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Lapinos - Page 123

  • Le théorème de Le Pen et Dieudonné

    Le théorème de Le Pen et Dieudonné est le suivant : "antiracisme = racisme x 2", qu'ils démontrent ainsi : "Un blanc raciste et un noir antiraciste peuvent très bien s'entendre."

    Et le bobo de perdre pied une fraction de seconde. Le seul moyen de s'en tirer sera de dire : "Oui, mais ils sont tous les deux antisémites, des ennemis d'Israël. Ce sont deux racistes. Un raciste blanc, et un raciste de couleur. Cqfd." (Tiens, j'ai entendu Alphonse Allais se marrer, tout là-haut, pas vous ?)

    Il ne manque plus à Dieudonné et Le Pen que de dénicher un rabbin pour former un trio. Si "l'Evangile ne rit pas", comme dit Baudelaire, en revanche il paraît que les juifs sont pleins d'humour...

  • Baptême français

    Il fallait voir la tronche des journalistes pour annoncer la nouvelle que Dieudonné a choisi Le Pen pour parrain de sa fille. Blêmes comme si Fourniret venait de s'évader de prison !

    Dieudonné et Le Pen, deux Français typiques, qui n'aiment rien tant que faire la nique aux bourgeois, se sont associés pour former un duo. Mais au-delà du sketche, ce qui peut légitimement inquiéter les bobos là-dedans, du "Figaro" à "Charlie-Hebdo" : l'idéologie antiraciste a vécu. Le pin's "J'ai la conscience tranquille, je ne vote pas Le Pen et je regarde des films antinazis", ce gagdet-là a perdu toute sa sacro-sainte valeur laïque.

    Le Pen continue de faire scandale dans les asiles de vieillards-nés de Neuilly ou Belleville, bien sûr, mais il ne fait plus figure d'épouvantail dans les banlieues.

    *

    Depuis un moment déjà, le Tiers-monde a commencé de perdre ses illusions concernant la politique impérialiste occidentale, qui passe elle aussi par la dénonciation hypocrite des crimes passés du colonialisme, pour mieux cacher que l'exploitation s'est intensifiée, que Kouchner perpétue la politique gaulliste carnassière. L'entente entre Dieudonné et Le Pen est le signe que les écailles dans les banlieues aussi sont en train de tomber, malgré l'épandage d'argent public pour acheter la paix des beaux quartiers.

    La conscience politique continue de progresser malgré la progande en continu de "Plus belle la vie".

    A quand un clip commun de Joey Starr-NTM et Le Pen pour dénoncer la police politique laïque dont ils ont été tous les deux victimes ? S'il y a bien une chose qu'on ne peut par reprocher à Le Pen, c'est de flamber son héritage capitaliste et de ne pas penser à la retraite, de n'être aux yeux des bobos confits dans leurs tabous qu'un vieillard indigne.

    (J'imagine BHL, dans un club Med. de Cuba ou d'ailleurs, déjà en train de fourbir un édito rageur à l'attention de son public de veaux décérébrés qui n'aiment rien tant que se faire fouetter par ce sadique monotone : "Désormais, Mesdames et Messieurs, l'antisémitisme TRANSCENDE les races !!")

  • Et mon cul ?

    "Le Tour de France est propre,

    Il est blanc comme neige,

    Pas la neige qu'on sniffe, mauvaises langues !

    Il est pur,

    Lavé de tout soupçon,

    Sportif, honnête, désintéressé, moderne, technologique, hygiénique, un exemple pour la jeunesse,

    Surtout les coureurs français ! Voyez plutôt leurs performances honnêtes...

    Fini la parenthèse des petites crapules,

    Italiennes, belges ou boches,

    Qui ont sali cette noble institution... Etc. etc."

     Et mon cul c'est du poulet bio, peut-être ? Le Tour de France, s'il n'a pas grand-chose à voir avec le sport, continue d'incarner l'esprit français, celui qui consiste à refuser d'admettre que le capitalisme et la tricherie, le capitalisme et le dopage, sont indissociables.

    Le crétinisme ambigu des Français continue de fasciner le reste du monde. Qui, en-dehors de la France, après l'Allemagne nationale-socialiste, a encore le projet candide de vouloir MORALISER LE CAPITALISME ?

    Quant à moi j'ai quand même un petit plaisir à chaque tour de France, et il m'est procuré par Jean-Marie Leblanc. Chaque année on tente de faire basculer cette tête de mule du côté de la lutte antidopage, dans le genre "les cyclistes dopés sont des vilains salauds qui appartiennent au passé et il n'y a désormais plus que des pucelles en danseuse au-dessus de leurs selles...". Et chaque année la mule renâcle, fait diversion, en tout cas persiste obstinément à joindre sa voix au coeur des vierges laïques effarouchées pour chanter un refrain qui oblige, pour préserver les intérêts de la boutique "Tour de France", à cracher sur les héros du passé gavés d'amphétamines à en crever, les esclaves Vindex de la "petite reine". Un dilemme cornélien dans une tête de païen madré.

     PS : les cas suspects détectés au début du Tour 2008 ont-ils été escamotés sur ordre de Roselyne Bachelot ? Il est vrai qu'on peut la soupçonner elle aussi de prendre des hormones mâles.

