"La Planète des Singes" est à la fois mieux écrite, plus facile à comprendre et plus savante que "L'Origine des espèces".
Ce n'est d'ailleurs pas la première fois que la fable s'oppose utilement à la science-fiction.
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"La Planète des Singes" est à la fois mieux écrite, plus facile à comprendre et plus savante que "L'Origine des espèces".
Ce n'est d'ailleurs pas la première fois que la fable s'oppose utilement à la science-fiction.
A ce signe on reconnaît que la morale est morte : il n'y a plus de poésie, il n'y a plus que des haïkus, qui sont à l'arbre ce que sont les brindilles mortes poussées par le vent.
Pour s'évader vraiment il faut reconnaître que la société est une prison. Faute de quoi on ne s'évadera jamais qu'en rêve, à la manière des suicidés.
L'histoire n'est pas assez connue de ce pauvre poète anglais qui envoya son fils à l'abattoir.
"TU SERAS UN HOMME, MON FILS" : et les conseils pédagogiques du poète
restèrent lettre morte pour son fils, qui finit connaud comme un soldat de 14-18.
Mieux vaut se suicider pour soi, au moins on sait pour qui on se suicide.
"Lyre, Pédagogie, Drapeau, Bravoure, Honneur, etc." : méfions-nous comme Grec des idées des femmes.
"Sociologue des sociologues" : j'ai nommé Shylock.
La théologie se doit d'être aussi verticale que la religion est horizontale.
On reconnaît dieu à ce que les évangiles flanquent le vertige à la plupart des hommes qui préfèrent naturellement un dieu qui danse comme une putain.
A la radio qui diffuse la rumeur du monde, j'entends la voix d'un type se plaindre de la décadence ; il regrette que les écrivains n'écrivent plus comme Proust.
La décadence est confirmée par ceux qui s'en plaignent sans savoir ce qu'elle est.
On entend parfois dire qu'aux Etats-Unis "tout est possible". C'est la traduction du "rêve américain".
C'est justement l'idée que "tout est possible" qui sert de logiciel au citoyen lambda d'un régime totalitaire. Et suivant ce logiciel, il ne fera probablement rien ; c'est la clef de son asservissement au système.
On peut parler de culture "psychotrope" - de piège terrible pour les enfants de notre temps. Le rêve coule dans leurs veines comme un poison mortel.
L'autorité morale consiste désormais dans l'avantage que le "dealer" possède sur son client ; quiconque connaît le mécanisme de la drogue comprendra à quel point cette autorité est prise au piège qu'elle tend.
Le "retour à la réalité" serait motif de révolution en soi, si guerriers et soldats n'étaient eux-mêmes les enfants du rêve.
La réponse à cette question est relativement simple et on peut la présenter sous la forme de l'équation suivante : "Existe-t-il une doctrine sociale marxiste ?"
- Si la réponse est "oui", dans ce cas Marx ne peut être considéré comme un chrétien, amoureux de la vérité, car les évangiles et la parole divine forment un rempart inexpugnable, une barrière de feu contre toute tentative de doctrine sociale. "Mon royaume n'est pas de ce monde !" : peut-on être plus clair et désigner plus nettement la théorie du royaume chrétien ou de la démocratie-chrétienne comme un culte solaire déguisé ?
- Si la réponse est "non", alors on peut commencer à envisager Marx comme un penseur chrétien de la fin des temps.
C'est un fait établi que Marx a lu attentivement la Bible, rédigé des sermons chrétiens dans sa première jeunesse - et je n'ai lu nulle part sous la plume de Marx, contrairement à Nietzsche, qu'il tenait la Bible pour un tissu d'âneries. Le fait est également avéré de la détermination d'Engels contre le christianisme truqué de sa caste.
La preuve que le marxisme n'est pas une doctrine sociale, on la trouve dans le "marxisme-léninisme", qui est la preuve que le marxisme seul n'est pas social. Comment prendre le pouvoir ? S'y maintenir ? Le distribuer ? A toutes ces questions, Lénine et Trotski ont dû répondre seuls.
Marx est-il un économiste ? Si Marx est un économiste, alors c'est un économiste libéral. Nul critique moderne, à l'exception l'écologiste Nietzsche, n'est plus dissuasif de tenir l'économie pour une science, ni même un "art sûr".
Sur l'évolution sociale de la société occidentale, contrairement à un préjugé répandu, Marx ne porte pas une appréciation positive. Là où Nietzsche discerne un phénomène de régression funeste, auquel il convient de remédier pour éviter ses conséquences catastrophiques, Marx voit un phénomène inéluctable, incarné par la bourgeoisie. A l'énoncé de la physiocratie libérale, Marx ne fait qu'ajouter que la pompe à fric physiocratique est, à terme, condamnée, comme si le capitalisme était le "stade terminal" d'une vie de dépense.
Nietzsche et Marx ont en commun d'être des penseurs très peu "occidentaux". Le premier parce qu'il propose pour remédier à la décadence bourgeoise un modèle oriental. Le second parce qu'il place la science au-dessus de toutes sortes de civilisation, la science n'ayant pas, contrairement aux livres, de "sens de lecture".
