Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

  • Satan dans l'Eglise

    Le christianisme ne répond pas au besoin de l'homme d'une religion "horizontale", remplissant un rôle consolateur face à la mort. Si le christianisme n'est pas une religion au sens ordinaire du terme, -l'évangile peut même complètement se passer de clergé-, c'est parce qu'il ne tient pas compte de la mort, c'est-à-dire de l'instant qui détermine la conduite morale de la plupart des hommes, et la conduite politique de la plupart des cités.

    Mais la puissance du destin est telle que le christianisme prend le plus souvent l'apparence d'une religion horizontale au service de la société et non des hommes. C'est pourquoi la critique que certains athées adressent à la religion chrétienne de n'être qu'un moyen de consoler ou rassurer les âmes faibles est la meilleure critique qu'on puisse faire à la religion chrétienne, telle qu'elle se présente le plus couramment, c'est-à-dire comme le plus irrationnel des discours éthiques.

    Cette critique doit même être poussée plus loin ; il faut dire que la culture moderne, censée être d'inspiration chrétienne (cf. G.W.F. Hegel), est plus rassurante et plus confortable que n'était la culture antique, incitative à assumer son destin plutôt qu'à le fuir ; et aussi, lorsqu'on est sincèrement athée, étendre cette critique à la consommation de toutes les drogues, réconfortantes elles aussi pour les esprits faibles ou efféminés.

     

  • Dans la Matrice

    Tout le monde connaît cette façon moderne de classer les études scolaires en "études scientifiques" d'une part et "études littéraires" d'autre part. Eh bien cette distinction est strictement moderne, c'est-à-dire qu'elle n'a aucun sens, ni scientifique, ni littéraire, ni même historique. Ce clivage traduit seulement un préjugé moderne. La réforme des études scolaires et universitaires n'aura jamais lieu, car elle requiert la reconnaissance préalable de la fonction religieuse remplie par le système scolaire et universitaire moderne, et que cette fonction dépasse largement le but scientifique officiel.

    L'assimilation de la technique à la science est d'abord le fait de l'université et des universitaires. La technocratie ne peut pas se remettre en cause elle-même. Les ouvrages de Hannah Arendt sont sans doute significatifs du maximum d'esprit critique dont un représentant de la technocratie peut faire preuve. George Orwell dépasse ce niveau maximum en une phrase, lorsqu'il indique que les intellectuels sont les personnes qui ont le plus de goût pour le totalitarisme. De fait, le cinéma, qui est l'art le plus totalitaire, est entièrement justifié comme un art selon un raisonnement intellectuel. La dimension rhétorique du totalitarisme convient aussi parfaitement aux intellectuels et explique que nombre de poètes modernes se soient compromis avec les pires régimes. 

    Bien que tardive, la philosophie des Lumières elle-même ne correspond pas à ce clivage. Cela n'a pas de sens de dire les ouvrages de Voltaire plutôt "littéraires" ou plutôt "scientifiques".

    Le rapprochement par Francis Bacon Verulam de la science juridique et de la géométrie algébrique est beaucoup plus perspicace et utile du triple point de vue de l'histoire, de la science et de la politique. Soit dit en passant, il ne peut y avoir d'histoire de la science véritable, domaine où l'université moderne et la technocratie pèchent de la manière la plus flagrante, sans examen approfondi du propos de Francis Bacon. Grâce à Bacon, on sait ainsi que l'astronomie qui repose sur des modèles algébriques est nécessairement une astronomie subjective. L'univers est en proie à des métamorphoses successives à partir de son origine première, nous dit l'université. A moins que ce ne soit l'astronomie moderne qui soit une rhétorique en constante évolution ; non l'objet des études scientifiques, mais l'instrument de prédilection utilisé pour ces études.

    A propos de la pièce "Hamlet", écrite par Bacon et signée "Shakespeare" : les lecteurs les moins observateurs observent son arrière-plan astronomique pour plusieurs raisons. Non seulement Hamlet parle aux étoiles, mais le spectre son père est lui-même une sorte d'ange ou "d'Epiphane", c'est-à-dire une divinité se manifestant aux hommes. C'est un phénomène astral, puisqu'il se confond avec un étoile brillante. En outre le château d'Elseneur (Elsinborg) au Danemark fut la résidence d'un des astronomes les plus célèbres de l'Occident, Tycho Brahé, tenant de la théorie géocentrique, et auteur de calculs de positions d'étoiles non moins précis que ceux de Copernic, promoteur plus ou moins volontaire de la thèse héliocentrique. Polonius est de surcroît le pseudonyme transparent de ce dernier.

