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vérité

  • Satan et la Vérité

    J'ai déjà croisé plusieurs fois, dans les livres et dans la vie, des esprits cyniques affectant de mépriser la vérité, ou même la méprisant sincèrement.

    - La raison est bien suffisante, disent-ils, pour ne pas tomber hors du chemin qui mène d'un point A à un point B et errer à la manière des femmes (qui se connaissent rarement elles-mêmes).

    Comment leur donner tort ? La vérité n'est pas une boussole, ce n'est pas un GPS. L'homme est capable de forger des tas d'instruments utiles ou agréables, dont la plupart se contentent. Mais l'homme est incapable de forger la Vérité.

    Cependant la Vérité est la seule chose qui protège le chrétien contre Satan. Celui-là n'a pas d'autre ressource pour ne pas appartenir à Satan que se forger en hâte (la vie est courte) une armure faite de lambeaux de Vérité.

    Non pas que la Vérité soit en lambeaux, mais l'esprit humain est si faible qu'il ne peut saisir les choses que par lambeaux.

    Le chrétien ne peut refuser le combat, bien que la victoire contre Satan soit théoriquement impossible.

    Les esprits cyniques ont horreur de se justifier : ils sont leurs propres juges.

  • Vers la cime

    L'homme est éloigné de la Vérité comme le troupeau de la cime de la montagne.

    Lorsque l'homme ordinaire parle de "vérité", il ne fait le plus souvent que parler de son désir que la cime de la montagne descende jusqu'à lui.

    Les intellectuels ou les philosophes demeurent souvent éloignés de la Vérité car ils n'ont ni jambes ni bras pour gravir la montagne.

    Les riches ont l'impression de voler au-dessus de la terre, mais les pauvres voient les chaînes de la nécessité qui enchaînent le riche à la terre et le condamnent à mort.

  • Vertu et Vérité

    L'homme vertueux n'est qu'un outil bien graissé et bien aiguisé déposé sur un établi s'il ne se met pas au service de la Vérité.

    Comme dans la culture totalitaire moderne, la hiérarchie entre la politique et la science n'est pas respectée, la culture totalitaire engendre des sous-hommes qui se rapprochent moralement de plus en plus du singe. L'éthique, synonyme de vertu, et la science, synonyme de vérité, sont idolâtrées dans la culture totalitaire, c'est-à-dire exaltées en pure perte.

  • Vérité

    Quand la société rencontre la vérité, cela fait le même effet que l'étrave d'un paquebot croisant de nuit à pleine vitesse la route d'un iceberg.

  • Information

    Dans les régimes totalitaires, la vérité prend le nom "d'information". Parce que la société ne court aucun risque d'être démasquée quand les citoyens se contentent de s'informer.

    Néanmoins la société du cinéma est condamnée pour la raison qu'indique H. Arendt que, s'il est possible d'étouffer la vérité, en revanche il n'est pas possible de mettre autre chose à la place. La conscience peut-être brouillée, mais non abolie.

     

  • Vérité

    Chercher la vérité est comme emprunter une autoroute à contresens un jour de départ en vacances. L'aspiration au néant est beaucoup plus forte, commune, massive, génétique...

    Cependant la seule force d'attraction du néant ne donne pas le sens du monde, pas plus que la gravitation de Newton ne fournit d'explication à l'univers.

  • Vérité

    J'ai lu un jour sous la plume d'une femme ce postulat que politique et vérité sont deux domaines étrangers l'un à l'autre. C'est la seule fois, ou presque, que je me suis retourné sur l'esprit d'une femme.

  • Art et Vérité

    Ou bien on place l'Art au-dessus de la vérité, comme fait Nietzsche, ou bien on place la Vérité au-dessus de l'art comme font les juifs et les chrétiens, ce qui est la raison de l'interdit juif ou chrétien de l'art.

