Lapinos - Page 159
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Ictus
Il paraît que c’est désormais à ce stiqueur collé sur leurs scoutères qu’on reconnaît les nouveaux zélateurs du successeur de Pierre. Je préférais le poisson.
Retour des JMJ, les épaules bien prises dans leurs maillots du Dynamo de Kiev et du Shakhtar de Donetsk, quelques jeunes Ukrainiens épaississent la foule des paroissiens.
Les jeunes Ukrainiennes ne sont guère sophistiquées, mais je ne me fais pas prier pour accepter leurs frais baisers de paix. -
Concurrence déloyale
Malgré ses efforts pour émailler son roman d’épigrammes frappées au coin du bon sens, ainsi propres à susciter le scandale -puisque par chez nous le bon sens est devenu la chose du monde la mieux cachée :
«En France, tout le monde se doit d’être de gauche, y compris les gens de droite, c’est un passeport indispensable à la vie sociale»
«Toutes ces dames étaient de leur temps et récitaient le catéchisme sexuel contemporain, disaient “bite”, “chatte”, “couilles”, “enculer”, comme on dit “bonjour”, “bonsoir”. Les traiter de “salopes”, de “chiennes”, constituait le plus beau compliment qu’on puisse leur adresser»
«Jadis les putains de haut vol voulaient passer pour des honnêtes femmes ; aujourd’hui ce sont les bourgeoises qui veulent passer pour des traînées.»
Malgré ses efforts, donc, Pascal Bruckner n’est pas devenu Houellebecq, et “L’amour du prochain” n’a pas déchaîné l’enthousiasme populaire ; pire, en prenant cette pose d’écrivain chiraquien, Bruckner s’est attiré le mépris de ceux qui pensent et décident, et décident ce qu’il faut penser et imprimer.
Combien de piges aussi ineptes qu'ennuyeuses faudra-t-il que Bruckner signe dans “Le Monde” pour effacer ce péché de vieillesse ? Comme je suis pas de la paroisse, je m’en lustre le coquillard avec une peau de loutre. Je voulais juste faire remarquer que n’est pas Houellebecq qui veut, ça suppose un minimum de sincérité. -
Une présence féminine
Fâcheuse impression d’être un homme moderne, ce matin.
À Pigalle, un jeune Maghrébin (dont le désir de s’insérer dans le coin fait plaisir à voir) me tend Métro pour mon information. L’info du jour, qui fait la Une, c’est que le zoo de Londres a décidé de mettre quelques gonzes et gonzesses en cage pour observer comment ils se reproduisent en captivité – et pour se faire de la pub, accessoirement. L’instant d'après, je me pose cette question existentielle : « Est-ce parce qu’ils ont plus d’humour que nous que les Anglais sont moins emmerdés par la Ligue des Droits de l’Homme ? », puis, dans la foulée, je poinçonne mon ticket, à l’ancienne.
Aucune allumeuse d’aucune sorte dans ma rame, je continue donc ma lecture : pas de crache d’avion aujourd’hui, tant mieux, je vais pouvoir arborer un air insolent et détendu au bureau (c’est l’air que je préfère). Je retire d’ailleurs ma chemise de mon pantalon pour avoir l’air plus coule.
En passant devant la gare, ça tombe bien car je n’ai pas eu le temps de petit-déjeuner (impossible de remettre la main sur ma carte bleue), une jeune fille bien calibrée et souriante distribue des pommes à croquer en gants de latex. Je suis agréablement surpris par sa longueur en bouche, ça devient foutrement difficile de se procurer des pommes savoureuses, par les temps qui courent.
Sous prétexte qu’il croque lui aussi dans une pomme au même moment et dans la même rue que moi, un pédé d’une trentaine d’années en profite pour m’aborder. Je quitte mon air insolent un instant, pour ne pas l’exciter davantage.
Ce soir je regarderai la télé. Et si j’éprouve le besoin d’une présence féminine réconfortante, vers minuit, j’ouvrirai MSN-Messenger. -
Devoir de rentrée
Les conversations futiles autour de : “Mais sur quelle île, Belle-Île ou pas d’île, le feuilleton de l’été a-t-il été tourné ?” ou de : “Faut-il conseiller à un pédé de se marier ?” ou encore de : “Un artiste peut-il être un bon chrétien ?”, ou encore de : "Baudis, coupable ou pas coupable ?", tandis que le vin frais se réchauffe tout doucement dans les verres et que les guêpes nous embêtent, c’est ça les vacances. Un peu de temps gâché par ceux qui en ont trop.
Et puis aussi un loup à crinière, deux arfangs des neiges, deux Vierges noires, un lac “saumâtre”, une relique érotique, des hélicoptères, et Aloès.
Quand j’étais petit et qu’on me demandait de raconter mes vacances à la rentrée, j’avais une bonne note. Faut dire que j’y mettais plus d’entrain. -
L'Impossibilité d'un il
J’ai refait ce rêve. Un p… de cauchemar, même. La “Révolution de Latex” était accomplie et j’étais presque mort.