    S'il n'est pas le premier à témoigner dans ce sens, nul n'est mieux conscient que Francis Bacon de l'enjeu de la science pour l'homme. En ce sens, Bacon pourrait passer pour moderne, puisque l'antienne du progrès et de la science est une antienne que l'on entend tous les jours ou presque. Mais Bacon n'est pas moderne dans la mesure où sa science offre peu de points de correspondance avec la science actuelle, et peut-être plus encore parce que Bacon indique que l'homme est assez largement réfractaire à la science, et beaucoup plus porté à l'invention technique, domaine où il n'y a pas de progrès véritable. Bacon montre en quelque sorte que l'idée de progrès, si elle n'est pas liée à la métaphysique ou aux choses surnaturelles, n'a aucun sens.

    Bacon est conscient de l'enjeu majeur de la science, et des implications particulières de l'astronomie copernicienne dans le domaine moral ou politique (cf. "Novum Organum"). Il y a tout lieu de croire que Shakespeare exprime à travers "Hamlet" une hostilité radicale à la science copernicienne, et la vision commune du monde et de l'univers qui en découle -ou en découlera, pour être plus exact, car Copernic n'a pas manifesté une grande maîtrise de sa science et son déroulement ultérieur. On peut dire que la science de Copernic est un préalable au développement ultérieur de l'anthropologie, c'est-à-dire d'un courant scientifique qui a tendance à rapporter les différentes sciences à l'homme. Le seul profit qu'il y a à mettre en équation l'univers ou à en proposer des modèles mathématiques est, comme la cartographie de la terre, un profit pour l'homme, qui d'ailleurs de ce fait peut se sentir maître de l'univers et se bercer de cette illusion. On voit bien tout ce qui peut heurter un esprit scientifique dans cette tournure d'esprit moderne. Ce n'est pas parce que la métaphysique n'est pour l'humanité d'aucun profit, que l'on ne peut en déduire aucune loi morale ou politique, que la métaphysique n'est pas scientifique.

    "Hamlet" est donc une sorte de "Da Vinci Code", à ce détail près que le "Da Vinci Code" entretient un certain nombre de légendes qui courent à propos des rapports de l'Eglise catholique romaine et de la science moderne. L'influence de l'Eglise romaine sur la science moderne est, notamment en France, largement sous-évaluée.

    Un universitaire contemporain se demande pourquoi Francis Bacon a tant fait l'éloge de la mythologie et des mythes anciens (en tant que réceptacles durables de la science), mais n'a pas lui-même écrit de fables ou de mythes. On ne peut manquer d'observer que Shakespeare est le seul tragédien de l'ère moderne, et que ses tragédies n'ont pas le caractère "dionysiaque" que Nitche prête abusivement à la tragédie antique. Les tragédies de Shakespeare sont "historiques" - et par conséquent métaphysiques puisque l'histoire n'est pas une science anthropologique mais issues des prophéties juives de l'antiquité.

     

     

  • Misogynie chrétienne

    Les gens de robes catholiques romains diront que le christianisme n'est pas misogyne et donneront une version de mythe d'Adam et Eve proche des poupées allemandes Ken et Barbie.

    En quoi consiste la misogynie chrétienne ? Elle consiste tout simplement à souligner la faiblesse de la chair et pointer du doigt le sexe, non pas pour fonder une société puritaine, mais pour conserver à l'esprit que l'amour de dieu, qui renforce l'homme et la femme, n'a absolument rien d'érotique et ne peut être confondu avec cette sorte d'élan.

    J'entendais un vieil acteur français, au seuil de la mort, faire le constat un peu désabusé que l'"on est toujours seul", bien que la religion ou le socialisme prétende l'inverse. On est surtout toujours le cocu de la nature si on croit qu'elle unit les sexes dans un but autre que naturel.

    Le christianisme n'a rien à voir avec ces sortes de religions infantiles qui incitent à voir la société autrement que ce qu'elle est - néant. Si tel était le cas, alors les évangiles diraient : "On ira tous au paradis", et ne seraient pas loin du gigantesque attrape-couillons moderne qu'on appelle "démocratie". Or les évangiles disent qu'il y a peu d'élus, suivant une logique inverse de l'élitisme et du providentialisme, puisque une position sociale avantageuse, au regard de la vérité et du salut s'avère un handicap.

    On peut tout aussi bien traduire l'éloge de la faiblesse comme l'éloge de l'argent.