     

     

  • La morale est sauve

    Voilà un 14 Juillet où l'armée de métier n'a pas tiré sur la foule et où la foule, de son côté, n'a pas tiré sur le chef des armées. Un 14 Juillet, par conséquent, où la morale capitaliste est sauve.

    L'exportation de l'oppression, de l'esclavage et de la répression en Chine, est une affaire "qui roule encore", comme dirait notre représentant légal suprême.

    Peu importe le sang, pourvu qu'on ait l'argent. Ponce-Pilate règne et les pharisiens le plébiscitent.

  • Les bronzés font de la politique

    En réinventant le "Club méditerrannée" quarante ans après Gilbert Trigano, Sarkozy veut faire croire qu'il a des idées originales. Toute l'astuce des publicitaires est dans le recyclage. Le capitalisme ne crée rien, il transforme tout, non sans de lourdes pertes humaines.

    La "gentille organisatrice" Carla Bruni a le mérite de ne pas tirer les vacanciers de leur torpeur avec ses chansonnettes en sourdine.

    Les jeux d'été sont plus "intellos" sous Sarko, quand même, qu'ils ne l'étaient sous Trigano. "Au mois de juillet, chers plaisanciers, vous élaborerez un accord de paix entre Israéliens et Palestiniens qui devra durer au moins jusqu'à l'automne." Le macramé est définitivement relégué au rang des activités ringardes.

  • L'existentialisme est un onanisme

    Il y a une manière plus pratique dans le vocabulaire laïc de parler de l'être et du néant, c'est : les VACANCES.

  • L'otage odieuse

    J'admire la patience des FARC...

  • Morale de l'antiquaire

    En vain je parcours le Dictionnaire amoureux du Louvre de Pierre Rosenberg - rien à en tirer ; vu qu'il est capable de distinguer à l'oeil nu un dessin de Pater d'un dessin de Watteau, ou un Lemoyne d'un Boucher, Rosenberg a la réputation, dans le "milieu", d'être un type sérieux.

    Pourtant il n'hésite pas à colporter dans ce dico des billevesées aussi stupides que celle de Freud qui croit voir un vautour dans certain drapé de Léonard. Crétinisme absolu. Rencontre entre deux fétichistes.

    Le plus significatif, c'est que Rosenberg ne gobe probablement pas lui-même le rébus débile de Freud, trop familier pour ça avec la peinture. Mais il éprouve quand même le besoin de mentionner ce gadget, étant donné que Freud, dont l'impuissance et le charlatanisme ont tout pour plaire à notre époque, Freud est la mode. Le gouvernement des préjugés : voilà à quel régime la critique est soumise.

    Rosenberg n'est plus "antiquaire en chef" au Louvre, mais nul doute qu'il eût accueilli lui aussi avec l'enthousiasme d'un fonctionnaire, comme son successeur, les tartouillades d'Anselm Kieffer, que Sarkozy goûte fort aussi, doublées d'une logorrhée de circonstance sur la choa et les vilains nazis allemands, dont il n'est pas, lui, Anselm Kieffer, de la génération suivante qui porte des pin's démocratiques et ne se déplace pas sans ses certificats de bonne moralité, blablablablabla...

    Qu'est-ce qu'un contemporain comme Anselm Kieffer va chercher au Louvre, dans ce mausolée un peu ringard, si ce n'est un peu de la crédibilité dont ses hénaurmes fientes sont totalement dépourvues ?

     Qu'est-ce que prouvent les autodafés nazis, les autodafés soviétiques ? Ils prouvent que les nazis et les soviétiques n'étaient pas complètement indifférents à l'art.

     

  • Contre Sainte-Beuve

    Le mérite d'un grand critique littéraire comme Philippe Sollers est de nous signaler le caractère anecdotique de la littérature de Robbe-Grillet quand tout le monde s'en tamponne depuis longtemps déjà. Au risque de choquer Guillaume Durand, animateur hypersensible.

     

  • Marx pour les Nuls

    C'est aussi en scrutant la peinture, tout particulièrement celle de Tintoret, de Titien, de Michel-Ange et même de Dürer, que je suis devenu communiste. Etant donné que c'est un art populaire favorable à la communion, plus que n'importe quelle autre discipline, la peinture peut être tenue pour l'art communiste par excellence. Aussi riche en métaphores que le cinéma, procès national-socialiste, procès laïc ultime, est au contraire pauvre en métaphores et riche en illusions d'optique.

    Comme Marx a signé le permis d'inhumer de la philosophie (1550-1850), qui ne survit plus que sous la forme du soliloque de vieillards fétichistes, les humanistes de la Renaissance ont enterré la peinture, exaltant le dessein.

    Pour des génies comme Léonard ou Dürer, Lorenzo Lotto, on ne saurait ôter raisonnablement le surnaturel du naturel. Marx est de la même trempe. Le fait qu'il considère désormais la religion comme un obstacle à la science doit être examiné en toute objectivité, sans sentimentalisme. Cet examen est le préliminaire à une théologie de la Libération des chaînes de la philosophie libérale, de l'art capitaliste et de la morale bourgeoise sado-masochiste.

