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Lapinos - Page 49

  • Valeur du rêve

    Le progrès personnel, en art, entraîne à considérer la valeur de l'onirisme ou du rêve comme nulle ; ça m'intéresse moins de savoir comment un cinéaste fabrique son cinéma qu'un pâtissier ses gâteaux. Comme les intellectuels, les cinéastes ne savent rien faire seuls, et tout leur art consiste à se rendre indispensables aux pires entreprises humaines.

    La vie des trafiquants de drogue est sûrement plus palpitante que celle des cinéastes, suppôts de Satan, mais de 3e classe seulement.

    Moins débile que le cinéma, l'art égyptien est fait pour fasciner, donc pour faire rêver. Mais ses planificateurs eux-mêmes font preuve d'un esprit diablement raisonnable et discipliné. Ils font rêver le quidam par leur grande maîtrise, tandis que le cinéma se base le plus souvent sur le bluff et quelques gadgets. Une poignée d'écrivains, au XIXe siècle, a déjà épuisé toute la matière que le cinéma mâche et remâche. Ces écrivains mettaient plus d'humour, et n'éprouvaient pas le besoin de se pavaner comme des paons.

    Aux Etats-Unis, on arrête parfois la circulation des voitures et des piétons pour tourner des scènes de cinéma. Peut-on faire plus barbare ? Mon pote américain, sans doute l'Américain le moins prêt à assassiner son voisin pour quelque problème de libido sous-jacent, éprouvait d'ailleurs une certaine honte de ce cirque indécent : emmerder les gens pour un film.

    Les animaux domestiques rêvent. Ils rêvent qu'ils sont des animaux sauvages.

  • Le Nouvel Ordre Ethique

    Pourquoi le nouvel ordre moral est-il "de gauche" ? Parce que l'argent est une valeur droite. Pas de zig-zag entre celui qui possède l'argent et celui qui n'en a pas. Inutile de se tordre le cou pour savoir lequel a le pouvoir.

    Le président Hollande a parfaitement compris le sens de son sacerdoce en plaidant contre l'argent devant ses fidèles. La détermination au gain est un mobile carnassier beaucoup trop transparent pour que ceux qui n'ont pas de biens puissent avoir foi dans l'éthique de ceux qui les gouvernent. L'usage du mot grec est pour ne pas trop faire voir la filiation avec la morale d'ancien régime.

    La gauche est donc là pour faire tampon entre les élites et ceux qui turbinent ou attendent impatiemment un nouvel emploi ou une nouvelle donne.

     Toutes les ruses modernes pour méduser le peuple et l'inciter au devoir vaille que vaille, peuvent être dites "de gauche".

    Marx, qui n'est ni de gauche, ni de droite, sans quoi il ne serait pas historien, savait parfaitement que les docteurs de la nouvelle Eglise socialiste seraient ses pires ennemis, la droite ayant tout simplement perdu prise sur les nouvelles réalités industrielles, et donc politiques. La doctrine réactionnaire antilibérale, anticommuniste et antidémocratique de Nitche ne fait, sur le terrain politique, qu'exprimer la nostalgie d'un ordre social révolu.

    Les ruses de la gauche coïncident à peu près avec ce qu'on appelle l'intellectualisme. C'est ce qui explique que les Français penchent très peu à gauche, et qu'il faut tout un arsenal médiatique à la gauche pour se faire élire, depuis qu'il n'y a plus ni parti communiste, ni ouvrier en France ; à l'exception des femmes, persuadées que les intellectuels sont des savants, alors que ce sont surtout des bêtes à concours d'une grande servilité. Les intellectuels de droite en sont réduits à écrire des petits romans parfaitement lisibles et tout à fait simplets, qui les conduisent à l'Académie française et poser en costumes de polichinelles, sans se douter de rien.

    Si 100% des intellectuels français s'exilaient aux Etats-Unis, où ce type d'individu trouve plus facilement du crédit, notamment parce que les Américains savent à peine lire et écrire, personne ne ferait la différence. On serait débarrassé, faute de spécialistes, de tas de sciences inutiles. Tandis que si vous divisez le nombre des éboueurs de Paris par deux, là ça fait une différence.

  • Quitter la terre

    Sans Molière et quelques autres types valeureux de son espèce, je crois qu'il me faudrait rayer la France de mon vocabulaire.

  • Exit la culture

    Entre la culture et le peuple, Marx interpose la critique. Plus largement, aucun détracteur de la propriété et de l'argent ne cautionne la culture, dans la mesure où celle-ci comporte la justification de la propriété et de l'argent.

