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Lapinos - Page 150

  • Gare à ta jaguar !

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    Un jour je me rappelle, c'était il y a vingt ans, ils sont venus chez moi, j'étais petit, je portais encore des culottes courtes. Dès que ma mère a eu le dos tourné, ils se sont servi dans le frigo sans rien demander ; et quand mon père est sorti pour s'acheter du tabac ou un journal, ils ont fouillé dans les tiroirs de son bureau, on ne sait jamais.
    Ma mère était colère, elle voulait leur dire deux mots. Mon père a dit que non, ça pouvait être pire, on savait pas de quoi ces fumiers étaient capables. Je crois que ma haine contre les journalistes date de ce jour-là.

    J'ai besoin d'allumer la télé pour l'entretenir, cette haine. Je fais autre chose en même temps, comme bouquiner ou pioncer, mais je peux pas me passer de l'allumer une ou deux fois par semaine, au moins.
    Les domestiques, les garçons de ferme, les ouvriers, les sans-grade – le populo, il pouvait voir les aristos, eux, les toucher ; les journalistes, sortis de la télé, on dirait qu'ils se planquent… Depuis le temps que je rêve d'en pousser un dans la Seine, eh bien que dalle, je croise des acteurs, des starlettes, mais aucun journaliste ! Ah, si, j'ai déjà croisé Nagui dans le 18e et Stéphane Bern dans le 9e, mais, comment dire… ils sont désarmants ces deux-là !

    Hier soir, débat sur la contre-culture et l'"underground", des sous-intellos qui se pignolent en rond pendant une heure sur la définition d'"underground". Tiens, Finkielkraut n'est pas là !? Au milieu du bavardage chiantissime, le présentateur exhibe un "résistant", un type qui résiste, donc, mais sur internet. C'est "underground", internet, il paraît. Ah, ah, quel gag ! Ils pouvaient pas choisir plus miteux comme résistant. Un vrai paumé, tout juste s'il arrive à jacter rapport à un cancer du fumeur. Il dit quand même quelques mots contre l'industrie du tabac. Et pour défendre la couche d'ozone. Me fait pitié, ce bougre, comme un de ces lions tout pelés qu'on montre dans les cirques. D'ailleurs le présentateur, Frédéric Taddéi, il lui manque que la petite moustache pour ressembler à un dompteur de chez Bouglione.

    Tu parles d'un résistant ! Les médias utilisent aussi des "collabeurs", comme dit si bien Nabe : Djamel Debbouze, Eric et Ramzy, Lilian Thuram, tous ces "beurs" et ces "blacks" bien propres et aux comptes en banque bien garnis que les médias exhibent pour prouver qu'ils aiment la banlieue, son football, ses graffitis, son verlan, sa musique, ses poètes. En réalité, la banlieue, les médias l'exploitent, pour faire des 20 heures tonitruants, des docus qui pètent, des feuilletons métissés. Les "collabeurs" le savent très bien mais ils se taisent vus qu'ils sont mouillés jusqu'au cou.

    Peut-être que Joey Starr, lui, il est plus sincère ? Je pense à Sarkozy, automatiquement. C'est "chaud" pour Sarkozy en ce moment, hein ? Il suffit que les feus de joie reprennent pour que, d'un coup, le ministre de l'Intérieur brille par son inefficacité aux yeux de tous les Français, comme une twingo qui flambe dans la nuit, filmée par les caméras de France 2 ou de TF1.
    Ça, c'est si Joey Starr et ses potes veulent que Sarko perde les élections. S'ils veulent le faire gagner, il faut qu'ils foutent le feu dans le centre de Paname ! aux bagnoles des bobos !! Les bobos, le jour où on touchera à leurs meubles, à leurs fringues, à leurs i-pods, ils se précipiteront pour aller voter Adolf Hitler s'il le faut. J'ai aucun doute là-dessus.

    Pourquoi Joey Starr voudrait faire gagner Sarko, vous allez me dire ? Eh bien je le sens pourtant hésitant. Il a appris que les immigrés, la gauche les baise depuis trente ans avec ses pin's et ses slogans démagos, elle leur dit ce qu'ils veulent entendre, comme on parle à des enfants gâtés. Sarkozy et Ségolène, donc, pour lui, c'est bonnet blanc et blanc bonnet, il arrive pas à se décider. Ça doit être dur pour les nerfs de Sarko.

    Moi, je suis dans le même camp que Joey Starr, les types sincères se font tellement rares ! Bien sûr, on est différents. Ainsi, Joey, lui, quand il était petit, il était communiste comme ses parents. Georges Marchais, il le voyait comme une sorte de Che Guevara français. Tandis que moi, je ne croyais pas à tous ces bobards-là, je me moquais bien de Che Guevara, j'avais pas la permission de regarder la télé.

  • Elle est belle l'Humanité !

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    Il y a une autre chanson de Renaud qui est intéressante au plan sociologique, c’est Elle est facho.
    Sur les mœurs typiques d’une “facho”, Renaud est un peu confus, puisque, pêle-mêle, son personnage revient de la Fête de l’Huma, en a marre des posters de Che Guevara, aime la CIA, porte un imper, a peur d’être tondue, aime sa blanche peau (Renaud aurait préféré être noir, lui), lit National-Hebdo, vote Sarko, bref “est con comme un veau [ça c'est pour la rime]”.

    Mais on ne peut pas en vouloir à Renaud de ces quelques petites erreurs puisque, lui, sa spécialité c’est les bobos ; les fachos il les fréquente pas, logique.
    D’ailleurs quand il fait des erreurs, il s’excuse, Renaud. ll s’est excusé pour Sarko. Il y avait des bobos qui avaient mal compris. Que des fachos votent pour lui ne veut pas dire que Sarko soit facho, ça n’a rien à voir.

    La suite est plus révélatrice :

    « J'lui souhaite qu'un jour si elle a un môme, y s'retrouve à dix-huit balais,
    Plein d'éducation et d'diplômes, d'idées rebelles, d'humanité.
    Et qu'il lui dise, “Tes vieux discours manquent singulièrement d'amour.”
    Qu’il rajoute à la triste dame : “Reste donc le nez dans ta merde.
    J'suis amoureux d'une musulmane, j'vote écolo et j'fume de l'herbe”.
    Espérons qu'ça lui fera la peau, à la Facho. »


    Il a dû vouloir dire “Espérons qu’ça lui fera LES PIEDS, à la Facho”
    Ou alors c’est comme ça qu’on cause à force d’avoir le monopole du cœur à la place du cœur ?

