Lapinos - Page 149
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Le lit du capitalisme
En réalité, quand on est vraiment marxiste, honnêtement on ne peut pas se permettre de dissocier l'idéal démocratique du capitalisme bourgeois.
Un minimum d'esprit scientifique suffit pour faire le constat que les idées démocratiques ont fait le lit du capitalisme. Pour être plus marxiste, donc plus précis, il faut que je tourne ma phrase à l'envers, car c'est le capitalisme bourgeois qui a fait le lit de l'idéologie démocratique.
Démocratie et capitalisme coïncident harmonieusement pour la plus grande fortune des capitaines d'industrie. Les États-Unis d'Amérique sont l'exemple contemporain le plus flagrant d'avènement de la société marchande en même temps que des fameux slogans d'égalité, de liberté, de suffrage universel, de droit international, de paix universelle, etc.
De nombreux autres exemples, capitalistes ou non, permettent d'ailleurs de vérifier que plus un pays bafoue la liberté, l'égalité, le droit de vote, la justice, plus ses représentants truffent leurs discours de ces slogans.
Sur un autre plan, le protectionnisme étatsunien, le plus puissant du monde, aime à se parer du joli nom de "libre-échangisme". Et la France, ou l'Europe, qui n'est pas si protectionniste que ça, abhorre cette idée-là.
Les intellectuels anglo-saxons au service des marchands ont forgé un autre joli nom, le "libéralisme", à l'usage de leurs maîtres. En quelque sorte l'expression de libéralisme englobe le système ET l'idéologie, en insistant surtout sur l'emballage. Mais parler d'une forme évoluée, globale, de mercantilisme, est plus exact.
Si Voltaire revenait, il serait sans doute horrifié par les effets du libéralisme anglais qu'il admirait tant mais dont il ne pouvait estimer toutes les conséquences, sur les arts et les lettres. La peinture, la poésie, la musique, qui en son temps étaient encore au sommet de l'activité humaine, au-dessus de l'artisanat, ont été reléguées au rang de vulgaires artifices, quasi des arguments commerciaux.
Quel usage des individus transformés en consommateurs pourraient bien faire d'une conscience ? À quoi bon enseigner à un futur vendeur de téléphone portable le latin ou le grec ?
Et quel déficit de la pensée chez Finkielkraut lorsqu'on le compare à Diderot ! Derrière les jeux de mots de Diderot, on sent un esprit subtil, critique, facétieux. Tandis que chez Finkielkraut, rien, aucun recul, juste un vague cercle d'idées, accompagné d'un vague geste circulaire de la main, même pas une rhétorique stable ! Il est ce qu'il dit, Finkielkraut, il se confond complètement avec sa subjectivité. J'aime citer Finkielkraut parce c'est l'exemple le plus caricatural que je connaisse, en attendant d'en trouver un autre. Même Christine Clerc, assise à côté de lui l'autre jour sur un plateau de télé ne pouvait s'empêcher de le trouver bête et d'avoir pitié. Même Christine Clerc !
Si on veut bien se pencher sur Marx sans préjugés idéologiques, de droite ou de gauche, plus radicalement encore que Burke, on constate que Marx démonte les contes philosophiques dont on nous rebat les oreilles dans notre démocratie prématurément vieillie.
Certains catholiques reprochent à Marx d'être athée. La belle affaire ! Encore un raisonnement très subjectif. Doit-on se préoccuper de savoir de quelle religion est le jardinier qui a planté l'arbre dont on prélève une poire pour se désaltérer ? -
La vie dure
La sottise et le ridicule du personnage de Pascal Sevran ne doivent pas occulter que les idées malthusiennes qu’il exprime ne se sont jamais aussi bien portées en France. C’est en leur nom que des associations “humanitaires” sont allées dans le tiers-monde causer des catastrophes démographiques.
Malthus ne se cache pas seulement derrière l’idéologie humanitaire, mais aussi derrière l’idéologie écologiste, qui suggère de venir en aide aux pandas et toutes sortes de quadrupèdes en voie de disparition, de préférence photogéniques, cependant que dans certaines régions du globe, la corne de l’Afrique en particulier, la sécheresse tue… des êtres humains.
Il n’a pourtant pas fallu bien longtemps pour qu’on se rende compte que le malthusianisme n’avait que les apparences du bon sens, que ce n’était en réalité qu’une idiotie mathématique. Malthus (1766-1834) prévoit à la fin du XVIIIe que la population va doubler tous les vingt-cinq ans, tandis que les récoltes n’augmenteront pas dans les mêmes proportions, d’où, immanquablement, la famine à venir des plus démunis.
L’oubli par Malthus de tout un tas de paramètres est frappant aujourd’hui, mais, à la décharge de Malthus, il ne disposait pas de données démographiques fiables ; on se contentait alors de supputer le nombre de Français, par exemple, et beaucoup se trompaient à des dizaines de millions près ; et, même si c’est “à l’envers”, Malthus a au moins le mérite d’être un des premiers économistes à souligner l’importance du facteur démographique.
Tout ça pour dire que la comparaison avec Pascal Sevran n’est quand même pas très flatteuse pour Malthus.
Quant aux préjugés racistes de Sevran, le fait qu’ils soient aussi vigoureusement dénoncés par les médias est assez cocasse, non ? sachant le rôle primordial de ces médias, la télévision en tête, dans la diffusion des préjugés de toutes sortes aux quatre coins de l'Hexagone. -
La Madone du Planning
Jusqu'à la voir, j'imaginais Caroline Fourest en bonne femme acariâtre, desséchée comme ses idées. Elle devait forcément être atteinte de frigidité.
Quand je la vis pour la première fois, non pas en vrai mais à la télé, ce fut une révélation ! Tout d'un coup je compris pourquoi le microcosme médiatique bruissait du nom croustillant de Caroline Fourest. Car si cette gonzesse n'apporte rien de neuf aux vieilles idées malthusiennes et féministes cent fois récusées par la science mais sacrément coriaces - en revanche sa télégénie frappe d'emblée. Ainsi le secret de sa rhétorique était là !