    L'interdit de l'art n'est pas pour des raisons morales - la loi juive n'est pas une loi éthique, et ne peut fonder à cet égard aucun "état de droit", mais au contraire l'interdit de l'art s'explique par le caractère essentiellement moral de l'art, de sorte que l'on peut dire qu'un artiste accompli est un homme ou une femme de grande vertu, possédant une force de caractère exceptionnelle - un "surhomme" selon le terme employé par l'apôtre de Zarathoustra. On pourrait dire que le judaïsme authentique des prophètes introduit dans l'humanité l'aspiration à une science supérieure à l'art, c'est-à-dire à la philosophie du nombre 666, qui est un "nombre d'homme", c'est-à-dire une "philosophie naturelle" selon le terme des hommes de loi.

    En parcourant les évangiles, on s'apercevra que le Christ Jésus reproche aux pharisiens, non pas de se comporter de manière immorale, mais d'occulter le sens spirituel de la loi juive, d'ordre surnaturel et non éthique. Quelle est la raison des prescriptions morales inventées par Moïse selon le Christ Jésus ? Non pas la loi elle-même, mais la nécessité pour Moïse de s'adapter à l'imbécillité du peuple élu.

    Selon l'accusation de Nietzsche, le Christ Jésus tient des propos parfaitement immoraux, dans la mesure où il est impossible de déduire des évangiles la moindre règle de vie heureuse. De fait l'amour chrétien implique une telle transgression de l'ordre social qu'il implique la considération par les chrétiens de la société ou du monde comme l'équivalent de l'enfer ou du néant, contrairement aux religions païennes à visée éthique dans lesquelles l'enfer est une notion plus abstraite, "post-mortem", ou pour parler le langage moderne, un "espace-temps". Si la démocratie est une notion religieuse, humainement impossible, c'est en raison de la probabilité de son avènement dans un lieu idéal et dans un temps idéal ; elle répond aux mêmes besoins qui furent comblés par le désir d'échapper à l'enfer au moyen-âge.

    Cette peinture de la société comme l'enfer par Jérôme Bosch, ou bien encore la représentation par le graveur A. Dürer des instruments de l'art disposés aux pieds de Lucifer, ou bien encore le théâtre de Shakespeare, ne doivent donc pas être pris comme des oeuvres d'art au sens où l'entend Nietzsche, c'est-à-dire d'une philosophie naturelle authentique, source de vertu. L'apparence de l'art ou du théâtre n'est de la part de Shakespeare qu'une façon de porter un masque, mais le but de Shakespeare n'est pas vertueux, il vise la révélation de la vérité. Shakespeare n'est ni antique au sens où Nietzsche s'efforce de l'être, ni "moderne" dans la mesure où il bat en brèche les fétiches et la rhétorique moderne.

    La culture moderne n'est pas compliquée. Il faut comprendre que la complexité est sa vocation, ce qui ne revient pas du tout au même. Tandis que Nietzsche attribue à la complexité de la culture moderne la cause de la débilité du message chrétien, son aspect culturel de rhétorique creuse, qui s'enfle comme la grenouille désireuse d'égaler en taille le boeuf, les chrétiens authentiques, sachant qu'il n'y a pas de culture ou de civilisation chrétienne possible, voient dans le mouvement brownien de la culture moderne une autre cause que l'apôtre Paul décrit dans ses épîtres comme l'activité de plus en plus intense de l'Antéchrist dans le monde. Où l'on peut reconnaître dans Shakespeare un prophète chrétien, c'est qu'il ne donne pas à la tyrannie, comme un béotien pourrait s'attendre, une apparence païenne - il lui donne une apparence chrétienne - conformément aux avertissements évangéliques.