     

  • Dialogue avec l'Antéchrist

    La transmission des idées bourgeoises au peuple est un des pires fléaux de l'humanité. Certains historiens et sociologues prétendent - c'est une ruse - que la bourgeoisie est une notion presque impossible à définir. Faux ! C'est surtout le sociologue, artiste bourgeois, qui a l'art de noyer la science dans les détails.

    La culture bourgeoise n'est pas si difficile à caractériser. Sa manière de justifier la propriété n'a, ainsi, pas d'équivalent dans l'histoire. L'idée de "propriété intellectuelle" est une idée typiquement bourgeoise. Les préventions de la culture bourgeoise contre l'argent sont quasiment inexistantes. Si l'on constituait une bibliothèque bourgeoise, on pourrait ainsi en ôter tous les auteurs qui indiquent le risque d'aliénation mentale que fait courir l'argent, que ces auteurs soient antiques, comme Démocrite, ou modernes comme Balzac ou Marx.

    On pourrait citer un certain nombre d'idéologies qui ne peuvent être cautionnées en dehors des limites de la conscience bourgeoise. La science évolutionniste en fait partie. L'anthropologie chrétienne également, et ces deux idéologies sont moins éloignées qu'on ne le croit (je qualifie d'idéologie l'anthropologie chrétienne, puisque l'on peut absolument récuser, à partir des saintes écritures, toutes les doctrines sociales chrétiennes, pures inventions des élites occidentales perfides).

    Cet aspect relativement indéfinissable de la bourgeoisie est un élément caractéristique en soi. L'aristocratie est, elle, beaucoup plus aisée à repérer, notamment en raison de son rapport rationnel à la nature, qui rejoint le rapport que l'artiste entretient avec la nature, et dont Nietzsche a clairement expliqué en quoi il est fondamentalement antichrétien.

    Selon Nietzsche, ce fléau c'est le Christ, ou c'est à Jésus-Christ qu'il est imputable. La démonstration de Nietzsche se dispense donc d'établir la ressemblance entre Jésus et ses apôtres, d'une part, et des députés allemands démocrates-chrétiens de l'autre.

     

  • Le Christ anarchiste

    Si la justice est plus juste en prison qu'elle n'est en dehors de la prison, au stade où la plus grande tartufferie règne parmi les magistrats, c'est parce que cette justice est plus naturelle. L'argent, dont le rôle est moindre en prison, fausse moins la justice.

    Si le christianisme est une religion anarchiste, dans laquelle les faussaires sont facilement repérables, c'est parce que la nature n'est pas source de justice au sens chrétien, mais seulement d'ordre.

    L'idée d'égalité sociale est donc, ainsi que le souligne le philosophe païen Nitche, une idée contre-nature insensée.  Mais l'idée d'égalité sociale n'est pas chrétienne ou juive non plus. L'idée d'instaurer un ordre social éthique abstrait, et que cet ordre social-là puisse être "viable", cette idée ne trouve aucun fondement dans les Ecritures saintes. La démocratie moderne n'est pas moins irrationnelle aux yeux d'un chrétien qu'elle est aux yeux de l'antichrist Nitche.

    Pour Nitche, la démocratie moderne est imputable aux chrétiens, descendants des juifs. En réalité, il n'est pas difficile de voir que cette magistrature cauteleuse a inventé à l'aide du christianisme, en y mêlant la philosophie de Platon, l'art pour les élites de se couvrir de sang en toute impunité.

  • Hors Humain (2)

    "Hors Humain" : un type (qui n'est pas moi) badigeonne les trottoirs de Paris avec ce graffiti peint en lettres vertes ; ça ne m'étonne pas beaucoup, car le germanophobe et francophile Nietzsche juge les femmes et les Allemands "trop humains". La "moraline" (les exemples contemporains ne manquent pas) est selon Nitche une morale trop superficielle, parce qu'elle est fondée dans l'homme. Ici Nitche n'est pas loin de rejoindre Marx pour qui la morale bourgeoise consiste dans l'art de retourner sa veste.

    Le propos sur la "banalité du mal" de Hannah Arendt ne rend pas compte du danger extraordinaire que la moraline ou la morale du Tartuffe représente - danger propre à la civilisation chrétienne.

    J'espère que ce type qui peint des graffitis "hors humain", pour exprimer un dégoût plutôt français et salutaire de l'homme et des mots, par qui seuls l'homme défie les dieux et le cosmos, sans se rendre compte qu'il n'est qu'un coq quand il se comporte ainsi, j'espère que ce type n'écoute pas trop de musique, qui est l'art le plus typiquement humain, l'art par excellence des parvenus ou de ceux qui veulent parvenir et qui n'arrivent jamais à rien de concret. On donne l'illusion de dieu dans la musique en y introduisant le silence ; en revanche le musicien qui veut inverser la preuve de dieu fera en sorte qu'il n'y ait pas de silence dans la musique.