"La Madone du Planning", c'est pour faire un jeu de mot : en réalité la comparaison avec Jeanne d'Arc s'impose. Caroline Fourest s'habille en mec et on lit dans ses yeux clairs la détermination d'une nana affranchie. S'ils ne manquaient pas désespérément d'imagination, les fiers pédés de la "Gay pride" devraient la faire défiler en tête de leur carnaval, déguisée en Jeanne d'Arc, à califourchon sur une jument rose (ou verte). Elle serait parfaite dans le rôle.
Pas question d'apparition divine pour Caroline, bien sûr, en revanche je me suis laissé dire que le diable lui est apparu une fois en songe : grand, blond, avec un œil de verre. De sa voix caverneuse, il faisait capoter les idéaux d'égalité des sexes et de fraternité au plumard ; comme dans les dessins de Cabu, il portait des bottes allemandes bien cirées et piétinait la liberté d'avorter, crrritch, avec une impavidité tout bonnement effrayante !
Des diablotins portant qui des mitres, qui des képis, l'escortaient, agitant des sonnettes de curé, des crécelles, faisant un vacarme de tous les dieux monothéistes, à faire abjurer la saine laïcité à un instituteur de la FEN !!
Et Caroline se réveillait, car elle ne croit pas aux apparitions, en nage : inquiète, à peine vêtue d'un blouson de cuir, prête à en découdre, elle se rendait sans plus attendre à l'Assemblée nationale pour l'avertir du danger et lui apporter son aide. Là Jean-Louis Debré lui remettait le "Prix du Livre politique" et la confortait dans son courageux combat à venir contre la calotte et le bandeau noir de Le Pen, le pirate de la politique française.
Je suis convaincu que les petites fantassines des plannings de France doivent lui emboîter le pas, à Caroline, sans se poser de questions, avec une ferveur toute religieuse, et que leur combat est complètement fanatique et désintéressé. -
Pour l'exemple
Il paraît qu'il faut donner des exemples du rôle néfaste des journalistes et de leur impunité… La chappe médiatique est si épaisse que certains ne pigent même pas en quoi les médias ne font pas leur "devoir d'information", en quoi ce devoir ne sert qu'à couvrir des pratiques journalistiques calamiteuses. Pourquoi il est urgent d'encadrer cette corporation comme les autres, qui ne constitue pas un contre-pouvoir mais un véritable pouvoir autonome mû par ses propres intérêts économiques.
C'est pas les exemples qui manquent. Il y en a des tout frais, de plus anciens, des révoltants, des politiques, des crapuleux. Évidemment, je laisse de côté les procès bidons pour "atteinte à la vie privée" ou à l'image intentés à Voici par des starlettes. Comment les magistrats peuvent-ils se prêter à une telle comédie ? Il est bien entendu beaucoup plus grave de la part de Jean-Luc Delarue d'exploiter la misère morale de madame tout-le-monde que d'exploiter les photos du cul de Depardieu - défendu par une escouade d'avocat ; quand la télé ne s'en prend pas carrément à des mineurs…
• Commençons par l'affaire Clearstream, parce que les médias s'en servent justement pour orienter la rancœur de l'opinion publique vers les politiciens.
Si on y regarde de plus près, avant d'être une affaire politique, l'affaire Clearstream est une affaire médiatique, en ce sens qu'elle repose sur un dysfonctionnement des médias. Il s'agit en effet au départ d'un règlement de compte entre industriels de l'armement. Comme cette affaire intéresse bien peu les médias, qu'elle n'est pas "vendeuse", un de ces industriels imagine d'impliquer des hommes politiques de premier plan en manipulant un journaliste, ce Tartuffe de Denis Robert. Celui-ci invoque bien sûr maintenant la "liberté d'information" pour justifier des pratiques d'investigation contestables ; auprès des gogos, ce slogan a beaucoup de succès. En réalité, pour un journaliste "d'investigation", je préfère dire "un fouille-merde", c'est plus descriptif, se faire manipuler est une faute professionnelle, comme pour un espion.
Les dégâts politiques de cette affaire, un gouvernement a été déstabilisé, les médias en sont en grande partie responsables. Qui en est informé ?
• L'affaire Grégory, l'affaire d'Outreaux, etc. : on ne compte plus les faits divers dont les instructions sont faussées par les prétendus "scoops" des médias, qui ne font qu'exciter la haine de la foule qui crie « À mort ! » lorsque les prévenus d'Outreaux gravissent les marches du Tribunal. Les médias n'ont pas inventé la bêtise humaine, mais ils ne font que la renforcer. Peu importe que les infos soient bidons, ce qui compte c'est de vendre de l'espace publicitaire, pour Le Monde comme pour "TF1".
D'ailleurs dans ces affaires judiciaires, les journalistes participent directement aux "fuites", une autre manière de fausser le cours des procès et de faire pression sur les protagonistes.
Pourquoi le procureur Montgolfier a-t-il autant de succès auprès des médias ? Parce qu'il justifie le système. Parce qu'il a su jusqu'ici se défendre, organiser des contre-fuites, rendre coup pour coup médiatique à Bernard Tapie, cette façon de rendre la justice ne serait pas malsaine ? Montgolfier en réalité est une exception. Ce qui tend à se généraliser, c'est le procès des petits juges par les médias. Là encore les journalistes échappent habilement à leurs responsabilités, en braquant les caméras à côté.
• Même si elle est un peu ancienne, elle remonte au début des années cinquante, l'"affaire du faux Fechteler" est caractéristique, parce qu'elle éclabousse Le Monde, et que, comme on ne peut pas l'ignorer, les pantins de la télé, les Chazal, les Pujadas, les Drucker, les Ockrent, calquent leurs opinions sur celles du Monde, et pas seulement parce que pour la plupart d'entre eux ils sont incapables de formuler une opinion personnelle.
Cette affaire a été révélée par Jean Madiran, un journaliste indépendant que Le Monde a tenté de faire taire par des procès parce qu'on savait qu'il était impossible de négocier avec, comme la direction du Monde est parvenu à le faire avec Pierre Péan après la publication de son enquête dérangeante sur "le quotidien de référence".
Les faits sont simples : Le Monde, manipulé par le KGB, a publié en 1952 un faux rapport de l'amiral yanki Fechteler, rapport indiquant qu'en cas d'attaque de l'Europe de l'Ouest par les Soviétiques, les Yankis resteraient "les bras croisés". De quoi faire frémir l'opinion publique à l'Ouest. Jusqu'ici on peut croire qu'il s'agit d'une erreur. Ça n'en est plus une à partir du moment où, la manipulation reconnue par la direction du Monde, celle-ci n'a pas rectifiée dans ses colonnes son "erreur" ! Ce faisant, Le Monde a dévoilé sa malhonnêteté, et probablement la raison pour laquelle on s'était empressé de publier une info de cette importance sans la vérifier.
