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caroline fourest

  • Merci Naulleau !

    Merci, M. Naulleau d'avoir souligné, à côté de la bravoure du Père Guy Gilbert ("On n'est pas couchés !", 1er mai 2010), la totale ineptie de ses propos sur le plan chrétien au-delà du "Dieu est Amour" pour lequel aucun séminaire de formation n'est nécessaire ; l'ineptie vient sans doute à Guy Gilbert d'avoir été élevé dans une famille nombreuse exemplaire et de louer par conséquent les "valeurs familiales". Cet éloge ne figure nulle part dans le Nouveau Testament chrétien où un observateur, même peu attentif, constatera que Jésus ne semble pas voir l'intérêt du mariage pour sa cause, mais "débauche" à sa suite -bien plus radicalement qu'une prostituée occasionnelle ne pourrait le faire-, quelques personnes mariées ayant sans doute charge de famille et qu'Il appelle "apôtres".

    Vous comprendrez, M. Naulleau, que c'est bien là précisément où le bât blesse lorsqu'il est question de pédophilie chez les catholiques, et sans doute au-delà du christianisme.

    J'invite M. Naulleau à vérifier par lui-même que les religions patriarcales anciennes, notamment le judaïsme, non seulement ne répriment pas la pédophilie mais parfois la banalisent. Mieux que ça, et pour ne pas sembler faire porter au judaïsme toutes les tares du passé, M. Naulleau pourra aussi vérifier que dans sa propre religion, la sienne et celle de son confrère Zemmour, c'est-à-dire en droit pénal français, la répression de la pédophilie en tant que telle est une mesure très récente et qui, en dehors de son avantage publicitaire pour la République et le socialisme, ne semble pas avoir eu d'effet concret.

    Je dirais même plus, M. Nolleau, il est de tradition constante dans tous les régimes patriarcaux, et celui dont vous vous réclamez n'échappe pas à cette tradition, bien qu'il s'en défende, de considérer la "progéniture" comme le prolongement de la famille ou du couple. La justification de 220.000 avortements/an en France ne déborde pas du cadre juridique qui a permis autrefois, dans des régimes patriarcaux plus "francs", de tolérer largement l'abus sexuel sur des mineurs. On peut tenir l'avortement comme un "crime social", exactement comme le "crime passionnel" ou l'abus sexuel sur des mineurs autrefois, la mode variant des crimes et des délits, et tous les "crimes sociaux" possédant la particularité d'être jugés moins sévèrement par le législateur, quand même qu'ils sont souvent les plus abominables (seul un crétin pourra ainsi trouver "romantiques" les abominables crimes passionnels, sujets souvent de mauvais romans de gare).

    Comme quoi le dévouement et l'orgueil démesurés peuvent voisiner chez une même personne : le père G. Gilbert. Car les propos théologiques ineptes de celui-ci heurtent des siècles de théologie chrétienne faisant l'éloge de la chasteté et non du mariage. A tel point que, dominante politiquement, l'Eglise romaine essaya même d'introduire dans l'institution païenne le compromis civil dit de "la chasteté dans le mariage", avec tout l'insuccès qu'on sait aujourd'hui, au plan de la politique comme au plan de la chasteté.

    Un dernier point a retenu mon attention dans le propos de M. Nolleau. Le point concernant sa propre aspiration à la sainteté. D'abord je lui propose une comparaison de la méthode catholique avec celle de l'écrivain. La méthode catholique est de n'avoir point de méthode (dans le genre faux-cul il n'y a guère mieux que Descartes), de se dispenser du problème de la foi, périmé par la venue du Christ, et d'avancer petit à petit. Peut-être reconnaîtra-t-il en quoi cette méthode peut aussi donner dans le domaine littéraire de bons résultats ?

    Ainsi, M. Nolleau pourrait exercer ses talents à la sainteté de façon un peu moins bénigne que sa consoeur Mlle Fourest (qui n'hésite pas à suggérer sur une autre chaîne l'ouverture d'un concile de Vatican 3 !? M. Nolleau pourrait notifier à des ecclésiastiques conviés devant lui à faire l'article une incohérence moins banale et en un sens bien plus grave et révélatrice que la pédophilie catholique, à savoir l'incohérence de la présence d'aumôniers militaires catholiques dans l'armée française quand le pacifisme le plus radical est prôné par les Evangiles. Voilà un point où il aurait été intéressant de connaître l'avis toujours sincère du Père Guy Gilbert, plutôt que son embarras sur les capotes ou la pédérastie. Je fournis même à M. Nolleau une excellente citation tirée de saint Jean en attendant qu'il trouve le temps, au milieu des tonnes de fadaises qu'il doit se coltiner, de le lire intégralement :