Empêtré dans la toile d’une vierge noire, je me débattais pour tenter de lui échapper, d’échapper au sort qui guettait tous les pauvres types comme moi. Mais, sûre de son fait, la garce m’observait en ricanant. Elle soupesait même graveleusement -je me rappelle ce détail sordide- une paire de menottes, pour me faire flipper.
La vierge noire m’avait attiré dans son antre en prenant une voix câline et un air soumis, avant de m’assommer avec trois verres de calva et de m’envelopper comme une vulgaire rosette de Lyon dans un filet de pêche de son grand-père qui sentait encore la morue…
Bientôt elle allait me livrer pour toucher la prime. Puis je serais jugé. Et condamné sans appel, ça faisait pas un pli. Comme “psychopathe”. Y’avait pas trente-six chefs d’accusation différents, de toute façon : parodie de Justice dans un monde fondé sur l’Égalité des Sexes et qui ne prenait pas en compte la différence !!
Inutile de compter sur la clémence de mes Jugesses. Gavées de films d’épouvantes pleins de sida, de sodomies et de scènes de viol atroces depuis leur plus tendre enfance, elles voyaient des délinquants sexuels partout désormais.
Seuls les pédés échappaient au carnage (mais Dieu sait que je n’en étais pas un). N’empêche, ils étaient atrocement mutilés avant d’être réduits en esclavage. Plutôt crever !
J’avais bien eu vent d’une certaine Irina, dans le milieu hétéro on en parlait comme d'une sorte de super-héroïne qui faisait évader les mecs, les cachait dans les Catacombes. Elle les aidait même à se reconstruire, avec une patience infinie, les caressant longuement dans le sens du poil, leur murmurant des compliments à l’oreille, leur mitonnant des petits plats en sauce, etc.
Mais je ne croyais guère à cette fable, à l’existence même d'Irina. Bien sûr, j’avais été en contact avec elle sur MSN-Messenger une ou deux fois, mais je m’étais méfié, interdit de la rencontrer. Ça sentait le piège à plein nez, l'appât grossier…
Bientôt, une de mes ex-amantes irréligieuses allait exécuter la sentence pour qu’elle soit exemplaire ; elle me briserait les membres un par un, en commençant par le plus dur. Mon agonie serait atroce. À bout de désir, j’étoufferais lentement à ses pieds…
« SALOPE !!! », j’ai beuglé comme une mule, dans un sursaut de virilité, et j’ai flanqué un coup de coude dans la cloison.
- Ho, ho, tu peux pas faire moins de bordel, putain de ta race maudite ! Fais chier !! a répliqué la voisine que j’avais réveillée (j’habite un appartement).
J’ai dû me pencher au-dessus de la rambarde de la fenêtre du salon pour trouver un courant d’air frais. Comme je tremblais encore un peu, j’ai allumé une Caporal sans filtre. Le jour se levait et un mec en bleu sur un escabeau remplaçait l’affiche sur le panneau Decaux d’en face. J’ai plissé un peu les yeux et j’ai vu ça :
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Le Retour du Clone (triste)
Le meilleur, chez Houellebecq, ce sont ses chansons. Non, évidemment, je déconne, ce sont les titres de ses bouquins. Non, je redéconne, ce sont ses intervious. Au “Monde”, par exemple.
Moi, c’est le côté “éléphant dans un magasin de porcelaine de style bobo” qui me plaît dans “Plateforme”. Cet état d’esprit, on le retrouve parfois dans les intervious du Maître, il s'y livre débarrassé de son credo positiviste, le plus souvent ; et c’est tant mieux car j’ai l’estomac délicat.
Plein de gourmandise, comme un gosse à qui on a promis un numéro de cirque, je clique donc sur lemonde.fr, rubrique “Rencontre”…
En fait de rencontres, Josyane Savigneau pratique l’art du traquenard auquel ses yeux cruels l'ont toujours prédestinée, et quand j’aperçois sa signature, je débande… Vous n’avez jamais causé avec un python sauvage, vous ? Moi non plus, mais depuis que j’ai lu “Mowgli”, je sais que ça inhibe même les plus naturistes.
Hélas, Houellebecq se contente prudemment d’étaler sa science-fiction devant Josyane, pour la tenir à distance. Entre parenthèses, c’est pas très sympa de ronger l’os de Dantec. Je bâille.
Notez que la foi pessimisto-positiviste de Houellebecq, je la comprends. Démodée, elle a néanmoins le mérite d’être assez logique. Ça me paraît moins pervers que de croire en l’Homme, quand on ne croit pas en Dieu. C’est la Science qui détient la Vérité, martèle Michel tout doucement (j’imagine) à Josyane qui guette un faux-pas, un mot de travers, de quoi se repaître.