Dans la même veine, plus récemment, l'affaire du naufrage du sous-marin nucléaire russe Koursk révèle le peu d'empressement des médias à informer l'opinion publique, à courir après la vérité comme ils prétendent afin de passer pour des héros des temps modernes. Les journalistes spécialisés dans les affaires internationales ont su assez vite que le naufrage du Koursk avait été maquillé en accident par les autorités russes et étasuniennes ; la télé n'a raconté la collision avec un navire de guerre yanki qu'une fois l'affaire oubliée par l'opinion publique internationale. Ce que ça prouve ? Tout simplement qu'une crise politique et militaire peut avoir lieu entre les deux premières puissances mondiales sans que l'opinion en soit informée, qu'on prend les téléspectateurs pour des cons.
Lorsque les bobos de gauche s'offusquent de la gaffe de Patrick Le Lay décrivant en privé le but poursuivi par sa chaîne de télé, ils prennent aussi les gens pour des cons. Tout les médias fonctionnent de cette façon, de Télérama à TF1 en passant par Le Monde.
(À SUIVRE…) -
Que fait la police ?
Les propos du Dr de Mondenard à la radio ou à la télé sont toujours précédés d'un blanc. C'est le silence que fait le journaliste de la station ou de la chaîne, inquiet devant le bon sens et la vérité qui vont jaillir de la bouche de ce fanatique de Mondenard.
Celui-ci démontre inlassablement dans le vide depuis des années que la lutte contre le dopage est une vaste plaisanterie, que Marie-Georges Buffet, Jean-François Lamour et L'Équipe, bien sûr, se paient la tête de leurs clientèles respectives. Mondenard balance froidement que Zidane se dope comme tous ses confrères, même que c'est Johnny Halliday qui l'a dit, ce vieux gaffeur. Les cyclistes sont que des lampistes.
Il faut bien comprendre que les journalistes se contrefichent de la réaction de leurs auditeurs devant ces révélations. C'est pas ça qui les inquiète, non, ils savent que les Français sont comme eux, le plus souvent ils se foutent pas mal du dopage. Quoi qu'il arrive, les prolos continueront d'applaudir les buts et les coups de tête arrêtés de Zidane, et les bobos continueront de les imiter en se récriant devant le "style" de Zizou, qu'ils aiment eux aussi parce qu'ils ne sont pas racistes et qu'ils ont les mêmes goûts simples que leur concierge.
Non, le risque c'est de mécontenter les sponsors en disant pis que pendre du foot, pas seulement les sponsors du foot, bien sûr, mais aussi ceux de France 2 ou Europe 1.
Il ne s'agit que de dopage. Si Mondenard s'occupait de sujets plus politiques, l'éducation, les prisons, le vieillissement de la population européenne… comment les journalistes réagiraient devant la vérité et le bon sens ? Eh bien je crois que la réponse est simple, dans ce cas le bon sens et la vérité ne sont pas invités à s'exprimer (À la place de Mondenard, d'ailleurs, je me demanderais dans quelle mesure je ne sers pas de couverture aux baveux : « Mais si, mais si, nous sommes capables d'inviter quelqu'un qui tient des propos incorrects, la preuve, le Dr de Mondenard ! »)
Le bon sens de Mondenard, c'est de dire : la lutte contre le dopage qui ruine la santé des sportifs mais remplit la caisse de Danone ou de Peugeot ne peut pas être efficace car elle est conduite par les fédérations sportives elles-mêmes.
C'est exactement la même histoire pour les journalistes. Comment instruire le procès de leurs bidonnages, de leurs erreurs, de leurs mensonges, de leur cynisme, de leur collusion avec le pouvoir politique et économique, de leur irresponsabilité ? Les médias font la pluie et le beau temps ! En période de crise, alors que leur rôle dans cette crise est déterminant - plus de la moitié de son temps le ministre de l'Intérieur le passe à faire la marionnette devant les caméras -, les médias pointent du doigt la responsabilité des politiciens. -
La cuisine marxiste authentique
« Hé, C'est pour un tajine marocain ou algérien ? »
Mon teint pâlichon me vaut cette vanne du boucher qui découpe mon épaule à la scie électrique. Il y a de la barbaque partout, des tas d'un mètre de haut bien serrés.
En fait c'est pour un tajine franchouillard, puisque j'ai décidé d'essayer avec des topinambours, un légume sensass que les hasards de la guerre nous ont permis de rédécouvrir en France, avec une consistance de navet et un goût d'artichaut.
Je commence par faire dorer les morceaux de chèvre dans de l'huile d'olive et du beurre. Ma recette c'est pour huit personnes. Un kilo de chèvre environ. Puisque mon tajine est franchouillard - ou cosmopolite, comme on veut -, une grosse casserole peut très bien faire l'affaire, à condition qu'elle ait un fond épais.
Comme c'est à feu vif au début, faut faire gaffe à pas brûler le beurre et les trois oignons qu'on ajoute grossièrement découpés. Les légumes doivent être déjà prêts. Quand la chèvre est saisie de tous les côtés - tiens, je pourrais appeler ça la "Tajine du légionnaire" encore -, on ajoute les carottes en rondelles, une livre, les topinambours en gros morceaux, une livre aussi. En plus deux bananes. Pas des bananes de pédé, des grosses bananes bien dures à la peau noire, du Ghana par exemple, qui résistent à la cuisson. Trois ou quatre poignées de raisins de Corinthe. On sale, on rajoute deux ou trois clous de girofle, un ou deux grains de poivre noir, des graines de coriandre, du gingembre… On mêle tout le bazard ensuite jusqu'à ce que ça reluise, quatre ou cinq minutes, on jette un petit verre de rouge pour la coloration, pschhht, et puis on recouvre de flotte à ras de la chèvre.
Laissez mijoter à tous petits bouillons pendant une heure, une heure et demie, suivant la force de votre feu. Ah, j'allais oublier, deux cubes de bouillon de poule dans la flotte, à moins que vous n'ayez une vieille carcasse qui reste dans votre frigo ou sur votre balcon (Par ce temps, un frigo ne sert à rien).
