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Mon Journal de guerre - Page 20

  • KTO est Satan

    Satan dans l'Eglise est représenté par la démocratie-chrétienne, en tant qu'elle est le discours moral ou social dominant. Cette subversion majeure est multiséculaire ; aussi peut-on parler de "la queue de la bête".

    Les évangiles et les épîtres de Paul décrivent une montée en puissance de l'Antéchrist au cours du temps, son meilleur allié. L'aspect de l'écoulement du temps est important, car il permet de reconnaître derrière la démocratie-chrétienne un culte solaire (voyez ainsi ce qu'un ancien évêque de Rome, Jean-Paul II, disait du Temps).

    On peut dire que l'Eglise catholique romaine s'est métamorphosée en démocratie-chrétienne ; l'évolution du monde a rendu caduc le cadre juridique et la hiérarchie anciennes. La doctrine du pape actuel est une doctrine plus "démocrate-chrétienne" que "catholique romaine" ; contrairement à une idée répandue, la doctrine catholique romaine n'est pas la plus dogmatique, mais la plus évolutive qui soit ; pour une raison facile à comprendre : elle n'a pas de référence fixe. Elle ne peut se référer à la nature (Th. d'Aquin a conscience que le droit naturel est la "loi païenne"), et la parole divine (évangiles) proscrit absolument toute forme de doctrine sociale chrétienne. De mauvais historiens attribuent au protestantisme l'esprit du capitalisme ou de la démocratie-chrétienne. En réalité la subversion anthropologique est bien plus ancienne.

    Preuve que la consécration de l'argent comme une espèce sacrée n'est pas l'apanage exclusif du protestantisme, ledit Pierre de Lauzun, dans une gazette démocrate-chrétienne, s'efforçait dernièrement de porter le veau d'or sur les fonds baptismaux de l'Eglise romaine. Son article s'intitule : "Il est possible de moraliser la finance."

    Sur un plan purement intellectuel et économique, n'importe quel imbécile est capable de comprendre que le succès de la finance repose sur son immoralité. Un financier qui ne le comprendrait pas donnerait un avantage considérable aux financiers du Royaume-Uni qui l'ont compris depuis longtemps. Ledit Pierre de Lauzun est donc un tocard.

    Mais le sujet n'est pas là. On peut couper court toute tentative démocrate-chrétienne de "doctrine chrétienne économique", en disant ceci : rien dans les évangiles ne permet de fonder le droit de propriété. Autrement dit, celui-ci relève d'une mystique étrangère à l'esprit du christianisme. Je dis "mystique", car aucun historien ne peut concevoir le droit de propriété autrement que comme ce qu'il est, sur un plan pragmatique : l'enregistrement d'un rapport de forces naturel.

    Or on ne peut définir de règles économiques sans poser le principe du droit de propriété. Par conséquent la thèse d'une éthique économique chrétienne (ou juive) est pure fantaisie. Disons plutôt, pour faire deviner la stratégie de Satan dans cette "fantaisie", qu'il s'agit ici de faire diversion. C'est la stratégie globale des élites démocrates-chrétiennes : non pas faire passer directement les évangiles à la trappe, mais multiplier les diversions ou les divertissements afin d'empêcher ceux qui seraient tenter de suivre Jésus-Christ que son message est entièrement dépourvu de bénéfice sur le plan social.

    Concluons en disant que le principe de la démocratie-chrétienne a déjà été divulgué par Shakespeare dans "Le Marchand de Venise". Shylock ne règne pas aujourd'hui sur le monde par hasard (même si c'est selon la loi du hasard).

  • La vérité sur...

    les croisades.

    Une gazette démocrate-chrétienne titrait ainsi récemment un article nécessairement cauteleux (Elisabeth Caillemer). En effet, il est difficile de justifier les croisades, même avec modération, quand on se revendique d'une religion dont le messager prône de "tendre la joue gauche".

    Le chapô de l'article est presque cocasse : "Contrairement à une idée répandue, les croisades visent à libérer des lieux saints interdits d'accès par l'islam".

    Contrairement à une idée répandue, la foi chrétienne n'est pas enfermée dans de dits "lieux saints".

    A aucun moment cette "révisionniste" n'envisage que l'on puisse se poser la question du sens d'une civilisation occidentale fondée sur des écritures saintes qui condamnent la civilisation (sous le nom d'"Egypte", par exemple) ? A contrario, l'élucidation historique selon Shakespeare commence par là.

    Un chrétien ne cherchera pas plus à justifier les croisades qu'il ne cherchera à justifier Judas. A quel savant reprochera-t-on d'énoncer une vérité qui ne prend pas en compte les errements du passé ?

    La meilleure raison de combattre l'idée de "civilisation chrétienne" n'est pas l'athéisme, ni même l'islam - c'est le christianisme.

    Comme le principe de la repentance n'a pas plus de fondement évangélique que le principe de la croisade, on devine à quoi sert la repentance - au blanchiment. Repentance et croisade ont donc un sens convergent. Leur usage dépend des circonstances.

    L'esprit des jeunes guerriers est aisément manipulable : lieux saints, vierges, patrie, honneur, j'en passe et des meilleures. Un des aspects les plus atroces de la croisade n'est peut-être pas le fracas des armes, les corps taillés en morceaux, les viols, mais la justification de la croisade par les clercs ; c'est ce que je me disais en lisant Dominique le dominicain, qui contribua à enflammer les esprits de jeunes crétins mal dégrossis ; une fois les massacres accomplis, ce pieux scribouillard a comme des remords d'avoir trempé dans de si vilaines méthodes afin de servir dieu et tente de se disculper.

     

  • Qui est BHL ?

    Le mélange de philanthropie et d'intrigue politique n'a rien d'original en Occident. C'est d'une certaine manière la marque de l'Eglise catholique depuis des siècles.

    L'intelligence particulière de Bernard-Henri Lévy est d'avoir compris que la culture moderne est médiatique ou n'est pas, et d'avoir adapté sa "philosophie" à ce contexte, plus "idéologique" que "politique". De même les politiciens, personnages secondaires, pestent contre le "marketing politique", tout en se soumettant à ses règles.

    Qui est BHL ? La question se pose de savoir quelle est son idéologie, puisque BHL est un philosophe militant ; elle est allemande et n'est en rien "juive".

    "L'éthique juive" n'a aucun appui dans les prophètes juifs. Et pour cause, le judaïsme est une religion métaphysique, autrement dit contre-nature. Affirmer l'existence d'une "éthique juive" revient à nier la réalité de l'eschatologie juive, la révélation visée par les prophètes ; aucun juif authentique ne renoncera à la logique divine au profit de la raison humaine ou naturelle.

