de races” menée aux Etats-Unis n’a qu’un but, dissimuler l’écart criant entre les discours démocratiques et la réalité capitaliste. En Afrique du Sud ils ont élu Nelson Mandela, c’est le même genre de stratégie de communication.

    (Il me reste à démontrer que l’idéal démocrate-chrétien n’est pas très différent du paganisme pour compléter mon raisonnement. Mais ceci est une autre histoire.)

  • Valeurs actuelles

    Les partisans de Sarkozy invoquent sa “légitimité démocratique” pour exiger que cesse la grève. Ils feraient bien plutôt de réclamer des tickets spéciaux pour circuler, comme ceux dont étaient munis les supporters de foot qui ont remplis le stade de Saint-Denis samedi dernier comme un jour de circulation normale pour applaudir la morne pièce qui s’y jouait, un match diplomatique entre l’équipe du Maroc et l’équipe de France B.

    *

    La “légitimité démocratique”, ce truc est bon pour les collégiens en cours d’éducation civique. Et encore, les banlieusards ça doit les faire ricaner, eux qui sont affranchis sur les “principes” du système dès le plus jeune âge.
    Sarkozy a été élu avant tout par des vieillards sur le slogan : « Travailler plus pour gagner plus. » Légitimité tu parles.
    On comprend que les cheminots de la SNCF se moquent bien de ces petits vieux et de leur vote sacré ; par le froid qu’il fait, c'est tout juste si elles se risquent dehors, les têtes chenues, alors question de botter les fesses aux cheminots, faut pas trop compter sur eux.
    Légitimité démocratique mon cul. Les bourgeois libéraux et leurs “valeurs actuelles” me donnent la nausée. Il n’y a pas de “légitimité” immanente, il n’y a que des rapports de force, "a fortiori" dans le système capitaliste.

    *

    Mettez-vous à la place de la poignée d’étudiants gauchistes bretons qui occupe le devant de l’amphi. À eux seuls ils ont défrisé naguère le panache du ministre Villepin en moins de temps qu'il n'en faut pour convoquer une AG de fumistes. L’“homme de commando” de Chirac a été obligé de se replier dare-dare avec toute sa panoplie napoléonienne.
    Pourquoi cette même poignée d’étudiants se priverait-elle de faire subir la même Bérézina-express à Fillon, voire à Sarko tant qu’à faire ? Le pouvoir, quand on y a goûté, il paraît qu’on ne s’en lasse pas.
    J’ai tendance à mettre libéraux de droite et libéraux de gauche dans le même panier de crabes, mais s’il fallait établir une hiérarchie je dirais que les libéraux de gauche sont quand même un peu moins cons. Dans le fond ils prennent moins la démocratie au sérieux que leurs homologues de droite, sans doute parce qu'ils savent qu'ils l'ont inventée de toutes pièces.

    En définitive, ceux qui ont le plus intérêt à un accord et à un redémarrage des trains, après avoir montré leur force, ce sont les dirigeants des centrales syndicales, Bernard Thibault en tête, qui a le cul entre deux chaises. Le problème c'est que la compromission avec le système est de plus en plus visible, y compris des syndicalistes de base, qui rechignent à obéir aux votes truqués et en organisent d'autres dans l'autre sens.
    Le syndicalisme "à l'allemande" dont Thibault, Sarko et le patronnat rêvent, comme Perrette de son pot-au-lait, n'est pas pour demain.

  • Sur la pente

    De Sarkozy, bientôt, on dira peut-être : « Il faisait pourtant un bon maire de Neuilly ! »

    Mon antipathie vis-à-vis de Sarkozy est proportionnelle à la confiance qu’ont placée en lui les démocrates-chrétiens de tous poils et autres experts-comptables patentés.
    Cette quasi-unanimité du patronnat français, aussi, de Bolloré à Pinault en passant par Arnault, Dassault, Lagardère, Bouygues, Michelin, etc., est inquiétante. Car que vaut cette élite ? Sur le plan intellectuel, le “Figaro” est un bon indicateur : la théologie de Jean d’Ormesson, la critique littéraire de Philippe Tesson et la politique d’Eric Zemmour, voilà pour les sommets. Sur le plan moral, Pinault et Arnault donnent le “la” en collectionnant les boîtes de sardines "customisées" et "millésimées", et en inaugurant des fondations pour entreposer leurs trésors de bêtise.

