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  • Augustin et l'Antéchrist

    J'ai récemment dissuadé mon pote Fodio de se lancer dans la lecture de la théologie d'Augustin d'Hippone. J'étale ici un peu mieux mes griefs. D'abord le style d'Augustin est habituellement spéculatif, et ne va pas assez à l'essentiel, bien qu'il ne soit pas entièrement hypothétique comme le style de Blaise Pascal, apprécié des amateurs de noeuds de cravate.

    Mais surtout, Augustin se fie pour la "philosophie naturelle" à Platon, qui ne diffère pas des Egyptiens, dont le seul souci est l'ordre ou la vertu, et rien d'autre. Les chrétiens n'ont pas de bonne raison pour ressusciter ce que la Mer Rouge à englouti : l'éthique, que la métaphore de "mer rouge" restitue parfaitement, vu le nombre de crimes qui ont été commis en son nom.

    L'Allemagne est d'ailleurs un pays de néo-platoniciens, et on peut dire de Platon qu'il est la matrice intellectuelle de l'éthique nazie. Comme je n'ai pas encore trouvé de néo-platonicien allemand à la hauteur de Platon, j'en conclus la haine de cette nation pour le progrès. Même Nitche, après avoir fait l'éloge du dieu du carnaval et de la fête de la bière, est bien obligé de reconnaître qu'on ne peut pas célébrer Dionysos tous les jours.

    Sur ces entrefaites je me suis décidé à lire la "Cité de Dieu", qui ne désigne pas dans le christianisme la République de Platon, ni Rome, la Cité du Vatican, mais la "Jérusalem céleste", c'est-à-dire l'Eglise chrétienne immortelle. Sur ce point Augustin ne dévie pas du christianisme dont les buts métaphysiques renversent le procédé de l'ordre naturel sur lequel les civilisations païennes sont fondées, avec probablement un surcroît de science physique chez les Egyptiens, par rapport à toutes les civilisations suivantes, ce qui explique la fascination à travers les millénaires des alchimistes, architectes, hommes de loi (Montesquieu), et autres polytechniciens pour cette formule mathématique la plus parfaite. On peut même dire, bien que ce fut une théocratie inflexible, que les Egyptiens ont inventé l'utopie démocratique, hypothèse nettement moins élégante que les pyramides, mais non moins religieuse.

    Dans ce chapitre, Augustin n'est pas plus sûr de lui ; la formulation mythologique de l'apocalypse de saint Jean, à l'instar de nombreux passages du "vieux testament" des juifs, étant faite pour le dévoilement progressif et une meilleure conservation de l'esprit que cette mythologie recèle, offre en effet pas mal de résistance à l'esprit qui veut les traduire ; cela pour donner la mesure de l'extraordinaire travail d'élucidation entrepris par Shakespeare-Bacon.

    Augustin, donc, sur l'Antéchrist ("Cité de Dieu", XX, XIX) :

    "Je vois qu'il me faut passer sous silence de nombreux témoignages de l'Evangile et des apôtres sur ce dernier jugement, de peur que ce Livre ne prenne de trop longs développements ; mais il est impossible d'omettre ces paroles de l'apôtre Paul aux habitants de Thessalonique : "Nous vous prions, dit-il, mes frères, par l'avènement de notre Seigneur Jésus-Christ et notre union en lui, ne vous laissez pas surprendre dans votre foi, ni épouvanter par aucune prophétie, aucune parole, aucune lettre que l'on supposerait venir de nous, comme si le Seigneur était imminent : mettez-vous en garde contre toute séduction. Ce jour n'arrivera point que l'apostat ne vienne, et que l'homme de péché ne paraisse, ce fils de mort, cet adversaire qui s'élève au-dessus de tout ce qu'on appelle Dieu, de tout ce qu'on adore, jusqu'à s'asseoir dans le temple de Dieu, s'offrant lui-même comme Dieu. Ne vous souvient-il pas que je vous disais cela quand j'étais encore avec vous ? Et vous savez ce qui le retient, afin qu'il paraisse en son temps. Car déjà s'accomplit le mystère d'iniquité. Seulement que celui qui se tient maintenant, tienne toujours jusqu'à ce qu'il se retire. Et alors se découvrira l'impie que le Seigneur Jésus tuera d'un souffle de sa bouche et dissipera par le resplendissement de sa présence ; l'impie qui doit paraître dans toute la puissance de Satan, multipliant les miracles, les signes et les illusions du mensonge, et les séductions de l'iniquité pour ceux qui périssent faute d'accueillir l'amour de la vérité qui les eût sauvés. Et c'est pourquoi Dieu suscitera contre eux une telle puissance d'erreur qu'ils croiront au mensonge ; afin que ceux-là soient jugés qui n'ont pas cru à la vérité, mais prêté consentement à l'iniquité."