Je conseille d’ailleurs à mes amis athées de lire Houellebecq, s’ils veulent faire l’effort intellectuel de croire en Dieu. Ça ne marche pas à tous les coups, mais certain, devant ce scientisme éclairé au néant, en deçà du seuil d’Avogadro de ce qu'on peut gober, a demandé à se confesser sans plus attendre. -
Collabo
Passablement intrigué par le genre de mec qui peut résister à la tentation sur un atoll paradisiaque, choyé par un panel de sept ou huit ravissantes naïades, hôtesse de l’air, effeuilleuse, mannequin, étudiante en sociologie, pas bêcheuses pour un paquet d’euros, alors que j’ai personnellement du mal à garder mon calme dans le métro, y compris en dehors de la saison des culs délicatement pris dans des toiles de nylon, des gazes asphyxiantes, bref des vues imprenables sur des reliefs tendres, j’avais zieuté l’“Île de la Tentation” l’été dernier, dédaignant les persiflages teintés de jalousie d’Isabelle.
Mais cette année, éclipsée l’“Île de la Tentation”, “Mon incroyable fiancé” remporte la palme de la télé-réalité la plus cynique, la plus sordide et la plus… comique -entendu qu’on ne fait pas de télé avec des sentiments à demi-crapuleux seulement, et que Foucault, Drucker ou Ardisson sont là pour s’occuper des vieilles rombières ramollies du cerveau.
Pour les “télérésistants”, comme ils disent au “Monde”, plein d’admiration pour leur vie au maquis, je résume le piège, conçu par un scénariste inspiré par Mauriac et Bazin Junior :
Une ravissante idiote prénommée Adeline doit rouler sa famille dans la farine et faire semblant d’aimer et d’épouser un type un peu obèse et suant. Salaire de la trahison : 100000 euros. Mais ce qu’elle ignore, la traîtresse, c’est qu’elle se fait elle-même entuber par TF1 pour un butin largement plus épais (dont la chaîne préfère taire le montant obscène). Le gros lard faisant office de fiancé est en fait un acteur qui ne joue pas le même jeu qu’elle, qui la manipule.
Ils sont parfaits ! Les comédiens, bien sûr, mais surtout les cocus. On ne dit pas si les parents d’Adeline sont originaires de Cochons-sur-Marne, mais lorsque le physique ingrat est présenté comme le futur gendre, faut voir la rage étouffée, les trésors d’hypocrisie, de veulerie et de goujaterie déployés par ces vipères hors du nid familial.
Le fiancé factice, qui ne manque pourtant pas d’aplomb, en est même tout désarçonné. La ravissante idiote elle-même se demande si elle ne ferait pas mieux de troquer cette famille qu’elle croyait en or contre son encombrant fiancé…
Jamais le rôle de Folcoche n’a été tenu avec autant de naturel.
Si après ça il y en a encore qui préfèrent regarder “Des Racines et des Ailes”, après tout, ça les regarde.
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Ma drague
Je ne voudrais pas vous ennuyer avec mes conseils de drague, certains écrivent des blogues entiers sur le sujet.
Ni vous paraître prétentieux. Dans le domaine de la drague, je n’ai aucun titre à faire valoir, au demeurant, m’attachant de préférence à des femmes faciles ou à qui je plais sans efforts.
Bien sûr, je ne nie pas d’avoir essayé de retenir telle féline blonde par des lettres enflammées et des poèmes qui n’étaient pas de moi. Mais je n’étais pas de taille à chasser le brillant Italien de son cœur.
Ce conseil, tout de même, me paraît bon. Il consiste à partager l’existence de trois femmes simultanément pour devenir ensuite irrésistible (deux peuvent suffire). Car il n’est pas bon de draguer dans un état de frustration trop grand.
Sans envie pressante, vous pèserez vos mots, éviterez les gaffes. Bref, vous n’aurez pas ce petit tremblement dans la voix et dans le geste dû au trop-plein de testostérone dans l’organisme et qu’on tente de calmer en allumant un clope. Ce tremblement que les femmes guettent, bien sûr. Car rien ne plaît tant à une femme d’une certaine féminité que de se faire désirer aussi longtemps que possible, que voulez-vous, c’est une façon de prolonger son règne.
Votre sang-froid hâtera la chute. Une autre façon de garder son sang-froid, c’est de draguer une femme très laide. -
Dédoublement
Depuis que j’ai été démasqué il y a quelques mois par une amie proche -qui trouve mon pseudo vulgaire-, Lapinos est un peu mort, pris au collet. Parce que je suis moins libre d’étaler ma vie privée. Je n’ai ni la foi ni les prétentions de M.-E. Nabe ou de Raphaël Juldé.
Mais comme cette reconstitution de ma geste infime me distrait en m’instruisant (sur moi-même), je me suis dépêché d’ouvrir un autre blogue bien caché derrière un autre pseudo non moins vulgaire. Je m’amuse d’y avoir attiré déjà quelques-uns des lecteurs d’ici, surtout lorsqu’on m’encourage vivement à me lire moi-même… -
Entre snobs
Au début des vacances, un certain Ariel Wizman, face de criquet, corps de batracien (qui doit officier sur Canal +, je ne le connais pas) est invité par cette tête de veau de Guillaume Durand à dévoiler aux téléspectateurs ses “lectures de plage” :
« Des auteurs anglais que je connais pas bien, Bienvenue à Blandings, de Wodehouse ; Retour à Brideshead, d’Evelyn Waugh… »
Je sursaute. Qui sait, peut-être le snobisme sauvera-t-il la littérature ?