    Marx a du reste anticipé la métamorphose du culte néo-païen catholique romain en culture républicaine, et fait du motif de se plonger dans la culture moderne un motif semblable à celui de plonger dans l'opium.

    Il ne faut pas chercher plus loin l'extraordinaire gaspillage de ressources humaines pratiqués par les élites républicaines, plaçant ainsi une cloche à fromage étanche sur les gosses de ce pays, sous le couvert d'un cartésianisme si étriqué que Descartes lui-même ne le reconnaîtrait pas.

    L'appétit spirituel des gosses a été coupé à l'aide du néant de l'existentialisme, au point que le satanisme ou l'écologie peuvent passer légitimement pour des axes plus sûrs que la foi dans l'argent.

  • L'Occident et la Mort

    Une erreur de jugement commune, c'est de croire que l'Occident néo-païen ne veut pas entendre parler de la mort, contrairement à l'Orient païen, où la mort possède les droits d'une divinité majeure, devant laquelle on se prosterne - la pyramide des Egyptiens est un hymne funèbre inégalable selon moi. Et si l'on avait placé des officiers de la SS à côté de ces pyramides, on les aurait vu s'incliner avec respect. Par principe, les nazis s'inclinent devant tout ce qui est architectural, même les cathédrales gothiques mal foutues, ou les cubes de Picasso, tellement le Boche craint que le ciel ne lui tombe sur la tête, ce qui finit par lui arriver, en raison de sa frayeur atavique d'homme de caserne.

    C'est la fragilité de l'art moderne occidental qui explique l'attitude de la race de fer vis-à-vis de la mort. Cette "fuite en avant", qu'il nomme "progrès" ou "modernité", et que son activité économique traduit le mieux, assimilable à la plus vaine "recherche du temps perdu", est caractéristique de l'homme occidental, privé d'un art assez solide pour se défendre, efféminé comme pas deux. Oui, vraiment, Satan a du souci à se faire.

    L'affolement de l'homme moderne signifie bien que la mort est là, omniprésente. Dans sa fuite, il ne peut pas se retourner. Affolement et fuite devant la mort sont bien la clef des génocides modernes particulièrement vastes commis par les Occidentaux, gestionnaires du monde. Si l'économie occidentale est aussi chaotique, par exemple, c'est parce qu'elle est infectée de psychologie : son fétichisme dépasse tout ce qui a été inventé avant.

    L'excès de puissance de l'Occident sur le reste du monde lui vient principalement de son effroi constant. Comme s'il ne portait pas des vêtements assez chauds. C'est cette panique qui détermine l'Occident à une activité aussi intense, et qui le fait ressembler à un insecte, son art à des pattes de mouches.

  • Du Gay savoir

    L'essayiste français Pascal Bruckner impute dans l'un de ses essais le sentimentalisme débordant de la société occidentale au christianisme. C'est un truc récurrent chez les philosophes républicains modernes, et non seulement Nitche, d'imputer au christianisme la décadence des institutions.

    Un peu plus d'honnêteté intellectuelle ou de professionalisme obligerait à accuser l'Eglise catholique, et non le christianisme, de ce mysticisme sexuel débordant et dangereux, dont la demande d'institutionnalisation des relations lesbiennes ou sodomites dérive. Si le mariage gay est bien égal au mariage catholique romain, c'est sur un point : celui des sentiments, exclu des rituels d'union païens. Les militants gays n'ont pas introduit le débordement sentimental, mais l'Eglise romaine elle-même précédemment.

    Pourquoi l'Eglise romaine, et non le christianisme ? Parce que les évangiles ne permettent de fonder AUCUNE DOCTRINE SOCIALE. Le Messie traite les juifs pharisiens de "chiens", parce qu'ils ont commis cette faute contre l'Esprit de dieu.

    Les démocrates-chrétiens commettent une imposture et un blasphème majeur : en effet, rien ne leur permet de décréter à la place de Jésus-Christ dans un domaine où celui-ci n'a jamais cru bon de décréter.

    Si cette nuance majeure entre la docrine sociale catholique romaine d'une part, et la parole de dieu d'autre part, doit être faite, c'est parce qu'elle permet de comprendre la fragilité particulière du néo-paganisme catholique romain. On pourrait quasiment parler de néo-paganisme "schizophrène". Quelques érudits seulement en ont conscience ; il est difficile de croire, par exemple, que Galilée ou Joseph de Maistre ignorent qu'ils proposent des doctrines antichrétiennes, tellement elles sont inspirées par des principes "maçonniques" ou platoniciens contraires au christianisme (l'évangile de Judas Iscariote révèle qu'il était adepte de la philosophie morale de Platon).