    Nul doute qu'il ne parle ici de l'Antéchrist ; et que le jour du jugement (qu'il appelle jour du Seigneur) ne doive venir après l'avènement de l'apostat, déserteur du Seigneur notre Dieu. Car si ce nom convient à tous les impies, combien plus encore à celui-ci ? Mais en quel temple de Dieu doit-il s'asseoir ? Est-ce dans les ruines du temple bâti par Salomon, ou dans l'Eglise ? Car l'apôtre ne donnerait pas au temple d'une idole, au temple du démon, le nom de temple de dieu. (...)"

     

  • Pédérastie et sacerdoce

    C'est le même mouvement qui provoque dans l'Eglise romaine les prêtres et les pédérastes. Ces deux genres de personnes sont d'ailleurs mues par le désir antichrétien de servir la société, bien que leurs utopies divergentes les mènent à s'affronter inutilement, et dans des termes juridiques assez spécieux pour ridiculiser l'esprit humain.

    Accessoirement, ce mouvement explique que les remèdes envisagés par cette Eglise pour éviter les débordements criminels en son sein soient non seulement vains, mais l'entraînent dans la voie du péché contre l'Esprit, en substituant au message véritable de paix et de vérité chrétien, une thérapeutique nécessairement démoniaque, visant la vertu et non le salut ou la liberté.

    Il est d'ailleurs aussi facile de psychanalyser une institution ou une personne morale (puisque celle-ci répond à la seule nécessité psychanalytique), qu'il est impossible de la réformer.

    Cette remarque illustre suffisamment pour un homme un tant soit peu viril la détermination féminine de l'Eglise catholique romaine, et qu'elle est avant tout destinée à servir le sexe et non le salut. De là des plaisantins qui n'hésitent pas à se faire les avocats d'un "érotisme chrétien", qui situe automatiquement la personnalité de leur "sainte mère l'Eglise" au niveau de celle d'Eve. "L'écologie chrétienne", non moins grotesque, est parcourue par la même veine de pornographie masquée sous les jupes de la vertu. Il n'y a bien sûr plus aucune excuse depuis Jésus-Christ pour Adam à se laisser attirer par l'arbre de la vertu ou de l'éthique.

    De l'observation patiente de ce phénomène au sein de l'Eglise romaine, d'hommes contraints dans un devoir social non élucidé par son clergé, autrement que par des calembredaines ou des mensonges éhontés, et bien que je n'ai pas subi de la part de cette société-là plus de violences qu'un homme est en droit d'attendre d'une société en général, j'ai tiré la conclusion d'une fuite nécessaire pour mon salut, hors de cette grotte dont les solutions miraculeuses n'ont rien de métaphysique.

    La raison chrétienne de haïr la société est fournie par Shakespeare : la société commence par priver l'homme de la possibilité de s'aimer, condition "sine qua non" pour pouvoir aimer autrui vraiment, en dehors du terrible système de régulation des besoins qu'on appelle "société", blanchie par les pharisiens à mesure du temps, avec une frénésie d'autant plus démoniaque qu'en enflant, la société a pris une figure qui, sans ce maquillage, la rend d'autant plus identifiable avec l'enfer.

    Ne jamais dire "amen" tant que rien n'a été encore accompli. Ou ne le dire qu'à l'heure de sa mort, surtout quand on est une "personne morale", puisque la mort est la seule fin des personnes morales ou de la culture de vie païenne.

     

     

  • L'imposteur Plunkett

    Ma constance à dénoncer l'imposture du journaliste Patrice de Plunkett et son antichristianisme, est aussi forte que celui-là est déterminé à fermer la porte de son blogue à quiconque n'est pas un client potentiel de sa littérature.

    Léon Bloy, "catholique romain" comme Plunkett, souligna néanmoins l'infâmie qu'il y a à exercer le métier de journaliste : hélas, le pauvre Bloy ne se doutait pas que la publicité commerciale, moins présente de son vivant, ferait qu'on vendrait un jour des polices d'assurance, des voitures ou des avions de chasse au nom de Jésus-Christ, tout en mettant un terme à la liberté d'expression de cette façon.

