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Lapinos - Page 146

  • Encore des Soviets

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  • Tout va vraiment bien (?)

    J’allais oublier un détail du cursus d’Allais, qui serait resté accessoire si on n’avait basculé posthumement à Allais dans l’ère du calembour pris au pied de la lettre et des blagues pas drôles.

    Allais, un jour qu’il était à court d’idée pour sa chronique, inventa l’art contemporain. Il peignit Première communion de jeunes filles chlorotiques par un temps de neige, une simple feuille de papier blanc, en 1883 ; il serait injuste de dire que Malévitch est enfoncé par rapport à Allais, puisque ce n’était alors qu’un polisson de cinq ans ; et Klein ? Yves Klein n’était même pas nain lorsque le génie d’Allais s’épanouissait ; et Soulages ? Soulages exagère, qui s’obstine à peindre pour Bernadette Chirac ou Georges Frêche - en 2007 ! - des mineurs nègres broyant du noir au fond d’un puits.


    Naturellement, la nouvelle espèce de cul-bénis, qui a kidnappé le pouvoir et qui s’est fait une spécialité de changer l’esprit en philosophie, n’apprécie guère Allais. En effet, ces bêtes-là ont assez d’instinct pour sentir que l’humour d’Allais est comme une épée de Damoclès, une menace qui plane sur la bêtise officielle.
    Le petit extrait recopié ci-dessous est tiré d’une hagiographie d’Yves Klein, le schtroumpf de l’art contemporain, hagiographie qui n’est pas bien sûr destinée a priori aux amis d’Alphonse ni à ceux que l’art contemporain emmerde concomittament, mais je suis sûr qu’il sauront le goûter, au second degré ; l’humour est trop rare aujourd’hui pour qu’on puisse se permettre, y compris lorsqu’il est involontaire, de le gaspiller.

    « Cette planche de l’Album Primo-Avrilesque publiée par Alphonse Allais en 1897 : “Stupeur de jeunes recrues apercevant ton azur, Ô Méditerranée”, doit une part de sa célébrité aux monochromes d’Yves Klein, et surtout au succès de son bleu IKB [La goujaterie et l’anachronisme sont deux traits qui permettent de reconnaître le style contemporain].
    D’ailleurs, depuis que l’on se demande si Klein connaissait l’Album primo-avrilesque, cette amusette [sic] a été l’objet de trois rééditions.
    Une focalisation sur les ressemblances entre les planches d’Allais et celles de Klein masque l’essentiel : leurs différences considérables. Allais reste tributaire de la peinture du XIXe siècle, engoncée dans de lourds cadres dorés et, surtout, toujours figurative [Quand on a le focus dans l’anus, pas facile de se figurer grand-chose d’autre qu’un monochrome], tandis que les aplats colorés de Klein [“monocolorés”, plutôt, faut assumer son jargon !], nus, sans cadres, ignorent délibérément toute déreprésentation. »


    Quoi qu’on fasse, même le pire, quoi quoi dise, même rien, ne pas oublier de signer : Deny Riout.

  • Saisir l'occasion

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    D’après la jaquette de Comme disait Alphonse Allais, une occasion saisie chez Gibert, l’écrivain Patrice Delbourg est “bien connu des auditeurs de “France-Culture”. Ça m’écorche un peu la gueule de l’admettre, vu que “France-Culture” symbolise à mes yeux le moisissement d’une culture française en pleine période de paraphrase, mais l’hommage rendu par P. Delbourg à A. Allais a le mérite de nous emmener hors des sentiers battus ; pour une fois qu’on s’échappe du boulevard Zola, de l’avenue Alexandre Dumas, de l’impasse Lévinas, de la perspective Aragon, du quai Voltaire, du square des surréalistes staliniens, de l’autoroute Nitche, du rond-point des philosophes existentialistes, pour emprunter l’Allais transversale pavée de blagues d’Alphonse, philosophe de la seule espèce supportable, celle des philosophes qui ne se prennent pas au sérieux… On respire l'air frais !

    Le mérite du bouquin de Delbourg, paru discrètement en 2005 à l’occasion des cent ans de la mort de l’écrivain normand, est d’autant plus grand qu’il recopie de larges extraits d’Allais. Il se présente sous la forme d’un dictionnaire à entrées diverses et variées, de “A” comme “absinthe” à “Z” comme “zutiste” en passant par “K” comme “kamikaze”.

    *

    Où on s’aperçoit qu’Allais est le contrepoint de notre époque : aussi scientifique, familier des recherches du chimiste-poète Charles Cros, que notre époque est superstitieuse, aussi drôle que notre époque est philosophique, aussi divers que notre époque est uniforme, aussi sceptique que notre époque est crédule, aussi normand que notre époque est américaine - sa tombe au cimetière de Saint-Ouen a même été bombardée par l’aviation yankie - les salauds !

    Même l’athéisme et l’anticléricalisme d’Allais sont démodés. Allais est bien loin d’être un de ces bigots du Néant, bardés de principes et qui ne cessent de claironner leur foi dans le Vide et le Non-être, que les croyants les gênent dans leur pratique, bref, la litanie habituelle.
    Allais, il ne fait qu’exploiter la vieille parcelle de paganisme normand, il n’a pas de visées expantionnistes. Il est anticlérical comme Rabelais ou Molière ou Aymé, il se contente de remplir son devoir d’humoriste en égratignant les autorités, toutes les autorités, rien que les autorités ; et comme l’Église n’en a déjà plus beaucoup, d’autorité, du temps d’Allais, il n’est guère mordant.

    Nul doute qu’au passage Choiseul le père de Céline lisait les chroniques d’Allais et qu’il n’était pas assez rosse pour priver son fils Ferdinand de journaux. On peut imaginer que Céline a été influencé par ce style direct ou qu’Allais l’a aidé à sentir tout le parfum de son siècle, si caractéristique.

