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Lapinos - Page 162

  • Ras-le-cul

    Rimbaud par-ci, Rimbaud par-là, c’est à vous dégoûter. Rimbaud, "mystique contrarié" ? Inverti, même. Rimbaud du temps où la pédérastie sentait le soufre, avant de sentir l’eau de toilettes…

    Sonnet du trou du cul

    Obscur et froncé comme un œillet violet,
    Il respire humblement tapi parmi la mousse,
    Humide encor d’amour qui suit la fuite douce
    Des fesses blanches jusqu’au cœur de son ourlet.

    Des filaments pareils à des larmes de lait,
    Ont pleuré sous le vent cruel qui les repousse,
    À travers de petits caillots de marne rousse,
    Pour s’aller perdre où la pente les appelait.

    Mon rêve s’abouchera souvent à sa ventouse,
    Mon âme, du coït matériel jalouse,
    En fit son larmier fauve et son nid de sanglots.

    C'est l'olive pâmée et la flûte caline,
    Le tube d'où descend la céleste praline,
    Chanaan féminin dans les moiteurs enclos.


    Bref, pas étonnant qu’Arthur ait fini abscons…

  • Le jour et la nuit

    Déjà dans Pauline à la plage, Arielle n’est guère sensuelle, une vraie poupée de porcelaine froide, elle promène sur la plage blanche de Rohmer un regard reptilien de bête à sang froid. L’injection de diverses substances destinées à lui conserver un air de jeunesse éternelle et un régime sévère n’ont fait qu’accentuer sont côté serpent.

    Mais dans le fond, je l’aime bien, Arielle, car il n’y a pas que la beauté physique qui compte chez une femme. Et qu’elle est belle dans son dévouement à son époux. Non contente d’avoir consenti à tourner dans l'assommante fantaisie filmée de son mari, elle le défend du mieux qu’elle peut contre son biographe, Philippe Cohen. Sans trop s’emporter, sans jamais citer le nom de l’auteur, comme le lui a conseillé Bernard ; mieux vaut feindre l’indifférence pour ne pas faire résonner la grosse caisse médiatique. On n’apprend pas au vieux singe à faire la moue !

    Ça vaut le coup, non, d’essuyer quelques critiques fondées, si c’est pour être défendu avec autant de passion amoureuse par sa femme ? Pourtant, j’ai senti BHL un tantinet désarmé, comme un flic poursuivant un voyou qui s’aperçoit tout à coup qu’il a oublié de charger son 9 millimètres. Car, même si BHL n’est pas philosophe à reculer devant un aussi petit paradoxe, ça va pas être facile d’accuser Cohen d’antisémitisme.

    J’ai consulté le menu proposé par Cohen et je l’ai trouvé plutôt alléchant, en voici un aperçu :
    - Né avec une cuiller en bois dans la bouche ;
    - Un homme de paroles ;
    - “Le plus beau décolleté de Paris” ;
    - La République des lettres expliquée à ma fille (fictienquête) ;
    - Justine, ou la vertu de la littérature pipolisée.

  • La pêche au caviar

    Avant-hier soir, je me couche comme tous les autres soirs sans me brosser les dents et après avoir bu un verre de rouge, vers deux heures - bref, rien de spécial ne laisse présager ce songe que je fais au milieu de la nuit, où la trame de mon roman m’est révélée d’un seul coup.
    Pulvérisés, les grains de sable qui bloquaient la mécanique. Jusque-là, je ne disposais que d’une vague intrigue que mon pote Erwan m’avait gentiment soufflée. Depuis trois mois, je mâchais et remâchais un fil conducteur un peu ténu, cogitant pour essayer d’étoffer cette trame - en vain.

    Au réveil, je m’empresse de noter tout ça quelque part dans mon ordinateur, pas tant par peur de laisser s'effilocher cette histoire que pour vérifier qu’elle résiste à la transcription (les rêves sont souvent comme des mirages). Content comme un pêcheur iranien qui vient de prendre dans son filet un esturgeon de vingt livres. La pêche au caviar, c’était le sujet d’un reportage dans Thalassa rediffusé la veille fort tard qui m’avait aidé à m’endormir.

    Mais le lendemain, pschitt, j’ai tout oublié, comme dirait l’autre… C’était dessiné si nettement sur mon plafond, pourtant ! J’allume donc ma bécane, à demi rassuré, m’autocongratulant pour ma prudence. Et là, stupeur, que dalle, nada, impossible de retrouver mon plan. « Was ist denn los ???? » J’ai écrasé le fichier ou quoi ? Quelqu’un a fouillé dans mes dossiers ? Retour à la case départ. Je suis furax, comme un pêcheur iranien qui vient de laisser sauter par-dessus bord l’esturgeon qu’il venait de pêcher, en voulant le sortir du filet.

    J’en viens même à me demander si TOUT ÇA n’était pas un rêve. Vérification faite dans le programme, aucun reportage sur la pêche avant-hier à la télé…

    Le polar est un genre exigeant. Il y a un public pour ça, les librairies lui consacrent généralement un rayon entier, un public qui attend qu’on le mène en bateau en tenant le cap jusqu’à bon port. Pas question que la barque prenne l’eau au milieu de la traversée à la première incohérence. Aujourd’hui, les bons artisans se font de plus en plus rares. Besson cite Demouzon. C’est plus facile d’être essayiste, de prendre un billet pour Bagdad ou Karachi, et de broder en partant de quelque attentat islamiste un scénario entrecoupé de bons sentiments.