Où Nietzsche et Marx s'opposent radicalement : le premier conçoit que son choix de la civilisation implique de renoncer à la science et la vérité ultimes (luttant fermement pour cette raison contre tout ce qui vise une vérité ultime, comme l'histoire ou la métaphysique) ; pour Marx au contraire, tout l'art du monde n'est rien à côté de la science.
Où la grande apostasie de l'Eglise catholique romaine est le plus facilement décelable, c'est dans la contribution que ses ministres éminents prétendent apporter à l'instauration d'une paix mondiale.
D'abord parce qu'on peut observer qu'il n'y a nulle trace d'un tel projet dans les écritures saintes, où l'Eglise romaine est censée plonger ses piliers, comme dans un sol sûr et non des sables mouvants.
Ensuite parce que l'on peut observer le magnétisme de ce projet de paix mondiale ; il est devenu en peu de temps la religion du journaliste ou du charlatan, comme de millions de crétins qui s'y fient. A tel point que le politicien qui voudra assigner à sa politique un objectif plus rationnel, plaider pour celle-ci, ne le pourra pas. Les politiciens sont contraints de dissimuler des objectifs aussi rationnels que possible derrière la pure démagogie du projet de paix mondiale.
N'était-ce pas en quoi le pape Benoît XVI péchait et pourquoi il a dû céder la place ? Il était incapable de s'exprimer "urbi et orbi" - de dire ce que la foule, le monde veut entendre. Son successeur, lui, a l'organe pour faire du bruit.
Ce projet de paix mondiale, on mesure mieux sa capacité de sidération si l'on précise qu'il est lié à une certaine cupidité, de sorte que la Chine et les Chinois se moquent bien des valeurs occidentales, mais sont néanmoins fascinés par la notion et le calcul d'enrichissement. Car, le tour de force de cette religion de la paix mondiale est bien que ses prêtres parviennent à faire croire que l'enrichissement a contribué ou pourrait contribuer à la paix. Nul doute que la paix mondiale et la soif de l'or sont deux idéologies conjointes, qui s'entretiennent mutuellement. La crise économique l'a impudiquement dévoilé.
On peut tenter de mettre l'Eglise romaine hors de cause en faisant valoir qu'il s'agit surtout d'une stratégie libérale ou capitaliste. Cela reviendrait à nier que le discours et la politique de Barack Obama ne sont pas complètement imprégnés de valeurs, non seulement analogues à celles de l'Eglise romaine, mais qu'elle a forgées.
L'Assomption, c'est-à-dire l'enlèvement de Marie, mère de Jésus, au Ciel, est une fête et un dogme catholique romain sans fondement scripturaire. De nombreux chrétiens s'abstiennent pour cette raison de tenir l'assomption de Marie pour un élément de foi.
Disons d'abord que le message évangélique est dépourvu de caractère dogmatique. Le dogme a en effet une fonction inquisitoriale, que les évangiles n'ont pas. Il faut comprendre que la parole de dieu n'a nul besoin du renfort ou du secours du dogmatisme, dont la fonction est anthropologique. L'autorité romaine qui siège à Rome peut dire : "L'anthropologie catholique existe !", et en rapporter la preuve dans le dogme. A contrario le chrétien peut dire : "Il n'y a pas d'anthropologie chrétienne !", car le message évangélique est dépourvu du caractère dogmatique.
Un historien ne tarderait pas à mettre à jour le rôle du dogmatisme dans les schismes qui ont fait voler l'unité de l'Eglise romaine en éclat. Et même : l'athéisme moderne est en grande partie le produit du dogmatisme. En devenant dogmatique, le christianisme devient une cause à défendre.
D'une part l'Eglise romaine semble mourante, car ses dogmes traditionnels ont perdu leur fonction coercitive pour ne plus servir que de prétexte à un folklore anémique. D'autre part l'Eglise romaine reste vivace, car les lois civiles occidentales sont très fortement imprégnées du dogmatisme catholique romain. Ceux qui en doutent n'auront qu'à fouiller les entrailles du code civil moderne, en particulier sur le point du mariage ; seule la "civilisation chrétienne" pouvait concevoir le mariage entre hommes ou entre femmes. Autre exemple : la sociologie ; ce discours pseudo-scientifique envahissant n'est autre que le résidu de la doctrine catholique romaine.
Le dogme de l'assomption de Marie est non seulement intéressant parce qu'il est entièrement dépourvu de fondement scripturaire, mais aussi parce qu'il est une des rares occasions pour le clergé catholique romain de se risquer à une exégèse de l'apocalypse de Jean. L'apocalypse décrit le combat difficile d'une femme enceinte d'un grand roi contre le grand dragon Satan (Ap. XII). L'assomption de Marie n'est pas ici représentée, mais Israël, le peuple choisi par dieu, en proie à Satan, mais sauvé à la fin des temps par la fidélité de ses membres au Messie, venu de son sein, sous l'aspect de la Jérusalem céleste, ou encore du "camp des saints".