    C'est donc un axe essentiel de la subversion du christianisme que de faire croire à la possibilité d'un art et d'une culture chrétienne. Pendant des siècles, l'Eglise romaine n'a pas cessé d'affirmer ce mélange possible, au point que certains antichrists, dont Nietzsche mais aussi le Français C. Maurras, lui ont rendu hommage, pour la raison qu'ils ont vu dans Rome et ses papes l'instrument le plus efficace de la dissolution du message évangélique dans l'art. C'est si vrai que si l'Italie et la France sont aujourd'hui des pays moins modernes que les autres nations, plus païens et plus sataniques, c'est très largement le fait d'une culture à l'influence de l'Eglise catholique qu'elles le doivent.

    Ce qui m'amène à un point de détail, que certains catholiques romains ont du mal à entendre, précisément parce qu'il s'inscrivent dans la continuité d'une culture et non d'une foi. Ce point de détail est celui de la modernité. Beaucoup de catholiques romains ne comprennent pas en effet la nécessité pour leurs évêques de s'adapter au discours moderne. Sur un plan strictement culturel, ils ont raison, car l'art est essentiellement un principe conservateur, et celui qui le pratique autrement n'est que, plus ou moins consciemment, un pervers masochiste. Mais sur le plan institutionnel, ils ignorent absolument le passé et la fonction politique de l'Eglise catholique en Occident. C'est l'incorporation de la philosophie moderniste dans la doctrine de l'Eglise romaine qui permet à celle-ci de rester "en phase avec le monde". Il n'y a pas d'apologie du catholicisme romain plus mensongère au regard de l'histoire que celle du britannique G.K. Chesterton lorsque celui-ci affirme que l'adhésion à l'Eglise romaine est le meilleur moyen de se tenir à l'écart du monde. L'Eglise romaine est tout au contraire la principale cause d'inflation du discours anthropologique, et même de l'athéisme moderne dans la mesure où on peut traduire cet athéisme comme la foi dans l'accomplissement d'un plan anthropologique irrationnel (tel que la démocratie, par exemple).

    Ce dernier propos peut paraître quelque peu contradictoire avec le précédent, ou j'affirme que les Français et les Italiens sont les plus catholiques et les plus païens en même temps. Il faut comprendre que ces Français et ces Italiens catholiques sont les plus ignorants, et que ce qu'ils ignorent en particulier, c'est que l'Eglise romaine ne fut jamais aussi puissante que lorsqu'elle incarna, non pas le conservatisme mais bel et bien la modernité, c'est-à-dire non pas le progrès mais sa démonstration, son affirmation incessante en quoi consiste essentiellement l'art moderne au point d'étouffer les fonctions primordiales de l'art.

    Je l'ai déjà dit, et je le répète, Bernard-Henry Lévy est le prêcheur catholique romain le plus accompli du moment. Son récent ouvrage "Les Aventures de la liberté" illustre parfaitement l'opération subversive de justification de l'art que le clergé romain dut accomplir, en dépit de la prohibition métaphysique de l'art. Il n'est pas permis aux juifs d'être des artistes - c'est faux dit BHL, on interprète mal cette interdiction, ou elle n'existe pas. Pourtant il y a tout lieu de penser que le mythe de Frankenstein, c'est-à-dire d'une créature qui se retourne contre son démiurge, ainsi que la rhétorique peut se retourner contre le rhéteur et l'étouffer, ce mythe est un écho de la spiritualité juive, étant donné sa coïncidence avec le mythe de la tour de Babel.

    Plus subtilement, BHL évoque la réticence de Platon vis-à-vis de l'art. Il faut préciser que la réticence de Platon n'a rien à voir avec l'interdit chrétien de l'art, mais que Platon juge les ouvrages d'art inférieurs ou impurs comparés à la philosophie plus abstraite. C'est la raison pour laquelle Nietzsche s'en prend à Socrate et Platon, ou encore Euripide, comme à des philosophes et des artistes décadents, méconnaissant la vertu de l'art. Platon a en effet tendance à considérer les oeuvres d'art comme un ingénieur considère les produits de l'ingénierie, c'est-à-dire comme bien inférieurs aux principes de l'ingénierie elle-même. C'est au contraire des bornes qu'il oppose à une abstraction excessive que l'art antique tire sa vertu selon Nietzsche. BHL ne le dit pas, mais l'éthique de Platon permet de décoder l'art moderne. La démonstration du progrès de l'art par Hegel, et de la signification historique de ce progrès, n'est qu'un effort pour rendre compte de l'histoire à partir des spéculations éthiques de Platon. L'art moderne tient pratiquement tout entier dans l'autosuggestion platonicienne que les capacités de conceptualisation de l'être humain en font un être supérieur à la nature elle-même, moins limité qu'elle n'est.