    "Si quelqu'un mène en captivité, il sera mené en captivité ; si quelqu'un tue par l'épée, il faut qu'il soit tué par l'épée. C'est ici la patience et la foi des saints." (Ap. XIII, 10)

     

    Ce genre de sentence évangélique avait le don de scandaliser Flaubert, alias Mme Bovary, alias Bouvard et Pécuchet. Je suis persuadé de l'intelligence de M. Naulleau, contrairement à beaucoup de curés aujourd'hui, à saisir comme Flaubert la nuance du christianisme au bovarysme, et de la rappeler aussi souvent qu'il le pourra dans son émission de service public.

    En espérant n'avoir pas trop abusé de son temps de lecture, et que M. Naulleau voudra trouver ma lettre assez affranchie comme ça, je le prie de bien vouloir agréer mes meilleures salutations catholiques, c'est-à-dire complètement irrespecteuses des parties religieuses dont, comme chacun sait les couillons ne peuvent détacher leurs yeux.

    LAPINOS

    PS : Je remercie aussi celui (ou celle ?) qui daignera bien faire suivre ma lettre à qui de droit, ne disposant pas de secrétaire et étant mal équipés pour ces choses-là.

  • La Pucelle Fourest (II)

     

    La Pucelle Fourest n'en finit pas de voler au secours de la République en danger, fidèle au poste !

    Après avoir affronté le vilain Sarrazin Tariq Ramadan, qui fait trembler l'Identité française avec son sabbat de femmes en tchador, le mignon Poujadas à tête de nain médiéval a mis le pied à l'étrier de sa Pucelle et lui a offert d'affronter une bande de curés crétins qui (à ce qu'il paraît) guigneraient le titre d'ennemi n°1 des Juifs et de l'Internationale féministe à Ramadan. Diantre !

    Triés sur le volet, les curés, pour faire reluire la Pucelle qui jubile visiblement ce cette joute. Extrait :

    Abbé Aulagnier : - Que c'est quand même grâce à la chrétienté qu'on a eu les cathédrales, Madame !

    La Pucelle : - Qu'à cela ne tienne, Cauchon de curé, c'est tout à la gloire de la République d'avoir entretenu ces vestiges de l'Obscurantisme pour l'édification des foules de touristes, morbleu !

    Au casting de ce spectacle en technicolor vient s'ajouter l'ineffable abbé de La Morandais, incontournable comme toutes les girouettes de clocher, curé de plateau télé dont on peut se demander s'il a une existence réelle, éminent symbole de la fin de la race française. Les silhouettes dans la mire de la télé sont comme des fantômes, des théories d'êtres vivants.

    Ce qui fait la peur réciproque entre les protagonistes de ce jeu télévisé, et de la peur vers le ferment de haine, c'est la COMMUNICATION. Bienvenue pauvre gosse qui regarde la télé, dans un monde de possédés.

     

    poujadas.jpg

     

     

  • Z comme Zemmour

    Soulagement de ma part d'entendre Eric Zemmour à la télé affirmer qu'il n'est pas chrétien. Etant donné qu'il véhicule une idéologie à peu près "maurrassienne", fort justement qualifiée de satanique par le passé, c'est tout à son honneur de clarifier ce point et de se situer "à l'extérieur".

    "Politique d'abord !" : peut être mis dans la bouche de Ponce Pilate ou du zélote Judas Iscariote, mais certainement pas dans la bouche de Jésus. Il est impossible de relier l'idée d'"identité française" au christianisme, qui non seulement est étranger aux religions nationalistes mais les regarde toutes, à commencer par le paganisme romain, comme des religions babyloniennes ou égyptiennes. Si le christianisme avait à voir avec l'identité française, alors il serait la religion du maquignon inquiet pour l'avenir de sa petite entreprise de gavage de canards dans le genre de F. Bayrou ou D. Tilinac, mythomanes républicains, qui par leur manière de christianiser leurs monomanies et leur lâcheté paysanne atavique font penser au personnage de Sganarelle, imaginé jadis par Molière contre le parti des faux-culs jansénistes. Il n'est pas encore interdit de trouver Molière plus français qu'un gougnafier comme Bayrou.

