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  • Déphilosopher (2)

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    On peut se demander d’où vient qu’avec aussi peu de personnalité les philosophes ont quand même réussi à quitter le “no man’s land” qu’ils n’auraient jamais dû quitter ? Pourquoi ils ont autant de disciples dans nos grandes démocraties ?

    À la télé, au musée, dans les journaux, au bistrot, au boulot, partout, pas moyen d’y échapper ! Dans le métro ? C’est vrai que les gens sont trop pressés pour philosopher, dans le métro. À cet égard, le métro est préférable au taxi. À condition de pas lire les pubs sur les murs… À croire que les publicitaires sont tous des types qui ont raté leurs études de philo. Pour une pub rigolote, combien de pubs consternantes, de jeux de mots vaseux ?

    Je crois qu’il faut remonter pour piger au malentendu qui entoure la philosophie. La philosophie apparaît très savante et très compliquée aux jeunes esprits. C’est pour eux comme de la littérature pour les “grandes personnes”. Il n’en est rien, évidemment. La philosophie est très simple. Il suffit d’avoir la clef. Derrière la porte, c'est à peu près comme un gros castel néogothique, de grandes salles vides et froides…
    Ou, si on préfère, l’image du jeu de construction. Les philosophies s’emboîtent les unes dans les autres. La phénoménologie dans la critique de la raison pure, l’existentialisme dans la phénoménologie, pour former des constructions audacieuses, toujours au ras du sol, bien sûr. De là aussi le goût des enfants pour la philo. Entre le gamin qui lit Kant et celui qui lit Harry Potter, il n'y a pas une différence énorme. Juste une question de snobisme.

    Comme si les moqueries paternelles n’étaient pas suffisantes pour me vacciner, j’ai eu Nietszche comme prof de philo. La même coupe de cheveux, les mêmes moustaches, les mêmes sourcils broussailleux ! Une imitation presque parfaite… Sauf que lorqu’il sautait dans son petit coupé sport décapotable à la fin du cours pour épater les gonzesses, ça donnait une image un peu incongrue du superhomme nitchéen (1) à ses élèves !

    « Qu’est-ce qu’il resterait de la philosophie si on la traduisait en langage normal ? » a dit un poète-philosophe mineur du XXe siècle pour minorer. J'aime bien les bons mots moi aussi, mais le résultat de toutes ces années d'insouciance à l'égard de la manie de philosopher, c'est que la jeune génération paie les pots cassés. On est envahi par la philosophie, jusqu’aux greniers du Vatican !
    Si ça continue comme ça, je suis condamné à brève échéance à passer mon temps sous l'eau, à la piscine, où les philosophes, enfin, se taisent…


    (1) Je crains que ce patronyme barbare ne finisse par me rendre dyslexique, aussi l'écrirai-je désormais Nitche, à la manière française.

  • Déphilosopher (1)

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    Je ne cache pas que dans ma famille on s’est toujours moqué des philosophes et de la philosophie. On s’en moquait surtout à cause de sa faiblesse rhétorique : Céline, Shakespeare, La Fontaine, Voltaire, Chateaubriand, quelle fougue à côté !

    Surtout ne pas se laisser enfermer dans les définitions. Ainsi, Voltaire : philosophe ou pas philosophe ? Le seul apport de Voltaire à la philosophie, c’est d’avoir fait du métier de philosophe une profession honorable. Voltaire fut pour le règne de Louis XV ce que Zidane fut pour le règne de Chirac, une star un peu trop bustifiée… Mais à part ça ? « Il faut cultiver notre jardin ! » ? C’est une boutade de notable.

    Ce qui compte plutôt, c’est d’avoir de la personnalité. On reconnaît ainsi facilement les vrais philosophes à ce qu’ils n’ont pas - ou très peu - de personnalité. Ils ne disent rien de positif, ils spéculent. La meilleure position pour spéculer, pour faire des paris sur l’existence de Dieu ou de soi-même, c’est d’être à la fois aveugle, sourd, manchot, bouché ET dubitatif. L’histoire a retenu le nom d’Emmanuel Kant (1724-1804) comme celui du philosophe qui s’est approché le plus près de cet idéal. Martin Heidegger (1889-1976) n’est pas mal dans le genre non plus. Schopenhauer et Nietszche, eux, en revanche, ne sont que des bâtards : à un moment où un autre, ils ont écrit quelque chose, quelque chose de pas forcément vérifiable ni vérifié, mais quelque chose d’audacieux, beaucoup trop pour qu’on puisse dire qu’ils n’ont absolument aucun style.

    Les vieilles nations comme l’Angleterre, la France, n’engendrent pas de véritables philosophes. Ce n’est pas un hasard. Les philosophes viennent toujours d’un no man’s land.
    Pas plus qu’ils n’ont de style, les vrais philosophes n’ont d’humour, d’ailleurs. L’humour, cette spécialité anglaise qui fascine Bergson. L’humour est lié à l’absurde. Comment le voir quand on patauge en plein dedans ?

  • La fin du gaullisme

    Le chef de l'État en représentant de commerce, c'est la fin du gaullisme. Je ne veux pas dire par là que Jacques Chirac n'a aucune chance de remporter une troisième fois les élections, il faudrait sous-estimer les caprices de la foule pour le croire, à six mois des élections ; non, je veux dire que les tribulations d'un Chirac en Chine, c'est l'aboutissement d'une aventure politique, le gaullisme.