    On n'est pas obligé d'acheter "Le Figaro" quand on tient la valeur éditoriale de ce journal pour nulle, ou la pornographie élégante de son supplément pour secrétaires de direction pour une injure à l'esprit français humaniste. Mais, s'agissant d'internet, il en va pour moi autrement : je considère ce terrain, non pas comme le prolongement naturel du discours publicitaire en provenance des hautes sphères de la société civile, mais comme le lieu de la reconquête par les milieux populaires français de l'intelligence, d'excavation des lupanars séduisants où l'élite française a maintenu ces milieux, afin de mettre au service de la mastication sociale de l'homme par l'homme ceux qui précédemment servirent aux machines et aux canons des mêmes maîtres.

    C'est encore un "catholique romain", Georges Bernanos, qui prétend que la "Libération" fut un mensonge plus grand encore que la collaboration. Or la propagande de Patrice de Plunkett peut se résumer au double effet qu'elle a de censurer le propos de Bloy : La presse subventionnée par la société civile française est une puissance occulte ; et celui de Bernanos : Les partis politiques qui se sont emparé du pouvoir à la Libération en France n'ont rien fait pour réduire l'iniquité des régimes précédents, abaissant l'esprit critique des Français à un niveau inédit de bêtise.

    Ici j'en profite pour compléter l'avis de Bernanos : il est hautement probable que la plus grande peur des "bien-pensants", dont P. de Plunkett ne fait que grossir la meute, est que la société dont ils passent leur temps à justifier le point de départ, l'évolution ou la solution finale, cette société n'a aucun sens en dehors de celui qui pousse les particules élémentaires à s'agglomérer entre elles ; et, par conséquent, que l'absurdité grandissante des moeurs occidentales n'entraîne de la part des "bien-pensants" un délire de justification consécutif, pléthore de théories de réforme qui, comme les mondes multiples ou le purgatoire, ont pour but de rassurer les "bien-pensants", de les disculper bien plus qu'autre chose.

    Ophélie, sainte patronne des bien-pensants catholiques, ayant vu qu'aucun de ses mobiles ne pouvait convaincre Hamlet, met aussitôt fin à ses jours, vu que l'absence de mobile équivaut pour le bien-pensant à une condamnation à mort.

    - L'accusation à l'encontre de P. de Plunkett, exactement comme le pape, est de graisser les rouages d'une mécanique sociale qui tourne à vide. Si Plunkett était mécanicien ou publicitaire, il ferait son métier sans que j'y trouve à redire, mais c'est l'usage de l'argument chrétien qui est scandaleux de sa part, au service d'une cause qui n'a pas plus de fondement chrétien réel que le stalinisme, le régime de Louis XIV ou la constitution des Etats-Unis.

    Plunkett veut qu'on prenne les argousins de la pensée démocrate-chrétienne retranchés à Bruxelles dans leurs exercices comptables scabreux - leur défi au Ciel -, pour d'authentiques défenseurs de la vérité. Et ça ne devrait plus être possible. La tactique est d'ailleurs grossière et doit être concertée dans quelque "Rotary-club chrétien", puisqu'elle est imitée par d'autres représentants de commerce chrétiens, sur le mode : "Tant que l'économie libérale, à laquelle nous n'avions rien trouvé à redire quand elle garantissait un rapport suffisant, tant que ce système d'enrichissement sans cause et de vassalité à l'échelle mondiale connaît des ratés, feignons de partager la déception de l'opinion publique, déçue par le modèle économique libéral, tout en continuant de faire croire qu'il est une économie libérale qui, dans l'absolu, peut se passer du rapport de force et de l'exploitation, contrairement à la démonstration de Marx que ça n'est pas possible ; deuxièmement, faisons croire que le mobile économique est compatible avec le christianisme, alors même que les apôtres, mettant leurs biens en commun, ont privé la monnaie de son infernale nécessité."

    Cette tactique est cousue de fil blanc, et le fait de tous les partis libéraux en ce moment. De François Hollande déclarant qu'il n'aime pas l'argent, de Barack Obama lâchant des services sociaux pour acheter la paix sociale dans son pays, de BHL propageant la démocratie et les droits de l'homme dans tous les pays qui ne sont pas des clients privilégiés des industriels de l'armement français, de N. Sarkozy pointant du doigt la responsabilité des "traders" et des excès du "néo-libéralisme".