    Le fait qu'il y a pu avoir des chrétiens franc-maçons jadis comme Joseph de Maistre, séduit par le régime napoléonien comme des pasteurs chrétiens ont pu être séduits par le régime hitlérien existentialiste, ne change rien au christianisme.

    *

    Mieux encore serait si Zemmour ne propageait pas sur le christianisme autant de ragots. Le dernier en date consistant, dans un débat l'opposant à l'idéologue Caroline Fourest (de la même secte républicaine prospère que Zemmour, comme quoi les chrétiens ne sont pas les seuls à être divisés), consistant à prétendre le christianisme la plus "féministe" des religions, sous prétexte que le christianisme libéral, depuis le XIXe siècle, est essentiellement animé par des gonzesses (d'où l'irruption dans le christianisme lors du Concile de Vatican II de questions... sexologiques, dérive aussi importante que les slogans maurrassiens ou la franc-maçonnerie et, si l'on veut bien se donner la peine de l'examiner de près, dérive semblable).

    Le féminisme est un discours POLITIQUE républicain ou libéral, qui n'a pas de sens en dehors de ce contexte (sur ce point C. Fourest connaît mieux sa religion que Zemmour, même si elle n'admettra jamais qu'il s'agit, comme Marx le démontre, d'une "religion", nettement anthropologique, mais d'une religion quand même, l'anthropologie étant le principal vecteur de la religion, ce qui explique la séduction du tribalisme, y compris dans ses formes les plus barbares, sur l'anthropologue, en qui les marxistes ont raison de voir un curé).

    *

    Or le Nouveau Testament est plein de préventions à l'égard de la politique. Que Jésus remette en cause le droit juif patriarcal n'implique pas qu'il lui en substitue un autre, plus favorable aux femmes. C'est d'un esprit païen comme Zemmour de penser qu'on ne puisse pas voir "par-delà le droit", se situer du côté + ou du côté - à l'écart des mécanismes politiciens. Un esprit pur (de réflexes païens) comme Marx a pu observer que l'égalitarisme républicain est une entourloupe théorique totalement hypocrite, telle que le sketch médiatique de B. Kouchner l'a encore illustrée récemment.

    De fait, ce qu'il serait historiquement juste d'affirmer, c'est que l'idée de laïcité est d'inspiration catholique, incontestablement, dans la mesure où l'universalisme va à l'encontre de l'organisation pyramidale cléricale politico-religieuse. Cet esprit laïc chrétien, constamment en butte au paganisme, a connu son apogée avec l'humanisme de la Renaissance, des penseurs comme Bacon, Shakespeare, Erasme, etc. Mais le modèle laïc républicain du XIXe siècle est aux antipodes d'Erasme ou de Bacon.

    Si superficiellement on peut croire cet esprit humaniste chrétien ressemblant à une laïcité du type de celle que les Etats-Unis connaissent aujourd'hui, il n'en est rien. Il y a du citoyen du monde de la Renaissance au touriste cinéphile yankee empêtré dans ses rêves érotiques contemporain comme un gouffre d'ignorance.

  • Sang pour sang conne

    Invitée par Radio Sarko n°1, Caroline Fourest, pour dire du mal des vilains islamistes, des vilains lepénistes, du vilain Besancenot qui fricote avec une femme voilée ; aussi du vilain "patriarcat" ; du haut de sa chaire médiatique sponsorisée par le Groupe Lagardère/Trafic d'armes en tous genres, Caroline Fourest contemple des milliers d'années d'histoire avec la condescendance requise quand on est rendue à un tel degré d'humanisme.

    L'interview de Fourest par un lèche-cul professionnel se conclut par la diffusion de l'hymne niaiseux de John Lennon, "Imagine". Une animatrice à voix de poule érotique invite l'auditoire à considérer le mièvre chanteur comme la preuve que notre époque d'assassins capitalistes est capable d'engendrer des génies artistiques.

    Les petites filles placardent sur leurs murs des posters de leur idole préférée en rêvant secrètement qu'elle viendra leur planter un coup de bite (délicat) dans la nuit et les demandera en mariage au réveil, mais à part ça notre époque n'est pas religieuse du tout.

    On approche la dizaine de millions d'embryons sacrifiés depuis les années soixante-dix sur l'autel de la révolution sexuelle "made in Usa" et du rêve libéral d'orgasme laïc universel à l'aide de vibromasseurs godemichets surpuissants diffusant la musique des "Beatles".