    Chirac, c'est le pilote d'une écurie de F1. La compétition électorale, ça coûte un max de pognon, faut bien faire plaisir à ses sponsors de temps en temps, comme on dit dans le milieu. Pour ça, on n'hésite pas à se foutre à poil. Car, là, le roi est vraiment nu. Aujourd'hui, Chirac embrasse les représentants du régime le plus meurtrier de toute l'histoire de l'humanité, et fiers de l'être ; demain, il inaugurera en compagnie de Simone Veil devant un auditoire de vieux barbons repus un monument, une plaque, pour qu'on se souvienne bien à quel point les nazis étaient méchants. Un journaliste à la solde de la République, Patrick Rotman, par exemple, saluera le courage du président, et les gogos applaudiront.

    Les Français sont courageux, ils n'hésitent pas à défier bravement les cadavres de l'armée allemande.

    Petits clins d'œil entendus des gros industriels : « Mais la Chine, c'est le Pérou ! l'Eldorado !! » Qu'est-ce que ça veut dire, que les taux de profit doivent déterminer la politique étrangère ? La soif de l'or rend fou…
    Tous les entrepreneurs français installés en Chine le disent pourtant : ils perdent de l'argent. Ils restent dans l'espoir d'en gagner un jour, mais pour le moment, ils investissent à perte.
    Tous les démographes le disent, le taux de fécondité catastrophique de la Chine viendra briser à moyen terme l'élan économique chinois. Si la Chine ne change pas radicalement de philosophie et de mode de vie, elle ne s'éveillera jamais, contrairement au slogan.

    Les esprits étriqués qu'on nomme "juristes", ou "avocats", ou "constitutionnalistes", experts en bidouillages de mots, disent parfois que De Gaulle ne voulait pas d'un régime fondé sur les partis. C'est une blague, son coup d'État était une petite révolution partisane, justement. Sa légitimité, il l'a forgée contre "la France d'avant", d'accord avec le parti communiste. "La France d'avant", ça ne veut rien dire, mais la propagande se moque bien du sens des mots. On en est encore aujourd'hui à remplacer l'Histoire par la propagande, à se planquer derrière un rideau de fumée. Le "devoir de mémoire" consiste à calomnier le passé.

  • Gare à ta jaguar !

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    Un jour je me rappelle, c'était il y a vingt ans, ils sont venus chez moi, j'étais petit, je portais encore des culottes courtes. Dès que ma mère a eu le dos tourné, ils se sont servi dans le frigo sans rien demander ; et quand mon père est sorti pour s'acheter du tabac ou un journal, ils ont fouillé dans les tiroirs de son bureau, on ne sait jamais.
    Ma mère était colère, elle voulait leur dire deux mots. Mon père a dit que non, ça pouvait être pire, on savait pas de quoi ces fumiers étaient capables. Je crois que ma haine contre les journalistes date de ce jour-là.

    J'ai besoin d'allumer la télé pour l'entretenir, cette haine. Je fais autre chose en même temps, comme bouquiner ou pioncer, mais je peux pas me passer de l'allumer une ou deux fois par semaine, au moins.
    Les domestiques, les garçons de ferme, les ouvriers, les sans-grade – le populo, il pouvait voir les aristos, eux, les toucher ; les journalistes, sortis de la télé, on dirait qu'ils se planquent… Depuis le temps que je rêve d'en pousser un dans la Seine, eh bien que dalle, je croise des acteurs, des starlettes, mais aucun journaliste ! Ah, si, j'ai déjà croisé Nagui dans le 18e et Stéphane Bern dans le 9e, mais, comment dire… ils sont désarmants ces deux-là !

    Hier soir, débat sur la contre-culture et l'"underground", des sous-intellos qui se pignolent en rond pendant une heure sur la définition d'"underground". Tiens, Finkielkraut n'est pas là !? Au milieu du bavardage chiantissime, le présentateur exhibe un "résistant", un type qui résiste, donc, mais sur internet. C'est "underground", internet, il paraît. Ah, ah, quel gag ! Ils pouvaient pas choisir plus miteux comme résistant. Un vrai paumé, tout juste s'il arrive à jacter rapport à un cancer du fumeur. Il dit quand même quelques mots contre l'industrie du tabac. Et pour défendre la couche d'ozone. Me fait pitié, ce bougre, comme un de ces lions tout pelés qu'on montre dans les cirques. D'ailleurs le présentateur, Frédéric Taddéi, il lui manque que la petite moustache pour ressembler à un dompteur de chez Bouglione.

    Tu parles d'un résistant ! Les médias utilisent aussi des "collabeurs", comme dit si bien Nabe : Djamel Debbouze, Eric et Ramzy, Lilian Thuram, tous ces "beurs" et ces "blacks" bien propres et aux comptes en banque bien garnis que les médias exhibent pour prouver qu'ils aiment la banlieue, son football, ses graffitis, son verlan, sa musique, ses poètes. En réalité, la banlieue, les médias l'exploitent, pour faire des 20 heures tonitruants, des docus qui pètent, des feuilletons métissés. Les "collabeurs" le savent très bien mais ils se taisent vus qu'ils sont mouillés jusqu'au cou.

    Peut-être que Joey Starr, lui, il est plus sincère ? Je pense à Sarkozy, automatiquement. C'est "chaud" pour Sarkozy en ce moment, hein ? Il suffit que les feus de joie reprennent pour que, d'un coup, le ministre de l'Intérieur brille par son inefficacité aux yeux de tous les Français, comme une twingo qui flambe dans la nuit, filmée par les caméras de France 2 ou de TF1.
    Ça, c'est si Joey Starr et ses potes veulent que Sarko perde les élections. S'ils veulent le faire gagner, il faut qu'ils foutent le feu dans le centre de Paname ! aux bagnoles des bobos !! Les bobos, le jour où on touchera à leurs meubles, à leurs fringues, à leurs i-pods, ils se précipiteront pour aller voter Adolf Hitler s'il le faut. J'ai aucun doute là-dessus.

