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  • À l'encan

    Je ne vais pas me plaindre de ce climat un peu frisquet, plus propice au travail. Toutes ces belles étrangères en tenues légères dans Paris, l'été venu, ne facilitent pas la concentration. Et puis au moins, pendant ce temps, les journalistes n'osent pas nous soûler avec le "réchauffement".

    *

    Un exemplaire des Fleurs du Mal dédicacé à Delacroix a été mis aux enchères et acquis pour la somme de 600.000 euros, environ, peu importe, tous ces zéros n'impressionnent que les lecteurs du Monde, du Figaro ou de Beaux-Arts magazine ; ils n'ont pas de sens précis.
    Bernard Arnault, via Vuitton, sponsorise bien, lui, un ouvrage sur Marx…

    Ça ne fait pas pour autant de Baudelaire et Marx des auteurs "bourgeois", "capitalistes" ou "sarkozystes", pour parler le langage actuel. On peut même voir en Baudelaire un anti-Littell parfait. Condamné pour certains de ses poèmes des Fleurs, pour leur défense il écrivait :
    « Le livre doit être jugé dans son ensemble, et alors il en ressort une terrible moralité. (…) Il y a plusieurs morales. Il y a la morale positive et pratique à laquelle tout le monde doit obéir. Mais il y a la morale des arts. Celle-ci est tout autre, et depuis le commencement du monde, les arts l'ont bien prouvé.
    Il y a aussi plusieurs sortes de
    Liberté. Il y a la Liberté pour le Génie, et il y a une liberté très restreinte pour les polissons. »

    Cela signifie que la civilisation est une chose subtile, si subtile qu'il ne vaut mieux pas la confier à des "libéraux" cyniques, forcément cyniques. Car la liberté dont il est question ici, c'est celle des banquiers. Leur morale ? Elle consiste à s'enrichir coûte que coûte. De Guizot à Sarko, on n'en sort pas.

  • Stratégie artistique*

    L’art contemporain fait constamment référence, de manière appuyée, à des “valeurs sûres” ; il y a ces classiques de la littérature pieusement rangés dans les vitrines du Pompidou, le titre emprunté à Céline par Anselm Kiefer, “Voyage au bout de la nuit” (“Guignol’s band” aurait mieux convenu, mais il ne faut pas surestimer la culture générale des bobos), les pastiches de Michel-Ange par Lapicque, etc.
    Je me demande, est-ce que c’est pour méduser le public, ou bien juste pour avoir la scoumoune que Kiefer fait ça ? Une sorte de gri-gri ? Ou alors c’est une tradition de l’art contemporain, depuis le cours d’art plastique prononcé par môssieur le professeur Picasso sur Vélasquez…

    *

    C’est parce que Baudelaire avait l’amour de la peinture qu’il pouvait se permettre de critiquer, en des termes choisis, le peintre Gérome : « Il est impossible de méconnaître chez M. Gérome de nobles qualités, dont les premières sont la recherche du nouveau et le goût des grands sujet », et, plus loin : « La facture de M. Gérome, il faut bien le dire, n’a jamais été forte ni originale**. »

    L’amour de Baudelaire pour la peinture entraîne une déception lorsqu’il décèle des carences ou des faiblesses chez un peintre. En général, d’ailleurs, Baudelaire s’avoue déçu par la peinture présentée aux Salons ; mais il n’abandonne pas pour autant, il se refuse à désespérer de l’art. Le même état d’esprit le pousse à propulser Delacroix, avec Rembrandt, Rubens, Puget, parmi les phares.

    Le mépris des esthéticiens contemporains pour Gérome, les Catherine Millet, les Jean Clair, les Yves Michaud, pour ne citer que les plus médiatiques porte-parole d’une esthétique à la portée des caniches, ce mépris est tout différent. C’est d’abord du conformisme, une façon de se conformer à ce qu’ils ont cru comprendre du “message” de Baudelaire ; et puis, surtout, c’est une ruse grossière, mais qui fonctionne très bien, pour se faire valoir, eux et tout leur bazar, sur le dos de Gérome. Nains immodestes et insignifiants à qui on confie des responsabilités politiques.

    *En hommage à Fernand Divoire, auteur méconnu, et pour cause.
    **Ceux qui savent lire observeront que c’est sa “facture”, autrement dit son savoir-faire, que Baudelaire reproche à Gérome, tandis qu'il loue ses innovations.

  • Sans chauvinisme

    Curieusement, Céline, qui est plutôt du côté de Chenavard, comme blessé à mort et assombri, Céline est une cure de jouvence malgré tout, comme les réactionnaires. C'est peut-être, je ne sais pas, son côté "animal" ; il a beau être aux abois, traqué par la hyène Sartre et les autres, c'est l'instinct de survie qui domine chez lui.
    Un de mes potes, qui chasse à courre, m'expliquait récemment que le cerf, si la traque dure un peu, s'asphyxie ; son sang devient noir, ses organes le brûlent, il va souvent se jetter dans un étang, un plan d'eau, dans un geste désespéré.

    *

    « Je supporte de moins en moins la musique "en boîte" ; d'ailleurs je n'écoute pour ainsi dire plus de disques… »
    Mireille Delunsch est chanteuse lyrique. Je ne suis pas très sensible à la musique "moderne", les rares fois où j'ai mis les pieds à l'opéra, les premières notes m'ont donné envie de me trisser à toute berzingue, mais j'ai assez d'oreille pour distinguer un artiste d'un simulacre d'artiste. Petit mérite dorénavant, les contrefaçons sont tellement grossières, les soi-disant artistes contemporains ont des gueules de représentants de commerce si tranchées ! Daumier s'en serait donné à cœur joie.
    Et Mme Delunsch est une artiste. Je note sa remarque aussi - elle se défend de tout chauvinisme -, que l'Alsace est la seule région française où la musique est vraiment importante.
    Lorsqu'on lui demande quel est son bouquin préféré, Madame Delunsch répond : Belle du Seigneur ; et son tableau préféré : Guernica ; et son événement historique préféré : L'abolition de l'esclavage ; ça n'enlève rien à son caractère d'artiste, à son goût de la perfection et de l'effort pour l'atteindre. Rares sont les artistes capables de comprendre les arts qu'ils n'exercent pas, en définitive. Delacroix est une exception.