Bon, mais quitte à être snob, autant l’être jusqu’au bout, Monsieur Wizman. On ne prononce pas Evelyn “Vogue”, mais Evelyn “Ouauf”. Et “Veaudehousse”. -
Au-delà du réseau
Si je me suis exilé aussi loin de Paris, dans une contrée reculée, au-delà du réseau, là où le portable ne passe plus – c’est pour soigner, entre prime et none, mon hérésie. Tant qu'il reste encore des territoires vierges, dépêchons-nous d'en profiter.
Car, comme dirait ce bon Dr Knock, nulle foi n’est complètement saine de tout germe d’hérésie, en cherchant bien. M’auscultant, je crois déceler chez moi tantôt les symptômes d’un dangereux pélagisme, tantôt ceux, au contraire, d’un jansénisme pernicieux. J’ai voulu en avoir le cœur net et je me suis plongé dans les “Confessions” de saint Augustin, en poche, chez Garnier-Flammarion.
Pélage, moine breton, “professait la bonté de la nature et l’inutilité de la grâce pour le salut”, résume Joseph Trabucco, le préfacier ; “Le souvenir qu’Augustin gardait de son enfance et de sa jeunesse pécheresse, celui de ses durs combats, l’assurance du secours divin qui seul avait pu les terminer, toute son expérience devait lui représenter comme monstrueux un tel optimisme (…)”.
La théologie d’Augustin est comme un costume bien taillé à la mesure de son intempérance. À propos des nourrissons, je trouve qu’il charrie un peu : convoiter le sein en pleurant, un péché ? Sous prétexte que les adultes s’y prennent autrement pour réclamer leur pitance ? -
Lézarder
Je contemple cette hérésie d’arêtes qui me transperce l’âme. En silence, pour ne pas troubler la quiétude de ces lieux sanctifiés par la prière. Moi qui ne me tiens coi qu’entre minuit et sept heures du matin et qui déblatère tout le restant, comment diable vais-je faire ?
À travers cette nef de fous, le grégorien me parvient désintégré, dispersé par le béton. Je me demande bien comment ces braves bénédictins font pour psalmodier là-dedans. On se sentirait plus à l’aise dans le ventre d’une baleine… Quelle croix. Toutes les erreurs qu’un architecte ne doit pas commettre, angles par trop obtus, perspective bouchée, on dirait qu’on s’est obstiné à les commettre ici. On peut vraiment faire n’importe quoi avec le béton.
Le monastère n’a pas quarante ans, pourtant déjà il se lézarde. Pas besoin d’être prophète pour prédire que, bientôt, la gorge profonde qu’il surplombe l’avalera.
Je me dirige ensuite, courbant l’échine au soleil, légèrement pensif, vers un hameau à quelques encâblures de là. Randol, son nom claque comme une bannière dans le vent. Je débusque un gros lézard vert fluo qui se met à l’abri en moins de deux ; plutôt inattendue, une telle célérité, dans ce paysage !
Le hameau est tourné lui aussi vers le précipice, le vert val de la Monne. Abandonné depuis longtemps, mais ses pierres polies semblent attendre patiemment le retour de quelques enfants prodigues, sait-on jamais. -
Le goût des femmes
Pffuiou ! Fait chaud… Et cette chaleur excessive ne favorise pas la réflexion… Mon projet de Club des Misogynes s’en ressent ; j’ai même pas encore rédigé le premier article de la charte. Un club des misogynes, il y en a déjà eu un à Oxford, dans les années vingt, à Balliol ou Hertford, je crois, vraisemblablement pas à Corpus Christi.
Un club d’esthètes raffinés qui cultivaient l’homosexualité, à une époque où ça faisait encore partie de l’attirail d’un jeune étudiant snob de préférer les garçons. Ils ne pouvaient pas prévoir, les pauvres mignons, qu’un jour Noël Mamère se mettrait en tête de les marier entre eux. Si on le leur avait dit, ils se seraient tapés sur les cuisses comme des folles, car ces gens-là avaient de l’humour, beaucoup plus que leurs descendants.
Notre misogynie à nous -les quelques membres de ce club forcément restreint- serait différente, plus exigeante, volontaire !
Pitié pour les femmes : je vous le demande, quel est le mérite de Montherlant ? Il a ça dans le sang, il ne les aime pas. D’autant moins qu’il est obligé de faire semblant de les apprécier.
Tandis que moi, pour peu qu’une femme ait de belles jambes, de beaux pieds, de beaux genoux et de belles fesses, je suis à sa merci, désarmé. Or, je dois me prémunir contre cette nouvelle espèce de femmes redoutables qui voudraient les transformer en animaux de compagnie dociles. En se prévalant de supposés sévices que leurs aïeules auraient subis de la part de mâles assoiffés de coïts brutaux. Sans se demander une seconde si elles ne sont pas les dindes de cette fable, si, au contraire, leurs aïeules n’étaient pas plus heureuses qu’elles, à ne pas faire caissières chez Franprix.
