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Mon Journal de guerre - Page 22

  • Du nazisme au libéralisme

    "Le Travail rend libre" : cette devise au fronton des camps de la mort nazis définit le projet commun aux différentes versions du totalitarisme que sont le nazisme, le communisme et la démocratie-chrétienne. Je cite ces idéologies dans l'ordre croissant de dangerosité. Cette dangerosité se mesure, non pas quantitativement, au nombre de victimes humaines, pratiquement incalculable en raison de l'enchevêtrement des causes qui mènent à la guerre, mais à la proportion de mensonge dans ces idéologies. L'idéologie nazie est-elle plus raciste ou darwiniste que le communisme ou la démocratie-chrétienne ? Non ; on voit que le communisme, comme l'idéologie démocrate-chrétienne, font place à l'idée selon laquelle la compétition entre les hommes serait un facteur de progrès de l'humanité.

    Or la démocratie-chrétienne est excessivement mensongère au regard du communisme et du nazisme. Ainsi la démocratie-chrétienne dissimule qu'elle est un athéisme, ce que le communisme ne cache pas à ses adeptes.

    La première raison du quidam moderne de méconnaître l'affrontement de forces supérieures à travers l'histoire est sa peine à jouir. Cette difficulté, relativement inédite dans l'histoire (comme le féminisme), explique largement que l'homme ne parvienne pas à s'intéresser à autre chose qu'à lui-même. La preuve par la psychanalyse, médecine de l'âme qui touche particulièrement les femmes : cette "science humaine" se serait éteinte depuis longtemps, si son objectif avait été atteint de remédier à la peine à jouir de l'homme moderne, encouragé à se conformer au modèle sexuel de la passivité et du masochisme.

    Si le nazisme est sans cesse inculpé, et de façon parfaitement incohérente (en l'absence de définition sérieuse de ce qu'est un juif), principalement en raison de son antisémitisme, le but assez évident est de blanchir la culture bourgeoise moderne du fait de génocide ou de massacre perpétré sur une minorité sans défense. Il s'agit avec l'antisémitisme, pour les docteurs de la loi morale, de faire diversion.

    En effet, dès lors que vous refusez d'admettre comme un dogme que "Le travail rend libre", où un connaisseur de la mythologie juive ou chrétienne reconnaîtra le renversement parfait de la spiritualité chrétienne ou juive, vous cessez d'être un homme moderne. Cherchez pour voir une femme qui ne vit pas sous l'empire de ce dogme, pour ma part je n'en ai jamais rencontré une telle vivante.

    Ce rejet de la culture moderne est, curieusement, le double fait de suppôts de Satan tel Nietzsche, et des chrétiens authentiques, qui refusent d'accorder à quelque ordre établi que ce soit, y compris celui cautionné par un étrange pape, coiffé d'une mitre et portant une crosse, une quelconque valeur spirituelle. Si nous, chrétiens, devons maudire la démocratie-chrétienne, c'est à cause de sa prétention spirituelle, de la concurrence que cette spiritualité truquée fait à la parole de dieu.

    Le libéralisme/démocratie-chrétienne propose l'alternative suivante au nazisme : "Le sexe rend libre". Je n'accuse pas en vain la démocratie-chrétienne, puisque celle-ci, actionnée surtout par des femmes, s'efforce de restaurer la légitimité de la chair. Le sexe au lieu du travail : il s'agit de la même fonction, vue sous un autre angle. Le point de vue du consommateur est substitué à celui du producteur. Dans les deux cas, il s'agit de faire croire que l'homme peut être libre sans renoncer au péché, c'est-à-dire aux vains efforts de l'homme pour rendre la chair spirituelle, en particulier de l'homme moderne, sous l'impulsion du clergé romain.

  • De la satanique vertu

    A l'épreuve du temps, la vertu virile tourne forcément au vice féminin.

    On peut, en polémiquant ainsi que Nietzsche, voir dans la société moderne efféminée, ayant dangereusement perdu la raison, la main du christianisme. Il est incontestable qu'il y a quelque chose de chrétien dans les moeurs et les politiques modernes, du moins en apparence. L'égalitarisme est une notion étrangère à la culture de vie païenne, fondée sur le droit et la raison naturels.

    Mais on y verra plus justement la marque du temps, car la vertu, aussi virile, entière, soit-elle, n'a pas de fin véritable. Il faut que Nietzsche, le suppôt de Satan, à la fin crève comme une bête, ayant ignoré la métaphysique. De même crèvera la pseudo-science moderne, en raison de son "infirmité de but", comme dit Shakespeare-Bacon ; car ce n'est pas le tout de procurer des moyens techniques, encore faut-il que ces moyens soient ordonnés à un but, sans quoi ils finissent par péricliter.

    La vertu est souvent considérée comme une fin par les femmes, sous une forme mystique abstraite, une fin qu'elles n'atteignent parfois jamais, à cause de leur vice ou de leur défaut de constitution originel. De même on peut penser que certaines féministes aspirent à la virilité qu'elles jalousent.

    C'est là aussi l'explication psychologique du satanisme de Nietzsche, intellectuel souffreteux aspirant à la vertu. Autrement dit, les hommes vertueux conçoivent mieux les limites de la vertu que les personnes vicieuses, qui, quand elles insultent la vertu, trahissent la jalousie qu'elles éprouvent de cet état.

    L'articulation entre la vertu et la métaphysique serait plus facile à comprendre si la philosophie médiévale catholique n'avait pas brouillé les cartes, une hiérarchie que le savant chrétien humaniste F. Bacon s'est employé à rétablir.

    Je réponds ici partiellement à Fodio, qui m'interroge sur le passage de l'évangile de Jean où le christ Jésus redonne ses jambes à un paralytique le jour du sabbat, au grand dam des prêtres juifs. L'antichristianisme de l'Eglise romaine se reconnaît à son attachement à une organisation ecclésiastique que le Messie et son fidèle apôtre Paul, dans ses épîtres, ont privée de légitimité. Pour cette raison, LA HAINE DISCRETE DE PAUL DE TARSE EST DANS LE CLERGE ROMAIN, FASCINE AU CONTRAIRE PAR JUDAS L'ISCARIOTE.