    C'est précisément cette manière de brouiller les cartes, de mélanger paganisme et christianisme ou judaïsme, qui sont comme eau et huile, qui est caractéristique de la pensée moderne. Pourquoi BHL doit-il s'efforcer de paraître juif ? C'est la seule question à se poser.

     

     

  • Dans la Matrice

    Dans les régimes totalitaires, tout est "scientifique", même la police. Surtout la police. Vous comprenez pourquoi les anarchistes ne prennent pas la science moderne très au sérieux.

  • Rousseau contre Darwin

    "C'est en un sens à force d'étudier l'homme que nous nous sommes mis hors d'état de le connaître." J.-J. Rousseau.

    En effet l'invention de la psychanalyse n'a fait qu'accroître l'énigme humaine.

    Quant au darwinisme, il explique tout, sauf le propre de l'homme. Il serait intéressant de connaître le préjugé de Darwin sur l'homme car la science moderne est une science sociale. La distinction des sciences sociales et des sciences "dures" est une vaste blague.

    - Ah mais, arrêtez, on a des preuves, des tas d'indices qui corroborent le transformisme ! Les flics ne tardent pas à débarquer avec leurs indices.

     

  • Dans la Matrice

    "Je pense qu'il n'y a jamais eu d'époque aussi dénuée d'intérêt." Léon Bloy, mendiant ingrat.

    Il est sans doute rassurant pour l'homme de se dire qu'il y a eu ou qu'il y aura une époque intéressante. La seule fonction de l'information et des journaux est de rassurer.

    Pour l'abeille ou le porc, en revanche, chaque instant est passionnant.

     

  • Du Satanisme

    Une nouvelle affaire de profanations de tombes chrétiennes en Meurthe & Moselle est l'occasion pour les médias de prononcer ce mot au parfum sulfureux : "satanisme". Enfin, pas si sulfureux que ça puisqu'il n'y a plus une "teuf" entre ados boutonneux qui ne se déroule sans l'invocation de Satan et les grimaces qui vont avec. En termes de "marketing", le satanisme est un "must".

    - A propos du satanisme, Léon Bloy écrit ceci de plus pertinent qu'un écho de journaliste :

    "Etonnante jocrisserie des occultes (!) qui ont besoin de rites et de grimoires pour sentir la présence du Démon, et qui ne voient pas le satanisme, - à crever les yeux, - de leur épicier, par exemple."

    Crève plus encore les yeux aujourd'hui le satanisme des groupes parlementaires démocrates-chrétiens au parlement de Bruxelles. A côté, le nazisme avec ses croix gammées peut en effet passer pour une "étonnante jocrisserie".

    Bloy insiste ici sur la banalité du satanisme. Les enfants d'épiciers qui se travestissent en suppôts de Satan ne font bien souvent que dévoiler le mobile de leurs parents ou de l'Etat qui se charge de les éduquer.

    Voyons encore ce que dit Simone Weil du diable : "On n'a jamais dit ni écrit qui aille si loin que les paroles du diable au Christ dans saint Luc concernant les royaumes du monde : "Je te donnerai toute cette puissance et la gloire qui y est attachée car elle m'a été abandonnée, à moi et à tout être à qui je veux en faire part." Il en résulte que le social est irréductiblement le domaine du diable."

    De la part d'une femme, cette observation est remarquable, car les femmes ne parviennent quasiment jamais à se connaître autrement que comme des "êtres sociaux", indissociables de l'espèce. A ma connaissance Simone Weil est la seule théologienne à avoir compris que la société a trouvé en Jésus-Christ son plus grand ennemi, et dans le clergé catholique romain son ultime défense au contraire.

    - On peut observer que rien ne divise plus les sociétés aujourd'hui que les "questions de société" - loin de se tenir à l'écart de ce "domaine réservé à Satan", de soi-disant chrétiens s'y tiennent de toutes parts, professant toute la gamme des opinions, mais surtout engageant la parole divine sur un terrain où elle a toujours refusé de s'exprimer. La déduction que Simone Weil fait de saint Luc peut être faite de cent versets concordants.

    Par-dessus ces controverses anthropologiques, donc idéologiques, la véritable fracture sociale, d'où viennent les séismes sociaux - l'argent. Shakespeare a ainsi fait du marchand de Venise Shylock la métaphore de "l'éthique judéo-chrétienne" - métaphore définitive.

    Ce qui constitue les sociétés modernes - l'argent -, est donc par conséquent ce qui les détruit inexorablement. De sorte que l'on peut dire que dieu n'intervient pas dans la marche des sociétés, qui appartiennent et appartiendront jusqu'à la fin des temps à Satan.

    Il y a donc une forme de satanisme qui consiste à vouloir redresser ou réformer la société au nom de Satan (cf. Nietzsche), et une forme de satanisme supérieure en puissance qui consiste à vouloir redresser la société "au nom de Jésus-Christ". C'est dans cette dernière direction qu'il faut regarder pour discerner l'Antéchrist et la bête dont le nombre est 666. Dans les temps modernes, nous dit le prophète Shakespeare, un suppôt de Satan qui ne s'avance pas derrière l'argument de la foi chrétienne est comme officier de cavalerie qui préfère charger à cheval plutôt qu'avec un char blindé.

    Les petits profanateurs de tombes ridicules ne sont d'aucune utilité à Satan, sauf pour faire diversion. Ces gosses sont simplement aliénés, suivant les méthodes éducatives modernes : ils ignorent où est la vertu, et qu'elle est bien plus satanique que le vice. Ce sont des boucs émissaires.

     

     

  • Fin du Monde

    Ce qui garantit la fin du monde occidental n'est pas tant ses errements économiques ou écologiques, comme on dit aujourd'hui, que l'étouffement de la science par les sciences sociales ; c'est en effet ce que cache l'expression de "science sociale" - l'idolâtrie de la science. Comme l'idolâtrie est le contraire de l'amour, l'idolâtrie est le contraire de la science.

    Cette haine occidentale de la science, sous couvert d'apologie, est un phénomène auquel il est difficile de ne pas accorder une cause surnaturelle. L'explication que donne Nitche à la décadence dans son chapitre "Humain, trop humain", si elle fournit quelques clefs et pistes, ne débouche pas moins sur une impasse (*comme je l'ai déjà expliqué sur ce blog dans plusieurs notes, comment attribuer le cancer de l'anthropologie au christianisme, alors même que les écritures saintes s'opposent à un quelconque calcul anthropologique).

    Les écologistes admettent en général qu'il est aussi difficile de remédier à la gabegie économique de l'Occident qu'il est facile d'en faire le constat. Tous ne voient pas à quel point les élites politiques sont contraintes par la fatalité, comme un paquebot lancé à vive allure vers un iceberg aperçu trop tard. Il est aussi difficile pour un homme politique d'être écologiste que d'être honnête, au stade populiste de la civilisation occidentale.