  • Hors Humain

    La théologie et la science sont amorales et on n'a jamais autant causé d'éthique que dans les sociétés athées où la science est entre les mains d'ingénieurs.

    Si la littérature moderne, depuis le XXe siècle, est aussi peu intéressante en général, c'est parce qu'elle est beaucoup trop chargée d'éthique, ce qui est un signe de relativisme et d'hypocrisie à la fois, car les hommes de peu de principes les respectent mieux que ceux qui en ont plein. L'idée d'inventer un "troisième sexe" ne peut venir que d'un curé ou d'une nonne, car pour un savant le fait qu'il y ait deux sexes, c'est déjà beaucoup trop.

    L'art de la Renaissance et l'humanisme sont aussi forts, au regard des productions précédentes et plus encore de la chienlit de musique baroque qui a suivi, parce que la Renaissance est un âge moins corrompu par l'anthropologie et le goût de la rhétorique qui va avec.

    Il n'est pas faux de dire que l'art de la Renaissance est plus "païen" et moins chrétien, mais à condition d'ajouter que le cinéma est plus chrétien que "païen". Ainsi l'on comprend que dans cet antagonisme, voire cette lutte entre la culture conservatrice païenne et la culture moderne chrétienne, le christianisme n'est présent que sous une forme subversive qui n'est pas le christianisme ; il n'est présent que sous la forme de la démocratie-chrétienne ou du journalisme chrétien, pour citer les deux exemples de postures chrétiennes les plus évidemment proches de Tartuffe ou Sganarelle, ou encore du complot judéo-chrétien maçonnique figuré par le château d'Elseneur ("Hamlet").

    Superficiellement, la critique radicale de la culture chrétienne occidentale par Shakespeare peut faire croire qu'il est athée ou païen. Plus familier des évangiles, les chrétiens savent que ceux-ci sont dissuasifs de l'art, d'une manière plus radicale encore que l'Ancien Testament, puisque les évangiles expliquent pourquoi la vérité divine rend l'art caduc ou inutile. Si le Christ est venu apporter le glaive et non la paix, c'est pour la raison que le monde ne peut durer, et même les sociétés ne peuvent se renouveler indéfiniment qu'en se prémunissant contre l'amour. Un amour désarmé contre le monde et la société, contres les rois et les nations de la terre, ne peut pas être. Puisque le Christ se met en colère contre le trafic d'offrandes dans le Temple, imaginez sa colère contre les immondes cathédrales gothiques.

  • Amour est mort !

    Un athée rigoureux se doit de faire la démonstration que l'amour est une illusion ou un point de perspective abstrait, dépourvu de consistance physique ou naturelle comme l'infini ou le zéro.

    Cette démonstration conduit à tenir les espèces animales pour supérieures à l'espèce humaine, puisque les loups ne sont pas victimes de l'illusion amoureuse et des dégâts qu'elle entraîne. Le socialisme se nourrit de l'illusion amoureuse, et tous les régimes totalitaires modernes sont socialistes. L'amour est une arme de destruction massive.

    Le rapport entre l'homme et la femme est analogue au rapport entre la nature et la culture. La culture est faite de ruses, d'astuces ingénieuses pour se protéger de la nature.

    Une telle disposition rend, sur le plan social nécessairement "sexiste", l'amour impossible entre  les sexes opposés. La culture est entièrement paradoxale comme l'espèce humaine, dépendant de la nature en même temps qu'elle souffre à cause d'elle, maudissant et bénissant la condition humaine pratiquement au même instant. L'espèce humaine est répugnante à qui aime la logique, voire la raison, car celle des espèces animales paraît plus droite.

    C'est le fait des cultures artificielles d'abolir la différence sexuelle, c'est-à-dire des cultures où la conscience s'est perdue de la supériorité de la nature sur la culture. Le christianisme, accusé parfois d'être la cause de l'invention du progrès et de cette culture artificielle ne l'est pas. Le christianisme n'est ni sexiste, ni antisexiste, ni conservateur ni moderne, puisque la dernière chose à quoi on peut employer les évangiles, c'est à fonder une société nouvelle.

  • Dans la Matrice

    "Nous, civilisations, savons que nous sommes mortelles." Paul Valéry

    - Nous, chrétiens, savons que l'Occident n'est pas une civilisation et qu'elle n'en sera jamais une. L'Occident est une stratégie de la terre brûlée.