    Pourquoi Joey Starr voudrait faire gagner Sarko, vous allez me dire ? Eh bien je le sens pourtant hésitant. Il a appris que les immigrés, la gauche les baise depuis trente ans avec ses pin's et ses slogans démagos, elle leur dit ce qu'ils veulent entendre, comme on parle à des enfants gâtés. Sarkozy et Ségolène, donc, pour lui, c'est bonnet blanc et blanc bonnet, il arrive pas à se décider. Ça doit être dur pour les nerfs de Sarko.

    Moi, je suis dans le même camp que Joey Starr, les types sincères se font tellement rares ! Bien sûr, on est différents. Ainsi, Joey, lui, quand il était petit, il était communiste comme ses parents. Georges Marchais, il le voyait comme une sorte de Che Guevara français. Tandis que moi, je ne croyais pas à tous ces bobards-là, je me moquais bien de Che Guevara, j'avais pas la permission de regarder la télé.

  • Elle est belle l'Humanité !

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    Il y a une autre chanson de Renaud qui est intéressante au plan sociologique, c’est Elle est facho.
    Sur les mœurs typiques d’une “facho”, Renaud est un peu confus, puisque, pêle-mêle, son personnage revient de la Fête de l’Huma, en a marre des posters de Che Guevara, aime la CIA, porte un imper, a peur d’être tondue, aime sa blanche peau (Renaud aurait préféré être noir, lui), lit National-Hebdo, vote Sarko, bref “est con comme un veau [ça c'est pour la rime]”.

    Mais on ne peut pas en vouloir à Renaud de ces quelques petites erreurs puisque, lui, sa spécialité c’est les bobos ; les fachos il les fréquente pas, logique.
    D’ailleurs quand il fait des erreurs, il s’excuse, Renaud. ll s’est excusé pour Sarko. Il y avait des bobos qui avaient mal compris. Que des fachos votent pour lui ne veut pas dire que Sarko soit facho, ça n’a rien à voir.

    La suite est plus révélatrice :

    « J'lui souhaite qu'un jour si elle a un môme, y s'retrouve à dix-huit balais,
    Plein d'éducation et d'diplômes, d'idées rebelles, d'humanité.
    Et qu'il lui dise, “Tes vieux discours manquent singulièrement d'amour.”
    Qu’il rajoute à la triste dame : “Reste donc le nez dans ta merde.
    J'suis amoureux d'une musulmane, j'vote écolo et j'fume de l'herbe”.
    Espérons qu'ça lui fera la peau, à la Facho. »


    Il a dû vouloir dire “Espérons qu’ça lui fera LES PIEDS, à la Facho”
    Ou alors c’est comme ça qu’on cause à force d’avoir le monopole du cœur à la place du cœur ?

    On peut aussi faire un peu de psychologie : l’agressivité de Renaud Séchan, pourtant au faîte de sa carrière, qui a réussi sa reconversion, à passer des prolos aux bobos, s’explique sans doute par le sevrage et sa nouvelle gonzesse. Bien sûr, il y a de quoi être à cran. Mais aussi le paternel de Renaud était collabo, comme Arletty ou bien Pierre Fresnay, sans plus. Il a oublié d'interrompre sa carrière sous l'Occupation. C’est le genre de truc, soit tu le vis bien au niveau œdipien, ça change pas fondamentalement la gratitude que tu dois à tes parents, soit tu te sens obligé d’en faire des tonnes pour faire oublier cette TACHE IMMONDE.

  • Revu et révisé

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    Bien sûr, Hélène de Fougerolle ne peut donner qu'une vague idée de la distinction de la marquise de Pompadour, que les tableaux de Boucher ont gardée, et Vincent Perez une vague idée de la stature de Louis XV…
    Néanmoins, le feuilleton diffusé récemment par une chaîne publique sur le règne de la marquise de Pompadour, je ne sais plus laquelle, je les confonds toutes (ces putains de la République !), ce feuilleton n'était pas délibérément, bêtement iconoclaste, comme le sont souvent les reconstitutions historiques. Les cinéastes étasuniens battent des records de "mauvaise foi sincère" dans ce domaine-là.

    Il ne fallait pas trop en demander non plus, passez-moi l'expression, et le "parti dévôt" ne pouvait être décemment représenté à la télévision que comme un parti d'imbéciles méchants et coincés du cul. Quitte à en rajouter avec une tentative d'empoisonnement commanditée par le Dauphin lui-même. Mais la Reine, Marie Leczinska, jouée par Charlotte de Turkheim, sans doute pour bien montrer le vieillissement accéléré dû à dix grossesses en dix ans, la Reine était plausible.

    De même l'arrestation de Diderot est un peu montée en épingle afin de bien nous enseigner de quels genre de maîtres nous tenons nos lumières. Heureusement, j'ai appris grâce à l'historien Raymond Trousson que Diderot n'était pas si bravache qu'on le voit dans le film. Il écrivait au Comte d'Argenson, excellent ministre du parti dévôt, justement, en charge de la police, après avoir été arrêté : « Un honnête homme qui a eu le malheur d'encourir la disgrâce du ministère implore votre clémence (…) Il se meurt de douleurs de corps et de peines d'esprit. Il se jette à vos pieds et vous demande la liberté. Il est désespéré des fautes qu'il a faites et bien résolu de n'en jamais commettre d'autres… ».

    Ah, j'allais oublier la prestation très crédible de Jean-François Derek dans le rôle de Voltaire !