    Eh bien, ce qu'il est impossible de faire dans le domaine, somme toute primaire de l'économie, on peut encore moins concevoir que cela puisse être accompli dans le domaine de la science ; en effet, si la gabegie économique représente une menace, à terme, pour les élites politiques, la science, quant à elle, n'est d'aucun profit social ou politique. Shakespeare et Marx ont montré à quel point l'histoire et l'art politique sont deux domaines étrangers l'un à l'autre. On ne peut retirer aucune leçon de l'histoire sur le plan politique, mais seulement sur le plan individuel. Jamais aucune leçon n'a été retirée de l'histoire sur le plan politique, bien que la culture totalitaire s'efforce de démontrer l'inverse.

    Il est légitime de se demander, à la suite de Bacon-Shakespeare, si l'attentat contre la science n'est pas la finalité poursuivie par la civilisation occidentale. Le progrès de la science, explique Bacon, se heurte à la condition humaine, et par conséquent à la politique, dans la mesure où celle-ci n'a pas d'autre but que de procurer à l'humanité un certain équilibre, compte tenu des lois de la biologie. Or la politique moderne s'appuie sur les sciences sociales, ce qui fait d'elle une politique, non pas seulement étrangère au domaine scientifique, mais hostile. La prétention de la politique occidentale totalitaire est d'apporter un remède à la condition humaine. Cette prétention ou cette promesse est comme un poison versé dans l'oreille du peuple.

    On objectera que la fin de la civilisation occidentale insane n'est pas la fin du monde à proprement parler. On objectera que la civilisation peut repartir de zéro, voire qu'il y a eu au cours du temps des civilisations-champignons, comme il y a des villes-champignons.

    Ce serait manquer d'observer ce qui fait la caractéristique de l'Occident moderne, à savoir non seulement la domination du reste du monde par la force et par la ruse démagogique, mais en outre l'Occident moderne se présente comme une civilisation ultime et définitive, une solution heureuse au monde.

    Les civilisations et les nations ne sont pas seulement menacées par la folie et l'aliénation, les catastrophes écologiques provoquées par la gabegie d'élites orgueilleuses, elles le sont aussi par la science.

     

     

     

     

  • Athéisme(s)

    S'il a pu autrefois s'élever au niveau de la critique, l'athéisme ne paraît plus que superstition désormais. Pour décrire l'athéisme religieux voire dévot, on pourrait parler "d'athéisme porteur d'espoir". La cause de cette culture athée est sociale ; son clergé les fonctionnaires en charge de l'instruction des jeunes Français. Suivant l'observation de Marx ou Péguy, le curé s'est métamorphosé en instituteur ; il faut mentionner ici une nouvelle étape de la métamorphose : la publicité, qui au cours des dernières décennies a ôté aux milices enseignantes une part de leur pouvoir de modeler les consciences.

    - Ni les philosophes des Lumières, ni la Révolution française ne sont "athées" au sens où on l'entend communément aujourd'hui. L'esprit chrétien de la Révolution française, suivant la thèse hégélienne, n'en est pas moins contestable - mais elle ne l'est pas plus.

    On ne rencontre plus d'athée comme Diderot, espèce en voie de disparition. L'athéisme de Diderot ne s'oppose pas directement à la foi chrétienne de Rousseau ou au déisme de Voltaire. Diderot confronte la doctrine catholique aux écritures saintes et met ainsi la doctrine catholique en face de certaines contradictions manifestes. Cette méthode de contestation, mise en oeuvre par plusieurs philosophes des Lumières (Voltaire souligne ainsi l'incohérence théologique des propos de B. Pascal) est complètement désuète ; plus aucun athée ne procède ainsi, car la plupart des athées aujourd'hui sont des dévots, ignorant à la fois les évangiles et la doctrine catholique romaine. En s'embourgeoisant, le savoir est devenu une vague culture, offrant peu de résistance à la propagande cinématographique.

    Il convient de parler d'athéismes "au pluriel", car il existe plusieurs types de "consciences athées" différentes, voire opposées. L'athéisme-satanisme de Nietzsche (contre-culture relativement vivace aux Etats-Unis) met en lumière cet aspect ; en effet, du point de vue nitchéen, c'est le christianisme qui est un athéisme, et le satanisme qui est une religion authentique, rationnelle et bénéfique du point de vue social. L'intérêt de Nitche (par rapport à Diderot),  tient à ce qu'il est un doctrinaire. Son éducation protestante lui permet de comprendre l'absurdité de la notion de "culture chrétienne". Le mépris du Messie des chrétiens pour la culture est, de fait, absolu.

    L'athéisme comme produit ultime de la culture chrétienne est la forme d'athéisme désormais la plus répandue, la plus proche de la superstition. C'est un tel athéisme que la notion de laïcité recouvre ; le nom de "pacte bourgeois" conviendrait mieux à la laïcité, ses curés et ses adjudants. Cette culture n'ira pas au-delà de la faillite des banques.

    L'athéisme de Marx, enfin, est une notion incertaine, même si les staliniens croient dur comme fer dans cet athéisme. Marx est avant tout un esprit critique ; par conséquent, si l'esprit critique est un don humain, on peut dire Marx "athée" ; mais si vous pensez comme moi que l'esprit critique est une chose divine, dans ce cas la réputation d'athée faite à Marx est abusive.

    Il convient de se demander ici si Satan ne confère pas aussi l'esprit critique ? La réponse chrétienne est : non : Satan est ce dieu qui ne tient pas à ce que ses fidèles en sachent trop sur lui. La science dispensée par Satan se limite au savoir-vivre, c'est pourquoi une majorité d'hommes sensés se prosternent devant lui. 

  • Christianisme & Histoire

    Les chrétiens se comportent ordinairement comme s'ils étaient les seuls détenteurs de la vérité historique. J'ai récemment échoué à expliquer pourquoi à l'auteur d'un blog réactionnaire et néo-païen.

    Tentons donc d'y remédier ici. Il ne s'agit pas de nier l'existence d'historiens païens dans l'Antiquité, capables de relater avec exactitude des événements politiques majeurs. Mais l'apocalypse chrétienne, récit mythologique, indique que le monde a une issue, ce qui fait une différence radicale avec la culture de vie païenne qui postule le sempiternel recommencement du monde, et l'organisation sociale suivant les lois de la biologie (transposées dans l'ordre politique et culturel). La doctrine néo-païenne de Nietzsche proscrit ainsi logiquement l'Histoire. L'Histoire ne peut qu'être une mystification chrétienne selon Nietzsche, qui rejeta son éducation protestante jusqu'à se faire le porte-parole du satanisme.

