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prophète

  • Le Prophète Hamlet

    Seul un parfait étranger à la bible peut ignorer la figure christique du prophète faisant face au complot du monde.

    Le brave Tolstoï, avec toute sa philosophie d'Allemand, ne pouvait pas comprendre ce qui différencie Shakespeare de l'antique tragédie. Si Homère met en scène la bêtise humaine, Shakespeare traite, lui, de l'Antéchrist, c'est-à-dire d'une formule renouvelée de la bêtise, dont Ophélie est la victime exemplaire. Y a-t-il personnage aussi sot ou sentimental qu'Ophélie dans la tragédie antique ?

    Le coeur du complot est représenté par Polonius et Gertrude. A travers ces personnages en particulier, qu'il nous incite à vomir, Shakespeare dévoile le stratagème de l'Antéchrist. Ophélie vit dans ses rêves - autant dire qu'elle est déjà morte ; les gifles de Hamlet ne parviennent pas à réveiller cette chair vouée par son père à la consommation.

    Quant à Claudius, c'est un tyran de l'ancien régime à l'instar d'Oedipe - on voit qu'il est dépassé, en proie au doute ; sa couronne ne tient qu'à une ruse grossière, à la fornication de Gertrude et au poseur de lacets Polonius.

    Et pour Laërte, s'il n'est faible comme sa soeur, c'est un jeune homme plein de promesses, un point c'est tout.

    Hamlet : - Ô Jephté, juge d'Israël, quel trésor tu avais !

    Polonius : - Quel trésor avait-il, monseigneur ?

    H. : Eh bien

    Une jolie fille et nulle autre,

    Laquelle il aimait très fort. (Acte II, scène 2)

    Pourquoi cette comparaison avec Jephté ? Le "Livre des Juges" indique que Jephté offrit involontairement en sacrifice sa fille unique au Dieu d'Israël, en échange de la victoire. C'est une manière pour Shakespeare de souligner l'archaïsme de la religion de Polonius, et que l'amour de Polonius pour sa progéniture est "cousu de fil blanc".

    On sait à quel point Jésus-Christ s'est élevé contre l'holocauste, chassant même les marchands du temple de Jérusalem qui le pratiquaient pour le compte du clergé.

    Mais encore le "Livre des Juges" évoque les trahisons répétées d'Israël, rebelle à son dieu, et sauvé in extremis par l'intervention de juges successifs mandatés par dieu. A l'imperfection des Juges d'Israël succède le message d'amour parfait du Messie Jésus, annonciateur de la fin des temps. Comme le dit bien Henri Rossier dans cette lecture guidée du "Livre des Juges" : "Un mot, un seul mot caractérise le déclin d'Israël : la mondanité. Ce mot signifie la communauté de coeur, de principes ou de marche avec le monde."

    Or c'est exactement ce que Polonius incarne : la mondanité du juge chrétien ; ou, comme on dit aujourd'hui afin de dissimuler cette mondanité : la "doctrine sociale de l'Eglise".

     

  • Dieu et la Science

    L'effort accompli par Francis Bacon Verulam pour promouvoir et contribuer au progrès de la science est l'oeuvre la plus admirable, impliquant le détachement de soi et faisant croire ainsi à l'éternité (car les hommes dont l'espoir n'est pas égoïste sont très rares).

    A ceux qui sont persuadés que l'éternité n'est l'affaire que de rêveurs ou d'artistes un peu fous, on proposera le contre-exemple de Francis Bacon.

    On voudrait ignorer Francis Bacon en France ; on voudrait surtout ignorer que c'est un savant chrétien. On a inventé pour cela une histoire de la science "laïque", risible sur le plan historique. Cependant il est difficile de censurer complètement Bacon, car sa révolution ou sa restauration scientifique a marqué les esprits. De très nombreux principes énoncés par Bacon comme devant permettre à la science de sortir de l'obscurantisme médiéval sont en effet devenus presque des dogmes aujourd'hui (ce qui ne signifie pas qu'ils soient largement appliqués).

    D'une part on peut qualifier Bacon de "père de la science moderne" ; mais d'autre part c'est impossible, en raison de la foi chrétienne de ce savant (qu'il est difficile de faire passer pour une simple effet de la mode de son temps), mais aussi parce que Bacon a réfuté certaines des grandes lois qui font consensus aujourd'hui en astronomie (B. n'accorde pas aux mathématiques/géométrie algébrique le pouvoir de rendre compte de manière complète des grands mouvements cosmiques.)

    La science de Bacon est aussi "énigmatique" que le théâtre de Shakespeare. Il faut dire que la science joue désormais un rôle social comparable à la théologie autrefois ; peu de monde s'avise aujourd'hui du caractère extra-scientifique des sciences dites "sociales". L'expression en vogue de "science dure", dépourvue de signification, suffit à elle seule à décrire le désordre qui règne dans la méthode scientifique aujourd'hui. Bien des ouvrages scientifiques ont le même aspect de prose impénétrable que les sommes théologiques au moyen-âge.

