Le “réalisateur” du débat présidentiel souligne a posteriori une différence essentielle. Sur le plateau, Ségolène et Arlette Chabot trouvaient qu’il faisait trop froid, tandis que Sarko et PPDA, au contraire, trouvaient qu’il faisait trop chaud. Ce qui tend à confirmer certaines de mes hypothèses sexistes.
Une autre leçon à tirer, c’est que ce réalisateur soi-disant professionnel s’exprime dans un français assez approximatif, qu’il avoue n’avoir à peu près rien entendu au débat, tant il était concentré sur les images ; il fait ce parallèle inévitable avec le football et se dit de la même manière incapable de dire quel a été le score d’un match qu’il a “réalisé”.
Un problème très “contemporain”, en outre, et Sarkozy qui est un type plus futé que la moyenne en a tenu compte au cours de sa campagne à la télé, c’est l’excès d’esprit. Il n’est plus permis dans notre société d’être brillant, cela passe désormais pour de la goujaterie, voire de la méchanceté. Un candidat comme Le Pen peut atteindre suivant les circonstances dix, quinze, vingt, trente pour cent - qui sait ? -, séduire une frange de la population par des mots d’esprit cinglants, une rhétorique qui ridiculise le système oligarchique en place, mais la grande majorité est effrayée par ce style. D’où les simagrées, qui ne sont pas tellement dans sa nature, mais que Sarkozy est obligé de faire lorsqu’il s’adresse aux électeurs ou à Ségolène, pour ne pas paraître trop fachiste, ou trop viril… au risque de passer pour un "mou du gland" ou un velléitaire aux yeux de certains, ce qu'il est probablement moins que la moyenne.
Bien sûr, on en veut moins aux femmes aujourd’hui de faire preuve d’esprit, cette qualité virile dont elles ont été privées pendant des siècles, paraît-il (Dans le domaine des sciences sociales comme des sciences naturelles, méfions-nous des idées reçue ; j’ai dit que je préférais madame Royal et ses tailleurs, mais j’aime encore mieux la Sévigné et ses lettres.)