La fine graine de couscous, faut la faire avec la sauce du tajine, ça va sans dire.
Pour le pinard, je conseille un Château Millegrand 2004 (Minervois), à faire rougir certains Bordelais - pour son arôme de pruneaux qui se marie bien avec la chèvre.
Si c'est pas de la cuisine marxiste authentique, ça ! À vue de nez, étant donné le prix de la chèvre en Afrique, y'en a pour moins de cinq euros par personne, pinard compris. Le reste de la semaine, on se nourrira sainement de soupe de poireau avec des tranches de lard, de sardines ou de maquereaux grillés.
Il faut dénoncer l'imposture des soi-disant communistes dans le genre d'Olivier Besancenot. Sous couvert de la défense des travailleurs opprimés, ils réclament en fait des augmentations de salaires. Non seulement la classe ouvrière française n'est pas dans le besoin, le luxe d'un tajine aux topinambours est à la portée de tout le monde, mais les augmentations de salaires ne font qu'augmenter sa dépendance vis-à-vis du grand capital, que transformer encore plus les ouvriers et les employés en consommateurs de gadgets inutiles. Les communistes devraient plutôt nous parler des travailleurs chinois, réellement pressés comme des citrons, eux.
La misère en France, elle est morale. Mais comment espérer de Besancenot, mû par l'envie, qui jalouse le pognon des bourgeois à qui il distribue le courrier à Neuilly, comment espérer d'un type comme ça qu'il s'élève jusqu'à émettre des jugements moraux ? -
Le goût démocratique
Je suis dégoûté. En finale de l'élection de Miss France 2007, il y avait cinq brunes… Cinq sur cinq ! Pourtant, d'Artois, de Flandre, du Dauphiné, il y avait de jolies blondes. Et toutes ces brunes étaient décharnées, de véritables épouvantails à bites.
Je vois qu'une explication : ça doit être surtout des gonzesses qui participent au vote. Les mecs doivent pas oser, ça foutrait trop le bordel dans leur couple. Et une gonzesse vote pour celle qui lui ressemble le plus, ou pour celle à qui elle aurait aimé ressembler. D'où cette sélection de physiques de cadres entremetteuses chez Total ou à la concession Peugeot de Bormes-les-Mimosas.
Sinon je me demande si Madame de Fontenay est toujours une fervente supportrice d'Arlette Laguiller, dont elle manquait rarement de faire l'éloge naguère (au plan moral) ? Cette idée d'"Internationale des coincées du cul" était pourtant très très prometteuse. -
Le goût des femmes virtuelles
Transport en commun forcé avec une jeune Eurasienne ce matin. Ça pousse et ça tremble de toute part et la pucelle ne peut faire autrement que de se caler au creux de mon épaule.
À mon hommage discret à sa beauté, ses yeux vitraux, ses lèvres rouge vif, ses chevilles graciles et arquées, elle répond poliment par un sourire à peine perceptible, rosit sous son métissage original. Ah, le charme spécial des étrangères ! Quoi qu'elles fassent, quoi qu'elles pensent, quoi qu'elles disent, d'où qu'elles viennent, sauf d'Amsterdam, bien entendu, un peu du nécessaire mystère subsiste. Pareil pour les femmes virtuelles. Et les filles ordinaires, françaises et abonnées à Marie-Claire, ne font pas le poids.
Surtout ne pas communiquer avec elle verbalement. Tout doit passer par le regard pour que l'illusion de l'amour dure. Tout s'achève à "La Motte-Piquet". C'était bon…
« S'ajoute une force plus ténébreuse. Pour les guerriers de ce temps, bardés de fer et de cuir et qui vivaient entre eux, les femmes qu'ils croisaient étaient des êtres étranges. Ils les supposaient reliées par de sensibles attaches aux puissances invisibles, capables d'attirer le mal - pour cela ils les redoutaient -, mais aussi le bien - pour cela ils les vénéraient. Ils attribuaient en effet au féminin un pouvoir secret, très précieux, le pouvoir d'intercéder en leur faveur auprès du Père, du juge. (…) »
Curieux mélange de science historique marxiste et de simplicité médiévale, le style de Duby. Dames du XIIe siècle… Je me dis que je devrais lire ça dans le métro, dans un souci de provocation permanente. -
Marxiste et chrétienne
Vous ne m'en voudrez pas de vous avoir fait attendre, Henri, j'espère.
Le premier exemple que je veux développer un peu, autant qu'il est possible ici, quitte à en recauser autour d'un verre de votre Montlouis, c'est celui de Simone Weil (1909-1943), la petite emmerdeuse juive qui se fit catholique en passant par Marx. Je vous entends d'ici, Henri, bougonner : « Ça vous ressemble pas, Lapinos, de vous fier à une gonzesse, z'avez bien changé… À moins que ça soit encore une de vos blagues en plusieurs épisodes ? »
En réalité Simone Weil n'est pas vraiment une femme, Henri, mais peu importe sa biographie. Marx l'a persuadée que le mode de production capitaliste est une menace pour l'humanité entière, que derrière la transformation de l'objet utile en fétiche, aussi de la monnaie en fétiche, se prépare la transformation des rapports sociaux en choses, une forme évoluée de barbarie.
Au contraire de Marx qui a tendance à oublier le rôle de l'État, Simone Weil propose pour sortir de la spirale du profit et échapper à la barbarie finale, une constitution de type monarchiste. Simone Weil substitue à la solution finale "par le bas", la lutte des classes de Marx, une solution finale "par le haut", la réforme institutionnelle de l'État.
Il y a cet effort chez Simone Weil comme chez Marx pour "déphilosopher", toucher la réalité du doigt. Hélas Simone Weil demeure une idéaliste. Elle croit qu'on peut changer les choses avec une constitution… Fût-elle monarchiste, cette constitution, c'est-à-dire à l'opposé de la démocratie actuelle, du gouvernement alterné des partis financés par le grand capital, je crains que ça ne soit pas le bon bout par où révolutionner les choses. Les débats institutionnels sont stériles en eux-mêmes. On retombe dans Aristote, en quelque sorte.