    La divagation juridique est donc une marque particulière de l'Occident, qui trouve son origine dans la doctrine sociale de l'Eglise catholique. L'imprécision des philosophes voltairiens, la raison pour laquelle ils ne veulent pas ou ne peuvent pas viser juste, est assez facile à comprendre : les institutions républicaines dérivent des institutions catholiques romaines. La principale différence entre les institutions monarchiques catholiques romaines et les institutions républicaines modernes est d'ordre économique, non pas juridique. La théorie nationale-socialiste ou hégélienne du progrès serait mise à mal si la solution de continuité était mise à jour entre tradition catholique romaine et modernité technocratique républicaine.

    Pour le combat contre la subversion de l'Esprit, il n'est pas inutile de comprendre que Shakespeare, avant même qu'elle ne prenne l'aspect tentaculaire et métastatique qu'on lui connaît, a tranché la gorge à la doctrine sociale de l'Eglise romaine. C'est le sens sans équivoque de la mythologie de Shakespeare. Sous l'apparence païenne ou séculière, Shakespeare met le feu au Capharnaüm catholique romain, véritable paganisme recouvert des oripeaux de la foi chrétienne. Si les universitaires voulaient bien se donner la peine d'être intelligents, ils comprendraient que Shakespeare le fait d'une manière plus complète et qui excède largement en force la manière de Luther. Shakespeare est le découvreur du globe, de sa lâche médiocrité, et il ne faut pas s'attendre à l'éternel retour de Fortinbras. Si les meilleures choses ont une fin, les pires aussi, par bonheur.


  • Saint Molière

    Le culte des saints légendaires dans l'Eglise romaine est un scandale, vu la coïncidence de la propagande et du mensonge. Le témoignage chrétien est l'inverse de la propagande patriotique. Le blanchiment de religieux ayant trempé dans le crime ou la politique n'est pas un scandale moins grand; le cas du sinistre Bernard de Clairvaux est le plus frappant, complice d'assassinats et de manigances politiques.

    Quant aux saints "théologiens", quant ils écrivent n'importe quoi, ce qui est fréquent dans les ordres religieux conventuels, leur canonisation signale la bêtise extrême de ceux qui les ont "canonisés", procédure en soi démentielle, et irrecevable sur le plan spirituel chrétien, car elle relève de l'idolâtrie et du culte de la personnalité.

    L'imbécillité est fréquente chez les moines, à cause des règles de vie qu'ils édictent, et qui vont chez les plus fous se substituer à la parole de dieu. Une caractéristique des évangiles, c'est qu'ils ne fournissent pratiquement aucun règlement de vie. Le point de vue existentiel condamne le christianisme ; le mérite de l'antichrist Nitche est plus grand que de très nombreux prétendus "saints" de le préciser : le Messie des chrétiens n'a aucune considération pour les valeurs sociales, mais ne se soucie que de la vérité.

    Je dois beaucoup à Molière. Il m'a gardé de devenir un intellectuel ou d'avoir du style, ce que j'aurais pu devenir à cause de mon héritage familial et du goût décadent pour l'intellectualisme, qui fait la littérature contemporaine aussi médiocre et fière de l'être que les romans de M. Houellebecq.

    La faiblesse du monde et sa chute imminente probable sont liées au fait qu'il est dirigé actuellement par des intellectuels, c'est-à-dire ceux-là que le Français élevé par Molière voit comme des parasites dans l'ordre de l'esprit, premiers responsables de la bestialité humaine et des génocides. Hitler ? Un irresponsable, mais pas plus que n'importe quel homme politique ; et quelle pureté, à côté de l'extraordinaire duplicité de la haute société britannique.

    Voyez comme les polytechniciens sont blanchis, combien en ce domaine la doctrine nazie de la banalité du mal a plein effet.

    Les intellectuels constituent en quelque sorte l'âme du monde, réalité qu'ils inventent et qui n'existe pas. Rien d'étonnant à ce que Sartre déduise le néant: c'est le territoire de prédilection des intellectuels. L'abstraction fournit un refuge plus sûr aux intellectuels que les postes avancés ou se tiennent les politiciens. Que Marx ait cru bon de démissionner de l'Université afin de pouvoir dire la vérité, c'est quelque chose qu'un esprit français peut assez facilement comprendre.