    Les assassins ne pourront pas indéfiniment, quoi qu'ils pensent, se tenir à bonne distance lâche de leurs victimes. L'espace-temps qui sert de tampon pour se protéger est amené à se réduire comme la peau de chagrin.

  • Tulard le Barbare (2)

    (...) Je pourrais citer cinquante exemples frappants montrant que l'histoire aujourd'hui, telle qu'on l'enseigne dans les collèges, les lycées et l'université français, a moins à voir avec l'histoire qu'avec ce que les laïcs appellent pudiquement "l'éducation civique", pour éviter le mot "religion" ; on a pu ainsi dans cette veine voir successivement Eric Zemmour puis Caroline Fourest s'en prendre récemment à la télévision à Tariq Ramadan, au nom de la "laïcité", divinité étrange, avec un fanatisme qui a déstabilisé le Ramadan lui-même, pourtant habitué à négocier avec les plus théocratiques recteurs saoudiens. En ça Ramadan tombe dans le piège de l'oecuménisme, dont les chrétiens ont pourtant démontré auparavant qu'il est ou bien niais, ou bien pure hypocrisie (cf. l'oecuménisme d'A. Besançon, entièrement déterminé par sa haine latente de l'islam) ; pour être précis : un dialogue entre religions réduites à des partis politiques. Jamais une religion en position de force écrasante comme c'est le cas de la religion de l'Etat aujourd'hui, n'a concédé aux autres religions autre chose que des niches (Aux Etats-Unis règne une idée de la religion proche de l'"esprit d'entreprise", c'est-à-dire de la "simonie", et les Yankis ne cessent de répéter "Jesus-Christ ! Jesus-Christ" comme pour essayer de faire oublier qu'ils envoient des missiles en travers de la gueule de civils innocents chaque jour que Dieu fait.)

    - Le cas du mercenaire Zemmour (tout salarié du "Figaro" est implicitement un "mercenaire", du fait de l'aspect médiatique de la guerre moderne), est d'autant plus absurde qu'il pare son lepénisme "light" le plus souvent de l'adjectif "historique", juste avant de se compromettre dans l'apologie des crimes de guerre napoléoniens et d'un régime qui a eu pour effet d'éteindre la puissance française définitivement et aussi sûrement que Hitler a entraîné son pays dans le chaos. Autrement dit, Zemmour ne fait que démontrer que le nationalisme ou la laïcité n'atteint sa pleine apogée que dans la guerre, c'est-à-dire poser un acte de foi étranger à la critique historique.

    On devine d'ailleurs vu le gabarit de Zemmour que son idée des guerres napoléoniennes est d'une bataille de petits soldats de plomb contre Jacques Chirac, grand rétameur de casseroles gaullistes lui aussi, avec son aide de camp Villepin tombé contre cinquante gosses à la bataille du CPE. A peu près de ce niveau d'histoire.

    - Du moins Mlle Fourest n'est pas bête au point de mettre en avant l'histoire comme Zemmour, mais plutôt une éthique républicaine seulement, très circonscrite dans le temps et l'espace du Marais, quoi qu'elle ait reçu l'appui de Jean-Louis Debré à son "libéralisme" sexuel (Marx n'est pas le moindre des historiens qui démontre que le progrès de l'histoire va à l'encontre de l'éthique sexuelle quelle quelle soit, étiquettée chrétienne ou républicaine.)

    Je dois me restreindre à quelques exemples de mensonges historiques au cours de cette semaine. Le premier, c'est ce qu'il convient d'appeler "le mythe de la Révolution française".

    *

    Le mythe de la "Révolution française de 1789" est intéressant dans la mesure où partisans (ultra-majoritaires) comme détracteurs de la Révolution française cautionnent le mensonge selon lequel la Révolution française serait LE grand virage de l'histoire moderne, alors que la révolution anglaise de 1688 est plus importante, d'une part (la plupart des penseurs des Lumières sont d'ores et déjà attachés à tenter de comprendre le sens du progrès politique et scientifique Outre-Manche), et d'autre part que la fracture qui s'est produite vers la fin du XVIe siècle, le basculement de l'Europe dans la théocratie puis le nationalisme, alors même que la théocratie était perçue auparavant comme une caractéristique de la religion ottomane ou mahométane. Les meilleurs humanistes inculquaient la défiance vis-à-vis du pouvoir politique en se fondant sur une exégèse plus moderne du Nouveau Testament (Shakespeare est le meilleur exemple, pilier de l'histoire moderne, mais on peut aussi citer Dante, charnière entre le Moyen âge et la Renaissance, Boccace, Erasme...) ; la rupture entre l'humanisme de la Renaissance (Bacon, Erasme) et la théocratie baroque (Hobbes, Descartes) est bien plus important qu'une "révolution" française qui n'empêchera que quelques années en France la bourgeoisie de prendre les rênes et d'obtenir ainsi le pouvoir renforcé qu'elle guignait en France comme en Angleterre depuis plusieurs siècles.