Mais, dans le détail des propositions de Simone Weil, il y en a une plus restreinte qui n'est pas purement théorique et pour laquelle il me paraît raisonnable de militer, Henri : c'est la possibilité pour le ministère public d'attaquer les journalistes en justice, de mettre fin à leur immunité, en réclamant bien entendu des dommages-intérêts conséquents, dès l'instant qu'ils portent atteinte à la vérité dans quelque domaine que ce soit, sciemment ou non. Les cas sont nombreux au cours des décennies passées, pour s'en tenir à la France, de mensonges par action ou par omission, d'erreurs, de bidonnages de la presse écrite ou audiovisuelle, qui ont entraîné des catastrophes à l'échelon individuel ou collectif parfois, sans que cette presse ait eu à assumer ses responsabilités.
Simone Weil a raison, si le devoir d'information n'est pas sanctionné par la loi, il n'existe pas, c'est une vaste supercherie.
Pas de risque que je porte un tee-shirt à l'effigie de ce minable Che Guevara, Henri, ni du dictateur Chavez. -
A conversation piece
Un ami qui lit mon blogue de temps en temps m’écrit : « Je ne comprends pas bien comment un catholique peut se dire marxiste. Vous passez complètement sous silence, Lapinos, l’athéisme de Marx, comme s’il n’était pas un athée convaincu (…). Pouvez-vous me donner quelques exemples de l’utilité d’être marxiste pour un catholique ? »
Je vais vous répondre, Henri, parce que je sais que vous êtes de bonne foi et ne me cherchez pas querelle gratuitement. D’abord, une vanne : vous admirez Aristote, Maurras, Caravage, je crois me souvenir, Henri, et ces gens-là ne sont pas très catholiques non plus…
Plus sérieusement, croyez bien que l’athéisme de Marx est secondaire. Marx épouse la thèse très subjective de Feuerbach selon laquelle Dieu n’est qu’une création intellectuelle de l’homme. C’est quand même curieux, Marx qui veut généralement aller au fond des choses, au contraire, qui a le souci de l’objectivité, Marx prend la thèse subjective de Feuerbach pour argent comptant, sans la discuter !? En réalité, Marx ne s’intéresse pas à l’existence de Dieu. Comme Feuerbach, qui met dans le même panier la théologie et la philosophie et balance tout ça aux orties.
Suivez-moi bien, Henri, car c’est là que ça commence à devenir intéressant. Ce qui intéresse Marx, c’est une chose concrète, c’est la religion, le fait religieux (Ici je ne peux pas m’empêcher de vous faire remarquer que Bloy, ou Claudel, de leur côté non plus ne s’intéressent pas à cette question de l’existence de Dieu.)
Marx ne dit pas : « Dieu est mort », ce qui est probablement une des phrases les plus stupides que l’on puisse prononcer, il dit plutôt, et c’est différent : « La religion est morte ». Or, pour ce qui est de l’Occident (Les États-Unis sont en dehors de l’Occident), Henri, on ne peut pas dire que ce soit complètement faux, la religion, si elle n’est pas morte, est bien lâche.
Bien sûr, lorsque Marx fait de la religion une idéologie au service des capitalistes ("L'opium du peuple"), il exagère. Mais cette idée n’est pas complètement fausse. Henri, que les démocrates-chrétiens cherchent tout particulièrement à dissimuler cet aspect ne devrait pas vous avoir échappé !
Évidemment, ce qui est étonnant, c’est que Marx-le révolutionnaire n’ait pas remarqué que Jésus aussi est un révolutionnaire. Je me permets de vous rappeler Matthieu 10, 34-36 : « Croyez-vous que je sois venu apporter la paix dans ce monde ? Non. Je ne suis pas venu apporter la paix, mais le poignard. Je suis venu diviser le fils et le père, la fille et la mère, la bru et la belle-mère. Et l’homme verra les siens se retourner contre lui. »
Il y a cette idée porteuse d’espérance chez Marx, cette idée dont Shakespeare exploite les ressorts dramatiques et comiques, c’est que l’argent, le pouvoir et le sexe expliquent tout le branle humain. Porteuse d’espérance, cette idée, car elle signifie qu’en une génération on peut tout reconstruire.
Mais je dois aller m’acheter des pommes, des bananes et du raisin pour manger avec le boudin que j’ai acheté hier. Vous devrez attendre demain pour les exemples, Henri. -
Tirer le portrait
D'avoir pu admirer en passant deux ou trois portraits magistraux du Titien et de Vélasquez dans le nouveau temple japonais de la Joconde, à une heure silencieuse, m'a fait changer d'avis. Tant pis pour Clarisse Strozzi, j'ai choisi plutôt le Grand Palais et les "portraits XVIIIe et XIXe". Une expo plus didactique, limite intello, mais les bobos devant les Titien au Luxembourg… leurs réflexions étranges et cocasses m'auraient déconcentré et auraient gâché ma joie à coup sûr – des perles pour les cochons du Marais ou de Saint-Germain-des-Près.
Comme on sait, la fin du XVIIIe est une période de grand chambardement, la période où l'art aristocratique jette encore quelques flammes : David, Ingres, Géricault, et puis la nuit.
« En vérité, écrit Gautier en 1837, il faut une grande puissance d'idéalisation pour parvenir à faire quelque chose de beau et de poétique au milieu de toute cette laideur et de toute cette pauvreté de forme où nous sommes arrivés. » Il en a de bonnes, Gautier ! C'est à pleurer… Nous autres, citoyens de la Ve, on tire la langue jusque par terre de soif, on a pas Delacroix, pas même Daumier, Guys ou Decamps, Chenavard, rien, on a plus qu'à lécher les murs du Louvre. Un Winterhalter surgirait aujourd'hui, on le prendrait pour un géant ! C'est dire si nous sommes nabots… Baudelaire n'aurait certes plus la candeur d'interpeller le bon sens du bourgeois…
Dans cet ensemble hétéroclite de figures peintes ou sculptées, on peut faire le tri. On passe du pur-sang au baudet. Girodet peut-il aider le profane à piger pourquoi Goya est grand ? Encore une fois, il est permis d'en douter.
Il y a d'autres angles de réflexion, les commissaires des musées en fourbissent quelques-uns dans leur gros catalogue. Guilhem Scherf est celui d'entre eux qui galvaude le moins l'intelligence de l'art avec des notices qui ne sacrifient pas à la mode du flou philosophique.