  • Critique littéraire

    Dans un pays comme la France où règle le culte de la littérature, qui comme tous les cultes est excessif, les chefs d'Etat sont amenés à "communiquer" leur passion dans ce domaine. On sait par exemple l'estime de de Gaulle pour l'auteur du "Génie du christianisme", le pédéraste chrétien François-René de Chateaubriand. J'insiste sur la pédérastie de l'auteur, au sens plein du terme, car elle explique pourquoi Chateaubriand trouve du génie à la religion qui en est le plus dépourvue au monde, car elle est la moins providentielle - moins encore que le judaïsme. Pour un artiste un peu plus sérieux ou un savant, le génie est en effet une maladie infantile.

    Georges Pompidou avait des goûts de prof. Mitterrand disait en pincer pour Jacques Chardonne, dont l'esprit n'est guère éloigné de Chateaubriand. Jacques Chirac devait trouver trop efféminé d'étaler ses goûts.

    N. Sarkozy a dit son admiration pour Céline, ce qui est plutôt habile quand on vient d'une banlieue chic, puisque Céline est le dernier grand auteur populaire, ce que l'on reconnaît notamment au fait qu'il est censuré par l'Education nationale. Pour ne pas complètement se couper de Neuilly et du financement du parti, N. Sarkozy a aussi dit admirer Proust. Difficile, là encore, de savoir s'il était sincère, mais il y a bien une commune "recherche du temps perdu" entre Proust et les politiciens modernes, c'est-à-dire une sorte d'activité paradoxale qui consiste à ne pas agir, une sorte d'autofiction pure, les politiciens étant désormais absorbés par l'élaboration de la meilleure image possible d'eux-mêmes.

    N. Sarkozy a émis cet avis qu'il n'est pas nécessaire d'être homosexuel pour aimer la littérature de Proust. Du reste Proust est le type d'homosexuel décrié aujourd'hui, qui refuse de faire son "coming out" pour ne pas choquer sa mère. Cependant, s'il n'est pas besoin d'être homosexuel pour aimer Proust, il faut comme beaucoup de femmes, être fasciné par la mort, et, je dirais, une qualité de plaisir spécifique associée à la mort. En même temps qu'elle en est le produit le plus raffiné, non loin du cinéma, la littérature de Proust traduit la nullité absolue de la culture occidentale et pourquoi Nietzsche la croit condamnée à rejoindre ce néant auquel elle aspire secrètement, comme une jouissance suprême.

    Ce qui manque chez Nietzsche, c'est une explication plausible de comment le prince des poètes, Satan-Zarathoustra, a pu être vaincu par une myriade de petits poètes pédérastiques occidentaux. Qu'est-ce que Satan peut bien avoir en tête quand il donne l'avantage à des guerriers-femelles, incapables d'héroïsme et qui font la guerre en appuyant sur des boutons et des gâchettes, au lieu de permettre aux valeureux guerriers arabes de triompher ? Pourquoi le triomphe de la quantité sur la qualité ? De la hyène occidentale sur le lion d'Orient ? Qu'est-ce que c'est que ce sens merdique de l'histoire ? Pour cela il faut lire les prophètes Paul de Tarse et Shakespeare, qui en savent plus sur Satan que ses lieutenants-généraux eux-mêmes. Chaque manière de faire la guerre indique un état d'esprit particulier de Satan à l'égard de ses créatures, une façon d'en disposer stratégiquement la mieux adaptée aux circonstances de la lutte.

  • Exit Darwin

    La théorie évolutionniste repose d'abord sur une méconnaissance de l'homme, c'est-à-dire une anthropologie erronée. A ma connaissance, Hannah Arendt ne mentionne pas la croyance dans la théorie évolutionniste comme un facteur du totalitarisme, bien qu'elle le soit, contribuant par le raisonnement d'espèce à réduire l'individualisme ; cet "oubli" de Hannah Arendt s'explique par son incapacité à interpréter de façon juste le bouleversement scientifique intervenu au XVIIe siècle, présenté habituellement comme une révolution et un progrès. H. Arendt est ainsi persuadée que la science moderne reflète moins l'homme que la science plus ancienne. Quiconque a un tant soit peu connaissance de l'évolution de l'art occidental devinera qu'il n'en est rien, et que le défaut de l'art moderne pour certains, qui en fait une qualité pour d'autres, est d'être TROP humain.