  • Philosopher

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    J'ai compris que j'étais assez influençable le jour où je me suis rendu compte que l'habitude qu'ont certaines femmes de toujours vous approuver mais de n'en faire nonobstant qu'à leur tête était en fait la marque d'un extrême entêtement.
    Ça ne les dérange pas d'approuver ce qui de toute façon n'aura aucune conséquence sur leur manière d'agir. Ce qui justifie parfois d'employer la manière forte avec elles, soit dit en passant, comme avec les enfants.

    Ce que certains de mes (rares) amis appellent mon "esprit de contradiction", un peu plus d'"esprit d'observation" leur permettrait de comprendre que c'est la marque d'un esprit perméable. Ils perdent moins leur temps à discuter avec moi qu'avec leurs femmes.

    Vous voulez une preuve ? Il a suffi que je feuillette ce bouquin inepte du Professeur Frankfurt de Princeton sur l'art de raconter des conneries pour me mettre à déblatérer à mon tour en vain comme lui sur le premier sujet qui est passé à ma portée. On pourrait aussi définir la philosophie moderne à l'aide de Frankfurt comme "l'art de se poser les mauvaises questions". En effet, ce qui serait intéressant, c'est de savoir POURQUOI les Britanniques possèdent l'art de raconter des conneries sans que ça soit désagréable, bien au contraire, tandis que dès qu'un Allemand comme Frankfurt l'ouvre, on a envie de le supplier de la boucler. Je m'en veux un peu de dire du mal des Allemands tellement c'est facile dans ce pays, tout juste si la loi ne nous y encourage pas !

    Pour compléter mon raisonnement, il faut dire que c'est la raison pour laquelle j'apporte un soin tout particulier au choix de mes lectures, entre autre. Tant qu'à être influencé, autant l'être par des écrivains de caractère et pas par de minables penseurs comme Finkielkraut ou Michel Onfray, pour m'en prendre cette fois à un Anglais.

    Dans le fond, je me demande si tout ce baratin n'est pas une excuse. En fait j'ai cédé récemment sur un de mes principes les plus fermes parce qu'un vieux pote a beaucoup insisté, je me suis laissé influencer. Je suis allé au cinoche voir Tournage dans un jardin anglais, l'adaptation de Tristram Shandy. Dans un vieux cinoche de quartier subventionné, par-dessus le marché. Je n'en suis pas fier, ça non. Mais au moins que mon erreur profite à d'autres : sachez que le film de Michaël Winterbottom est démonstratif, redondant, beaucoup moins suggestif que le livre de Sterne (Je n'en ai lu qu'une dizaine de pages, mais ces dix pages étaient plus suggestives que le film tout entier), et, surtout, les actrices ne sont pas franchement mémorables. En somme, Tournage dans un jardin anglais a à peu près tous les défauts qu'on trouve au cinéma depuis les années cinquante, environ.

  • De l'art d'éditer des conneries

    J'ai décidé de m'embusquer au rayon "Philo" de la Fnac. La philo ne m'intéresse pas, je n'y consacrerais même pas six heures et un quart, mais je suis curieux de voir quelle tête ont les amateurs de philo, et les amatrices, comparées aux gonzesses du rayon "Littérature étrangère" ou "Développement personnel" ?

    La première ne me déçoit pas en réclamant un titre d'"Emmanuel Lavinasse". Le vendeur ne peut réprimer un sarcasme, avant d'essayer de se rattraper vu que la cliente est plutôt bien roulée et que c'est une cliente. La vanne du vendeur glisse sans faire un pli sur le visage lisse de la jeune fille.
    Bon, mais celle-ci n'est pas typique, juste une lycéenne en train de faire ses courses avec sa liste. La suivante est blonde et élégante et doit faire pas loin d'un mètre quatre-vingt. Elle farfouille un peu, puis va réclamer à son tour une biographie de Karl Marx par Jacques Attali… Heureusement pour elle, ils ne l'ont pas.
    Pour se foutre de la gueule des clients ignares, ils sont forts à la Fnac, mais à part ça ils n'ont jamais rien dans leurs rayons, ou quinze jours après tout le monde. La Fnac combine les inconvénients du dirigisme soviétique et ceux du capitalisme américain.

    Je suis intrigué au bout d'un moment par ce petit bouquin qui me tourne le dos et devant lequel deux ou trois bobos ont marqué un temps d'arrêt. C'est De l'art de raconter des conneries, d'un certain Harry Frankfurt, professeur à Princeton. Ça, en revanche c'est très typique, typique du genre de merde que les éditeurs français essaient de fourguer pour se remplir les poches. En gros c'est une dissertation d'étudiant appliqué d'une soixantaine de pages. 10/18 a imprimé ça en corps quatorze pour gonfler la disserte jusqu'à en faire un volume de poche, et ajouté une couverture toilée épaisse pour faire monter le prix au-dessus de huit euros. Avec un tel titre, ça va sûrement cartonner, ils ont dû se dire, ces enculés !
    Petite préface oiseuse du traducteur d'abord pour expliquer qu'il a eu beaucoup de mal à traduire bullshit dans la langue de Molière. Foutaises ! Il a bon dos Molière ! Ensuite, développements vains et maladroits du professeur de Princeton sur les tenants et les aboutissants de la logorrhée. Faut dire qu'il est mal placé. La philosophie, ç'a toujours été un peu l'art de raconter n'importe quoi sur n'importe quel sujet, mais depuis quelque temps, c'est VRAIMENT n'importe quoi !!

    Bien sûr, la littérature française se dégrade surtout à cause des goûts déplorables des femmes pour les niaiseries politiquement correctes, mais aussi parce que les éditeurs ne pensent plus qu'à ça, au pognon.