    En conclusion, lisez Allais, il ne vous en coûtera pas beaucoup plus cher qu’une place de cinéma et vous éviterez la migraine qui s’ensuit si le film vous était recommandé par “France-Culture”.

  • Tout va bien !

    - « La critique est unanime pour dire que, cette année, il n'y a aucun mauvais film en compétition à Cannes. Ils sont tous bons. » Bruno Kratz, "critique" de cinéma sur "Europe 1".

    - « Le vrai totalitarisme, c'est d'être gouverné par des cons. » Lapinos, blogueur.

  • Revue de presse

    (Suite et fin de la revue de presse pluraliste effectuée en collaboration avec mon pote Henri.)

    « La vision touristique de Montmartre nous a habitués à l’image d’une bohème insouciante et jouisseuse, au détriment du réel apport artistique et de pensée qu'on lui doit.
    Le génocide de 1915 a relégué dans l’ombre les massacres hamidiens - du nom du sultan Abdul Hamid II, de 1894-7896 (300.000 morts) et de 1909 (30.000 morts).
    La journaliste Séverine, féministe et dissciple de Vallès, fut la première à alerter l’opinion publique avec l’article Massacres en Arménie paru le 3 février 1895 dans La Libre Parole (devise : "La France aux Français" ; directeur : Edouard Drumont). (…) La contribution de Léon Bloy à l’arménophilie reste un article publié dans l’Assiette au beurre, journal avec lequel Bloy se sentait peu d’affinités, l’anticléricalisme du journal étant virulent, mais la virulence du ton constituait en elle-même une affinité. (…) En voici la fin : "Quand Abdul Hamid crèvera, ce qui ne saurait tarder, on verra s’affliger les Hanotaux et toute la servile crapule des diplomaties (…)." »
    (Samuel dans “Présent littéraire”, 12 mai 2007)
    Bloy dans l’Assiette au Beurre, c’est un peu comme si Michel Onfray écrivait dans Présent, Madiran dans Charlie-Hebdo, Marc-Édouard Nabe dans Le Monde, Alain Soral dans Tribune Juive, BHL dans Rivarol… L'évolution vers le sectarisme de la République française est une "tendance lourde". Surtout ne pas se fier à l’air de béni-oui-oui d'Alain Minc ou de Jean d’Ormesson.

    ***

    « Dans Les Démons, Heïmito von Döderer écrit : Devient révolutionnaire celui qui n’est pas parvenu à se supporter ; en revanche, ce sont alors les autres qui ont à le supporter. »
    (Ghislain de Diesbach dans "Rivarol", 27 avril)
    Bien que Rivarol ne soit pas spécialement un canard destiné aux vieilles dames, comme Le Figaro, Ghislain de Diesbach préfère la paix à la révolution ; déjà dans sa biographie de l’abbé Mugnier il s’attaquait injustement à Léon Bloy, sans doute beaucoup trop agité et “hétérosexuel” à son goût.

    ***

    Encore un Cabu épatant dans Le Canard enchaîné. De ce point de vue la victoire de Sarkozy est une bonne nouvelle ; on préfère largement un Cabu dans l'opposition à un Cabu soutien du pouvoir "socialiste" de Lionel Jospin, de Ségolène Royal ou de Bertrand Delanoë.
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    ***

    « C’est cette année-là, à la suite d’un accident d’ailleurs, une toile ratée, que je suis passé du noir à ce que j’appelle l’“outre-noir”.
    Recouvrant entièrement mes toiles de noir, j’ai fait naître la lumière (…) »
    (Pierre Soulages, "Beaux-arts magazine", mai 2007)
    De manière moins accidentelle, c’est en découvrant l’œuvre de Pierre Soulage que j’ai songé à développer le concept d’outre-connerie. Chirac passe et Soulages resterait ? Ça serait vraiment trop injuste !

    *

    « (…) Villepin, arrivant rue de Varenne en 2005, réclama à Beaubourg un Soulages. »
    ("Présent", 17 mai)
    On aurait pu penser qu'un admirateur de la sanglante épopée napoléonienne comme Villepin aurait réclamé au Louvre pour son bureau un tableau de David ou de Gros plutôt qu'une croûte de Soulages ; mais l'art pompidolien, les goûts de l'énarchie sont plus proches de l'anecdote que de l'épopée.

  • Nostalgie

    Maintenant que les journalistes ne font plus que noircir les pages entre deux encarts publicitaires - ou LA page -, en faisant attention à ne froisser aucun des "annonceurs" (véritables) du canard qui les emploie, on a du mal à imaginer quelle fut la variété et la richesse, la qualité aussi, de la presse au XIXe et jusqu'au milieu du XXe.
    Il serait sans doute excessif de dire que le type de l'éditorialiste chiant et moralisateur est un phénomène nouveau, mais comment ne pas observer que ce type-là s'est multiplié comme les mouches sur un morceau avarié. Poireau-Delpech, Philippe Val, Jean-Marie Colombani, Claude Imbert, Jean Daniel, BHL : rien que ceux-là, je serais curieux de savoir combien de décrochements de mâchoires ils ont à leur actif ? Et combien de lecteurs ont raté leur station de métro, victimes d'un assoupissement intempestif, ayant décidé en montant à "Victor Hugo" ou "La Muette" de lire la "tribune" de Jean d'Ormesson, juste comme ça, pour se raccourcir le trajet ?

    Les derniers des Mohicans, à faire encore preuve d'alacrité et de curiosité, Cabu, François Brigneau, Patrick Besson, par exemple, doivent se sentir bien isolés.
    On a du mal à imaginer en lisant la critique littéraire de Frédéric Beigbeder dans Lire ce que furent les critiques littéraires de Nimier dans La Parisienne ou de Blondin dans Rivarol. Et Beigbeder n'est pas le pire !