    La science naturelle antique, plus matérialiste, résiste à la démonstration du transformisme, notamment parce qu'elle est plus matérialiste et n'accorde par conséquent pas au déroulement du temps un rôle positif. Cette science naturelle, qui fut d'ailleurs celle d'hommes bien meilleurs observateurs de la nature que nous le sommes, des écologistes rationnels et non dévots comme ceux que nous connaissons aujourd'hui sous ce nom, s'accordait avec une psychologie plus précise que la psychanalyse moderne, cernant mieux les limites de l'homme. Montaigne s'en fait l'écho, quand il affirme que, se connaissant bien, il connaissance de la mécanique humaine en général, et connaît ainsi tous les hommes. En dépit de sa référence à la mythologie antique, la psychanalyse moderne ne contribue guère à dissiper le mystère humain.

    L'anthropologie erronée qui sert de base aux spéculations de Darwin (plus prudent que les néo-darwiniens, c'est-à-dire mieux conscient de la différence entre l'hypothèse scientifique et la science) est la pire anthropologie de tous les temps, à savoir l'anthropologie chrétienne. Ceux qui en tirent argument, à l'instar de Nietzsche, pour justifier leur combat antichrétien en faveur de la raison, ignorent ou dissimulent que l'anthropologie chrétienne est non seulement irrationnelle au regard des lois naturelles, mais qu'elle est en outre infondée sur le plan scripturaire, ce qui n'est pas la moindre cause de sa nullité scientifique.

    Il est vrai qu'on peut prendre Darwin pour un païen, de même que Bergson, relativement à Descartes et son puritanisme mathématico-chrétien, puisque l'évolutionnisme replace l'homme dans son contexte naturel. Mais cette idée n'est pas neuve. Les singes ont une âme du point de vue d'Aristote, ce qui n'empêche absolument pas ce savant de faire des raisonnements métaphysiques.

    L'idée qui reflète l'anthropologie chrétienne dans la théorie évolutionniste de Darwin est celle qui consiste à placer l'homme au terme de l'évolution et à en faire l'espèce la plus évoluée - à penser l'animal comme étant prédestiné à devenir homme. C'est cette idée qui se heurte aux preuves et expériences de la science païenne antique, aussi bien celles qui relèvent de la science physique que celles qui relèvent de l'étude de l'homme.

    Nombreux sont les philosophes de l'antiquité qui relèvent la force "surhumaine" de l'homme, qui lui permet de se désolidariser de son espèce, voire des éléments naturels, tandis qu'au contraire la puissance de l'animal réside dépend de l'espèce à laquelle il appartient et d'une science naturelle instinctive. Ulysse est un tel personnage de surhomme antique, sans doute plus détaché encore de la nature que le modèle inventé par Nietzsche du poète doué d'ironie, sachant tirer du caractère définitif de la mort les raisons de jouir "hic et nunc" de sa situation.

     

  • Bonheur contre Avenir

    Plus on est absorbé par le présent, moins l'avenir a de consistance. Ce sont donc surtout les fainéants qui conçoivent l'avenir - les peuples de fainéants comme les Allemands ou leurs cousins d'Amérique qui se déterminent en fonction de l'avenir.

    Les Allemands, et les Yankees plus encore, sont convaincus au contraire d'être actifs, mais ils le sont à la manière de ces femmes qui rangent et nettoient du soir au matin leur domicile en se persuadant de l'utilité de cette tâche ; ou bien encore de ces sportifs qui "s'entraînent dur" pour gagner quelques secondes ou centimètres.

    On éprouve ce sentiment d'immense vanité lorsqu'on vit aux Etats-Unis, et que tout ça ne sert à rien, comme lorsqu'on lit Proust ou Thérèse d'Avila, toute littérature érotique qui vise à remplacer chez des personnes malades ou des intellectuels, des femmes frigides, le plaisir érotique lui-même, que ces personnes ne sauraient éprouver sans défaillir. La littérature de Proust joue un peu le même rôle pour certaines personnes éthérées que le poster d'une femme nue pour le routier enfermé dans sa cabine.

    Si "tout est sexuel", comme dit Freud, alors autant flanquer au feu toute la littérature et fermer les cinémas pour apprendre des manières de jouir un peu moins théoriques. Mais l'humour, par exemple, n'a rien d'érotique, sauf à considérer les plaisanteries de soldats ou de parlementaires comme de l'humour, alors qu'il n'est qu'un simple rappel de leur mobile. La psychologie allemande du "tout est sexuel", à l'instar de la psychologie féminine, ne fait pas de place à l'humour.

