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grec

  • Grec contre latin

    "(...) Mais après la Réforme, il fut confirmé que le latin était le langage de l'Eglise catholique, et le grec celui de la culture protestante (sans compter, bien sûr, les langues vernaculaires dans lesquelles la Bible protestante était traduite). Le concile de Trente (1545-1563) interdit aux catholiques la lecture des Bibles grecque et hébraïque, sauf dans le cas de chercheurs spécialement autorisés, et aux yeux de l'Eglise de Rome l'étude du grec devint synonyme d'hérésie. En conséquence, plusieurs savants hellénistes furent condamnés au bûcher en 1546 pour "offense à la foi" par le catholique roi de France François Ier, en dépit de la royale dévotion aux arts et aux lettres. Dans les pays protestants, par contre, l'étude du grec était encouragée assidûment et, jusque dans les colonies protestantes, le grec devint un élément du cursus scolaire ordinaire. En 1778, par exemple, le recteur Hans West ouvrit à Christiansted une école où l'on enseignait aux enfants des planteurs les oeuvres d'Homère et d'autres poètes classiques. Ne pas connaître le grec devint, dans les pays protestant, un signe d'ignorance. Dans Le Vicaire de Wakefield, roman d'Oliver Goldsmith datant de 1766, le recteur de l'Université de Louvain, un sot, s'en vante en ces termes : "Vous me voyez, jeune homme, je n'ai jamais appris le grec, et je ne pense pas qu'il m'ait jamais manqué. J'ai eu la coiffe et la robe de docteur sans le grec ; j'ai dix mille florins par an sans le grec ; je mange de bon appétit sans le grec ; et, bref... ne connaissant point le grec, je ne crois pas qu'on y trouve quelque bien."

    Cette opposition eut des conséquences considérables : à partir du XVIIe siècle, Homère fut étudié avec rigueur dans les universités anglaises, allemandes et scandinaves, alors qu'en Italie, en Espagne et en France on le négligeait au profit de Virgile et de Dante. (...)"

    (Alberto Manguel, L'Iliade et l'Odyssée)

    Avec Shakespeare, le plus grand helléniste britannique, l'orientation de l'Angleterre est nette vers le grec. Sans la traduction et la compréhension d'Homère, l'Occident n'aurait pas connu la tragédie. Elle se serait limitée au drame bourgeois et du carnaval dionysiaque, à l'opéra pour les bonnes femmes et les officiers de cavalerie.

  • Contre la psychanalyse

    Contre la tentative de Carl Jung de concilier psychanalyse et humanisme judéo-chrétien pour fonder une sorte de syncrétisme moderne (essai sur lequel la théologie des derniers évêques de Rome est bêtement recopiée), je voudrais rappeler une évidence chrétienne (à laquelle Jung fait seulement allusion, pour mieux l'enterrer) : la détermination au péché et à la mort est "inconsciente" ou "religieuse" : la Genèse des juifs ne place pas inutilement la force vitale à côté du tentateur, ni les Grecs le feu entre les mains du titan Prométhée.

    Au contraire, selon les apôtres chrétiens véritables, au premier rang desquels saint Paul et Shakespeare, le combat contre la mort et le péché est celui de la "science consciente". Au contraire de ce que prétendent des thaumaturges imbéciles, encore plus néfastes que Freud et Jung : de tout ce que l'homme, sous l'effet de l'inconscience, de la religion ou de l'opium, est capable, l'homme conscient le peut aussi. Simplement comme toute potion ou comme tout remède, tout alcool, au-delà de la dose nécessaire, l'inconscient est un pur poison.

    Ainsi l'inconscient et l'éthique pure, vidés du sens pratique qu'ils possédaient dans les religions païennes, sont d'une valeur spirituelle nulle et non avenue. Heidegger et ses disciples ne sont que de vieilles grenouilles de bénitier qui marmottent des prières pour se rassurer. 

    Damnés seront les hommes qui auront incité leurs semblables à la folie, au seul prétexte de leur propre vanité et faiblesse, et plus encore s'ils se disent chrétiens ou juifs que s'ils avouent, comme Nitche, leur haine de Jésus-Christ ou de ses apôtres. Ils les méprisent encore plus que moi, ceux qui dissimulent que Einstein ou Freud ont renié le dieu des juifs. Ils fabriquent de l'opium pur, et l'injectent directement dans les veines du peuple, ceux-là même qui ont l'audace de se récrier contre la folie du peuple et sa violence sanguinaire, dès lors qu'ils ne sont plus capables de la canaliser. A qui barre la route de l'homme vers la vérité et la sagesse, dieu et ses saints réservent leur colère.

  • Bâtards

    L'écrivain Montherlant entré en désuétude ou presque offre un exemple plutôt rare de bâtardise subtile entre l'archétype grec chaud et sec et le tempérament romain/latin alternatif hystérique. Montherlant est complètement "à cheval", mais difficile de dire de quelle couleur est sa robe.

    Autrement dit Montherlant pratique en Grec le sport et la misogynie, et il se moque en Romain de lui-même au stade. Non sans raison en tant que Romain, car sa façon de pratiquer la tragédie n'est pas dévourvue de ridicule. Et on sait ce qu'il en est de la misogynie du Spartiate.

    C'est pourquoi Montherlant et son style "mi-poétique mi-savant" sont frappés de caducité. Il allie deux métals trop différents. Trop Grec pour vraiment plaire à un temps qui clame par tous ses pores : "Vas te faire voir chez les Grecs !" Trop romain pour entrer dans le cheval.