    L'Action française fut une de ces étoiles qui brilla au firmament de la presse d'opinion libre. Une des spécialités de L'Action française, c'était la revue de presse, la meilleure de toutes ! (Assurée entre autre par François Leger - l'auteur d'Une jeunesse réactionnaire).
    On peut peut-être encore, tout de même, une fois par semaine, tenter d'en faire une, de revue de presse ?

    -


    « Tout de suite il fut mon maître : Lucien Jerphagnon. Si je suis devenu ce que je suis, aux antipodes de ce qu'il est en tout ou presque, c'est à lui que je le dois. Car il fut mon maître, comme on l'était sur l'agora ou le forum romain et comme plus tard Nietzsche dit qu'on doit l'être : en apprenant à ce qu'on se déprenne de lui. (…) »
    Michel Onfray ("Nouvel Obs." 5 avril)
    Aux "antipodes", c'est vite dit, car pour ce qui est de l'anticléricalisme, même si celui du maître est plus subtil que celui de l'élève - comment pourrait-il en être autrement ? -, on ne peut pas dire que Jerphagnon brille par son amour de l'Église.

    ***

    « Les gens se trompent sur mon compte. Ils me prennent pour un type bien, un poète, un ange. Ils voudraient que je sois le fils de Rimbaud ou de je ne sais qui, et ils découvrent, en m’approchant, que je suis un clampin. Un mec commun, plutôt égoïste, un banlieusard qui s’éclate devant "Terminator" et fait des vannes de petit con. Alors forcément, ils sont déçus. (…) Je n’ai jamais rien lu de ma vie, à peine un bouquin par an. Du milieu super cultivé dans lequel je suis né, je n’en avais rien à foutre quand j’étais gamin. (…) Mon sens artistique, il m’est venu plus tard, des femmes que j’ai fréquentées (…)
    Mano Solo (interviouvé par Gérard Miller dans "La Vie", mai 2007)
    Le moins qu’on puisse dire, c’est que le fils de Cabu ne se la pète pas ; ça change de tous ces chanteurs bobos dans le genre de Delerm ou Bénabar qui se donnent des airs d’avoir lu tout Proust la veille au soir pour débiter quelques slogans éculés.

    ***

    Un bon Cabu, tiré du "Canard enchaîné" :
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    ***

    « François Bayrou, seul candidat à la présidence de la République, avec Philippe de Villiers, à s’afficher catholique pratiquant (…), a toujours été fluctuant : à dix-sept ans, en mai 1968, il faisait partie du comité d’action de son lycée ; à 19-20 ans il passa par l'"Arche" de Lanza del Vasto puis par les "Silencieux de l’Église" de Pierre Debray (pseudo de Sadi Couhé, 1922-99) ; à 21 ans il consacra son mémoire de maîtrise de lettres au "Mystère de la Charité de Jeanne d’Arc de Péguy".
    Le mouvement de Pierre Debray n’était pas destiné à résister silencieusement (…) aux dérives post-conciliaires, mais au contraire à donner une voix à ceux qui avaient subi silencieusement, mais contre leur gré, les réformes (…) »
    (Bulletin de l’Entente catholique, mai-juin 2007)
    De là à qualifier Bayrou de "catho-traître", il y a un pas que la charité chrétienne n'interdit pas de franchir…

    ***

    « Au mois de septembre 1932, fut passé à Metz, entre le représentant du Saint-Siège (le cardinal Tisserant) et celui du Patriarcat de Moscou (Mgr Nicodème) un accord en vertu duquel le Saint-Siège s’engageait à ce que le Concile qui allait s’ouvrir ne pertât “aucune attaque directe contre le régime communiste”, en échange de quoi le Patriarcat acceptait d’envoyer au Concile des obervateurs invités.
    Le fait fut révélé en janvier 1963 par l’hebdomadaire du Parti communiste "France Nouvelle", et confirmé peu après par l’évêque de Metz, au cours d’une conférence de presse. Puis, personne n’y a jamais fait la moindre allusion, et il tomba dans un profond oubli.
    (…) M. Madiran fait valoir que, si les connivences et le silence à l’égard du communisme furent, parmi les catholiques, bien antérieurs à l’accord de Metz, celui-ci les a consolidés et comme authentifiés, en leur donnant force de loi. Ce faisant, l’Église apporta au communisme la force d’appoint dont il avait le plus besoin pour s’étendre et se fortifier, en empêchant ses adversaires de le combattre. (…) »
    (Bulletin des Lettres, février 2007)
    Les dernières élections ont montré un glissement de l’électorat catholique et protestant vers la droite, Le Pen, Villiers et Sarkozy, alors que cet électorat était auparavant réparti à peu près équitablement entre la gauche et la droite. Serait-ce une conséquence de la chute de la pratique religieuse et des vocations ?
    Sinon on attend que Michel Onfray, toujours prompt à dénoncer les accointances de l’Église avec des régimes assassins, dénonce ce pacte passé par l'Église catholique avec le régime communiste officiellement athée.


    ***

    « Alors que dans l’Ancien régime les gains de production étaient finalement épongés rapidement par la croissance de la population, le nouveau mode de production industriel, pour employer la terminologie marxiste, comporte au contraire un développement cumulatif de la production et de la technique qui permet de briser la malédiction malthusienne et d’assurer à l’humanité ce rythme de changement extraordinaire qu’elle n’avait jamais connu et qui caractérise notre époque. »
    (François Furet, “Commentaires”, printemps 2007)
    Contrairement à ce qui s’est dit récemment, les analyses pénétrantes de Furet doivent beaucoup plus à Marx qu’à Tocqueville, un philosophe certainement moins obtus que BHL, mais qui a néanmoins longtemps été abusé par les aspects séduisants de la démocratie étatsunienne, avant de pressentir les inconvénients de l'égalitarisme. D'ailleurs il est assez cocasse de voir BHL marcher sur les traces de Tocqueville, lorsqu'on sait que ce "libéral" fut partisan d'une répression féroce en Algérie.