  • Sourdingues

    Pas seulement la “fête de la musique”, mais aussi toutes ces gonzesses qui, automatiquement, se fourrent dans les transports en commun un écouteur dans l’oreille ; et tous ces blogueurs qui font “partager” à leurs congénères le dernier tube en vogue, toutes ces fêtes où, en sourdine - en sourdingue plutôt -, des amplis crachent des mélodies balourdes et des rythmes simplets, la multiplication à la télévision des émissions musicales ; les bars où on boit dans le vacarme artificiel, jusqu’au restaurant où on dîne “en musique”, au supermarché où on fait ses courses “en musique”, bref, cette vaste conspiration démocratique contre le silence… je ne peux pas m’empêcher de penser au peintre Chenavard.

    Que Baudelaire décrit ainsi :
    « Le cerveau de Chenavard ressemble à la ville de Lyon ; il est brumeux, fuligineux, hérissé de pointes, comme la ville de clochers et de fourneaux.
    (…) Chenavard sait lire et raisonner, et il est devenu ainsi l’ami de tous les gens qui aiment le raisonnement [allusion à Delacroix] ; il est remarquablement instruit et possède la pratique de la méditation.
    (…) [Pour Chenavard] L’humanité est analogue à l’homme.
    Elle a ses âges et ses plaisirs, ses travaux, ses conceptions analogues à ses âges.
    L’âge de l’homme se divise en “enfance”, laquelle correspond dans l’humanité à la période historique depuis Adam jusqu’à Babel ; en “virilité”, laquelle correspond à la période depuis Babel jusqu’à Jésus-Christ, lequel sera considéré comme le zénith de la vie humaine ; en âge moyen, qui correspond à la période dans laquelle nous entrerons prochainement et dont le commencement est marqué par la suprématie de l’Amérique et de l’industrie.
    L’âge total de l’humanité sera de huit mille quatre cents ans.
    De quelques opinions particulières de Chanavard. De la supériorité absolue de Périclès.
    Bassesse du paysage, - signe de décadence.
    La suprématie simultanée de la musique et de l’industrie, - signe de décadence. »


    *

    Baudelaire, donc, oscille entre l’admiration et la moquerie. Mais Chenavard est trop intelligent, trop pittoresque, trop proche de Delacroix, pour que Baudelaire l’écarte avec mépris, d’une phrase, comme il fait des petits professeurs d’esthétique de son temps, vite enfouis et qui préfiguraient la gnose d’un Panofsky, d’un Malraux ou d’un Gombrich, sans compter les petits esthéticiens actuels, tous les Daniel Arasse, les Jean Clair, les Catherine Millet, les Philippe Dagens et les Yves Michaud, etc., les quarante publicitaires d’un art à la portée des bobos, qui, désormais, tiennent le haut du pavé, sans partage.

    *

    L’attitude de Delacroix vis-à-vis de Chenavard, son ami, est sensiblement différente. Il est impressionné lui aussi par la somme de savoir de Chenavard, mais s’efforce de ne pas prêter trop d’attention à ce discours de Cassandre - Chenavard peint la décadence à chaque phrase -, craignant de basculer dans le nihilisme ou la mélancolie ; pour un peintre qui, comme Delacroix, se veut créateur et poète, ça serait une catastrophe.

    *

    Chenavard est donc sans doute trop évolutionniste, trop systématique, plus systématique que Baudelaire et Delacroix encore, pour qu’on puisse le ranger comme ses amis parmi les grands réactionnaires modernes, avec Barbey, Bloy, ou Marx… qui ont la particularité d’être de grands ranimeurs d’espérance, des combattants exemplaires, qui répandent l’énergie spirituelle autour d’eux et dont le contact réchauffe.

  • Fête de la musique

    « - Je me demande ce qu'ils ont tous à vouloir faire de la musique alors qu'ils se …ladent …jà …oute ……née ……pod ………reille !
    - Hein ?
    - L'i-pod, ils se baladent toute la …née …ec !!
    - Et alors ?? je …ge pas ton …stoire …pod !? …Arle …lus …ort !!
    - …erde ! …ment veux tu que je cau… …lus …ort que ce …nard …vec …on …icro !!!
    - …aisse …omber …i-pod et vise plutôt cette nana en tee-shirt vert, les nibards d'anthologie qu'elle a !!! »

  • Chacun son style

    Sur le blogue d'Alain Juppé, il y a des "Coups de cœur", mais aussi des "Coups de gueule", et des "Réflexions". Au mois de mai, par exemple :
    « (…) J'avance lentement dans la lecture du roman de Jonathan Littell, "Les Bienveillantes".
    Récit insoutenable de l'extermination des Juifs, au fur et à mesure de l'avancée de la Wehrmacht et des Waffen-SS en Ukraine. Nausée!
    De la cime à l'abîme. »


    Vous remarquez comme c'est habile ; tandis que les crétins, se disent : « Ô, "de la cime à l'abîme", comme c'est beau ! et puis cette compassion pour les Juifs ! Quand même, on a perdu là un humaniste et un grand poète gaulliste ! », les types comme moi, qui ont du mal à avaler le "business de la choa" à la sauce charabia franglais de Littell se disent : « Ouais, il avance lentement, ça veut dire qu'il a du mal à dépasser la page 2 du pensum. Hypocrite MAIS lucide… »
    Une chose est sûre, Juppé a tout compris à l'usage commun du blogue : en remettre une couche dans le politiquement correct et les bons sentiments qui ne mangent pas de pain.
    Décidément, la société française est trop injuste vis-à-vis des grands chauves brillants. Ce qui est bien, c'est que maintenant Juppé va avoir tout le loisir d'achever les "Bienveillantes".

  • Créationnisme (2)

    Les vrais biches, elles, s’enfuient lorsqu’elles se sentent observées. Celle-ci, au contraire, s’abandonne aux regards volontiers, sur la "plage". C’est une brune, au visage un peu commun, certes, mais qui ne manque pas de caractère. Le meilleur, c’est cette anatomie délicate, ces muscles allongés et ces articulations délicates qui permettent des désaxements variés ; pour moi, il y a beaucoup de perspective chez cette fille. Je ne réclame pas de preuve supplémentaire de l’existence de Dieu.
    En rentrant, je tombe sur ce mot de Delacroix : « J’aimerais autant une société où on n’aimerait pas la vertu, que celle où il serait possible d’avoir le culte du laid. »

    *

    Les Méditerranéennes sont plus pudiques que les gonzesses du Nord, on dirait ; elles sont plus nombreuses à s’approcher jusqu’au bassin enveloppées dans un drap de bain, et la présence d’hommes dans les douches pendant qu’elles font leurs ablutions paraît les troubler davantage. Peut-être, en revanche, les gonzesses du Nord sont-elles plus secrètes sur le fond de leur pensée ?