    On peut aussi faire un peu de psychologie : l’agressivité de Renaud Séchan, pourtant au faîte de sa carrière, qui a réussi sa reconversion, à passer des prolos aux bobos, s’explique sans doute par le sevrage et sa nouvelle gonzesse. Bien sûr, il y a de quoi être à cran. Mais aussi le paternel de Renaud était collabo, comme Arletty ou bien Pierre Fresnay, sans plus. Il a oublié d'interrompre sa carrière sous l'Occupation. C’est le genre de truc, soit tu le vis bien au niveau œdipien, ça change pas fondamentalement la gratitude que tu dois à tes parents, soit tu te sens obligé d’en faire des tonnes pour faire oublier cette TACHE IMMONDE.

  • Revu et révisé

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    Bien sûr, Hélène de Fougerolle ne peut donner qu'une vague idée de la distinction de la marquise de Pompadour, que les tableaux de Boucher ont gardée, et Vincent Perez une vague idée de la stature de Louis XV…
    Néanmoins, le feuilleton diffusé récemment par une chaîne publique sur le règne de la marquise de Pompadour, je ne sais plus laquelle, je les confonds toutes (ces putains de la République !), ce feuilleton n'était pas délibérément, bêtement iconoclaste, comme le sont souvent les reconstitutions historiques. Les cinéastes étasuniens battent des records de "mauvaise foi sincère" dans ce domaine-là.

    Il ne fallait pas trop en demander non plus, passez-moi l'expression, et le "parti dévôt" ne pouvait être décemment représenté à la télévision que comme un parti d'imbéciles méchants et coincés du cul. Quitte à en rajouter avec une tentative d'empoisonnement commanditée par le Dauphin lui-même. Mais la Reine, Marie Leczinska, jouée par Charlotte de Turkheim, sans doute pour bien montrer le vieillissement accéléré dû à dix grossesses en dix ans, la Reine était plausible.

    De même l'arrestation de Diderot est un peu montée en épingle afin de bien nous enseigner de quels genre de maîtres nous tenons nos lumières. Heureusement, j'ai appris grâce à l'historien Raymond Trousson que Diderot n'était pas si bravache qu'on le voit dans le film. Il écrivait au Comte d'Argenson, excellent ministre du parti dévôt, justement, en charge de la police, après avoir été arrêté : « Un honnête homme qui a eu le malheur d'encourir la disgrâce du ministère implore votre clémence (…) Il se meurt de douleurs de corps et de peines d'esprit. Il se jette à vos pieds et vous demande la liberté. Il est désespéré des fautes qu'il a faites et bien résolu de n'en jamais commettre d'autres… ».

    Ah, j'allais oublier la prestation très crédible de Jean-François Derek dans le rôle de Voltaire !

  • Philosopher

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    J'ai compris que j'étais assez influençable le jour où je me suis rendu compte que l'habitude qu'ont certaines femmes de toujours vous approuver mais de n'en faire nonobstant qu'à leur tête était en fait la marque d'un extrême entêtement.
    Ça ne les dérange pas d'approuver ce qui de toute façon n'aura aucune conséquence sur leur manière d'agir. Ce qui justifie parfois d'employer la manière forte avec elles, soit dit en passant, comme avec les enfants.

    Ce que certains de mes (rares) amis appellent mon "esprit de contradiction", un peu plus d'"esprit d'observation" leur permettrait de comprendre que c'est la marque d'un esprit perméable. Ils perdent moins leur temps à discuter avec moi qu'avec leurs femmes.

    Vous voulez une preuve ? Il a suffi que je feuillette ce bouquin inepte du Professeur Frankfurt de Princeton sur l'art de raconter des conneries pour me mettre à déblatérer à mon tour en vain comme lui sur le premier sujet qui est passé à ma portée. On pourrait aussi définir la philosophie moderne à l'aide de Frankfurt comme "l'art de se poser les mauvaises questions". En effet, ce qui serait intéressant, c'est de savoir POURQUOI les Britanniques possèdent l'art de raconter des conneries sans que ça soit désagréable, bien au contraire, tandis que dès qu'un Allemand comme Frankfurt l'ouvre, on a envie de le supplier de la boucler. Je m'en veux un peu de dire du mal des Allemands tellement c'est facile dans ce pays, tout juste si la loi ne nous y encourage pas !

    Pour compléter mon raisonnement, il faut dire que c'est la raison pour laquelle j'apporte un soin tout particulier au choix de mes lectures, entre autre. Tant qu'à être influencé, autant l'être par des écrivains de caractère et pas par de minables penseurs comme Finkielkraut ou Michel Onfray, pour m'en prendre cette fois à un Anglais.

    Dans le fond, je me demande si tout ce baratin n'est pas une excuse. En fait j'ai cédé récemment sur un de mes principes les plus fermes parce qu'un vieux pote a beaucoup insisté, je me suis laissé influencer. Je suis allé au cinoche voir Tournage dans un jardin anglais, l'adaptation de Tristram Shandy. Dans un vieux cinoche de quartier subventionné, par-dessus le marché. Je n'en suis pas fier, ça non. Mais au moins que mon erreur profite à d'autres : sachez que le film de Michaël Winterbottom est démonstratif, redondant, beaucoup moins suggestif que le livre de Sterne (Je n'en ai lu qu'une dizaine de pages, mais ces dix pages étaient plus suggestives que le film tout entier), et, surtout, les actrices ne sont pas franchement mémorables. En somme, Tournage dans un jardin anglais a à peu près tous les défauts qu'on trouve au cinéma depuis les années cinquante, environ.

  • De l'art d'éditer des conneries

    J'ai décidé de m'embusquer au rayon "Philo" de la Fnac. La philo ne m'intéresse pas, je n'y consacrerais même pas six heures et un quart, mais je suis curieux de voir quelle tête ont les amateurs de philo, et les amatrices, comparées aux gonzesses du rayon "Littérature étrangère" ou "Développement personnel" ?

    La première ne me déçoit pas en réclamant un titre d'"Emmanuel Lavinasse". Le vendeur ne peut réprimer un sarcasme, avant d'essayer de se rattraper vu que la cliente est plutôt bien roulée et que c'est une cliente. La vanne du vendeur glisse sans faire un pli sur le visage lisse de la jeune fille.
    Bon, mais celle-ci n'est pas typique, juste une lycéenne en train de faire ses courses avec sa liste. La suivante est blonde et élégante et doit faire pas loin d'un mètre quatre-vingt. Elle farfouille un peu, puis va réclamer à son tour une biographie de Karl Marx par Jacques Attali… Heureusement pour elle, ils ne l'ont pas.
    Pour se foutre de la gueule des clients ignares, ils sont forts à la Fnac, mais à part ça ils n'ont jamais rien dans leurs rayons, ou quinze jours après tout le monde. La Fnac combine les inconvénients du dirigisme soviétique et ceux du capitalisme américain.