    Comprends donc, Fodio, que le clergé s'organise autour de la notion de vertu. Il est donc logique que ce passage de l'Evangile de Jean aborde ensemble la question du péché et celle de la légitimité du clergé juif. L'amour de dieu est si fort, dit Jésus-Christ, que même les personnes vicieuses peuvent le recevoir : c'est cette parole qui, d'abord est neuve, ensuite fait à jamais obstacle au mensonge de "l'anthropologie chrétienne" (ou juive), comme disent les pharisiens de nos jours ; si un homme est vertueux, grand bien lui fasse, mais cette vertu au regard de dieu n'est rien. AUCUNE SORTE D'ORGANISATION HUMAINE CONCOURANT A LA VERTU n'a de valeur au regard de dieu. "Les oeuvres ne justifient pas." répète Paul.

    DANS LE CHRISTIANISME, VERTU ET VERITE METAPHYSIQUE N'ONT PAS LA MÊME SOURCE. TOUTE LA RUSE DU CLERGE CONSISTE A NE FAIRE DE CES DEUX SOURCES QU'UNE SEULE. C'est pourquoi je dis que le catholicisme romain est la religion de l'occultation de Satan et de sa puissance. Beaucoup de catholiques romains agissent pour le compte de Satan, qui croient agir pour le compte de Jésus-Christ.

    Par conséquent, pour revenir à l'élucidation demandée par Fodio : Jésus-Christ ne nie pas que le handicap physique soit la marque du péché, ou que la beauté soit une marque de vertu (= de virilité dans la mentalité antique). Le nier reviendrait à nier la puissance de Satan, à faire effectivement ce que Nietzsche reproche abusivement au christianisme : l'éloge de la faiblesse. Jésus-Christ affirme la supériorité de l'amour sur la vertu. C'est, du reste, parce qu'elle est supérieure qu'une religion de l'amour peut se passer, contrairement à toutes les autres, d'un clergé institutionnel.

    Paul ne désarme pas les chrétiens quand il les dissuade d'accomplir une oeuvre terrestre, il les arme pour un autre combat, non moins âpre que celui de la vie.

    Mais comment mener de front le combat banal mais nécessaire de la vie, et celui encore plus exigeant de la vérité ? Comment un homme le pourrait-il ? A cette question, le Messie répond : "N'ayez pas peur !" ; à quoi il est permis d'ajouter ou de faire cette remarque que la vie moderne est faite pour rendre le combat de la vie plus difficile. Or, comme la "modernité" n'est qu'une illusion, un mirage, un luxe de précautions inutiles, on peut mettre le feu à ce bûcher des vanités sans crainte de perdre quoi que ce soit.

  • Dans la Matrice

    Le besoin de faire rêver les masses est si grand du point de vue du gouvernement des nations totalitaires modernes que les esprits les plus réalistes de notre temps sont transformés en rêveurs imbéciles, leurs pensées travesties en slogans remplis d'espoir. La grande fonction de l'universitaire moderne est le travestissement.

    C'est le cas de la critique marxiste, devenue sous l'impulsion du parti communiste et de l'université (Sartre & co.), un communisme débile - une sorte d'ersatz du catholicisme, adapté aux milieux ouvriers. Alain Badiou, philosophe communiste, écrit même des sermons pour dire à ses fidèles qu'il croit à l'Amour ? On rigole : et pourquoi pas dieu, tant qu'on y est ? Un petit peu de philosophie est nécessaire pour démontrer que dieu n'existe pas ; en revanche même les gosses, au lycée, commencent de se douter que l'Amour n'est qu'un attrape-couillon.

    Idem pour Nitche, ramené à peu près au discours écologiste béni-oui-oui, et nullissime puisque des milliards d'hommes n'en ont rien à cirer de l'écologie. Forcément il y a de l'écologie dans le satanisme, mais Nitche a au moins la décence de ne pas se moquer du monde, et de rappeler qu'une des plus grandes causes du saccage de la philosophie naturelle et de l'économie, c'est la démocratie (= le rêve des esclaves, sans lequel ils risqueraient de travailler avec moins d'entrain). Là encore, des cacouacs issus de l'Université ont inventé un Nitche compatible avec les valeurs démocratiques, faisant ainsi perdre à la doctrine de Nitche tout son intérêt critique.

    Et même la psychanalyse, pourtant si bourgeoise, si adaptée aux nations capitalistes et leurs citoyens qui aiment se persuader que l'argent les portera aux nues ; même la psychanalyse n'est pas, à l'origine, l'art de se mentir à soi-même, de convoquer le rêve pour mieux occulter la réalité. Même si elle n'a pas atteint son objectif, la psychanalyse se proposait bien à l'origine de développer la conscience, et non de l'atténuer.

    Cet effort de la culture contemporaine et de ses acteurs pour propager le rêve est bien aussi ce qui interdit de considérer cette culture comme le produit de la philosophie des Lumières.

    Voici pourquoi le sort des nouveaux-nés aujourd'hui est le plus souvent tragique : parce que, nés dans le rêve, vivant dans le rêve, au fil de l'argent, et mourant en rêvant encore, les yeux rivés sur leur incompréhensible "parcours personnel", il n'y a que des personnes qui n'ont jamais fait de choix véritable, il n'y a que des morts-vivants. Ainsi le Christ parla de Judas, comme d'un "mort-vivant".

     

  • Tout est sexuel

    Le fameux axiome de S. Freud est exemplaire de la mentalité germanique (il ne faut pas oublier que Freud est explicitement antisémite comme Nietzsche ; c'était, comme on a coutume de dire, un juif "assimilé", c'est-à-dire qu'il n'était pas juif au regard de la Bible).

    - Exemplaire aussi de la mentalité bornée de certains savants biologistes du XIXe siècle ; bien sûr il n'est pas difficile d'établir que le sentimentalisme n'est que l'illusion de l'amour, et qu'il est, lui aussi, enfermé dans le cadre biologique ; le sentimentalisme est la sexualité des impuissants sexuels ; mais le sentimentalisme n'en constitue pas moins une faiblesse ou une tare, du point de vue biologique, difficilement explicable par les lois de la biologie.

    - bien sûr l'hypothèse de l'évolutionnisme et du transformisme n'est pas loin, car pour avaler cette science peu expérimentale, il faut effectivement penser que "tout est sexuel", pour l'homme autant que pour l'animal.

