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capital

  • Karl Marx contre David Graeber

    On ne présente plus l'auteur du "Capital", dont je prétends que le travail critique est soigneusement ignoré en France, à quelques exceptions près, bien entendu.

    David Graeber, quant à lui, est le principal penseur du mouvement "Occupy Wall-Street" de protestation contre les cartels capitalistes aux Etats-Unis, à la suite du krach mondial de 2008. Si le "krach" a marqué plus durablement les esprits américains, c'est sans doute parce qu'on pratique aux Etats-Unis un capitalisme sans filtre. L'élection de Donald Trump à la surprise générale en 2016 est en partie une conséquence du "krach". Elle peut sembler paradoxale, mais la faillite bancaire a eu pour effet d'accroître considérablement l'exaspération des citoyens américains vis-à-vis des "élites de Washington", dont D. Trump a eu l'habileté de se démarquer nettement sur le plan idéologique.

    Sans se présenter comme positivement "marxiste", D. Graeber a eu le temps avant de mourir (en 2020) de publier un essai à succès, "Bullshit jobs", qui illustre l'effet dévastateur du capitalisme sur le monde du travail. "Dévastateur" n'est pas trop fort pour parler du phénomène que D. Graeber décrit, et dont la particularité est, selon lui, d'être ignoré par les médias de masse et l'ensemble de la classe politique. Pour résumer, D. Graeber décrit un phénomène proche du phénomène stigmatisé dans l'Union soviétique par les idéologues capitalistes. Il emploie le terme de "retour à la féodalité", qui n'est pas moins approprié pour décrire le régime soviétique à l'agonie dès le milieu des années 70 selon les rares économistes qui avaient pronostiqué sa chute.

    A n'en pas douter, le mouvement des Gilets jaunes s'inscrit dans la continuité du mouvement "Occupy Wall-Street" ; c'est en partie un mouvement de désarroi face à l'absence d'Etat. Soyons précis : l'Etat existe bien encore, mais il constitue un problème bien plus qu'une solution. On perçoit ici la force des slogans de Donald Trump et Elon Musk auprès de la jeune génération, qui proposent ni plus ni moins de liquider l'Etat.

    David Graeber n'était pas plus favorable à la planification étatique qu'Elon Musk, mais il n'était pas assez bête pour ignorer que la planification étatique centralisée découle directement de l'économie capitaliste : seule une économie capitaliste pouvait se permettre d'empêcher les petits entrepreneurs de travailler pendant deux mois ; la dictature sanitaire chinoise, conçue pour préserver l'appareil de production industriel, est une dictature capitaliste.

    La raison pour laquelle D. Graeber tient à prendre ses distances avec la critique marxiste est assez mystérieuse. Peut-être est-ce à cause de la connotation révolutionnaire du marxisme ? Marx ne prône pas tant la révolution qu'il montre que l'économie capitaliste la rend inéluctable. Ou bien D. Graeber croit faire oeuvre originale ? Il écrit :

    "Le capitalisme n'est pas un système unique et totalisant qui modèlerait notre existence dans tous ses aspects. Sans doute cela ne rime-t-il à rien de parler de "capitalisme" comme d'un ensemble d'idées abstraites qui se seraient concrétisées, on ne sait trop comment, au sein des usines ou des bureaux (...). Le monde est beaucoup plus complexe et désordonné que cela."

    L'argument de la complexité du monde est un argument d'intellectuel. Il sert à creuser le fossé entre des élites académiques qui se donnent l'air de se colleter avec la complexité insondable du monde et le populo. Le prestige des intellectuels est, en lui-même, un phénomène capitaliste. La théorie et les théoriciens n'avaient pas tant de prestige au début du XVIIe siècle, avant le début de l'emballement du capitalisme. Le discours sur l'art, par exemple, n'avait pas encore éclipsé la production artistique.

    Quand Marx énonce que "le capitalisme est le règne de la putain universelle", tout le monde comprend ce que ça veut dire. Le capitalisme modèle bien l'existence dans tous ses aspects... si l'on n'y prend garde. L'éthique barbare de la compétition sexuelle, professionnelle ou ludique, est une éthique capitaliste. Le capitalisme modèle bien sûr l'existence de l'esclave, mais aussi celle de l'esclavagiste direct ou indirect. L'Allemagne s'est ruée vers l'enfer comme un seul homme, dupée par l'illusion de sa puissance industrielle retrouvée.

    Qui refuse de se soumettre au mode de vie capitaliste éprouvera nécessairement deux choses : qu'il est plus facile de s'y opposer à trente ans qu'à cinquante, car le mode de vie capitaliste entame la force vitale ; qu'il nage à contre-courant.

  • Le Chrétien et le Capital

    Commençons par dire pourquoi la "taxation des riches" et l'augmentation du SMIC ne sont pas des programmes d'inspiration marxiste. K. Marx s'opposa sur ce point aux socialistes français, pour une raison bien précise : la revendication d'un salaire minimum par les partis socialistes signifiait que leurs dirigeants n'avaient rien compris à la démonstration du "Capital" - démonstration que la "plus-value" implique la spoliation des travailleurs salariés.