    « Il y a peu de femmes dont le mérite dure plus que la beauté. » relève Delacroix dans La Rochefoucauld.

  • Créationnisme (1)

    Le “marché de l’art”, cette invention-là a de quoi soulever le cœur d’une âme classique ou même romantique !

    Jean-Philippe Domecq, spécialiste de Ruisdael par ailleurs, a souligné la bêtise de la critique d’art contemporain. Mais Domecq est un idéaliste. À le lire, en le simplifiant un peu peut-être, mais quand même, on peut croire que le résultat que nous avons sous les yeux, tout cet amoncellement de bluff, Anselm Kiefer & Cie, une conjuration de critiques, d’universitaires et de galeristes foireux en sont directement responsables. C'est trop leur faire d'honneur. Non, les causes de l'éclipse sont beaucoup plus profondes.
    Ce que Domecq n’explique pas, c’est comment l’imbécillité et la malhonnêteté ont triomphé de la clairvoyance et de la franchise. Domecq n’insiste pas assez sur le cynisme qui se cache derrière le barnum de l’art contemporain. L'ignorance est secondaire. Des trissotins comme Catherine Millet, Jean Clair, Yves Michaud, Daniel Arasse, il y en a toujours eu, mais ils ne jouissaient pas d'une telle faveur jadis.

    *

    Pourquoi la production française d'art contemporain n'est-elle pas à la hauteur de celle de ses concurrents allemands ou yankis ? Je parle ici de "hauteur" en dollars, un critère sur lequel la critique d'art contemporain garde les yeux rivés.
    Probablement, entre autre, parce que le centralisme français a un effet de corset qui ne favorise pas l’expression de personnalités artistiques dans une direction toujours plus inattendue ou saugrenue. Ou, autrement dit, en France on n’achète ou ne produit que ce qu’il est de bon ton de produire à tel ou tel moment. Paris donne le “la”, pour le meilleur comme pour le pire, actuellement. Et Paris ça veut dire une poignée de gugusses.
    À un moment donné, par exemple, il n'y a pas si longtemps, il y a eu à l’école des Beaux-Arts de Paris, le chef-lieu de l’académisme depuis David, une interdiction faite aux peintres qui y avaient échoué de… peindre. On n'imagine pas une telle directive aux États-Unis, au contraire, où le sens du commerce domine et où un minimum d’intelligence des affaires incline à penser que la future mode ne ressemblera pas à la mode actuelle.
    Pourquoi l’art français est à la remorque, c’est parce que les artistes français prennent plus au sérieux l’art contemporain que les Yankis eux-mêmes ; ils cherchent à imiter une pratique dont une des caractéristiques est, précisément, d’être inimitable.
    Duchamp lui-même, ce pauvre philosophe dont la punition est d’être attaché “ad vitam aeternam” au concept d’urinoir, Duchamp lui-même était abasourdi de voir des imitateurs débarquer dans son usine à gaz pour lui soumettre de nouvelles versions de son "innovation".

    *

    Si Sarkozy, comme il en a exprimé le vœu récemment, veut faire repasser en tête l’art contemporain français dans la compétition, il n’ a pas beaucoup d’autre choix que de parfaire l’américanisation de la société française.
    Ce qui serait dommage, c’est qu’une fois cette tâche accomplie, dans le sens de l’Évolution et du Progrès, ça soit le goût russe qui s’impose au monde (le goût chinois, il n’y a guère de risque, vu que le capitalisme ajouté au communisme en Chine devrait pour longtemps couper les Chinois de toute vie artistique.)

    (PS : Je me réjouis que mon pote H. ait enfin ouvert son blogue ! [http://happeur.hautetfort.com]. On ne sera pas trop de deux pour défendre l’art créationniste occidental et provoquer un krach de l'art bidon de Pinault & Arnault.)

  • C'est fini

    Plein de bonnes nouvelles à la radio ce matin… D’abord le cœur de Ségolène Royal est de nouveau à prendre. C’est une occasion neuve qui s’offre aux amateurs, comme moi, de grandes femmes bien élevées comme Ségolène ; j’avoue que si elle n’était pas en âge d’être ma mère…
    D’emblée j’évacue l’objection de mes amis “fachos” comme quoi elle serait “de gauche”. Et alors ? Depuis la première, c’est un peu une tradition chez les femmes d’être de gauche et de prendre le contrepied du bon sens ; le tout est, au contraire d’Adam, de ne pas laisser sa femme prendre trop d’initiatives. Et puis du moment que Ségolène ne s’habille pas comme une femme de gauche, comme Sylviane, Cécilia, ou bien la régulière de Juppé (son prénom m’échappe)…

    D’ailleurs quel homme aujourd’hui ne rêve pas, à voix haute ou secrètement, d’une femme comme Ségolène, autonome, qui vaque à ses affaires et laisse son homme respirer, qui ne réclame pas une attention constante de sa part, voire pas d’attention du tout !? On n’imagine pas Ségolène en effet réclamer son quota d’orgasmes mensuel, comme une vulgaire lectrice de Elle.
    La preuve que mon choix est bon, c’est que tout au long de ces élections interminables, lorsque j’ai confessé ici ou là que j’en pinçais pour Ségolène, cela m’a valu des réflexions féminines acerbes ou ironiques, du genre : « Ben voyons, vous les hommes vous n’êtes gouvernés que par votre queue ! »
    Par respect pour les dernières femmes de la trempe de Ségolène, j’éviterai de dire, moi, à quoi je compare l’orifice féminin !

    Je précise que je n’ai aucun mépris vis-à-vis de François Hollande, au contraire, il m’est plutôt sympathique, il me fait penser à un Brueghel (de velours un peu cauteleux), et j’ai bien aimé sa façon, virant au Bosch, de fustiger le “traître Éric Besson” ; à une époque un peu plus “shakespearienne” que la nôtre, je sens que Hollande n’aurait pas hésité à faire passer le goût des petits calculs mesquins à cette face de comptable véreux en le faisant molester par des spadassins du parti. À la bonne heure ! Mais le sieur Hollande n’est pas marié à madame Royal, que je sache ; par conséquent il n’est pas interdit à d’autres hommes de la convoiter.