    Les Français installés aux Etats-Unis que j'ai rencontrés, en dépit d'un cadre économique favorable, avaient beaucoup de mal à s'y faire à cause du masochisme des Américains et de l'ennui qui règne un peu partout. On devrait forcer les Français qui votent pour l'UMP et ceux qui prennent encore Jacques Attali au sérieux à faire un stage aux Etats-Unis. Ceux qui s'y plairaient pourraient y rester, et les autres pourraient constater à quel point l'économie moderne, loin de reposer sur des lois pragmatiques ou une vision réaliste du monde, est plutôt axée sur le rêve que les adolescents frustrés font d'être satisfaits un jour... d'une manière dont l'homme ne pourra jamais être satisfait.

  • La Femme et l'Evolution

    Une femme me reproche mon manque de délicatesse dans mes propos. La première image qui me vient à propos de délicatesse, ce sont des chimpanzés s'épouillant entre eux, avec une minutie et un amour qui forcent le respect, auxquels tendent à vrai dire nombre de couples modernes, suivant les conseils de leurs psys, sans jamais tout à fait y parvenir.

    La thèse darwiniste repose pas mal sur le hasard et le calcul de probabilité ; mais de mon point de vue, ce n'est pas un hasard si les primates ont d'abord été retenus comme l'étape précédant l'homme. C'est loin de tenir seulement à leur capacité à se tenir debout. Le singe est doté de pas mal de qualités du point de vue féminin, et de beaucoup moins de défauts que le genre humain masculin. Non seulement les hommages de tel ou tel humaniste moderne à l'égard de l'espèce des singes sont sincères, mais en outre ils sont biologiquement fondés.

    Etant donné la proximité démontrée par maints moralistes de l'âme bourgeoise avec celle du cochon, cette dernière espèce aurait pu servir d'appui à l'hypothèse transformiste si les porcs faisaient montre de plus de délicatesse et d'hygiène. On dit d'ailleurs que les hommes qui savent faire rire les femmes détiennent le moyen de les convaincre de s'accoupler avec eux, plus efficace qu'un physique apollinien. Le chimpanzé est inégalable, non seulement pour la délicatesse, mais aussi pour la variété de ses grimaces, en quoi il égale les meilleurs artistes de variété.

    - La seconde image qui me vient à propos de délicatesse n'est pas une image à proprement parler, puisque c'est la petite musique de Proust, poète 100% délicat. La délicatesse, si l'on y regarde à deux fois, est une forme de recherche du temps perdu, qu'il s'agisse aussi bien de l'art le plus délicat de la broderie que de la toilette commune des singes.

    L'indélicatesse est le péché moderne : naître homme vous fait naître pécheur dans le monde moderne, tandis que naître femme vous exonère du péché.

    Plutôt que de souligner ce qui peut inspirer le dégoût de la délicatesse, et qu'il n'est pas difficile de deviner à travers les écrits prophétiques, je préfère souligner ce qui fait le prix si élevé de la délicatesse, au sens figuré comme au sens propre. C'est la même raison qui fait aimer l'opium - la souffrance. L'art moderne n'a de prix qu'aux yeux des personnes souffrantes.

  • Devil and the French Front National

     Let's read (in French) in the anarchist webzine "Au Trou !?" a short dissertation about the Devil and the Front National, its leader Le Pen. They have been playing the role of the Devil in the French Politics and Ethics for about 40 years. During those years, French National Education Service and its two millions Agents lost the Prestige of Clerks and Ethics.

    This phenomenon of constant metamorphosis in the Ethics and the Clergy (The Enlightenment Philosophers took the place of Catholic clergymen in France once) are typical of the 'Western Civilization' that seems to have no fixed anchor point. In the Politics, as much as in the Economy and the Science, this Phenomenon has of course many consequences. Only German G.W.F. Hegel in his scholastic philosophy is trying to make the demonstration that this Phenomenon is Progress toward better Ethics/Spirituality. But both F. Nietzsche and K. Marx made the opposite Demonstration that hegelian idea of 'Progress' has no concrete signification and is entirely rhetoric (Marx is joking about the 'sein und dasein' of Hegel). In his side, F. Nietzsche is showing that modern western culture and modern western art are no culture and no art. And Karl Marx is making the demonstration that modern law and rights are governed by the self-destroying capitalist Economy.

  • Le Diable et la Morale

    A lire dans le webzine anarchiste "Au Trou !?", une note sur l'incarnation du diable par le Front national et son leader dans la vie morale et politique française au cours des 30-40 dernières années, au cours desquelles l'Education nationale et ses fonctionnaires ont perdu le prestige attaché au clergé et à la morale.