    *

    « En effet, c’est en Angleterre que se font et surtout que se diffusent toutes les inventions fondamentales de l’industrie moderne (…). Rien de semblable en France, qui ne progresse dans ce domaine, sauf exceptions, que par des emprunts d’ailleurs tardifs à l’Angleterre. Ce qui, par parenthèse, montre qu’il n’y a pas de liens automatique entre science et technique car la France du XVIIIe siècle est un pays extrêmement brillant sur le plan de l’innovation scientifique et, au contraire, elle est relativement archaïque sur le plan technique (…) Or, c’est ce qui se produit en Angleterre dans la deuxième moitié du XVIIIe ; on y voit naître un pays de bricoleurs passionnés de gadgets. »
    (François Furet, "Commentaires", printemps 2007)
    Les "bricoleurs passionnés" de Furet font bien sûr penser au personnage de Courtial des Pereire dans Mort à crédit, à la satire que Céline fait de la société industrielle et démocratique. Une pierre dans le jardin de la vieille gauche tendance Zola ou de la nouvelle droite tendance Jacques Attali ou Alain Minc qui croit fermement qu'en dehors du gadget il n'y a point de salut.

  • Tête de Turc ?

    On a beaucoup dit aussi à la télé et dans la presse, comme s'il était difficile de lui trouver une autre qualité, que Chirac était un type secret, très secret - plus secret que Mitterrand !
    Et si ce secret ne faisait que dissimuler une grande transparence, dans le fond, une grande banalité ? Dans ce cas on ne pourrait que féliciter chaudement Chirac de sa pudeur.

    Il ressort du Dernier secret de Chirac, publié dans une grande démocratie qui ne connaît pas la censure après la passation de pouvoir du président et de son clan par mesure de prudence, afin de ne pas provoquer d'agitation populaire, il ressort que le secret de Chirac est en effet assez banal. Ce secret-là, Jospin, Hubert Védrine, le chanteur Renaud, etc., le partagent en effet. On apprend que le père de Jacques Chirac, François, fut un proche collaborateur de l'avionneur Henri Potez, dont les activités ne cessèrent pas pendant l'Occupation. Encore une fois, rien que de très banal, mais sur le cévé d'un politicien, mieux vaut effacer ce genre de détail. Il n'y a qu'à voir avec quelle spontanéité les anciens résistants, de Le Pen à Dumas en passant pas Chaban-Delmas, racontent leurs "faits d'armes" à la télé. On peut expliquer comme ça la propension de Chirac à donner de grandes leçons d'histoire à la France, ce que Sarkozy, en fils d'immigré bien élevé, s'abstient de faire.

    Le mystère selon lequel Chirac ne serait pas le fils de sa mère est en partie levé seulement dans ce bouquin. Une histoire à la Maupassant…

    Et le fils caché de Chirac, vont demander les provinciaux, est-ce vrai qu'il en a un ? Ah, ça, vous n'avez qu'à habiter Paris et vous le saurez… Tant qu'il est encore temps, vous pouvez toujours essayer de réserver une table dans les meilleurs restaus de la capitale en vous faisant passer pour le fils de Jacques Chirac, histoire de tester les réactions…

  • L'âge des bilans

    Quel est donc le bilan de Chirac en définitive ? Quel est l'aspect positif de son mandat ? A-t-il fait autre chose que prolonger la gestion de bon père de famille bourgeois de Giscard et Mitterrand* ? Même si les hagiographes, tel Pierre Péan, se précipitent pour dessiner un portrait honorable de l’Ex, vu que l'hagiographie est un genre tès prisé, il vaut mieux surseoir à statuer sur l'ex-chef de l'État. Du moins c'est ce qu'un historien ferait. Après, on ne peut pas empêcher les philosophes et les journalistes de dégoiser, hélas…

    *

    Sous l'angle précis de l’art, considéré comme un épiphénomène significatif, un début d’analyse de l’action de Chirac est néanmoins possible. Je ne veux pas parler des arts primitifs d’Afrique, d’Océanie et des États-Unis : compte tenu de l’académisme de l'éducation que Chirac a reçue, pour ne pas dire autre chose, ce n'est pas tellement étonnant qu’il se soit engoué pour un art plus sauvage.
    Ni de la collection de gadgets modernes de son ami François Pinault, dont Chirac n’est pas directement responsable, l’acquisition du château de Bity trahissant un goût personnel plus solide.
    Non, je veux parler plutôt du vernis nouveau que Chirac a fait passer sur tout un tas de poètes mineurs français. Les journalistes n’ont pas assez parlé de cette passion de Chirac pour la poésie. Non seulement Chirac est le fils putatif de Georges Pompidou, auteur d’une anthologie de la poésie qu’on réédite encore (!?), mais il y aussi cet “abracadabrantesque” emprunté à Rimbaud, un mineur majeur, et puis le choix pour le moins arbitraire d’un ministre, Villepin, lui aussi dévôt, pas seulement de René Char, mais de toute une brochette de poètes les plus obscurs qui soient ; c’est pas ça qui manque, les poètes obscurs… même Alain Juppé, qui ne fait pourtant pas dans la poésie lorsqu’il demande son reste à Sarkozy, même Juppé dans sa brève jeunesse composa des alexandrins. Il n’y a guère que Raffarin qui soit prosaïque de la tête aux pieds.