    Je suis intrigué au bout d'un moment par ce petit bouquin qui me tourne le dos et devant lequel deux ou trois bobos ont marqué un temps d'arrêt. C'est De l'art de raconter des conneries, d'un certain Harry Frankfurt, professeur à Princeton. Ça, en revanche c'est très typique, typique du genre de merde que les éditeurs français essaient de fourguer pour se remplir les poches. En gros c'est une dissertation d'étudiant appliqué d'une soixantaine de pages. 10/18 a imprimé ça en corps quatorze pour gonfler la disserte jusqu'à en faire un volume de poche, et ajouté une couverture toilée épaisse pour faire monter le prix au-dessus de huit euros. Avec un tel titre, ça va sûrement cartonner, ils ont dû se dire, ces enculés !
    Petite préface oiseuse du traducteur d'abord pour expliquer qu'il a eu beaucoup de mal à traduire bullshit dans la langue de Molière. Foutaises ! Il a bon dos Molière ! Ensuite, développements vains et maladroits du professeur de Princeton sur les tenants et les aboutissants de la logorrhée. Faut dire qu'il est mal placé. La philosophie, ç'a toujours été un peu l'art de raconter n'importe quoi sur n'importe quel sujet, mais depuis quelque temps, c'est VRAIMENT n'importe quoi !!

    Bien sûr, la littérature française se dégrade surtout à cause des goûts déplorables des femmes pour les niaiseries politiquement correctes, mais aussi parce que les éditeurs ne pensent plus qu'à ça, au pognon.

  • Du pain frais

    Je contourne à la fraîche quelques blocs d'immeubles, je vais m'acheter du bon pain frais. Le boulanger juste au pied de chez moi n'est qu'un escroc, un de plus, qui cuit de la pâte dégueulasse toutes fenêtres ouvertes pour attirer les couillons avec l'odeur.
    C'est le ballet des poussettes, je gare mes arpions, les mères entraînent leurs mioches à l'école. Certaines ont encore de beaux restes ! Celle-ci, qui enfourche bravement son scooter noir après avoir abandonné ses gosses, par exemple, a bien trente ans passés, mais encore un joli sourire en réponse au mien. Et aujourd'hui que les jeunes gonzesses sont de plus en plus "bouchées" sexuellement, je me dis qu'une mère de famille, après tout… Le pain un peu rassis, ça n'est pas mauvais non plus, avec du fromage.

    Je suis coupé dans ma réflexion par des cris de rage. C'est un gamin noir qui se fait tabasser dans une encoignure par un jeune type. Troublées, les mères de famille s'arrêtent. Le type n'en a cure. Petit blouson de cuir beige lustré, écharpe bariolée, jean griffé, crâné rasé à la mode homo - ou républicaine -, il est sapé comme un bobo. Le gamin est assez grand, mais doit pas avoir plus de dix ans. Il se défend comme il peut contre les bourrades, essaie même de pousser à la renverse son adversaire. Courageux… Mais le type le rembarre encore plus violemment contre une bagnole à coups de genoux. La rebellion du gosse le met littéralement hors de lui, il gueule :
    « Nan mais t'as vu comment tu m'as parlé !? PLUS JAMAIS TU ME PARLES COMME ÇA, PUTAIN, T'ENTENDS ?!! »
    C'est quelque chose comme un instituteur, ou un auxiliaire, qui escorte un troupeau d'une dizaine d'élèves. Bien sûr le langage n'est pas des plus châtiés, le tutoiement ça n'est pas terrible. Mais ça fait au moins vingt ans que j'ai pas vu du personnel de l'Éducation nationale frapper un gamin insolent, alors même si c'est un bobo, je me dis intérieurement : « Chapeau bas, Monsieur ! »

    La question du pain est une question essentielle, une question comme qui dirait "de civilisation". Pour ma part ça fait longtemps que j'ai pris l'habitude de juger quelqu'un au pain qu'il mange. C'est la raison pour laquelle j'ai plus d'estime pour les hommes que les femmes, en général, vu que celles-ci se passent assez facilement de pain.
    Pour une ville, c'est la même chose. Si vous songez à élire domicile quelque part, faites d'abord le tour des boulangeries, ça vous en dira plus long sur l'état d'esprit de ses habitants qu'autre chose. C'est pour ça que j'hésite encore en ce qui concerne Bruxelles, d'ailleurs. Ou alors il faudrait que je pétrisse mon pain moi-même. Je l'ai déjà fait, mais c'est crevant. Encore plus crevant que de baiser.

    Aussi me paraît-il dans cette perspective aussi essentiel de dénoncer un mauvais boulanger qu'un mauvais écrivain. Plus important même, car les mauvais boulangers, outre vous empoisonner, font concurrence aux boulangers honnêtes et capables.

  • Antijeu débile

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    Quelle affliction, mon Dieu, ce match qui se déroule sous nos yeux pour savoir qui des Arméniens ou des Juifs possèdent le plus beau génocide !

    L'escouade des philosophes existentialistes, des théologiens de la choa, des avocats juifs, arméniens, juifs-arméniens, des éditorialistes chiants, est mobilisée. Tous les professionnels de la langue de bois, du langage politiquement correct, des triples saltos de la raison pure, se précipitent pour entrer sur le terrain. On n'hésite pas à essuyer ses crampons sur le voisin pour se faire sa place au soleil de la déraison. Et les médias sont là pour encourager tout ce beau monde. C'est la hola dans les tribunes ! Les sponsors doivent être ravis.

    Après le but marqué par l'attaque arménienne, Pierre Nora slalome entre les génocides, tente un passement de jambes pour bluffer la défense adverse sous le nez de l'arbitre : « La multiplication de ces lois mémorielles représente une négation de la liberté d'expression et de la démocratie. », avant de s'emmêler dans la négation de la négation qui n'existe pas et de chuter lourdement au sol : « Quant aux négationnistes, il existe déjà tout un arsenal judiciaire qui permet de les coincer. »

    La séance de tirs au but avec Finkielkraut, Mgr Lustiger, Luc Ferry, Patrick Devedjian, Michel Onfray, etc., etc., s'annonce d'ores et déjà d'un ennui mortel. C'est d'ennui qu'ils vont tous nous faire crever, je vous jure. C'est marre de l'argument de la chemise ouverte de BHL, des grosses moues vaseuses de Luc Ferry, des yeux transparents de Charles Berling, il faut rappeler Voltaire, Diderot et Rousseau en équipe de France !!