  • Du pain frais

    Je contourne à la fraîche quelques blocs d'immeubles, je vais m'acheter du bon pain frais. Le boulanger juste au pied de chez moi n'est qu'un escroc, un de plus, qui cuit de la pâte dégueulasse toutes fenêtres ouvertes pour attirer les couillons avec l'odeur.
    C'est le ballet des poussettes, je gare mes arpions, les mères entraînent leurs mioches à l'école. Certaines ont encore de beaux restes ! Celle-ci, qui enfourche bravement son scooter noir après avoir abandonné ses gosses, par exemple, a bien trente ans passés, mais encore un joli sourire en réponse au mien. Et aujourd'hui que les jeunes gonzesses sont de plus en plus "bouchées" sexuellement, je me dis qu'une mère de famille, après tout… Le pain un peu rassis, ça n'est pas mauvais non plus, avec du fromage.

    Je suis coupé dans ma réflexion par des cris de rage. C'est un gamin noir qui se fait tabasser dans une encoignure par un jeune type. Troublées, les mères de famille s'arrêtent. Le type n'en a cure. Petit blouson de cuir beige lustré, écharpe bariolée, jean griffé, crâné rasé à la mode homo - ou républicaine -, il est sapé comme un bobo. Le gamin est assez grand, mais doit pas avoir plus de dix ans. Il se défend comme il peut contre les bourrades, essaie même de pousser à la renverse son adversaire. Courageux… Mais le type le rembarre encore plus violemment contre une bagnole à coups de genoux. La rebellion du gosse le met littéralement hors de lui, il gueule :
    « Nan mais t'as vu comment tu m'as parlé !? PLUS JAMAIS TU ME PARLES COMME ÇA, PUTAIN, T'ENTENDS ?!! »
    C'est quelque chose comme un instituteur, ou un auxiliaire, qui escorte un troupeau d'une dizaine d'élèves. Bien sûr le langage n'est pas des plus châtiés, le tutoiement ça n'est pas terrible. Mais ça fait au moins vingt ans que j'ai pas vu du personnel de l'Éducation nationale frapper un gamin insolent, alors même si c'est un bobo, je me dis intérieurement : « Chapeau bas, Monsieur ! »

    La question du pain est une question essentielle, une question comme qui dirait "de civilisation". Pour ma part ça fait longtemps que j'ai pris l'habitude de juger quelqu'un au pain qu'il mange. C'est la raison pour laquelle j'ai plus d'estime pour les hommes que les femmes, en général, vu que celles-ci se passent assez facilement de pain.
    Pour une ville, c'est la même chose. Si vous songez à élire domicile quelque part, faites d'abord le tour des boulangeries, ça vous en dira plus long sur l'état d'esprit de ses habitants qu'autre chose. C'est pour ça que j'hésite encore en ce qui concerne Bruxelles, d'ailleurs. Ou alors il faudrait que je pétrisse mon pain moi-même. Je l'ai déjà fait, mais c'est crevant. Encore plus crevant que de baiser.

    Aussi me paraît-il dans cette perspective aussi essentiel de dénoncer un mauvais boulanger qu'un mauvais écrivain. Plus important même, car les mauvais boulangers, outre vous empoisonner, font concurrence aux boulangers honnêtes et capables.

  • Antijeu débile

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    Quelle affliction, mon Dieu, ce match qui se déroule sous nos yeux pour savoir qui des Arméniens ou des Juifs possèdent le plus beau génocide !

    L'escouade des philosophes existentialistes, des théologiens de la choa, des avocats juifs, arméniens, juifs-arméniens, des éditorialistes chiants, est mobilisée. Tous les professionnels de la langue de bois, du langage politiquement correct, des triples saltos de la raison pure, se précipitent pour entrer sur le terrain. On n'hésite pas à essuyer ses crampons sur le voisin pour se faire sa place au soleil de la déraison. Et les médias sont là pour encourager tout ce beau monde. C'est la hola dans les tribunes ! Les sponsors doivent être ravis.

    Après le but marqué par l'attaque arménienne, Pierre Nora slalome entre les génocides, tente un passement de jambes pour bluffer la défense adverse sous le nez de l'arbitre : « La multiplication de ces lois mémorielles représente une négation de la liberté d'expression et de la démocratie. », avant de s'emmêler dans la négation de la négation qui n'existe pas et de chuter lourdement au sol : « Quant aux négationnistes, il existe déjà tout un arsenal judiciaire qui permet de les coincer. »

    La séance de tirs au but avec Finkielkraut, Mgr Lustiger, Luc Ferry, Patrick Devedjian, Michel Onfray, etc., etc., s'annonce d'ores et déjà d'un ennui mortel. C'est d'ennui qu'ils vont tous nous faire crever, je vous jure. C'est marre de l'argument de la chemise ouverte de BHL, des grosses moues vaseuses de Luc Ferry, des yeux transparents de Charles Berling, il faut rappeler Voltaire, Diderot et Rousseau en équipe de France !!

    Quant aux "noirs" et aux "homos", ils sont furax que la coupe se joue pas sur leur terrain. C'est toujours pareil, c'est toujours les mêmes qui touchent les droits ! De dépit, un collectif d'"ogres noirs" complexés a fait interdire une compilation de chansons d'époque coloniale intitulée Le beau temps des colonies. C'est tout ce qu'ils ont trouvé à se mettre sous la dent. La Fnac épinglée pour non-conformité, il fallait le faire !

  • Banzaï ?

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    Voilà ce qu'il faudrait en plus grand nombre, des historiens qui ne soient pas compromis avec les idéologies dominantes. Mieux que ça, des historiens qui comme Venner ne soient pas exclusivement tournés vers le passé.