    *

    Il faut replacer les choses dans le contexte historique. Dès le début, avec plus ou moins de franchise, les artistes ont détesté le régime démocratique et bourgeois, Baudelaire et Delacroix en tête. Mais cette bourgeoisie était encore capable de singer l’aristocratie dans son comportement et ses goûts. Moins d’un siècle plus tard, le désespoir de Drieu La Rochelle est complet.

    Petit extrait de L’Œuvre de Zola, une description de la réaction de la foule devant la peinture nouvelle exhibée au Salon :
    « Dès la porte, il voyait se fendre les mâchoires des visiteurs, se rapetisser les yeux, s’élargir le visage ; et c’étaient des souffles tempétueux d’hommes gras, des grincements rouillés d’hommes maigres, dominés par les petites flûtes aiguës des femmes. En face, contre la cimaise, des jeunes gens se renversaient, comme si on leur avait chatouillé les côtes. (…) Le bruit de ce tableau si drôle devait se répandre, on se ruait des quatre coins du Salon, des bandes arrivaient, se poussaient, voulaient en être.
    (…) Ceux qui ne riaient pas, entraient en fureur : ce bleuissement, cette notation nouvelle de la lumière, semblaient une insulte. Est-ce qu’on laisserait outrager l’art ? De vieux messieurs brandissaient des cannes. Un personnage grave s’en allait, vexé, en déclarant à sa femme qu’il n’aimait pas les mauvaises plaisanteries. »


    L’hypocrisie de Zola, qui raille ici les bourgeois, est connue. En effet il a fourni sans scrupule à la bourgeoisie brutale une caution sans réserve, faisant l’éloge du travail quand les mineurs crevaient dans les puits, s’acharnant contre les derniers restes de l’Eglise et de l’armée, qui auraient pu faire trébucher ses commanditaires.

    Mais ce n’est pas le point où je voulais en venir. On est plutôt frappé dans cette description par la capacité à réagir des bourgeois, quelle que soit cette réaction. Ils seraient même capables de distinguer, selon Zola, différentes façons de "noter la lumière" !? Que l’on compare cette réaction à celle du bourgeois contemporain. Visitant un musée, siégeant à l’opéra ou au théâtre, il applaudira sur commande, quel que soit son rang. Qui aurait l’idée de faire un scandale au musée Pompidou, au milieu des fétiches en plastique, serait immanquablement dénoncé aux flics dans la minute qui suit.
    La bêtise du public est telle qu’elle a même ébranlé dans ses convictions modernistes mon pote Henri des Etats-Unis, pourtant élevé dans la propagande yankie, lorsque je l’obligeai, pour son édification, à suivre un groupe de badauds et leur guide, au Pompidou. Même les employés aux guichets y sont frappés d’une stupidité particulière que les caissières de supermarché n’ont pas, comme s’ils se prenaient pour les gardiens du Temple.

  • Jarry ou Feydeau ?

    Peut-on reprocher à une octogénaire cacochyme, elles ont été nombreuses dans ce cas, d’avoir voté pour Sarkozy ? Bien souvent recluses, condamnées à la télévision, terrorisées par les images des émeutes dans les banlieues, elles ont voté pour le ministre de l’Intérieur et de l’Ordre - ou supposé tel.

    Peut-on reprocher aux Alsaciens et aux Lorrains, ils ont été nombreux dans ce cas, d’avoir voté pour Sarkozy ? Comme Drieu la Rochelle le fait remarquer, si les Allemands ont le sens de la musique, ils n’ont pas celui de la politique et leur passion excessive pour l’ordre, à la limite de la géométrie, peut les mener aux pires extrémités afin de le préserver.

    Mais les démocrates-chrétiens ? Majoritairement ils ont voté pour Sarkozy, nouveau Guizot en plus cynique. Je ne doute pas qu’ils seront capables de trouver des phrases pour justifier leur choix et le spectacle décadent offert par le couple présidentiel qu’ils ont porté au pouvoir. Du Feydeau, mais au premier degré.