    J’ai pas tout Simenon chez moi, j’ai donc pas pu vérifier que les deux derniers Maigret avec Bruno Crémer étaient fidèles au texte. Ça ne tenait pas debout. De toute façon, Maigret, ce n’est pas un rôle pour Crémer. Il est trop distingué, trop imposant pour jouer un flic. Je préférais Jean Richard.

  • Le pompon

    Pierre Murat, critique à Télérama, a rarement de l'intuition. Dans sa critique de La Chute, pour une fois, il fait preuve de sagacité :
    « Le pompon, c’est les Goebbels. Madame, surtout, qui endormira puis empoisonnera ses cinq enfants, afin qu’ils ne survivent pas à la chute du national-socialisme. Une folle ? Ok, si ce n'est que le réalisateur filme son geste dément comme un rituel glaçant et funèbre. À cinq reprises, on verra cette femme, au masque ravagé de douleur, introduire une capsule de cyanure entre les lèvres de ses enfants endormis. Et surveiller qu’ils s’endorment en paix pour l’éternité. Une Médée moderne… Il est des maladresses qui font peur et qui font mal. »

    Passons sur le style de Murat (« Le pompon, c’est les Goebbels »). Que vient foutre Céline dans Télérama ?
    Qualifier Mme Goebbels de "moderne”, en revanche, ça c'est bien senti ! Pierre Murat, à sa manière un peu maladroite, a compris une des caractéristiques essentielles du nazisme : la Modernité. Madame Goebbels et son mari marquent l'Histoire par leur modernité, c'est évident, les nazis étaient des gens très en pointe dans des tas de domaines. Ils nous ont légué toutes leurs inventions, même si on a préféré faire l’inventaire, brûler les casquettes et les bottes.

    Médée, elle, ne tue que deux enfants, et tout bêtement pour se venger de Jason, pas pour leur éviter d’affronter un futur difficile. La pauvre Médée n'avait pas lu Heidegger.

    Une chose est sûre dans tout ce chaos, c'est que si La Chute devait avoir plus de succès qu’un film de Desplechin ou d’Alain Resnais, la Critique le prendrait comme une déclaration de guerre des Boches.

  • Good bye Hitler !

    Pour une fois, je suis d’accord avec les bobos, s’il y a bien un truc profondément abject, c’est la nostalgie des régimes totalitaires, véhiculée par le goût des uniformes un peu tape-à-l’œil, napoléoniens, hitlériens, etc., ou par certains films ambigus, sans compter l’inclinaison des adolescents à faire la nique à leurs parents (moindre dans les milieux bourgeois/petit-bourgeois, où la rébellion se doit d’être plus souple afin de ne pas se couper complètement de l’héritage - on se contentera bien souvent d’écouter Manu Tchao en fumant des pétards et en soufflant dans des capotes).

    Ainsi, même si nos voisins allemands semblent plus touchés par cette Sehnsucht, comme qui dirait, dont un cartésianisme de bon aloi a su nous préserver, il convient de rester vigilants, pour éviter que nous, Français, garde-fous de l’Europe, soyons à notre tour contaminés par ce qu’il est convenu d’appeler “L’Esprit de Munich” (der Münchner Poltergeist).

    Or, une certaine presse ne se gêne vraiment pas non plus pour entretenir le mythe, et je crois qu’il est de mon devoir de la dénoncer ici et maintenant : je veux parler de l’hebdomadaire Télérama. S’emmêlant complètement dans son politiquement correct et son politiquement incorrect correct et son politiquement correct incorrect, il a en effet cru bon de réserver lors de sa sortie un accueil chaleureux à ce film, Good Bye Lenin, du cinéma carrément, et, je pèse et soupèse mes mots, NAU-SÉ-A-BOND.

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  • Chasse au sorcier

    Le parti socialiste peut-il remporter des élections sans l’appui de Jean-Marie Le Pen ? Loin de moi l’idée de faire à Le Pen un procès d’intention, mais il aurait voulu mettre Chirac et sa clique de politiciens gominés à la Perben dans l’embarras, il ne s’y serait pas pris autrement…

    Ce qu’il y a de bien avec les blogues, c’est qu’on peut s’élever au-dessus du niveau des querelles politiciennes, des slogans éculés du Monde, de Libé ou du Figaro.
    En effet, les propos de Le Pen, que tout esprit désireux d’être éclairé entièrement aura pris soin de lire in extenso dans l’hebdomadaire Rivarol, ne se démarquent guère des études historiques sérieuses, un peu CHIFFRÉES, sur l’Occupation allemande… Là, je sens qu’un certain nombre de bobos se désabonnent de mon blogue… mais n’était-ce pas inéluctable ?

    Je disais donc que, lorsqu’on se penche posément sur le passé de la France, de l’Europe, et que l’on COMPARE les occupations, on peut conclure en vérité que cette Occupation allemande ne fit pas tant souffrir nos grands-parents, au regard de ce que leurs contemporains polonais ou hongrois endurèrent. Si je voulais ajouter une dose de soufre à mon propos, je dirais que les Palestiniens souffrent davantage de l’occupation israélienne, les Irakiens de l’occupation américaine, ou que les Kurdes souffrirent plus de l’occupation irakienne ; mais vouloir rivaliser avec Le Pen dans la provocation ne serait pas raisonnable de ma part.