    L'art et l'éthique modernes ne sont donc pas animés par une morale chrétienne sous-jacente, comme le prétendent Nietzsche et Hegel, mais par une philosophie platonicienne-chrétienne inepte. L'effet de la philosophie de Platon est de postuler un plan métaphysique inconsistant, puisqu'il coïncide le plan humain. Nietzsche a beau jeu, face à Platon, de discerner en lui le premier auteur de science-fiction. Est-il possible de fonder une anthropologie chrétienne à l'aide de Platon ? Seul un philosophe platonicien peut se risquer à cette démonstration, qui renverse l'esprit et la lettre des évangiles, puisqu'elle a pour conséquence de nier que le christianisme ou le judaïsme sont des religions révélées. Le néo-platonisme chrétien confine également au grotesque dans la comparaison entre Socrate et Jésus. Le procès de Jésus est un assassinat dont la raison politique échappe au procureur romain lui-même.

    Mais on comprend bien tout l'intérêt de la philosophie de Platon, en quoi elle permet d'élaborer la formule d'une culture subversive, en prenant ses distances avec un art trop évidemment satanique et qui serait un véritable trait d'union entre l'homme et la nature ; sur un tel canevas philosophique, la "culture chrétienne" aurait été pratiquement impossible à distinguer d'une culture païenne. Si la culture chrétienne platonicienne n'est pas seulement dénoncée comme une rhétorique arbitraire, du point de vue satanique de Nietzsche, mais qu'elle est aussi subversive du point de vue chrétien, c'est qu'elle a pour conséquence, pour la première fois dans l'histoire de l'humanité, de permettre au clergé de façonner une image de dieu ou un projet divin, qui soit entièrement arbitraire, c'est-à-dire qu'une élite de prêtres ou de philosophes peuvent entièrement modifier à leur gré.

  • Art contre Vérité

    Le type qui vous parle "d'art chrétien" ignore certainement tout de la vérité chrétienne, et probablement beaucoup aussi de l'art.

    En principe libre, l'artiste chrétien n'appartient à aucune école, aucun mouvement, aucune tendance artistique, ne reçoit aucune commande, n'est ni moderne, ni attaché à une tradition, et il défie toutes les civilisations ensemble.

    Il s'agit avant tout pour l'artiste chrétien d'affronter Satan, qu'il se présente de face ou par la queue, sous la forme d'un soudard belliqueux ou d'un oncteux frère dominicain démocrate-chrétien.

  • Art et vérité

    De nouveau dans une lettre adressée à son amie d'enfance Simone Saintu (en 1916), L.-F. Céline signale que l'homme est enclin à prendre pour la réalité et proclamer tel ce qui n'est qu'illusion. Les hommes réagissent différemment face à la catharsis qui pourrait leur faire perdre leurs illusions, ajoute Céline, évoquant le cas des artistes et le sien.

    Si la question de la catharsis chrétienne n'est pas abordée par Céline directement, celle de la vérité l'est. Cela revient au même. L'hiatus entre la vérité et l'art existe bien, d'où la prohibition juive de l'art, ou l'entreprise de démolition de la culture occidentale par le tragédien chrétien W. Shakespeare. Le christianisme ôte les illusions, notamment l'illusion païenne ou sociale de "l'au-delà" ; c'est ce qui explique la subversion courante du christianisme. Bien qu'athée, Céline avait compris et le loue pour cette raison, que le christianisme est peu propice au socialisme, moyen pour les élites rusées d'entraîner avec elles le peuple vers le néant. Car les élites sont nécessairement orientées vers le néant, et tout ce qui, en matière de philosophie naturelle, conforte l'hypothèse du néant (comme l'improbable "boson de Higgs").