    La psychanalyse et le darwinisme sont donc deux philosophies naturelles qui contribuent au totalitarisme et, contrairement à un préjugé répandu en France, la psychanalyse et le darwinisme sont très loin d'être des sciences "athées" ou même "anticléricales". La doctrine antichrétienne et néo-païenne de Nietzsche fournit ainsi peu d'appui au darwinisme. Dans de nombreux discours, le pape allemand Ratzinger a apporté sa caution à la psychanalyse, quand bien même la drogue et l'alcoolisme ravagent les Etats-Unis, nation la moins suspicieuse dans le caractère véritablement scientifique de la psychanalyse.

    Il est important pour les authentiques juifs ou chrétiens, au contraire de la racaille des faux témoins soi-disant "judéo-chrétiens", de se démarquer de la psychanalyse, morale néo-païenne adaptée à nos régimes technocratiques, et par conséquent peu dissuasive contre l'aliénation de l'individu à des systèmes grégaires technocratiques.

    Si l'idée de "liberté sexuelle" est répandue par le clergé dans les régimes totalitaires libéraux, c'est précisément parce qu'il n'y a pas de liberté sur le terrain sexuel ou biologique, et que c'est une méthode efficace pour faire obstacle à la liberté d'inciter à la chercher là où elle n'est pas.

     

  • Du catholicisme à l'athéisme

    La place accordée au temps dans l'exégèse pseudo-chrétienne de Jean-Paul II suffit à reconnaître son caractère athée. On découvre ici le processus satanique décrit par l'apôtre Paul, selon lequel l'anthropologie se substitue peu à peu à la foi et à la théologie véritables.

    Le corollaire de ce discours anthropologique est le relativisme, destructeur de l'universalisme, c'est-à-dire du catholicisme véritable de Paul de Tarse. On peut observer l'effet néfaste de ce relativisme occidental jusque dans le domaine de la science scolastique.

    Le temps, ainsi que l'argent, n'a en soi aucune valeur. L'anthropologie moderne conduit à faire de ce néant, en tant qu'il est propre à l'homme, un motif d'idolâtrie. Shylock, monstre judéo-chrétien, règne sur un monde qui a érigé un piédestal au temps, faisant ainsi d'une référence humaine une référence absolue, pour son malheur.

    Inutile d'aller chercher plus loin la cause des génocides et des massacres du XXe siècle entre Occidentaux : elle réside dans son anthropologie ubuesque, qui a balayé l'effort des nazis pour revenir à la raison païenne. Attendre d'un philosophe démocrate-chrétien qu'il élucide la cause des génocides modernes revient à demander à Shylock de critiquer le capitalisme, régime de banalisation des transactions portant sur la chair humaine. La démocratie-chrétienne doit être ce que fut Capharnaüm pour les premiers apôtres juifs : un motif de scandale et de profond dégoût.

     

  • Science-fiction et culture de mort

    De même que les ouvrages de fiction sont relatifs à leur auteur, les ouvrages de science-fiction, qui présentent le droit et la science connexe mathématique sous la forme du divertissement, ces ouvrages reflètent l'esprit d'une époque, c'est-à-dire le sentiment religieux commun.

    Voltaire est hostile à la science-fiction, dont il a compris qu'elle est un art typiquement médiéval, en considération de la science. En cela Voltaire n'est pas du tout moderne, puisque, au stade totalitaire, notamment à cause du cinéma, science et divertissement se confortent ; l'hypothèse purement mathématique du "voyage dans le temps" a été ainsi déclinée en trente-six versions par la propagande totalitaire cinématographique afin de divertir les esprits puérils "américanisés". On pourrait multiplier les exemples.

    Cependant Voltaire n'oppose qu'une résistance relative à l'envahissement de la science mécanique, qui va devenir à l'aide du capitalisme le coeur de la culture bourgeoise. Cette résistance de Voltaire à la culture totalitaire du XVIIe siècle est bien moindre de la part de Diderot, profondément marqué par son éducation catholique. K. Marx n'a pas tort de voir en Voltaire le point culminant de la culture bourgeoise, et la dégringolade ensuite, au stade de la culture de masse et du cinéma, religion dominante au sens où elle rassemble en son sein une foule de vagues croyants et de vagues athées.

    Nietzsche, au nom de Satan, aurait probablement vu le cinéma comme un spectacle incitant à la passivité, indigne d'un véritable homme d'élite, et bien sûr plus propice à répandre l'absurdité (le voyage dans le temps) que des lois rationnelles. L'infamie des élites démocrates-chrétiennes est reconnaissable à leur usage du cinéma. Le citoyen passif est en effet un maillon indispensable dans l'organisation des massacres à grande échelle de l'ère technocratique.

    Il est difficile de savoir si la résistance mahométane aux procédés de la propagande occidentale totalitaire (doublé d'un usage stratégique de cette culture, afin de la retourner contre ses actionnaires) est satanique ou juive, réactionnaire ou inspirée par le respect de la vérité. 

     

  • Mélenchon contre Arendt

    Lors d'un "talk show" sur une chaîne publique française, où des politiciens mélangés à des membres du "show-business" répondent aux questions de journalistes plus ou moins impertinents, l'un de ceux-ci apostrophe Jean-Luc Mélenchon, candidat communiste représentant les derniers ouvriers du pays ; celui-ci venait de traiter de "menteurs" un certain nombre de politiciens concurrents.

    - Le mensonge n'est-il pas inhérent à la politique, comme le dit Hannah Arendt ?

    - Non, on n'est pas obligé de croire tout ce que dit Hannah Arendt.

    A l'appui de cette affirmation de Hannah Arendt, des milliers d'années de politique et de gouvernement des hommes jusqu'à aujourd'hui. Dans "La Crise de la Culture", où l'essayiste allemande fait de la culture de masse dans laquelle nous baignons actuellement un élément caractéristique du totalitarisme, Arendt précise que l'affirmation de Mélenchon, la prétention des politiques modernes à dire la vérité ou s'y conformer est également une caractéristique des régimes totalitaires modernes.

    Le mensonge de Mélenchon (qui n'a rien de "marxiste", contrairement à ce qu'il semble penser), est facile à déceler : c'est l'égalité. La promesse du droit moderne d'un monde égalitaire, promesse dont l'usage principal est de tenir les peuples opprimés en haleine. Si K. Marx n'est pas un philosophe totalitaire, c'est parce qu'il se garde d'énoncer la liberté ou la vérité en termes juridiques.