    Ce que l'esprit critique historique invite à remarquer plutôt, jusque dans les Lumières françaises disparates, c'est à quel point, bien que dirigées contre le XVIIe siècle et l'arriération janséniste (au moins autant que les jésuites), les Lumières françaises demeurent imprégnées par ce jansénisme (notamment Diderot, qui tenta de jouer un rôle de curé laïc auprès de l'Impératrice Catherine II et qui continue de prôner un art... moralisateur (!), ce qui vaut tout de même mieux que la haine de l'art exprimée par le sinistre Pascal mais qu'on peut juger moins moderne que Molière), ce qui atteste encore une fois de la profondeur de l'ornière baroque.

  • Signes rétrogrades du temps

    Manifestation symbolique -de quelques milliers de personnes seulement- contre l'avortement ce dimanche à Paris.

    Le totalitarisme n'est pas seulement la destruction de l'art par la cinématique, la fascination pour l'algèbre, ou la promulgation de l'Histoire par décrets, c'est aussi l'élimination chaque année en Europe de plusieurs centaines de milliers d'embryons par an pour des motifs aussi futiles qu'hypocrites.

    Ce carnage légal n'empêche pas le bourgeois d'ailleurs de s'indigner qu'une mère un peu paumée ne respecte pas de temps en temps la procédure et se débarrasse quelques mois après l'accouchement de son gosse par des moyens moins raffinés et moins hygiéniques. La morale capitaliste est une hygiène, respectueuse par conséquent des dates de péremption. 'Tu ne tueras point sur la place publique.', voilà le judéo-christianisme nouveau.

    Le plus frappant n'est pas que la société capitaliste qui étouffe sous les richesses justifie son crime par l''état de nécessité' ou la détresse des 'patientes', lorsqu'elle est capable de distribuer le RMI et d'ouvrir des universités pour assurer 'la paix sociale'.

    Non, le cynisme du capitalisme, caché derrière de grandes envolées lyriques sur les 'Droits de l'Homme' n'est pas nouveau. Mais ce qui me frappe le plus, et qui a une dimension satanique, c'est l'absence de réaction du clergé, catholique en premier lieu, de toutes les religions dans lesquelles l'assassinat de personnes sans défense est un crime ensuite. Abstention si surprenante qu'elle a surpris l'académicienne Simone Veil elle-même qui, dans un livre de souvenirs, l'a mentionné noir sur blanc, cherchant dans ce silence de mort des Eglises comme une forme d'agrément (Sinon pourquoi se préoccuper aujourd'hui de la réaction du clergé quand on ne l'a même pas consulté au moment de la libéralisation).

    Ce n'est pas d'aujourd'hui non plus que l'Eglise a perdu toute dignité, mais elle aurait pu dans le combat pour la défense d'innocents en recouvrer une partie. Cela n'a pas été, mystérieusement, le cas.

    Il m'est même arrivé de distribuer des tracts avec le militant héroïque Xavier Dor (hélas 'évolutionniste') à la sortie d'une cathédrale et de constater avec stupéfaction qu'il était méprisé voire insulté par les paroissiens qui sortaient de cette cathédrale !?

    Plus anecdotique, mais qui m'a frappé au cours des quinze dernières années de manifs dans l'indifférence générale, c'est l'empressement de groupuscules anarchistes à défendre la loi de libéralisation de l'IVG. Même si je suis marxiste et que je n'ai pas par conséquent une opinion très haute de la doctrine anarchiste, il saute aux yeux que ces lois libérales ont été promues par la bourgeoisie capitaliste dont Giscard-d'Estaing ou Simone Veil sont des représentants éminents. Il saute aux yeux également que cette loi a eu pour effet de rendre disponible la main-d'oeuvre féminine (meilleur marché) plus abondante, celle dont la grande distribution a grand besoin, par exemple ; il saute aux yeux qu'une des doctrinaires les plus en vue de cette 'libération' de la femme par la chimie, Caroline Fourest, a été récompensée au nom de l'Assemblée nationale par le gaulliste Jean-Louis Debré, dont le moins qu'on puisse dire est qu'il n'a rien d'un révolutionnaire.