    *

    Mgr Barbarin, officiellement “primat des Gaules”, en réalité au bout de la peau de chagrin de son pouvoir temporel et spirituel, déclarait à l’occasion des dernières élections présidentielles que voter est un DEVOIR pour un chrétien, un catholique.
    Si le primat des Gaules prône le vote quand l’évêque de Rome prône au même moment la dissidence, c’est bien la preuve que la morale “naturelle” est un gadget théologique. Il n’est pas innocent que les démocrates-chrétiens s’abritent derrière ce genre d’arguties pour justifier tel acte et son contraire. La dialectique mensongère, ce n’est pas celle de Marx, c’est celle-là.

    Dans un réflexe typiquement démocrate-chrétien, Mgr Barbarin préférait s’abstenir de donner une consigne de vote précise. Maintenant que le scrutin a pris fin, je serais curieux de savoir pour qui Mgr Barbarin a voté, afin d’accomplir son devoir de chrétien, et comment il justifie son choix.

  • C'est mon choix

    Entre Mitterrand et Edwy Plenel, pas difficile de faire un choix. Pas plus qu’entre Chirac d'un côté, et F.-O. Giesbert ou Karl Zéro de l'autre. Chaque fois que j’ai aperçu la tronche de l’un de ces tristes guignols à la télé, ma défiance vis-à-vis de Mitterrand ou de Chirac s’en est trouvée automatiquement diminuée d’un cran.
    Entre Giscard et Jean-Edern Hallier, ma préférence s’inverse. Mais Hallier était-il vraiment un journaliste ? Il n’en avait pas le style.
    J’avoue d’ailleurs que dans la sympathie que j’éprouve pour Le Pen, la haine que lui vouent les baveux entre pour une bonne part. J’espère que quand il mourra, ils ne lui tresseront pas, malgré tout, des couronnes de laurier. Ça serait vraiment une fin horrible !

    Juppé aussi a eu des mots durs vis-à-vis des journalistes. Mais il en a épousé une, démocrate-chrétienne qui plus est, et il a pondu un petit bouquin faux-cul à mort il y a une dizaine d’années, typiquement dans la veine journalistique.

    Je suis bien en peine, pour l’instant, de dire quel journaliste a Sarkozy dans le collimateur ? Ils sont tous comme subjugués. Est-ce parce qu’il leur ressemble ou au contraire parce qu’ils le craignent ? Si Sarkozy ne profite pas de cet ascendant naturel pour tenter de remettre les journalistes à leur place, au ras du caniveau, mais qu’il se contente de soigner ainsi son complexe d’infériorité, le moins qu’on pourra dire c’est qu’il a manqué de machiavélisme.
    J’ai failli ne pas reconnaître Sarkozy l’autre jour à la télé ; on dirait qu’il a subi comme son confrère Strauss-Kahn une opération de chirurgie esthétique qui l’a défiguré. À moins que ce ne soit le maquillage ? Comme la morale dégénère en éthique, la beauté dégénère en esthétique.

  • Trêve

    Tâchons de considérer Sarkozy deux minutes autrement que comme le symbole du capitalisme et de l'américanisme arrogant en costume deux pièces à rayures, ou encore comme l'espoir du quatrième âge et des Alsaciens d'une France un peu plus calme où les rues seront mieux balayées (Il ne faut pas demander à un Alsacien ou à un Allemand une vue politique à long terme, ils ont d'autres qualités, pas celle-là), bref prenons le président Sarkozy en tant qu'homme, pour une fois…

    Du point de vue humain, il m'inspire plutôt la pitié, je dois dire, Sarkozy. Ses petits bécots, ses petits mots doux à l'attention de Cécilia, sa volonté de lui trouver une occupation digne d'elle, etc. : il a suivi une préparation au mariage chrétien avec le cardinal Lustiger lui-même, ma parole ! Ça m'en a tout l'air et je suis inquiet pour lui. Car ces sermons qui ne mangent pas de pain sur la communication dans le couple et les nouveaux pères, ça va bien quand on est marié avec une brebis, mais la Cécilia a l'air d'une autre trempe que celle dont on fait les gentilles crémières ou les gentilles boulangères. À sa place, moi, je m'empresserais de l'engrosser derechef, Cécilia, afin de l'immobiliser au moins quelques mois, de la priver d'initiatives pendant un certain temps. Et puis ça serait excellent pour son image, pour la campagne de 2012 (il n'est pas trop tôt pour y songer), un petit Sarkozy ou une petite Sarkozy à promener devant les caméras. Je vois d'ici Jean-Pierre Elkabbach, sérieux comme un pape, au premier rang à l'église pour le baptême.