    Ce phénomène de métamorphose de l'éthique et du clergé (on vit jadis les philosophes des Lumières investir les positions tenues par auparavant par le clergé catholique) dont les répercussions, tant économiques que politiques et scientifiques sont déterminantes, est un phénomène typiquement occidental. Seule la philosophie scolastique de G.W.F. Hegel s'efforce de démontrer dans ce phénomène culturel, qui présente une analogie avec la force motrice (action-réaction), un progrès vers un plus grand bien ou une plus grande spiritualité.

    F. Nitche et Karl Marx ont fait la démonstration que l'idée hégélienne du progrès est purement rhétorique. De son côté Nitche montre que l'art occidental est essentiellement décadent et incapable de produire les mêmes effets bénéfiques que l'art antique. Quant à Marx, il fait la démonstration d'un droit moderne soumis aux nécessités d'une économie moderne en voie d'autodestruction.

  • Satan dans l'Eglise

    "Il est opportun que les générations d'aujourd'hui expriment leur entière reconnaissance à tous ceux qui ont accepté un sacrifice aussi lourd." J. M. Bergoglio, évêque de Rome

    "Le Figaro" du jour rapporte ces propos du pontife romain à propos de l'anniversaire du débarquement des troupes alliées en Normandie, cérémonie qui relève de la mascarade hypocrite, non seulement du point de vue chrétien, mais simplement d'un point de vue rationnel.

    Tandis que le successeur de Staline, V. Poutine, est vilipendé un peu partout dans la presse selon une stratégie et des moyens qui relèvent de la propagande totalitaire au service du camp adverse, la "Libération" de la France, qui sans le boucher Staline n'aurait pu avoir lieu, est célébrée en grandes pompes. On reconnaît le pharisaïsme au procédé du blanchiment, et en l'occurrence, le moins qu'on puisse dire, c'est que la couche de chaux est épaisse. Les massacres perpétrés en Normandie par les troupes américaines furent d'ailleurs tels que la population locale redoutait les soudards américains plus encore que les soudards allemands. Le moins suspect de compromission avec le nazisme, l'évêque catholique de Munster Von Galen, face aux mêmes bombardements américains aveugles et meurtriers, reconnut qu'il n'y avait pas de différence entre les nazis et leurs cousins d'Outre-Atlantique. 

    Contrairement aux propos mensongers du chef de la secte romaine qui a modelé l'étrange civilisation occidentale, le Messie et les apôtres SONT PARFAITEMENT DISSUASIFS DE SE SACRIFIER POUR UN QUELCONQUE PLAN MONDAIN.

    Le Messie fit comprendre à son apôtre qu'il était inutile de tirer son épée pour le défendre. Mais il serait souhaitable de le faire pour défendre tel ou tel pacte militaro-bancaire ? Et des prêtres chrétiens pourraient légitimement bénir ça ? De qui les catholiques romains se moquent-ils ? Ils se moquent d'abord de leurs propres gosses. Même à un soudard un peu expérimenté, ce type de procédé pourra sembler abject : non seulement de la gnôle, un prime, un uniforme, des putes, tout l'attirail du parfait connard, mais par-dessus le marché des prières de salopes catholiques pour encourager au vice. Les bonnes femmes mènent les hommes à la guerre, et rien d'autre.

    Ceux de la génération d'aujourd'hui feraient mieux d'écraser du talon les vieilles vipères qui prônent le Christ d'une part, et sont revêtus par ailleurs des ornements sacerdotaux du culte de Mithra.

     

  • Doute et religion

    Le doute est la religion moderne, à la fois la plus humaine et la plus religieuse de toutes, un opium circulant dans les veines de l'humanité à toute vitesse. Sans oublier ce sentiment de culpabilité, caractéristique des alcooliques et des drogués. Le courage manque pour se suicider, comme pour chercher un but, alors on danse, on valse-hésite.

     

    Je ne parle pas du doute comme un scepticisme, mais comme une certitude, une certitude qu'il n'y a pas de vérité, où que le hasard est la vérité. Je parle du doute comme la seule certitude proprement humaine, car il n'y aucune certitude véritable qui ne soit fondée dans l'homme. Quand on se tourne vers l'homme, on ne voit que le néant ou les gagdets technocratiques. Les mathématiciens modernes sont des derviches tourneurs qui donnent la nausée.

    Et je parle du doute comme d'une religion, car il vient d'en haut, il vient des élites ; de façon caractéristique des imposteurs qui, dans l'art ou la science prônent qu'ils est plus important de chercher que de trouver, d'errer que de ne pas errer. Qu'y a-t-il là de rationnel ?