Ma cousine Sophie, qui ne sait jamais si je plaisante ou pas, mais qui reconnaît qu’au fond c’est justement ce qui lui plaît en moi, bien que légèrement choquée par mon projet, m’a néanmoins fourni une belle pensée de Marie Bashkirsteff à calligraphier en belles anglaises au fronton du Club :
«Il y a quelque chose de vraiment bien, d’antique : cet anéantissement de la femme devant la supériorité de l’homme aimé doit être la plus grande jouissance d’amour-propre que puisse éprouver une femme suérieure.»
Ou bien j’aurais vexé Sophie en ne lui proposant pas de faire partie de mon club ? Certes, il est des femmes conséquentes, beaucoup plus misogynes que certains hommes hypocrites qui ne savent pas quoi inventer de plus original pour attirer les femmes dans leur lit (des brutes qui ne pensent qu’à niquer, si on leur ôtait le masque, c’est ça qu’on verrait).
Mais nous ne pouvons admettre la moindre présence féminine au Club des Misogynes, aussi féminine soit-elle, question de principe, faute de passer pour des rigolos. Je serai très ferme sur ce point quoi qu'il m'en coûte.
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Une bombe
Le Luxembourg n’a rien perdu de son charme, ni le Sénat de sa flicaille. Mais lorsqu’il y fait frais comme ça, en plein été, on se croirait un peu à Dinard l’hiver. Une fine pluie ne tombe pas, elle pétille plutôt entre les rares badauds. Sûrement c’est meilleur pour la peau que les ultraviolets. Le bassin aux canards paraît plus profond. Les abeilles se sont envolées.
Quelque chose pourtant bourdonne en moi que le froid ne parvient pas à anesthésier ; des sentiments contradictoires dont la friction m’électrise.
Et si une bombe explosait aujourd’hui, en plein Paris, fauchant, mettons, trente bobos, ou quinze députés, secouerait-elle cette torpeur spirituelle qui semble devoir durer mille ans ? Ou, au contraire, raserait-elle complètement notre ruine soigneusement entretenue ?
Je ne suis pas à la recherche du temps perdu, mais de Sunsiaré. Je trouve le bouquin de Lucien d’Azay chez Gibert. Depuis le temps que j’entends parler d’elle, je ne l’ai jamais vue en photo, rien sur internet. Ces enquêtes sur Nimier, puis sur Sunsiaré, est-ce que la jeunesse et l’élégance sont devenus des fossiles ?
Mais, à sonder l’éphémère messagère et son non moins éphémère message, d’Azay touche vite le fond. Reste cette observation, parmi d’autres, que les belles étrangères, pas les ASTON MARTIN, Triumph et autres Jaguar, non, les femmes, ont une démarche différente de celle de nos belles indigènes. Elles lancent la cuisse d’abord, comme des panthères, contrairement aux Françaises qui jettent le pied en avant, comme “des petits soldats”.
En repassant par le Luxembourg, je m’efforce de vérifier ce trait qui m’avait échappé, et, forcément, je repense à Véronika, ma chatte. -
Le choc des barbaries
Mesdames, Mesdemoiselles, Messieurs de la Résistance islamique,
C’est humblement que nous vous demandons de ne pas frapper à l’aveuglette. Humblement, car vous n’avez pas le privilège de la barbarie. En effet, nous avons fait pleuvoir la mort sur vos frères au petit malheur la chance, du haut de nos bombardiers inaccessibles, pilotés par de jeunes aviateurs bac+5 en blousons de cuir fourrés, bien au chaud. À peine un petit vent glacé a-t-il soufflé sur leurs consciences, et encore, ce n’est même pas sûr. Vous n’avez pas le monopole du fanatisme non plus.
Nous ne nous livrerons pas à un calcul mesquin pour savoir de quel côté les cadavres sont les plus nombreux, qui a tué le plus d’enfants innocents. Il nous en reste si peu à nous, des enfants, que ça nous choque beaucoup d’en voir périr, ne serait-ce qu’un seul, dans un attentat.
Les autres, nous les avons supprimés par millions depuis trente ans dans le ventre de leurs mères, au nom du bien-être et de la libération de la femme… Comment respecteriez-vous notre abject matérialisme démocratique ?
Donc, si vous venez à Paris après Londres, écœurés, inspirés par votre dieu vengeur, tâchez de faire preuve de discernement. Ne frappez pas les vestiges de notre civilisation, mais les symboles de notre barbarie. Visez l’usine à gaz de Beaubourg, par exemple, ou la petite pyramide vitrifiée du Louvre (dans ce cas, faites gaffe quand même de pas bousiller en même temps la Madeleine de la salle des sculptures médiévales que j'aime tant), ou la Tour Eiffel, dénoncée par Léon Bloy, ou l’étron géant de Montparnasse, ou les Champs-Élysées, enfers de la consommation… -
Inde primum veritas retro abiit
Jusqu’au moment où la vérité a cessé de pouvoir être dite (Sénèque)
L’ignorance et la propagande ont pu ériger une statue d’airain orgueilleuse à la mémoire de Pablo Picasso, que les bobos astiquent soigneusement en crachant dans leurs petits torchons poisseux.