    L'abstraction ou le langage: on perçoit chez saint Molière qu'il est une chose impure. C'est une notion que les artistes chrétiens authentiques ont toujours tenu à préserver. Ce qui sort de la bouche de l'homme est cause d'impureté, affirme Jésus-Christ, ce qui constitue une condamnation sans appel de l'anthropologie, c'est-à-dire de la foi et de la raison égyptienne ou romaine.

    Aussi peu chrétien en apparence soit L.-F. Céline, cette notion l'explique largement. Si, comme la brute nazie, Céline avait pris le langage pour une chose sacrée, il ne se serait pas permis de le réorganiser. Et d'ailleurs Céline a conscience que la justification du génocide du peuple par les élites, dans les moments où celles-ci se sentent menacées, passe d'abord par le langage, qui sert toujours de caution à la violence. L'ignominie de Bernard de Clairvaux est d'abord d'être un rhéteur, quand la parole de dieu ne fait pas de place à la rhétorique. Et déjà auparavant le combat de Moïse fut celui du mythe contre la rhétorique égyptienne.

     

  • Résistance active

    Pour contribuer à l'esprit de résistance active des Français, en particulier les plus jeunes, à la corruption extrême de leurs élites politiques, religieuses, morales, artistiques et scientifiques, cet article dans le fanzine "Au Trou" sur l'Argent et l'Etat - en quoi ils se complètent et constituent un pan incliné vers la barbarie.

  • Gay Savoir

    Mêler Jésus-Christ et la parole de dieu à la manifestation de l'hystérie sociale en faveur du mariage est le plus grand péché du point de vue évangélique. Le plus grand péché parce qu'il altère la logique du message chrétien, universel.

    La fornication, qui désigne un péché de nature spirituelle et non charnelle, est le péché des hystériques défenseurs d'un ordre social qui n'a jamais existé et n'existera jamais, ainsi que la révélation chrétienne l'affirme sans ambiguïté.

    A toutes les questions sociales qui lui sont posées, sans exception, le Messie oppose une fin de non-recevoir. Pour le rétablissement de l'ordre social, voyez le pape et ses beaux discours théoriques contre nature (c'est-à-dire dont la nature n'offre aucun exemple, ni même les prémisses d'une probabilité).

    Quelle sorte de prêtre peut cautionner cette kermesse, quand le tiers de l'humanité crève des caprices de ceux qui maintiennent le monde dans le chaos ?

  • Encore le féminisme ?

    "Comment peut-on ne pas être féministe ?" Benoîte Groult.

    Venant d'une Bretonne, la question fait sourire, car pratiquement tous les Bretons marchent au pas que leur indiquent leurs mères/femmes depuis des siècles. On ne les a pas envoyés en première ligne en 14-18 par hasard. Pratiquement, j'ai failli me faire lapider une ou deux fois en Bretagne, en raison de ma misogynie ; non par des femmes, mais par des hommes.

    Discrètement, entraînez une femme dans un cimetière, et voyez sa réaction. Plus elle est femme, mieux elle s'y sentira. La réaction violente contre l'oppression s'exerce toujours contre des valeurs féminines. La mort et le cimetière en font partie.

    Les Bretons sont d'ailleurs recherchés par les femmes, comme les gays.

    Contre les billevesées peu scientifiques de Mme Groult, il faut dire que la violence masculine résulte le plus souvent d'une idéalisation excessive de la femme, suggérée par les mères à leurs fils. Ce qui retient au contraire les hommes d'être violents, c'est la conscience que les atouts des femmes sont limités ; comme dit Shakespeare, que la beauté de la rose passe vite, et que la spéculation de Perrette ne traduit pas l'intelligence mais la foi.

    La meilleure raison de n'être pas féministe aujourd'hui, c'est que c'est une valeur en crise. Le féminisme, fait pour servir au blanchiment des valeurs libérales, durera autant que ces valeurs libérales dureront. Elles sont aujourd'hui les plus suspectes d'être entièrement faites pour conduire à l'asservissement volontaire des peuples. Pour se renflouer, le féminisme doit miser sur le renflouement des banques et l'éternel retour du profit et de la laine tondue sur le dos des peuples opprimés.