    Maintenant c'est sûr que si elle ne veut pas, j'imagine qu'elle ne doit pas être facile à serrer dans un coin, Cécilia ; l'Élysée, c'est grand, et elle doit courir plus vite que son mari. Mais il y a Claude Guéant… cet homme a l'air très dévoué.

  • Le moral des bobos

    Sarkozy, avec sa politique de relance de la consommation, il me fait penser à ces mères juives des images d'Épinal qui remettent d'office une énième louche de polenta ou de bortch à leur gamin déjà gonflé à bloc et qui peut même plus respirer.

    Il faut bien voir que le citoyen des États-Unis, qui sert de modèle, il peut tout supporter, lui : deux voitures, un 4x4, plusieurs postes de télé, plusieurs consoles de jeu, des tonnes de dévédés, des double Burger-King, du bourbon par bouteille de deux litres, plusieurs séances de cinoche par semaine, deux voire trois divorces, c'est-à-dire deux voire trois gonzesses (!), des animaux de compagnie, des téléphones portables dans tous les tiroirs, sans compter des i-pods dans tous les trous. Le Français, c'est pas sûr qu'il ait la carcasse pour supporter un tel bazar, ce n'est pas exactement la même espèce.

    *

    Ce que Baudelaire, Marx et Simone Weil ont bien vu, ce qui fait qu'ils sont modernes, eux, c'est que la morale dépend essentiellement des conditions économiques, qui déterminent l'ordre social. Attention, quand je dis "morale", il ne faut pas se tromper, les démocrates libéraux ont complètement dévoyé ce mot.
    La morale de Baudelaire, ce n'est pas celle de Sarkozy ou de Delanoë. Je dis Delanoë parce que j'habite Paris, et que donc, forcément, je connais l'ordre moral des bobos par cœur, vu qu'ils l'affichent à tous les coins de rue. « Mets ta capote ! », « Roule à vélo ! », « Brosse-toi les dents trois fois par jour ! », « Pense à donner pour le sidaction ! », etc.
    Tout le monde a un code moral, même les truands. La morale des bobos, il faudrait plutôt parler d'"hygiène" ; une hygiène d'anorexiques-boulimiques. Rien à voir en tout cas avec la morale de dandy aristocratique de Baudelaire - qui d'ailleurs était plutôt fier d'avoir contracté la syphilis, c'était le minimum pour un artiste, la "teuhon" pour ceux qui ne l'avaient pas.

    *

    L'avantage du clan Sarkozy, par rapport à l'autre, au moins, c'est qu'il y va franchement ; pas comme les Strauss-Kahn, les Fabius, les Jospin, qui prennent des airs d'intellos mélancoliques pour faire la même chose : pousser à la consommation de produits fabriqués en Asie.
    Comme les chiffres le disent, qu'on enrichit la Chine, et qu'elle ne nous enrichit pas, et que Sarko il sait quand même lire les chiffres, il se dit : « Eurêka, il suffit de pousser les Français à acheter des biens immobiliers !… comme ça le pognon ne partira pas en couilles à l'étranger. »
    Les électeurs de Sarko, vu leur âge moyen, sont déjà propriétaires, voire multipropriétaires ; les autres hésitent à faire des emprunts sur cinquante ans, car, alors, ils n'auront plus un radis pour se payer l'écran plasma. Ce qu'il faudrait, c'est des bicoques en bois, sans fondations, ça permettrait de casser les prix, et comme ça Sarkozy pourra chanter : « L'Amérique !… euh, c'est l'Amérique !… euh… », ou un autre tube bien niais de son répertoire qui a l'air quasi-illimité.

  • Je n'en rate pas une

    J’avais raté la controverse sur Sarkozy et Pétain ; j’adore ça, les controverses historiques ! Grâce à une de ces affiches virulentes contre Sarko, devant lesquelles je passe régulièrement, je comprends mieux de quoi il retournait. La citation de Sarkozy, la voici : « La France n’a pas inventé la “solution finale”, elle n’a donc pas à rougir de son Histoire ! » C’est donc à cause de cette phrase que Sarko avait été comparé à Pétain par l’extrême-gauche, par un raisonnement un peu tordu.