    Le mensonge contenu dans l'utopie égalitaire, bien plus démocrate-chrétienne que marxiste, que ce mensonge soit volontaire ou non, est au service d'un autre mensonge plus puissant - le machiavélisme bourgeois. Le populisme est, entre les mains des élites bourgeoises, une arme à double tranchant. La manipulation du peuple est proche de celle des explosifs. Les élites s'en servent comme d'une arme contre leurs rivales, en même temps qu'il peut leur arriver d'être désarçonnées brutalement par la violence populaire, entretenue aujourd'hui notamment à travers la culture de masse.

    C'est l'apparence de démocratie qui exige d'un politicien qu'il s'exprime "au nom de la vérité", c'est-à-dire qu'il dissimule bien mieux son mensonge que les tyrans de l'antiquité.

    A noter que le tribun communiste, qui a écrit un pamphlet contre l'Allemagne de Mme Merkel, se sent obligé de rendre hommage à la "pensée allemande" et de citer des philosophes qui lui ont servi de pères spirituels, aussi divers que Marx et Kant.

    Marx, s'il est de nationalité allemande, a rejeté l'idéalisme allemand de Hegel à l'aide de la philosophie matérialiste anglaise du XVIIIe siècle, principalement. Marx n'est donc pas très allemand. La pensée allemande mérite surtout l'éloge des technocrates et des représentants d'institutions technocratiques. Il semble que la mécanique influe sur les Allemands jusque dans leurs écrits philosophiques. Il est plus juste de faire à cette nation crédit de l'automobile.

  • Des Athées

    On remarque chez certains athées, plus faibles que d'autres, l'importance des sentiments et du hasard. Certains n'hésitent pas à parler d'amour, à l'écrire avec un grand A, et font du couple une priorité. Ils trahissent ainsi une forme de tempérament et de dévotion religieux similaires à ceux que l'on retrouve dans des cultures traditionnelles plus anciennes. L'athéisme n'est pas forcément synonyme d'un recul de la religion, ni du dragon que les athées désignent sous le terme de "fanatisme religieux". Cet athéisme se forme exactement comme les plus médiocres religions, par "capillarité sociale".

    Ces athées "mous" se laissent diriger par des esprits plus fermes, moins sentimentaux (comme le sont souvent les responsables politiques de premier plan), exactement comme s'ils étaient des dévots conduits par des prêtres. La conscience humaine n'a accompli aucun progrès collectif grâce à la psychanalyse, syntaxe commune des athées (dès lors que j'entends un prêtre chrétien parler avec respect d'un psychiatre, à cause de sa "science", je sais que ce prêtre est un imposteur, car la psychiatrie moderne est avant tout une non-science ou une tentative de science, articulée autour de vestiges mythologiques et médicaux multimillénaires).

    Le rapport des élites occidentales athées avec leurs ouailles n'est pas un rapport unilatéral de domination. Ces élites ont fort à faire, notamment sur le plan économique, pour maîtriser le sentimentalisme des masses et l'orienter dans le sens de leur intérêt ; cette imbécillité religieuse leur est propice, en même temps qu'elle leur nuit.

    Dans ce rapport des élites modernes avec leurs troupeaux, on reconnaît la marque de la philosophie médiévale chrétienne. C'est elle qui introduit ce type de rapport de domination plus subtil que la force physique, mais également plus religieux. Tocqueville a raison d'établir un lien entre la culture chrétienne et la démocratie moderne, à propos de laquelle il paria imprudemment qu'elle n'évoluerait pas vers le totalitarisme et la barbarie (erreur qu'il n'aurait pas commise s'il avait été un authentique chrétien).

  • Anarchie chrétienne

    Il y a pire que la lâcheté humaine courante, banale, palpable tous les jours chez autrui et chez soi, il y a la justification de la lâcheté en quoi la culture moderne consiste.

    Comme la société s'enracine dans la lâcheté ordinaire des hommes, on peut dire que le totalitarisme, ses docteurs et leurs grandes perspectives sociales indéfinies, leurs slogans anthropologiques claquant au vent comme des drapeaux, aussi creux qu'excitants pour le troupeau, tout cet enterrement progressif de l'humanité, cette chiennerie est liée à cette justification de la lâcheté humaine qu'est l'argent.

    Les chrétiens doivent conclure entre eux des pactes à rebours des contrats sociaux : alors ils triompheront de la bête de la terre à un contre cent.

  • Le pape féministe

    Le pape François est l'auteur d'une déclaration de principe féministe, reprise par les médias et la propagande démocrate-chrétienne ; à propos des inégalités de salaire, comme quoi la gent féminine devrait être aussi bien payée que la gent masculine, blablabla. Les déclarations pacifistes du pape (toujours de principe) sont les plus suspectes d'insincérité, étant donné ses prises de position dans le domaine économique, et l'instabilité qui résulte de l'organisation économique mondiale, principal facteur de guerre.

    Le Messie des chrétiens, authentique propagateur de la foi, n'a jamais promis la paix sociale. Il n'a jamais rien promis à ses apôtres dans le domaine social. L'idéal de justice égalitariste n'est pas un idéal chrétien. Et il ne s'agit même pas de christianisme ici - tous les philosophes un tant soit peu honnêtes et conscients des limites posées par la nature à la condition humaine et aux sociétés temporelles le disent : l'égalité n'est qu'une illusion.

    Le public catholique est désormais tellement abruti que le pape pourrait aussi proclamer que "Le travail rend libre", ce public n'y verrait que du feu.

    Cependant le féminisme est lié en Occident au cléricalisme, à son activité de subversion du message évangélique par la doctrine sociale catholique. De ce fait, le féminisme est une longue tradition dans l'Eglise catholique, ignorée plus ou moins délibérément par les féministes socialistes contemporaines, qui font preuve à l'égard de l'Etat de la même dévotion, espèrent autant de lui que leurs consoeurs du temps jadis espéraient d'un dieu aux contours mal définis, sans doute aussi subjectif que l'Etat moderne.

    Les clercs lettrés, auteurs à la fin du moyen-âge des premiers romans féministes, à destination d'un public aristocratique ou populaire, mettent en avant, à travers diverses héroïnes ou saintes fictives, l'esprit de sacrifice des femmes, leur mérite social plus grand que celui du sexe naturellement opposé, faisant oublier que les évangiles sont muets sur les questions sociales. Jésus-Christ fait très explicitement comprendre aux juifs qui l'interrogent sur ces questions, notamment afin de le piéger, qu'elles lui sont indifférentes. C'est ce qui explique aussi que Ponce-Pilate n'a pas de motif valable pour condamner à mort le Messie, dont le message n'a aucune portée sociale révolutionnaire qui pourrait troubler l'ordre moral et politique romain. L'apôtre Paul confirme catégoriquement que "les oeuvres ne sauvent pas". Quant aux dispositions temporelles prises par Moïse (la possibilité pour les hommes de répudier leurs femmes sous divers prétextes), le Messie les déclare caduques.