    Pratiquement, ce que fait aujourd'hui la société libérale de Mme Groult, c'est d'exporter la violence masculine dans le tiers-monde. Il n'y a aucune société capitaliste qui n'ait envisagé une manière de canaliser la violence masculine et s'en servir. Car les hommes sont assez sincères pour, lorsqu'ils sont violents, l'être autant avec eux-mêmes qu'ils le sont avec autrui.

    Et le féminisme est une plaisanterie, comme toutes les valeurs libérales.

  • Subversion du christianisme

    L'essayiste Jacques Ellul impute la subversion du christianisme depuis le moyen-âge à l'Eglise catholique et sa doctrine imitant l'islam, ou complètement sous son influence. On peut noter comme une curiosité que Thomas d'Aquin, symboliquement décrété docteur majeur dans l'Eglise catholique, est plus "islamiste" qu'Averroès, dans la mesure où ce dernier traduit mieux Aristote, en particulier la méfiance de ce dernier vis-à-vis des matières spéculatives telles que l'algèbre ou le droit.

    La critique d'Ellul, doublement dirigée contre l'Eglise romaine et l'islam, était prédestinée à faire florès aux Etats-Unis où les catholiques sont peu représentés dans les élites, et les préjugés raciaux importants, comme dans toutes les nations où la science juridique tient les foules en respect, non comme en France où l'on a mieux conscience que le jugement d'autrui implique une forme d'aliénation mentale, et que la conscience scientifique s'érige contre le lien social.

    C'est ce qui fait de Moïse une des premières consciences scientifiques de l'humanité : le fait qu'il discrédite le lien social où Satan se tient tapi. Les Juifs ont restauré le lien social contre leurs prophètes ; c'est ce que leur reproche Jésus-Christ. La méthode des prêtres juifs a été reprise ensuite par l'Eglise catholique.

    La critique de Jacques Ellul n'est pas fausse, dans la mesure où l'islam fait place au droit naturel, que le Messie, anarchiste, ne cesse de remettre en cause en raison de la justification du péché et de la mort à laquelle les païens procèdent en indexant leur conscience au droit naturel.

    Où le jugement d'Ellul est faux, c'est qu'il est psychologique et non historique. Comme un musulman, comme un catholique romain, il se situe sur le plan psychologique ; celui-là même que le point de vue authentiquement chrétien de Shakespeare s'efforce de faire voler en éclat, au profit de l'histoire. L'Eglise romaine a toujours comploté pour empêcher l'histoire : c'est la marque de fabrique de la doctrine catholique romaine.

    C'est ce qui permet à Ellul, après avoir démontré la subversion catholique romaine, par imprégnation de l'islam, de blanchir subitement l'Occident, comme si l'Eglise romaine n'en était pas la matrice, et que l'Occident ne continuait pas de se conduire exactement selon son faux pas.

    Sur le plan individuel seul, la responsabilité est pleine et entière. Le monde seul oblige Thomas d'Aquin à subvertir le message évangélique pour y ajouter ce qu'il juge opportun. Tout mensonge est une concession au monde, et il importe de ne jamais le traduire comme un souhait de dieu.

    On peut se passer d'inculper l'islam pour examiner le procédé de la subversion. L'obligation de travailler est la principale cause pourquoi les foules se détournent de dieu dans les temps modernes. La consécration du travail est donc là où les esprits sataniques ont agi principalement, contre l'Esprit et la lettre des évangiles. La bourgeoisie libérale chrétienne est décrite comme une puissance infernale déterminante par les meilleurs théologiens pour cette raison ; parce qu'elle a rétabli l'esclavage de l'homme, son attachement viscéral à la terre, contre le Messie.

    Pourquoi les philosophes antiques sont beaucoup plus misogynes que les nôtres : parce qu'ils n'ont pas du travail ou du labeur une très haute idée, c'est mathématique. Pour Aristote ou Démocrite, par exemple, le travail est bon pour les animaux, et non pour les personnes humaines. Le travail est un mal nécessaire, et donc le philosophe doit s'efforcer d'échapper à ce mal nécessaire pour pouvoir penser autrement que selon lui, qui ne serait pas penser, mais vouloir en vain ; sinon, tant qu'à faire, autant travailler comme boulanger ou cordonnier. Voilà ce que pensaient Aristote et bon nombre de philosophes antiques du travail. Le libéralisme consiste à l'aide de quelques sophismes évolutionnistes à enchaîner le travail à la pensée. Le nazisme ne se dégage pas de l'influence libérale. Pratiquement le nazisme est une manière de vouloir pratiquer le libéralisme avec honnêteté.