    Le plaidoyer de Sarkozy n’en est pas moins, lui aussi, inexact, car la France a bel et bien inventé "la solution finale". En fait, il s’agit d’une erreur de traduction. On le voit bien si on regarde les archives du procès de Nuremberg et qu’on tend l’oreille pour entendre la réaction du maréchal Goering, partiellement couverte par la voix "off" du commentateur d’Arte : celui-ci proteste avec véhémence lorsque les traducteurs disent "solution finale" pour traduire "totale Lösung", le terme des documents incriminés ; on peut trouver qu’il est un peu tatillon sur ce coup-là, Goering, mais il y a bien un "faux sens" en l’espèce, une idée de préméditation dans "solution finale" qui n’est pas dans "solution globale". Autant lorsqu'on mène une campagne électorale, on peut se permettre de dire tout et n’importe quoi, c’est même la règle du genre, quand on cause histoire il faut un minimum de précision ; il vaudrait mieux ne pas mélanger les deux genres comme ne peuvent pas s'empêcher de faire tous les politiciens pour tenter de donner un peu de relief à leurs discours et à leurs idées.

    Ce n’est pas dans un "meeting" de l'UMP qu'on peut régler la question de savoir si la France doit rougir ou pas de son histoire récente, si tant est que la question ait un sens.
    La comparaison entre Sarkozy et Pétain est certainement abusive, ne serait-ce que parce que Pétain n’a jamais eu à mener une campagne électorale et qu’au plan militaire, même s’il a encadré quelques émeutes en banlieue, Sarkozy n’a pas l’expérience de Pétain. La télé fait que les “civils” d'aujourd'hui sont presque plus effrayés par les émeutes en banlieue que les "civils" de 14-18 ne furent effrayés par les combats du front. On comprend mieux pourquoi les grands-mères qui passent beaucoup de temps devant la télé ont voté massivement pour Sarkozy, mais il vaudrait mieux éviter de regarder la télé au premier degré, quitte à passer pour un cynique, un mauvais citoyen, voire un lepéniste.

    Je ne sais donc pas si la France doit rougir de son histoire, mais une chose est sûre, elle peut rougir de son "niveau d’histoire", et Sarkozy paraît mal barré pour relever le niveau.

  • L'air démocratique

    La démocratie, ça fait un peu penser à ces "parfums d'ambiance" que les bonnes ménagères des films publicitaires - le seul, le vrai cinéma sincère -, vaporisent dans les recoins nauséabonds de leur intimité/appartement/sphère privée (Si l'on ne zappe pas les longs métrages pour regarder la pub à la télé, on a peu de chance de comprendre dans quel monde on vit, et on perd un temps précieux, de façon générale.)

    Il suffit d'ouvrir en grand les fenêtres et le courant d'air emportera cette ambiance frelatée aussi vite qu'elle s'est installée, dira-t-on. Certes, mais il n'est pas prévu qu'on puisse ouvrir les fenêtres ni même la porte, et en attendant l'atmosphère est de plus en plus irrespirable.
    On a beau savoir cette idéologie démocratique assez volatile, n'empêche c'est étonnant de voir à quel point elle imprègne le quidam.

    J'en viens à mon exemple. Prenons un militant du Front national, par exemple, le type même d'individu peu suspect de se gargariser de principes démocratiques. Pourtant, à propos des signatures de Le Pen, sur un blogue militant, je lis qu'on se réjouit au Front national de la promesse de Sarkozy de venir en aide aux candidats à qui il manque quelques précieuses signatures, y compris Le Pen. Quelle confiance dans le système démocratique et les promesses d'un candidat !? Et si Sarkozy ne faisait que se garder du reproche qui pourrait lui être fait ultérieurement, au cours de la compétition, d'avoir fait obstacle à la candidature de Le Pen ?
    Un article du Monde a été enterré, et pour cause, c'était du temps où Le Monde misait sur Jospin, avant de miser sur Sarkozy. À cet époque, pas si lointaine, pour emmerder Chirac, Le Monde avait révélé que le Président avait fourni au grand méchant Le Pen les dernières signatures qui lui manquaient pour se présenter. Toute comptabilité effectuée, Chirac craignait que les électeurs de droite lui imputent l'absence de Le Pen et le lui fassent "payer" au second tour en s'abstenant. Question de tactique. Ce qui n'était que de tactique de la part de Chirac s'avéra être un coup de génie involontaire ensuite.
    L'hypothèse selon laquelle Sarko volerait au secours de Besancenot et de Le Pen uniquement par altruisme ou idéal démocratique paraît peu plausible…