    Bon, mais si c'est pas facile, si ça devient même de plus en plus ardu de cerner les contours de notre passé récent, à travers un brouillard idéologique et philosophique de plus en plus épais, en ce qui concerne l'avenir, c'est encore une autre paire de manches !

    Il y a néanmoins un point précis du projet de Venner sur lequel j'achoppe, c'est lorsqu'il écrit :

    « Le shintoïsme tient les Japonais à l'abri des tourments d'une conscience morale et torturée. »

    D'abord cet argument de la psychologie chrétienne qui affaiblit l'âme des Occidentaux mérite d'être disséqué un peu plus. Car si la prise de conscience de ses fautes et de ses péchés est indéniablement inculquée au chrétien dès son plus jeune âge, on lui inculque aussi la notion du pardon des péchés.
    Venner a tendance à réduire tous les chrétiens à des puritains ! Ça ne correspond pas tout à fait à la réalité. Bien sûr, on ne peut pas s'empêcher de voir dans la multiplication des tabous aujourd'hui, jusque dans le langage, ainsi que dans le déferlement d'images pornographiques, la marque du puritanisme yanki.
    Il est aussi vrai qu'un chrétien comme le pape Jean-Paul II a pris l'initiative de repentances publiques absurdes au plan de la raison, de la Foi et de l'Histoire. Mais il a pris cette initiative contre l'avis de la majorité de ses conseillers. D'ailleurs il ne faut pas oublier que c'est ce même pape qui a condamné avec assez de fermeté il y a une dizaine d'années, le communisme ET l'américanisme. Évidemment, le pape est gêné pour condamner plus nettement l'américanisme du fait que l'essentiel des ressources du Vatican provient des États-Unis. Mais Jean-Paul II l'a fait néanmoins. Et son successeur a condamné fermement cette guerre en Irak, qui, selon les dernières estimations, a déjà fait des centaines de milliers de morts !

    Enfin, le Japon d'aujourd'hui ne me paraît pas correspondre à la description idyllique de Venner. Certes, les Japonais ne donnent pas dans la repentance et la mauvaise conscience bourgeoise hypocrite comme nous, mais c'est en partie parce qu'ils peuvent se prévaloir d'avoir été victimes des bombes et des camps de concentration eux aussi. Le shintoïsme n'empêche pas la démographie japonaise d'être catastrophique, il n'empêche pas le Japon d'être soumis à l'idéologie yankie. Alors je ne comprends pas bien cet engouement pour le shintoïsme ?

  • Contrepoison

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    En fait je vois Dominique Venner un peu comme un artiste. C'est pas exactement un historien au sens où on l'entend aujourd'hui, c'est vrai, c'est pas un historien au sens de l'école des Annales. Ceux des Annales sont doués pour l'analyse des détails, tandis que Venner, lui, c'est un esprit libre capable de faire la synthèse des différentes analyses. Un peu comme Marx.

    Il y a même un côté lyrique chez Venner qui n'est pas désagréable, je dirais, qui réchauffe. Moi qui m'enflamme assez facilement, j'avoue, je me dis en lisant Le siècle de 1914 que la lecture de ce bouquin serait sacrément profitable à tous les endoctrinés de tous les milieux que je suis bien forcé de cotoyer ! Il faudrait organiser une distribution du bouquin de Venner dans les quartiers sincères.

    Évidemment le public se focalise sur les nazis, tous ces uniformes, ces bottes de cuir, ces pantalons bouffants ridicules, ces casquettes bizarres, tout ce décorum kitsch, ils n'osent pas le dire mais ça les excite. C'est très "cinématographique". On se défoule plutôt avec Napoléon parce que lécher les bottes de Napoléon c'est permis et pas celles d'Hitler. Sauf si on est Juif comme Jonathan Littel. Alors seulement on a le droit de se vautrer dans le nazisme. Avec l'imprimatur de Claude Lanzmann.

    Faudrait pas perdre de vue dit Venner en substance que le nazisme on l'a éteint. Que les deux volcans qui restent en activité, c'est le communisme et, surtout, l'américanisme. Oui, l'américanisme, parfaitement, Venner décortique bien cette idéologie nouvelle - nouvelle au sens où on en parlait pas beaucoup il y a dix ans. Et Venner isole aussi de façon convaincante la responsabilité - passée sous silence -, du Royaume-Uni dans le déclenchement du chaos qui a réduit notre civilisation occidentale en miettes. Parce qu'on ne peut pas fonder une renaissance sur des fables.

  • Dans les annales

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    Un gros bouquin sur l'"École des Annales" d'André Burguière. Pfff, je trouve ça d'un prétentieux ! Et le développement de la question de la méthode dans les études historiques assez oiseux.

    Il ne faut pas oublier que les historiens des "Annales" sont des universitaires qui dépendent du ministère de l'Enseignement supérieur. C'est dans ce cadre particulier qu'ils effectuent leurs recherches. La démarche d'un historien "autodidacte" comme Dominique Venner est donc suffisamment originale pour exciter la curiosité.
    Bon, je ne veux pas opposer de façon caricaturale l'"autodidacte" aux "scolaires", mais le fait est que Le Siècle de 1914 de Venner est au moins un complément indispensable à la recherche historique subventionnée par l'État.
    Venner a le bon goût de ne pas nous assommer dans Le Siècle de 1914 avec sa méthode pendant des pages et des pages. Il se contente en guise de postface de rappeler de quels principes élémentaires il se réclame :

    « On s'est gardé tout d'abord des interprétations anachroniques qui devraient être la hantise de tout historien. À l'inverse, on s'est efforcé d'approcher au plus près la réalité vécue des peuples et des acteurs au moment décrit. C'est pourquoi ont été recueillis un très grand nombre de faits illustratifs, d'épisodes précis et de témoignages significatifs, suivant une méthode qui associe micro et macro-histoire.
    Le but n'est pas seulement de comprendre la situation et de la restituer au mieux en donnant au récit une épaisseur existentielle. Le but est aussi de favoriser la multiplicité des réflexions auxquelles de prête l'histoire.