    Pour que vous sachiez, enfants, entre les mains de qui vous êtes, et qui a l'odeur immonde du Danemark.

  • Le Christ anarchiste

    L'expression "éthique de la liberté" est la plus malencontreuse employée par l'essayiste protestant Jacques Ellul, à la suite de sa démonstration du caractère subversif de la morale catholique romaine.

    En effet, l'éthique de la liberté est l'argument typique du totalitarisme. Contrairement aux vieilles tyrannies de droit divin, qui prétendaient régler la société selon l'ordre pyramidal naturel, le totalitarisme prétend libérer les peuples : il se justifie à l'aide de cette éthique de la liberté. L'aspect convulsionnaire du droit moderne, si bien élucidé par Shakespeare, vient de là : de l'amalgame de l'éthique, nécessairement antichrétienne, c'est-à-dire étrangère à la spiritualité évangélique (comme Ellul le rappelle !), avec la liberté, que le droit païen ne connaît pas, puisqu'il est déterminé par la mort et la culture de vie.

    La décadence ne vient pas, comme le prétend l'antichrist Nitche, de la lâcheté ou du manque de virilité de Jésus-Christ, des chrétiens et des anarchistes : elle vient de la corruption irrémédiable des choses organiques, que les mauvais poètes intellectuels ne se résolvent jamais à admettre, car cet art est le leur ; et cette corruption prend une dimension de terreur mondiale en raison de l'amalgame de l'éthique et de la liberté, prônée par les pharisiens de la synagogue de Satan, trafiquants du sacrifice de l'homme le plus vain, afin de servir leur propre justification.

    Ne laissons pas l'éthique du curé germanique pénétrer l'Eglise, qui sous couvert du soin de l'homme organise l'incurie la plus terrible.

  • Impossible n'est pas chrétien

    Pour l'anthropologue, le mal est un fait banal. C'est la raison pour laquelle le christianisme vomit l'anthropologie et les anthropologues. Inconsciemment ou peu consciemment, Voltaire défend contre Pangloss-Leibnitz le point de vue chrétien. Ce qui n'est pas chrétien chez Voltaire, et revient à l'anthropologie, c'est de croire que l'on peut lutter contre le mal sur le plan social.

    A cette science-fiction rousseauiste ou voltairienne d'un monde meilleur pour remédier à la tyrannie égyptienne (oedipienne) de droit divin, les idéologies socialistes modernes ont, depuis, ajouté un cynisme extraordinaire, dont on ne peut accuser Rousseau, ni même Voltaire. La démocratie-chrétienne bat des records de cynisme, puisqu'elle défend et justifie ce qu'il est impossible de défendre du point de vue chrétien : la démocratie, c'est-à-dire, en réalité, le totalitarisme, un nouvel ordre oedipien.

    Les Etats-Unis dévoilent peu à peu leur satanisme profond derrière l'apparence démocrate-chrétienne et des parjures odieux cautionnés par Rome.

    La trahison des anthropologues chrétiens vient du fait qu'ils soumettent la parole de dieu à l'ordre civil, ce qui est le pire crime que l'on peut commettre contre l'Esprit.

    Toute tentative d'inventer une éthique chrétienne, suivant la rhétorique nébuleuse des philosophes boches, ou de justifier une politique par des arguments chrétiens, implique nécessairement la négation du péché originel. L'éthique juive consiste exactement dans la même trahison de la loi de Moïse, pire encore que les blasphèmes de Freud ou Einstein contre dieu.

    Le péché originel est effacé par les anthropologues ou les sociologues chrétiens au niveau de la famille, dont ils restaurent le sens sacré, purement païen et romain. Une fois la famille blanchie, comme toutes les institutions découlent de ce modèle -le président de la République française est le "pape" mystique des Français, ce sont toutes les institutions politiques qui sont blanchies par conséquent, quand le Messie ne cesse d'inciter à s'en détacher en raison de leur vice de forme macabre, c'est-à-dire du péché.

    Si le christianisme authentique de Shakespeare est aussi frappant, dans le sens de l'Esprit, c'est parce qu'il dénonce cette subversion du christianisme, qui consiste pour les institutions catholiques romaines à effacer le péché originel et à fermer ainsi la porte à l'apocalypse, qui prend pour symbole de l'Eglise une femme, qui contrairement à toutes les autres, qu'elles soient de chair ou des personnalités morales, n'est pas liée à la terre par le péché, mais liée au ciel par le rejet de l'ordre humain anthropologique ou artistique.