    Je ne suis même pas sûr que les anarchistes ont compris la leçon de Marx, à savoir que l'Etat laïc totalitaire est l'instrument de destruction de toute forme de vie le plus efficace que l'humanité ait jamais conçu. Par conséquent l'arme suprême des anarchistes.

     Il y eut dans l'Eglise catholique le scandale des indulgences, il y a aujourd'hui le scandale des repentances achetées à vil prix par les évêques chrétiens ou laïcs.

  • Antisémitisme et féminisme

    La question du féminisme et celle de l'antisémitisme sont étroitement liées. Pas seulement parce que les médias les ont  embrouillées, propulsant au rang de philosophes des journalistes comme Eric Zemmour & Nolleau, dont les arguments binaires finissent par abrutir tous ceux qui les regardent autrement que comme un duo de comiques.

    On voit bien qu'en fait de féminisme, on est en plein dans l'égalitarisme hypocrite. Le principe de répudiation juif ou musulman est "tempéré" à côté du divorce laïc. Une féministe qui verrait un progrès dans le fait que la répudiation s'applique désormais aussi aux hommes, cette féministe-là ferait partie de la catégorie désignée par Balzac comme celle des féministes "bourgeoises", opposée au féminisme "aristocratique". Il ne suffit pas de brandir un godemichet pour être une femme intelligente.

    Ce que des féministes idiotes et labellisées par les pouvoirs publics comme Caroline Fourest ou Isabelle Alonso désirent, c'est le même pouvoir que les hommes ; ça revient à confondre la virilité avec la volonté de puissance de puceaux impuissants comme Nitche, Sartre ou Kierkegaard ! Qu'est-ce que ces philosophies pour garçonnières laïques ont à voir avec le féminisme et la modernité ? Cette philosophie est précisément le produit du patriarcat archaïque, de cette relation "spéciale" que les petits garçons protestants, juifs ou laïcs, entretiennent avec leurs mères, et qui les conduit à penser que le sexe des femmes est une sorte de tabernacle contenant Dieu (J'observe au passage que les grands modernes, Balzac ou Marx, très loin du crétinisme freudien, précision utile, ont été élevés par leurs pères. Un reproche des protestants qui haïssent Marx est qu'il avait de très mauvais rapports avec sa mère.)

    Il ne faut pas s'étonner du succès grandissant auprès des hommes du genre de filles qu'on peut trouver à la sortie des synagogues, des mosquées ou de Saint-Nicolas du Chardonnet. Elles sont archaïques, certes, de croire que la chasteté avant le mariage est un point crucial de la religion, et de déifier leurs maris, mais du moins elles sont sincères. Il vaut mieux avoir dans son lit une enclume plutôt qu'une vipère...

    Préférer l'archaïsme à la fausse modernité est une preuve de bon sens. Rien ne coupe plus du progrès que l'hypocrisie. Comment convaincre une musulmane, par exemple, que l'évolution de la morale est une bonne chose, quand elle a sous les yeux le spectacle de la prostitution de centaines de milliers de femmes extradées d'Europe de l'Est par l'industrie cinématographique yankie. Quand la seule préoccupation des féministes bourgeoises est de réclamer les vingt pour cent de salaires dont le CAPITAL les spolie, ou de s'en prendre au voile des musulmans, eux-mêmes victimes de l'impérialisme.

    Comme l'ont parfaitement saisi Balzac et Villiers-de-l'Isle-Adam, nul ne menace plus l'Eve moderne que l'Eve prométhéenne.

  • Brave New World Today

    L'essence de la laïcité, c'est donc la négation. Non pas la négation de Dieu, mais la négation de la religion. Les laïcs nient que toutes leurs fêtes, leurs dogmes, leurs saints, leurs martyrs, leur mythologie, leurs sacrements, les Droits de l'Homme virtuels, ces principes qu'ils partagent et font parfois partager par la force, ils nient que tout cela constitue une religion.