     

     

  • Pour un art communiste

    Après le voyage au bout de la nuit romantique, ce qu'un communiste appelle de ses voeux, c'est une aube de l'imagination, dans un silence à peine troublé par quelques chants vivants, une nouvelle ère industrieuse aimable.

    "Les beaux jours de l'art grec et l'âge d'or du moyen âge avancé sont révolus. Les conditions générales du temps présent ne sont guère favorables à l'art. L'artiste lui-même n'est pas seulement dérouté et contaminé par les réflexions qu'il entend formuler de plus en plus hautement autour de lui, par les opinions et jugements courants sur l'art, mais toute notre culture spirituelle est telle qu'il lui est impossible, même par un effort de volonté et de décision, de s'abstraire du monde qui s'agite autour de lui et des conditions où il se trouve engagé, à moins de refaire son éducation et de se retirer de ce monde dans une solitude où il puisse retrouver son paradis perdu."

    G.W.F. Hegel (Leçons d'esthétique de la peinture).

    Toute l'ambiguité de Hegel est là. Prophète inquiet de l'anarchie, des vagues desseins, de ce plagiat d'idées qui sert de toile de fond à l'art contemporain et à ses petits acteurs sans foi ni loi, annonciateur aussi de l'iconoclasme cinématographique, dantesque machine à broyer les imaginations et les consciences, Hegel dans le même temps se laisse emporter par la nouvelle vague romantique, il se laisse submerger par l'ésotérisme et l'immonde mysticisme laïc. Hegel et Hitler contre la décadence qu'ils véhiculent eux-mêmes. Baudelaire et Céline ne sont pas loin, avec leur goût immodéré pour Rembrandt.

    Nitche, Kierkegaard, Heidegger, tous des enfants tarés de Hegel ! L'aliéné, le pasteur et le fonctionnaire coupeur de cheveux en quatre. Seul Marx, véritable roc de science, a résisté à la superstition.

    Qu'est-ce que la pensée post-moderne si ce n'est une façon de se faire valoir en pillant Hegel ou Marx ? Les petits esthéticiens actuels cachent mal leur misère intellectuelle derrière des saillies empruntées de préférence à Hegel, Baudelaire, voire aux jongleries de Diderot.

    Après Ingres, quelle tristesse de voir un sombre crétin tel que Frédéric Mitterrand occuper la Villa Médicis. Au chevet de l'art, alors que sa place est au milieu des vieilles rombières capitalistes ou laïques, au Festival de Cannes ou dans je ne sais quel autre cloaque bourgeois.

  • Marx et Satan

    Je me suis procuré sur un site de vente de bouquins d’occase en ligne un titre amusant : Karl Marx et Satan. L’opuscule date des années soixante-dix et il est rédigé par un pasteur yanki, Richard Wurmbrand, qui entend prouver que Marx n’est autre qu’un suppôt de Satan.

    J’y apprends que le premier ouvrage pondu par le jeune Marx s’intitule : Union du fidèle au Christ.

    La démonstration du pasteur est assez simple : étant donné que le communisme n’est pas le christianisme, et vu qu’on ne peut servir deux maîtres, Marx ne peut être inspiré que par Lucifer himself. Cqfd. Après tout pourquoi pas ? Moi-même je ne suis pas loin de penser que les démocrates-chrétiens, serviteurs de deux religions, la démocratie et le christianisme, adorateurs d’une part de l’Etat laïc, et d’autre part de Dieu, sont perfides si ce n’est bifides. L’épanouissement de nombreuses sectes satanistes aux Etats-Unis, modèle de théocratie laïque, la part de satanisme dans le folklore de ce pays, viennent compléter ma thèse.

    *

    La collection de preuves de l’éducation chrétienne de Marx et de son ami Engels ne trouble pas mon pasteur, au contraire, il en rajouterait même plutôt : un suppôt de Satan qui ne croit pas en Dieu, ça ne se fait pas. On n’est pas très loin ici des accusations de satanisme lancées parfois par les démocrates-chrétiens à l’encontre de Baudelaire.

    Je ne peux que tenir pour nulles et non avenues les preuves manifestement inspirées par le puritanisme de l’auteur : Marx avait les cheveux excessivement longs et il buvait beaucoup de vin.

    Je ne résiste pas au plaisir de citer ici un extrait d’un poème pie de Frédéric Engels :
    « Jésus-Christ, Seigneur, Fils Unique de Dieu,
    Daigne descendre de Ton trône des cieux
    Pour venir sauver mon âme.
    Descends avec toutes tes bénédictions,
    Toi, Lumière de la Sainteté du Père !
    Permets que je Te choisisse.
    Oh ! qu’elle est aimable, belle sans ombre de tristesse,
    La joie avec laquelle, ô Sauveur,
    Nous faisons monter vers toi notre louange. »


    Même Mauriac n’aurait jamais osé écrire un truc pareil ! Il avait trop de respect humain. Pas plus qu’on n’imagine Mauriac distribuer son pognon avec largesse à ses amis, comme Engels fit.