    Le lecteur aura vu également que l'on s'est prémuni contre l'erreur qui consiste à raconter l'histoire à partir de la fin. Bien au contraire, elle a toujours été décrite dans l'ordre de son déroulement telle qu'elle avait été vécue par les acteurs qui ignoraient l'avenir et les résultats de leur action. Pour ne pas verser dans la facilité des jugements
    a posteriori l'historien doit oublier qu'il connaît la conclusion. »

    C'est une époque assez pénible que celle où nous vivons où il faut sans cesse rappeler les principes élémentaires tellement les gens sont mal éduqués.

  • Recyclage

    Un des spectacles les plus affligeants au plan moral qu’il m’a été donné de voir dans ma brève existence, c’est les tentatives quasi-désespérées d'élèves des Beaux-Arts de produire des choses nouvelles pour avoir de bonnes notes. Tout le monde ne naît pas naturellement astucieux. Je n’oublierai jamais ces visages ramollis par les nuits d’insomnie et l’abus des drogues douces…

    C’était facile pour Marcel Duchamp, mais maintenant que ce genre de vanne a été répété des milliers de fois par des centaines de promotions, que toutes les variations de la bizarrerie ont été explorées, c’est devenu coton de faire du neuf.

    Évidemment, toute cette nouveauté, depuis le début, Duchamp compris, n’est que du recyclage. Recycler le recyclage, c’est tout le programme de l’art contemporain, prévu pour durer mille ans sans doute. De l’art contemporain durable.

    La piste du saccage systématique aux douze coups de minuit des sculptures contemporaines qui enlaidissent Paris me paraît une piste envisageable pour une bande d’artistes en mal de concept. À condition de faire ça travestis en soldats nazis, bien sûr, pour que les médias soient un peu déroutés en même temps qu'ils pigent le message.

    Je reconnais volontiers que ce n’est pas d’une originalité débordante, mais est-ce bien nécessaire ? Cependant cette année le créneau est déjà occupé par le jeune Jonathan Littel qui fait un tabac dans les cafés-philo bobos avec son bouquin, son pavé bien poli dans la mare. Faut dire qu’il débarque à point nommé, ce Littel, pour faire oublier ce vieux gâteux de Günther Grass qui ne sait plus trop ce qu’il raconte, qui balance son éthique aux orties et se fout à poil devant tout le monde - il doit avoir l’Alzheimer.

  • Le moins vieux métier du monde

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    Parmi les nouveaux métiers qui ont commencé à apparaître au début des années soixante-dix, certains sont tellement immoraux qu’ils peuvent presque faire passer le métier de pute pour un sacerdoce à côté. Qu’on songe au vendeur de téléphones portables payé pour tenter de fourguer coûte que coûte des forfaits aussi dispendieux qu’inutiles, qu’on songe au caissier de fast-food qui doit affronter toute la journée des hordes de mangeurs de sandwiches insipides, à en perdre la politesse - et le désir avec, ou encore au libraire de la Fnac qui vend ses “best-sellers” comme si c’était de la soupe en boîte…

    La liste est longue, il faudrait aussi parler du chroniqueur local (cf. Ludovic Roubaudi), du disc-jockey, de l’éducateur spécialisé, etc., etc.
    Mais de tous ces nouveaux métiers, il en est un que je trouve particulièrement ignoble, je le répète, c’est collecteur de fonds pour le compte d’une entreprise humanitaire.

    Ces pauvres étudiants, quel job font-ils ? Ils vendent un service. Ils vendent aux cadres commerciaux trop pressés et à leurs secrétaires de la bonne conscience. La dose de bonne conscience nécessaire pour leur permettre de trouver le sommeil. Même le pire des bobos a besoin d’un peu de bonne conscience pour pouvoir dormir. On a fait de la charité un service payable par chèque - on peut même prendre un abonnement. Avec la mine navrée du vendeur qui va avec le boniment. Quand on vend de la bonne conscience, il faut susciter la mauvaise conscience du client. J’entends d’ici le topo hypocrite des cadres de “Aides” ou de “Handicap international” frais émoulus de Sciences-po. ou de Sup. de co. Reims. C’est là qu’on voit à quel point les jeunes consciences ont été ratiboisées par l’Éducation nationale et la télévision : elles acceptent par centaines sans sourciller de jouer les mercenaires de la charité pour dix euros de l’heure dans Paris et les grandes villes de province.

    On complètera ce discours en reprochant aux femmes manouches venues de Bulgarie ou de Roumanie de se servir de leurs enfants pour mendier. Parce que c’est de la concurrence déloyale.

    Une fois les “frais” des ces “associatifs” défalqués, ils parlent de frais mais il s’agit de véritables salaires, on achemine dans le tiers-monde des sacs de riz ou de préservatifs. Ça fait des lustres désormais que ces associations sévissent en Asie, en Afrique ou en Amérique. Quel est le bilan de ces associations qui abritent leurs activités sous le couvert de l’efficacité, la sacro-sainte efficacité ??

  • Le désespéré

    Dans un effort désespéré pour tenter de vendre quelques exemplaires de son dernier bouquin, Panthéon - tu parles d'un titre, Partouz II aurait sans doute mieux marché, ou Je suis Partouz -, Yann Moix squatte toutes les chaînes de radio et de télé.