    Quant aux "noirs" et aux "homos", ils sont furax que la coupe se joue pas sur leur terrain. C'est toujours pareil, c'est toujours les mêmes qui touchent les droits ! De dépit, un collectif d'"ogres noirs" complexés a fait interdire une compilation de chansons d'époque coloniale intitulée Le beau temps des colonies. C'est tout ce qu'ils ont trouvé à se mettre sous la dent. La Fnac épinglée pour non-conformité, il fallait le faire !

  • Banzaï ?

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    Voilà ce qu'il faudrait en plus grand nombre, des historiens qui ne soient pas compromis avec les idéologies dominantes. Mieux que ça, des historiens qui comme Venner ne soient pas exclusivement tournés vers le passé.

    Bon, mais si c'est pas facile, si ça devient même de plus en plus ardu de cerner les contours de notre passé récent, à travers un brouillard idéologique et philosophique de plus en plus épais, en ce qui concerne l'avenir, c'est encore une autre paire de manches !

    Il y a néanmoins un point précis du projet de Venner sur lequel j'achoppe, c'est lorsqu'il écrit :

    « Le shintoïsme tient les Japonais à l'abri des tourments d'une conscience morale et torturée. »

    D'abord cet argument de la psychologie chrétienne qui affaiblit l'âme des Occidentaux mérite d'être disséqué un peu plus. Car si la prise de conscience de ses fautes et de ses péchés est indéniablement inculquée au chrétien dès son plus jeune âge, on lui inculque aussi la notion du pardon des péchés.
    Venner a tendance à réduire tous les chrétiens à des puritains ! Ça ne correspond pas tout à fait à la réalité. Bien sûr, on ne peut pas s'empêcher de voir dans la multiplication des tabous aujourd'hui, jusque dans le langage, ainsi que dans le déferlement d'images pornographiques, la marque du puritanisme yanki.
    Il est aussi vrai qu'un chrétien comme le pape Jean-Paul II a pris l'initiative de repentances publiques absurdes au plan de la raison, de la Foi et de l'Histoire. Mais il a pris cette initiative contre l'avis de la majorité de ses conseillers. D'ailleurs il ne faut pas oublier que c'est ce même pape qui a condamné avec assez de fermeté il y a une dizaine d'années, le communisme ET l'américanisme. Évidemment, le pape est gêné pour condamner plus nettement l'américanisme du fait que l'essentiel des ressources du Vatican provient des États-Unis. Mais Jean-Paul II l'a fait néanmoins. Et son successeur a condamné fermement cette guerre en Irak, qui, selon les dernières estimations, a déjà fait des centaines de milliers de morts !

    Enfin, le Japon d'aujourd'hui ne me paraît pas correspondre à la description idyllique de Venner. Certes, les Japonais ne donnent pas dans la repentance et la mauvaise conscience bourgeoise hypocrite comme nous, mais c'est en partie parce qu'ils peuvent se prévaloir d'avoir été victimes des bombes et des camps de concentration eux aussi. Le shintoïsme n'empêche pas la démographie japonaise d'être catastrophique, il n'empêche pas le Japon d'être soumis à l'idéologie yankie. Alors je ne comprends pas bien cet engouement pour le shintoïsme ?

  • Contrepoison

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    En fait je vois Dominique Venner un peu comme un artiste. C'est pas exactement un historien au sens où on l'entend aujourd'hui, c'est vrai, c'est pas un historien au sens de l'école des Annales. Ceux des Annales sont doués pour l'analyse des détails, tandis que Venner, lui, c'est un esprit libre capable de faire la synthèse des différentes analyses. Un peu comme Marx.

    Il y a même un côté lyrique chez Venner qui n'est pas désagréable, je dirais, qui réchauffe. Moi qui m'enflamme assez facilement, j'avoue, je me dis en lisant Le siècle de 1914 que la lecture de ce bouquin serait sacrément profitable à tous les endoctrinés de tous les milieux que je suis bien forcé de cotoyer ! Il faudrait organiser une distribution du bouquin de Venner dans les quartiers sincères.

    Évidemment le public se focalise sur les nazis, tous ces uniformes, ces bottes de cuir, ces pantalons bouffants ridicules, ces casquettes bizarres, tout ce décorum kitsch, ils n'osent pas le dire mais ça les excite. C'est très "cinématographique". On se défoule plutôt avec Napoléon parce que lécher les bottes de Napoléon c'est permis et pas celles d'Hitler. Sauf si on est Juif comme Jonathan Littel. Alors seulement on a le droit de se vautrer dans le nazisme. Avec l'imprimatur de Claude Lanzmann.

    Faudrait pas perdre de vue dit Venner en substance que le nazisme on l'a éteint. Que les deux volcans qui restent en activité, c'est le communisme et, surtout, l'américanisme. Oui, l'américanisme, parfaitement, Venner décortique bien cette idéologie nouvelle - nouvelle au sens où on en parlait pas beaucoup il y a dix ans. Et Venner isole aussi de façon convaincante la responsabilité - passée sous silence -, du Royaume-Uni dans le déclenchement du chaos qui a réduit notre civilisation occidentale en miettes. Parce qu'on ne peut pas fonder une renaissance sur des fables.

  • Dans les annales

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    Un gros bouquin sur l'"École des Annales" d'André Burguière. Pfff, je trouve ça d'un prétentieux ! Et le développement de la question de la méthode dans les études historiques assez oiseux.