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  • Le Capital

    Un ecclésiastique écrivait il y a quelques lustres dans un magazine destiné à promouvoir les intérêts du capitalisme à la française ("Le Figaro") : "Le capital, c'est la vie !". Sans doute une manière de remarquer qu'on ne peut pas plus s'opposer au capitalisme qu'il n'est possible de s'opposer à la vie ou à la guerre. "Le capital, c'est la mort !" résume a contrario l'analyse économique de Marx, que l'on présente à tort comme un théoricien de la réforme économique, alors qu'il n'est qu'un clinicien, dont le diagnostic est que le capitalisme est, si ce n'est exsangue, du moins une économie au stade de la décomposition. La concentration excessive du capital entre les mains de quelques-uns n'est pas, par exemple, au yeux de Marx, un signe de bonne santé économique. Son pronostic des crises se fonde sur l'excessive concentration du capital et la difficulté de le répartir de façon économiquement efficace. Bien sûr l'idée de "justice économique" n'est pas dans Marx, faute de quoi celui-ci ne serait qu'un imbécile.

    A la limite Marx pourrait passer pour un économiste libéral, si ce n'est qu'il souligne le rôle actif de l'Etat dans la constitution de monopoles bancaires et industriels, tandis que le stratagème de la plupart des économistes libéraux consiste à accuser l'Etat des dérèglements du capitalisme. Or l'extrême concentration des pouvoirs de l'Etat soviétique a largement contribué à entraîner la Russie au rang des nations capitalistes les plus développées ; or l'économie chinoise, dirigée d'une main de fer par une junte militaire, est une économie capitaliste ordinaire, à ce détail près qu'elle a connu un développement accéléré.

    Une économie en bonne santé ne produit pas le maximum de "richesses" pour une population maximum, mais il produit les richesses nécessaires pour un nombre de personnes limité. L'excès de richesse constitue un problème économique, de même que l'excès de poids constitue un problème de santé. L'objectif de croissance économique est donc une aberration économique, en même temps que la croissance est la seule possibilité pour l'Etat et les institutions étatiques de se maintenir en place et se faire respecter.

    Marx souligne aussi utilement la part du rêve dans une économie en voie de décomposition. Le "désir d'avenir" capitaliste est en réalité un rêve masochiste, propre à mobiliser un Japonais ou un Américain, car l'avenir n'a rien de désirable - il n'est pas plus désirable que la mort. Il n'y a rien d'étonnant à ce que le capitalisme engendre une culture nécrophile, ainsi qu'on peut l'observer aux Etats-Unis, à travers notamment la consommation de produits stupéfiants. Les hommes se mettent à rêver, dès lors qu'ils sont vieux et perdent possession de leurs moyens.

    Ceux qui cherchent un antidote chez Marx, une formule du rajeunissement de l'économie seront déçus ; la principale force de la critique marxiste est de montrer que le sens de l'histoire hégélien ou moderne est un sens négatif et non positif, ainsi que le prétendent les tenants de la culture moderne totalitaire. D'ailleurs la vie n'est pas tout pour Marx : l'amour, la science, n'entrent pas dans le domaine culturel (rien de plus bête que la "culture scientifique", c'est-à-dire le vernis scientifique, ou que la "culture de l'amour", c'est-à-dire le sentimentalisme à l'aide duquel les publicitaires attrapent leurs clients comme on attrape des mouches avec de l'eau sucrée).

    Marx est plutôt de la lignée des penseurs humanistes comme Shakespeare qui pensent contre la culture ou en dépit d'elle. La seule façon d'être libre, c'est d'échapper à la culture.

     

  • Le Capital

    Le Capital est-il puissance ou impuissance ?

    On peut donner une définition nitchéenne de l'économie moderne, comme un démantèlement de l'art, de telle façon qu'il ne restera plus pierre sur pierre.

    Ou bien on peut donner une définition marxiste de l'économie moderne, comme une ultime tentative pharaonique de mettre fin à l'histoire.

    Quoi qu'il en soit, Satan est aussi difficile à reconnaître dans le monde moderne que la vertu dans un bordel. Pourtant, il est bien là.


  • Le bénéfice du doute

    Je souffre chaque fois que j'entends quelqu'un déclamer contre la vérité, surtout quand c'est un homme issu du peuple. Je souffre d'autant plus que c'est un artiste, qui coupe ainsi les ailes de son art, le ramenant ainsi au niveau de la musique.

    Si les mathématiques sont élevées au niveau de la science dans les régimes technocratiques, de même que la musique est élevée au rang de l'art, c'est pour une question de pouvoir : afin de mieux diviser. Ainsi la vérité ne subsiste plus qu'en tant qu'elle est religieuse, c'est-à-dire fondée sur la foi et la raison. Quel capital donnera des fruits, sans le doute et sans la foi ? Les déments qu'on voit s'agiter dans les salles de marché, sont sous l'emprise d'un délire de religieux.  