    Autrement dit, le salut chrétien est improbable ou impossible, mais il est le plus sûr, car les promesses des anthropologues ne s'accomplissent qu'après la mort, et elles ne sont rien d'autre que la mort. Toute l'astuce des anthropologues pour séduire le monde consiste à idéaliser la mort et lui prêter le caractère métaphysique qu'elle n'a pas. La morale pure est le baiser des imbéciles sur la bouche de la mort.

  • Rome ou la Prostituée

    Un certain nombre d'esprits réactionnaires, au sein de l'Eglise romaine, se sont élevés au cours de l'histoire de cette institution contre son clergé. Pour plus de commodité, je les qualifient "protestants", bien que leurs critiques visent les hommes : clercs, évêques ou papes, et non l'institution elle-même.

    Le cas le plus connu est celui de Dante Alighieri, qui retourne la morale catholique elle-même, puisque, pour ainsi dire, il projette les papes dans l'enfer. D'une certaine manière, les derniers évêques de Rome prouvent que Dante s'était lourdement trompé : le pouvoir politique ne peut être scindé du pouvoir moral ; l'économie est capitaliste, par conséquent les moeurs portent son empreinte, donc les démocrates-chrétiens sont des chiens, puisque leur puissance repose sur la sueur et le sang d'autrui et la négation de l'amour. Cette erreur de jugement de Dante -sa foi dans un régime laïc, dont l'Eglise sortirait purifiée-, n'est pas la seule raison pour Shakespeare de rejeter Dante : - que vient faire Virgile dans le christianisme ?

    On peut indiquer aussi parmi les "protestants", plus récemment, Léon Bloy et Georges Bernanos. Bloy n'hésite pas à vitupérer le clergé catholique, qu'il accuse d'être mondain. Bernanos ne ménage pas ses confrères catholiques, et affiche utilement son dédain du métier d'écrivain ou d'intellectuel, sentant sans doute trop le rapport que ce genre de "métier" peut avoir, dans le monde moderne, avec le pharisaïsme.

    Cette réticence à critiquer l'institution, ses fondements, sa mécanique institutionnelle, est le fait de l'ignorance historique, principalement. Bloy invente ainsi un âge d'or chrétien, médiéval, qui n'a pas existé, et qu'il aurait été le premier à détester, étant donné son peu de goût pour la casuistique et la philosophie platonicienne, dont les effets pernicieux se font particulièrement sentir en ce temps-là.

    La lecture de l'apôtre Paul renseigne aussi sur le fait que l'épouse du Christ, à laquelle l'Eglise est comparée, ne peut avoir une forme institutionnelle, puisque "les oeuvres de la loi", dit saint Paul, ne sauvent pas. L'Eglise romaine est donc dans le prolongement de la synagogue.

    Couramment les institutions politiques païennes sont représentées sous les traits d'une femme : ville, état, voire continent ; de médiocres artistes ont d'ailleurs souvent représenté Marie, mère de Jésus-Christ, dotée de symboles païens, oubliant que c'est ce que la soldatesque romaine fit avec Jésus-Christ, confondant sa royauté avec la monarchie divine des païens, qui repose sur le droit naturel et la providence. On observe ainsi que le symbolisme chrétien inverse le symbolisme païen élémentaire ou naturel. Comme le royaume de Jésus-Christ renverse les valeurs babyloniennes ou égyptiennes des royaumes humains dits "de droit divin", l'Epouse du Christ est un symbole historique qui renverse celui de la tentatrice primitive, Eve, dont la grande Prostituée ne fait que prolonger le discours.  Les siècles doivent s'achever avec l'union de l'épouse véritable, c'est-à-dire l'Eglise véritable, et non celle qui passe son temps à se justifier comme une prostituée, avec son époux.

  • Bousculer les femmes

    J'invente des moyens de choquer les femmes, puisqu'il n'est pas permis de leur botter le cul. Dans le meilleur des cas, elles me regardent avec cet air de condescendance qu'ont les mères pour leurs enfants, en se disant qu'avec l'âge, je finirai bien par devenir normal.

    - Les femmes n'envisagent que les moyens ; plus fréquemment, on observe les hommes s'interroger sur le but de leurs actions. L'éducation des enfants par les femmes, notamment, est désastreuse ; comme elles n'envisagent que les moyens, elles voient les gosses qui leur sont confiés (écoles primaires), sous l'angle du potentiel.