Il n'est pas complètement illogique de rapprocher Marie, mère de Jésus et exemplaire de fidélité à son fils, comme une femme peut l'être à son mari, de cette représentation d'Israël. A condition de souligner qu'il n'y a aucune connotation sexuelle, et par conséquent aucun lien d'ordre social entre Marie et Jésus-Christ. C'est le sens de la "virginité" de Marie. Contrairement à l'amour d'une mère ordinaire, celui de Marie est pur. La comparaison du mariage de chair humain avec le mariage du Christ avec son Eglise, parfois osé par certains clercs romains, relève de la pure mondanité ou apostasie.
Or l'apostasie est représentée elle aussi dans l'apocalypse, sous les traits d'une femme (Ap. XVII), appelée "la grande Babylone", ou dite encore "la grande prostituée", vêtue de pourpre et d'écarlate (dans ses contes, Shakespeare en propose une version moderne : Gertrude, mère de Hamlet, qui découvre le complot antichrétien ; de même les sonnets de Shakespeare opposent les deux figures féminines évoquées ci-dessus).
L'effet regrettable de l'identification de la femme revêtue du soleil, la lune sous ses pieds, portant une couronne de douze étoiles sur sa tête, à la vierge Marie, est d'ôter au récit de l'apocalypse sa dimension historique. Or, c'est là presque une tradition du clergé catholique romain, de travailler à oblitérer la conscience historique dont les apôtres veulent doter les chrétiens, et qui fait partie des dons de l'Esprit (je pourrais prendre ici l'exemple de Bossuet et le développer, mais ce n'est pas le moment). Un des aspects du complot antichrétien contre lequel le mage Hamlet lutte, transperçant pour cette raison de son épée Polonius, c'est l'effort du clergé romain pour placer l'humanité en face d'une perspective de temps infini et tenter d'abolir ainsi la conscience de l'histoire.
Par le dogme tardif de l'assomption, l'Eglise romaine ne cherche pas tant à affirmer la place prépondérante de Marie dans le Ciel que sa propre sainteté. En effet, parmi les chrétiens qui dérogent à la fête de l'Assomption, peu nieront la sainteté de Marie, bien que beaucoup, parvenus au stade de la sociologie chrétienne, aimeront dire qu'elle n'était pas vierge. Si l'Eglise romaine s'identifie ainsi à Marie, c'est afin de faire pièce aux deux représentations de l'Eglise dans la vision de Jean, celle inaugurant l'histoire : Israël ; et celle la concluant : la Jérusalem céleste.
Ce dogme tardif traduit la désuétude de l'appareil judiciaire catholique romain.
La logique chrétienne de l'assomption est la suivante : les saints ne meurent pas. C'est ce que signifie la résurrection des corps. Contrairement à la plupart des religions païennes animistes qui conçoivent la mort comme un passage obligé vers l'au-delà, le christianisme n'admet pas cette dissociation de l'âme et du corps physique, thèse peu scientifique, mais dispositif religieux ET SOCIAL conventionnel. Si j'insiste sur ce dernier terme, c'est parce que la culture anthropologique moderne ne peut pas se débarrasser de cet animisme (entretenu aujourd'hui surtout par les psys), faute de quoi la volonté commune, le ciment social s'effriterait. La culture socialiste athée s'est contentée de substituer l'avenir à l'au-delà, c'est-à-dire de prolonger ce dernier.
Qui s'étonnera, venant d'une religion qui se dit "universelle", que le salut ou la résurrection soit effective dans l'univers plutôt que dans les thèses hasardeuses des hommes ?
La "résurrection des corps" marque donc une prévention contre ce que l'on peut qualifier de "religions psychologiques", qui dans le meilleur des cas contribuent à soutenir la volonté, et dans le pire peuvent s'avérer des psychotropes puissants. La culture de l'avenir est l'une de ces drogues, particulièrement néfaste, dont les ravages ne sont pas à démontrer.
Par "corps" on n'entend pas le corps au sens trivial de la chair, matière moins noble que le feu et qui n'y résiste pas. Le corps du ressuscité est sans nul doute un corps spirituel ; cela ne veut pas dire abstrait ou théorique, comme le corps social ou l'âme. Les savants ont toujours admis et admettent toujours l'existence d'une matière invisible, imperceptible à l'oeil nu. En raison précisément des limites du corps et des sens humains, cette science des corps invisibles en est encore à ses balbutiements ; si la plupart des savants s'accordent sur l'existence d'une matière invisible (excepté les savants mécaniciens qui plaquent sur la réalité le schéma de la mécanique), ils peinent beaucoup à décrire la forme que revêt cette matière, son organisation ou sa structure.