    Les observateurs attentifs auront peut-être remarqué d'ailleurs qu’on n'a jamais autant cité Paul Valéry que sous Jacques Chirac. Dans le domaine de la littérature, le régime chiraquien a fait sienne la devise démocratique selon laquelle il vaut mieux lire un auteur mineur que rien du tout (on déplore en effet que la plupart des grands auteurs modernes français soient antisémites, ou détestent la démocratie, ou soient misogynes, voire les trois à la fois !)

    Une petite injustice cependant, la publicité faite par Jacques Chirac à Georges Fourest, un grand poète catholique qui ne méritait pas ça.

    *Je définis Sarkozy : « Un bon père de famille recomposée qui croit avoir découvert une martingale. »

  • Point commun

    Le point commun entre Chirac et Proust ? Comme dirait l’ex-président :
    « Putain, tout ce temps perdu à ne rien foutre et dont on a tant envie de causer ! »

  • Cause perdue

    Il y a certainement quelque chose de noble à défendre une cause perdue, et la cause de Jacques Chirac est la dernière cause perdue à la mode en ce moment - mais peut-on pour ce faire utiliser des arguments spécieux ?

    Ainsi Henri Amouroux argue que Chirac nous a évité l’intervention des troupes françaises et tout ce sang versé injustement et inutilement en Irak. Certes, la bêtise de la politique étrangère yankie n’est plus à démontrer. D’ailleurs, dès le départ, pour ne pas tomber dans l’anti-américanisme primaire, on se souvient que des conseillers influents de George Bush avaient indiqué le piège. Mais le système démocratique et médiatique est ainsi fait, "en Amérique", que Bush a dû céder aux pressions.
    Mais revenons en France… Amouroux prétend que Chirac, dans cette affaire, a même fait preuve d’un "grand courage". C'est un peu court comme démonstration… On sait que dans un bouquin, le chancelier allemand G. Schröder se prévaut de l’initiative de ce non-alignement sur la "stratégie" yankie. Chirac n'aurait fait qu'acquiescer.
    De fait, ni la France ni l’Allemagne n’avaient intérêt à se mêler à cette guerre désastreuse à tous les points de vue (Il se trouve même des intellectuels israéliens pour s’inquiéter de ses répercussions.) La position commune de Schröder et de Chirac était logique. On peut penser que Ségolène Royal, ou même Sarkozy, auraient eu la même position.

    Ce qui a changé par rapport à la première invasion de l'Irak, c’est que l’Allemagne s'est émancipée un peu plus de la tutelle yankie. Le véritable changement, ce n’est pas celui de Chirac par rapport à Mitterrand, mais bien celui de Schröder par rapport à Helmut Kohl, qui, lui, ne pouvait pas se permettre alors de bafouer les États-Unis. C’est la position des Britanniques qui est bizarre ; disons pour être poli avec les Anglais qu’il est probablement dans la nature double de Tony Blair de jouer en permanence sur deux tableaux. Quant à Berlusconi, c’est le type prêt à tout pour se distinguer, et sa passion pour le football indique assez la médiocrité de son point de vue ; mais même Berlusconi a assez vite changé d’avis. Les Polonais, je n’en parle même pas, lorsqu’on a une philosophie comme la leur, on ferait mieux de s’abstenir de faire de la politique. La Pologne est le symbole de l’obstacle que représente le système démocratique à une union politique des grandes nations européennes pour contrer les agissements néfastes des États-Unis.

    Bref, s’il tient à défendre Chirac, Henri Amouroux doit trouver des arguments un peu plus sérieux que le prétendu courage de Jacques Chirac.

  • Je n'en rate pas une

    J’avais raté la controverse sur Sarkozy et Pétain ; j’adore ça, les controverses historiques ! Grâce à une de ces affiches virulentes contre Sarko, devant lesquelles je passe régulièrement, je comprends mieux de quoi il retournait. La citation de Sarkozy, la voici : « La France n’a pas inventé la “solution finale”, elle n’a donc pas à rougir de son Histoire ! » C’est donc à cause de cette phrase que Sarko avait été comparé à Pétain par l’extrême-gauche, par un raisonnement un peu tordu.

    Le plaidoyer de Sarkozy n’en est pas moins, lui aussi, inexact, car la France a bel et bien inventé "la solution finale". En fait, il s’agit d’une erreur de traduction. On le voit bien si on regarde les archives du procès de Nuremberg et qu’on tend l’oreille pour entendre la réaction du maréchal Goering, partiellement couverte par la voix "off" du commentateur d’Arte : celui-ci proteste avec véhémence lorsque les traducteurs disent "solution finale" pour traduire "totale Lösung", le terme des documents incriminés ; on peut trouver qu’il est un peu tatillon sur ce coup-là, Goering, mais il y a bien un "faux sens" en l’espèce, une idée de préméditation dans "solution finale" qui n’est pas dans "solution globale". Autant lorsqu'on mène une campagne électorale, on peut se permettre de dire tout et n’importe quoi, c’est même la règle du genre, quand on cause histoire il faut un minimum de précision ; il vaudrait mieux ne pas mélanger les deux genres comme ne peuvent pas s'empêcher de faire tous les politiciens pour tenter de donner un peu de relief à leurs discours et à leurs idées.

    Ce n’est pas dans un "meeting" de l'UMP qu'on peut régler la question de savoir si la France doit rougir ou pas de son histoire récente, si tant est que la question ait un sens.
    La comparaison entre Sarkozy et Pétain est certainement abusive, ne serait-ce que parce que Pétain n’a jamais eu à mener une campagne électorale et qu’au plan militaire, même s’il a encadré quelques émeutes en banlieue, Sarkozy n’a pas l’expérience de Pétain. La télé fait que les “civils” d'aujourd'hui sont presque plus effrayés par les émeutes en banlieue que les "civils" de 14-18 ne furent effrayés par les combats du front. On comprend mieux pourquoi les grands-mères qui passent beaucoup de temps devant la télé ont voté massivement pour Sarkozy, mais il vaudrait mieux éviter de regarder la télé au premier degré, quitte à passer pour un cynique, un mauvais citoyen, voire un lepéniste.