    Et pas mal de perles encore dans cette brochure où Darwin, Mai 68 et même Giscard-d’Estaing sont évoqués.
    Mais la meilleure, à mon sens, c’est le patronyme de l’auteur lui-même : Wurmbrand. Lorsqu’on porte un telle blaze, qui peut se traduire par “La marque du serpent”, on prend un pseudo pour écrire sur le satanisme de Marx.

  • Et soudain le bonheur

    Ingriiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiid !

    Et soudain le bonheur, quand on ne l’attendait plus, après l’élimination douloureuse de l’équipe de France de football.

    Difficile quand on a un peu de cœur de rester insensible à cette explosion de ferveur médiatique ! Les Anglais ont brûlé Jeanne, mais les Colombiens n’ont pas eu la vierge de Bogota. Quelle belle victoire de la démocratie sur le communisme, contre le combat d’arrière-arrière-arrière garde des FARC, comme dit Jean-Pierre Elkabbach qui a le sens de la modernité.

    Les Parisiens, qui ont pourtant la réputation d’être des gens froids, seront nombreux sur le parvis de l’Hôtel de Ville à onze heure à se rassembler pour entonner des hymnes de joie.

    Je coupe la radio. Dans la rue, le train-train quotidien ne semble pas trop changé par cette bonne nouvelle. L’effet de surprise, sans doute.

  • Marx, le retour ?

    Il paraît que les Français, sur le plan économique, sont en train de devenir marxistes. Ils redoutent une crise boursière ou un krach pétrolier majeur et ça freine leur élan. Diantre !

    Pour parer à cette mauvaise humeur, l’expert-comptable Elie Cohen est dépêché dans les médias pour prêcher la bonne nouvelle libérale. Certes, dit-il, l’économie connaît de nombreux krachs, cinq en cinq ans, mais au bout du compte l’économie ne s’en porte que mieux, le volume des transactions ne cesse de croître tout compte fait.

    Je ne peux m’empêcher d’observer que le libéralisme, comme le jansénisme, a un caractère miraculeux. L’expression de “manne pétrolière” est significative. Dieu veille sur le monde capitaliste comme il a veillé sur le peuple juif au cours de sa traversée du désert.

    Bien sûr les chiffres et les courbes d’Elie Cohen ne prouvent rien sur le plan économique. Le volume des transactions boursières n’est pas un indicateur fiable de “santé” économique. Ce n’est pas parce qu’on vit au-dessus de ses moyens qu’on est riche. Les véritables bilans économiques sont historiques et non pas comptables, a posteriori et non a priori.
    Plus généralement les soi-disant économistes libéraux réfutent Marx sur la plus-value ou l’argent en arguant que l’équation de Marx comporte des failles, qu’il n’a pas pris en compte certaines inconnues. Alors que l’effort de Marx est précisément de démontrer que l’argent, le travail et la plus-value ne peuvent pas se mettre en équations mathématiques, que la loi de l’offre et de la demande n’est pas une loi mais une vue de l’esprit réductrice.
    Théoricien du “marketing” et prophète de son développement outrancier, Marx est le premier à indiquer que la valeur d’un bien est soumise à des variations qu’il est impossible de mesurer précisément.

    *

    Le raisonnement totalitaire kantien est conçu de telle façon qu’il évacue la réalité.
    L’exemple de fiasco algébrique le plus célèbre, ce sont les extrapolations de Malthus. Sur lesquelles Darwin repose. Il ne serait pas difficile de démontrer que le racisme national-socialiste, comme la morale laïque antiraciste actuelle, sont fondées sur des calculs mathématiques qui n’ont rien de scientifiques.
    Malgré leur nullité, Malthus, Darwin et Kant continuent de régner dans l’université et les médias laïcs et capitalistes.
    (Là encore on retrouve Pascal et ses probabilités insanes.)

    *

    L’apôtre Guy Sorman procède d’une façon encore plus primaire pour démontrer la supériorité économique du capitalisme. Il évacue systématiquement de son raisonnement les guerres qui ont ensanglanté l’histoire de la société industrielle depuis le XIXe siècle. Les historiens ont pourtant bien montré que la concurrence industrielle a joué un rôle majeur dans le déclenchement des conflits naguère, comme elle en joue un dans ceux qui se préparent.
    La prolifération nucléaire fait avant tout peser une menace sur l’économie yankie. Les Etats-Unis ont-ils vraiment le choix de faire la guerre ou pas à l’Iran ? S’ils ne la font pas, ils perdront leur monopole nucléaire ; s’ils la font, ils risquent de prouver une nouvelle fois leur impuissance militaire. La solution intermédiaire qui consisterait à faire bombarder l’Iran par Israël comporte elle aussi un danger énorme.
    Hitler voyait bien les conséquences que la rupture du pacte germano-soviétique pourraient avoir, il était au fait des déboires de Napoléon ; mais l’annexion des champs de pétrole russes était une nécessité pour l’industrie allemande, gourmande en matières premières comme en main-d’œuvre.