    Il ne faut pas oublier que les historiens des "Annales" sont des universitaires qui dépendent du ministère de l'Enseignement supérieur. C'est dans ce cadre particulier qu'ils effectuent leurs recherches. La démarche d'un historien "autodidacte" comme Dominique Venner est donc suffisamment originale pour exciter la curiosité.
    Bon, je ne veux pas opposer de façon caricaturale l'"autodidacte" aux "scolaires", mais le fait est que Le Siècle de 1914 de Venner est au moins un complément indispensable à la recherche historique subventionnée par l'État.
    Venner a le bon goût de ne pas nous assommer dans Le Siècle de 1914 avec sa méthode pendant des pages et des pages. Il se contente en guise de postface de rappeler de quels principes élémentaires il se réclame :

    « On s'est gardé tout d'abord des interprétations anachroniques qui devraient être la hantise de tout historien. À l'inverse, on s'est efforcé d'approcher au plus près la réalité vécue des peuples et des acteurs au moment décrit. C'est pourquoi ont été recueillis un très grand nombre de faits illustratifs, d'épisodes précis et de témoignages significatifs, suivant une méthode qui associe micro et macro-histoire.
    Le but n'est pas seulement de comprendre la situation et de la restituer au mieux en donnant au récit une épaisseur existentielle. Le but est aussi de favoriser la multiplicité des réflexions auxquelles de prête l'histoire.

    Le lecteur aura vu également que l'on s'est prémuni contre l'erreur qui consiste à raconter l'histoire à partir de la fin. Bien au contraire, elle a toujours été décrite dans l'ordre de son déroulement telle qu'elle avait été vécue par les acteurs qui ignoraient l'avenir et les résultats de leur action. Pour ne pas verser dans la facilité des jugements
    a posteriori l'historien doit oublier qu'il connaît la conclusion. »

    C'est une époque assez pénible que celle où nous vivons où il faut sans cesse rappeler les principes élémentaires tellement les gens sont mal éduqués.

  • Recyclage

    Un des spectacles les plus affligeants au plan moral qu’il m’a été donné de voir dans ma brève existence, c’est les tentatives quasi-désespérées d'élèves des Beaux-Arts de produire des choses nouvelles pour avoir de bonnes notes. Tout le monde ne naît pas naturellement astucieux. Je n’oublierai jamais ces visages ramollis par les nuits d’insomnie et l’abus des drogues douces…

    C’était facile pour Marcel Duchamp, mais maintenant que ce genre de vanne a été répété des milliers de fois par des centaines de promotions, que toutes les variations de la bizarrerie ont été explorées, c’est devenu coton de faire du neuf.

    Évidemment, toute cette nouveauté, depuis le début, Duchamp compris, n’est que du recyclage. Recycler le recyclage, c’est tout le programme de l’art contemporain, prévu pour durer mille ans sans doute. De l’art contemporain durable.

    La piste du saccage systématique aux douze coups de minuit des sculptures contemporaines qui enlaidissent Paris me paraît une piste envisageable pour une bande d’artistes en mal de concept. À condition de faire ça travestis en soldats nazis, bien sûr, pour que les médias soient un peu déroutés en même temps qu'ils pigent le message.

    Je reconnais volontiers que ce n’est pas d’une originalité débordante, mais est-ce bien nécessaire ? Cependant cette année le créneau est déjà occupé par le jeune Jonathan Littel qui fait un tabac dans les cafés-philo bobos avec son bouquin, son pavé bien poli dans la mare. Faut dire qu’il débarque à point nommé, ce Littel, pour faire oublier ce vieux gâteux de Günther Grass qui ne sait plus trop ce qu’il raconte, qui balance son éthique aux orties et se fout à poil devant tout le monde - il doit avoir l’Alzheimer.

  • Le moins vieux métier du monde

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    Parmi les nouveaux métiers qui ont commencé à apparaître au début des années soixante-dix, certains sont tellement immoraux qu’ils peuvent presque faire passer le métier de pute pour un sacerdoce à côté. Qu’on songe au vendeur de téléphones portables payé pour tenter de fourguer coûte que coûte des forfaits aussi dispendieux qu’inutiles, qu’on songe au caissier de fast-food qui doit affronter toute la journée des hordes de mangeurs de sandwiches insipides, à en perdre la politesse - et le désir avec, ou encore au libraire de la Fnac qui vend ses “best-sellers” comme si c’était de la soupe en boîte…

    La liste est longue, il faudrait aussi parler du chroniqueur local (cf. Ludovic Roubaudi), du disc-jockey, de l’éducateur spécialisé, etc., etc.
    Mais de tous ces nouveaux métiers, il en est un que je trouve particulièrement ignoble, je le répète, c’est collecteur de fonds pour le compte d’une entreprise humanitaire.

    Ces pauvres étudiants, quel job font-ils ? Ils vendent un service. Ils vendent aux cadres commerciaux trop pressés et à leurs secrétaires de la bonne conscience. La dose de bonne conscience nécessaire pour leur permettre de trouver le sommeil. Même le pire des bobos a besoin d’un peu de bonne conscience pour pouvoir dormir. On a fait de la charité un service payable par chèque - on peut même prendre un abonnement. Avec la mine navrée du vendeur qui va avec le boniment. Quand on vend de la bonne conscience, il faut susciter la mauvaise conscience du client. J’entends d’ici le topo hypocrite des cadres de “Aides” ou de “Handicap international” frais émoulus de Sciences-po. ou de Sup. de co. Reims. C’est là qu’on voit à quel point les jeunes consciences ont été ratiboisées par l’Éducation nationale et la télévision : elles acceptent par centaines sans sourciller de jouer les mercenaires de la charité pour dix euros de l’heure dans Paris et les grandes villes de province.

    On complètera ce discours en reprochant aux femmes manouches venues de Bulgarie ou de Roumanie de se servir de leurs enfants pour mendier. Parce que c’est de la concurrence déloyale.

    Une fois les “frais” des ces “associatifs” défalqués, ils parlent de frais mais il s’agit de véritables salaires, on achemine dans le tiers-monde des sacs de riz ou de préservatifs. Ça fait des lustres désormais que ces associations sévissent en Asie, en Afrique ou en Amérique. Quel est le bilan de ces associations qui abritent leurs activités sous le couvert de l’efficacité, la sacro-sainte efficacité ??

  • Le désespéré

    Dans un effort désespéré pour tenter de vendre quelques exemplaires de son dernier bouquin, Panthéon - tu parles d'un titre, Partouz II aurait sans doute mieux marché, ou Je suis Partouz -, Yann Moix squatte toutes les chaînes de radio et de télé.

    Mais Yann Moix est trop con pour plaire à tout le monde. Il a commencé par gaver les gens avec Mitterrand, avant de se rendre compte que plus personne n'en avait quelque chose à branler de Mitterrand. En outre Jean-Edern Hallier en avait mieux parlé avant lui.

    Ensuite Yann Moix a gavé les gens avec les coups de martinet que son papa lui donnait quand il était petit. Avant de se rendre compte que Franz-Olivier Giesbert avait déjà fait le coup l'année dernière, en plus odieux.