    Je ne sais donc pas si la France doit rougir de son histoire, mais une chose est sûre, elle peut rougir de son "niveau d’histoire", et Sarkozy paraît mal barré pour relever le niveau.

  • Vieux placards

    Dans mon quartier de "petits bobos"*, surtout aux abords des bâtiments administratifs, subsistent des placards contre Sarkozy ; il subsisteront sans doute jusqu’aux prochaines législatives.
    Le moins qu’on puisse dire, c’est qu’ils ne font pas dans la dentelle ! Par “Act’up”, l’organisation politique de pédés sidaïques, Sarkozy est décrit à peu près comme un terrible vampire qui, une fois au pouvoir, sucera tout le sang (pur) qui reste à la disposition des immunodéprimés de ce pays. Ils mourront tous…

    Ma cuisante déroute aux présidentielles - j’avais tout misé sur Ségolène -, devrait me dissuader de continuer de faire des paris idiots… mais ce n’est pas le cas, et je vous fiche une fois de plus mon billet qu’"Act'up", en dépit de ses promesses, n’a pas fini de nous emmerder (J’en veux particulièrement à ce lobby pour la réclame outrancière qu’il fit jadis à une actrice vulgaire et déjà un peu “usée” à l’époque - Clémentine Célarié.)

    *Moins de trois mille euros de revenus mensuels.

  • Toutes proportions gardées

    À entendre Jean d'Ormesson, de l'Académie française et du Figaro, parler de son combat contre Le Pen et le "Front national", c'est un peu comme s'il avait vaincu la division Gross Deutschland à lui tout seul. Il est vrai que de la part d'un type qui se torche avec du papier cul fleurdelisé*, l'exagération est sans doute innée.

    *D'après une confession intime chez Laurent Ruquier.

  • T'as ton yacht ?

    Chaque semaine qui passe et l'absence d'Alphonse Allais dans le paysage intellectuel français se fait plus cruellement sentir… Avec un philosophe de cette envergure et de ce niveau de bagout, la démocratie était tout de même plus facile à avaler pour nos ancêtres ! Mais le bicarbonate de soude de la pensée moderne s'est dissout dans le Grand Tout moléculaire et le Parisien est, à présent, entièrement à la merci de la cuistrerie métaphysique. Elle le suit partout : à la rubrique "Éditorial" des quotidiens, du plus gratuit au moins payant, en version "light" dans la bouche de Claire Chazal, au bar bobo d'à-côté, où on diffuse Delerm en sourdine pour faire plaisir aux "professeurs des écoles" qui viennent siroter un sirop d'orgeat en mâchant du chewing-gum après la classe ; sans oublier de rendre à Onfray, BHL, Ferry et Finkielkraut, co-inventeurs de la "philosophie de gare", l'anti-hommage qui leur est dû.
    À la saillie modeste a succédé la platidude arrogante. Les temps sont mous…

    *

    Tentons une expérience… Tâchons de deviner quelle solution le maître normand aurait imaginée pour remédier au problème prégnant - ô combien -, de la baisse du pouvoir d'achat ; quel aurait été son oracle ? Nul doute qu'il eût su trouver les mots équitables et que son expertise eût été d'un grand secours, lui qui toujours boucla difficilement ses fins de mois, insouciant qu'il était de la publication au format de poche de son œuvre d'humour graissant, assez sincèrement démocrate pour ignorer les royalties.

    D'abord Allais eût approuvé sans réserve la villégiature de notre futur Président de la République, qui a décrété la question du pouvoir d'achat "priorité nationale", sur un yacht de luxe en mer Méditerranée ; lorsqu'on veut augmenter le budget des Français, il est préférable de se rendre compte d'abord par soi-même des effets d'un pouvoir d'achat renforcé - c'est bien la moindre des choses quand on prétend avoir du bon sens.

    Ensuite, Allais eût su comment exprimer tout le suc comique d'un personnage tel que Thierry Breton, ex-ministre de l'Économie et des Finances, un pionnier sur le terrain de la question essentielle du pouvoir d'achat des Français, qui a ouvert discrètement le chemin au Président Sarkozy sur ce champ de bataille, condensant en une sorte de formule magique ses observations concrètes au microscope. Si la bourse des citoyens Français n'a pas gonflé en fonction des espérances légitimes au cours de ces dernières années, dit "grosso modo" Thierry Breton, qui ne s'encombre pas avec la langue de bois, c'est à cause de la facture de téléphone portable ! Elle pompe en effet tout l'excédent, et même au-delà (sans aucune connotation religieuse) !
    On ne saurait être mieux placé que Thierry Breton pour faire le bilan de ces télécommunications coûteuses. En somme, si on est empêché de collectionner autant de nouveaux gadgets qu'on le souhaiterait, en France, situation humiliante si on la compare à celle de nos voisins américains, ou britanniques, ou même belges, voire allemands (un comble - quand on pense que ces salauds ont inventé les chambres à gaz !), c'est à cause des traites et des abonnements à des gadgets d'ores et déjà "out of date"
    Cette inéquation scandaleuse, bien sûr Thierry Breton ne le résout pas complètement, mais il a au moins le mérite de mettre le doigt dessus et de faciliter ainsi la tâche démesurée qui attend notre nouveau président à sa descente de Falcone - un nouveau président qui est tout sauf un gadget, à peine un gars "jet-set" (Les connaisseurs savent qu'Allais lui-même ne dédaignait pas un calembour osé ou une rime pauvre par-ci, par-là, afin de bien marquer sans doute sa différence avec Victor Hugo ou Jean Jaurès.)