Quoi qu'il en soit, pour les chrétiens les prophéties et la révélation ne contredisent pas la science, surtout quand cette dernière est bien affirmée, ce qui est très loin d'être le cas de toutes les sciences qui composent le barnum de la science moderne ; mais la révélation aux yeux des chrétiens devance la connaissance ou la découverte scientifique. Cela explique le mouvement de tous les savants chrétiens du XVIIe siècle, de Galilée à Newton en passant par Leibnitz, Descartes, etc., afin de chercher la confirmation de leurs intuitions, calculs ou théories dans la Bible, suivant une méthode contestable. Ce n'est qu'à la fin des temps que la science rejoindra la révélation chrétienne.
Si Homère était grec, Jésus-Christ juif, Shakespeare anglais, ils n'auraient pas traversé le temps ; et comme Einstein est allemand, personne ne s'y intéressera plus bientôt.
La culture a le don de satisfaire les besoins de l'homme, parfois même des besoins inconsistants. Mais la culture ne comble pas le besoin de science, qui n'est pas un besoin.
Fin du monde, effroi du bourgeois, je scande tes syllabes avec délice !
Il faut, pour craindre la fin du monde, n'avoir jamais rien fait qui vaille et vouloir se racheter. Il faut vouloir faire un coup d'éclat, commettre un grand péché. Il faut attendre le Destin, qui ne viendra jamais, car seul l'accident vient à la rencontre des patients.
L'infini est la vision des aveugles. Voyants et prophètes discernent mieux la fin.
Je suis passé avant-hier à la nuit tombée par hasard devant la petite "Eglise de Jésus-Christ, roi de France" (Paris) ; vu l'heure tardive, je n'ai pas pu pénétrer à l'intérieur de cette secte satanique, dont la porte d'entrée était barrée d'une croix noire.
La France n'est qu'une idée humaine et le christianisme est la moins idéologique des religions. Le christianisme révoque toutes les méthodes conçues par l'homme afin d'échapper à sa condition de mortel, dont la France fait partie, avec son parfum de gloire un peu éventé.
Je suis moi-même Français, et j'ai souvent rendu grâce pour être né et avoir été éduqué dans ce pays où le "savoir-vivre" n'est pas un vain mot, plutôt que dans un pays germanique, de culture féminine, où le "savoir-mourir" est ce qui compte d'abord. Que le Français n'ait foi pas dans la démocratie et l'égalité - je dirais qu'il soit trop viril pour y croire -, est une bonne chose, sachant les foules innombrables qui ont été sacrifiées en vain sur l'autel de la démocratie et de l'égalité... dont le sang n'a pas fini de sécher.
Mais si toutes les civilisations font semblant d'être immortelles, les chrétiens savent qu'aucune ne l'est. Il n'importe pas que Jésus-Christ soit juif, ce qui compte c'est qu'Il est éternel. Le patriotisme chrétien (ou juif) manifeste une totale incompréhension de la religion chrétienne (ou juive). La boue de la terre sur laquelle le chrétien est né ne colle pas à ses semelles.
On pourra trouver l'intitulé d'"Eglise de Jésus-Christ, roi de France", délicieusement suranné, ou au contraire ridiculement ringard. En réalité, si le catholicisme romain s'est adapté aux changements économiques et politiques des derniers siècles, il continue de reposer sur la formule apostate que je viens d'évoquer. Il continue de reposer sur une idéologie humaine, baptisée de façon sophistiquée par ses clercs "éthique judéo-chrétienne", mystique identique au patriotisme, mais mieux faite pour méduser les foules, substituant à la franchise démodée l'habileté rhétorique.
Comprenez ici pourquoi l'Eglise catholique romaine est extrêmement moderne (non l'Eglise luthérienne comme Nietzsche pense). Elle l'est pour la raison que j'énonce plus haut, à savoir que la culture patriotique est TROP MANIFESTEMENT antichrétienne. On peut en dire de même du "sionisme" ou du patriotisme juif : il ne peut tromper qu'un imbécile - un juif qui a lu Moïse et les prophètes ne pourra être abusé par la mystique sioniste et s'y attacher. Satan ne peut se contenter de rallier seulement les imbéciles à sa cause.
Aucune autre religion que le catholicisme romain ne peut mieux servir de matrice à une religion ou une "culture universelle", miroir fascinant pour l'humanité dans lequel on retrouve la flatterie primitive de Satan à Adam et Eve, la promesse de puissance (ne croyez pas qu'un culte soit rendu par l'Eglise catholique romaine à Marie, mère de Jésus ; il l'est en réalité à Eve, mère de l'humanité).
Le catholicisme romain est à l'origine de la culture totalitaire ultime, véritable lame de fond contre laquelle la vertu politique ou morale humaine, la philosophie, s'avèrent impuissantes.
On peut s'opposer à la culture totalitaire moderne suivant deux points de vue opposés. Du point de vue culturel (F. Nitche, A. Arendt), en soulignant que la culture moderne est la plus artificielle ou la plus abstraite de toutes les cultures. Ou bien du point de vue opposé de la liberté (K. Marx), en soulignant que la démocratie n'empêche la domination d'une partie de l'humanité par l'autre, que les "droits de l'homme" se limitent à l'homme égoïste, ou bien que l'Etat tentaculaire moderne est un obstacle à la liberté - ou encore qu'il n'y a dans le "libéralisme" qu'un effort pour anéantir la liberté dans le rêve.