    Il n'est aucune société qui ne soit sous l'emprise de la mort, et par conséquent du péché. Il n'est aucune société qui fasse place à l'amour, et la civilisation moderne ne propose de l'amour qu'une conception dont l'érotomanie consumériste de l'Occident est la seule preuve tangible. Par ses déclarations en faveur de l'égalité salariale, le dernier évêque de Rome ne fait qu'ajouter sa pierre à cet édifice branlant.

  • L'Athéisme

    Bien plus que de ne pas croire en dieu, l'athéisme véritable consiste à ne pas avoir foi dans le bonheur et la jouissance.

    Nietzsche ne se trompe pas (le vrai Nietzsche, pas celui enseigné aux écoliers) quand il voit dans le christianisme la cause principale de l'athéisme moderne, en raison de la dépréciation par le Messie et ses apôtres du dieu commun unique, présidant au destin de toutes les sociétés, franches ou hypocrites - le bonheur. L'antichrist en son prêche se trompe seulement quand il prédit le pire à venir du manque de foi juif ou chrétien, car c'est "le meilleur et le pire" qu'il faudrait dire.

    Le Christ a tiré son glaive, et plus personne ne le lui fera remettre au fourreau, pas même le pape romain le plus fourbe.

  • Propos sur le bonheur

    Au cours de l'enquête qu'il mène sur la jouissance humaine, Jacques Léopardi note la difficulté de l'homme, en comparaison de l'animal, à jouir convenablement. La conscience de l'homme ne favorise pas sa jouissance. C'est toute l'ambiguïté de la psychanalyse, qui se propose de creuser, d'approfondir la question de la conscience humaine, de rendre l'homme plus conscient qu'il n'est en somme, tout en s'offrant comme une solution thérapeutique afin de permettre une meilleure jouissance. La démarche de Nietzsche est plus rationnelle, qui propose de raboter au contraire la conscience humaine, limitant l'activité spirituelle de l'homme à l'art, en niant qu'il y a un autre dieu que la nature vivante, et en posant plus comme un principe qu'il ne le démontre, que la science métaphysique n'est qu'une illusion. La ruse de Nietzsche consiste ici à réduire la métaphysique à des spéculations abstraites, quand bien même la recherche métaphysique s'oppose le plus souvent à l'abstraction (Aristote, Bacon), refusant ainsi d'élever la géométrie algébrique au rang de science fondamentale.

    Léopardi note d'ailleurs que la quête de jouissance comme un souverain bien engendre chez l'homme des comportements erratiques et paradoxaux. L'humour est une telle démarche paradoxale, qui souligne le plus souvent les erreurs de l'homme et son inaptitude à s'amender à travers les âges. Le masochisme est sans doute le comble du paradoxe dans ce domaine. Il ne faut pas s'étonner, dans les cultures masochistes, de voir surgir une vénération et d'un culte idiot pour le monde animal, dans la mesure où celui-ci offre l'exemple de la volonté de jouissance à l'état pur.

    Léopardi observe en outre que le suicide ou la mort, en mettant un terme définitif à toutes les souffrances, physiques ou psychologiques, recèle l'idée du bonheur la plus pure. C'est, d'une certaine façon, une promesse de sérénité définitive, quand le bonheur des vivants est le plus instable, sous la menace permanente du hasard, et sous l'épée de Damoclès de la déchéance physique. L'idée du bonheur dans la mort n'est guère éloignée de la promesse contenue dans les paradis artificiels, produits chimiques ou perspectives des religions animistes sur l'au-delà.

    Léopardi lui-même fut tenté par le suicide pour la plus humaine des raisons :  non pas une souffrance excessive ou l'impossibilité de jouir normalement, mais d'éprouver les limites de sa science. A quoi bon vivre, au fond, si l'existence se résout à la quête des moyens d'être le moins malheureux ? La curiosité scientifique justifie tout autant l'existence humaine que le bonheur, et Léopardi parvint au stade où plus rien ne lui semblait pouvoir étancher sa curiosité scientifique, une curiosité qui le poussait à sonder l'éternité et non à inventer de nouvelles prothèses afin de faciliter l'accès à la jouissance de l'espèce humaine peine-à-jouir.

    Léopardi ne fait donc pas l'apologie du suicide, pas plus qu'il ne condamne le bonheur et la jouissance ; il condamne la quête de la jouissance comme le but ultime de l'existence, et le dieu, le paradis qui ne serait que l'enrobage de cet idéal de jouissance ou de bonheur. Le bonheur ne peut-être poursuivi par l'homme selon Léopardi que comme un moyen, et non comme un but. Léopardi, c'est l'anti-Nietzsche, dans la mesure où ce dernier place au contraire l'art de vivre au-dessus de la science. Léopardi est aussi antisocial, dans la mesure où les doctrines sociales ne peuvent viser comme un souverain bien que la vertu, étant ainsi dépourvues de toute vocation spirituelle.

     

     

     

  • L'Utopie

    L'utopie en général fait l'objet de la condamnation des fainéants, c'est-à-dire de tous ceux dont les efforts sont concentrés sur les moyens d'exister ou de survivre, ne possédant ainsi pas plus d'imagination que l'animal.

    Il reste que la condamnation de l'utopie politique est utile, car cette sorte d'utopie est nécessairement catastrophique. Elle s'ouvre sur l'infini et toutes les choses inconsistantes. Elle s'incline devant le Temps, ennemi de l'esprit humain.

    L'utopie doit rester le domaine réservé de la science.

  • La condition humaine

    Satan, comme explication du monde et de l'incapacité de l'humanité à s'élever au-dessus de la médiocrité, peut sembler simpliste.

    Mais dire que la vie est absurde et définitivement incompréhensible, c'est absurde et définitivement incompréhensible, donc simplet. Cette forme de superstition porte la marque des mathématiques modernes. Assez exacte l'expression de "tribalisme mondial", pour décrire l'état actuel du monde : le mathématicien moderne joue le rôle du sorcier. Il est respecté de tous, même si nul ne comprend ce qu'il raconte, et lui-même parfois ne le sait pas.