    Or, de la métamorphose de "l'enjeu religieux" en "enjeu scientifique", bien que ce dernier a parfois des "accents baconiens", Bacon n'est en rien responsable. Promotion de la science, le "Novum Organum" n'est en rien promotion de la technocratie, c'est-à-dire de l'usage religieux de la science par les élites politiques occidentales.

    "Notre première raison d'espérer doit être recherchée en Dieu ; car cette entreprise [de rénovation de la science], par le caractère éminent de bonté qu'elle porte en elle, est manifestement inspirée par Dieu qui est l'auteur du bien et le père des lumières. Dans les opérations divines, les plus petits commencements mènent de façon certaine à leur fin. Et ce qu'on dit des choses spirituelles, que le Royaume de Dieu arrive sans qu'on l'observe [Luc, XVII-20], se produit aussi dans les ouvrages majeurs de la Providence ; tout vient paisiblement, sans bruit ni tumulte, et la chose est accomplie avant que les hommes n'aient pris conscience et remarqué qu'elle était en cours. Et il ne faut pas oublier la prophétie de Daniel, sur les derniers temps du monde : beaucoup voyagerons en tous sens et la science se multipliera (...)"

    "Novum Organum", livre I, aphorisme 93

    La dimension eschatologique, de révélation ultime, de la révolution scientifique voulue par Bacon apparaît dans cet aphorisme ; on peut d'ailleurs penser que le livre de Daniel fournit en partie la clef du "Hamlet" de Shakespeare, pièce que la science universitaire dit "énigmatique".

    Dans "Hamlet", Shakespeare nous montre le sort réservé à un prophète par les autorités d'un pays dont il est en principe le prince - un prince à qui ces autorités auraient dû se soumettre, mais ne l'ont pas fait (Claudius incarne le pouvoir politique, Gertrude l'institution ecclésiastique, Polonius-Copernic le pouvoir scientifique).

    Bien des indices dans le "Novum Organum" laissent penser que Bacon n'était pas dupe de l'usage qui serait fait par les élites savantes de son oeuvre de restauration scientifique. En premier lieu parce que, s'il affirme l'aspiration divine de l'homme à la science, à travers sa condamnation de l'idolâtrie ce savant décrit le penchant contradictoire de l'homme au divertissement et à l'ignorance, sur lequel les pouvoirs publics s'appuient, non seulement suivant l'exemple de la Rome antique, mais bien au-delà de ce régime décadent.

  • Le prophète Adam ?

    Je sursaute à chaque fois quand j'entends dire que, pour les mahométans, Adam est une sorte de prophète. Pour les chrétiens, Adam est plutôt un imbécile. Pour les Grecs, Adam c'est le benêt Epiméthée, qui tombe dans le piège de la vie.

    Je ne comprends pas, à quoi bon se méfier des femmes si c'est pour honorer Adam qui ne s'en est pas méfié ? Les mahométans sont comme les catholiques romains, ils n'ont aucun sens du péché.

  • Le prophète Shakespeare

    Je suis issu d'un milieu catholique romain complètement sclérosé spirituellement, et Shakespeare avec sa belle logique chrétienne m'a aidé à m'échapper de cette prison.

    Ce milieu catholique romain est comparable au milieu juif, partagé entre la fidélité à une religion juive archaïque, et l'adaptation au monde moderne, dont la direction est assez floue pour que le moindre scepticisme incite à soupçonner derrière l'étiquette "moderne" un fanatisme religieux débordant, dont témoigne aussi le masochisme du consommateur capitaliste, sous-homme disposé à sacrifier sa vie pour les derniers gadgets "high-tech".

    Il faut envisager les génocides modernes comme des dommages collatéraux de la modernité, dans la mesure où les tenants du futurisme sont des propagandistes et des censeurs, oeuvrant activement pour dissimuler cet aspect. Depuis la Libération, l'intelligentsia française est presque parvenue à faire passer la scolastique allemande pour une forme de pensée supérieure, et les jongleries d'Einstein pour l'effet du génie scientifique.

    Le plus mondain, le culte moderne l'emporte chez les ambitieux, et les foules soumises à ces ambitieux. Dans les milieux catholiques romains, la tendance moderne résulte d'un emprunt, non pas directement au luthéranisme, mais aux doctrines protestantes mieux adaptées au principe laïc et à l'extinction du monde paysan. Marx a raison de dire que ce n'est pas le protestantisme qui est la cause du capitalisme, mais le capitalisme qui est la cause du protestantisme ou de la "laïcité". Autrement dit c'est la formule institutionnelle protestante que le haut clergé catholique romain a adoptée, non l'esprit de la réforme de Luther, peu compatible avec les visées mondaines de la démocratie-chrétienne.