    Céline est du reste plus juif que de nombreux juifs qui ne se méfient pas de l'art, comme M. Proust ou J.-P. Sartre.

    Céline cite quelques vers d'Alfred de Musset dans sa lettre :

    "Quand j'ai connu la Vérité

    J'ai cru que c'était une amie

    Quand je l'ai comprise et sentie

    J'en étais déjà dégoûté -

    Et pourtant elle est éternelle

    Et ceux qui se sont passés d'elle

    Ici-bas ont tout ignoré -"

    Et Céline ajoute ceci : "Les hommes célèbres n'ont point jugé bon de poursuivre ce dangereux sentier qui fait perdre les illusions nécessaires aux enfantements - artistiques. Les cancres dans mon genre n'ont rien à y perdre, c'est pourquoi je ne saurais vous conseiller ma méthode - à vous qui êtes vierge d'abord, ce que je ne suis plus depuis presque autant que vous l'êtes, qui êtes femmes, ce que je regrette de ne point être, et qui êtes artiste surtout, ce que je ne serai jamais..."

    Il y aurait quelques commentaires à faire sur le féminisme de Céline, et celui des hommes en général, qu'on ne peut guère qualifier autrement que de "galanterie". 

  • Aventures de l'Art

    "Nous avons l'Art, afin de ne pas périr de la Vérité." F. Nitche

    Est très honnêtement posé ici par l'antéchrist le problème de la menace que la vérité représente pour le monde, qui s'organise autour d'une vérité relative, constituée d'un mélange de raison et de foi.

    L'idéal moderne, en effet, parfaitement irrationnel car sacrifiant à la fois la raison païenne et la logique chrétienne aux intérêts méprisables d'une petite élite, l'idéal moderne s'efforce de faire paraître le mariage de l'art et de la vérité possible.

    La Vérité est au contraire le seul maître auquel un chrétien obéit, art et monde dussent-ils en périr. Non, le chrétien n'a pas part au monde moderne, pas plus que les juifs ne furent actionnaires de l'ancien, en dépit des racontars de Nitche et des papes romains.

    A l'éternel retour la beauté doit tout, la vérité rien, et c'est pourquoi Shakespeare n'hésite pas à flétrir les roses et l'éternel féminin.


  • Art et Vérité

    Tout art dont le but n'est pas eschatologique, du point de vue chrétien représente une forme d'occultisme. Ainsi de la philosophie de Platon, introduite par les érudits musulmans et les clercs catholiques romains au moyen-âge, et qui ne fait que manier des concepts abstraits, sans prise avec la réalité.

    Si Shakespeare-Bacon est aussi combatif contre l'esprit spéculatif des élites, c'est parce qu'il est conscient que seule l'eschatologie chrétienne peut s'opposer efficacement à l'énoncé d'une vérité relative à la nécessité pour les castes supérieures de se maintenir en selle.

    L'interdit juif ou chrétien de l'art vise donc en tout premier lieu ce que les saintes écritures nomment fornication, et qui n'est pas l'acte de chair proprement dit, ou la satisfaction de l'instinct, mais l'attribution d'un caractère sacramentel à cet acte. Il revient à la négation du péché originel.

    Ainsi le clergé institutionnel, asservi au besoin d'énoncer la morale publique, n'a de cesse d'étouffer le message apocalyptique du Nouveau Testament, qui peint en noir la justice des hommes.

    Musique et philosophie sont du goût des élites ; ces arts occultes pèsent lourd dans les charniers de l'Occident.