Or le catholicisme romain est fait pour saper à la fois la raison humaine et la confiance en un dieu surnaturel, en amalgamant les deux, pour créer ainsi un sentiment de toute-puissance chez l'homme, parfaitement illusoire. Le catholicisme romain fait croire que la pensée humaine est en quelque sorte "divine", et en même temps que dieu est quelque chose d'analogue à la pensée humaine. La physique et la métaphysique, que les évangiles ne manquent pas de distinguer (les paraboles du Messie soulignent les limites de la vertu), le catholicisme romain les réunit pour fonder une pataphysique absurde, mais extrêmement fascinante, à la manière d'une drogue puissante.
On pourra objecter que toutes les religions sont plus ou moins hallucinogènes ; certes, même l'art, la moins hallucinogène des religions, est hallucinogène. Mais le catholicisme romain est hallucinogène à un point qu'aucune religion n'égale avant lui, puisqu'il est destiné à stupéfier toute l'humanité - il en a la capacité.
Le catholicisme romain est la mécanique, la roue qui fait avancer le monde. A certains l'Eglise romaine présente seulement son apparence de nef en ruine, désertée, comme une femme peut paraître une "faible femme" ; mais son idéologie demeure très puissante, continue d'irriguer de façon moins visible les infrastructures de la culture moderne qui se présente comme une "solution finale".
Mais Satan, disent les écritures, a posé un piège et il est tombé dedans.
Le génie n'a pas de place en science. Cette formule lapidaire permet d'indiquer le sens de la méthode scientifique révolutionnaire de Francis Bacon Verulam, développée dans le "Novum Organum" (1620) (dont la méthode de R. Descartes n'est qu'une pâle imitation).
En effet, l'entendement humain constitue un obstacle au progrès de la science, et le génie est une manière de signifier la logique humaine ordinaire, à peu près équivalente au "bon sens".
- A la science le génie ne suffit pas, explique Bacon ; si l'on veut que la science fasse des progrès, aussi bien sur le plan pratique que de l'élucidation du monde, la limite du génie commun doit être repoussée.
- L'observation attentive de certaines espèces vivantes, animales ou végétales, peut conduire en effet à en admirer le génie, parfois supérieur à l'homme, en même temps qu'il faudrait être stupide pour croire que les abeilles, néanmoins leur système politique admirable, ont quelque prédisposition à la science.
- Le génie humain en matière de science, complète Bacon, n'est rien en comparaison du Temps.
A en croire Bacon, l'histoire de la science qui se contenterait de fournir une explication de la science à travers le prisme du génie humain serait proche de la superstition.
C'est pourtant de cette façon que l'histoire de la science est enseignée le plus souvent aujourd'hui, comme une succession de "coups d'éclat géniaux", non seulement aux enfants mais parfois à des étudiants plus âgés. Sous couvert d'enseignement de l'histoire de la science, c'est donc le plus souvent la légende dorée qui est servie : légende dorée de Galilée, légende dorée de Descartes, de Newton, etc.
Ainsi il est beaucoup plus sérieux, compte tenu des développements de la science au cours des quatre derniers siècles, dans la mesure où la voie révolutionnaire tracée par le "Novum organum" n'a été que très peu suivie d'effets (Descartes l'imite en méconnaissant certains de ses principaux aspects), de décrire la science moderne depuis Bacon comme une science "contre-révolutionnaire", notamment occupée sur le terrain de l'enseignement de la science à réduire à néant la notion de progrès scientifique, autour de laquelle la pensée de Bacon s'organise.
Le thème du tournant ou de la révolution scientifique occidentale au XVIIe siècle, développés par certains historiens et enseigné comme une vérité, est dépourvu de consistance. Pour parodier Bacon, on pourrait dire que le génie occidental moderne (XVIIe-XXIe siècle) n'est rien à côté du Temps.
Rares sont les historiens qui font l'effort de s'enquérir de la conception révolutionnaire du progrès scientifique défendue par Francis Bacon. Ceux qui le font ne peuvent qu'avouer leur surprise de découvrir le fossé qui sépare la science contemporaine des préceptes énoncés par Bacon afin d'empêcher l'esprit humain de s'égarer, suivant l'inclinaison de la passion, ou encore de la volonté (bien que moins néfaste, ce dernier penchant fait courir le risque d'exclure les observations qui contredisent les lois de la physique).
Un régime technocratique est un régime où sévit l'idolâtrie de la science.
Dans sa proposition de réformation de la science ("Novum Organum", 1620), ouvrage historique majeur afin de comprendre l'Occident moderne, Francis Bacon Verulam multiplie les avertissements contre l'idolâtrie dans la science. Pour mieux affirmer encore la concordance de la foi chrétienne et de la science, Bacon entame son ouvrage avec une citation tirée du prophète Daniel : "Beaucoup voyageront en tous sens et la science en sera augmentée."