    D’abord, parce que l’occupation allemande ne fut que partielle, dans un premier temps, et puis qu’on pouvait en pères peinards aller au théâtre voir les pièces de Sartre ou les concerts d’Arletty. Si plusieurs centaines de milliers (les chiffres sont là) de jeunes Françaises copulèrent avec des feldgraus, c’est après tout parce que l’envahisseur barbare fleurait bon l’après-rasage parfumé à l’edelweiss, qu’il n’était pas si farouche que ça.

    Je parle d’autant plus à mon aise de tout ça que je n’ai aucune goutte de sang teuton dans les veines et que mes grands-parents ne furent, ni de près ni de loin, mêlés à une quelconque exaction au cours des plus sombres années de notre histoire. Pas plus que les parents de Le Pen, en fait. Précision à l’attention de ceux qui croient à l’hérédité des crimes, et, surtout, à celle des vertus.

    Avant-hier, au BHV, j’assistai à cette scène étrange : je vis un jeune homme coiffé en crête, manifestement à la pointe du progrès, essayer sur lui un ticheurte blanc et rouge estampillé CCCP, sans qu’il se trouve personne dans le bazar, pas même moi, pour venir lui cracher à la gueule en mémoire des millions de victimes du goulag.

    Maintenant que les derniers bobos ont zappé sur un autre blogue intellectuellement plus confortable, je peux me permettre cette analyse plus subtile. Le Pen n’a sans doute pas bien digéré que Gollnisch lui dispute la palme de l’incorrection, dernièrement. Il y a des gens comme ça qui ne peuvent pas s’empêcher de faire du hors-piste quand tout le monde fait la queue-leu-leu devant le télésiège.

  • Nécro bidon

    Partouze tragique à l'hôpital Necker : un mort. Je suis impatient de lire la nécro du Professeur Choron dans Le Monde, l’hommage du conformisme à l’anarchie en quelque sorte, du balai dans le cul à la flatulence. Il vont derechef déployer des trésors d’hypocrisie. Comme pour ADG. Ça leur écorche la gueule de dire un peu de bien d’un libre-penseur, mais il faut bien faire semblant.

    Hara-Kiri - et donc Charlie-Hebdo - doivent beaucoup à Choron, colporteur génial qui écoula lui-même les premiers numéros à la criée, mais il y a beau temps que Cavanna, Siné et compagnie, sont rangés des bombes sous la houlette de Philippe Val, chansonniais jospinien. Ils se contenteront donc de jeter quelques fleurs fanées sur le cercueil de leur ancien acolyte - aussi intempérant qu’imprévisible. Pensez, Wolinski vient même de se faire épingler la Légion d’Honneur au revers de sa veste en peau d’anar retournée… Pauvre Daumier !
    Qui n’a pas rêvé d’avoir un grand-père comme Choron (à part un bobo, bien sûr) ?

    Faudra donc compter sur Nabe, une fois de plus, pour rectifier le tir ; sur son site, par exemple… Au fait, pas si mal le dernier Nabe. Il invente au moins un nouveau mot : “collabeur”, qui devrait coller comme une fatoua à la peau de la racaille enrichie qui roule des mécaniques chez Ardisson, les Joey Starr et autre Djamel Debbouze.

    Le mariage homosexuel à Bègles inspire aussi à Nabe quelques bons mots, mais il fait surtout, navré, ce constat : ni les partisans, ni même les opposants sérieux de cette union débile, devant cette pantalonnade bouffonne, ne s’avisèrent un seul instant du comique de la cérémonie… Pauvre Rabelais !

  • Lourd, sucré et crémeux

    C’est seulement rendu aux trois-quarts de ce roman de Félicien Marceau que je saisis enfin qu’il est censé se dérouler aujourd’hui, lorsque le téléphone portable de François sonne dans sa poche, le trahissant. Je croyais que nous étions en 1960. C’est cette politesse dans les manières et le langage des protagonistes qui m’avait abusé. Il y a comme un hiatus.
    Dans le même genre de roman futile, je préfère celui de Patrick Besson : Lettre à un ami disparu.

    Besson s’embarrasse sans doute un peu trop de considérations psychologiques, mais certaines, à mon goût, ne manquent pas de saveur : « Il était paresseux. Il avait beaucoup de mal à se lever le matin et le chocolat, surtout quand il le préparait, lourd, sucré et crémeux, n’a jamais donné à personne le désir de conquérir le monde. Il donne plutôt celui de se recoucher. »

  • Plateau ciné

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    J’irai pas voir La Chute de Hirschbiegel au cinoche. À mon âge, on préfère peloter les filles en pleine lumière plutôt que dans une salle obscure puant le pop-corn. Et puis j’aurais trop peur de me raser. Ferdinand Céline ne manquait pas de discernement en général, mais, question cinéma, il s’est sacrément gourré, lui qui prédisait un avenir mirobolant au “septième art” ; cinquante ans plus tard, un bon bouquin reste cent fois plus concentré en émotions et en images qu’un bon film, dès lors qu’on a un peu d’imagination.

    N’empêche, sommes-nous meilleurs que les Allemands qui ont élu Hitler ? Si les films de Claude Zidi, de Gérard Oury ou de Steven Spielberg ont éclairé votre enfance, alors il y a des chances que vous trouviez cette question un peu incongrue… Pourtant, c’est J.-J. Goldman en personne qui l’a posée le premier ! Et ce faisant, même s’il ne répond pas à la question - après tout un philosophe peut-il faire mieux que poser les bonnes questions ? -, Jean-Jacques ouvre une brèche dangereuse dans le Dogme. Le Dogme, c’est : on n’a jamais et on ne pourra faire pires salauds, pires monstres, pire nazis que les Allemands.