    Tandis que le but d'un "historien chrétien" sera de mettre à jour et d'élucider le sens de l'histoire, c'est une tout autre fonction que l'historien païen donnait à l'histoire - une fonction essentiellement morale et politique. On reconnaît au contraire l'historien chrétien authentique dans la quête d'une vérité universelle qui dépasse le registre terre-à-terre (anthropologique) de la politique et de l'éthique.

    Cela peut paraître étonnant à ceux qui conçoivent l'Histoire comme une science moderne, fondée sur la précision des faits, mais l'histoire chrétienne se présente sous la forme d'un récit mythologique synthétique. Elle n'est pas une science humaine.

    L'apocalypse et l'eschatologie dérangent les plans de tous les soi-disant chrétiens occupés à tirer parti du message chrétien sur le plan politique, et qui bravent ainsi effrontément la parole divine, probablement incrédule dans le châtiment de dieu.

    L'apocalypse a ceci d'extrêmement dérangeant pour les élites des nations dites "chrétiennes" qu'elle prive ces élites d'une quelconque légitimité. C'est ce qui explique que l'apocalypse, au cours de l'ère chrétienne, ait pu être occultée, minimisée, sabotée, en dépit de sa logique concordante avec les évangiles admis officiellement.

    Bien que le clergé catholique romain soit beaucoup plus suspect de vouloir jeter le voile sur l'apocalypse, en raison de la collusion notoire de ses hauts dignitaires avec telle ou telle élite politique, l'exemple du luthéranisme est beaucoup plus significatif. En effet, la réforme protestante s'est d'abord appuyée sur l'apocalypse afin de dénoncer l'iniquité des papes romains siégeant à Rome dans des pamphlets illustrés restés célèbres. De fait, l'apocalypse insiste particulièrement sur le détournement de la foi chrétienne au cours de l'histoire. Devenu ensuite la religion officielle de nombreux Etats germaniques ou nordiques, le luthéranisme et son clergé se sont peu à peu débarrassés de l'argument eschatologique, obstacle pour ériger le protestantisme à son tour en culte national.

    L'Histoire chrétienne est donc destructrice de l'idée de "civilisation chrétienne" ; à cet égard, la philosophie chrétienne hégélienne est une imposture aisément décelable pour un chrétien, qui ne s'étonnera pas qu'elle ait force de dogme dans l'Occident moderne - de substitut aux anciens dogmes catholiques romains. Le chrétien ne s'attend pas à la manifestation de la vérité ou de la paix sur la terre, mais bien plutôt au triomphe de l'Antéchrist dans le monde.

    On pourrait citer de très nombreux littérateurs ou artistes soi-disant chrétiens hostiles à l'apocalypse. Il est préférable d'indiquer que la croyance dans la survivance de l'âme au-delà de la mort, reliquat de l'ancienne foi païenne, permet de confondre ces littérateurs.

    Il s'agit-là en effet d'un "emprunt" (parfaitement illégitime) à la culture païenne. L'eschatologie chrétienne et le sens apocalyptique de l'histoire sont RADICALEMENT INCOMPATIBLES avec un tel mysticisme, dont on peut constater qu'il a persisté bien au-delà de l'emprise légale du clergé catholique romain. Cette persistance indique la nécessité, sur le plan social, d'une telle foi, au contraire de l'histoire dont l'usage est nul sur le plan social.

    De très nombreux indices permettent de reconnaître en Shakespeare un historien chrétien authentique. A commencer par son entreprise de démolition systématique du "roman national" britannique.

    Peintre habile, peu soucieux du sens de l'Histoire et de la révélation, l'historien tirera au contraire des événements historiques une fresque propice à justifier la culture nationale. Shakespeare invite à voir au-delà de l'apparence trompeuse de "l'Occident chrétien".

  • La possédée d'Avila

    Thérèse d'Avila (1515-1582) est une nonne (carmélite) originaire de Castille, proclamée sainte par l'Eglise romaine au début du XVIIe siècle, et docteur de cette Eglise de surcroît.

    Les ouvrages de cette nonne sont publiés désormais dans la collection Pléiade, censée incarner le raffinement de la culture française moderne.

    Thérèse d'Avila est communément présentée comme une religieuse mystique catholique. Or le christianisme est la religion la moins mystique de tous les temps, puisque c'est une religion apocalyptique, c'est-à-dire une religion du dévoilement de dieu à ses fidèles "à la fin des temps".

    Le qualificatif de "mystique" pose d'emblée problème. Les soi-disant historiens qui en usent pour Th. d'Avila ignorent manifestement le sens des évangiles et du christianisme.

    Il faut évoquer ici un autre aspect, lié au mysticisme religieux, à savoir le caractère sacrificiel de ce type de religion ; une des preuves que le christianisme n'est pas mystique, c'est qu'il met un terme définitif au rapport sacrificiel que les dévots entretiennent avec leur(s) divinité(s) ; que l'on se souvienne ici de la colère de Jésus dans le temple juif contre les pharisiens - ou plutôt : que les soi-disant chrétiens qui prétendent que le christianisme est un culte mystique s'en souviennent !

    Le christianisme n'est pas non plus "moderne", car il affranchit du rapport mystique et sacrificiel entre le citoyen moderne et l'Etat, c'est-à-dire un dieu qui, en comparaison des anciennes divinités païennes, est plus abstrait (les objets de culte que sont les oeuvres d'art modernes le sont aussi pour cette raison).

    Le christianisme souligne par contraste que la sexualité est le fondement des cultes mystiques païens. Si le christianisme, pour sa part, n'est pas mystique, c'est parce qu'il est "indéterminé sexuellement", pourrions-nous dire pour employer le vocabulaire moderne. La spiritualité chrétienne évangélique est PURE DE TOUT MOTIF CHARNEL. Il est important de le souligner, à l'heure où les évêques romains font l'apologie de la fornication (je pense ici par exemple à ladite "théologie du corps" apostate de l'ancien souverain pontife polonais Jean-Paul II).

    Thérèse d'Avila mérite-t-elle cette réputation de "mysticisme", terme que le chrétien peut assimiler au vu des saintes écritures à la possession satanique ? Il faut dire ici que la pente naturelle de chacun des individus de chair et de sang que nous sommes est au mysticisme, à nous forger des idoles et des espoirs en conformité avec notre appétit sexuel. Aussi peut-on dire que le christianisme authentique a aussi peu d'adeptes que la science "consciente" (consciente de quoi ? consciente du caractère mystique des "nouvelles technologies").