Comme Bacon est souvent présenté par des interprètes peu scrupuleux (Nietzsche) comme étant "athée", la précision suivante s'impose : "anticlérical", Bacon l'est sans doute, mettant souvent en cause la gabegie de la science scolastique médiévale, la faiblesse de ses vues et principes scientifiques ; pour autant Bacon ne remet jamais en cause la vérité des saintes écritures, dont il parle toujours avec respect. Sur ce point, plusieurs philosophes des Lumières français ont imité partiellement Bacon, opposant aux décrets du clergé catholique la lettre et l'esprit d'écritures réputées saintes dans l'Occident chrétien. Contrairement aux philosophes des Lumières, Bacon ne poursuit pas simplement un but polémique. L'idolâtrie est bel et bien un danger qui guette l'espèce humaine selon lui, et elle opère dans le domaine de la science les plus graves dangers.
Le principal danger pour l'esprit scientifique est dans l'homme lui-même. Aussi Bacon s'emploie-t-il à marquer les limites de l'entendement humain. Un esprit scientifique, pour mériter d'être qualifié ainsi, doit se méfier du raisonnement psychologique. Indirectement, Bacon indique ici la frontière qui sépare la science de l'art (ce dernier pouvant être en effet au contraire résumé à l'expression de la volonté humaine).
"Les idoles de la race ont leur fondement dans la nature humaine elle-même, dans la race, dans la souche des hommes. C'est à tort en effet qu'on affirme que les sens humains sont la mesure des choses ; bien au contraire, toutes les perceptions, des sens comme de l'esprit, ont proportion à l'homme, non à l'univers. Et l'entendement humain ressemble à un miroir déformant qui, exposé aux rayons des choses, mêle sa propre nature à la nature des choses, qu'il fausse et brouille." NO, livre I, aphorisme 41
Ainsi le "Novum organum" ambitionne de remédier à l'hiatus qui sépare l'entendement humain de l'objet majeur de la science qu'est l'univers ou le cosmos, afin que l'homme ne conçoive un univers à la mesure de son entendement, mais un univers tel qu'il est. Bacon ambitionne ainsi de rendre caduque la philosophie médiévale casuistique, son néo-platonisme ou son néo-aristotélisme plus ou moins bien digérés.
Pour la même raison, Bacon relègue la géométrie ou la science mécanique au rang des arts ou des sciences pratiques, en tant qu'ils sont psychologiques. Bacon compare les mathématiques (géométrie algébrique) à la science juridique, pour la raison que ces deux arts peuvent être dits "anthropologiques".
Que dire des "sciences humaines" ou de la sociologie, qui font la fierté des régimes technocratiques ? Du point de vue baconien, ces sciences consacrent l'idolâtrie au lieu de la combattre. Quel pourra bien être l'usage de l'histoire, réduite à une science humaine, si ce n'est de servir d'ornement à tel ou tel régime politique ?
A bien des égards, la science des régimes technocratiques rompt avec la révolution scientifique voulue par Bacon. Derrière les apparences d'une exhortation à la science, on pourra observer que la science en vigueur dans les régimes technocratiques aujourd'hui est beaucoup plus proche de la science scolastique médiévale. Ce qui est une évidence sur le plan de l'art moderne (le culte débile de l'originalité), est mieux dissimulé par la communauté des savants, mais un fait non moins avéré - les régimes technocratiques refoulent la science.
Si ce n'était le cas, il se formerait contre la prétention des économistes modernes à tenir un discours "scientifique" une coalition de savants révoltés contre l'idée, néfaste et dangereuse, que l'économie passe pour une science véritable, quand ses fondements sont moins solides que ceux de l'astrologie.
Comme la foi creuse et sans fondement a le don d'exaspérer contre la foi, la science sans conscience, c'est-à-dire l'idolâtrie de la science en vigueur dans les régimes technocratiques (on cite beaucoup Bacon aux Etats-Unis, sans faire l'effort de le comprendre), a le don d'exaspérer contre la science.
L'effort accompli par Francis Bacon Verulam pour promouvoir et contribuer au progrès de la science est l'oeuvre la plus admirable, impliquant le détachement de soi et faisant croire ainsi à l'éternité (car les hommes dont l'espoir n'est pas égoïste sont très rares).
A ceux qui sont persuadés que l'éternité n'est l'affaire que de rêveurs ou d'artistes un peu fous, on proposera le contre-exemple de Francis Bacon.
On voudrait ignorer Francis Bacon en France ; on voudrait surtout ignorer que c'est un savant chrétien. On a inventé pour cela une histoire de la science "laïque", risible sur le plan historique. Cependant il est difficile de censurer complètement Bacon, car sa révolution ou sa restauration scientifique a marqué les esprits. De très nombreux principes énoncés par Bacon comme devant permettre à la science de sortir de l'obscurantisme médiéval sont en effet devenus presque des dogmes aujourd'hui (ce qui ne signifie pas qu'ils soient largement appliqués).
