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  • Mort imminente

    Quelques mots sur les "expériences de mort imminente", songes vécus par des personnes atteintes de troubles psychiques, à la suite d'un accident qui les a entraînés "aux frontières de la mort", ou d'un orgasme sexuel (parfois dit "petite mort"). Les médias accordent beaucoup d'importance à ces dites "expériences", en raison des foules de badauds qu'elles drainent.

    On peut mettre ce phénomène en relation avec le "pacte avec la mort", que j'évoquais ici récemment dans une note. Le Livre de la Sagesse de Salomon prophétise un tel pacte satanique à la fin des temps.

    Les pseudo-sciences psychanalytiques et neurologiques (parler de "science neurologique" revient à qualifier de "poésie" le babil d'un nourrisson) ont ouvert la boîte de pandore de la crédulité.

    Rêver, même pour un mort, n'a rien que de très banal. Depuis l'Antiquité, le rêve est associé à la mort ou la maladie. Le sommeil, état d'inconscience, a le don de stimuler les rêves ; pourquoi un état critique, proche de la mort, ne provoquerait-il pas un rêve, et pourquoi ce rêve ne serait pas un rêve de bonheur ? Certains philosophes font remarquer que, en comparaison des souffrances de l'existence, la mort peut paraître un grand bonheur et soulagement (en particulier pour les gens du peuple qui n'ont pas des conditions de vie privilégiées).

    D'ailleurs un consommateur de substances hallucinogènes comprendra aisément en quoi consiste le "pacte avec la mort", c'est-à-dire le gain obtenu et la perte subie en contrepartie de ce pacte, et qu'il est à la fois un voyage au paradis et en enfer.

    La comparaison avec la drogue, c'est-à-dire avec une recherche violente et désordonnée du bonheur, est éclairante afin de montrer à quel point la mort peut-être un puissant mobile humain.

    Le b.a.-ba de la médecine est de ne pas tracer une ligne de séparation nette entre la vie et la mort. La vie sociale et de nombreuses cultures

    Le rapprochement que certains font entre ces songes et le paradis des chrétiens est une tromperie, intentionnelle ou involontaire. Le christianisme n'est pas une religion animiste. La conception spéculative ou onirique d'un espace-temps paradisiaque "au-delà de la mort" est typique du livre des morts de l'ancienne Egypte. La gnose (= fausse science) platonicienne médiévale a introduit cette spéculation dans l'Occident chrétien, mais elle est dépourvue du moindre fondement scripturaire chrétien.

    L'apôtre Paul énonce que la mort est la "rançon du péché", et non la transition vers un état de béatitude "ultérieure". L'enfer est définit strictement par les écritures chrétiennes comme l'infidélité à la parole de divine et aux évangiles, c'est-à-dire "le monde".

    Et aucun folklore catholique romain, aucune doctrine sociale démocrate-chrétienne ne peut prévaloir contre la parole divine.

  • Négationnisme

    Le principe du "devoir de mémoire" revient au négationnisme de l'histoire. En effet, la caractéristique de la mémoire est qu'elle n'opère aucune sélection. Le mémorialiste qui voudra se donner l'apparence d'un historien, devra s'efforcer de distinguer le principal du détail, travaillant ainsi "contre la mémoire".

    C'est dans le même sens que l'on peut dire l'ordinateur complètement stupide, en dépit de toute son intelligence artificielle et sa mémoire. Seul ne s'en apercevra le crétin joueur d'échecs, ou le cryptographe qui prend la cryptographie pour une science véritable.

    Hannah Arendt discerne justement un symptôme de la culture totalitaire dans le fait de prendre l'intelligence artificielle pour autre chose que ce qu'elle est - une simple computation mécanique. On peut en dire autant du "devoir de mémoire" : à la place de l'Histoire, il met le culte des morts.

    Mais l'étonnement (la culture totalitaire est surprenante, car elle heurte la raison), l'étonnement est encore plus grand de voir le "devoir de mémoire" attaché à l'holocauste des Juifs. En effet, comme Moïse est l'inventeur de l'Histoire, nul ne devrait être mieux prévenu contre le "devoir de mémoire" qu'un juif.

    Historiens, combattez le devoir de mémoire, ou léchez le sceptre des tyrans sans vous cacher derrière un voile de respectabilité !

  • Shakespeare contre Freud

    Dans un roman américain (banal divertissement), un professeur de littérature proclame : "Sans Shakespeare, nous n'aurions pas eu Freud."

    Du point de vue de la culture américaine seulement, un tel enchaînement paraît logique.