    Elle signifie, sur le plan politique étranger au message évangélique, selon tous les théologiens appuyés sur un minimum de logique, que la démagogie et le populisme viennent bien de l'élite et non du peuple, qui à force d'iniquité ne peut plus réagir que comme une bête coincée dans une impasse, parce que les élites se sont efforcées d'empêcher dans le peuple tout effort individuel de libération, et d'abord en censurant dans le christianisme tout ce qui permet de comprendre qu'il échappe à toute forme de récupération éthique ou politique.

  • Prière anticapitaliste

    Faites, mes frères qui êtes aux Cieux, que votre esprit de feu empêche les pharisiens qui parlent au nom de Jésus-Christ d'ourdir et de prôner le mensonge du cercle vertueux de l'argent ou de la société, là où il n'y a jamais eu qu'une roue de torture inique, instrument de désolation des plus faibles afin de servir la consolation des puissants, figés dans la peur de n'avoir été, de n'être ou ne devenir rien d'autre que de vagues souvenirs, tels que les morts s'échangent entre eux au sein des cimetières.

    Que votre esprit procure la franchise à ceux qui ne sont pas encore assez vermoulus pour la supporter, ou qu'il soit la colère foudroyante promise sur les dernières racines du figuier de l'éthique judéo-chrétienne de l'assassin.

     

     

     

  • Jésus selon Petitfils

    L'universitaire athée Jean-Christian Petitfils a pondu un bouquin sur "Jésus", le sauveur des chrétiens, qui témoigne de la bizarrerie de notre époque où l'Université est en pointe. Je dis "athée", car ce bouquin n'est pas pour les chrétiens, qui reliront avec beaucoup plus de profit les évangiles.

    Comme les athées se piquent de science, et qu'elle conduit leurs pas sur le chemin de la connaissance ultime en forme d'oreille (c'est très chiant la science athée, parce qu'on en connaît déjà la fin depuis le début), la compilation de Petitfils se veut scientifique. En gros, c'est une compilation des documents historiques attestant de la vie de Jésus, à quelques années près. Petiitfils dit "sept" : toute la ressource du savant moderne est dans le détail, et il se comporte plus comme un instrument de la science, que comme un véritable savant. La science moderne, du point de vue chrétien, ressemble à s'y méprendre à une ésthétique, et donc à une posture. Il est plutôt désopilant ce goût de la science, quand l'inconscient collectif moderne exige que tous les points de vue se valent.

    L'universitaire se méprend doublement, sur l'athéisme moderne et sur le christianisme. Ce n'est pas tant que les athées modernes ne croient pas que Jésus-Christ a réellement existé, mais ils ne veulent pas le suivre - ils ne l'aiment pas -, c'est bien différent ; ils préfèrent suivre la musique.

    J'imagine que Jean-Christian Petitfils a voulu suppléer aux déficiences de l'enseignement laïc républicain, qui ne s'intéresse qu'à lui-même, et ne dit pas toujours clairement son nom d'instruction civique. Les sectateurs de la République laïque reproduisent en fait ce qu'ils disent souvent détester le plus : le catéchisme. Ici on remarque que la philosophie des Lumières procède bien différemment : d'abord parce que les philosophes des Lumières ne croient pas positivement que dieu n'existe pas, ensuite parce que c'est l'enseignement de l'Eglise romaine que les Lumières critiquent ou contestent, en connaissance de cause. Au total, le bouquin de Petitfils est le point de vue de cet auteur sur le christianisme, qui n'en tolère pas puisqu'il conçoit la vérité comme étant indivisible.

    La découverte récente des manuscrits de la Mer Morte confortera peut-être ceux qui doutent, mais le christianisme n'est pas fondé sur la foi. Contrairement à l'allégation mensongère de cet universitaire, la résurrection du Christ n'est pas une "question de foi", mais un fait historique, c'est-à-dire scientifique. Je reprends ici une explication de Guy Debord dans "La Société du spectacle". L'homme n'est du point de vue chrétien qu'une hypothèse, comme toutes les choses vivantes. La réalité pour un chrétien est métaphysique ; autrement dit, la résurrection qui est métaphysique, c'est ça qui pour un chrétien est scientifique, c'est-à-dire le début de l'apocalypse. Ainsi, un savant chrétien à la logique rigoureuse comme Francis Bacon, qui ne se préoccupe que secondairement des questions de mathématique ou de foi, considère la résurrection comme un fait historique ou scientifique, et non comme un objet de spéculation, ainsi que l'homme l'est pour lui-même, afin de se réconforter entre deux catastrophes.