    Maintenant Yann Moix gave les gens avec le squatt de Cachan et sa commisération pour les sans-abris et les sans-papiers. Il se rendra bientôt compte que Charles Berling est beaucoup moins laid que lui et qu'il aurait jamais dû montrer sa gueule à la télé (vu que ce sont essentiellement des femmes qui achètent les [mauvais] livres, il est préférable quand on est écrivain de ressembler à quelque chose de présentable).

    Entre parenthèse, il faut voir les gauchistes de longue date, Polac en tête, Bedos, le président du DAL, balancer à la gueule de Moix tout le mépris qu'ils ont pour un petit parvenu qui essaie de se faire une place dans la devanture de leur fonds de commerce. Moix, lui, il encaisse sans broncher, il est là pour vendre son bouquin et c'est tout. Ce type a visiblement moins d'amour-propre qu'un représentant en aspirateurs.

    Giscard, Beigbeder, Adrien Zeller, et maintenant Yann Moix… Merde, vivement une loi pour interdire aux diplômés de Sciences-po d'écrire des romans !

    On voit qu'il a pas fait HEC, ce sinistre guignol ne pige rien au marketing. Comme ses efforts désespérés commencent à me pomper l'air sérieusement, je lui donne ce conseil : « La meilleure manière pour toi de fourguer ton navet, Moix, c'est de sortir avec Mazarine, ne serait-ce qu'une fois, avec la photo dans Voici. Si t'es pas trop con pour ça… »

  • Comment peut-on être Flamand ?

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    À Bruxelles, à l’auberge de jeunesse Van Gogh, réveillé en pleine nuit par deux petites Bataves en goguette qui ne peuvent apparemment pas pioncer sans s’être récuré à fond les gencives et les aisselles avant, je me mets à réfléchir à ce qui me manquerait le plus si je quittais la France pour venir m’installer ici. En dehors des blagues de Le Pen à la radio ou à la télé, tout ce qui a trait à l’esprit français en général et qu’on ne trouve plus guère que dans les bibliothèques et les musées désormais.

    La bouffe française ? Bah, à Bruxelles comme à Paris on vend tout ce qu’il faut sur les marchés africains pour faire la meilleure tambouille. Sauf de la bonne barbaque, peut-être. Faudrait que j’essaie la chèvre, il paraît que c’est pas dégueu. Pourquoi je ferais pas une sorte de tajine à la chèvre et aux topinambours ? Et j’ai répéré un bouquiniste près de la Place du Jeu de Balle qui m’a l’air d’être aux petits oignons.

    Ah, il y a le Louvre… Sans doute… mais le musée royal de Bruxelles compte quand même quelques Brueghel, quelques Rubens, un Champaigne. On doit pouvoir tenir le coup assez longtemps avec quelques Brueghel, quelques Rubens et un Champaigne. Sans compter les De Clerck de Notre-Dame de La Chapelle des Sablons.

    Je me sens mal dans ma France. Émigrer un peu me ferait du bien. Je crois que le climat d’une monarchie héréditaire, même récente, me conviendrait mieux que le climat délétère qui règne en France où chacun semble prêt à dénoncer son voisin pour islamisme, pédophilie, appartenance à l’église de Scientologie, révisionnisme, machisme, homophobie, lepénisme, tabagisme, que sais-je encore ?

    Voilà, donc je lance une sorte d’appel à témoins. Il y a peut-être ici quelqu’un qui connaît Bruxelles à fond, ses avantages et ses inconvénients ? L’atroce intonation flamande en est un, d'inconvénient, mais compensé par le fait que les jeunes Bataves sont toutes parfaitement polyglottes.

  • Les papys frimeurs

    S’il y a bien un chanteur à qui l’expression “faire de vieux os” va comme un gant, c’est Johnny Halliday. L’engouement interminable de millions de beaufs pour Halliday est assez mystérieux… Abandonné, yanki, frimeur, subventionné, surtaxé, ringard, lifté, pour finir dans les bras de Sarkozy : l’identification parfaite ?

    J’ai fait semblant de croire un instant qu’il coulait encore un peu de satire dans les veines de son confrère Renaud, mais le Renaud nouveau, désintoxiqué, marié, recoiffé, n’est pas très fort de café non plus. Il doit craindre de se mettre à dos les bobos, ces bobos qu’il égratignait dans son dernier tube, son public, alors il préfère s’excuser : « (…) je ne crache pas sur les bobos, c’est juste une chronique sociale. »

    Un peu plus loin dans l’interviou, le chanteur à textes décrypte un peu la “Renaud attitude”, quand le baveux lui demande s’il a des scrupules à avoir réussi : « Oui. J’ai été élevé dans une famille protestante un peu puritaine. Inconsciemment, j’ai développé cette idée que la réussite et l’argent, c’était sale.
    On m’a aussi reproché de payer l’ISF tout en ayant des idées rebelles. J’ai bien évidemment culpabilisé toute ma vie… mais ça ne m’empêche pas de dormir. »


    La formulation est approximative. Sans doute Renaud est-il un peu trop “inconscient” pour s’en rendre compte, mais le protestantisme a justement été inventé pour concilier fortune et idées charitables tout en continuant à dormir sur ses deux oreilles.

  • L'amour du neuf

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    Dans le domaine de l’art, les préjugés ontologiques triomphent aussi. Distinguer un bon tableau d’une croûte, c’est pas si évident que ça. Un peu d’attention, un peu de patience sont requis, et de savoir faire la part des effets de pinceau de ce qui tient à la capacité d’observation et d’abstraction plus ou moins originale du peintre. On sait l’insistance de Picasso à développer cette capacité d’abstraction jusqu’au foutage de gueule. Mais à trop se foutre de la gueule de ses clients, Picasso a versé dans le parisianisme, il s’est égaré. Il a perdu l’amour-propre indispensable à l'artisan.
    La logique a été poussée jusqu’au bout, d’ailleurs. Picasso transformé en marque de bagnole, quelle belle parabole pour décrire l’art contemporain !

    J’ai rien contre Picasso en particulier, il a un bon esprit de synthèse, mais vu que Picasso a reçu une formation académique, il est d’autant plus apte à servir d’argument décisif. Il faut donc remettre Picasso à sa place. Picasso c’est le “chaînon manquant” du blabla sur l’art contemporain. Il n'a pas une tête de chaînon manquant, d’ailleurs ?