  • Embryon de révolution ?

    Les jeunes révolutionnaires trotskistes ou anars qui manifestent pour réclamer la démission de Sarkozy sont présentés par les médias comme étant “dangereux” ; certains osent même remarquer que l’extrême-droite n’est pas aussi dangereuse… Faut pas déconner, dans quelle pays de vieilles rombières est-on ? Que ceux qui n’ont jamais voulu faire la révolution, que ceux qui n’ont jamais castagné un peu les CRS, que ceux qui n’ont jamais été tentés de foutre le feu à un cabriolet, de confectionner un cocktail Molotov, que ceux-là leurs jettent la première pierre…

    Il m’est arrivé de me retrouver face-à-face avec ces anarchistes, notamment dans des manifs contre la loi libérale sur l’avortement de S. Veil. Ils sont parfois armés de barres de fer et de billes de plomb, ces anars, et les jurons volent toujours bas, mais j’aime mieux cette franchise, je préfère ça à tous ces démocrates-chrétiens ou ces sociaux-démocrates qui s’en lavent les mains devant leur poste de télé.
    A-t-elle l’air d’une militante anarchiste ou même féministe, Madame Veil, cette conscience nationale embaumée de son vivant, lorsqu’on la voit dans sa salle-à-manger, avec son service en porcelaine de Gien ou de Nevers, ses belles nappes brodées, son domestique nègre et les journalistes qui viennent poliment la confesser ? Pas le moins du monde, elle ressemble à une vieille grand-mère bourgeoise à qui on donnerait le bon Dieu sans confession. Ne pas se fier aux apparences.

    Le vrai danger, plutôt que cette poignée de jeunes puceaux surexcités en manque d’idéal et qui rêvent d’en découdre avec la police de Sarkozy, ça serait pas plutôt cette France féminisée, vieillie, qui sursaute au moindre coup de poing ? Qui écoute ENCORE Johnny Halliday, qui n’a plus pour seul idéal que son taux de croissance et la survie des pandas de Birmanie…
    Là encore on se dit que deux ou trois degrés celsius de réchauffement climatique ne suffiront pas à opérer la sélection naturelle qui s’impose.

  • Menus plaisirs

    La soirée électorale d’hier offrit de menus plaisirs mesquins, comme celui de voir Laurent Fabius contraint par Renaud Donnedieu de Vabres de reconnaître Johnny Halliday comme un grand artiste. Le pire, c’est que c’est sans doute, en effet, le nom de Johnny Halliday qui restera dans les manuels d’Histoire pour représenter notre “ère”.

    *

    Si comme le disent les journalistes empressés à rallier le camp du vainqueur, pour ceux qui avaient fait le mauvais calcul, la victoire du clan Sarkozy évoque celle, “historique”, du clan Mitterrand en 1981, alors les futurs cocus étaient nombreux à se trémousser hier dans la rue au son du bal musette électrique.
    Cette méprise des journalistes tient au fait que 1981 représente bien une victoire pour les médias et toute leur corporation ; mais, a posteriori, ce sont les seuls ou presque qui peuvent s’en réjouir. Pour les autres, l’échec du mitterrandisme est patent. La méprise des journalistes est plus exactement du mépris. Lorsque le chanteur Rachid Taha ose dénoncer le grand bluff politico-publicitaire que fut la création de SOS-Racisme par la gauche caviar sous Mitterrand, le sarkozyste Marc-Olivier Fogiel lui intime l’ordre de se taire. Rien de plus logique.
    Faut pas oublier de féliciter Roger Hanin non plus, car s'il y a un type qui s'y connaît en politique, c'est bien lui !

  • Casino royal

    Comme on dit : « Rien ne va plus, faites vos jeux ! »

  • Un peu de fraîcheur

    Cette Allemande, Ludwika Forssbohm, c’est marqué sur son bonnet de bain, elle aura du mal à trouver un partenaire sexuel. La garce, elle me met quinze mètres dans la vue sur cinquante ! C’est souvent comme ça avec les Allemandes, elles sont surentraînées, surpuissantes. S’accoupler avec une gonzesse plus musclée, je crois qu’il n’y a pas beaucoup de mecs qui souhaitent ça, c’est pas très naturel. Et vice-versa, le nageur rapide et taillé en V attire plus les regards des femelles qui font semblant de nager. Pourtant elle n’est pas laide, Ludwika ; il lui reste la solution pour se reproduire de dénicher un champion de triathlon ou de violer un mec pas assez costaud pour lui résister dans les vestiaires.

    Depuis le temps que j’écume les piscines municipales en quête de sensations, je crois que je peux établir une typologie…
    Le petit peuple des piscines - les bourgeois fréquentent plutôt les clubs privés hyper-hygiéniques -, est primitif et assez varié. Je crois que le point commun, c’est qu’on n’a pas peur de se foutre à poil. Si on faisait un sondage : « Croyez-vous à la résurrection des corps ? », je crois qu’il y aurait plus de réponses positives dans cette population particulière.

    Je dis ça, mais c’est peut-être parce que je suis influencé par une nouvelle sous-espèce que je viens de découvrir : le couple de nageurs chrétiens - barboteurs, devrais-je dire. Lui, mal rasé et trapu, porte une large croix de bois autour du cou en toutes circonstances, y compris celle-ci. Au moins il est sûr de ne pas couler. Il pousse par les pieds sa dulcinée, d’une maigreur d’ascète, pour lui apprendre à faire la planche. Ils ont tout à fait l’air d’un couple qui applique la méthode Billings de régulation des naissances par examen des glaires vaginales.