    Or de nombreux indices laissent penser que le mobile de Thérèse d'Avila fut sexuel, c'est-à-dire anthropologique. Non seulement la statue du sculpteur baroque/décadent Le Bernin, représentant cette nonne en extase, mais d'autres indices d'une foi marquée par le préjugé médiéval. La dissociation anthropologique, mais non scientifique, entre le corps et l'âme, est en effet un héritage des mystères de l'ancienne Egypte, véhiculés par Platon, puis par le monachisme catholique occidental au moyen-âge. Un tel mysticisme n'a aucun fondement évangélique.

    La dévotion particulière de Thérèse d'Avila pour "le Christ à la colonne", ainsi que les prétendus "exercices spirituels" masochistes qu'elle conseille à ses consoeurs, signale là encore un mobile sexuel. Le masochisme est en effet emblématique, non pas du christianisme mais de l'aspiration sexuelle féminine à l'autodestruction, caractéristique de l'éthique moderne totalitaire (propice pour cette raison aux massacres d'Etat et aux génocides).

    Si Thérèse d'Avila séduit toujours les élites cultivées, en dépit du caractère médiéval et catholique de sa doctrine, c'est pour la raison que la culture moderne totalitaire, bourgeoise et démocratique, emprunte largement à la culture médiévale catholique.

    Je crois en outre que Thérèse d'Avila est appréciée au sein de la secte psychanalytique pour la raison suivante : on peut l'étudier sous l'angle de sa psychose masochiste et du refoulement d'une sexualité trop virile et extériorisée. De plus les adeptes de la psychanalyse ont conscience que mettre en avant le mobile sexuel d'une prétendue théologienne ou docteur de la foi catholique revient à faire la preuve de l'athéisme de sa doctrine, c'est-à-dire du caractère anthropologique de son propos. Evincer dieu peut être un moyen pour le clerc, le thaumaturge ou le sorcier, le philosophe, d'accroître son pouvoir.

    La meilleure preuve de la possession satanique de Thérèse d'Avila est sa propre interrogation sincère à propos des manifestations de son mysticisme. La nonne s'est en effet demandée si elle n'était pas le jouet du diable. La part du miracle demeure en effet immense dans une société, la nôtre, qui n'a exploré qu'une faible part du cosmos - je dirais même plus, dans une société dont la communauté scientifique est incapable de donner une définition ou une explication de l'intelligence humaine, par conséquent de la conscience. Notre société moderne, en particulier, donne raison à J.-J. Rousseau lorsqu'il fait l'observation que le développement des sciences humaines entraîne un recul paradoxal de la connaissance de l'être humain.

    Or ce doute - suis-je possédée ou non ? - n'est pas chrétien. En effet, comment l'apôtre Paul pourrait-il faire une description dans ses épîtres de l'antéchrist et de sa domination sur le monde, s'il était possédé ou ne serait-ce qu'en proie au doute ? Je prends exprès l'exemple de Paul, car les esprits modernes lui vouent une haine tenace, pour une raison précise - Paul de Tarse, pour se plier à l'exigence catholique du Messie, a aboli le clergé ; or il n'y a pas de culture plus cléricale et scolastique que la culture moderne.

    Ajoutons que Shakespeare est le meilleur antidote au mysticisme catholique, dont il met à jour dans de nombreuses pièces la racine sociale ou anthropologique, et par conséquent antichrétienne.

  • Satan dans l'Eglise

    Les médias font actuellement de la publicité à une affaire de moeurs impliquant un haut dignitaire de l'Eglise romaine. Le nonce apostolique Mgr Wesolowski, représentant de l'évêque de Rome en République dominicaine, est en effet soupçonné d'avoir séduit (avec de l'argent) et abusé sexuellement de jeunes garçons à maintes reprises. Dénoncé en République dominicaine, il était retourné à Rome. Le scandale public oblige la police et les juges du Vatican à la juger prochainement.

    Quelques remarques à propos de ce fait divers s'imposent ; mais d'abord notons l'attitude ambiguë des médias, qui condamnent officiellement la violence et les débordements sexuels, en même temps qu'ils tirent des profits gigantesques du spectacle qu'ils offrent et de la fascination du grand public pour ce type de spectacle, sans doute moins sanglants que les jeux du cirque, mais qui jouent néanmoins un rôle politique de sidération des masses.

    - Mgr Wesolowski est un représentant de l'évêque de Rome et non de Jésus-Christ. Un fait simple l'indique : il n'y a pas de "monsignore" ni de haut dignitaire dans l'Eglise de Jésus-Christ, qui a demandé à ses apôtres de ne pas l'appeler "maître" mais "frère", et exigé d'eux qu'ils n'appellent "père" que dieu seul. L'exigence évangélique diffère radicalement de l'exigence sociale dont dérive l'Eglise romaine. Dans cette affaire, l'Eglise catholique s'est comportée comme une institution. En effet, TOUTES LES INSTITUTIONS s'efforcent de dissimuler leurs infractions et leurs crimes quand elles en commettent, au nom de la préservation de l'institution. Aucune institution n'est transparente, de même qu'aucune élite ne l'est.

    - Le prochain procès de ce Mgr Wesolowski par les autorités judiciaires du Vatican est une parodie de procès : aucun tribunal humain ne peut se prévaloir de Jésus-Christ ou de Dieu qui, seul, sonde les coeurs. L'origine du scandale est dans cette officialité chrétienne, et c'est exactement là que se loge le satanisme, opérant son oeuvre de division des hommes et d'occultation de la vérité. De surcroît, il est impossible sur la foi des évangiles de définir une sexualité "normale", et par conséquent d'autoriser ou de prohiber tel ou tel comportement sexuel.

    C'est là le point de départ de l'aliénation mentale du clergé catholique. En effet, pourquoi Jésus-Christ est-il chaste ? Parce que c'est un homme libre, et c'est cette liberté qui en fait un être divin. La chasteté du Messie est la conséquence de son immortalité, et non sa cause. Le principe de la chasteté du clergé romain est par conséquent irrationnel et non évangélique.

    - Il semble utile de remarquer que la doctrine catholique, en fait de christianisme, véhicule une philosophie platonicienne dont le clergé catholique est largement imprégné depuis le moyen-âge. Or Platon, non seulement est pédéraste, mais justifie le bienfait de la pédérastie sur le plan de sa vocation philosophique. La pédérastie, explique-t-il, le "libère" des obligations familiales qui sont le lot de beaucoup d'hommes, le rendant ainsi plus disponible pour les oeuvres civiques. Au regard de la culture grecque, le propos de Platon n'est pas indécent. Mais l'on peut redouter l'influence de la philosophie platonicienne sur les moeurs du clergé catholique, dans un contexte où le commerce sexuel pédérastique n'est pas organisé, comme il fut du temps de Platon.

    Les évangiles, quant à eux, n'ont AUCUNE VOCATION CIVIQUE OU SOCIALE. La porte est fermée dans le nouveau testament à toutes les tentatives de réduire le message du Messie au plan social, avec une fermeté et une intransigeance éternelles.