    La variété des personnages du théâtre de Shakespeare, leur complexité, peuvent superficiellement suggérer un tel rapprochement. Freud, comme il fut par Leonard de Vinci, fut aussi fasciné par Shakespeare ; "Hamlet" en particulier l'intrigua. Freud tenta d'interpréter leurs ouvrages, mais n'a pas moins échoué quant à Shakespeare qu'il s'est trompé à propos de Leonard. Il fait même moins fausse route en ce qui concerne Leonard, car la médecine et la peinture ne sont pas deux arts si différents. De plus Leonard est un savant peintre, ou un peintre savant, et Freud un savant médecin ou un médecin savant. On ne sait pas où s'arrête leur art et commence leur science.

    La psychanalyse consiste dans une réduction de la volonté au désir, dans laquelle Shakespeare ne se laisse pas enfermer.

    Sa médecine accule Freud à considérer Hamlet comme un patient, alors qu'un étudiant de première année en littérature établira aisément, à l'aide du texte, que Hamlet n'est pas fou. Un étudiant de deuxième année établira qu'il n'y a pas selon Shakespeare une seule sorte de folie, contrairement à Freud, mais plusieurs. Il est aussi probable que l'oeuvre de Shakespeare a une cohérence que celle de Freud n'a pas.

    Dès le fameux monologue de Hamlet, on comprend que le suicide, bien qu'il soit un tabou social ou religieux, n'est pas un acte irrationnel ou une preuve de folie selon Shakespeare ; c'est le fait de vivre, au contraire, qui correspond à une certaine faiblesse et lâcheté chez l'homme. Si elle fournit les moyens de vivre, la vie n'a, en elle-même, du point de vue philosophique, ni sens ni but (que la mort). Vivre sans but est donc un acte de folie. Autrement dit c'est de la folie pour l'homme de ne pas se poser la question du but de l'existence, et se contenter de vivre bêtement comme l'animal, ou en se contentant des réponses culturelles toutes faites.

    Shakespeare est bien loin d'élever la biologie, ainsi que Freud ou la psychanalyse, au rang de science fondamentale. Seule relève vraiment de la médecine ou de la psychanalyse Ophélie, qui prend ses désirs pour la réalité, et de ce fait méconnaît ses désirs comme elle ignore la réalité, prisonnière des préjugés de son père.

  • Vérité

    Chercher la vérité est comme emprunter une autoroute à contresens un jour de départ en vacances. L'aspiration au néant est beaucoup plus forte, commune, massive, génétique...

    Cependant la seule force d'attraction du néant ne donne pas le sens du monde, pas plus que la gravitation de Newton ne fournit d'explication à l'univers.

  • Militantisme

    Par décret spécial, le 1/4 d'heure de gloire fut ramené à 5 minutes par citoyen quand on découvrit le très mauvais bilan carbone d'une star de la chanson bien connue.

  • France-Allemagne

    "On ne naît pas Français, on le devient." F. Nietzsche

    En revanche on trouve quelques compliments pour le peuple allemand chez M. Houellebecq, romancier auteur de quelques romans pédo-pornographiques à succès.

  • Intellectuel

    Un boulanger confectionne sans cesse du pain. Un intellectuel confectionne sans cesse des idées. Il ne faut pas chercher plus loin le mépris des Français pour les intellectuels.

  • Ophélie

    Faute de prince charmant, Ophélie alla se promener à la mare aux crapauds

    et n'en revint pas.

    Avec Ophélie commence la coutume des blagues sur les blondes, que font les moches

    en se disant qu'au moins elles ont de l'esprit.

  • Histoire

    L'Histoire emporte tout sur son passage. Elle a rompu les digues de la Morale ; le Destin n'est plus qu'un tourbillon.

    L'Histoire outrage la Terre elle-même plus sévèrement que Zeus outragea Europe.

    L'Infini est le dernier espoir du Monde, qui rêve de couper au Jugement dernier. Amen, amen, la Messe du Monde est dite, place au Jugement dernier !

    (poème dédié aux gueux de Paris)

  • Transgression

    Il n'y a rien de moins transgressif que l'amour du sexe. Aussi verra-t-on volontiers dans le chimpanzé, réputé érotomane, un modèle de citoyenneté.

    Il n'y a rien de plus transgressif, au contraire, que l'amour de la science, comparable à un aigle dans le ciel, dangereux pour tous les reptiles.

  • Shakespeare & Copernic

    Dans une note récente, je commente la thèse d'un astronome américain (Peter D. Usher) soutenant que la plus fameuse des pièces de Shakespeare, "Hamlet", aurait pour thème la "révolution copernicienne".