  • Pornographie et nazisme

    Le caractère pornographique du nazisme a été précisé par une essayiste britannique dont le nom m'échappe, avant que ce thème ne soit repris dans le roman à succès de l'écrivain yankee Johnatan Littell ("Les Bienveillantes"), dont le héros sadique est imprégné de culture, en même temps qu'il est hanté par des fantasmes sexuels incestueux - une sorte de Marquis de Sade, du point de vue français, puisque ce dernier n'était pas exempt du vernis culturel de sa caste.

    La culture de Sade est monomaniaque et ennuyeuse comme l'étalage des techniques et prouesses sexuelles dans l'art ou la littérature, mais elle permet mieux à mon sens que le pavé du Yankee d'établir le lien entre la culture et la propriété, dont Sade fut un aussi virulent défenseur que du viol. Il faut dire à la décharge de Sade, comme à la décharge des soldats nazis, qu'ils furent entraînés très jeunes à défendre la propriété "par-delà bien et mal", comme disent les apôtres de Dionysos, c'est-à-dire jusqu'à ce que leur mobile se confonde avec celui des forces de la nature, qui frappent sans pitié.

    L'ouvrage de Littell n'était pas prédestiné à un bon accueil en Allemagne, dont le goût pour la pornographie n'a pas faibli sous le régime libéral qui a suivi le nazisme, et alors même que la société civile allemande s'emploie tant qu'elle peut à démontrer qu'elle a chassé ses vieux démons. L'Allemagne est passée du cirage au léchage de bottes de tous ceux qui se disent qu'un tel nettoyage gratis est toujours bon à prendre ; au stade pornographique, comme dans les casernes, la morale se situe au niveau de l'hygiène : le Juif, le Polonais, le Russe, ou qui vous emmerde, est assimilé à la bactérie, et c'est le minimum pour un pornocrate doté de valeurs éthiques, de s'assurer que ses ustensiles sont bien nettoyés.

    Les intellectuels fachistes français d'avant-guerre sont une autre cible de Littell, qui occulte qu'une des principales raisons de la séduction du régime nazi sur ces journalistes, poètes et écrivains, fut leur haine de la civilisation anglo-saxonne, mercantile jusqu'à l'ostentation. C'est assez curieux pour un écrivain qui s'attaque au défunt nazisme sous l'angle de la pornographie, de ne pas s'attaquer aux nations actuelles vivant sous ce régime, à commencer par la patrie d'origine de cet écrivain, les Etats-Unis, dont on voit mal comment elle pourrait se passer de la publicité commerciale, et donc de la pornographie, qui traduit le même état de frustration et d'aliénation mentale de ses citoyens que l'Allemagne de Hitler. En outre, vu l'âge des Allemands aujourd'hui, ils sucent plutôt de la glace qu'autre chose, et leur culture de vie sauvage en a pris un coup.

    L'énigme de la bestialité des nazis n'est pas bien grande : elle se nourrit de l'excitation des passions et des mirages ou du cinéma que celle-ci engendre, vieux truc multimillénaire dont les tyrans se servent pour asservir les masses, qui si elles jouissaient convenablement se tiendraient mieux à distance des chiffons rouges dionysiaques agités par leurs élites, afin d'assurer la défense de leur propriété par des robots décapités.

    Probablement l'admiration de l'universitaire démocrate-libéral pour le marquis de Sade vient-elle de ce que celui-ci était capable d'assassiner lui-même son prochain à l'arme blanche, quand l'universitaire moderne ne va pas plus loin que le cinéma et le jus de navet qui circule dans ses veines.

     

  • Krach de l'Art

    Bien qu'il peut tirer des leçons de la ruine de la civilisation, est la chose du monde qui laisse le chrétien le plus indifférent. La culture est ce qui fait avancer la société vers un point obscurs, qui demeure abstrait, et auquel la foi et la raison communes se soumettent comme à un dieu.

    La culture s'efforce de créer l'envie. Un phénomène culturel majeur, aujourd'hui, c'est la publicité. On ne pourrait l'éradiquer sans entraîner un régime nouveau, dominé par une autre sorte d'intellectuels. Seuls quelques éléments des jeunes générations souhaitent un tel schisme ou contre-culture, ayant conscience du viol que les générations précédentes leur ont fait subir. Leur nombre est surtout dans les suicidés de cette nation.