    La diabolisation de Hitler et de Staline, la glorification simultanée des gentils capitalistes yankis ou gaullistes, toutes ces histoires qu’on enseigne aux enfants dès le plus jeune âge au lieu de l’histoire réelle n’ont pas pour but la pacification des esprits mais la justification des entreprises destructrices capitalistes. Sans les industriels et les banquiers allemands, pas de Hitler ; sans la guerre de 14-18 pas de Lénine. Les soviétiques n’ont pas inventé le lavage de cerveau.

  • Relecture

    D’une poubelle du métro, je sors La Voix, l’organe de liaison des communautés catholiques de Neuilly ; un vieux numéro remontant à la semaine sainte. “Il est plus difficile à un habitant de Neuilly d’entrer au Royaume des Cieux qu’à un chameau de passer par le chas d’une aiguille…”
    Je plaisante… En couverture, le programme : “De racines communes, deux branches sont nées.” et en-dessous, pour illustrer ce propos novateur, un arbre (un figuier ?) cerné par les deux lettres “C” pour christianisme et “J” pour judaïsme. Voilà une lecture des Évangiles propre à rassurer le bourgeois ! Déjà Flaubert s’inquiétait du caractère révolutionnaire de Jésus.

    J’imagine la tête des vieux clercs jansénistes que Simone Weil consultait lorsqu’elle leur suggérait qu’il fallait purger le christianisme de ses racines juives ! Y aura-t-il un jour de nouveau des gonzesses comme Simone Weil ? Je l’espère. Ça nous changerait de toutes ces grenouilles de bénitier laïques ou démocrates-chrétiennes.

    Force est de constater, primo, que l’amalgame entre le christianisme et le judaïsme passe par le luthéranisme ou le jansénisme, “l’augustinisme” en général. Le verbiage anthropologique et pseudo-scientifique de Freud ne vient-il pas en grande partie de saint Augustin ? Sainte Monique n’est-elle pas la parfaite “mère juive”, toujours soucieuse des intérêts de son fils, et rien que de son fils ?

    Deuxio, force est de constater que cet amalgame n’a pas débouché sur une meilleure entente entre juifs allemands et luthériens allemands, mais au contraire sur la concurrence la plus barbare entre eux.
    Simone Weil, plus voltairienne, plus française que Sartre, ne pouvait que conclure radicalement à l’opposé.

    Plutôt que d’écrire sur Bernanos, Bloy ou Claudel, on aimerait que les métèques à la solde du Figaro se mêlent de ce qui les regarde : informer des cours de la Bourse, du dernier navet cinématographique à regarder en couple ou en famille, ou de préparer la guerre contre l’Iran.

  • L'honneur bafoué de Georges Bernanos

    La meilleure façon de bafouer l'honneur de Georges Bernanos ? Il suffisait de le transformer en hypocrite penseur démocrate-chrétien gaulliste sur le modèle de François Mauriac.

    Le soixantième anniversaire de la mort de l'écrivain catholique est prétexte dans Le Figaro, Famille chrétienne ou Valeurs actuelles, à de petites notules niaises et consensuelles ne ménageant pas les "Bernanos éternel" par-ci, "Bernanos prophète des temps modernes" par-là, et patati et patata. Pour le fond les abonnés de ces gazettes sont aimablement renvoyés aux volumes de la Pléiade ou aux propres délayages de ces embaumeurs de première classe.

    Tant qu'à faire j'aime encore mieux, poursuivant le même but, l'exégèse délirante que Les Temps modernes ont donnée du célèbre "Hitler a déshonoré l'antisémitisme" de Bernanos. Interprétation des Temps modernes (sic), comme tout droit sorti d'un conte d'Alphonse Allais, de Villiers de l'Isle-Adam ou du Meilleur des mondes d'Huxley qui vise à faire de Bernanos un écrivain philosémite comme tout le monde : quia absurda est.

    La déception de Bernanos fut en vérité à la mesure de sa naïveté, lorsqu'il revint d'exil pour servir de caution à un régime gaulliste à peine sorti des règlements de compte sordides et des procès politiques qui n'en finissent pas. Il ne suffit pas que les ex-soixantuitards à bout de souffle chantent tout compte fait les louanges de De Gaulle, il faudrait de surcroît que des écrivains comme Brasillach, Céline, Drieu ou Aragon, du séjour des morts, joignent leurs voix à ce concert de faux-culs ! Néron n'en demandait pas tant.

    Aussi naïf fut-il, Bernanos ne mit pas longtemps à découvrir les véritables mobiles de la clique gaulliste. Même lucidité chez Simone Weil dont les critiques sont à peu près impubliables aujourd'hui tant elles écornent le mythe gaullien.

    "Il y a eu des collaborateurs mais la collaboration était un mensonge. Il y a eu des résistants mais la résistance était un autre mensonge. Il y a eu la victoire, qu'on a tout de même pas osé appeler Victoire, par un reste de pudeur, mais Libération.

    Et cette libération était aussi un mensonge, et le plus grand de tous...!" G. Bernanos

    *

    La franchise, le ton radical de Bernanos est son plus grand mérite, car pour ce qui est de l'anticipation, La France contre les robots, n'importe quel authentique lecteur ne peut manquer d'y voir une adaptation française de la critique marxiste du capitalisme. Sans qu'il fut nécessaire à Bernanos pour écrire son pamphlet d'avoir lu Marx. E. Waugh ne l'avait pas lu non plus ; il n'est pas certain qu'Ezra Pound s'y soit intéressé de très près. On sait que ce fut le cas de Céline, mais assez tardivement. Pourtant le lien de cœur entre ces écrivains est évident.