    Dans la même veine, un autre militant de Le Pen me dit :
    « Ils n'oseront pas faire ça, empêcher Le Pen, le scandale serait trop grand !
    - Ben voyons,
    je lui réponds, qu'est-ce que vous croyez, que les citoyens vont descendre dans la rue pour défendre les droits démocratiques de Le Pen ? Hi, hi, quelle drôle d'idée ! De Gaulle s'est emparé du pouvoir par un coup d'État, comme Pinochet ou Castro, ça ne l'empêche pas aujourd'hui de passer pour un des pères fondateurs de la "démocratie" française… »

    Simone Veil, drapée dans sa vertu féministe et sa cote de popularité, apportant sa caution morale à Sarkozy, est à la démocratie ce que la mère Denis est à la société de consommation.

    NB : En réaction à la démagogie et au cynisme de "La Journée internationale des femmes", célébrée dans des pays qui collaborent en toute connaissance de cause au trafic de chair humaine sur Internet, sans distinction de sexe, de race ou de religion, le seul outrage à la féminité auquel les Occidentaux pourraient s'opposer avec efficacité, aucun commentaire de ce billet de mauvaise humeur par une femme n'est autorisé symboliquement aujourd'hui jusqu'à minuit.
    D'ailleurs malgré tous les efforts de la propagande pour faire porter des pantalons aux femmes, si elles sont de plus en plus nombreuses à regarder des matchs de foot, en revanche dès qu'on parle de politique ou d'histoire, elles ont encore beaucoup de mal à réprimer un bâillement.

  • Le Salut par les Justes ?

    Vu qu'après son discours sur les "Justes de France", empreint d'une profonde franchouillardise gaullienne destinée à faire vibrer la corde sensible du téléspectateur moyen, Chirac n'a repris que quelques petits points dans les sondages, il envisage maintenant de décerner une médaille ou une épinglette à tous les Français qui empruntent bien les bandes piétonnes pour traverser la rue, en espérant que ça ait plus d'impact… (Toutes les idées, même celles qui peuvent paraître les plus éculées ou les plus stupides a priori sont à envoyer par courriel à Claude Chirac qui se chargera de faire le tri pour son papa.)

    « Du culot, encore du culot, toujours du culot ! » : qui mieux que notre Président incarne cette vieille devise française ? Même Sarkozy fait figure de "petit joueur" à côté. Bah, d'ici 2012 il a le temps de s'entraîner, le petit Nicolas.

  • By hanging

    Saddam Hussein est un des rares hommes politiques chez qui j'aurais bien aimé être invité à dîner. Sans doute à cause de la dimension "shakespearienne" du personnage. Chez nous il y a Nicolas Sarkozy qui s'évertue à s'élargir et à se grossir autant qu'il peut pour se donner des airs rassurants de dictateur, mais ce n'est pas tout à fait le même calibre…

    Vu que les Yankis ont condamné Saddam Hussein à la mort par pendaison, c'est un peu rapé, car ils doivent contrôler étroitement les visites. Il y a fort à parier que la visite d'un catholique avec une Bible et de quoi baptiser en urgence serait forcément jugée suspecte par les autorités.

    La pendaison, pour une exécution comme pour un suicide, d'ailleurs, c'est un mode opératoire très efficace. Il n'y guère de "tentatives de suicide" par pendaison, que des suicides réussis. Pas de risque qu'ils ratent Saddam Hussein de cette manière, comme ça arrive parfois avec le gaz, l'électricité, la noyade, le poison, etc.
    Mais ce choix est révélateur de la médiocrité de la civilisation yankie. Saddam Hussein est en effet un officier prisonnier de guerre : à ce titre il devrait être passé par les armes. Constance du mépris des Yankis pour les soldats, les prêtres et les poètes. Ces bouseux vont exécuter un chef d'État comme si c'était un vulgaire voleur de chevaux !