    Malgré la somme des "crimes contre l'humanité" imputables à la polytechnique, rien n'y fait : ces êtres dépourvus de pitié rêvent toutes que leurs gosses fassent polytechnique. J'avais comme ça un camarade de lycée, complètement circonvenu par sa mère, qui le tenait enfermé à double-tour, jusqu'à ce qu'il entre à l'X. Et ce pauvre martyr de la connerie moderne a fini par y parvenir. Je suppose qu'il lui a fallu trouver une autre femme pour remplacer la première, et lui enseigner la meilleure solution finale.

    - C'est la question du but qui affaiblit les hommes sur le terrain social, l'autocritique qui amoindrit leur volonté. Les soldats, eux, sont des femmes. Je veux dire qu'ils sont entraînés à le devenir. La femme a du travail une idée beaucoup plus haute que l'homme : cela suffit à prouver qu'elle s'opprime elle-même.

    Où Nitche a-t-il pris que Jésus-Christ est efféminé, alors que les Romains sont tous des tapettes inféodés à leurs mères, n'aimant qu'elles ou celles qui leur feront oublier que leurs mères les ont ignorés, faute de potentiel suffisant.

  • La Censure

    La censure qui opère efficacement au service du confort intellectuel est la censure de la vérité. On voit fréquemment les vieillards se momifier dans la certitude que la vérité n'existe pas. Il est fort douteux qu'ils l'ont jamais recherchée, si ce n'est sous la forme de quelque formule magique.

    L'idée que la vérité n'existe pas, circule comme un opium apaisant au sein de la société. La vérité ne procure aucun confort physique, et le commun des mortels n'aspire à rien d'autre qu'un peu de quiétude. La fascination des peuples bovins pour les animaux, celle de Nitche, vient de ce qu'ils n'ont pas de pensée, et sont donc moins tourmentés. L'homme rêve en secret d'être un robot, animé par la mémoire et agissant par réflexe.

    J'ai l'habitude de prendre pour exemple de censure moderne le voile de mystère dont l'université enveloppe Shakespeare. Je ne parle pas du mystère qui entoure la biographie de Shakespeare, mais du sens de ses pièces. - Gardez-vous de la science des élites, dit Shakespeare, qui avait prévu qu'on tenterait de l'étouffer.

  • Difficile ralliement

    En quoi l'homme est spécialement retenu de rallier Jésus-Christ et préfère faire le choix de l'antichrist, me semble-t-il par l'expérience de ma propre faiblesse et l'observation de celle des autres, c'est par la fonction sociale qui lui est attribuée dans le monde plein d'iniquité où nous sommes, et qui n'est autre que l'enfer, c'est-à-dire le prolongement de la chute.

    Les pauvres n'ont pas, dans l'ordre social providentiel, de véritable fonction en dehors de servir de repoussoir.

    - La fonction du prêtre, notamment, quand celui-ci croit qu'il a un rôle social à jouer, alors même que la société requiert le mensonge pour durer. On voit ainsi les prêtres, investis du règlement des travaux et des jours de leurs ouailles, privés de la force de l'Esprit qu'ils invoquent parfois sincèrement. Pas de pitié, en revanche, pour les séminaires et leur enseignement de la casuistique la plus vaine.

  • Raus la Culture!

    On reconnaît un esprit français à ce qu'il fait la grimace quand il entend parler de "culture", tant celle-ci échappe à la critique.

    On mesure les progrès du nazisme en France à ce qu'il y a de plus en plus de brutes dans ce pays, à ne jurer que par la culture.

  • Le Christ anarchiste

    Il y a des abrutis qui s'interrogent pourquoi Jésus-Christ est anarchiste. Mais tout simplement parce que la société procède d'actes violents et criminels recouverts de l'onction du droit.

    Le meilleur service d'ordre, c'est l'Eglise romaine et son affirmation que Jésus-Christ est une victime, et qu'il faut ainsi l'imiter. L'Eglise romaine est comme un frein mis par Satan à l'histoire. Le truc du clerc de base, milicien du diable, c'est de faire croire que la philosophie apporte quelque chose à l'apôtre Paul, alors que la mission que se donnent les philosophes catholiques romains est d'empêcher l'accès aux Evangiles.

  • Anthropophagie

    L'anthropologue est l'anthropophage moderne, par sa manière de placer l'art au-dessus de l'homme, qui empêche l'homme de s'aimer.

    Par amour des hommes, le dieu de Moïse et des chrétiens leur a ôté la foi dans l'art, et toutes les sortes de pacte que l'homme passe avec Satan.