     Qu'un baveux du Figaro comme Sébastien Lapaque, employé par conséquent d'un fabriquant d'armes de destruction massives qu'on est occupé en ce moment à fourbir, que ce genre de pion puisse se prévaloir de La France contre les Robots, voilà qui illustre bien le principe démocrate-chrétien à la perfection. Lorsqu'on a une bille à servir de cible à un pamphlet comme Sébastien Lapaque, on ferait mieux de planquer ses bajoues dans une compagnie d'assurance, derrière le guichet d'une banque, où elles peuvent jouer leur rôle rassurant, plutôt que de s'en servir pour pipeauter de cantilènes gaullistes les vieillards paranoïaques qui lisent Le Figaro entre deux madeleines trempées dans la tisane.

  • American Prejudice

    David Hockney’s theory explaining that the French “neo-classicist” painter Jean-Dominique Ingres (1780-1867) was using a “camera lucida” as a guide for his work illustrates how artless the prejudices of the contemporary art-criticism are.
    No doubt that Hockney and his million-dollar “masterpieces” is one of the contemporary pop-art popes. How could not be such a successful artist trusted by a majority of art-collectors?

    *

    Although not only one qualified historian approved this teleological theory but mostly "art-dealers" or critics involved in the business, D. Hockney published and sold a book trying to convince of it’s seriousness. It is difficult to estimate the influence of Hockney’s opinion, but the fact is that he sold a lot of books. Secret Knowledge was even translated in French and some art teacher’s are teaching it uncarefuly.

    Choosing Ingres as an example proves that Hockney is not realy aware of what he is promoting. This example is particularly bad because the Master of Montauban is well known to have tried to imitate Raphael’s method, the less "photographic painting" ever painted.
    In this way, Ingres is fighting especially against the Dutch painting which uses the “chiaroscuro” as a dramatic effect -too much in his mind.
    In the old philosophic dispute between “drawers” and “colourists”, starting from the Renaissance until the XIXth century, which can be translated in the XIXth as the fight between “classicism” (the drawing) and “romantism” (the colour), Ingres takes place in the camp of “drawers”.
    The choice of Ingres is to defend the drawing as the “honesty of art”, to use the colour as anything else than “one way of”, not as a “goal”.
    Thus, the master from Montauban misprizes the impression of light and shade, on which the mechanical process of a “camera lucida” or a Daguerreotype is based on.
    More than that, Ingres indicated to his pupils not to compose their workings like some famous Dutch painter (as Rubens or Vermeer) did. In this respect, Rembrandt is viewed by Ingres as a good little master, not more, compared to the classical Italians, Raphael or Michelangelo, who are in the Pinnacle.
    J. Vermeer was probably using a lens to help him to create the depth of focus which caracterizes most of his pieces. Its a non-sense for Ingres, an inversion in a method which is promoting the beautiful shape, the beautiful body and the balance, inspired by the Greek sculpture.
    Because of the triumph of romantism over classicism, the criticism of Rubens work by Ingres is difficult to admit and even understand now. But this is a key of art history far more intersting than Hockney's ridiculous speculations upon old master's using of a camera lucida. The shame on the european University to let this kind of theory swell.

    *


    At this point, it is important to understand that Hockney’s “photographic point of view” on old masters is not especially his own.
    It would be too simple to think that D. Hockney was only envious of Ingres’ talent so that he deduced that Ingres was benefiting of a miraculous mechanical process (“Genious ex Machina”).
    The prejudice of D. Hockney is obviously determinated by G.W.F. Hegel famous and thick treatise on Aesthetic (1827-1830) too. This is the more complete romantic system. None of the self-styled “post-modern” philosophers comes out of the orbit of Hegel.
    Even if Hegel understand that there is more in old master’s painting than a raw standard-measure of shape based on light and shade, he is conferring an autonomous power to light in his ambiguous romantic language. In Hegel’s explanation, the light becomes a subject, the light is seen as a “Spirit”.
    It is rather interesting to observe that Hegel, who studied modern politics and right too, is doing exactly the same in these subjects, idealizing the State, seing the State as God! The German thinking from which the US thinking comes.
    The more curious result of this Hegel’s aesthetic principle is that, starting from the Idea, Hegel is conjuring the abstract thinking of the painting away in the end! Taking the highway of History the wrong way, Hegel is discovering the Progress.
    Of course Hegel’s theory is more balanced than Hockney's one, because he is not seeing the nature only as a "shape drawed by the light and shadows". But no doubt that Hegel has a big influence on contemporary art philosophy.

    *


    Is it just a tempest in a glass of water? The best way to appreciate it is to ask the question differently, as following: “Would have the art of Hockney been different without such prejudices on the art history?”
    In my opinion, there is no doubt that great painters “paint as they think” that is to say that they are influenced by new ideas and new scientific discoveries after a while. Philosophy and Science are part of the principles of the European Renaissance movement to which Ingres refers constantly. It is the reason of the interest of great masters like Leonardo or Albert Durer for humanist philosophy.