L'avènement de la bourgeoisie, écrit Scherf, dont je traduis quand même le langage de fonctionnaire un peu guindé, explique cette prolifération de portraits d'inégale qualité. Les bourgeois se prennent pour des maîtres et voudraient tous être aussi immortels que les aristocrates qu'ils ont renversés. La demande augmente, il faut y répondre en proportion, mais cette proportion implique une baisse de la qualité.
Par leurs idées bizarres aussi, les bourgeois font du tort au portrait. Ils n'hésitent pas à se faire portraiturer en couple, quand ce n'est pas carrément en famille, au milieu du salon ; surtout ils ont du mal à contenir leur sentimentalisme. Beaucoup de ces tableaux peuvent être regardés, au second degré, comme des tableaux comiques, tant certaines poses des nouveaux maîtres sont ridicules. La caque sent toujours le hareng. Est-ce Monsieur Bertin qui est immortel ou bien sa dégaine de patron de presse ?
On débouche ensuite sur de petites controverses amusantes, qui n'ont pas grand-chose à voir avec la peinture, mais il est difficile d'empêcher les didacticiens de l'art, même les meilleurs, de spéculer. Par exemple : le modèle a-t-il quelque part dans la réussite d'un portrait ? En ce qui me concerne, j'ai l'intime conviction que l'abstraction, ou l'idéalisation si on préfère, a des limites. Une intime conviction fondée sur des évidences.
Ou encore ce point d'interrogation : la ressemblance avec le modèle est-elle importante ?
Ce sont des questions qui feraient sourire un peintre s'il n'était agacé de voir qu'elles ont relégué la peinture au second plan. Elle ne fait plus partie de la vie, ce n'est plus qu'une toile de fond. -
Enfoiré de cassoulet
Merde, c'est pas la première fois que je me fais avoir avec ces lingots secs ! Ils sont destinés à être cuits dans un autocuiseur. J'ai pas d'autocuiseur. L'autocuisson ça vaut rien, c'est bon pour les mégères.
Résultat, alors que j'ai allumé à neuf heures, à onze heures les haricots croquent encore sous la dent. Mon cassoulet sera pas prêt avant trois heures de l'après-midi ! et tout l'escalier parfumé avec. Bien obligé d'improviser une omelette… Des champignons, un reste de crème de lentilles au frigo, je prélève quelques bouts de lard dans mon cassoulet, sans oublier une échalotte, ça devrait aller.
Dommage, quand il est moelleux comme il faut, mon cassoulet est du tonnerre, et j'aime bien que mes convives soient transformés en petits volcans péteurs les deux jours qui suivent, surtout les plus coincés.
Je reçois de moins en moins. Je ne supporte pas cette sorte de manie démocratique qu'ont les gens, de plus en plus, de ne pas aimer certains plats et de se permettre de l'afficher devant leur hôte au moment de passer à table. J'ai le souvenir cuisant d'une amie, Gaëlle, qui osa faire la fine bouche devant une de mes spécialités à base de tripes et réclamer un "bout de fromage" à la place. Nom de Dieu, je l'aurais éviscérée ! Et pas moyen de récriminer contre son éducation déplorable, c'était la fille d'une sorte de héros, un plongeur-démineur mort quand elle avait que deux ans.
Jadis, j'avais même dressé une sorte de mémento, affiché dans la cuisine :
- Tanguy est allergique à la choucroute.
- Henri n'aime pas les moules au safran.
- Marie digère mal la lotte (?) (Encore une qui s'est foutu de ma gueule.)
Mais j'ai vite déchiré cette liste ridicule.
Peux pas trop lâcher cet enfoiré de cassoulet qui mijote très sensuellement mais trop doucement, et j'aime pas beaucoup lire dans la cuisine, alors j'allume la radio. Je tombe sur Valérie-Anne Giscard-d'Estaing, qui fait justement la promo de son dernier bouquin de cuisine. Quand elle se met à détailler une recette de boulettes de foie gras enrobées de chapelure de pain d'épice passé au grille-pain, je me dis que cette citoyenne-là est à la cuisine ce que son père fut à la politique, le roi du gadget. -
La macédoine de Lapinos
Modernité
"Nostalgie, piège à cons…" L.-F. Céline
"Pour lire de bons livres, la condition préalable est de ne pas perdre son temps à en lire de mauvais, car la vie est courte." A. Schopenhauer
"Ne sait-on pas que la morale est pour les prêtres ce que l'hygiène est pour les médecins ?" Rivarol
"Peu importe l'éléphant pourvu qu'on ait l'ivoire." Lapinos
Écriture
"Le style n'est rien, mais rien n'est sans le style." Rivarol
"Le style, c'est le sacrifice." Lapinos
"La peur est la plus terrible des passions parce qu'elle fait ses premiers effets contre la raison ; elle paralyse le cœur et l'esprit." Rivarol
Célinisme
"Et merrda pour les monopolistes, c'te bande de bâtards." E. Pound
"La grammaire est l'art de lever les difficultés d'une langue ; mais il ne faut pas que le levier soit plus lourd que le fardeau." Rivarol
"Quand vous dites quelque chose, si vous ne le dites pas d’une façon qui irrite, vous pourriez aussi bien vous taire." B. Shaw
"Lorsqu'on veut empêcher les horreurs d'une révolution, il faut la vouloir et la faire soi-même." Rivarol
"L’humilité n’est pas une vertu propice à l’artiste. Bien souvent c’est l’orgueil, l’esprit de compétition, la cupidité, la méchanceté - toutes les qualités odieuses - qui poussent un homme à poursuivre, élaborer, raffiner, détruire, recommencer son ouvrage jusqu’à ce qu’il en ait fait quelque chose qui satisfasse sa vanité, son envie et sa rapacité. Et ce faisant, il enrichit le monde plus que ne peut le faire un homme bon et généreux - bien qu’il risque de perdre son âme en cours de route." E. Waugh
Philosophie
"Il y aura toujours deux mondes soumis aux spéculations des philosophes : celui de leur imagination, où tout est vraisemblable et rien n'est vrai, et celui de la nature où tout est vrai sans que rien paraisse vraisemblable." Rivarol
"Quand un homme cesse de croire en Dieu, ce n’est pas pour croire à rien mais pour croire à n’importe quoi." J.K. Chesterton
"Humain, en effet, est l'être qui peut fermer la porte derrière lui." A. Finkielkraut
Démocratie
"Aucun des prétendus droits de l'homme ne s'étend au-delà de l'homme égoïste." K. Marx
"Un vieil exemple de décision démocratique : la décision de grâcier Barrabas." S. Weil -
Petites phrases
Les petites phrases de la semaine :
• Nicolas Sarkozy, candide à la présidentielle :
« Le travail, ça donne plus de liberté ! »
• Clara Morgane, artiste pornographique, à propos des cas d'infection par le virus du sida dans son milieu :
« Il faudrait plus de morale, plus d'éthique… »
• Michel Polac, anarchiste de gauche, à propos de l'incivilité d'une partie des jeunes gens en France :
« Maintenant que je suis un vieillard, j'ai changé, j'ai peur moi aussi de me faire agresser dans la rue ; le problème de la France, c'est que c'est devenu un pays de vieux ! »
• Benoît XVI, pape, à propos d'une éventuelle annexion de la Turquie à l'Europe ou vice-versa : (En cours de traduction). -
By hanging
Saddam Hussein est un des rares hommes politiques chez qui j'aurais bien aimé être invité à dîner. Sans doute à cause de la dimension "shakespearienne" du personnage. Chez nous il y a Nicolas Sarkozy qui s'évertue à s'élargir et à se grossir autant qu'il peut pour se donner des airs rassurants de dictateur, mais ce n'est pas tout à fait le même calibre…
Vu que les Yankis ont condamné Saddam Hussein à la mort par pendaison, c'est un peu rapé, car ils doivent contrôler étroitement les visites. Il y a fort à parier que la visite d'un catholique avec une Bible et de quoi baptiser en urgence serait forcément jugée suspecte par les autorités.