    La part que l'homme moderne accorde à l'absurdité est ce qui cause insidieusement la ruine de la civilisation moderne. Par conséquent un défaut, et non un excès de science.

  • Satan dans l'Eglise

    S'il n'opérait pas à l'intérieur de l'institution ecclésiastique, l'antéchrist serait impuissant à subjuguer le monde. Les disciples de Jésus-Christ ont été avertis par les évangiles et les épîtres de Paul de cette manifestation occulte de Satan, non pas sous la forme du paganisme traditionnel, c'est-à-dire de la religion du "droit naturel", mais s'avançant masquée derrière la rhétorique chrétienne.

    Même un catholique romain, même le pape ne pourra pas nier que le ou les schismes constituent une preuve de l'activité de l'antéchrist à l'intérieur de l'Eglise - car il justifie le raisonnement de l'athée ou du païen qui dit : - Il n'y a pas de message évangélique, mais trente-six interprétations de ce message propices à justifier trente-six partis différents. Et le païen ajoutera : - La nature, elle, suggère une doctrine bien plus univoque et constante - le droit naturel est dur, mais cette dureté est celle de la vie elle-même, qui ne présente pas de trace d'amour, de liberté ou d'une vérité supérieure au droit naturel. L'abstraction elle-même, où l'homme croit parfois trouver un mode de raisonnement autonome, n'est qu'un référent naturel. Le cosmos est insondable pour l'homme, qui ne peut que le réduire à des schémas, "big-bang" où autres spéculations, pour le confort de son esprit. Les limites naturelles - la mort - sont infranchissables. Il n'y a pas de progrès, seule la jouissance est pour l'homme une perspective raisonnable, et la jouissance est nécessairement inégalitaire." (je résume ici plus ou moins le propos de Nietzsche).

    Mais la vérité est bien plutôt que les doctrines sociales offrent aux chrétiens, comme aux païens ou aux athées, un refuge et une sécurité que la vérité ne procure pas. Traduire le message évangélique en "doctrine sociale" est donc une tentation permanente, la tentation décrite par le Messie lui-même comme la volonté de faire le royaume de dieu sur la terre - en effet, quelle doctrine sociale chrétienne pourrait s'assigner un autre objectif ? La quête de la vertu elle-même répond à un besoin anthropologique et non métaphysique. Nietzsche a parfaitement raison de qualifier la doctrine sociale chrétienne d'irrationnelle, voire démentielle, en tant qu'elle s'abstient de faire l'apologie de la beauté contre la laideur, de la force contre la faiblesse, de l'élitisme contre l'égalité. Mais les chrétiens fidèles n'ont pas plus de raison de croire cette transposition du message évangélique dans l'ordre social, ni l'abaissement de la métaphysique au plan de l'anthropologie pour une volonté divine.

    La faiblesse de la chair est décrite dans l'évangile comme le principal obstacle à la spiritualité chrétienne. Ce n'est pas une innovation ou un parti-pris exclusivement chrétien, puisque plusieurs philosophes antiques, grecs notamment, contrairement aux assertions erronées de Nietzsche sur ce sujet, ont pu concevoir la force de l'instinct comme une limite à l'accomplissement plein et entier de l'homme, le maintenant au stade nécessairement bestial de l'animal politique. C'est un dialogue de sourds entre le Messie et Ponce Pilate, c'est-à-dire en la métaphysique et l'organisation politique.

    La mythologie chrétienne de Shakespeare est la seule mythologie qui prenne en compte la ruse de l'antéchrist et sa manière de subjuguer le monde à l'aide de discours chrétiens. Certain critique a pu reprocher à Shakespeare son manque de simplicité en comparaison de Homère (L. Tolstoï), mais c'est ignorer que la complexité, la soumission au paradoxe présentée comme un progrès de la conscience par le clergé moderne, qui témoigne en réalité de l'arbitraire des lois modernes et non de leur rationalité, cette complexité est généralement le verre d'eau dans lequel se noie l'homme moderne. Autrement dit l'existence se présente comme un labyrinthe bien plus inextricable à l'homme moderne qu'elle se présentait dans l'antiquité. L'intellectuel est une espèce d'homme nouvelle, plus féminin que viril, particulièrement adaptée à l'assignation du néant par la culture moderne. Shakespeare ne pouvait pas ne pas tenir compte de ces circonstances nouvelles, et du progrès de la ruse dans la manière de gouverner les hommes. Cependant ses traits contre les "éminences grises", qui bien plus encore que les tyrans tirent les ficelles du monde, sont sans équivoque. 

  • Djihad chrétien

    J'emploie exprès le vocabulaire mahométan, qui suscite mépris ou effroi dans l'Occident efféminé, retranché derrière la bombe A, les hautes murailles de l'argent, le sentiment de puissance technocratique, le babil de ses pseudo-savants.

    Le djihad chrétien est formulé dans l'évangile de Matthieu, au chapitre X, citant le Messie :

    "- Ne pensez pas que je sois venu apporter la paix sur la terre ; je suis venu apporter, non la paix, mais le glaive. Car je suis venu séparer le fils de son père, la fille de sa mère, et la bru de sa belle-mère ; et on aura pour ennemis les gens de sa propre maison. (...)"

    Le Messie ne cache pas dans ces paroles que le combat contre Satan est un combat sans merci et sans trêve. La violente iniquité du monde est la première raison pour le Messie d'offrir un glaive à ses disciples.

    L'Eglise romaine a pour mission d'empêcher le djihad chrétien, en lui substituant une "culture de vie" païenne, suivant une expression que les prêtres romains, profitant de l'imbécillité et de l'ignorance de leurs ouailles, n'hésitent pas à employer publiquement. Si on la rapporte au texte évangélique, on voit combien l'idée de paix civile mondiale, objectif des nations unies, non seulement heurte la culture païenne, au regard de laquelle la guerre est un élément fondateur de la culture, mais également le christianisme. A travers la "politique chrétienne", la morale soi-disant "judéo-chrétienne" des "grandes démocraties modernes", l'Antéchrist introduit donc un élément de zizanie majeur.