    Pour résumer je la commente ainsi : - oui, la théorie de l'univers héliocentrique est bien au centre de cette tragédie ; - non, Shakespeare ne fait pas la promotion de la théorie héliocentrique redécouverte par N. Copernic (dont on peut légitimement supposer que le personnage de Polonius est l'avatar).

    Alan S. Weber (du "Weill Cornell Medical College" au Qatar) prolonge les réflexions de Peter Usher, dans un article intitulé "What did Shakespeare know about copernicanism?"Il y soulève le problème qu'un historien ne peut manquer de soulever à propos de la thèse du thème astronomique de "Hamlet". Du temps où fut publiée la pièce (1601), seul un nombre restreint d'érudits avaient connaissance de la théorie de Copernic, un nombre si petit qu'il est à peine exagéré de dire que l'on aurait pu les compter sur les doigts de la main... dans toute l'Europe.

    "L'époque élisabéthaine est trop précoce pour avoir complètement digéré plusieurs théories et découvertes en physique et cosmologie énoncées plus tôt sur le continent. Plattard (1913) a démontré que les écrivains français de la Renaissance, de la dernière moitié du XVIe siècle -à l'exception de Montaigne, Pontus de Tyard et Jacques Peletier du Mans- ignoraient les thèses de Copernic [encore peut-on préciser ici que le savoir de Montaigne est volontairement superficiel, Montaigne affichant un certain dédain pour la science].

    De la même façon en Angleterre, le copernicianisme est rarement abordé dans la littérature populaire avant 1630. Ainsi que Nicolson le souligne, "Sur l'imaginaire populaire, les théories de Copernic n'ont pas eu d'impact avant les observations faites par Galilée au télescope. Elles restèrent des méthodes de calcul, importantes sur le plan de la technique astronomique et des mathématiques, mais ne bouleversèrent pas l'opinion commune.(...)

    L'astronome et professeur de littérature David Lévy, codécouvreur de la comète de Shoemaker-Lévy 9, fait cette remarque significative : "Du temps où la plupart des écrits de Shakespeare étaient parus, l'impact réel des idées de Copernic ne s'était pas fait sentir." A. S. Weber

    - Sur le dernier point de la croyance populaire, on peut ajouter qu'une enquête d'opinion a montré en 2014 que 30% des Français restent persuadés que le soleil tourne autour de la terre et non l'inverse.

    Ces remarques historiques faites, on peut continuer de nier le thème scientifique de "Hamlet" (les interprétations psychanalytiques de la pièce, bien qu'elles soient incohérentes, sont rarement contestées) ; ou bien on doit admettre l'initiation de Shakespeare au débat scientifique le plus avant-gardiste de son époque. A.S. Weber évoque ainsi l'hypothèse d'un lien entre Shakespeare et Thomas Digges, petit-fils d'astronome et lui-même érudit. Mais, la biographie de l'acteur né à Stratford-sur-Avon tenant en quelques lignes, il n'y a pas moyen d'étayer cette hypothèse.

    En outre, si ces astronomes américains avancent que "Hamlet" est une pièce d'avant-garde pour son époque, ils sous-estiment à quel point. R. Descartes, plusieurs décennies plus tard, exprime l'intuition que le nouveau dogme copernicien va avoir des conséquences importantes. Cette seule intuition ne lui aurait pas permis d'écrire une pièce métaphorique sur ce thème. Et quel cinéaste aujourd'hui serait capable de faire de la théorie de la relativité d'Einstein le thème d'un film, tout en ayant un recul critique sur cette théorie et en ne se contentant pas de l'illustrer ? Car il faut observer ici que le thème scientifique de "Hamlet" n'enlève pas à la tragédie sa cohérence (qui n'est pas d'ordre psychologique mais mythologique). D'une certaine façon, on peut même se demander si "Hamlet" n'est pas encore d'avant-garde.

    Et d'en revenir encore à l'attribution à Francis Bacon Verulam (1561-1626) de l'oeuvre de Shakespeare. Cet esprit précoce a pu dès l'âge de quinze ans, une fois ses études "classiques" achevées, se familiariser avec les différentes thèses astronomiques opposées. De diverses manières ; par exemple lors d'un voyage effectué en France (1576-1579) où le jeune homme approcha probablement Jacques Peletier du Mans, considéré comme l'un des membres de la "Pléiade", et comptait alors parmi les quelques esprits savants français les plus en vue. Moins célèbre que Ronsard, Jacques Peletier était plus versé dans l'astronomie et la géométrie algébrique. A propos de cette dernière science, F. Bacon émettra ultérieurement d'importantes réserves dans son "Novum Organum", qui ne sont guère éloignées de celles formulées par Aristote.