    « Si j’étais né en 17 à Leidenstadt,
    Sur les ruines d'un champ de bataille
    Aurais-je été meilleur ou pire que ces gens
    Si j'avais été Allemand ?… »

    Le doute n’était pas permis jusque-là.

    Sommes nous meilleurs, même, que nos grands-parents ? Qui s’illustrèrent par leur lâcheté pendant l’Occupation. Nos grands-mères surtout, qui, au lieu de se révolter contre toute la barbarie contenue dans un seul peuple, le peuple allemand, et d’aider les Juifs à fuir en Amérique, n’ont rien trouvé de mieux que de collaborer à blouses rabattues avec les forces du Mal.

    Autrement dit, si un génocide avait lieu en ce moment, comment réagirions-nous ? Les films de Claude Lanzmann, les promenades scolaires à Auschwitz nous ont-ils fait mûrir un peu ? Si pour des raisons économiques et sociales, par exemple, car la barbarie s’avance souvent masquée derrière des raisons économiques et sociales, on décidait de nier le statut d’être humain à une catégorie de la population, voire de s’en débarrasser, nous élèverions-nous contre ce crime abominable ?

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  • Vague à lames

    Ce raz-de-marée indien, c’était vraiment de l’extrait d’apocalypse !

    J’avoue, j’ai guetté le signe de Jonas, mais il ne s’est pas passé trois jours avant que Kouchner ne débarque sur les ondes radio pour aider ses concitoyens à prendre la mesure du cataclysme – avec sa gueule d’acteur politique poudrée de riz, préparant les prochaines élections.

    Parions qu’à l’heure de la parousie, plus difficile à prévoir par nos satellites modernes qu’un cyclone, un tremblement de terre ou une journée ensoleillée à Brest, il y aura des bobos pour se saisir de leurs caméscopes et zoomer sur les quatre cavaliers de saint Jean. Comme ces touristes en slips vautrés sur les plages de Thaïlande et d’ailleurs, filmant la déferlante qui va les engloutir. Sous hypnose.

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  • Scène de ménage

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    Percutante, la campagne du Secours populaire contre la violence “maritale” ! Quel esprit ne sera pas frappé par ces affiches, dans le métro, qui disent en un ou deux dessins toute la haine d’un mari pour sa femme (ou d’un mec pour sa meuf, à la rigueur, mais c’est surtout les femmes mariées qui trinquent avec leurs moitiés alcooliques, si l'on s'en tient aux statistiques). Les dessins sont d’un certain Davis, pas de Vuillemin, comme c’est dommage…

    Je me demande si le Secours populaire vient aussi en aide aux bourgeoises battues par leurs maris, sans distinction de classe, malgré leurs sacs Hermès et leurs talons-aiguilles (qui peuvent servir à se défendre) ? Paraît-il aussi que la violence conjugale n’est pas l’apanage de la femme pauvre. Eh oui, qu’on se le dise, histoire de mettre un poing sur des cris, tous les hommes sont des salauds en puissance ! Depuis la nuit des temps, ils préfèrent la bagarre aux persiflages, c’est plus fort qu’eux, sans qu’on parvienne tout à fait à les refaire à l’image de leurs faibles femmes.

    Alors que faire, Mesdames, Mesdemoiselles ? Épouser une tapette ? Aïe, non, c’est impossible, car si cette espèce rare est aimable, cultivée et élégante, dans son immense minorité respectable, vous le savez bien, hélas, vous n’avez pas l’heur de lui plaire… Reste plus que le close-combat… ou le célibat.

    Si j’avais mis un coup de castagnettes à Isabelle le jour de son anniversaire, c’est sûr je serais passé pour un beau salaud, d’autant qu’elle n’a rien fait ce jour-là de septembre pour me déplaire, au contraire. De toute façon, comme les vraies brutes, je sais bien que c’est au ventre qu’il faut frapper – c’est très efficace et ça ne laisse pas de trace, comme une bonne lessive.

    Une fois n’est pas coutume, je prends le risque de vous choquer ; en effet, je crois qu’il y a pire qu’une femme battue, c’est, je vous le donne en mille… un homme battu ! Eh oui, car aux bleus vient s’ajouter l’humiliation de se faire tabasser chroniquement par une femme. Un homme battu, on en ricane dans les chaumières et même dans les appartements en ville, voyez-vous. Pas question d’avouer ça. L’homme battu reste seul avec sa plainte.

    J’ai longtemps douté de l’existence des hommes battus ; plus maintenant, puisqu’il en est au moins un, autour de la bibliothèque que je fréquente (le moins souvent possible), un qui placarde des affichettes poignantes sur les murs, depuis des mois sans se lasser, témoignant de son cas douloureux. Ce pauvre bougre me fait vraiment pitié et je l’inviterais bien à noyer son chagrin dans un verre en ma compagnie si je le surprenais en train de coller, mais il doit faire ça la nuit, je suppose, pour pas se faire poisser.
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  • Scène de douche

    Ah, les Parisiennes sont enfin de retour ! Il était temps ! Les jolies femmes fêtent Noël en province mais le Jour de l’An à Paname, apparemment.

    Mon frère m’a offert un joli slip de bain à Noël, aux couleurs de l’Empire prussien, car l’ancien commençait à être usé sur la raie des fesses. C’est toujours là que les slips de bains s’usent d’abord. Paradoxe qui m’interpelle.