Mais ne perdons pas trop de temps à réfuter leur dialectique sommaire. D’ailleurs, comment leur donner tort puisqu’au fond ils ne disent RIEN. Écoutons plutôt les explications du Maître :
«(…) Dans un mètre carré des “Noces de Cana”, il y a beaucoup plus d’abstraction que dans tous les cubistes et les abstraits réunis !
«(…) Ce que je veux dire, c’est que toute cette époque a péché d’abord par la base, par l’ignorance. Si les cubistes avaient vraiment étudié, et modestement, tous ces Maîtres d’autrefois, ils auraient compris que c’étaient ces grands Anciens qui avaient le secret des abstractions, qu’ils ont eux, cubistes, recherché sans le trouver. Il suffit de les renvoyer aux œuvres des très grands maîtres, que ce soit “Les femmes d’Alger" de Delacroix, “Les Noces de Cana" de Véronèse, “La mort de saint Bonaventure” de Zurbaran. Je vous parle de ces toiles, je vous parlerai aussi bien d’un Rubens dont l’exemple serait trop facile. J’irai plutôt prendre une toile d’un Maître qui est un praticien étonnant, qui n’est pas susceptible d’être pris facilement pour une tête métaphysique ou abstraite, et qui pourra cependant, admirablement, me servir d’exemple : il s’agit de “La fécondité” de Jordaens.
«Ce portrait de femme, je crois que beaucoup de critiques, même complaisants, même trouvant dans la grande époque flamande quelque chose d’admirable, de très beau, un tempérament étonnant, je crois qu’il ne viendrait pas à l’idée de beaucoup de ces gens-là de penser qu’une telle œuvre, un portrait pareil représente au point de vue de la puissance d’abstraction quelque chose d’étonnant. Pour moi, il y a beaucoup plus d’abstraction dans ce simple portrait que dans tout Fernand Léger. Car Jordaens se propose là quelque chose qui est tout de même très difficile : arriver à donner à une image d’une puissance d’expression qui touche à l’éternel avec un personnage qui est bien de chair, bien limité dans l’espace et dans le temps, qui est là avec son fauteuil ; et y arriver avec une pareille donnée qui est très près des choses matérielles en somme, c’est une gageure.
Or, à l’analyse, je parle là du regard d’analyse d’un dessinateur, de quelqu’un qui est dans l’élément depuis très longtemps et qui sait ce que c’est que la forme et le dessin ; eh bien, en regardant la tête de cette femme j’ai été étonné, stupéfait des audaces extraordinaires dans la déformation du masque, dans les asymétries extrêmes et multiples de tout le visage, dans les changements d’axes (…)
«(…) Voilà pour moi ce qu’est la peinture, moi qui suis du bâtiment, qui ne pense pas que la peinture est un assemblage heureux et équilibré, et, ma foi, parfois très bien accordé, qui peut faire naître un certain sentiment d’harmonie, ce n’est pas cela la peinture ; c’est, étant donné la la sensation totale du monde extérieur qu’a un véritable artiste, cette sensation-là, de la réduire à une grande économie qui est dans une tradition du langage et, quand il sent qu’il a une personnalité, de respecter ce qui a été fait avant lui, mais de sentir qu’il a quelque chose de tout à fait à part à dire (…).
«(…) En regard de cela, notre triste époque n’a fait depuis des années que s’enfoncer dans les ténèbres, par facilité, par ignorance, par orgueil, et je laisse de côté la question “galette”, la corruption, bien entendu, c’est terrible. C’est trop gros, ce sont des choses qui, dès qu’on les remue, puent.»
M. Mazo, “La leçon des maîtres et la rupture cubiste” In : “L’art face à sa destruction”, e/dite, 2005. -
Éthologie (2)
Et la réaction du mari, du concubin, du mec ? On peut s’en inquiéter aussi. Ça me rappelle une anecdote. Lors de la fête de la musique à Nantes, un gros balèze de nègre de près de deux mètres, genre basketteur à la retraite, je dis ça à cause des kilos en trop, accompagné d’un pote du même tonnage, barre la route à une jolie fille et son jules. Et là, il fait plus que la dévisager, il lui décerne un compliment du genre : « Tu sais que t’es rudement bonne, toi, poulette ! Tourne-toi un peu que je voie ton cul, etc. », comme si le pauvre jules n'était pas là, n'existait pas. Vu ses babines tremblantes, vu qu'il tient une canette de bière à la main, et vu qu’il leur barre la route avec son pote, on peut même facilement en déduire qu’il y goûterait bien sur le champ.