  • Aventures de la Vérité

    Tiens, frère Bernard-Henri Lévy du couvent des oiseaux de proie prétend s'intéresser à la vérité et à l'art !? On s'attend donc à ce qu'il nous parle du veau d'or ou de l'idolâtrie de l'Etat d'Israël, comparé au culte wagnérien des industriels chrétiens boches... par sympathie pour Moïse.

    Citer Isaïe et Sartre dans la même phrase, comme BHL est capable de faire, ce n'est pas de l'art mais du journalisme.

  • L'Art contre Dieu

    Je reviens souvent à Bernard Henri-Lévy, parce qu'il est le plaideur le plus habile en faveur du totalitarisme démocratique occidental. La tâche la plus difficile pour lui est certainement de faire le lien entre la démocratie libérale et le judaïsme.

    La véritable religion de BHL est le catholicisme romain, c'est-à-dire la subversion des Ecritures saintes à l'aide de sophismes philosophiques, afin d'inventer un plan politique ou moral qui ne peut pas être fondé sur les prophètes chrétiens ou juifs. On ne trouve aucune trace de la démocratie dans l'eschatologie juive ou chrétienne.

    BHL organise une exposition à la fondation Maeght sur le thème : "Art et philosophie/vérité." Les apparences de l'humanisme sont sauves, et c'est sans doute ce qui compte surtout dans cette exposition : démontrer que la démocratie libérale n'est pas exclusivement le culte du veau d'or, c'est-à-dire un régime dont la barbarie excède en puissance celle du régime nazi, dont la volonté s'est heurtée à d'autres régimes plus puissants encore.

    La nation juive sous le regard de Dieu, comme la théorie de la France chrétienne, sont des produits de l'art humain, sans consistance spirituelle. N'importe quel ennemi du christianisme ou du judaïsme démontrera facilement que le dieu qui légitime la propriété de tel ou tel peuple est une invention de l'élite afin de conforter sa position. La légitimité des institutions et des élites, ainsi que Shakespeare le montre, ne peut venir que du droit naturel, car il n'est aucune sorte de puissance qui ne soit issue de la nature.

    BHL dit : "On a tort d'accuser les juifs de mépriser l'art ou d'être iconoclastes ; le judaïsme ne condamne que l'idolâtrie." Soit. Mais dans ce cas il faut dire quel art est idolâtre, et quel art ne l'est pas, ce que BHL ne fait, occultant l'élucidation de Dürer que les arts libéraux, dont l'exercice engendre la mélancolie, sont idolâtres ou lucifériens. Ce sont des arts qui ont pour but de justifier l'homme ou de le conforter - de maîtriser le feu -, mais qui ne recèlent aucune vérité surnaturelle, vers quoi les prophètes veulent tourner l'homme, dans le sens contraire du monde ou du destin.

    Quant à la démocratie, c'est l'idéologie ou l'objet d'art le plus néfaste, étant donné qu'elle n'a pas de fonction pratique, mais une fonction religieuse. "Je ne suis pas venu apporter la paix dans le monde.", dit le Messie, contre les pendards démocrates-chrétiens et leur folklore aussi insipide qu'infernal. Il n'y a probablement pas d'espèce humaine plus hypocrite que l'espèce démocrate-chrétienne, et pourtant cette espèce domine le monde, sans doute parce que son hypocrisie fait qu'elle est la mieux adaptée.

     

  • Mélancolique bourgeoisie

    De trop courir après des chimères qu'il ne rattrape jamais est ce qui rend le bourgeois mélancolique, et donne à son art le goût de la soupe pas assez salée qu'on sert dans les hôpitaux.

    Il arrive que le philosophe bourgeois connaisse, à l'article de la mort, une dernière érection et le désir de fabriquer enfin quelque chose, après avoir dépensé tout son intellect sur l'examen des causes premières et des fins dernières.