    La foi de Benoît XVI dans l'avenir trahit que sa théologie est une mystification.

    Si l'on ne doit retenir qu'une seule chose de Marx, c'est celle-ci : la vérité est ce qui dérange le plus les élites, et, bien entendu, cela inclut les soviétiques et leurs poètes avides du sang des peuples. Qu'il y ait des "poètes communistes", des fêtes pitoyables "de l'humanité", cette absurdité signifie que le prolétariat a été maintenu dans l'ignorance et l'esprit de sacrifice, exactement comme les paysans furent par le clergé romain.

    La masse est assimilable au néant pour Marx, comme elle l'est pour tout chétien. Aucune aspiration à la liberté n'est compatible avec le raisonnement quantitatif.

    L'obstacle de la foi religieuse et du doute, n'est pas seulement levé dans le christianisme ; il l'a été bien avant, dès l'Antiquité. Le bénéfice du doute est toujours pour les élites. A cet égard, le jansénisme est la théologie judéo-chrétienne la plus exécrable, dans laquelle on retrouve l'origine de tous les méfaits accomplis par l'Occident moderne. Musique, mathématique, foi et raison, forment le socle d'un culte satanique, dont les symboles sont transparents, et dont le maléfice est accru des oripeaux chrétiens qu'il porte, qui éclabousse l'épouse du Christ du sang versé par la race de fer.

    A la suite de Shakespeare, transperçont donc ces chiens, planqués derrière la tenture de l'éthique.

    Pape romain, geignant sur les maux de la terre et la possession des propriétaires, ne se prive pas pourtant de bénir les puissances démocrates-chrétiennes, qui dans la zizanie ont trouvé le dernier moyen de faire durer le monde.

  • Epicier fin

    "Il faudrait peut-être arrêter un jour avec cette hypocrisie autour de l'argent en France !"


    Guy Lagache, grand rapporteur à "M6" - "Tintin au pays des Experts-Comptables véreux et des épiceries fines qui vont redresser la barre à tribord".

    Plutôt gonflé de la part de ce type, d'inverser le rapport de l'hypocrisie et de l'argent, après que sa chaîne qui diffuse la vulgarité au populo par large intraveineuse a détourné le titre d'un bouquin de Marx ramenant le mobile de l'accumulation de pognon au transport érotique "ad patres", une passion de bulbes désormais épanouis aux produits chimiques. Le grand retour à la terre dionysiaque !

    Bien sûr l'hypocrisie PART de l'argent et non l'inverse. Est-ce si étonnant qu'on se souvienne encore en France un minimum des fables de La Fontaine ? François Hollande n'aime pas les riches ; vu le courage des hommes politiques, pour oser dire un truc pareil, ce demi-François doit bien savoir que le mot d'ordre a quelque résonance populaire et ne va pas se retourner entièrement contre sa pomme de paysan madré.

    Corollaire de l'argent, l'hypocrisie est le deuxième fluide essentiel du socialisme, qu'on retrouve comme Molière le prouve à haute dose dans l'humeur mélancolique du misanthrope, déçu du voyage mais jamais des médailles ou des distributions de tickets à l'Académie (dite) française.

    Il y a même des républicains assez "honnêtes" -paradoxe- comme Zemmour pour reconnaître à l'hypocrisie le droit de Cité. Ledit Zemmour, bien qu'il travaille au "Figaro", au milieu de la raclure de chrétiens configurés pour gagner les prochaines élections, serait peut-être même assez "honnête" pour reconnaître que démultiplier l'argent ne dissoudra jamais le suc de l'hypocrisie. Equation impossible. C'est le théorème de la pute libre parce que bien payée que nous joue le tromblon de "M6". Ou encore des Etats-Unis sans hypocrisie, alors qu'elle y est si dense qu'on pourrait la mettre en bouteille. Ce Lagache n'est qu'un joint.

    - Digression pour ne pas lâcher le fil d'Ariane :

    "Or la multitude des croyants n'avait qu'un coeur et qu'une âme, et nul ne disait sien rien de ce qu'il possédait, mais tout était commun entre eux." (Actes, V, 32)

  • Capital et Sexe

    Marx compare la philosophie allemande à la masturbation. Celle-ci paraît une simulation du sexe. Mais il y a déjà dans le sexe sans masturbation beaucoup de dissimulation, et pas seulement de la part des femmes. Une femme voilée au moyen âge est d'ailleurs prédestinée au sexe comme une putain capitaliste d'aujourd'hui qui fait voir le haut de ses cuisses et se prétend "libre".

    Il n'y rien dans l'islam qui s'oppose radicalement à la chiennerie capitaliste. Sans quoi je m'y convertirais immédiatement.