    *

    Seconde bonne nouvelle, les Bordelais ont rappelé Juppé aux affaires municipales. J’avoue que je trouve ça touchant, cette idylle des Bordelais pour leur édile. Celui-ci a la bobine d’un qui ne touche jamais à une goutte de vin, mais il est bardé de diplômes et de citations, et, apparemment, c’est un genre qui séduit encore en Aquitaine (On se souvient que Montaigne n’est pas des plus comiques non plus, quand il n’est pas carrément rébarbatif et plat comme la forêt des Landes).
    Mais le vin, le vin c’est une chose sérieuse ! Et le bordeaux est en danger, menacé par la montée des eaux et le réchauffement climatique. Un maître de chais qui boit de l’eau minérale est donc ce dont Bordeaux a le plus besoin en ce moment. Pour se rendre au Ministère de l’Écologie Urgente en vélo, si possible sur la roue arrière pour impressionner les médias, ce pantin de Hulot fera bien l’affaire, ou Roselyne Bachelot à trotinette.

  • Lâchage

    Ma "vieille" bécane est en train de me lâcher ; il s'en est fallu de peu que je lui mette un coup de boule ce matin, cette salope !

    Par "technologie de pointe", l'expression est bien choisie, on entend bien sûr le dernier gadget à la mode qu'il est moral, dans un régime comme le nôtre, de gauche ou "de droite", d'acquérir sans délai, mais surtout "de pointe" ça signifie "qui casse facilement". Une bagnole avec toute la technologie "de pointe", par exemple, sera équipée de tout un tas de gadgets électroniques, qui, au bout de six mois, seront hors d'usage. Une chaudière, il y a trente ans, était fabriquée pour en durer trente, justement ; aujourd'hui si les composants tiennent dix ans, il faut s'estimer heureux, ce qui n'empêche pas de devoir souscrire un contrat d'entretien onéreux.

    Dans le domaine de l'art, c'est la même chose, combien de temps Anselm Kiefer sera-t-il prisé par les bobos ? Deux ans, un an ? Si ça se trouve dans six mois on n'en entendra plus parler dans les gazettes bobos...

    Et Sarkozy, son ministre Fillon ? Vous les voyez fringuants, là, presque tout neufs, presque de droite, et vous les trouvez séduisants ? Profitez-en, Mesdames, Mesdemoiselles, Messieurs, ça ne durera pas ; tous les amis de Sarkozy dans les médias, et tous les liftings qu'ils lui feront subir ne suffiront pas à vous le conserver neuf très longtemps.

    La seule chose qui dure plus de trente ans aujourd'hui, ce sont les emprunts auprès des banques ou des compagnies d'assurance. Celles-là, elles ont l'apparence de la solidité.

    Les imbéciles de tout poil, évolutionnistes, démocrates-crétins, journalistes, philosophes, bobos de gauche et maintenant de droite, qui vous disent que tout ça, Sarkozy, Kiefer, et toute la camelote industrielle, c'est inéluctable et qu'il faut donc bien s'en accommoder, c'est de la propagande, ne les écoutez pas... C'est mon testament, au cas où je ne parviendrais pas à redémarrer.

  • Mœurs du Marais

    Je reviens brièvement sur ces queues de pétasses bobos dans le Marais. C'est en effet un phénomène nouveau pour moi, dont je ne soupçonnais ni l’ampleur ni la nature exacte. Si un habitant du quartier ne m’avait pas rencardé, j’aurais continué de croire qu’il s’agissait de queues devant le cabinet d'un gynécologue réputé dans tout Paris pour son habileté à ligaturer les trompes, poser des stérilets, ou enseigner l’art de simuler l’orgasme, tant il transpire de ce troupeau uniforme un sentiment d’antipathie à l’égard de tout ce qui est étranger à son mobile tenace… et non des soldes d’été de “Zadig et Voltaire” !?
    Car les transactions ont lieu dans des “show rooms” discrètes, bien gardées par des vigiles tout noir, qui regardent avec un mélange d’envie et de stupéfaction ces petites bourgeoises riches et superficielles poireauter en papotant, puis ressortir ensuite visiblement comblées, avec de grands sacs blancs bien remplis (je pensais qu’il s’agissait des glaires à porter à l'analyse).


    Erreur, donc, de croire que ce genre de gonzesses n’a ni but, ni idéal, ni religion, ni même une philosophie ; elles ont “Zadig et Voltaire” ! Qu'il pleuve des trombes d'eau, ou qu’un soleil brutal frappe leurs nuques grêles ou grasses, elles attendent leur heure avec une patience carrément angélique.
    Le pire, puisque la seule faute impardonnable c’est la faute de goût, c’est que, après avoir mené mon enquête jusqu’à son terme, j’ai constaté que ces fringues de bobo sont tout ce qu’il y a de plus uniformes, grises - ou beiges -, et banales. Il n'y a que le prix qui soit exceptionnel.

  • À vot' bon cœur !

    Ras-le-bol de devoir rembarrer, par principe, des étudiantes souriantes qui collectent des fonds pour la lutte contre le sida… Il n’y a plus une bouche de métro où je ne sois accosté par une de ces (souvent jolies) représentantes de la "charité business" façon Bernard Kouchner… Elles sont particulièrement actives dans le Marais, à croire qu'on veut jouer sur le sentiment de culpabilité des fiers pédés à drapeau qui s’enferment dans le périmètre autour du BHV, ou quelque chose comme ça.
    C’est la septième plaie du Marais, après cette Poste construite par Jean Nouvel (ou un de ses complices ?), les queues de pétasses bobos devant "Zadig et Voltaire", au point qu’on est obligé de changer de trottoir, les boutiques de camelote chinoise importée, les galeries d’art actuel qui insultent la façade de vieux hôtels de guingois, le hangar géant dédié à l’art pompidolien qui bouche la perspective, les bars gays qui déversent en plein jour dans la rue des flots de musique gay…

    Je serais curieux de savoir comment se déroule l’entraînement de ces bonimenteuses, comment on leur apprend à vendre leur "produit". Manifestement, on les incite à balancer un slogan pour stopper le client potentiel, premier assaut, du genre :
    « Est-ce que le sort des séropositifs/pandas/cancéreux/victimes des mines antipersonnel te laisse indifférent, M’sieur ? (“M’sieur” pour le respect dû au client, tutoiement pour m’exclure de la catégorie des vieux schnocks radins)
    - Vous êtes bien gentille mais c’est le cadet de mes soucis en ce moment, le sida, Mlle, vu que j’ai une grosse grippe ! »
    (Réponse-type n°1 ; ou encore, n° 2 : « Je suis très superstitieux et j’ai peur que ça me porte la poisse de donner pour le sida/les cancéreux/les pandas/les victimes des mines antipersonnel ! ». Plus un prétexte est idiot, de manière générale, plus il déstabilise une vendeuse qui n’est préparée qu’à une série d’objections-types : le coup des frais de fonctionnement de la "Croix-Rouge" ou de "Greenpeace", par exemple, on pense bien qu’elles ont été préparées à y répondre).
    Se contenter de prendre la fuite n’est pas une attitude responsable.