    - S'en remettre à la psychologie et à l'art psychanalytique pour choisir de retenir ou d'éliminer tel candidat au sacerdoce catholique romain, suivant la proposition de l'ex-évêque de Rome J. Ratzinger est une suggestion parfaitement inepte. La psychanalyse n'est pas plus scientifique que les probabilités économiques ne le sont. Il faut beaucoup de superstition pour faire confiance à la psychanalyse, et cette superstition-là n'est pas chrétienne. Elle est allemande. Où sont les preuves de l'efficacité de la psychanalyse en termes de prédiction ? Beaucoup plus nombreuses sont les preuves de son inefficacité. L'aliénation mentale recule-t-elle aux Etats-Unis, nation superstitieuse où les médecins psychiatres sont tenus pour des savants et la psychanalyse pour une science ? Aux Etats-Unis, dont la population vit très largement sous une camisole chimique ?

    En somme, pour avoir confiance dans la psychanalyse, il faut être platonicien.

    - Un dernier point. La condamnation de l'abus sexuel commis sur des enfants, comme un crime d'une gravité extrême, par les représentants d'une société dont la culture concourt largement à l'infantilisme, revêt le caractère d'extrême tartuferie. Les enfants sont en effet les premiers sacrifiés sur l'autel de la vanité de l'Occident.

     

  • Insecte

    Modernité = ce qui meurt bientôt.

    La mort est la grande actionnaire du monde moderne. 

  • Contre Einstein

    - De tout temps la science a eu un impact sur la théologie, et la théologie un impact sur la science. Si la théologie semble avoir été mise entre parenthèses depuis un ou deux siècles en Occident, c'est parce que le progrès scientifique est devenu peu à peu un objet de foi.

    Autrement dit, religion et foi sont amalgamés dans la "culture scientifique" moderne ; l'expression même de "culture scientifique" est une expression plus religieuse que scientifique, bien qu'elle soit largement admise. Il n'est pas rare que telle hypothèse scientifique moderne soit doublée d'un "credo" religieux ; ainsi certains théoriciens du transformisme biologique (évolutionnisme) professent simultanément leur foi dans la démocratie.

    On peut le constater en les étudiant, tous les savants modernes, qualifiés de promoteurs ou pères de la science moderne, étaient également "théologiens", c'est-à-dire préoccupés par des questions théologiques et la correspondance de leurs hypothèses scientifiques avec la bible. On peut citer les hypothèses du mathématicien Galilée sur la forme de l'enfer ; on pourrait citer une foule d'exemples. Ces préoccupations théologiques ne signifient pas que tous ces savants étaient des théologiens rigoureux, mais témoignent de la conscience de l'interaction entre la science et la foi religieuse ou la théologie.

    - Il n'y a donc rien d'étonnant à ce que des questions d'ordre religieux ou théologique aient été posées à A. Einstein, mathématicien connu pour une théorie relativement obscure dite de la "relativité". C'est plutôt le contraire qui est étonnant, à savoir que le célèbre mathématicien n'ait accordé qu'un intérêt limité à la théologie. A. Einstein est un homme de son temps, contemporain de nouvelles croyances et religieuses telles que la foi dans le progrès social ou la démocratie. Ses opinions sur le christianisme, le judaïsme, et même Spinoza qu'il disait admirer, sont assez vagues et contradictoires.

    - Je ne crois pas que A. Einstein soit le "génie de la science", proclamé tel un peu partout, y compris dans l'université. A. Einstein est certainement l'héritier des mathématiciens et des mathématiques modernes (XVIIe) et sa théorie de la relativité confère aux technocraties modernes une sorte d'aura scientifique. L'objection scientifique n'est pas tant contre Einstein lui-même que contre les "mécaniciens" et la validité de la modélisation mathématique de l'univers. La "géométrie algébrique", rhétorique pure, véhicule un préjugé en faveur du temps, préjugé que la science d'Einstein porte à son paroxysme. Bien sûr aucun esprit scientifique ne peut souscrire au dogme sur lequel l'hypothèse d'Einstein débouche, suivant lequel le prisme humain, l'intelligence humaine, contient l'univers, sous le seul prétexte qu'elle en contient une définition.

    "Je ne crois pas à l'immortalité de l'individu, et j'estime que l'éthique est d'un usage strictement humain, sans autorité supérieure à l'homme derrière." A. Einstein

    Profession de foi athée assez banale. Einstein n'admet pas l'autorité supérieure de la nature en matière d'éthique, ce qui peut sembler curieux pour un physicien et est sans doute caractéristique de la culture bourgeoise moderne et de sa foi dans le progrès. Il n'y a pas "d"éthique chrétienne", car il n'y a pas d'éthique ou de morale "universelle".

     

  • Intolérance chrétienne

    Le Christ se montre le plus intolérant avec la bêtise humaine. Pour ma part je songe avec assez d'effroi à la bêtise qui fut la mienne lorsque j'avais une vingtaine d'années et que je poursuivais plusieurs lièvres à la fois sans m'en rendre compte : le bonheur, l'art, l'amour, l'art, la liberté, etc., égaré dans le labyrinthe de la culture moderne.

    Ainsi le Christ est parfaitement intolérant là où la politique, cette science humaine, par l'homme et pour l'homme, se montre, elle, tolérante. Non seulement la bêtise humaine ne nuit pas au gouvernement des hommes, mais les hommes intelligents sont plus difficile à gouverner. Au stade totalitaire, l'encouragement à la bêtise constitue même un mode de gouvernement inspiré du machiavélisme démagogique romain.

    Une querelle divisait les savants de la chrétienté, avant notre ère totalitaire (dont on peut dater le début au XVIIe siècle et l'avènement des mathématiques dites "modernes"), à propos de la Genèse et de "l'arbre de la connaissance". Le clergé catholique, artisan de la compromission avec le pouvoir politique et moral civil tenta d'associer la science au péché, quand bien même c'est la bêtise qui l'est, "science politique" y compris. Francis Bacon répond que "l'arbre de la connaissance du bien et du mal" n'est pas le symbole de la science, mais de l'éthique, de la philosophie naturelle. Le serpent dans l'arbre le confirme, symbolique lui aussi de la culture de vie.

    La philosophie naturelle satanique de "l'éternel retour" est un veto opposé à la science et à l'histoire. La nature indique un "bon sens" moral et politique ; la science en montre un autre.

     

  • Anarchie et christianisme

    Dans une gazette, un anarchiste d'aujourd'hui s'étonne : - Comment un chrétien pourrait-il se ranger derrière la devise : "Ni dieu, ni maître !" ?