D'une part on peut qualifier Bacon de "père de la science moderne" ; mais d'autre part c'est impossible, en raison de la foi chrétienne de ce savant (qu'il est difficile de faire passer pour une simple effet de la mode de son temps), mais aussi parce que Bacon a réfuté certaines des grandes lois qui font consensus aujourd'hui en astronomie (B. n'accorde pas aux mathématiques/géométrie algébrique le pouvoir de rendre compte de manière complète des grands mouvements cosmiques.)
La science de Bacon est aussi "énigmatique" que le théâtre de Shakespeare. Il faut dire que la science joue désormais un rôle social comparable à la théologie autrefois ; peu de monde s'avise aujourd'hui du caractère extra-scientifique des sciences dites "sociales". L'expression en vogue de "science dure", dépourvue de signification, suffit à elle seule à décrire le désordre qui règne dans la méthode scientifique aujourd'hui. Bien des ouvrages scientifiques ont le même aspect de prose impénétrable que les sommes théologiques au moyen-âge.
Or, de la métamorphose de "l'enjeu religieux" en "enjeu scientifique", bien que ce dernier a parfois des "accents baconiens", Bacon n'est en rien responsable. Promotion de la science, le "Novum Organum" n'est en rien promotion de la technocratie, c'est-à-dire de l'usage religieux de la science par les élites politiques occidentales.
"Notre première raison d'espérer doit être recherchée en Dieu ; car cette entreprise [de rénovation de la science], par le caractère éminent de bonté qu'elle porte en elle, est manifestement inspirée par Dieu qui est l'auteur du bien et le père des lumières. Dans les opérations divines, les plus petits commencements mènent de façon certaine à leur fin. Et ce qu'on dit des choses spirituelles, que le Royaume de Dieu arrive sans qu'on l'observe [Luc, XVII-20], se produit aussi dans les ouvrages majeurs de la Providence ; tout vient paisiblement, sans bruit ni tumulte, et la chose est accomplie avant que les hommes n'aient pris conscience et remarqué qu'elle était en cours. Et il ne faut pas oublier la prophétie de Daniel, sur les derniers temps du monde : beaucoup voyagerons en tous sens et la science se multipliera (...)"
"Novum Organum", livre I, aphorisme 93
La dimension eschatologique, de révélation ultime, de la révolution scientifique voulue par Bacon apparaît dans cet aphorisme ; on peut d'ailleurs penser que le livre de Daniel fournit en partie la clef du "Hamlet" de Shakespeare, pièce que la science universitaire dit "énigmatique".
Dans "Hamlet", Shakespeare nous montre le sort réservé à un prophète par les autorités d'un pays dont il est en principe le prince - un prince à qui ces autorités auraient dû se soumettre, mais ne l'ont pas fait (Claudius incarne le pouvoir politique, Gertrude l'institution ecclésiastique, Polonius-Copernic le pouvoir scientifique).
Bien des indices dans le "Novum Organum" laissent penser que Bacon n'était pas dupe de l'usage qui serait fait par les élites savantes de son oeuvre de restauration scientifique. En premier lieu parce que, s'il affirme l'aspiration divine de l'homme à la science, à travers sa condamnation de l'idolâtrie ce savant décrit le penchant contradictoire de l'homme au divertissement et à l'ignorance, sur lequel les pouvoirs publics s'appuient, non seulement suivant l'exemple de la Rome antique, mais bien au-delà de ce régime décadent.
Satan dans l'Eglise est représenté par la démocratie-chrétienne, en tant qu'elle est le discours moral ou social dominant. Cette subversion majeure est multiséculaire ; aussi peut-on parler de "la queue de la bête".
Les évangiles et les épîtres de Paul décrivent une montée en puissance de l'Antéchrist au cours du temps, son meilleur allié. L'aspect de l'écoulement du temps est important, car il permet de reconnaître derrière la démocratie-chrétienne un culte solaire (voyez ainsi ce qu'un ancien évêque de Rome, Jean-Paul II, disait du Temps).
On peut dire que l'Eglise catholique romaine s'est métamorphosée en démocratie-chrétienne ; l'évolution du monde a rendu caduc le cadre juridique et la hiérarchie anciennes. La doctrine du pape actuel est une doctrine plus "démocrate-chrétienne" que "catholique romaine" ; contrairement à une idée répandue, la doctrine catholique romaine n'est pas la plus dogmatique, mais la plus évolutive qui soit ; pour une raison facile à comprendre : elle n'a pas de référence fixe. Elle ne peut se référer à la nature (Th. d'Aquin a conscience que le droit naturel est la "loi païenne"), et la parole divine (évangiles) proscrit absolument toute forme de doctrine sociale chrétienne. De mauvais historiens attribuent au protestantisme l'esprit du capitalisme ou de la démocratie-chrétienne. En réalité la subversion anthropologique est bien plus ancienne.
Preuve que la consécration de l'argent comme une espèce sacrée n'est pas l'apanage exclusif du protestantisme, ledit Pierre de Lauzun, dans une gazette démocrate-chrétienne, s'efforçait dernièrement de porter le veau d'or sur les fonds baptismaux de l'Eglise romaine. Son article s'intitule : "Il est possible de moraliser la finance."