    Au contraire de la culture qui tend vers l'abstraction, l'art chrétien tend vers le réalisme et l'exposition toujours plus grande de la vérité, sans tenir compte de l'anthropologie, ou n'en tenant compte que pour mieux se préserver de ses effets.

    On comprend ici pourquoi Shakespeare s'efforce intelligemment de détruire la culture chrétienne médiévale, dans toutes ses parties et, faut-il le préciser, dans un but pacifique, la culture étant - toujours du point de vue chrétien - un instrument de mort. Ce qui attire, ou au contraire repousse l'athée dans l'art de Shakespeare, suivant sa disposition d'esprit, c'est incontestablement son réalisme, à l'exception peut-être de l'imbécile Stendhal qui n'a jamais rien compris à rien, et annonce pléthore d'ahuris qualifiant Shakespeare d'auteur baroque ou romantique, sous prétexte qu'il y a dans une de ses pièces, un personnage qui joue de la viole.

    Il faut envisager la culture, synonyme de musique, comme un mouvement. A la limite, c'est la contre-culture qui compte seulement dans la culture, car c'est elle qui engendre le mouvement, en recylant de vieilles choses pour les faire paraître neuves ou "modernes". Les efforts de Picasso naguère, par exemple, de ce point de vue social ont compté, et il est plus juste de voir Picasso comme un musicien que comme un dessinateur. C'est son aptitude à chanter un air nouveau qui redonne espoir à la société. Il est significatif d'ailleurs que, pour tenter d'annexer l'anarchiste Céline à la culture, on tente de le réduire à la musique, comme s'il n'avait pas dissuadé le peuple par ailleurs de servir de chair à canon pour les organisations internationales de paix.

    Comme toutes les choses agricoles, la culture est soumise au principe de "l'éternel retour", de la friche, de l'assolement ou de la désertification. L'agent culturel Picasso fait du recyclage ou des greffes subtiles.

    La crise de la culture occidentale est annoncée depuis le XIXe siècle, notamment par K. Marx, qui prône le réalisme et porte par conséquent un regard peu sentimental sur les fanfreluches culturelles du socialisme libéral ; Marx, qui a même prévu le priapisme intellectuel de nos élites. "Priape" est bien choisi, à cause du gaspillage de la semence, qui a le don d'excéder le peuple, moins apte à se laisser méduser par la culture que le haut-clergé, comme s'il avait le pressentiment de la mobilisation générale à quoi sert la culture, et des charniers que dissimule l'abstraction. La guerre et les charniers sont bien sûr un moment décisif de la civilisation, qui se renouvelle dans le sang bien plus efficacement que dans les plaidoyer vivrants de poètes mineurs pour convoquer la paix.

    "La beauté de la charogne" aussi, expression employée par Baudelaire, annonce le krach de l'art et l'éthique des charognards. Ces critiques sont difficiles à recevoir du point de vue de l'agent culturel, puisque la culture s'inscrit nécessairement dans un plan mathématique infini, et que le rôle de la culture est d'imperméabiliser contre la critique, de renforcer l'inconscient collectif autant que possible.

    Si le christianisme est pur de toute culture, éthique ou esthétique, ce qui lui vaut la haine de Nitche, c'est pour permettre au chrétien de mieux résister à l'éparpillement de soi engendré par le temps et toutes les disciplines qui le consacrent. Rien n'est plus incitatif à considérer la mort comme une nécessité inéluctable que la culture. On voit d'ailleurs dans l'évangile un des personnages les plus "culturels", résister à l'explication de Jésus que la mort n'est pas une nécessité absolue, mais un phénomène naturel, selon lequel l'homme peut se déterminer, ou pas : Marthe, soeur de Lazare.

    Jésus est ici fondé scientifiquement à dire que la culture exclut la liberté individuelle. Ce que la culture pose en effet comme un principe, en lieu et place de la liberté individuelle, c'est le hasard. L'historien qui tient compte de la culture pour chercher le sens de l'histoire, ramène celle-ci au destin et ne décèle dans l'histoire aucun autre sens que mathématique ou juridique, ajoutant ainsi une rangée de plus à la grande broderie des anthropologues. Ainsi du philosophe de l'histoire nazi Hegel.

    La violente détermination macabre de la culture ou de la musique a pour conséquence d'inciter l'homme, suivant son potentiel, à ordonner sa vie en fonction de sa mort, ce qui l'abaisse sur le plan de la conscience, indique Shakespeare, à un niveau inférieur à celui des espèces animales, qui n'ont même pas d'effort culturel à produire pour arriver au même résultat.