    Lorsqu'il insulte l'islam à la Une du Figaro, avec le soutien du ministère de l'Intérieur et de toute la presse laïque et libérale, Robert Redeker ne s'exprime pas au nom de la religion laïque qui est pourtant la sienne, mais au nom de la "neutralité", de l'"indépendance", voire de la "liberté de penser". Et tous les pasteurs de la religion laïque de même, les BHL, Finkielkraut, Fourest, Régis Debray, Max Gallo : tous prétendent qu'ils se situent "au-dessus" de la mêlée religieuse. On ne peut pas le dater avec précision, mais il y a un moment où on a basculé dans le "Meilleur des Mondes", c'est une certitude. Cette absurdité qui n'est encore qu'une anticipation chez Alphonse Allais, Jarry ou Aldous Huxley, ça y est, on y est, en plein dedans.

    Le fanatisme laïc est d'une violence extrême précisément en raison de cette négation.

    *

    Personnellement je me considère comme une victime, un rescapé du fanatisme laïc. Depuis mon plus jeune âge, à chaque fois que j'ai souhaité progresser sur le chemin de l'art, de la science ou de l'histoire, j'ai buté sur le fanatisme laïc, pétri de syllogismes et d'algèbre, les deux armes favorites du totalitarisme. Et je suis d'ailleurs tombé plusieurs fois dans les chausse-trappes de la rhétorique laïque.

    *

    Je ne peux pas évoquer la laïcité et le totalitarisme sans évoquer la pensée démocrate-chrétienne. Car si elle est désormais à la remorque de la pensée laïque et se contente d'en transposer les principes dans le microcosme chrétien, la pensée démocrate-chrétienne a beaucoup contribué à forger la religion laïque. S'il fallait citer cinq des plus grands docteurs de l'Eglise laïque, on ne pourrait manquer d'inclure Kant, Feuerbach et Hegel, du plus aveugle au moins aveugle.

    Si j'aime bien prendre le cardinal Barbarin comme exemple de pasteur démocrate-chrétien, incarnant le mélange étrange entre la religion laïque et la religion chrétienne, même si Mgr Lustiger n'était pas mal dans le même genre, c'est bien sûr à cause de son patronyme. "Barbarin" rend l'idée d'une barbarie, mais discrète, comme raffinée : on ne peut mieux dire que le "barbarinisme démocrate-chrétien".

    Logiquement au coeur de l'idéologie de Mgr Barbarin, il y a aussi une négation. "Rendez à Dieu ce qui est à Dieu..." : ce fameux passage de l'Evangile de Matthieu où Jésus, confronté aux Pharisiens qui veulent le piéger, le compromettre avec les autorités romaines ou avec le nationalisme juif, ce fameux passage dans lequel Jésus interdit de rendre un culte à César, c'est précisément sur ce passage que les démocrates-chrétiens fondent leurs principes laïcs !

    Il est intéressant de voir comment ils s'y prennent pour subvertir l'Evangile. La doctrine catholique authentique interprète ce passage comme l'établissement d'une hiérarchie. Le Royaume de Dieu prime sur le Royaume des hommes ; la confusion des deux, qu'on pourrait qualifier de "théocratie", est exclue. A cet ordre les démocrates-chrétiens substituent un parallélisme. C'est le raisonnement algébrique des deux sphères, la sphère laïque et la sphère privée, l'une à côté de l'autre. Premier dérapage volontaire. Le second consiste ensuite, comme fait un jongleur, a faire passer la sphère publique au-dessus de la sphère privée.

    L'Evangile devient, au terme du tour de magie : "Il faut payer l'impôt à César !" Invraisemblable, n'est-il pas ? Une telle interprétation est impossible, autant que son contraire "Il ne faut pas payer l'impôt à César !", car dans l'un ou l'autre cas cela signifierait que Jésus est tombé dans le piège des Pharisiens.

    Les démocrates-chrétiens fondent la démocratie, c'est-à-dire la théocratie, sur le passage de l'Evangile qui l'interdit. Difficile de faire plus bifide, plus "pharisien".

    Une dernière observation importante : la démocratie-chrétienne, qui se présente souvent comme un "retour à la lettre des Evangiles", commence par en bafouer l'esprit pour, au bout du compte, en modifier la lettre avec un sang-froid qui a de quoi glacer les âmes encore vivantes.

    C'est à saint Marx et presque à lui seul que je dois d'avoir échappé à l'hérésie démocrate-chrétienne et laïque. Aussi ne puis-je m'empêcher de l'en remercier aussi souvent que je le peux.