La pendaison, pour une exécution comme pour un suicide, d'ailleurs, c'est un mode opératoire très efficace. Il n'y guère de "tentatives de suicide" par pendaison, que des suicides réussis. Pas de risque qu'ils ratent Saddam Hussein de cette manière, comme ça arrive parfois avec le gaz, l'électricité, la noyade, le poison, etc.
Mais ce choix est révélateur de la médiocrité de la civilisation yankie. Saddam Hussein est en effet un officier prisonnier de guerre : à ce titre il devrait être passé par les armes. Constance du mépris des Yankis pour les soldats, les prêtres et les poètes. Ces bouseux vont exécuter un chef d'État comme si c'était un vulgaire voleur de chevaux ! -
Le dernier surpris
Si Benoît XVI s'était fait piéger par le Premier ministre turc, je serais bien entendu le dernier surpris. Pour ma part, je ne demanderais même pas à un philosophe ou à un théologien d'aller se faire cuire un œuf, j'aurais trop peur que ça se termine mal.
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Adaptation
Une envie me prend soudain d'adapter une nouvelle en bande-dessinée. C'est sans doute d'avoir feuilleté cet album d'estampes de Rembrandt…
Je cherche dans Sueur de Sang, le recueil de nouvelles sur la guerre de Bloy, mais je suis déçu. Sueur de Sang à cause du docu-fiction original d'Arte l'autre jour, sur la première guerre de la série contre les Prussiens, les Bavarois, les uhlans. Un film pas mal. Pour moi un film est "pas mal" lorsqu'il me donne envie d'ouvrir un bouquin ensuite. Et puis pour une fois qu'on ne cause pas de la guerre 39-45 sur Arte, ou du dernier groupe de peintres-qui-chient-sur-la-toile ou de musiciens-qui-pissent-dans-leurs-guitares-électroniques. C'est les trois sujets fondamentaux d'Arte : les nazis, les peintres inspirés et les musiciens itou, drôle de fonds de commerce !
Dans ce docu-fiction un peu franchouillard, forcément, parmi des historiens à moitié sérieux, il y a un type extraordinaire, un philosophe français, une caricature ambulante. Au début j'ai cru qu'il s'agissait d'un sketche d'acteur, d'une imitation de philosophe, mais non, c'était un authentique métaphysicien de chaire. J'ai noté son nom à tout hasard, Frédéric Gros, comme le peintre. Il débitait absolument n'importe quoi sur la guerre, tendant à la généralisation la plus absolue et la plus idiote, mais avec les grimaces correspondantes et une emphase des mains délicieuse à regarder, une sorte de delirium tremens fascinant !
Donc avec Bloy ça ne fonctionne pas. Bloy est son seul personnage convaincant, le seul qui n'incarne pas une vertu pure ou un vice pur. Dans ses œuvres de fiction, bien qu'elles soient très directement inspirées de la réalité, Bloy se laisse toujours emporter par la métaphysique, même ses paysages sont théologiques ; c'est pas pittoresque pour un sou, ça manque de détails vrais. Là où Bloy est vraiment bon, c'est dans le dialogue avec Dieu.
Je crois que je vais chercher dans Poe ou dans Villiers de l'Isle-Adam maintenant… -
Le mystère Benoît XVI
Le mystère Benoît XVI s'épaissit encore… Un premier petit mystère entoure son élection : le candidat Joseph Ratzinger s'est en effet comporté en campagne comme s'il ne tenait pas à être élu pape. Il a tenu devant ses confrères un discours très "conservateur", au risque de déplaire à beaucoup d'électeurs…
Bien sûr, on peut discuter mon interprétation et avancer que Ratzinger était tellement sûr d'être choisi qu'il a pu ainsi se permettre de délimiter franchement les contours de son action future…
Dans l'Église, la controverse, la "disputatio" est permise, c'est même une vieille tradition. Tant qu'on ne remet pas en cause la légitimité du pouvoir en place… Les démocrates-chrétiens n'admettent pas ça en général ; sans doute parce qu'ils raisonnent en démocrates, ils ne conçoivent que la propagande pour tel ou tel parti.
L'autre point mystérieux, c'est le voyage du pape en Turquie. On ne peut pas vraiment y voir la volonté d'effacer la "gaffe de Ratisbonne", l'exploitation faite par les médias d'une diatribe assez anodine d'un empereur byzantin contre l'islam, reprise dans la conférence du pape. En effet, le voyage du pape en Turquie était prévu avant.