  • Politique et littérature

    Il paraît qu'il n'y a pas besoin d'être pédéraste pour lire Proust. Parce qu'il n'encule que les mouches ? Dans ce cas il faut être homosexuel ET fonctionnaire.

    Il paraît qu'il n'y a pas besoin d'être antisémite pour lire Céline. Parce qu'il annonce d'autres génocides sous le prétexte démocratique ?

    Et est-ce qu'il ne faut pas être un vieux sphinx cancéreux pour lire Machiavel ?

     

  • L'Avenir de l'Homme

    ...est une femme. Tous les clients de l'avenir se font avoir comme le client du marchand de bagnoles. Le bon gros Apollinaire, tout de même vaut mieux qu'Aragon quand il dit : "Aujourd'hui, la poésie, c'est la publicité."

    C'est plutôt pathétique de vouloir séduire les gonzesses avec des petits recueils de vers à la mords-moi-le noeud, à l'ère de l'automobile et des slogans publicitaires ; à moins de courir après les vieilles filles. Si Aragon a une idée aussi grandiloquente de la femme, c'est bien sûr parce qu'il est pédéraste. Il y a un moment où même une femme normale se dit qu'autant d'éloges, ça cache quelque chose.

  • J.0. de Londres (2)

    Croire que "l'essentiel, c'est de participer" aux J.O., comme feu le baron crétin de Coubertin, est exactement aussi stupide que la foi dans la démocratie. On voit d'ailleurs que ces deux mythomanies s'entretiennent mutuellement.

    On voit aussi que c'est le principe de la compétition qui dément le baron de Coubertin, et les derniers jobards qui ont foi dans la démocratie. Observez enfin les "sportifs de haut niveau" : l'esclavage dans lequel ils sont tenus, est typique de l'esclavage démocratique. C'est au nom du bien commun qu'ils s'adonnent à leurs entraînements pernicieux pour la santé. La pêche à la ligne, qui n'est pas au programme des jeux, ne doit pas être démocratique ; c'est d'ailleurs l'activité typique qui est reprochée aux mécréants lorsqu'ils s'abstiennent d'aller déposer leur bulletin dans l'urne. En démocratie, il faut pratiquer la chasse, mais sans le dire.

    Devinez à qui profite le fait de nier la compétition : au loup, ou à l'agneau qui vient de naître et vient s'abreuver dans la rivière de la démocratie, comme si c'était une onde pure ?

  • Comme le Serpent

    Régulièrement, comme le serpent, le langage opère sa mue. Le Dr Destouche-Céline lui a fait effectuer la dernière. Les vieilles peaux n'aiment pas ça : elles se sentent rejetées. Les amoureux du langage ne s'expriment pas, ils sifflent, et dans certains cas de passion extrême, il faut parler le langage des animaux pour les comprendre.

    Le style de Céline est entièrement médical : il recoud toutes les sutures qui allaient sauter, et sur sa table d'opération, l'inconscient social apparaît dans toute sa hideur ; au lieu de l'âme, on voit les organes mal en point.

    Si l'on aime les boas empaillés : lire Proust ; si on défait toutes les bandelettes, on finit par trouver un tout petit squelette décharné de foetus de serpent.

  • La Femme adultère

    Si la plupart des artistes préfèrent les putains aux femmes honnêtes, c'est parce qu'ils font le même métier ; ça les rapproche. Artistes et putains savent ensemble qu'il n'est aucune transaction qui ne porte sur la chair. Pourquoi se vendent-ils ? Pour être indépendants de la société ; afin d'échapper à ses codes iniques. Il ne faut pas : naïveté ; ou bien c'est l'artiste qui décapite une des cent têtes de la société, ou bien c'est la société qui le lapide.

    C'est une pitié de voir un artiste faire la danse du ventre pour essayer de se vendre. A un pote peintre, trop peu sentimental pour aller positivement dans le sens du commerce, je dis : "Tu ne viendras pas pleurnicher, une fois que tu te seras fait violer dans la carrière (vous savez, la fameuse carrière où tous les cons se font violer à la queue-leu-leu)."

    C'est ce que la femme adultère a compris du message de Jésus, après qu'elle s'est relevée. Et si l'Eglise romaine, elle, demeure une prostituée, c'est parce qu'elle bénit tous les commerces. L'évangile ne se trompe jamais ; la société, elle, se trompe toujours, parce qu'elle est faite pour ça.