    L'évangile a une dimension tragique, que l'on retrouve chez Shakespeare, seul et unique tragédien chrétien, qui met en évidence l'ultime complot catholique des pharisiens (Polonius) et des veuves (Gertrude), Shakespeare qui déchire par avance le voile de l'occultisme technocratique. La culture moderne, quant à elle, peut se résumer à une tentative d'ensevelir la tragédie sous le divertissement et la propagande, le cinéma, afin que l'homme ne sache même pas pourquoi il est né.  Or, si l'on tire sur le fil de la modernité, qui consiste essentiellement à trouver refuge dans le temps, à faire le calcul d'une perspective infinie offerte à l'humanité, on remontera à la source de la philosophie catholique et des mathématiques chrétiennes. La modernité est pourtant une notion entièrement dépourvue de sens sur le plan historique. La parole divine juive ou chrétienne nous dit que les buts du progrès sont métaphysiques, et qu'à ce titre il ne peut y avoir aucun progrès sur le plan social, celui-ci étant le plus imperméable à la métaphysique. De quoi sont coupables les pharisiens et les veuves aux yeux du Messie ? D'avoir tiré une doctrine sociale de la loi de Moïse - d'avoir transformé un message spirituel en message anthropologique.

    - Ce qui différencie le djihad chrétien du djihad musulman, c'est non seulement la dénonciation de la croisade comme une entreprise satanique, les documents attestant des pratiques rituelles sataniques des prétendus "croisés chrétiens", mais aussi la mise en évidence de la stratégie de l'Antéchrist pour maintenir son emprise sur l'humanité, le plus souvent possible.

    A ma connaissance l'islam et le coran ne contiennent pas d'élucidation, comme les épîtres de Paul ou l'apocalypse, du piège tendu par Satan aux hommes. Au contraire, il me semble que pour lutter contre l'oppression de la culture occidentale, les moyens mis en oeuvre par les djihadistes musulmans sont recopiés sur la culture occidentale. La résistance par la terreur et l'assassinat des élites capitalistes trouve bel et bien sa justification dans la culture occidentale, bien avant la révolution française. A ma connaissance le coran et la religion mahométane ne contiennent pas d'avertissement, contrairement aux prophéties juives, contre la manière, voire la ruse du clergé, qui consiste à façonner une idée de dieu propice au clergé.

    S'inspirant de méthodes révolutionnaires en usage en Occident, les djihadistes qui se préoccupent sincèrement de dieu feraient bien de constater à quel point les révolutions occidentales ont peu contribué à faire reculer la bestialité, mais contribué seulement à Occident qui dissimule ses moyens d'oppression derrière des arguments de tartufe démocrate-chrétien. 

     

     

  • Trompe-la-mort

    L'existence de la plupart des hommes se passe à essayer de tromper la mort. En cela l'homme ne diffère guère de l'animal, plus habile même que l'homme sur ce terrain. Les questions métaphysiques : amour, liberté, vérité, ne troublent jamais en effet l'animal, elles n'altèrent pas sa volonté.

  • Théorie du bonheur

    L'intérêt d'une théorie du bonheur, c'est que l'idée du bonheur occupe la même place dans les régimes totalitaires que l'idée de dieu dans les régimes tyranniques (théocratiques). Nitche, sachant que le sentiment religieux n'a pas décliné, mais qu'il est au contraire en plein essor, aurait pu ajouter : "Dieu est mort... l'idée du bonheur l'a tué." Nitche décèle en effet le masochisme dans le comportement moderne, mais le masochisme est lié à l'idée d'un bonheur, d'une jouissance pure.

    Ainsi la promesse d'enrichissement faite aux classes défavorisées par leurs leaders (Guizot, Obama, etc.) est une promesse de bonheur indirecte ; la publicité, première religion mondiale, s'occupe ensuite de poser l'équivalence de l'aptitude à consommer toujours plus et du bonheur.

    Derrière l'illusion égalitaire se cache aussi une idée du bonheur : il s'agit encore, aussi incongrue soit cette idée, de jouir "à égalité". En réalité, la souffrance est beaucoup plus commune, égalitaire et démocratique que la jouissance. C'est ce qui rend le satanisme de Nitche, apologie de la jouissance et quête raisonnée de celle-ci, incompatible avec les valeurs modernes, que celles-ci soient dites "de gauche", ou bien "de droite".

    Si l'on peut dire la quête de Nitche "raisonnée", c'est notamment parce qu'elle est détachée de l'obsession sexuelle, qui caractérise la morale moderne. Empêché de jouir sexuellement en raison d'une santé défaillante, Nitche est convaincu, à juste titre, que l'art ou la poésie sont une source de jouissance plus sûre que la sexualité, et que l'aptitude d'un impuissant sexuel tel que lui à s'épanouir n'est pas moins grande que celle d'un homme moins naturellement chaste. Il est vrai cependant que Nitche a lutté toute son existence pour atteindre le bonheur, dont l'accès lui était rendu difficile par la maladie. C'est l'aspect le plus moderne de Nitche : il est malade, physiquement et psychiquement.

    La doctrine de Nitche exclut l'amour, comme une notion métaphysique improbable ou irréelle, ainsi que toutes les notions métaphysiques que sont la liberté et la vérité. Le mérite de cette doctrine est de réduire à la ruse ou à l'imbécillité toutes les représentations frelatées de l'amour, sentimentales ou romantiques. L'idéalisation de la sexualité dans la culture moderne est parfaitement symétrique de l'idéalisation de l'argent, comme un moyen de parvenir au bonheur.

    Il n'y a rien à espérer de la démocratie en termes de bonheur suivant Nitche, qui prédit un destin catastrophique à ce type de régime - destin déjà partiellement accompli. Cependant le citoyen lambda ne se déplacerait pas pour participer aux grand messes électorales, s'il n'espérait pas que la démocratie tiendra un jour sa promesse de paradis sur terre.

    On peut voir aussi à travers l'idée, la représentation du bonheur moderne, largement inoculée par la publicité aux gosses dès le plus jeune âge, véritable fléau moral, une représentation féminine du bonheur et de la jouissance ; il y a dans le masochisme une aspiration irrationnelle au bonheur, et c'est celle de la femme ou de l'homme moderne. On la reconnaît aisément à la place que la sécurité prend dans l'idéal du bonheur totalitaire. Les femmes conçoivent aussi généralement le bonheur d'un manière plus quantitative que qualitative. Le bonheur, pour les hommes, est vital, constitutif de la volonté, relatif. Pour les femmes il est macabre, absolu, plus proche de l'état d'inertie. La mort est en effet le seul état théoriquement pur de toute souffrance. Et Nitche parle justement à propos de la société moderne de culture de mort. L'expression de "culture de vie" dans la bouche du clergé catholique, est entièrement dépourvue de signification. Il est question exclusivement de "vie éternelle" dans les évangiles, et celle-ci est dépourvue de toute dimension culturelle, artistique, politique, et bien sûr charnelle. 