    A few signs coming from Russia are indicating that there is a political willing in the Eastern part of Europe to do it new. On different basis.
    Russian painters and collectors seem to be attracted like Ingres was, after his revolutionary master Jacques-Louis David (1748-1825) by the Italian Renaissance. As the Italian classicism is characterized by a scientific bias, in this perspective Russian artists should go beyond naives theories on art and be more confident in historians to give them a better and faster progress.

  • T'as ton style ?

    Du gouvernement moderne

    "Le ministérialisme constitutionnel ne sortira jamais de ce dilemme cruel pour les résultats que certains esprits en attendent :

    ou la nation sera soumise pendant longtemps au despotisme d'un homme de talent et retrouvera la Royauté sous une autre forme, sans les avantages de l'hérédité ; ce seront des fortunes inouïes qu'elle payera périodiquement.

    Ou la nation changera souvent de ministres ; et, alors, sa prospérité sera physiquement impossible, parce que rien n'est plus funeste en administration que la mutation des systèmes. Or, chaque ministre a le sien ; et il est dans la nature que le plus médiocre ait la prétention d'en créer un, bon ou mauvais. Puis, un ministre éphémère ne saurait se livrer, tout à la fois, et aux intrigues nécessaires à son maintien, et aux affaires de l'Etat. Il arrive au pouvoir, en voyageur, se tire de peine par un emprunt, grossit la dette, et s'en va, souvent au moment où il sait quelque chose de la science gouvernementale.

    Ainsi ou Napoléon moins l'épée, Napoléon sous forme d'avocat (...)."

    H. de Balzac

     *

    Balzac n'a peut-être pas de style, mais il a de la pré-science. Le style, c'est le bourgeois. Cela donne cette définition du romancier dans le lexique communiste : "Celui qui n'a pas de science, ni même de pré-science ; exemples : Chateaubriand, Eugène Sue, Anatole France, Proust, etc., etc."

    En revanche Céline est un peu trop lucide pour être un vrai romancier, bien qu'il fabrique du style à tout rompre. Ne font pas partie du club non plus Drieu La Rochelle, Evelyn Waugh, Aldous Huxley, toujours en avance de deux, trois, cinq ou dix ans sur leur époque.

    Dès qu'on sort un peu du Balzac des programmes scolaires on voit bien que c'est une sorte de Pic de la Mirandole, un humaniste de la Renaissance dans un siècle où l'archaïsme est roi. D'où le portrait un peu ridicule que la critique bourgeoise peint de Balzac. Cette soif de connaissance de Balzac, son appétit, ont quelque chose d'indécent pour les bourgeois pour qui l'Ignorance est mère de toutes les Vertus.

     

     

  • Devoir sacré

    Devoir d'information oblige, les médias nous apprennent qu’un tiers des yankis a eu un jour ou l’autre une pensée raciste. Se pourrait-il que les yankis ne soient en fait que des nazis hypocrites ?

    Plus sérieusement, il y a des chances que l’invention de cette nouvelle machine à lire dans les pensées des gens révolutionne notre mode de vie dans les années à venir. On voit bien les applications pratiques d'un tel instrument au quotidien.

    En France, le Front national, qui permettait d’évaluer le niveau de racisme des Français lors des élections, le FN deviendrait caduc. On serait informé en temps réel ou presque du niveau de barbarie dans l'hexagone et on éviterait ainsi, par exemple, de s'installer à côté de voisins barbares.

    Avant de confier son enfant à un instituteur ou à une colonie de vacances, on pourrait grâce à un petit boîtier muni d’une aiguille, évaluer aussi le niveau de pédophilie de l’éducateur et se décharger en toute confiance.

    Mieux que ça, cette machine c’est aussi la fin des cocus et du cocuage ! Même dans son sommeil, il suffira de laisser l’appareil allumé, un mari ne pourra plus tromper sa femme sans que celle-ci en soit immédiatement informée et puisse prendre les mesures qui s’imposent.

    Bref, tout laisse penser que le téléphone portable et l’i-pod seront relégués bientôt au rang de gadgets ringards.

    *

      Relatant un fait divers impliquant un jeune homme habitant le XIXe arrondissement, roué de coups en plein jour, victime a priori d’antisémitisme, un journaliste a eu le malencontreux réflexe d’affirmer qu’il était “juif”. Heureusement, ses confrères l’ont rectifié immédiatement ; il faut dans ces cas-là parler d'une victime "de confession israélite”.

    Le problème posé par une victime d'antisémitisme a priori, c'est qu'on ne sait plus trop si c'est le racisme qui est un préjugé ou carrément toute la presse ?(*)

    En un sens on l’a échappé belle ; quelle casse-tête médiatique si on avait dit que la victime faisait partie du “peuple élu”. L’acte raciste devenait alors un acte antiraciste et il fallait inverser tous les titres des journaux.