    Je l’ai étrenné hier à la piscine de la Porte Dauphine. Où j’ai été témoin, dans les douches mixtes, d’une scène qui m’a ému.
    J’observe la fillette de quatorze ans en bikini qui se savonne en face de moi, avec son approbation muette - un grand sourire mutin -, et je m’apprête à lui adresser un clin d’œil admiratif alors qu’elle n’est pas tout à fait à mon goût, en fait, pas assez formée, mais pour étoffer un peu son capital confiance, quand je remarque que son voisin, un tout petit Hindou, bande très dur. Sous son caleçon élastique qui ne masque rien de son état, je vois sa bite se tendre à l’horizontale. Il n’éprouve aucune gêne. Il vient même quémander un peu de savon liquide, que la fillette lui verse au creux de la main, en se gardant tout de même de toucher du doigt l’intouchable, puis l’Hindou retourne sous son jet, toujours raide comme l’envie. C’est peut-être son état normal ?

    La fillette pouffe un peu en me regardant, me prenant à témoin. De quoi ? De son innocence ? L’Hindou aussi a un petit rire aigu. Je suis bien obligé de m’esclaffer à mon tour. C’était charmant. Et si la piscine était le dernier havre de liberté ?

  • Cause toujours

    Moi qui pensais être débarrassé d’Alain Juppé pendant quelques semaines… Il n’y a guère en effet de politicien qui me dégoûte plus que cet homme de fer qui plia comme du carton, que ce Sancho Pança maigre droit dans ses bottes. À part Michel Noir, peut-être.

    Dès ce matin, je déchante en entendant la radio annoncer la création du blogue d’Alain Juppé. Et merde. Juppé est adoubé par un certain Loïc Le Meur, présenté comme une sorte de pionnier, ou comme le pape de la blogosphère, qui m’a l’air de n’être en fait qu’un bobo pontifiant de plus. Ce gugusse-là, qui a “rendu service” à Jean-François Coppé et Dominique Strauss-Kahn en les introduisant dans la blogosphère - merci bien - oublie volontairement l’essentiel sur les blogues dans son petit topo à la radio. Il oublie de dire que tout l’intérêt de ces petites tribunes, c’est qu’elles sont ouvertes à d’autres “citoyens” que ceux qui sont invités tous les quinze jours à la télévision, à la radio ou dans Le Monde, à rabâcher les vérités officielles.

    Les blogues d’Alain Juppé, de Strauss Kahn et tutti quanti, ne sont que de vulgaires tracts. Quel intérêt y a-t-il à entendre Juppé dire toute l’empathie qu’il a pour les handicapés, exprimer toute sa compassion pour les victimes des raz-de-marée, etc. ???

    Le seul intérêt de ces blogues politiques, c’est qu’ils font faire des économies de papier au contribuable. Bien sûr, je blague, car ces économies pèsent peu au regard des dépenses électorales démentielles engagées par Alain Juppé au cours de sa carrière.

    Profitons-en pour botter le cul à la casuistique éthico-juridique que les journalistes-auxiliaires du pouvoir nous resservent régulièrement sur l’absence d’enrichissement personnel. Distinguer les affaires privées des affaires publiques n’a guère de sens en général, encore moins quand il s’agit des affaires d’un politicien. Si Chirac tient la télécommande aujourd’hui, c’est grâce à son parti, doté illégalement. Toute l’ambition personnelle de Chirac depuis sa plus tendre enfance, devenir Président, ainsi l'a-t-il satisfaite.
    La corruption a toujours existé, dans tous les régimes, sous toutes les latitudes. Mais jamais auparavant on avait autant pris les Français pour des cons. Flattez le peuple et bientôt vous le méprisez.

  • Propos "comme si"

    Comme si de rien n’était, comme si les clochards ne crevaient pas de froid aux coins des rues, refusant de se faire embarquer par la milice du SAMU social.

    J’étais décidé à dire du mal du Père Noël, cet ignoble saint laïc, mais je dois avouer que le rituel des cadeaux m’amuse plutôt. Cette année, par exemple, j’ai interverti par mégarde les cadeaux de mes deux copines en les postant. Ce qui a posé un problème… de taille. Au point qu'elles m'en ont voulu, ces idiotes, refusant même de faire l'échange. Tant pis pour elles. D'ailleurs, je n'aime pas les jalouses… Adolescent, j’étais moi-même très jaloux. Au point de démolir à coups de tatane la porte d'une copine, fermée à clef, que je soupçonnais de fricoter avec un autre type à l’intérieur. En fait, il n’y avait personne, et je me suis trouvé con. D’un seul coup je me suis retrouvé vacciné contre la jalousie.

    Moi, un cadeau qui m’aurait fait très très plaisir dans ma chaussure, en dehors d’une jolie vierge bien disposée à mon égard, mais comme le Père Noël n’existe pas, je ne m’y attendais guère, c’est un dévédé des meilleurs épisodes de Strip-Tease, l’émission belge “qui déshabille ses contemporains”. Mais, la maison de production MK2, qui s’est avisée que ce serait un bon coup commercial de mettre ça sur le marché, a sélectionné les épisodes les plus mauvais, les plus politiquement corrects, alors que l’intérêt de ces reportages, c’est qu’ils bouleversent drôlement les idées reçues, le plus souvent. Surtout les premiers, de Marco Lamensch.
    Bref, au lieu d’une anthologie, c’est une vraie coprologie que ces crétins de MK2 ont déversée dans les bacs (du grec copros, le caca, et lalein, choisir).