    Il ne s'est donc pas avisé que le seul dieu qui justifie les maîtres, c'est Satan. C'est sans doute pour éviter tout quiproquo que Jésus-Christ a demandé à ses apôtres qu'ils cessent de lui donner du "maître".

    Quant à ce nouveau maître à la mode, "le peuple souverain", prothèse des puissants de ce monde, cet anarchiste pourra vérifier que les évangiles ne fournissent aucune caution à la démocratie. Si les démocrates-chrétiens ne manquent pas de culot, ils n'ont aucun fondement.

    Et la révolution, dont la démocratie est le fruit ? On peut lire l'anarchiste chrétien Shakespeare qui dit : - La révolution revient au même... et vérifier si Shakespeare a menti.

  • Anarchie et christianisme

    Refuser de s'inscrire dans une perspective d'avenir, c'est refuser de faire partie de la société.

    "Celui qui veut sauver sa vie la perdra." dit l'évangile, afin de préserver l'homme de toute rêverie politique.

    "Laissez les morts enterrer les morts." est de surcroît dissuasif d'avoir foi dans une quelconque doctrine sociale, car il n'y a pas de société sans culte des morts, y compris les sociétés qui se définissent comme étant "irréligieuses" ou laïques.

    C'est pourquoi le philosophe réactionnaire F. Nietzsche définit à juste titre la religion chrétienne comme une religion essentiellement anarchiste. S. Freud vilipende la religion de Moïse à peu près pour la même raison. En revanche Nietzsche est de mauvaise foi quand il accuse les chrétiens d'avoir inventé l'éthique moderne, sans doute catastrophique.

    Face à l'anarchiste Jésus-Christ, Ponce-Pilate ne peut que se moquer : qui est donc ce "roi des rois", dont le royaume n'obéit pas aux lois de la nature ? Pourquoi craindrait-il ce souverain indifférent à la justice des hommes ?

    A mesure que le monstre de la doctrine sociale chrétienne enfle, au gré du temps et suivant l'avidité du monde, les évangiles deviennent de plus en plus énigmatiques et inexplicables par les curés.

    "Ne croyez pas que je sois venu apporter la paix sur la terre." dit le Messie. Que vise la doctrine sociale de l'évêque de Rome, si ce n'est la paix sur la terre ?

  • Banalités pendant l'été

    Des proches me font déjà remarquer, à demi ironiques, que j'évoque parfois les artistes, écrivains ou philosophes du passé, comme si je les avais côtoyés. C'est mon côté "nécromancien".

    Cette remarque tient au mélange de détails que je donne et, j'espère, à mes efforts pour faire des portraits concis et les moins subjectifs possible.

    Je dois répondre que, si la jouissance et le bonheur obligent à tenir compte du temps qui passe, la science, elle, ne peut tenir compte de la mode.

    Parmi les préjugés qui m'amusent chez les personnes plus marquées par l'esprit du temps que moi, l'idée selon laquelle les générations futures auront une meilleure compréhension de notre époque que nous-mêmes avons. Ce n'est pas très pratique ! C'est une idée qui reflète la connerie mathématique ou cartésienne, l'empreinte de ce raisonnement débile sur mes contemporains. Le temps n'est pas facteur de progrès.

    Un théoricien de la conscience et de l'inconscient a cru remarquer que les hommes ne veulent pas admettre volontiers qu'ils agissent inconsciemment. Ce théoricien y voit la preuve de l'attachement viscéral de l'homme à la liberté. Ce théoricien a mis à part sans s'en rendre compte toutes les élites modernes, et encore toutes les personnes qui font crédit à telle ou telle doctrine sociale plus ou moins hypocrite. Le mouvement des sociétés est inconscient - plus encore celui de la société moderne.

    Qui plus est, je justifie ma nécromancie comme ceci : les artistes, écrivains, philosophes, savants du passé, se dérobent beaucoup moins à la connaissance que la plupart de mes proches ou de mes contemporains. Il est une qualité que l'on retrouve peu aujourd'hui, c'est la naïveté. Encore moins chez les femmes, bien sûr, puisque c'est la profession des femmes de vivre aux dépends de la naïveté des hommes (ainsi les femmes n'aiment guère les hommes trop féministes, car ils sont de deux espèces : ou bien trop crédules et faibles, ou bien beaucoup trop rusés).

    Ce qui rend les femmes aussi énigmatiques, et inintéressantes par conséquent, à moins d'aimer les casse-têtes, c'est leur faculté à se mentir à elles-mêmes.

    Mes proches, pour beaucoup d'entre eux, sont des fantômes insaisissables.

     

     

  • Histoire contre économie

    J'écoute pendant quelques minutes le discours du guide suprême des Français, F. Hollande, à l'occasion de la fête nationale du 14 Juillet.

    Il est frappant de constater comme, à propos de l'Europe et du "rattrapage des Grecs" par les basques, le chef de l'Etat tient un discours sentimental. Un lycéen de classe terminale, même seulement vaguement initié aux arcanes de l'économie, peut en faire l'observation : l'Europe est un conglomérat d'intérêts industriels et bancaires, un point c'est tout. La faillite de l'Europe, son échec à former un pacte solide, tient largement à ce que ce pacte intervient à contretemps dans le processus de mondialisation de l'économie. Autrement dit, il ne reste plus qu'à espérer, c'est-à-dire à s'en tenir au degré zéro de la conscience.

    Le discours de F. Hollande est donc comparable à celui des béjaunes qui, autour du coït, brodent des tapisseries de niaiseries sentimentales, et qui, si la réalité ne vient leur botter les fesses un jour, auront vécu toute leur vie dans l'illusion, ainsi que des fantômes.

    Le terrain de l'économie est également celui où l'on remarque l'extrême condescendance de la bourgeoisie et de ses représentants à l'égard du peuple. Somme toute, l'économie n'est faite que d'actes primaires (il est aisé de prouver que l'homme descend du singe si l'on s'en tient au registre des actes économiques) : en dépit de cela, les élites se comportent comme s'il s'agissait là d'un sujet trop important pour qu'il n'échappe aux yeux du peuple, qui doit se contenter des billevesées sentimentales de son guide suprême et de ses acolytes versés dans les statistiques.

    Cette condescendance est bien sûr mêlée d'hypocrisie. Il y a lieu de croire que F. Hollande est beaucoup moins sentimental que la plupart de ses électeurs, et mieux au fait de la réalité de la guerre sans merci qui se joue à travers l'économie - il faudrait dire la guerre "totale". Parler d'économie en pleine parade militaire est, en revanche, adéquat. L'hypocrisie est faite pour ménager la place et le symbole de la démocratie, comme le discours du Tartuffe ménage dieu.