    *

    Quand même, j’ai beau dire, j’admire l’aplomb de ces jeunes recrues. C’est vrai, c’est déjà pas facile de faire la manche dans le métro lorsqu’on débarque de sa Bulgarie ou de sa Roumanie natale et qu’on est sans le sou, mais lorsque nécessité ne fait même pas loi, que c’est juste un job pour se payer le nouvel "i-pod" ou des vacances d’été sur la “Costa Brava”, il faut vraiment avoir une bonne dose de suggestion pour taper ainsi les gens avec autant de naturel dans la rue. Voire une bonne dose d’autosuggestion, car je me demande dans quelle mesure ces étudiantes ne sont pas persuadées qu’elles sont eux-mêmes dans la dèche, et que, par conséquent, tous les moyens sont bons pour en sortir, et que bosser pour "Greenpeace" c’est quand même plus moral que faire le trottoir sur internet.
    C’est quand même une sacrée concurrence déloyale pour les vrais nécessiteux. Ces “organismes” ont beau arguer de leur plus grande efficacité, on peut penser là encore qu’il s’agit d’un argument commercial, il suffit pour ça de se remémorer toutes les affaires de détournement de fonds passées et à venir. Ou les excédents de capitaux pour les victimes du tsounami, absurdement placés en bourse par “Médecins du monde” ou “Médecins sans frontières”.

    *

    Ce n’était pas le cas il y a encore quelques années, mais désormais je me laisse aborder avec le sourire par une Témoin de Jéhovah, une Adventiste de la dernière heure, voire même un Mormon, bien que l’abandon de la polygamie ait ôté à cette religion une grande partie de son charme désuet ; au moins, je me dis, ceux-là n’ont rien à me vendre, ils ne font pas partie de la gigantesque secte tentaculaire des vendeurs-consommateurs.

  • Association de bienfaiteurs

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    Sous la plume d'un certain "Coriosol" dans un numéro récent de Présent littéraire, sans doute un pseudo, cette comparaison argumentée entre trois philosophes renommés, BHL, Glucksman, Finkielkraut et les "Pieds-nickelés", les non moins fameux Croquignol, Ribouldingue et Filochard.
    Cette comparaison me convient assez. Elle a le mérite d’être plus "serrée" que ma comparaison entre BHL et Voltaire.
    Sauf l’échec récent de la campagne de Ségolène Royal, BHL a mené une brillante carrière de philosophe comme le grand petit Voltaire, une carrière qui doit beaucoup à la ruse. Héritier de la fortune de son père, bâtie dans les colonies, dans l’exploitation industrielle forestière (exploitation pour laquelle Guy Carlier a travaillé, comme comptable, d'où lui viennent sans doute ses convictions antiracistes et écologistes), BHL n’en a pas moins jugé opportun de voler au secours des opprimés et de clamer son indignation sur toutes les chaînes ("Quelle tuerie, la guerre !"). Voltaire faisait ça aussi, de voler au secours des opprimés, et son enrichissement dans la traite des nègres est connu.
    Passons sur le procédé qui consiste à se draper dans la dignité du martyre juif lorsqu'on est d’une famille de colons d’Afrique et qu’on n’a pas un seul ancêtre martyr, F. Nourrissier a déjà évoqué avec beaucoup de subtilité que Jean d'Ormesson cet aspect des choses dans une chronique du Point (ne pas croire pour autant qu’il y a des choses à lire toutes les semaines dans Le Point, surtout depuis que Patrick Besson est parti à l'assaut de l’Académie française et qu'il s'efforce donc d'être aimable - un Serbe aimable, c'est une gageure difficile !).

    *

    Quant à Diderot, je le comparerais plutôt à Sollers. Le goût affiché de Sollers pour la Chine, Venise, Nitche, le pape, toutes ces choses exotiques, est manifestement destiné à cacher le côté profondément franchouillard du personnage. Chez Diderot comme chez Sollers, il y a un côté "provincial monté à Paris", un peu gêné par ses racines et ses habits de plouc, mais pas trop.
    Et puis l’appétit, la gourmandise de Diderot est connue. Et Sollers ? Il n’est pas un album d’images pieuses ou érotiques qui paraisse sans qu’il souhaite en rédiger la préface. Il est capable, à lui tout seul, ou seulement avec l'aide de son harem, de rédiger un numéro entier de L'Infini, sa revue, rappelant en ça le Diderot encyclopédiste.

    *

    Quant à Rousseau, je ne lui ferai pas l'injure de le comparer à Finkielkraut. Certes, ils ont tous les deux en commun d’être venus de l’étranger jusqu’en France pour nous faire bénéficier de leurs lumières ; mais Genève est un État francophone, tandis que les Polonais, le plus souvent, sont inintelligibles.
    Mais Rousseau est sincèrement et profondément réactionnaire, antimondain, “boy-scout” comme a marqué le documentaliste C. Dantzig sur son étiquette, il ne se contente pas d’aspirer l’air du temps, puis de l’expirer dans un édito ou dans un “essai” ; Rousseau parvient à être original et indémodable.
    Maintenant que j’y pense, puisque Finkielkraut le cite abondamment, la comparaison entre Rousseau et Philippe Muray me paraît moins frauduleuse - je parle là uniquement au plan des idées et pas du style, car Muray aussi est sincère ; inepte comme Rousseau, mais sincère.

  • Revue de presse (IV)

    « (…) C’est là tout le cocktail de Muray, un Léon Bloy qui aurait lu Guy Debord. »
    E. Phalippou (“La Quinzaine littéraire”, 1-15 juin)
    Extrait d’une rubrique intitulée “Le coin des anarchistes”. Si écrire des articles dans Le Figaro, dans La Quinzaine littéraire, ou dans Marianne, c’est être anarchiste, si fumer dans un espace non-fumeur, c’est être anarchiste, alors Muray fut anarchiste.
    L’hypothèse de Phalippou est assez stupide car on ne voit guère ce qui aurait pu intéresser l’écrivain catholique Bloy chez Guy Debord, petit penseur confus. Muray était plutôt au contraire “comme un Debord qui aurait lu Bloy”.