    Le paradoxe est donc que le bonheur n'a jamais une si grande valeur, une valeur infinie, que pour ceux qui en sont le plus éloignés.

    A titre personnel, si je me sens "qualifié" pour parler du bonheur, c'est parce que je ne me suis jamais senti aussi heureux. Cela étonne parfois certains de mes proches, en même temps qu'ils ne peuvent que faire le constat de mon excellente santé et dynamisme. Sans doute je ne ris pas souvent, car mes contemporains m'en donnent très rarement l'occasion, occupés surtout à chercher le bonheur là où il n'est pas - l'amour, l'argent, un métier stupide dans le secteur tertiaire, etc.

    A quoi tient mon bonheur ? J'ai mesuré la chance de naître français en visitant les Etats-Unis, où la société la plus laide et la plus féminine est implantée dans des contrées magnifiques ; je compte bien sûr les dons qui m'ont été accordés par la nature, même s'il ne faut pas les surestimer, car la morale moderne est capable de transformer un homme convenablement pourvu en plaie vivante ; mon mépris de l'éthique moderne, assez précoce, m'a évité de tomber dans les pièges que la société moderne tend aux jeunes gens afin de mieux les soumettre. Je dirais que mon premier mouvement de rébellion fut contre l'école : j'avais le sentiment que la culture, l'art, la science, pouvaient être des choses intéressantes, que l'école prenait un malin plaisir à rendre ennuyeuses, scolastiques.

    Bien sûr, étant heureux, on a mieux conscience des limites du bonheur et de la relativité de cet état. La volonté de suicide n'émane pas forcément d'un homme malheureux, et certains philosophes antiques prônent le suicide comme un moyen de remédier, le cas échéant, à la souffrance, telle que celle que la vieillesse peut engendrer, par exemple.

    La psychanalyse moderne est inférieure à la morale antique, car elle signale moins les limites du bonheur. L'usage de la psychanalyse et des psychanalystes par l'appareil d'Etat totalitaire est destiné à surseoir à la carence du clergé catholique.

    La métaphysique est sans consistance, dit Nitche - il n'y a rien en dehors de la nature. On peut prendre cette déclaration comme une pétition de principe : tant qu'un individu n'a pas atteint un niveau de jouissance suffisant, la métaphysique n'est rien à ses yeux, toute sa force et toute sa volonté concourent à atteindre un niveau de jouissance acceptable. Autrement dit, l'individu qui souffre raisonne uniquement en termes de besoin. Il peut, à cette fin, croire en des dieux abstraits ("Dieu est un point", dit Pascal), dont la fonction est uniquement de les aider à prendre patience et à endurer la frustration. La musique est une telle pataphysique, qui s'est substituée dans les temps modernes à la métaphysique véritable, qui ne prend pas sa source dans l'âme, mais dans le cosmos.

    La caractéristique de l'amour, de la vérité et de la liberté, est de ne répondre à aucun besoin humain. En politique, ce qui ne répond à aucun besoin humain, n'est d'aucun usage et n'existe donc pas. Comme le souligne H. Arendt, l'intérêt de l'institution étatique et des fonctionnaires de l'Etat moderne pour la science est on ne peut plus suspect (de machiavélisme), car quel pourrait bien être, sur le plan politique, l'usage de la science ?

     

  • Dans la Matrice

    Âpre débat avec un catholique romain (par courrier) ; celui-ci croit et dit s'appuyer sur une doctrine, mais en même temps il est trop cultivé pour ignorer que c'est l'absence de doctrine qui caractérise le mieux l'Eglise romaine. C'est sa souplesse et ses facultés d'adaptation qui ont permis à l'Eglise romaine de durer, non sa rigueur doctrinale. Le satanisme est plus rigoureux doctrinalement que le catholicisme romain.

    Le débat entre conservateurs et modernistes à l'intérieur de l'Eglise romaine illustre cette absence de cohérence. L'institution romaine ne peut pas être totalement conservatrice, sans quoi elle dévoilerait qu'elle est satanique, à l'instar de Nitche ; elle ne peut pas non plus être totalement moderniste, sans quoi elle dévoilerait qu'elle est un pur mobile social, donc dépourvue de sens spirituel (nul texte ne souligne en effet autant que les évangiles la vanité du plan social).

    Ce même catholique romain m'avouait, auparavant, qu'il détestait la philosophie ; c'est dire son ignorance de sa propre religion, puisque le catholicisme romain est une religion essentiellement philosophique et médiévale.

    Dès lors qu'on propose, en historien, comme Boccace ou Shakespeare, une peinture vraie d'un moyen-âge en proie au vice, ou ne serait-ce que "médiocre", comme son nom l'indique, on a beaucoup contribué à réduire le catholicisme à la nostalgie d'un état de grâce qui n'a jamais existé. "Déphilosophons !" : le mot d'ordre de Marx ou Nitche est largement un slogan anticatholique ; et si l'on examine qui, aujourd'hui, tente de nous persuader du bienfait de la philosophie, on retrouvera les héritiers du clergé romain, se dissimulant derrière l'argument laïc afin de mieux tenter d'imposer au monde entier leurs concepts creux. J'explique ici que le catholicisme romain, sous une forme larvée ou inconsciente, est bien plus répandu qu'on ne le croit.

    Il est donc très difficile de causer doctrine avec un catholique romain, car il n'y a pas de doctrine catholique romaine solide. On définira mieux l'adhésion au catholicisme romain ou la séduction qu'il peut exercer sur certaines personnes athées par un motif psychologique : - Maman a toujours raison. Un catholique romain semble chercher toujours des excuses à sa mère, y compris quand elle est inexcusable. Prenons, par exemple, les cérémonies de repentance de l'Eglise romaine pour ses crimes passés et torts à l'égard des juifs (avérés ou non, peu importe). D'un point de vue évangélique, ou même théologique, elles sont aberrantes ; mais du point de vue du catholique qui ne tolère pas qu'on puisse dire que sa mère s'est vautrée dans les fossés de la diplomatie ou de la politique, ce genre de cérémonie devient logique.

     

     

     

  • L'Hypothèse

    LE PEUPLE SOUVERAIN : - ...et l'hypothèse de dieu ?

    LE BOUFFON : - L'hypothèse de dieu, mesdames et messieurs, c'est l'Etat, donc c'est vous.