  • La Nuit avec Vladimir Holan (2)

    Le poète tchèque Vladimir Holan (1932-1970) a aussi insulté la France, promesse de lumières jamais tenue.

    "France, l'infamie de quelques-uns des tiens

    est aussi profonde que le déshonneur qui nous touche.

    Car tu es un drapeau qui s'accroche à la honte,

    tu es une voix sans voix.

    Tu es l'avenir qui ne sera pas,

    la pointure posthume des pleutres.

    Le seul fait qu'aujourd'hui le vent souffle

    donne une forme à tes loques."

    (Trad. D. Grandmont)

  • L'Antéchrist Benoît XVI

    Je ne crois pas que le nombre de la bête (666) désigne une personne en particulier. Benoît XVI est plutôt le type de l'Allemand prédéterminé et fier de l'être, comme l'était Hitler auparavant, avec un excédent de bêtise de la part du pape par rapport au chancelier nazi, puisque Benoît XVI prêche la "culture de vie" (sic) au nom du christianisme, tandis qu'Hitler n'ignorait pas qu'elle est l'essence du paganisme.

    La doctrine sociale nazie est d'ailleurs plus cohérente et moins hypocrite que la doctrine sociale du pape actuel (libérale et faite pour justifier le patronat). La doctrine sociale nazie peut être analysée comme l'effort pour adapter l'éthique païenne au monde ouvrier. Son échec en tant que doctrine sociale résulte de la mondialisation des échanges commerciaux. Le darwinisme social libéral prolonge d'ailleurs l'idéologie nazie - il a la même fonction - et sa caution par la démocratie-chrétienne est à la fois un motif de stupéfaction et de scandale. Les chrétiens doivent se montrer absolument intransigeants avec cette race de vipères, comme le fut le christ Jésus avec les marchands du temple de Jérusalem.

    Or, je le dis aux artisans de paix, convaincus comme moi que la démocratie-chrétienne est l'axe du mal, c'est-à-dire qu'elle contient la méthode pour assassiner son prochain en se faisant passer pour un homme juste, le meilleur antidote contre la ruse démocrate-chrétienne est dans le christianisme lui-même, dans l'évangile qui permet la confusion des traîtres et nulle part ailleurs. Autrement dit il ne faut pas se moquer des démocrates-chrétiens, il faut être inflexible avec eux, et ceux dont la conscience n'est pas encore une poutre vermoulue (il y en a nécessairement) "craqueront" ; au lieu de se croire "élus de Dieu", ils verront qu'ils n'ont été que de petits oedipes, tyrannisant autrui et se tyrannisant eux-mêmes, en vertu de principes égyptiens auxquels Jésus et ses apôtres n'ont nulle part. L'évangile est très simple, tandis que la démocratie-chrétienne, elle, traduit la complexité du monde.

    - Contrairement à ce que prétend la philosophe nazie Hannah Arendt, la bestialité sociale n'est pas une chose banale ou naturelle, elle est entretenue par les élites modernes à l'aide d'un discours pseudo-scientifique ou pseudo-artistique, bien loin d'avoir été enterré avec Hitler.

    Du point de vue de la pensée française, il est impossible de différencier un Allemand d'une femme, en raison de leur manière systématique de se croire prédestinés, qu'ils ne remettent jamais en cause, et leur donne le même air mélancolique que les animaux domestiques, qu'ils tentent de faire passer pour la pénétration des choses naturelles, alors que ce sont les choses naturelles qui les pénétrent bien plus sûrement, l'Allemand n'émettant le plus souvent que des paradoxes. Depuis Voltaire, et sans doute plus longtemps, qui a heureusement choisi Leibnitz comme l'exemple de la bêtise humaine, centrale dans la tragédie et le génocide de l'homme par l'homme, on distingue le Français de l'Allemand à ce que les paradoxes qui font rire le premier, suscitent l'admiration dévote du second - l'art contemporain, par exemple.

    - C'est bien plutôt du côté de ce qui incline l'homme à se croire prédestiné et à raisonner ainsi comme une femme ou un Allemand, selon la raison et la foi qui découle de la biologie jusqu'à former la morale pure la plus insane, qu'il faut chercher la signification du nombre de la bête (666), plutôt que dans la désignation d'une personne morale précise. Ainsi cette enquête rejoindra la fable véridique de la Genèse et l'histoire de la chute du couple originel dans l'espace-temps ou le néant.