    ***

    « Le Monde a-t-il encore une équipe de correcteurs ? (…) Le 5 mars, c’est Dominique Dhombres, dans sa chronique de télévision, qui reproche à juste titre à l’émission "Thalassa" de Georges Pernoud (…) d’avoir “enfilé les perles” sur les gratte-ciel de New York et Frank Sinatra au lieu de nous parler de la mer. En fait de perles, Dominique Dhombres termine son article par celle-ci : "New York, la ville debout, comme disait Malraux…"
    (“Rivarol”, 7 avril 2006)
    Ce n’est pas parce qu’il est au Panthéon qu’il faut attribuer à Malraux la fameuse page de Voyage au bout de la nuit où Bardamu découvre New York ("Pour une surprise, c’en fut une… "). Si fameuse qu’un jury aussi conformiste que celui de la rue d’Ulm l’a proposée en 2004 à l’épreuve orale d’explication de texte. »
    Bien sûr que Le Monde a une équipe de correcteurs ! Mais ils sont trop occupés à rédiger un blogue ; et puis dans un cas comme ça, est-ce qu’un petit correcteur ose corriger un grand éditorialiste ?

    ***

    « Les présidents se suivent à France Télévisions, (…) “Envoyé spécial” reste. (…) Le titre du reportage (Avorter… à quel prix ?) donne dans l’interrogation. Et on se prend à rêver. À imaginer une volte-face des habituels propagandistes de la culture de mort. On pense à un aveu tardif du drame de l’avortement. Au terrible prix à payer, psychologique et moral. Non pas ! Le prix en question est celui pratiqué par certaines cliniques de Barcelone (haut lieu de l’avortement hors délai) auprès des Françaises qu’une mauvaise application de la loi Veil condamnerait à avorter ailleurs qu’en France. Déjà, en 1974, pour faire passer la loi Veil, on invoquait le mercantilisme, les mauvaises conditions des avortements clandestins, les accidents. Maintenant que la loi existe, on en dénonce la mauvaise application. Trente-trois ans après le vote de la loi, l’information s’avérerait insuffisante, les moyens seraient réduits, les médecins réticents… toutes choses restreignant l’exercice du “droit” à l’avortement et forçant les femmes à passer les Pyrénées. (…) "Lex injusta, lex nulla" (“Loi injuste, loi nulle”), dit l’adage latin. »
    B. de Givry (“Famille chrétienne”, 9-15 juin)
    Les vieux adages de droit romain impressionnent toujours le lecteur, mais il ne faut pas oublier que le pire revêt souvent l’apparence du droit dans nos sociétés modernes, justement, et que les barbares savent très bien manier les sophismes juridiques eux aussi.
    N'empêche, sans cet article signé B. de Givry dans "Famille chrétienne", j'aurais pu croire que j'avais Télérama ou La Vie entre les mains.

  • Clair comme de l'eau de boudin

    Pendant la campagne présidentielle, tous les canards les plus monomaniaques, Le Chasseur français, Philosophie Magazine, Jogging International, un à un ont recueilli solennellement les promesses des candidats, qui ont répondu aussi poliment que possible (mention spéciale aux photos de Philippe de Villiers en équipement de footballeur qui tente de faire un retourné acrobatique dans L’Équipe magazine et tient à préciser qu'il aurait pu être sélectionné dans une équipe de "pros" ; je sais maintenant pourquoi il y a quelques ouvriers et quelques bobos qui ont quand même voté pour lui).

    Dans la petite bafouille du secrétaire de Sarkozy adressée à Beaux-Arts magazine, un nom est cité : Anselm Kiefer. Bravo, ce mec a tout compris à l’art contemporain ! Dans un cocktail ou un dîner bobo, l’important c’est de citer le nom d’un artiste (“Name dropping”), Werner Büttner ou Dietmar Ganzverrückt, par exemple, sont mes “names” préférés ; que le type existe vraiment ou pas n’est pas fondamental, ce qui compte, en revanche, c’est que ce soit un nom allemand. Les noms français comme Raoul Duchemin ou même André Zweiglück sont complètement “out” en ce moment, et, avec un nom chinois, vous risquez de ne pas le prononcer comme la moyenne et de faire rire tous les jobards autour des petits fours (Il n’est pas interdit, surtout si on n’a pas été invité, de faire une razzia).

    *

    Anselm Kiefer existe vraiment, lui, c’est pas très difficile à vérifier, hélas.
    Le choix d’Anselm Kiefer est bon pour incarner l’art sarkozyste, d’ailleurs, car l’art de Kiefer est “rassembleur”.
    Je ne vais pas faire mon critique d’art contemporain, Jean Clair ou Catherine Millet font ce job mieux que moi, ils maîtrisent mieux le vocabulaire technique. Mais rien que quelques petits prolégomènes coruscants en passant, juste comme ça, sur Kiefer, on me le pardonnera facilement, j'espère :

    Donc "rassembleur" parce qu’on n’est pas dans la modélisation 3D de crottes de biquette anthropomorphiques, ni dans le “dripping” de règles de petites japonaises à peine nubiles sur écran plasma, qui pourraient choquer le bourgeois (pour les bourgeois, le plasma c’est sacré) ; et qu’on n’est pas non plus, au contraire, dans le post-impressionnisme ringard, une préoccupation de rendre la lumière qui s’accroche au bord des feuilles des rhododendrons fraîchement arrosés au crépuscule, qui ferait courir le risque de s’aliéner la jeune génération.
    Kiefer est à mi-chemin entre Corot, ce qu’il y a de plus caractéristique chez Corot, la représentation morne et plate, bien encadrée, paradoxale par conséquent, d’une nature exubérante, sans autre talent que la sincérité, à mi-chemin entre Corot et le “n’importe quoi” de Marcel Duchamp, ou son “tout pour se faire remarquer”, une chaise de jardin qui vous interpelle, en fibre de carbone et à laquelle il manque un pied, pour montrer qu’on a “évolué”, c'est important d'évoluer.
    Kiefer peut donc plaire, non seulement à Jean Clair, mais encore à tout le monde.

  • L'aveu

    Confier la responsabilité à Beigbeder de la campagne du Parti communiste en 2002, c’était déjà une manière d’admettre que le PC n’intéresse plus que les bobos.