Alors qu'est-ce que le pape va chercher en Turquie ? S'il tombe sous les balles d'un tueur turc, comme son prédécesseur, cela compromettra le processus d'addition de la Turquie à l'Europe, bien évidemment. Au contraire, si le voyage se passe bien, que les apparences d'un dialogue respecteux, comme on dit, sont respectées entre Benoît XVI et le Premier ministre Erdogan, alors ce voyage contribuera à rendre cette politique d'addition de la Turquie moins difficile. Bref, c'est vraiment coton de deviner quelle est la politique du pape, à supposer qu'il en ait une.
Ah, oui, il faut rappeler que l'assassin nationaliste turc de Jean-Paul II, Mehmet Ali Agça, était manipulé par les services secrets soviétiques, pour éviter que ça puisse servir d'argument aux laïcards et aux démocrates-chrétiens qui dissimulent leur combat pour leur petite religion derrière le combat contre l'islam. -
Le jeu des ressemblances
Quand on s'intéresse à la figure de Léon Bloy, on ne peut manquer d'être frappé par quelques ressemblances entre Bloy (1846-1917) et Marx (1818-1883).
Même si Bloy ne va pas jusqu'à porter une barbe de prophète comme Marx, il a tout de même une belle paire de moustaches. Avec ces moustaches, il évite le reproche qu'on pourrait lui faire de se prendre pour Job ou Élie, accusation que Marx ne craint pas.
L'un comme l'autre a mis "sa peau au bout de ses idées", révolutionnaires, chacun dans son genre, et a bouffé de la vache enragée. Ils ont vécu longtemps en famille dans une relative pauvreté et perdu des enfants très jeunes. C'est peut-être plus net dans le cas de Marx, compte tenu que ses études brillantes de philosophie lui ouvraient les portes d'une carrière de professeur à laquelle il a renoncé. Tandis que Bloy, et c'est une différence, ne fut pas un élève brillant, au contraire. Plutôt un journaliste au style étincelant, un vrai hussard, incapable de se plier à une ligne politique modérée. En ce qui concerne Bloy, on peut objecter que son tempérament passionné lui fermait la voie du journalisme, de toute façon.
Marx et Bloy ont tous deux fini par épouser des femmes d'un milieu, sinon aristocratique dans le cas de Bloy, du moins très supérieur au milieu dont eux-mêmes étaient issus. Et ils sont restés très "amoureux" de leurs moitiés jusqu'à la fin de leur vie.
Évidemment Bloy et Marx fustigent le rôle accru que l'argent joue dans la société bourgeoise, l'absence de morale des bourgeois qui ne sont mûs que par leurs intérêts sonnants et trébuchants. D'ailleurs certaines satires "antisémites" de Marx, Bloy aurait pu les signer.
Mais le plus frappant, c'est la fascination commune pour l'Histoire. Aucun des deux n'a étudié l'Histoire et ils portent même parfois des jugements historiques erronés, Bloy n'a pas sur Napoléon le recul historique nécessaire, par exemple, mais Marx et Bloy se rejoignent dans la vénération de l'Histoire – très humbles bafouilles de Bloy aux historiens qu'il lit et admire.
Ils ont d'abord étudié la philosophie dans leur jeunesse, Bloy en autodidacte, mais n'empêche, et si la philo les a séduits plutôt au départ, parvenus à l'âge mûr ils s'en sont détachés. Marx va plus loin, il la condamne comme un mode de pensée obsolète. Pour utiliser un langage pédant de prof, il remplace la prospective philosophique par la rétrospective historique.
La perspective mystique de Bloy, reprenant celle Donoso Cortès, n'est pas celle de Marx. Pour Bloy, il fustige le clergé démocrate-chrétien et ses sermons lénifiants, car la religion ne DOIT PAS être seulement l'opium du peuple. Marx n'attend rien de bon de la religion. Mais il y a chez ces deux penseurs modernes l'observation lucide et désintéressée que la vérité est masquée par l'idéologie, d'origine philosophique.
Aussi longtemps que les bourgeois capitalistes gouverneront le monde au gré de leurs intérêts, on peut penser que Bloy et Marx seront méprisés ou travestis, occultés au profit de philosophes sourds et muets. -
Tendance Teissier
Si je suis autant motivé par Marx, c'est parce qu'il met à la casse une bonne partie de la philosophie. Il n'y a pas de discussion, il n'y a pas de progrès si on ne déblaie pas tout le fatras de la pensée philosophique de devant sa porte avant. Aux chiottes les ratiocineurs kantiens !
Il faut éviter de juger Marx à la tête des marxistes contemporains. Je dis ça parce je suis tombé dans le piège avec Jacques Attali, l'ancien conseiller de Mitterrand. Il m'a longtemps dissuadé de m'intéresser à Marx. Je me disais : « Jacques Attali est marxiste, donc le marxisme ne PEUT PAS être un truc très sérieux… »
Je me demande d'ailleurs si Mitterrand ne s'est pas offert les services de certains de ses conseillers, je pense à Attali mais aussi à Régis Debray, avant tout pour pouvoir garder un œil sur eux et les empêcher de nuire. Il ne faut jamais laisser seul sans surveillance dans la nature un X, à plus forte raison un major de promo, on ne sait jamais quel gadget il est capable d'inventer…
Jacques Attali est marxiste, donc, mais un marxiste "tendance Élisabeth Teissier". Il transforme la méthode de Marx en boule de cristal, dans son dernier bouquin. Aux gogos il prédit l'hypercapital en 2025, pour pas trop les dérouter au début, puis l'hyperconflit en 2050, pour les faire flipper un peu, puis l'hypercoolitude en conclusion, pour respecter les règles du genre. D'ici que Spielberg propose d'adapter ça au cinoche…
Le truc d'Attali, pompé sur Élisabeth Teissier, c'est que si par hasard ce qu'il prédit pour dans vingt-cinq ans s'accomplit, le téléphone-fax-télévision-réveil-matin, par exemple, il pourra faire remarquer que son pressentiment était génial si Dieu lui prête vie ; si cela n'advient pas, qui lui en tiendra rigueur dans vingt-cinq ans ?
Ce qui prouverait que l'idée originale de Marx selon laquelle l'économie capitaliste comporte un vice structurel qui l'entraînera à faire faillite un beau jour est une idée complètement fausse, ça serait justement qu'on puisse dater cette faillite à deux ou trois ans près.