    Son mobile essoufflant lui a au moins appris une chose, c'est que la chimère qu'il poursuivait est, en fait, derrière lui. Cela explique la jalousie extrême des bourgeois à l'égard de leurs enfants, et leur violence à se débarrasser sur leurs épaules de fardeaux aussi inutiles que l'avenir, la réforme sociale ou le soin de la planète. Si Proust ne songe qu'à retremper son biscuit dans le giron de sa mère, c'est sûrement parce qu'il a toujours été à l'article de la mort, et pas assez sportif pour courir après une cause plus chimérique encore.

    Quel tableau d'histoire formidable nous propose Shakespeare dans "Troïlus et Cressida", peignant les valeureux guerriers troyens et achéens animés des mêmes intentions bourgeoises et médiocres que l'homme moderne, pratiquant déjà l'art de l'échangisme comme Claudel. Que Shakespeare emploie le même mot de "labeur" pour parler du travail de la terre et du coït, voilà qui était fait pour scandaliser le bourgeois à travers les âges, jusqu'à notre Claudel. La dramaturgie bourgeoise n'est pas dramatique au regard du tragédien - elle est ridicule et pompeuse comme le code civil, uniquement faite pour le blanchiment de l'argent.

    Il n'y a que deux voies pour échapper à la mélancolie des tièdes, rançon de leur habileté à s'adapter au monde - la voie de l'art selon Satan, ou bien celle de la vérité selon dieu.


  • Les choristes

    "Nous avons la musique afin de nous protéger de la vérité."

    Le-choeur-des-femmes-et-des-vieillards-qui-prient-en-tremblant-pour-que-Satan-vive-éternellement

  • Le bénéfice du doute

    Je souffre chaque fois que j'entends quelqu'un déclamer contre la vérité, surtout quand c'est un homme issu du peuple. Je souffre d'autant plus que c'est un artiste, qui coupe ainsi les ailes de son art, le ramenant ainsi au niveau de la musique.

    Si les mathématiques sont élevées au niveau de la science dans les régimes technocratiques, de même que la musique est élevée au rang de l'art, c'est pour une question de pouvoir : afin de mieux diviser. Ainsi la vérité ne subsiste plus qu'en tant qu'elle est religieuse, c'est-à-dire fondée sur la foi et la raison. Quel capital donnera des fruits, sans le doute et sans la foi ? Les déments qu'on voit s'agiter dans les salles de marché, sont sous l'emprise d'un délire de religieux.  

    La foi de Benoît XVI dans l'avenir trahit que sa théologie est une mystification.

    Si l'on ne doit retenir qu'une seule chose de Marx, c'est celle-ci : la vérité est ce qui dérange le plus les élites, et, bien entendu, cela inclut les soviétiques et leurs poètes avides du sang des peuples. Qu'il y ait des "poètes communistes", des fêtes pitoyables "de l'humanité", cette absurdité signifie que le prolétariat a été maintenu dans l'ignorance et l'esprit de sacrifice, exactement comme les paysans furent par le clergé romain.

    La masse est assimilable au néant pour Marx, comme elle l'est pour tout chétien. Aucune aspiration à la liberté n'est compatible avec le raisonnement quantitatif.

    L'obstacle de la foi religieuse et du doute, n'est pas seulement levé dans le christianisme ; il l'a été bien avant, dès l'Antiquité. Le bénéfice du doute est toujours pour les élites. A cet égard, le jansénisme est la théologie judéo-chrétienne la plus exécrable, dans laquelle on retrouve l'origine de tous les méfaits accomplis par l'Occident moderne. Musique, mathématique, foi et raison, forment le socle d'un culte satanique, dont les symboles sont transparents, et dont le maléfice est accru des oripeaux chrétiens qu'il porte, qui éclabousse l'épouse du Christ du sang versé par la race de fer.

    A la suite de Shakespeare, transperçont donc ces chiens, planqués derrière la tenture de l'éthique.

    Pape romain, geignant sur les maux de la terre et la possession des propriétaires, ne se prive pas pourtant de bénir les puissances démocrates-chrétiennes, qui dans la zizanie ont trouvé le dernier moyen de faire durer le monde.