    Mais le refus du parti, le "niet" de la camarade Marie-Georges, pour rembourser une partie des dettes de la dernière campagne d’affichage, de se séparer de la “Joconde de Marcel Duchamp”, dont il est propriétaire et qui a connu une forte “plus-value”, comme on sait, ces dernières années, alors là c’est carrément un aveu ! l’aveu que le PC se contrefiche bien de la cause du peuple, que c’est le cadet des soucis de messieurs les derniers députés et sénateurs communistes.
    Un urinoir, pour un ouvrier, ça sert à pisser dedans, et pas à autre chose, sauf à se laver les pieds à la rigueur. L’“art” de Duchamp, c’est une préoccupation de bobos - à la rigueur des bobos issus de milieux ouvriers et qui veulent se hisser jusqu’à l’art sans en avoir les moyens.

    *

    Lorsque le Parti communiste disparaîtra complètement, que les blagues sérieuses de Marcel Duchamp sentiront trop la naphtaline, même pour les académiciens du “Monde” ou du “Figaro”, qui est-ce qui le regrettera, le PC, à part Beigbeder, Jean-Pierre Elkabbach, Roger Hanin, quelques bobos - mais déjà la plupart se sont reportés sur Bayrou -, quelques vieilles carmélites lâchées dans la nature, ou encore quelques vieux “barons gaullistes”, en souvenir de la complicité et des accords électoraux avec le PC ?

    Le vote communiste, c'était aussi comme les indulgences de jadis, le moyen pour les bourgeois les plus cyniques de s'acheter une bonne conscience… à ceci près que le vote est un acte gratuit, bien sûr.

  • Mesure d'urgence

    Jamais pu regarder un film avec Serge Brialy en entier. Ni lu son “best-seller” ; je n'ai donc pas versé de larmes de crocodile sur son cadavre l'autre jour ; là n’est pas le problème, mais j’ai noté que Jacques Chirac, à l’occasion de ce décès médiatique, s’est fendu d’un communiqué officiel déplorant la perte d’un "homme immensément talentueux, d’une grande culture, assortie d’un humanisme sans faille…", bref le blabla habituel. Quand s’arrêtera-t-il donc, Chirac ? On le croyait démis de son organe présidentiel, profitant des avantages d'une retraite plus que méritée, mais visiblement il continue d’exercer un des pouvoirs du "domaine réservé" du président. Notre pays souffrirait-il d’un déficit de déclarations officielles lorsque meurt une star du "show-business" ?

    *

    De manière générale, le problème des présidents de la République à la retraite, eu égard à l’allongement de la durée de la vie, se trouve posé de façon plus itérative et prégnante, comme diraient Elkabbach ou Guillaume Durand pour paraître plus malins que Jean-Pierre Pernaud.
    On a déjà eu Giscard et son projet de constitution catastrophique, catastrophique pour les Européens convaincus comme moi, parce qu’il a contribué a donné un couleur juridique, philosophique et idéologique à l’Europe, alors qu'elle devrait être une épopée. Et maintenant, on a Chirac par surcroît, qui se sent investi d’une mission, lui aussi ! Et il se garde bien de dire laquelle, pour pouvoir débouler à l'improviste sur n'importe quel sujet, la mort de Brialy ou de Roger Hanin, le dernier saut de Nicolas Hulot sur la planète, un regain du "Front national" qu'on attendait plus dans une-grande-démocratie-comme-la-nôtre, nourrie au lait de la culture par Arte et divertie par TF1 ("On ne peut quand même pas être sérieux tout le temps."), etc., c'est pas les grands sujets qui manquent.

    À la place de Sarkozy, j’inscrirais vite fait dans la Constitution, puisqu'elle est faite pour ça, le droit - "opposable" évidemment -, des présidents de la République sortants à fermer leur gueule, sous peine de perdre leur véhicule de fonction et leur chauffeur ; sinon il n’a pas fini d’être emmerdé par les "initiatives" de Chirac ou de Giscard ; surtout qu’il va y avoir comme un regain de concurrence entre les deux ex.

  • Un reste de galanterie

    Je me suis laissé aller, hier, à commettre un acte de galanterie inhabituel de ma part, puisque j’ai charrié les provisions d’une voisine jusqu’au cinquième étage - et pas qu’un petit sac avec deux boîtes de LU, je vous prie de croire. Un coup à me faire virer du "Club des Misogynes" si je n’en étais pas le président et le seul membre vraiment actif.
    Il faut dire qu’elle est plutôt gironde, cette voisine ; des yeux verts, des cheveux rouges (faux), et un cul canon, bien qu’un peu tordu. Dans l'ensemble, je suis d'ailleurs plutôt gâté question voisines.
    J’ai été étonné que celle-ci ne m’invite pas ensuite à boire un verre, vu qu’elle est célibataire. Les codes ont changé. De mon temps, pas si ancien, une gonzesse qui acceptait qu’un type lui trimballe ses courses jusqu’au cinquième étage, c’était déjà une manière d’accord tacite. Elle savait qu'une jolie fille peut difficilement vivre seule sans faire de compromis, ne serait-ce qu'un petit baiser gentil.

    *

    Je regarde maintenant les gonzesses de moins de vingt-cinq ans comme des êtres venus d’une autre planète et je suis curieux de leurs mœurs nouvelles. Du coup, malgré ma volonté de ne pas tomber dans le panneau, je reste perméable à leur charme, un charme exotique en quelque sorte.
    J’en ai connu une, elle voulait bien que je la baisouille et que je la lèchouille d’un peu partout, mais pour le reste, que dalle !? Pas moyen de savoir exactement le motif ; pas eu le temps, vu que les léchouilles, moi, au-delà d’une semaine, ça me file des crampes. Je l’ai lâchée, ça n'a pas été une décision facile à prendre parce qu’elle me faisait penser à Marie-Antoinette, la reine, un genre plus rare que les imitations de Jackie Kennedy ou de Joan Baez.
    En outre, elle s’enduisait de crème tous les soirs de la tête au pied avant de se coucher ; c'est complètement idiot mais ça m'impressionnait beaucoup.
    Cette jeune génération de gonzesses, à quelques exceptions près, donne le sentiment d’être très très peu sexuelle, de préférer la télé ; on peut comprendre, après, l’agressivité de beaucoup de jeunes types dans la rue, dans le métro, le RER…

  • Revue de presse (III)

    « Dans la librairie "Le Paillon", rue Georges-Villa, à Nice, je trouve, outre un fac-similé de Doriot ou la vie d’un ouvrier français, de Pierre Drieu la Rochelle (8 €), La Croatie sentinelle de l’Occident de Christophe Dolbeau (Arctic, 24 €). Antiserbe notoire (…), Dolbeau collabore à Rivarol et Écrits de Paris. On lui doit aussi une monographie d’Ante Pavelic, le leader nazi croate, qui ne doit pas être piquée des vers.
    (…) Sur la période la plus sombre de l’Histoire croate - 1941-1945 -, Dolbeau reste mesuré. Il minimise la responsabilité d’Ante Pavelic dans l’arrestation et la déportation de 1700 juifs zagrébois. (…) Le massacre des Serbes de Croatie ? “Représailles aveugles que les opérations de tchetniki (popes en tête) entraînaient parfois.” Il sourit à la déclaration de guerre le 14 décembre 1941, de la Croatie aux États-Unis et à la Grande-Bretagne, tentant de la faire passer pour un trait humoristique, une blague de potache. »
    Patrick Besson (“Le Point”, 26 avril)
    La chronique est illustrée par une photo d’Ante Pavelic en compagnie d’Hitler. Didier dénonce… Patrick aussi !