     (*)Je dédie cette vanne à Dieudonné, victime de la liberté de la presse et otage des Droits de l'homme dont je n'ai pas entendu parler depuis quelques mois. Bien sûr si Dieudonné obtient l'autorisation de continuer de faire des spectacles dans son salon, je lui cède mes droits d'auteur, étant donné qu'entre racistes blancs et noirs, on est bien obligé de s'entraider.

  • Football et laïcité

    On entend souvent des sociologues, des plus ou moins chercheurs au CNRS ou à l’EHESS, affirmer que le football est “révélateur de notre société”. Est-ce que ce genre de tautologie mérite vraiment d’être financée par une bourse d’étude ?
    Si l’on dit que la peinture de la Renaissance est révélatrice de la société de la Renaissance, ou que le théâtre grec en dit long sur la société grecque, on a tout dit et rien dit.
    Le plus stupide des supporteurs du PSG est capable de voir que le football n’est pas du sport, mais que c’est une activité régie par d’autres règles.

    *

    La question du football est liée indirectement à celle du mythe. Le mythe a pour but de compléter et de nourrir la logique. On ne peut pas dissocier la mythologie grecque de la philosophie grecque. Elles se complètent. Le mythe grec excède même la pensée rationnelle grecque d’Aristote. On peut dire en quelque sorte que la raison grecque vient du mythe et qu’elle y retourne. Aristote traduit en raisonnement l’<I>Iliade</I> et l’<I>Odyssée</I>, mais sans en résoudre complètement le mystère.
    Ce qui peut apparaître aujourd’hui comme un récit fantaisiste et incohérent, les “aventures d’Ulysse”, et des penseurs ineptes comme Nitche ou Freud ont contribué à répandre ce préjugé, est en fait la base d’une des civilisations les plus fécondes.

    De même la logique juive, le Talmud, vient du récit biblique et y renvoit. Le Nouveau Testament fonde aussi un imaginaire et une logique complètement différente.

    Dans ce qu’il faut bien, objectivement, considérer comme une religion, la laïcité, même si la foi de chaque laïc, subjectivement, est plus ou moins profonde, les “Droits de l’homme” occupent la place du mythe. Ils sont à la fois la source des règles juridiques morales et politiques laïques, et en même temps son horizon indépassable. Autrement dit les “Droits de l’homme” et le droit public international fixé par l’ONU sortent du droit commun.

    *

    La spécificité du mythe laïc par rapport au mythe grec, juif, musulman ou chrétien apparaît clairement, même s’il est sans doute possible d’établir des analogies entre la logique juive, musulmane ou chrétienne et la logique laïque (La religion laïque n’est pas une religion “vétéro-testamentaire” pour rien.) : le mythe laïc n’est pas imagé ; il n’est pas, ou très peu, narratif. De là la difficulté du clergé laïc à inventer des cérémonies religieuses originales. Le régime national-socialiste s’y est bien employé avec une conviction particulière, mais les grand-messes nazies et le bric-à-brac de la symbolique mi-viking mi-hindoue ont laissé une impression de pacotille, tout comme la ferveur militaire de l’Empire napoléonien dont les défilés du 14 Juillet, avec leur pompe ostentatoire, sont le reliquat.
    Même Hegel, bien que théoricien de l’Etat et du progrès laïc, goûtait assez peu l’art de son époque.

    Il n’est donc surprenant que la religion laïque, bridée dans son imagination, s’invente des modes de pensée ou des cérémonies plus concrètes, ne serait-ce que pour satisfaire le goût populaire qui ne jouit guère de l’art laïc du musée Pompidou, même si le populo singe parfois le bobo.
    L’emprunt par Darwin à Lamarck de sa théorie imaginative, renforcée d’extrapolations algébriques, remplit à peu près le même office : permettre aux fidèles laïcs de se projeter au-delà de leurs principes théoriques. Si cette projection a pu séduire aussi bien le IIIe Reich nazi que les Yankis ou l’Europe laïque contemporaine, malgré la découverte récente d’indices infirmant la science téléologique de Darwin, l’hostilité de l’imaginaire juif, musulman ou chrétien, à cette transcendance-là, est tout ce qu’il y a de plus logique.
    Il n’est pas d’exemple dans l’histoire d’une superposition de plusieurs mythes qui n’ait abouti à la soumission de l’un à l’autre, non à la somme ou à la division géométrique de ces mythes.

    Profitons-en pour signaler la déficience profonde de la pensée laïque de Maurras, derrière le style "cicéronien", puisqu’un énergumène tel que Régis Debray, cahin-caha vient de ressusciter Maurras. Cette thèse laïque ignore absolument cette réalité que la religion laïque est d’ores et déjà issue d’un amalgame d’exégèses bibliques marquées par l’autosuggestion. Maurras et Debray veulent rajouter du christianisme à un pastis déjà coupé au christianisme. Ce n’est pas le “retour vers le futur” mais le “grand bond en avant vers le passé”. Il est étonnant que Debray n'ait pas songé, plutôt qu'à la démocratie-chrétienne, à une religion plus jeune comme l'islam pour son Etat laïc. Quitte à faire une cure, autant qu'elle soit de rajeunissement.
    Il convient donc pour faire la lumière de classer Maurras et Régis Debray, avec Freud, Nitche et Darwin, dans la catégorie des “penseurs métèques”.