    Pour éviter d’être tué par un tsounami, emportez toujours une planche de surf avec vous à la plage, comme moi. Et j'aimerais bien qu'on arrête de dire tsounami pour parler d’un raz-de-marée, l’exotisme a déjà fait suffisamment de morts comme ça !
    Quant à Houellebecq, s’il est en panne d’inspiration, faut qu’il se dépêche de prendre un avion pour Phuket pour récolter là-bas matière à un nouveau roman. Avant Yann Moix et Adrien Zeller, qui prendront le vol suivant.
    Quelle leçon pour Hollywood et ses films catastrophes, ce raz-de-marée indien. Je ne pourrai plus jamais regarder un de ces divertissements sans le trouver complètement bidon.

    Il y a beaucoup moins de jolies femmes dans Paris entre Noël et le jour de l’an. J’en tirerais bien des conclusions, mais je n’ai pas le cœur à ça.

    Sinon, je suis d’accord avec Patrick Besson, Brad Pitt, quarante et un ans, aurait mieux fait de s’abstenir de se faire lifter. Les chirurgiens savent peut-être retendre les tissus, mais pas sans bousiller les expressions. Avant, Pitt ressemblait à un chimpanzé (un beau chimpanzé, si vous voulez, mesdemoiselles) ; maintenant, on dirait qu’il porte un masque de chimpanzé.

    Mes propos manquent un peu de liant. Je l’impute à tous ces grands crus que je viens de boire et qui m’imprègnent encore. À moins que ça ne soit le froid ? Car le froid, c’est pas bon pour les sauces.

  • Concours d'hypocrisie

    J’ai enregistré la dernière émission d’Ardisson. Elle n’a pas lieu en direct, de toutes façons. Je la regarde hier soir en rentrant du boulot, après m’être servi un verre de Sauterne. Isabelle m’a demandé de couper la télé vendredi alors que je m’apprêtais à regarder Tout le monde en parle. Elle ne supporte tout simplement pas le public [de bobos] qui applaudit, rit et chante sur commande derrière Ardisson. Complètement bobotomisés. On leur demanderait de montrer leur cul, ils le feraient volontiers pour passer à la télé. Elle a raison, c’est vrai qu’ils font pitié à voir.

    Concours d’hypocrisie entre Dieudonné et Ardisson, qui revient sur le sketche antisémite de “Dieudo” chez Fogiel. Ardisson, lui, choisit le camp du génocide juif bien sûr, c’est le plus sûr pour un animateur télé. Il dit “chambre à gaz” distinctement pour que tout le monde comprenne bien qu’il n’est pas révisionniste et qu’il ne ferait pas de mal à un Juif. Il fait semblant de pousser “Dieudo” à regretter. Mais on sent bien que le plus regrettable dans tout ça, pour Ardisson, c’est que Dieudonné ait fait ça CHEZ FOGIEL.

    Dieudonné, lui, va se mettre à l’abri dans le camp des gentils esclaves noirs exploités par les méchants esclavagistes blancs. Voilà nos deux compères mutuellement anihilés. Ils ne se départissent pas vraiment de leurs sourires cyniques. Dieudonné, qu’on le compare à Le Pen, il trouve ça même plutôt comique. Ce petit duel à fleurets mouchettés, ce match de catch sur fond de génocide juif et de traite des nègres devrait contribuer à faire grimper l’audimat de l’un et à remplir les salles où se produit l’autre.

  • Une pure militante

    Je fréquente le blogue d’Yris, 15 ans, qui raconte sa première sodomie : «J'aime tester, oh oui. Lick it out Honey, mhh I like it. Ooohh Sodomy how cool it is. Maintenant je fais tout ce qui se fait à deux. Je connais personne à 15 ans qui fait tout ça par choix. Ouuuhhh j’suis fière, fière. C'est tellement bien le sexe avec lui.»

    La sodomie, en soi, c'est très banal, même si c’est une pénétration marginale (parce qu’elle peut être salissante et laisser des séquelles). Bref, rien de bien nouveau sous le soleil du stupre. Et, à quinze ans, c’est normal d’être curieux, les mecs surtout le sont, mais Yrys a justement un côté garçon manqué.

    Ce qui me fascine plutôt, c’est la manière dont cette fille parle de tout ça, la sodomie en particulier et la baise en général. Je ne parle pas de cette façon un peu puérile de nous faire profiter de ses cours d’anglais. C’est une pure militante de la baise certifiée conforme par l'Éducation nationale et agréée par le ministère de la Jeunesse et des Sports. Je verrais bien cette devise en lettres d’or brodée sur sa culotte rouge : «Capote, Sodomie, Orgasme.» Je crois qu’elle ressemble beaucoup à ses parents communistes, dans le fond.

    Son mec - il s’appelle Vivien -, elle l'adore ! Plus exactement, elle pratique le culte de sa personnalité, c'est pas tout à fait pareil. Il est beau, intelligent, et, surtout : il baise comme un Dieu. Ça revient plusieurs fois, comme une antienne. D’ici qu’elle écrive une Ode à Vivien, comme Eluard pour Staline, il n’y a pas loin. Tout va pour le mieux dans le meilleur des mondes quand elle enfourche son sexe.
    Le hic, c'est que ce militantisme sexuel est très égoïste. Les idéaux marxistes se sont retirés et il ne reste plus que la dialectique progressiste égalitaire et manichéenne, vieux préservatif percé. J’ai peur qu’Yrys ne finisse par piétiner son veau d'Or dès qu'il aura fini de bander pour elle.