    Pour aplanir cette difficulté, la difficulté d’acquérir un certain discernement en matière de peinture et de sculpture, on a préféré décréter que tout ce qui est neuf en matière d’art est admirable. C’est un critère plus maniable, il suffit de regarder l’étiquette. Et tous ces esprits faibles qui sévissent dans la critique d’art de vous expliquer benoîtement que Titien préparait le terrain à Matisse, ou Ingres celui de Picasso. La “nouveauté” chez Titien n’est que la conséquence de son labeur acharné et pas la cause, bien sûr.

    « Les hommes ont un besoin de nouveauté qui les refroidit promptement sur les beaux ouvrages » dit Delacroix. Déjà le “public” commence à gouverner, Delacroix est en pleine tourmente. Delacroix c’est le chant du cygne, mais il sait quand même encore de quoi il parle. Lui-même s’est laissé séduire par la “nouveauté” de Constable. Au-delà de leurs génies propres, ce qui unit Delacroix, Géricault, Ingres, Decamps, c’est de devoir affronter la modernité. Ce ne sont en rien des artistes “expérimentaux”, comme dit la critique imbécile des gazettes, mais plutôt des artistes “désarçonnés”. C’est leur extra-sensibilité d’artiste qui les fait frissonner devant la menace de l’industrialisation et de la production de masse.

    Et aussi cette réplique fachiste de Delacroix : « Mais où sont donc vos Phidias ? Où sont vos Raphaëls ? »

  • Phidias, Raphaël et Millet

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    Je ne conteste pas l’autorité de Catherine Millet dans le domaine du cul, de la bite et du vagin. Je n’exclus même pas d’approfondir ma connaissance des mœurs contemporaines en feuilletant son autobiographie dessalée quand j’aurai fait le tour d’auteurs plus urgents.
    Mais je vois en rayon que Catherine Millet a aussi pondu un petit traité sur l’art contemporain. Un point de vue ontologique, j’imagine… Ça sent la thèse à plein nez : débandade, donc. Madame doit avoir une maîtrise d’histoire de l’art, ce genre de papelard qui vous pose une gonzesse. Comme quoi baiser et étudier c’est pas incompatible.

    Sans trop s’attarder, mais comme le bouquin est juste à portée de main, allons-y, disons que le discours de C. Millet a le mérite d’être moins obscur que celui de Jean Clair. Pour C. Millet, les adversaires de l’art contemporain, eh bien ce sont tout simplement des fachistes. Eh bé, comme ça au moins c’est plus clair. Transparent, même. On peut presque deviner dans quelle fac Catherine Millet a appris l’art contemporain de tenir des raisonnements aussi limpides.

    On sait bien d’où vient la force de pénétration des idées de gauche dans la société audio-visuelle et pourquoi elles se transportent aux quatre coins de la planète à la vitesse de la lumière.
    L’égalité, le progrès, le suffrage universel, le féminisme, les cimetières pour chien, le mariage des homos, c'est parce que ces idées sont stupides qu'elles sont parfaitement adaptées au monde moderne. C'est plus facile de faire gober au plus grand nombre que ces niaiseries sont frappées au coin du bon sens.
    Au bon sens traditionnel, tiré du fruit de l’expérience transmise de génération en génération, on a substitué le bon sens moderne, de gauche, dont le but est de faire le maximum d’écho dans la caverne démocratique, peu importe si c’est complètement idiot et si ça provoque des éboulements.

    Prenez l’idée coulante de métissage, par exemple : c’est du niveau du raisonnement d’un gosse qui, voulant faire un bon gâteau, pense qu’en additionnant un maximum d’ingrédients délicieux, il obtiendra le meilleur résultat. Mais cette idée de métissage est néanmoins typiquement le genre d’idée propre à séduire des types comme Fogiel, Ardisson, Ruquier… et leur public.

  • Symbole de chasteté

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    Visitant le Louvre avec des confrères, me raconte un pote prof d’histoire, rendus devant les Giotto racontant la vie de saint François d’Assise, il est un peu surpris de devoir se coltiner d’expliquer l’histoire des stigmates. Avec des élèves de terminale, ça l’aurait pas étonné, mais là…

    Cette anecdote me fait penser qu’il y a chez Hazan une nouvelle collection de bouquins d’art qui permet aux ignares de l’Éducation nationale de comprendre la peinture précontemporaine de manière intelligente, c’est-à-dire sans idéologie. C’est facile de faire le malin devant un Picabia, un peu moins devant un Giotto. Hem, à vrai dire je ne me fais aucune illusion contrairement à mon pote sur les dispositions d’esprit de ces gens-là. Mon pote, j’ai beau lui conseiller de ne jamais leur tourner le dos, il ne m’écoute pas, il pense pouvoir les convaincre. Le jour où il se retrouvera devant un tribunal avec une plainte déposée contre lui pour racisme parce qu’il a cité l’Empereur Manuel II en cours d'histoire, il pigera peut-être, ça lui apprendra à jouer les saints François (Xavier).

    Dans La Nature et ses symboles, je relève la notice du lapin :

    « Le nom latin du lapin, “cuniculus”, est dû à sa propriété de creuser de nombreux “cuniculi”, “galeries souterraines”.
    Étant un animal très prolifique, il est considéré comme un symbole de lascivité, et, surtout à partir de la Renaissance, il figure dans les représentations de scènes amoureuses comme un emblème de la volupté.
    Dans l’iconographie religieuse, il peut prendre une signification positive : un lapin blanc aux pieds de la vierge fait sans doute référence à la chasteté ou à la victoire sur les passions.

    « Les bestiaires médiévaux citent parfois une autre propriété du lapin ou du lièvre : ces animaux peuvent courir extrêmement vite en montée si bien qu’ils réussissent à échapper à leurs poursuivants. Cette caractéristique a été interprétée comme une image de l’homme qui se tourne vers Dieu pour échapper aux tentations démoniaques.

    « Toujours dans l’iconographie religieuse, le lapin peut aussi avoir une signification négative. Par exemple, dans certaines représentations de saint Jérôme au désert, il ferait référence aux passions et aux tentations coupables que le saint doit chercher à vaincre : en effet, saint Jérôme lui-même, dans une lettre à Eustache a avoué que jusque sous le soleil brûlant du désert il avait été tourmenté par le souvenir des plaisirs de sa jeunesse. »


    Comme quoi il faut se méfier des interprétations univoques très à la mode aujourd’hui. Les peintres médiévaux faisaient la part belle aux animaux. Plus tard la pensée “schématisante” des philosophes dont nous avons hérité chassera un peu le merveilleux de la peinture.