    Sinon il y a des codes vestimentaires assez réduits, forcément, mais quand même. Le bikini est réservé aux nunuches, et il y en a plus qu’on ne croit ! Lorsqu’il est rose avec des paillettes, ça mérite un clin d’œil. Il faut de très petits tétons pour pouvoir nager convenablement en bikini.
    Dans le même genre ostentatoire, cependant beaucoup plus rare, il y a le maillot une pièce noir, façon “James Bond girl”, complètement ridicule mais qui en impose quand même par son audace et l’extravagance du décolleté géométrique ; à condition que la “James Bond girl” sache autre chose que la nage du petit chien.
    Le genre “sportif” est le plus classique. Mais il y a des gonzesses un peu distraites qui sont visiblement là pour faire autre chose, de la chasse sous-marine ou du modern-jazz trempé.
    Personnellement je n’aime pas trop celles qui nagent avec des palmes, c’est conçu pour se modeler des jambes impeccables, mais en attendant ça n’est pas très gracieux.

    En ce qui concerne la mode homme, le bonnet en latex aux couleurs d’un club sportif est ce qui se fait de plus distingué, mais il faut pour le porter un crawl assorti, bien rythmé et sans trop d’éclaboussures, faute de quoi on passera pour un vulgaire frimeur.
    En fait, le “moule-bite” est de rigueur. Les petits shorts serrés ridicules sont faits pour cacher qu’on n’a pas de couilles ou qu’on a un champignon dans l’entrecuisse ; bref, c’est réservé à “Paris-plage” ou aux clubs privés.

    Comme tous les lieux publics, à commencer par les bibliothèques publiques, la piscine attire pas mal de cinglés. Un type bâti comme un gorille qui fait des pompes dans tous les coins, y compris entre mes guiboles, court dans la flotte au lieu de nager, dispose un petit assortiment de boissons énergétiques au bord du bassin, dont il avale une lampée tous les cinquante mètres en se signant, avant d’aller prendre une brève douche froide et de revenir. Celui-là faudrait pas trop le pousser pour qu’il se mette sur une bouée, au milieu, et fasse la circulation avec un sifflet. Ou encore ce fier descendant d’Apache ou de Cheyenne, qui nage exclusivement sur le dos, entre deux eaux, avec des gants palmés, et qui invective quiconque ose l’effleurer, et en revanche se confond en excuses lorsqu’il chatouille quelqu’un…

    Évidemment les nageurs éprouvent un mélange de pitié et de condescendance pour les pauvres filles plus ou moins ratatinées qui font de l’“aquagym” et qui empiètent sur leur espace vital. Brasser de l’eau ne vaut guère mieux que brasser de l’air. Aucun mâle ne s’intéresse à elles, excepté un moniteur qui est payé pour ça.

    J’ajoute que le nageur n’a pas beaucoup de prédateurs en dehors du technicien de surface qui se goure dans le dosage du chlore et intoxique les individus les plus malchanceux.

    Sur le sujet de la piscine je suis intarissable ; les terriens ne peuvent pas comprendre.

  • Troisième mi-temps

    Le “réalisateur” du débat présidentiel souligne a posteriori une différence essentielle. Sur le plateau, Ségolène et Arlette Chabot trouvaient qu’il faisait trop froid, tandis que Sarko et PPDA, au contraire, trouvaient qu’il faisait trop chaud. Ce qui tend à confirmer certaines de mes hypothèses sexistes.

    Une autre leçon à tirer, c’est que ce réalisateur soi-disant professionnel s’exprime dans un français assez approximatif, qu’il avoue n’avoir à peu près rien entendu au débat, tant il était concentré sur les images ; il fait ce parallèle inévitable avec le football et se dit de la même manière incapable de dire quel a été le score d’un match qu’il a “réalisé”.

    *

    Un problème très “contemporain”, en outre, et Sarkozy qui est un type plus futé que la moyenne en a tenu compte au cours de sa campagne à la télé, c’est l’excès d’esprit. Il n’est plus permis dans notre société d’être brillant, cela passe désormais pour de la goujaterie, voire de la méchanceté. Un candidat comme Le Pen peut atteindre suivant les circonstances dix, quinze, vingt, trente pour cent - qui sait ? -, séduire une frange de la population par des mots d’esprit cinglants, une rhétorique qui ridiculise le système oligarchique en place, mais la grande majorité est effrayée par ce style. D’où les simagrées, qui ne sont pas tellement dans sa nature, mais que Sarkozy est obligé de faire lorsqu’il s’adresse aux électeurs ou à Ségolène, pour ne pas paraître trop fachiste, ou trop viril… au risque de passer pour un "mou du gland" ou un velléitaire aux yeux de certains, ce qu'il est probablement moins que la moyenne.

    Bien sûr, on en veut moins aux femmes aujourd’hui de faire preuve d’esprit, cette qualité virile dont elles ont été privées pendant des siècles, paraît-il (Dans le domaine des sciences sociales comme des sciences naturelles, méfions-nous des idées reçue ; j’ai dit que je préférais madame Royal et ses tailleurs, mais j’aime encore mieux la Sévigné et ses lettres.)

  • Vieux débats

    Il paraît que les vieux débats présidentiels entre Mitterrand et Giscard, Chirac et Mitterrand, sont parus en dévédés ; et même que certains de ces débats sont joués au théâtre ! Il y a des vicelards, quand même… Rien de plus conventionnel en effet qu’un débat entre deux finalistes à la présidentielle, sauf une finale de la coupe du monde de football, peut-être.

    *

    Je suis frappé, ce soir, dans le métro, par le nombre croissant de citoyens qui voyagent avec un i-pod dans l’oreille ou un casque sur le crâne. C’est le peintre lyonnais Chenavard qui voit dans la suprématie simultanée de l’industrie et de la musique un signe de décadence.