    *Précisons que si la thèse de "l'argument scientifique de la pièce" était avéré, quantité d'ouvrages critiques portant sur l'oeuvre de Shakespeare seraient désavoués, pour ne pas dire la plus grande partie (les interprétations freudiennes psychanalytiques également). Cette précision est utile pour expliquer qu'il faut s'attendre à une levée de boucliers contre cette thèse dans l'université. Les représentants de la science scolastique ont en effet tendance à ériger en dogme le caractère énigmatique des principales pièces de Shakespeare. D'une certaine façon, il n'est pas étonnant qu'une telle audace émane d'un "astrophysicien" ; celui-ci malmène les idées reçues dans les facultés de lettres, tout en épargnant les idées reçues dans le domaine de l'astrophysique aujourd'hui.

  • Théorie du complot

    "Hamlet" ou la théorie du complot : en cette matière subtile, Shakespeare est encore précurseur.

    Pourquoi la science des uns est le complot des autres, le Danemark complotant contre Hamlet, et Hamlet complotant contre le Danemark, et encore pourquoi la liberté implique un choix difficile ? Shakespeare nous le dit.

    Un indice, si vous le voulez bien : dans le nouveau testament il est question d'un "complot de pharisiens et de veuves", et dans "Hamlet" il y a bien une veuve, Gertrude, et un pharisien, Polonius.

  • Bacon notre Shakespeare

    Peter D. Usher, astronome à l'université de Pennsylvanie, est l'auteur d'une thèse selon laquelle "Hamlet" aurait été rédigé pour célébrer la "révolution copernicienne", c'est-à-dire l'invention par Nicolas Copernic (1473-1543) du système héliocentrique. J'utilise ici volontairement le terme ambigu d'"invention", car l'héliocentrisme n'est pas une idée originale de Copernic, mais fut postulée dès l'Antiquité ; de plus l'héliocentrisme demeure pour certains savants mathématiciens modernes (H. Poincaré) une simple "méthode de calcul".

    La thèse de Peter Usher a le mérite de remarquer ce que beaucoup de soi-disant spécialistes de Shakespeare (quelle université n'a pas le sien ?) ne remarquent pas : l'arrière-plan cosmologique de "Hamlet". Il n'y a rien d'étonnant à cela ; en effet le héros de la pièce, dans une tirade restée célèbre entre toutes, se demande si la vie vaut vraiment d'être vécue ? Or cette question est centrale en philosophie, et la philosophie proche parente de l'astronomie depuis l'Antiquité.

    Les allusions à l'astronomie sont en effet nombreuses dans "Hamlet", parmi lesquelles on peut citer cette coïncidence que le château d'Elseneur où est située la tragédie, alors au Danemark, était la propriété du père du célèbre astronome Tycho Brahé, dont la renommée dépassa celle de Copernic. Tycho Brahé étudia à Wittenberg (ville d'Allemagne célèbre grâce au théologien luthérien, mais aussi homme de lettres et astronome, P. Mélanchton). Mais ici il faut préciser que Tycho Brahé fut un ferme défenseur de la conception géocentrique de l'univers (tout comme Luther et Mélanchton). C'est même le conservatisme de Tycho Brahé en cette matière qui lui vaut une moindre renommée aujourd'hui, en comparaison de N. Copernic ou G. Galilée (promoteur ultérieur de l'héliocentrisme).

    Autre élément astronomique significatif de la pièce : le spectre qui apparaît à Hamlet est une étoile (cela n'apparaît pas dans toutes les traductions françaises) ; autrement dit, Shakespeare met en scène une épiphanie. Aucun historien de la science n'ignore les réactions que pouvaient déclencher à l'époque de la Renaissance dans le monde savant la découverte d'une nouvelle étoile.

    Encore faut-il préciser que la tragédie est le "genre littéraire scientifique" par excellence, et diffère en cela du genre dramatique en vogue ultérieurement en Occident. De la même manière que le cinéma transforme en divertissement certaines théories scientifiques modernes, de nombreux mythes antiques illustrent une conception scientifique du monde.

    Volontairement ou non, l'astronome P. Usher ne fait que répéter une thèse "baconienne"* plus ancienne, dont il tire la conclusion inverse. Les Baconiens soulignent aussi les multiples références de "Hamlet" à l'astronomie, aux implications opposées des thèses héliocentrique et géocentrique. Mais les Baconiens ajoutent qu'une caractéristique de la science de Francis Bacon est d'appuyer la thèse géocentrique, d'incliner par conséquent sur ce point du côté de Tycho Brahé. Non seulement F. Bacon dans son "Novum Organum" s'oppose au système héliocentrique, mais fournit une preuve expérimentale dissuadant de se fier à la perception de la lumière des étoiles pour le calcul des distances interplanétaires. Il s'oppose donc non seulement à Copernic, mais dans son ensemble à ce qui sera qualifié bien longtemps après Copernic de "révolution copernicienne".