Les occasions étant assez rares à Nantes de se distraire, je m’arrêtai net de baguenauder. Quelle allait être la réaction du jules à cette offense ? Allait-il obliger le blasphémateur à rendre gorge ? Ou lui pardonner sans chipoter ? Freluquet comme il était, c’était même pas évident qu’en prenant son élan il puisse parvenir à atteindre la gorge.
Suspense… Viser les couilles était sans doute la meilleure stratégie, elles étaient presque à la hauteur de ses yeux, il ne pouvait pas les rater ; et puis rien de tel pour prévenir une récidive ultérieure.
Mais le bonhomme avait à peine eu le temps de protester courageusement qu’une main noire, démesurée, s’abattait sur lui et le soulevait dans les airs par le cou. Il ne restait plus qu’au nègre à serrer, puis à s’emparer de la veuve du héros. Le freluquet devait voir toute sa vie et toutes ses femmes défiler dans sa tête, comme il se doit dans ces circonstances…
Mais on n’entendit pas le “couic” caractéristique, grâce au pote aussi balèze du balèze qui s’interposa pour ramener l’excité, non sans mal, à des sentiments plus doux. Il était le seul de toute la ville probablement à pouvoir le faire efficacement… -
Éthologie
Il faut s’attendre à trois sortes de réactions lorsqu’on dévisage une femme escortée de son mari ou de son concubin. Les deux cas, mariage et concubinage, étant de moins en moins distincts, d’ailleurs ; à peine les concubins sont-ils plus fidèles sexuellement de crainte de briser un lien plus fragile.
Cette femme que vous dévisagez ainsi et qui pense que c’est forcément parce que vous l’envisagez dans une autre position, même si votre regard ne renferme que de la curiosité pour son couple, l'assortiment de celui-ci, etc., peut vous signifier que son cœur est complet en se pendant subitement au cou de son homme, par exemple, ou en le gratifiant ostensiblement d’un baiser, d’une quelconque marque d’attachement dans ce goût-là, inattendue de lui. Voire inexplicable, si l’homme en place est naïf et ne sait comment interpréter ce flot de tendresse - d’autant moins qu’elle a ses règles !?
L’affectation d’un tel mouvement d’affection est criante ; c’est un code féminin pour vous avertir qu’il est inutile d’espérer momentanément. Repassez dans quelques jours, quelques mois ou quelques années.
Vous pouvez tout aussi bien déclencher le réflexe inverse, surtout chez de jeunes spécimens, tant il est vrai que les femmes sont généralement fidèles jusqu’à ce qu’elles trouvent mieux, grâce à leur sixième sens.
Alors, son compagnon d’infortune ne comprendra pas davantage pourquoi l’objet de tous ses désirs, qui se tenait jusque-là collé à lui pour le surveiller ou bénéficier de ses conseils avisés en matière de muséographie (si la scène se déroule dans un musée), s’écarte de lui comme d’un pestiféré, voire pourquoi il se fait tancer soudain sous un prétexte bidon. Ou, s’il se croit malin, il attribuera ça à ses règles.
La troisième réaction est plus rare, même si c’est celle que je rencontrai la dernière fois en pleine lumière de Paris : le sourire radieux et triomphant de celle qui a l’habitude de recueillir constamment des hommages à sa beauté éclatante. Il faut dire que cette créature avait un châssis qui enfoncait celui de toute la chair à photographe de métropole et des colonies. Peu importe la manière dont de tels dons étaient mis en valeur, j’ai seulement retenu qu’elle portait une mini-jupe, sinon comment aurais-je pu voir aussi haut ses cuisses ?
L’impression fut forte au point que pendant l’heure qui suivit je ne parvins à décoller de ma rétine son image en relief, malgré mes efforts, car ma concentration était requise par une autre tâche.
Mais jamais, vous m’entendez bien, jamais une femme ne vous fera, de ce côté-ci de l’Atlantique, cette sommation : « Voulez-vous bien, Monsieur, cesser immédiatement de me désirer ! » -
Les habits neufs
Maurice Mazo en peintre expérimenté entend faire connaître son opinion sur la production picturale de son époque. C’est vrai, dit-il en substance, et ce bon sens est d’une effronterie “hénaurme”, qui mieux qu’un peintre peut causer peinture ?
Parce qu’ils ont le verbe haut, le caquet bloqué en position ouverte, les littérateurs et les journalistes de tous poils ne peuvent s’empêcher de déblatérer, y compris sur des sujets qu’ils ne possèdent que bien peu intimement.
Mazo, lui, parle rouge, tranchant sur le bistre des critiques officiels, qui cachent dans les circonvolutions de leur prose obscure -plus c’est abscon plus c’est profond-, l’absence d’éclat de leurs lumières.