    Ce que les milieux catholiques romains nostalgiques ou "nitchéens", plus attachés à des valeurs paysannes qu'à la vérité chrétienne ne comprennent pas, c'est que l'Eglise romaine dont ils se réclament est, ainsi que l'histoire le montre, l'institution moderne par excellence. Sa nature "d'institution chrétienne", qui la contraint à trahir doublement les principes institutionnels et la vérité chrétienne qui proscrit le jugement de l'homme par l'homme, exige en effet d'elle une métamorphose permanente, et de faire passer cette métamorphose pour un progrès. On voit bien que l'Eglise catholique romaine a une détermination absurde du point de vue institutionnel, puisqu'elle procède du rejet des formes institutionnelles qu'elle a revêtues dans le passé, comme si le droit n'était pas un principe conservateur, le droit excluant l'histoire, et l'histoire excluant le droit.

    L'histoire de l'Eglise romaine est impossible, car cette institution est fondée sur la justification incessante d'une autorité morale institutionnelle qui ne peut se fonder sur le message évangélique, qui est, lui, historique, c'est-à-dire le plus dissuasif de la foi et de la raison institutionnelle, en particulier de la foi dans l'avenir.

    La consécration par le pape Jean-Paul II du temps comme un facteur de salut, est non seulement antichrétienne, mais elle trahit un plan institutionnel d'unité dans le temps.

    Shakespeare n'est pas moderne : la preuve en est que les personnages auxquels les modernes s'identifient, pêle-mêle Ophélie, Roméo et Juliette, Richard II, voire Claudius, sont tous marqués par Shakespeare du sceau de la folie ou de la mort. Si Shakespeare est aussi dissuasif du plan moderne, et annonciateur de la bestialité humaine moderne, c'est parce qu'il est pleinement conscient que le plan moderne se confond avec la religion chrétienne institutionnelle... jusqu'à la fin des temps.

    Shakespeare n'est pas païen ou athée, conservateur pour autant, comme l'a prétendu Nitche. La preuve c'est qu'il envisage la fin du monde, en lieu et place de la mort qui, comme le souligne Hamlet, est la perspective paradoxale du païen, ne fuyant la mort que pour finalement la rejoindre, et mener ainsi une existence moins rationnelle que celui qui prend la décision de mettre un terme à sa vie.

  • Oecuménisme

    Un pote mahométan, plutôt curieux de nature, aimerait bien savoir ce que je trouve à redire à Mahomet ? Puisque Jésus est plus véridique que Moïse selon toi, me dit-il, pourquoi Mahomet qui est postérieur à Jésus ne le serait-il pas plus encore ?

    Pourquoi ? Parce que tous les prophètes sont anticléricaux : ils passent par-dessus le clergé pour s'adresser au peuple, et chaque fois leur intervention se justifie par la restauration de l'iniquité du fait du clergé. Tous, c'est-à-dire Homère, Moïse (dont certains prétendent qu'il a influencé Homère), Ezéchiel, Daniel, Jésus, Paul de Tarse, Shakespeare. Mahomet m'apparaît plutôt comme un réformateur du clergé, ainsi que nous en avons plusieurs exemples en France : les jansénistes de Port-Royal, ainsi que les philosophes des Lumières, qui se présentent largement comme un clergé nouveau.

    Mon oecuménisme s'arrête là. Il n'est qu'une feinte ou une impasse de la part des religions. Une impasse qui débouche dans l'absolu sur le syncrétisme, c'est-à-dire la gastronomie. Les religions recèlent le principe du schisme ou de la division, puisqu'elles imposent la conversion, nécessairement idéologique. L'idée même d'un dialogue oecuménique entre orthodoxes et catholiques paraît pure bouffonnerie, puisqu'ils se réclament du même prophète et de la même prophétie. Calculer le PGCD entre deux religions ? On ne peut calculer que le PGCD du mensonge.

    D'ailleurs la religion républicaine, dominante aujourd'hui, ne propose pas ses valeurs, elle les impose. Et comme l'idéologie libérale est encore plus puissante et sournoise, comme larvée, elle impose ses taux de conversion aux tenants des valeurs laïques républicaines. La conversion est faite pour donner le change.

  • L'Expérience de Dieu

    L'Expérience de Dieu n'est pas possible, dira le prêtre, car si elle était possible le ministère du prêtre serait inutile.

    La trappe des ministres du culte de Babylone, découverte par le prophète Daniel, n'est autre que l'hypothèse de dieu. Si quelqu'un vous dit que les choses virtuelles ont plus de consistance que les choses réelles, vous êtes en présence d'un de ces prêtres babyloniens parasites.