    À part ça, je remarque qu’Yrys se distingue quand même un peu de ses semblables puisqu’elle est capable d’écrire plusieurs pages d’affilée sans faire de fautes d’orthographe.

  • L'esprit de famille

    L’esprit de famille, moi, c’est un truc qui m’épate. Il faut dire qu’à la maison, entre frères et sœurs, avec mes parents, on s’est toujours étripés sauvagement les uns les autres, pour un oui ou pour un non, pour avoir un peu plus de petit salé aux lentilles, pour savoir si Proust c’est vraiment chiant comme un goûter au Ritz ou pas, etc.

    Xavier Cantat, par exemple, même si c’est vraiment le type du petit-bourgeois très con qui connaît toutes les ritournelles de “Noir Désir” par cœur, eh bien je le trouve touchant quand il défend son frère. C’est touchant de l’entendre dire «Bertrand, il faut surtout pas que tu te suicides, d’abord parce que t’as deux enfants, en plus parce que ça servirait à rien, tu reverrais même pas Marie (Trintignant) de toute façon, parce que t’es pas croyant…»

    Cependant, c’est la famille Jospin qui décroche le pompon. Question esprit de famille, ils en connaissent un rayon. À part Monsieur Jospin père, bien sûr, nommé maire de son bled pendant l’Occupation, mais bon, il pouvait pas savoir, et Lionel a su pardonner.
    Inutile de redire l’abnégation du frère de Lionel, qui accepta d’endosser le passé lambertiste de son aîné, ni l’abnégation de Sylviane, qui sacrifia carrément quelques années de réflexion pour rédiger des tracts politiques et poser dans Match.

    Lionel, aujourd’hui, aimerait bien réintégrer le championnat ; face à Hollande et Sarkozy, ces béjaunes, il se dit qu’il a toutes ses chances. Pour une fois, on aurait une première dame de France capable de citer Derrida… Mais encore faut-il faire parler de soi ! Eh bien qu’à cela ne tienne, Madame Jospin mère se dévoue et met en scène sa “Fin de vie”, avec l’aide de sa fille. Noëlle Châtelet fait une piètre romancière de gauche, mais c’est une mélodramaturge tout à fait à la hauteur de l’enjeu. Un sketche très efficace, j’ai trouvé, reléguant la “fin de vie” de Madame Roger Quilliot au rang d’un suicide raté. Très sobre, très classe, très huguenot, très progressiste, vraiment les adjectifs ne manquent pas. Lionel peut se féliciter d’avoir eu une telle mère.

    Avec le physique qu’ils ont, je verrais bien Lionel et Noëlle incarner un couple de vampires modernes dans une comédie atroce et déjantée, comme les frères Coen savaient faire. C’est d’ailleurs très branché de faire tourner des hommes politiques. Mais le cinéma français n’a pas d’imagination. Et Lelouch de pleurnicher parce qu’il n’arrive plus à payer les pensions alimentaires de ses actrices fétiches… Lamentable !

  • Impossible métissage

    Je viens de me prendre un râteau. Un vrai.
    Quand on demande à une parfaite inconnue repérée dans la rue, dans une soirée, à la piscine, ou au Luxembourg, tout de go si elle peut pas vous faire une petite place dans son pieu pour la nuit, et qu’elle répond : «Non !», ça ne compte pas comme un râteau. Parce qu’il fallait s’y attendre.

    Petite parenthèse : c’est un truc d’ancien timide d’aborder les filles comme ça. Au début, c’était pour me soigner. Comme escalader la Tour Eiffel pour vaincre le vertige (jusqu’au premier étage seulement, après j’ai craqué).
    Le VRAI râteau, on ne le voit pas venir, on se promène dans l’herbe grasse à souhait, on fait la course avec les papillons, euphorique, et puis… bing ! on se prend le manche en pleine figure au moment où on s’y attend le moins.

    La fille, je l’ai repérée dans les douches à la piscine. Joli maillot bordeaux, et surtout, une paire de fesses et de jambes harmonieuses (un grain de beauté sur la fesse droite). Ressemblant à la Pandora d’Hugo Pratt, dans La balade de la Mer salée. La référence est un peu triviale, mais j’ai pas trouvé mieux. On se frôle dans le bassin, puis on cause un brasse coulée, papillon, crôle, tout ça. C’est ELLE qui m’invite à boire un verre après. Je biche. Facile… Trop ? Non, c’est jamais trop facile.

    Devant les mousses, la partie se complique. Car Pandora est ressortie sapée comme une bobo branchée de sa cabine. Et malgré ma tenue de camouflage, j’ai peur qu’elle me démasque : adieu galipettes, cochonneries, couvée, je pourrai aller fourrer mon nez ailleurs, ça ne fait pas un pli. Elle me pose beaucoup de questions. J’ai l’impression d’être le nègre blanc dans ce polar de Boris Vian que ma prof de français m’avait fait étudier en quatrième : J’irai cracher sur vos tombes. Le nègre qui séduit des poules blanches pour les sauter, les humilier, puis les buter. Y faut surtout pas qu’elles se rendent compte qu’il est noir, sinon la vengeance tombe à l’eau. Tout ce mic-mac rocambolesque afin de venger son frère assassiné par de sales blancs.

    Sauf que moi, j’ai pas tant de haine raciste, je veux juste baiser avec cette fille, la palper au chaud. Sa peau satinée m’excite. Elle doit sentir bon.