    On trouve dans le corpus philosophique et scientifique de Francis Bacon bien des raisons d'écrire une pièce sur le thème important de la discorde entre la science et la politique, mais surtout la thèse de P. Usher se heurte à une pierre d'achoppement de taille et qui "saute" aux yeux. Si "Hamlet" est fait pour défendre N. Copernic et son nouveau système héliocentrique, comment se fait-il que le personnage auquel le héros de la pièce se montre le plus hostile se nomme "Polonius". Comment ne pas remarquer que Copernic, d'entre tous les Polonais est le plus fameux ? Comment ne pas le remarquer quand on est persuadé de l'arrière-plan astronomique de la pièce ?

    *Les "Baconiens" prétendent que Shakespeare n'est que le prête-nom de Francis Bacon Verulam.

  • Enfer

    A la fin d'une saison en enfer, Rimbaud appelle sa mère au secours. Cruelle ironie du destin, car l'enfer commence par une mère.

  • Rêve

    La religion du bourgeois est le rêve, son cauchemar d'être rattrapé par la réalité.

    L'astuce de la bourgeoisie consiste à prendre ce qu'il y a de plus bas dans l'homme, et de l'astiquer tant que cela semble l'idéal le plus élevé.

  • Satanisme

    La beauté de la nature est le satanisme ancien. Le charme de la femme est le satanisme nouveau. Heureux qui, comme Ulysse, est guidé par la sagesse.

  • Pacte avec la mort

    Le prophète Isaïe, dans ses prophéties concernant la fin des temps évoque un pacte passé avec la mort et l'enfer (schéol) par les "chefs de ce peuple qui est à Jérusalem" (Isaïe, XXVIII).

    Plusieurs remarques sur ce pacte : disons d'abord que l'Hadès (domaine de Pluton chez les Romains) symbolise non seulement la mort, mais aussi l'argent et la terre. L'argent a donc une connotation macabre ; il est représentatif du pacte passé avec la mort, marqué par la même fatalité négative (= hasard). Deuxième remarque : le nombre énigmatique de la bête (de la terre), 666, "qui est un nombre d'homme" (Ap. XIII,18) a probablement un rapport étroit avec la mort, plutôt qu'il ne désigne un individu précis. Citons aussi le Messie : "Laissez les morts enterrer les morts !", exhortation contre le tropisme de la mort (typiquement féminin).

    Citons maintenant le livre de la Sagesse (I,16) :

    "Mais les impies appellent la mort du geste et de la voix;

    la regardant comme une amie, ils se passionnent pour elle,

    ils font alliance avec elle,

    et ils sont dignes, en effet, de lui appartenir.

    Ils se sont dit, raisonnant de travers :

    "Il est court et triste le temps de notre vie,

    et, quand vient la fin d'un homme, il n'y a point de remède;

    on ne connaît personne qui délivre du séjour des morts.

    Le hasard nous a amenés à l'existence,

    et, après cette vie, nous serons comme si nous n'avions jamais été;

    le souffle, dans nos narines, est une fumée,

    et la pensée une étincelle qui jaillit au battement de notre coeur.

    Qu'elle s'éteigne, notre corps tombera en cendres,

    et l'esprit se dissipera comme l'air léger.

    Notre nom tombera dans l'oubli avec le temps,

    et personne ne se souviendra de nos oeuvres (...)"

    Salomon fait ici une description exacte de la psychologie de l'impie et de la réflexion qui le pousse à pactiser avec la mort. Il ajoute un peu plus loin :

    "Telles sont leurs pensées, mais ils [les impies] se trompent;

    leur malice les a aveuglés.

    Ignorants les desseins secrets de Dieu,

    ils n'espèrent pas de rémunération pour la sainteté,

    et ils ne croient pas à la rémunération des âmes pures.

    Car Dieu a créé l'homme pour l'immortalité,

    et il l'a fait à l'image de sa propre nature.

    C'est par l'envie du diable que la mort est venue dans le monde;

    ils en feront l'expérience, ceux qui lui appartiennent."

     

  • Tragédie

    Tandis que le personnage principal de la tragédie antique est la bêtise, le personnage principal des tragédies de Shakespeare est l'antéchrist, c'est-à-dire une forme renouvelée de la bêtise.