Curieusement, Céline, qui est plutôt du côté de Chenavard, comme blessé à mort et assombri, Céline est une cure de jouvence malgré tout, comme les réactionnaires. C'est peut-être, je ne sais pas, son côté "animal" ; il a beau être aux abois, traqué par la hyène Sartre et les autres, c'est l'instinct de survie qui domine chez lui.
Un de mes potes, qui chasse à courre, m'expliquait récemment que le cerf, si la traque dure un peu, s'asphyxie ; son sang devient noir, ses organes le brûlent, il va souvent se jetter dans un étang, un plan d'eau, dans un geste désespéré.
« Je supporte de moins en moins la musique "en boîte" ; d'ailleurs je n'écoute pour ainsi dire plus de disques… »
Mireille Delunsch est chanteuse lyrique. Je ne suis pas très sensible à la musique "moderne", les rares fois où j'ai mis les pieds à l'opéra, les premières notes m'ont donné envie de me trisser à toute berzingue, mais j'ai assez d'oreille pour distinguer un artiste d'un simulacre d'artiste. Petit mérite dorénavant, les contrefaçons sont tellement grossières, les soi-disant artistes contemporains ont des gueules de représentants de commerce si tranchées ! Daumier s'en serait donné à cœur joie.
Et Mme Delunsch est une artiste. Je note sa remarque aussi - elle se défend de tout chauvinisme -, que l'Alsace est la seule région française où la musique est vraiment importante.
Lorsqu'on lui demande quel est son bouquin préféré, Madame Delunsch répond : Belle du Seigneur ; et son tableau préféré : Guernica ; et son événement historique préféré : L'abolition de l'esclavage ; ça n'enlève rien à son caractère d'artiste, à son goût de la perfection et de l'effort pour l'atteindre. Rares sont les artistes capables de comprendre les arts qu'ils n'exercent pas, en définitive. Delacroix est une exception.