    Mais Yann Moix est trop con pour plaire à tout le monde. Il a commencé par gaver les gens avec Mitterrand, avant de se rendre compte que plus personne n'en avait quelque chose à branler de Mitterrand. En outre Jean-Edern Hallier en avait mieux parlé avant lui.

    Ensuite Yann Moix a gavé les gens avec les coups de martinet que son papa lui donnait quand il était petit. Avant de se rendre compte que Franz-Olivier Giesbert avait déjà fait le coup l'année dernière, en plus odieux.

    Maintenant Yann Moix gave les gens avec le squatt de Cachan et sa commisération pour les sans-abris et les sans-papiers. Il se rendra bientôt compte que Charles Berling est beaucoup moins laid que lui et qu'il aurait jamais dû montrer sa gueule à la télé (vu que ce sont essentiellement des femmes qui achètent les [mauvais] livres, il est préférable quand on est écrivain de ressembler à quelque chose de présentable).

    Entre parenthèse, il faut voir les gauchistes de longue date, Polac en tête, Bedos, le président du DAL, balancer à la gueule de Moix tout le mépris qu'ils ont pour un petit parvenu qui essaie de se faire une place dans la devanture de leur fonds de commerce. Moix, lui, il encaisse sans broncher, il est là pour vendre son bouquin et c'est tout. Ce type a visiblement moins d'amour-propre qu'un représentant en aspirateurs.

    Giscard, Beigbeder, Adrien Zeller, et maintenant Yann Moix… Merde, vivement une loi pour interdire aux diplômés de Sciences-po d'écrire des romans !

    On voit qu'il a pas fait HEC, ce sinistre guignol ne pige rien au marketing. Comme ses efforts désespérés commencent à me pomper l'air sérieusement, je lui donne ce conseil : « La meilleure manière pour toi de fourguer ton navet, Moix, c'est de sortir avec Mazarine, ne serait-ce qu'une fois, avec la photo dans Voici. Si t'es pas trop con pour ça… »

  • Comment peut-on être Flamand ?

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    À Bruxelles, à l’auberge de jeunesse Van Gogh, réveillé en pleine nuit par deux petites Bataves en goguette qui ne peuvent apparemment pas pioncer sans s’être récuré à fond les gencives et les aisselles avant, je me mets à réfléchir à ce qui me manquerait le plus si je quittais la France pour venir m’installer ici. En dehors des blagues de Le Pen à la radio ou à la télé, tout ce qui a trait à l’esprit français en général et qu’on ne trouve plus guère que dans les bibliothèques et les musées désormais.

    La bouffe française ? Bah, à Bruxelles comme à Paris on vend tout ce qu’il faut sur les marchés africains pour faire la meilleure tambouille. Sauf de la bonne barbaque, peut-être. Faudrait que j’essaie la chèvre, il paraît que c’est pas dégueu. Pourquoi je ferais pas une sorte de tajine à la chèvre et aux topinambours ? Et j’ai répéré un bouquiniste près de la Place du Jeu de Balle qui m’a l’air d’être aux petits oignons.

    Ah, il y a le Louvre… Sans doute… mais le musée royal de Bruxelles compte quand même quelques Brueghel, quelques Rubens, un Champaigne. On doit pouvoir tenir le coup assez longtemps avec quelques Brueghel, quelques Rubens et un Champaigne. Sans compter les De Clerck de Notre-Dame de La Chapelle des Sablons.

    Je me sens mal dans ma France. Émigrer un peu me ferait du bien. Je crois que le climat d’une monarchie héréditaire, même récente, me conviendrait mieux que le climat délétère qui règne en France où chacun semble prêt à dénoncer son voisin pour islamisme, pédophilie, appartenance à l’église de Scientologie, révisionnisme, machisme, homophobie, lepénisme, tabagisme, que sais-je encore ?

    Voilà, donc je lance une sorte d’appel à témoins. Il y a peut-être ici quelqu’un qui connaît Bruxelles à fond, ses avantages et ses inconvénients ? L’atroce intonation flamande en est un, d'inconvénient, mais compensé par le fait que les jeunes Bataves sont toutes parfaitement polyglottes.

  • Les papys frimeurs

    S’il y a bien un chanteur à qui l’expression “faire de vieux os” va comme un gant, c’est Johnny Halliday. L’engouement interminable de millions de beaufs pour Halliday est assez mystérieux… Abandonné, yanki, frimeur, subventionné, surtaxé, ringard, lifté, pour finir dans les bras de Sarkozy : l’identification parfaite ?

    J’ai fait semblant de croire un instant qu’il coulait encore un peu de satire dans les veines de son confrère Renaud, mais le Renaud nouveau, désintoxiqué, marié, recoiffé, n’est pas très fort de café non plus. Il doit craindre de se mettre à dos les bobos, ces bobos qu’il égratignait dans son dernier tube, son public, alors il préfère s’excuser : « (…) je ne crache pas sur les bobos, c’est juste une chronique sociale. »

    Un peu plus loin dans l’interviou, le chanteur à textes décrypte un peu la “Renaud attitude”, quand le baveux lui demande s’il a des scrupules à avoir réussi : « Oui. J’ai été élevé dans une famille protestante un peu puritaine. Inconsciemment, j’ai développé cette idée que la réussite et l’argent, c’était sale.
    On m’a aussi reproché de payer l’ISF tout en ayant des idées rebelles. J’ai bien évidemment culpabilisé toute ma vie… mais ça ne m’empêche pas de dormir. »


    La formulation est approximative. Sans doute Renaud est-il un peu trop “inconscient” pour s’en rendre compte, mais le protestantisme a justement été inventé pour concilier fortune et idées charitables tout en continuant à dormir sur ses deux oreilles.