Mais je laisse la parole au maître :
«(…) Tous nos fabriquants d’arabesques irresponsables, de petits décors, courts bien qu’ambitieux, se refusant à représenter ce que, par leurs yeux, tout leur être pourrait voir, tous ces peintres fort à plaindre en somme, car ils se privent de la joie de communion avec le monde, et, joints à eux, leurs éxégètes myopes qu’ont engendré tous les milieux, des moines aux grands fonctionnaires des Beaux-arts, avec comme base, les stipendiés de toutes les grandes “galeries” d’Europe et d’Outre-Mer…, tous ces gens qui servent et chantent l’art non-figuratif n’ont pas compris cette vérité profonde et qui d’un coup anéantirait leur position, s’ils pouvaient la percevoir : il n’est de véritable “abstraction” plastique que dans la grande représentation.(…)
«(…) Celui qui se prétend créateur, mais qui, impuissant à ajouter un mot nouveau au langage de libération de l’homme, à monter d’un degré vers l’esprit pur, refuse comme vaines les données du monde extérieur, fonde sur le mensonge et s’oppose au devenir humain.
Ces stériles raillent ceux qui ont engendré hier, et nient d’avance celui qui a la force de créer, et créera demain. Haine horrible de tout ce qui est vie ! »
Extrait d’une longue lettre à Malraux réfutant ses thèses, en date du 9 avril 1951.
(In : “L’art face à sa destruction” Édition e/dite 2005)
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Misogynes de tous les pays…
Ouf, je ne suis pas fâché de redevenir moi-même après cette semaine passée dans la peau de Frédéric Beigbeder. Je commençais à me sentir un peu à l’étroit. Et puis ces mèches dans les yeux, ces accroche-cœurs, ces frisottis dans le cou, ça donne un genre qui attire surtout les filles à pédés, c’est un petit peu gênant.
J’ai profité du temps libre que mon activité (peu intense) de Beigbeder me laissait pour flâner de-ci de-là sur des blogues encore inconnus.
J’ai découvert un nouveau philosophe de la misogynie, en lutte contre la désaltérité, qui tient blog ouvert sur http://atropcourberlechine.hautetfort.com. Son nom m’échappe, appelons-le donc “Monsieur XY”. Voici ce qu’il écrit dans un billet récent :
« Les belles femmes, à la condition impérieuse que l'on se contente de les contempler de loin, permettent d'échapper un peu à la hideur d'une modernité qui ne flatte que ce qui est bas, putassier et sordide.
Voir une jolie fille et imaginer qu'elle puisse avoir une intelligence, une profondeur, une douceur et une finesse à la mesure de sa beauté donne à la fois une idée de Dieu et la certitude de son inexistence [??].
(…) Depuis que les femmes revendiquent hystériquement l'égalité avec les hommes et qu'à force de mimétisme elles ont fini par les dépasser en bassesse et en vulgarité (ce qui n’est pas peu dire), l'idée même d'une telle recherche est devenue grotesque.
(…) La misogynie qui hier encore était un luxe est devenue un impératif de survie mentale. »
Contrairement à Monsieur XY, l’intelligence, la profondeur et la finesse ne me paraissent guère indispensables à une femme, en sus de la beauté. Elles s'en dispensent d'ailleurs elles-mêmes très bien généralement. Il vaut mieux espérer pour elle que de bonnes fées leur aient donné bonté, obéissance et délicatesse. À mon humble avis.
N'empêche que je suis d'accord avec la conclusion de Monsieur XY, “c’est un impératif de survie mentale”. Il suffit pour s'en convaincre de séjourner un peu aux Etats-Unis (pas à New York, qui rassemble l'élite intellectuelle, ça fausse l'observation) : les femmes y sont devenues des sortes d'androïdes dopés à la testostérone de synthèse assez terrifiants. Je sais que c’est un cliché de dire que les Nord-Américains nous précèdent d’une dizaine d’années dans la course à la barbarie, mais c'est un cliché assez net et bien cadré. Je plains sincèrement nos petits frères qui auront à choisir une femme dans une dizaine d’années.
Tout ça me fait penser à Houellebecq*, bien sûr, dont Monsieur XY n’est que le disciple. Houellebecq va trouver refuge en Thaïlande où les filles savent encore ce qui fait plaisir aux hommes, des remerciements quand on leur offre une jolie robe qu’elles ne pourraient pas s’offrir, des cris d’amour réels ou au moins bien simulés pendant le coït.
D’abord, j’ai raillé Houellebecq, son inconséquence, puisqu’il finit par rentrer au pays et tomber dans les griffes d’une jolie Bretonne, lâchant la proie pour l’ombre. Mais, en réalité, cette chute sonne juste, je m’en aperçois aujourd'hui. Car si les femmes, à quelques exceptions près, je le dis dans une tentative un peu gauche d'être galant, ont perdu toute leur dignité, nous les hommes sommes aussi abrutis. À peine capable d’en faire des mères, incapable de les soumettre par notre force de caractère…
Et je suis tenté de lancer ce cri de ralliement : « Misogynes de tous les pays, unissons-nous ! »
*Je n’évoque ici que “Plateforme”, les précédents romans de Houellebecq n’étant à mon avis que des brouillons assez indigestes.