Sur un plan purement intellectuel et économique, n'importe quel imbécile est capable de comprendre que le succès de la finance repose sur son immoralité. Un financier qui ne le comprendrait pas donnerait un avantage considérable aux financiers du Royaume-Uni qui l'ont compris depuis longtemps. Ledit Pierre de Lauzun est donc un tocard.
Mais le sujet n'est pas là. On peut couper court toute tentative démocrate-chrétienne de "doctrine chrétienne économique", en disant ceci : rien dans les évangiles ne permet de fonder le droit de propriété. Autrement dit, celui-ci relève d'une mystique étrangère à l'esprit du christianisme. Je dis "mystique", car aucun historien ne peut concevoir le droit de propriété autrement que comme ce qu'il est, sur un plan pragmatique : l'enregistrement d'un rapport de forces naturel.
Or on ne peut définir de règles économiques sans poser le principe du droit de propriété. Par conséquent la thèse d'une éthique économique chrétienne (ou juive) est pure fantaisie. Disons plutôt, pour faire deviner la stratégie de Satan dans cette "fantaisie", qu'il s'agit ici de faire diversion. C'est la stratégie globale des élites démocrates-chrétiennes : non pas faire passer directement les évangiles à la trappe, mais multiplier les diversions ou les divertissements afin d'empêcher ceux qui seraient tenter de suivre Jésus-Christ que son message est entièrement dépourvu de bénéfice sur le plan social.
Concluons en disant que le principe de la démocratie-chrétienne a déjà été divulgué par Shakespeare dans "Le Marchand de Venise". Shylock ne règne pas aujourd'hui sur le monde par hasard (même si c'est selon la loi du hasard).
les croisades.
Une gazette démocrate-chrétienne titrait ainsi récemment un article nécessairement cauteleux (Elisabeth Caillemer). En effet, il est difficile de justifier les croisades, même avec modération, quand on se revendique d'une religion dont le messager prône de "tendre la joue gauche".
Le chapô de l'article est presque cocasse : "Contrairement à une idée répandue, les croisades visent à libérer des lieux saints interdits d'accès par l'islam".
Contrairement à une idée répandue, la foi chrétienne n'est pas enfermée dans de dits "lieux saints".
A aucun moment cette "révisionniste" n'envisage que l'on puisse se poser la question du sens d'une civilisation occidentale fondée sur des écritures saintes qui condamnent la civilisation (sous le nom d'"Egypte", par exemple) ? A contrario, l'élucidation historique selon Shakespeare commence par là.
Un chrétien ne cherchera pas plus à justifier les croisades qu'il ne cherchera à justifier Judas. A quel savant reprochera-t-on d'énoncer une vérité qui ne prend pas en compte les errements du passé ?
La meilleure raison de combattre l'idée de "civilisation chrétienne" n'est pas l'athéisme, ni même l'islam - c'est le christianisme.
Comme le principe de la repentance n'a pas plus de fondement évangélique que le principe de la croisade, on devine à quoi sert la repentance - au blanchiment. Repentance et croisade ont donc un sens convergent. Leur usage dépend des circonstances.
L'esprit des jeunes guerriers est aisément manipulable : lieux saints, vierges, patrie, honneur, j'en passe et des meilleures. Un des aspects les plus atroces de la croisade n'est peut-être pas le fracas des armes, les corps taillés en morceaux, les viols, mais la justification de la croisade par les clercs ; c'est ce que je me disais en lisant Dominique le dominicain, qui contribua à enflammer les esprits de jeunes crétins mal dégrossis ; une fois les massacres accomplis, ce pieux scribouillard a comme des remords d'avoir trempé dans de si vilaines méthodes afin de servir dieu et tente de se disculper.
Le mélange de philanthropie et d'intrigue politique n'a rien d'original en Occident. C'est d'une certaine manière la marque de l'Eglise catholique depuis des siècles.
L'intelligence particulière de Bernard-Henri Lévy est d'avoir compris que la culture moderne est médiatique ou n'est pas, et d'avoir adapté sa "philosophie" à ce contexte, plus "idéologique" que "politique". De même les politiciens, personnages secondaires, pestent contre le "marketing politique", tout en se soumettant à ses règles.
Qui est BHL ? La question se pose de savoir quelle est son idéologie, puisque BHL est un philosophe militant ; elle est allemande et n'est en rien "juive".
"L'éthique juive" n'a aucun appui dans les prophètes juifs. Et pour cause, le judaïsme est une religion métaphysique, autrement dit contre-nature. Affirmer l'existence d'une "éthique juive" revient à nier la réalité de l'eschatologie juive, la révélation visée par les prophètes ; aucun juif authentique ne renoncera à la logique divine au profit de la raison humaine ou naturelle.
C'est précisément cette manière de brouiller les cartes, de mélanger paganisme et christianisme ou judaïsme, qui sont comme eau et huile, qui est caractéristique de la pensée moderne. Pourquoi BHL doit-il s'efforcer de paraître juif ? C'est la seule question à se poser.