    On se quitte en bons termes. J’aurais dû la raccompagner. Aujourd’hui, je reçois ce courriel en réponse à une relance un peu audacieuse : «T'emballe pas Bonhomme, je ne suis pas en mesure d'être draguée, même si mon comportement pourrait faire penser le contraire.»
    Il sonne le glas du métissage entre une bobo et un lapinos.

  • J'accuse !

    Au sortir de ma migraine, je me suis plongé dans le feuilleton Raphaël Juldé. Celui-ci vient en effet de connaître un rebondissement spectaculaire à l’échelle des pannes d’ordinateur et autres excursions à la Médiapole de notre héros. Evidemment, je me sens concerné, je n’oublie pas que c’est à Juldé que je dois mon propre Journal, exutoire commode à ma haine des bobos, qui m’évite de devoir leur régler leur compte un par un.

    Juldé a donc été convoqué au commissariat de Laval, quelques petits commerçants cités dans son Journal en ligne n’ayant guère apprécié les portraits réalistes qu’il peint d’eux et déposé réclamation. Aucune diffamation ni atteinte sérieuse à la vie privée là-dedans, non, ce n’est pas le genre de Juldé, simplement les petits commerçants ont dans notre pays un pouvoir de nuisance invraisemblable, presque égal à celui des profs et des journalistes.

    Je suis déçu. Car Raphaël Juldé me paraît tout de même avoir manqué dans cette affaire d’un minimum de présence d’esprit. S’il m’avait consulté, je lui aurais conseillé de saisir la perche qu’on lui tendait, bien sûr. De transformer l’audition chez les flics en interpellation. Pour percer la croûte lavalloise et paraître enfin dans le monde des lettres, il pourrait payer un peu de sa personne ! Qu’on songe seulement au temps perdu tous les jours par Adrien Zeller à se coiffer ! On ne débarque pas comme ça un jour sur le plateau d’Ardisson à la seule force de son talent. Même Houellebecq, qui n’en n’est pas complètement dépourvu, sait faire le guignol quand il faut. Il me semble que quelques jours de cabane n’auraient pas été trop cher payer un peu de publicité.
    Et puis quelle erreur d’accepter de masquer les noms des plaignants. Ce qui est génial dans le Journal de Nabe, Juldé le sait bien, c’est son index pléthorique.

    Le moyen de se faire flanquer au trou quelques semaines, quelques mois ? Facile : d’abord Juldé aurait dû s’abstenir de répondre à la convocation des poulets. Mieux, les traiter tous sans distinction de «Sales SS !». C’est pas très original, j’en conviens, mais sacrément efficace. Combien de carrières artistiques ne seraient pas ce qu’elles sont, encore aujourd’hui, sans l’insulte aux flics ? D’autant que Juldé a toutes les qualités requises pour supporter la captivité. Il est érémiste, écrivain, et il peut se passer des femmes. Sûr que ses fans se seraient volontiers cotisés pour lui offrir un ordinateur portable afin qu'il puisse continuer la rédaction de son Journal en prison (la prison peut être une chance pour un écrivain, c'est Soljénitsyne lui-même qui l'affirme).

    J'accuse ! J'accuse donc Joseph Vebret, le conseiller littéraire de Juldé, bien au fait des mœurs "germanopratines", comme il dit, d'avoir fait preuve dans cette Affaire du plus pur amateurisme, voire de l'incompétence la plus totale. Je l'accuse même, et je pèse mes mots… de sabotage !

  • C'était une migraine !

    Ça me prend presque d’un coup en regardant Noëlle Châtelet l’autre soir à la télé. Des maux de tête. Je me masse les tempes comme un con en appuyant trop fort, et, dix minutes plus tard, la douleur devient difficile à supporter. C’est comme si ma cervelle s’était mise à mijoter doucement dans mon crâne-cocotte minute. Je coupe la télé, l’ordinateur, le téléphone, la lumière. Avec des gestes lents, très lents, les plus lents possibles, en fait, car le moindre mouvement, le moindre effort, et c’est une goutte supplémentaire dans ce lac de douleur, là-haut, dans ma tête.
    J’avale un cachet d’aspirine, sans conviction : j’aurais dû en mettre un peu plus, car le résultat est nul.
    Me traîne jusqu’à mon lit. J’y reste collé trois jours. Sans parler, sans manger.
    Je me lève quand même deux ou trois fois pour boire puis pour pisser. J’aimerais bien gueuler un peu de temps en temps pour me soulager, mais je sens bien que ça ne ferait qu’aggraver les choses.
    Envie de rien, ni de lire, ni de manger, ni de baiser, ni de prier. L’enfer, c’est de n’avoir plus envie de rien, même pas de mourir.

    C’était une migraine. Avec internet, plus besoin de toubib, on tape la liste des symptômes dans Google, et hop, le tour est joué. Ce qui m’a cloué sur place pendant trois jours, mon “affection”, comme ils disent, c’était une migraine ! J’aurais bien aimé un truc plus sophistiqué, mais ça sert à rien de se mentir… La migraine, ben mince, je pensais pas que ça pouvait durer aussi longtemps sans répit ! Jusqu’à 72 heures, lis-je sur internet. Suit la liste des “facteurs de risque” : je les avais tous ! Un sommeil décalé : ça faisait au moins deux ans que j’avais pas fait la grasse matinée. Le chocolat : je venais de m’en taper une demi-tablette. Le sevrage brutal du café : ça faisait trois jours que j’avais pété ma cafetière. Le stress : Noëlle Châtelet.
    La migraine, c’est vraiment “Aux petits écarts la grosse punition”. Et il n’y a pas de remède vraiment efficace.