    C’est marrant parce qu’il se trouve justement que je suis assez rapide à la course en côte. Le terrain que je perds sur le plat, je le rattrape dans les côtes. San Francisco est une ville où je peux semer n’importe qui, par exemple.
    Il faut donc que je m’attende à devenir en blanchissant un symbole de chasteté pour mon entourage.

  • Sous pression

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    Dans Métro, quotidien officiellement gratuit, il y a ce baromètre qui me permet de mesurer la santé mentale de mes concitoyens - du “peuple” comme certains disent sans rire.
    En effet, tous les jours Métro pose une question en rapport avec l’actualité à des quidams dans la rue qui ne se font pas prier pour répondre vu qu’on est en démocratie.
    La bêtise des questions posées excuse peut-être un tantinet les sondés, mais ne fait pas moins d’eux de la chair à médias.

    Jeudi 21 septembre, à la question : « Que vous inspire l’agression des CRS ? », Thibault, 23 ans, étudiant en anglais, répond :
    « Je pense que si j’avais été là, j’aurais fait la même chose que les jeunes. Il y a deux camps, les policiers sont dans un camp ; moi dans l’autre. »

    Voilà un étudiant qui a parfaitement bien appris sa leçon d’histoire. C’est pas certain qu’il saura un jour la réciter en anglais, mais on ne lui en demande pas autant.

    On ne lui demande même pas, d’ailleurs, s’il se fait chouraver son i-pod ou ses lunettes de soleil de bobo (fumées saumon), de pas aller porter plainte chez les flics. La révolution est une cause qui vaut que l’on ne s’arrête pas à des détails moraux de ce genre.

  • Tous pourris ?

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    Pim, tu t’adresses à moi comme si j’ignorais que Le Pen lui aussi a été condamné en justice, à l'instar de Strauss-Kahn, Emmanuelli, Juppé, tout le reste de la bande… comme si je vivais pas au cœur de ce ramdam médiatique assourdissant. Il y a même des bédés pour expliquer aux enfants que Le Pen est un vilain, Pim…

    D'ailleurs n'es-tu pas toi-même plus proche de Le Pen que je ne le suis ? Ton “tous pourris” ne fait-il pas écho au sien ? En réalité, cette dialectique du “tous pourris” n’est pas très intéressante. Le Pen a beau jeu de dire qu’il n’a jamais piqué dans la caisse commune, lui, puisqu'en réalité on lui en refuse la clef. Mais ton “tous pourris” à toi, Pim, est un peu facile aussi. Il ne permet pas plus de comprendre la faillite actuelle du système, pourquoi il paraît impossible de redresser la direction : « C’est pas au Royaume de Danemark qu’il y a quelque chose de pourri… », je ne me lasse pas de cette formule de Blondin.

    Encore une fois, laissons les règlements de compte au Canard enchaîné, - enchaîné à ses indics, bien sûr. Le seul titre rentable de la presse française dépend du bon vouloir des flics ! Je sais pas si t'as déjà vu ça, Pim, la salle de rédaction d'un canard, les coups de fil incessants pour dénoncer tel ou tel anonymement.

    Je suis quand même satisfait, Pim, que tu me fournisses le prétexte de parler du plus grand baratineur, du plus grand hypocrite, du plus grand démagogue français contemporain, je veux parler de Jean-François Kahn. Ce type, patron de presse depuis des lustres, vient d’écrire un “pamphlet”, il appelle lui-même ça un “pamphlet”, cette espèce de journaliste-orchestre bouffon, on se pince en l'entendant ! Et ce “pamphlétaire” est naturellement invité sur toutes les chaînes de télévision pour faire de la réclame pour son bouquin et son torchon Marianne, pour se livrer à son petit sketche de pamphlétaire approuvé par le CSA. Faut être un sacré crétin de bobo endoctriné par la télé pour gober un sketche pareil.

    Les hommes politiques ont toujours piqué dans les caisses pour se payer des châteaux, des tableaux, offrir des bijoux à leurs maîtresses, de Fouquet à Roland Dumas en passant par Talleyrand. Évidemment, je préférais l’époque où les politiciens avaient du goût, la Pompadour avait quand même plus de classe que Christine Dévie-le-Joncgourd, mais le problème n’est pas là. Ce qui est inédit, c’est cette sorte d’aristocratie de journalistes assez incultes et complètement irresponsables, cette corporation dont justement Jean-François Kahn est un représentant infatigable.

    Juppé au moins, lui, aussi prétentieux soit-il, a payé ses micmacs d'une année d’exil au Canada. Ça a l’air de rien comme ça, mais personnellement c’est le dernier endroit de la planète où j’aurais envie d’aller passer un an, le Canada (et je dis pas ça à cause de Dantec).
    Les journalistes peuvent continuer de débiter leurs discours démagogiques, leurs contrevérités, de toucher des pots-de-vin, de se renvoyer l'ascenseur, de bidonner des reportages, de faire subventionner leurs torchons qui n’intéressent plus personne, d'attiser les émeutes, ils sont IN-TOU-CHABLES. Même les magistrats, eux-mêmes intouchables jusque-là, les redoutent depuis que la télé peut les clouer au pilori.

    Jean-François Kahn accuse les hommes politiques d'être coupés de la réalité. En réalité, la responsabilité des journalistes est énorme, on a basculé de la propagande directement dans la mythomanie. Le problème n'est pas tellement que les hommes politiques soient coupés de la réalité et tiennent des discours démagogiques, ça c'est un slogan de journaliste ringard, les gens réagissent plus normalement dans la rue face à un homme politique que face à un journaliste. Le problème c'est que les Français sont complètement désinformés les uns sur les autres, dressés les uns contre les autres par les médias qui attisent la guerre civile, qui divisent pour mieux régner.

    Il est logique que les militants marxistes antipubs soient incapables d'évaluer correctement ce problème des médias modernes et de leur influence néfaste. En bons marxistes, ils savent discerner les causes économiques et pointer du doigt la dépendance de la presse vis-à-vis des grands industriels. Leur démonstration que le quotidien Le Monde est un faux quotidien payant, un vrai gratuit, par exemple, est imparable. Mais ces militants marxistes sont empêchés par leurs œillères idéologiques d'aller au-delà de ce préambule, de comprendre les causes politiques et historiques, même la coïncidence des dates ne leur met pas la puce à l'oreille. Ils sont efficaces pour lutter contre la pub, à un contre cent, bien sûr, mais incapables d'imaginer des solutions pour faire sauter le verrou. Et pour cause…