    - Des journalistes, des professeurs, des politiciens véreux, font parfois passer l'historien K. Marx pour un économiste. Mais l'un des principaux mérites de la critique marxiste est de faire valoir l'antagonisme de l'économie et de l'histoire. Marx contredit radicalement Hegel (c'est ici un point essentiel complètement occulté par la science scolastique française) et sa démonstration du progrès accompli par l'Europe depuis les "Lumières" en produisant la démonstration contraire que l'évolution brutale et violente de la société occidentale a principalement une cause économique. Exit le "sens de l'histoire" idéologique forgé par Hegel (dont la manifestation la plus familière est l'art moderne conceptuel, présenté par Hegel comme une preuve de progrès).

    Le ressort essentiel de l'économie prive donc la bourgeoisie de la conscience historique. L'étude économique de Marx incite à antidater l'essor du régime bourgeois et à ne pas tenir compte du "détail" de la prise de la Bastille, pittoresque et mystique ; dater l'essor de la bourgeoisie du XVIIe siècle, c'est tenir compte de l'éradication préalable des pouvoirs intermédiaires dans la constitution de l'Etat totalitaire bourgeois. Lénine a eu conscience a posteriori, il l'a écrit noir sur blanc, d'avoir accompli en Russie une oeuvre similaire à celle accomplie par Louis XIV.

    Marx n'est pas non plus "keynésien", puisqu'il détruit l'idée démagogique sur laquelle repose l'incitation aux politiques keynésiennes, à savoir l'encadrement de la finance par l'Etat et ses fonctionnaires. Cette démagogie est proche de la nullité où se situe ladite doctrine sociale de l'Eglise catholique en matière économique, ou encore de l'extrême-gauche syndicaliste. Le marxisme ne nie pas la configuration irrémédiablement brutale et inégalitaire des sociétés. C'est d'ailleurs ici le point de convergence entre Marx et Balzac : s'il y a une issue à l'abomination du monde, elle ne peut pas être sociale, puisque la racine de l'abomination est sociale.

    Marx n'est pas un économiste, enfin, car la critique marxiste, contrairement au stalinisme, n'oriente vers aucune thérapie économique. Marx se veut scientifique, et non un de ces économistes dont les ressources n'excèdent pas celle d'une voyante et sa boule de cristal, dont tout l'art est de faire passer leur ignorance pour un savoir.

    Le philosophe réactionnaire F. Nietzsche qualifie la culture occidentale judéo-chrétienne de "culture de mort" (d'où son féminisme). Une analyse de son économie mène au même constat. La soumission au calcul économique est une forme de fatalisme, non pas vertueux comme celui des cultures de vie païennes traditionnelles, mais indexé sur la mort. Shakespeare, dont le parrainage est indiscutable sur Marx, le dit déjà en des termes plus tranchants : la culture spéculative occidentale s'oppose en vain à la mort.

    Ce que cherche l'historien Marx, ce ne sont pas de bonnes pratiques économiques, mais bien plutôt à échapper au paradigme économique. Quelle activité peut s'exercer en dehors même du carcan de l'économie (c'est-à-dire du sexe) ? Marx répond : la science et l'histoire. 

     

  • Du culte laïc

    Dans la mesure où elle est étroitement liée à ce qu'il est convenu d'appeler "existentialisme", la laïcité mérite le même épithète "d'onanisme" attribué par Marx à la philosophie boche moderne. "Onanisme", parce que Marx n'ignore pas que tout ce remugle de philosophie remonte au moyen-âge et à un branlement de moines mélancoliques.

    Un article publié dans "Le Monde" fustigeait récemment "l'intégrisme laïc", en raison de l'intolérance de ses adeptes ; le principe de responsabilité incite au contraire à inculper le haut clergé laïc, et non les petits frères prêcheurs de la laïcité les plus radicaux. Le haut clergé laïc est beaucoup plus près de savoir l'ineptie du culte mystique laïc, son absence de fondement historique (la philosophie des Lumières n'est pas une philosophie "laïque"), en même temps qu'il en tire un profit beaucoup plus grand que le bas clergé "intégriste".

    La laïcité cache-t-elle, comme certains le prétendent, un culte maçonnique ? Deux faits indiquent le contraire : - de très nombreux démocrates-chrétiens se revendiquent "laïcs" (contre l'interdiction messianique de servir deux maîtres à la fois) ; la laïcité ne va donc pas nécessairement de pair avec un antichristianisme ostentatoire ; par ailleurs la franc-maçonnerie est très loin d'être incompatible avec un régime théocratique, ainsi que l'illustre l'exemple sinistre de Napoléon Ier ; la franc-maçonnerie est même une philosophie essentiellement théocratique. La France laïque n'est pas plus "maçonnique" que ne le sont les Etats-Unis théocratiques et démocrates-chrétiens. Ajoutons que la franc-maçonnerie n'est pour rien dans l'avènement de l'anthropologie, dont le culte laïc est un produit dérivé. La franc-maçonnerie n'est pas un facteur de "modernité", c'est l'Eglise catholique qui l'est.

    Autrement dit, il y a une feuille de papier à cigarette entre la "démocratie-chrétienne", qui est une sorte de "franc-maçonnerie chrétienne", et le régime de la laïcité française, prétendument neutre sur le plan religieux. On comprend que les mahométans ne soient pas dupes d'une telle casuistique.

    Pour que le régime laïc soit un régime "tolérant", sous-entendu "neutre", il faudrait que l'anthropologie moderne soit neutre. Or elle ne l'est pas ; pas plus que la science-fiction moderne n'est une science "neutre".

    D'un point de vue historique, le régime laïc peut se traduire comme un régime théocratique qui refuse de se reconnaître tel. Un culte mystique qui refuse qu'on le dise tel, mais dont les manifestations, le monopole et l'organisation religieuses ne trompent personne.

    La culture anthropologique moderne, des points de vue critiques de K. Marx ou F. Nietzsche, est décrite comme un phénomène religieux - pire, comme un fanatisme religieux. C'est plus difficile à reconnaître dans le marxisme, à cause de l'emploi malheureux du terme "démocratie" (car ambigu) - mais sans ambiguïté aucune le marxisme prône la destruction de l'Etat comme le réceptacle de l'idolâtrie.

    Au sommet de la pyramide du clergé laïc, on rencontrera nécessairement Tartuffe, celui qui sait que les élites ne peuvent se passer du secours de la religion pour soumettre le peuple à leurs caprices, mais que, comme le peuple français ne veut plus entendre parler de l'ancien clergé catholique qui l'a roulé dans la farine, une autre religion présentant le même caractère coercitif que l'ancienne, mais non le même nom, s'avère utile.

    Du point de vue chrétien, la "démocratie-chrétienne" est le pire ennemi, car l'instrument de subversion de l'amour chrétien le plus efficace.