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    « Notre (sic) Palme d’or va à Quatre mois, trois semaines et deux jours du Roumain Cristian Mungiu. (…) si tout y manifeste l’horreur absolue du crime, tout tend à rendre souhaitable l’avortement légal. C’est d’ailleurs vraisemblablement la position du réalisateur. Le militant pro-vie (resic) peut aussi bien le ranger dans sa vidéothèque que son adversaire (…). »
    Edouard Hubert (“Famille chrétienne”, 2-8 juin)
    Tâchons de traduire les propos jésuites de ce critique de cinéma au service des familles chrétiennes : Christian Mungiou est favorable à la légalisation de l’avortement, ça on le savait déjà vu que tous les gros médias le répètent depuis une semaine, mais son film ne va pas spécialement dans ce sens, c’est ça ? Donc c’est un imbécile qui ne sait pas ce qu’il fait avec une caméra, et cet Édouard Hubert applaudit du cinéma d’imbécile.
    Quoi qu’il en soit on est assez loin du conseil d’objection de conscience donné par Benoît XVI en faisant de la publicité à un cinéaste favorable à l’avortement. Je sais bien qu'il ne faut pas trop en demander à un cinéphile…


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    « - À part Le Plaisir, quels sont vos films préférés ?
    - David Lynch, j’ai adoré, et puis ça m’a passé. Pareil pour Lars Von Trier (…). Récemment, j’ai revisionné des Antonioni, j’ai été déçue. »
    Interviou de Christine Angot (“Première”, mai 2007).
    On ne peut pas dire que comme écrivain, Angot casse des briques, mais comme critique de cinoche, on a connu pire.

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    Un bon Cabu dans Charlie-Hebdo. Ils devraient virer les philosophes, les économistes et les éditorialistes, à Charlie, et ne garder que les (bons) dessinateurs, sinon ils vont finir complètement "bobos" :
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    Et un dessin de Catherine, toujours dans Charlie-Hebdo :
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    « Mais que M. Besson, après avoir insulté successivement Sarkozy au service de Ségolène Royal, puis Ségolène Royal au service de Sarko, se retrouve secrétaire d’État aux petits pois en boîte dans le nouveau gouvernement, relève du mépris et de la provocation. »
    Jacques Julliard (“Le Nouvel Obs”, 24-30 mai)
    De toute l’espèce des éditorialistes chiants et autres médiateurs hypocrites, en voie de prolifération, s’il fallait en sauver un, c’est J. Julliard que je sauverais. Dans le même édito, Julliard s’étonne qu’on ait nommé un autre déserteur, Hervé Morin, à la tête des armées. Il a raison, ce qui compte en politique, au-delà des drapeaux idéologiques, socialiste, libéral, nationaliste, c’est le choix des hommes, et ce Besson-là, c’est pas un double profil qu’il a, mais une double face.

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    Mais le bon sens de Julliard ne suffit pas à compenser les tartines de lieux communs de Jean Daniel ou de François Reynaert, comique pas drôle à succès.
    Le plus intéressant dans le Nouvel Obs, comme dans “Libé” d’ailleurs, ce sont les petites annonces. “Si tu veux connaître un journal, lis ses petites annonces.” (proverbe marxiste).


    - « Détenu, 28a, invite visiteuse de prison jolie et sympa ; merci. Écrire au journal. »
    Les détenus abonnés au “Nouvel-Obs” sont bien élevés ; celui-ci n’a pas précisé “vieille peau s’abstenir”. Ça doit être le dernier moyen d’échapper à la routine pour les bobos, la visite de détenus.

    - « F. 65a auteure ch. H. askhénaze heureux ou sépharade cultivé pr converser et voyager. »
    Il n’y a guère que dans le Nouvel Obs qu’un tel humour raciste est possible. Humour éculé vu que cette vanne est dans tous les recueils de blagues juives.

    - « Kim 28a, sensuelle Eurasienne un peu soumise ch. Maître mais pas trop cruel. »
    …ou l’éloge du sado-masochisme conforme aux Droits de l'Homme.

  • Baudelaire s'éloigne

    À la limite, contre Céline, la position de Charles Dantzig, le chouchou des lectrices de Elle en 2006, qui juge que Céline écrit comme un chauffeur de taxi, ça vaut mieux que tous ces hypocrites qui font le distinguo subtil entre l’homme, auquel on doit refuser de serrer la main, et l’écrivain, dont la jactance fait passer Gide ou Camus pour de vieilles momies à côté.
    Ils veulent gagner sur tous les tableaux, tandis que Dantzig, lui, il n’aime pas les idées de Céline, alors il essaie de l’égratigner, c’est logique, quitte à se discréditer en tant que critique (sauf auprès des lectrices de Elle, bien sûr).
    Il fait ça pour tous les écrivains un tant soit peu politiquement incorrects, Dantzig, au passage, de Bloy à Céline en passant par Waugh, Aymé, Barbey - peut-être pour être sûr d’obtenir la voix de Jean d’Ormesson quand il se présentera à l’Académie, il a le profil.

    *

    Sinon j’ai écouté un type interviouvé par ce lèche-bottes de Frédéric Taddéi, un “agent littéraire”, un certain "Samuelson". Paraît que c’est l’agent de Houellebecq, en particulier ; comme si c’était pas assez moche que des types comme ça existent, il faut en plus qu’on les invite à causer à la radio, et de littérature en plus ! Donc Houellebecq prépare vraiment un film, financé par Lagardère ; Baudelaire s’éloigne de plus en plus, on dirait ; comme si les navets existentialistes de Catherine Breillat ou de BHL, ça ne suffisait pas…