Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

Mon Journal de guerre - Page 16

  • Question de foi

    "Il y a deux logiques de pensée et de foi : la peur de perdre ceux qui sont sauvés et le désir de sauver ceux qui sont perdus." Pape François (homélie 15 février)

    On peut dire la foi chrétienne, a contrario du pape, pure des sentiments humains que sont la crainte et le désir.

    Si l'on substitue dans son sermon "propagande de la foi" à "pensée" et "foi", alors le pape dit vrai.

  • Mort de l'art

    La virtuosité est à la fois ce qui produit la plus forte impression sur le public, et le défaut qu'un artiste doit éviter ou corriger. Pour traduire cette idée de virtuosité, qualifions-là de "fausse vertu", ou bien de faiblesse déguisée en force ; ou encore disons que le virtuose n'a pas conscience des limites de son art.

    La musique dite "classique" est insupportable pour cette raison qu'elle est à 90% le fait de virtuoses, aussi stupides que ces sportifs qui tirent gloire d'avoir franchi la ligne d'arrivée avec un dixième de seconde d'avance sur leur poursuivant immédiat.

    Il n'y a rien d'étonnant à voir des petits génies de la musique ou de la peinture surgir, ici ou là, à peine sortis du berceau. Un régime totalitaire pourrait fort bien, si ce n'est déjà le cas, organiser l'élevage de petits génies en batterie.

    Mais l'art est mort, toute cette virtuosité en est le symptôme, et notre souci n'est pas de ressusciter l'art (entreprise vouée à l'échec à cause du Jugement dernier) ; néanmoins, ce qui est valable pour l'art est valable sur le plan moral - il y a une forme de virtuosité sur le plan moral qui peut être corrigée ; cette virtuosité coïncide souvent avec la souffrance physique ou morale. L'immoralité généralisée dans les sociétés modernes, avec les conséquences catastrophiques que l'on sait, tient justement à cette méconnaissance des limites de la morale. Espérant beaucoup trop de celle-ci (parce qu'on le leur fait espérer), les sociétés modernes n'obtiennent pas même les effets d'une loi morale raisonnable.

  • Synode sur la famille

    Le plus vain synode qui soit se tient ces jours-ci à Rome. Le plus vain car il porte sur la famille et que les évangiles discréditent les liens du sang au profit du lien spirituel, pur du péché véhiculé par le lien charnel.

    Qui dit famille dit "père de famille", notion sacrée dans le code civil des franc-maçons, édicté sous le règne de Napoléon. La défense est faite aux chrétiens dans l'évangile de Matthieu de nommer quiconque leur "père" en dehors de dieu, afin de prévenir contre les interprétations anthropologiques perfides du nouveau testament (la vocation secrète de l'anthropologie prétendument chrétienne est d'entraîner à l'athéisme les chrétiens sincères).

    Comble d'ironie ou d'absurdité, sur un sujet qui ne relève pas de la foi chrétienne, les catholiques romains ne parviennent pas à s'entendre et sont divisés entre conservateurs et modernes. Ces positions recoupent des positions économiques, on ne peut plus temporelles et triviales. En effet, l'économie capitaliste a eu sur l'organisation familiale traditionnelle un effet de sape. Le clivage homme-femme même a quasiment perdu son efficacité (donc sa valeur) dans le cadre d'une économie dite tertiaire. Mais le catholicisme romain continue d'exercer un rôle de direction morale sur des millions d'individus qui vivent dans des pays demeurés au stade industriel ou paysan, où la famille reste efficace, et la répartition du travail selon le sexe.

    L'axe du discours antichrétien satanique consiste à ramener au plan social des exhortations évangéliques spirituelles afin d'empêcher le royaume de dieu. C'est la vocation de plus en plus nette de l'Eglise catholique romaine.

     

  • Modernité, piège à con

    Résolu très tôt contre l'ennui, je n'ai pas tardé à l'être contre la modernité. Je ne connais pas de personne spirituelle qui tolère cet état.

    Pour cette raison je crois le mouvement moderne condamné, car si la société contemporaine totalitaire est organisée afin de faire passer l'ennui pour une forme de confort enviable, et ce dès le plus jeune âge (tout ou presque est fade et ennuyeux dans la vie moderne), ce système sera mis en péril dès lors qu'un individu ou un groupe d'individus décidera de vivre pleinement sa vie, et non seulement de faire semblant comme un acteur de cinéma.

    La manière dont la culture moderne s'accommode de l'ennui est d'ailleurs l'indice d'une religiosité excessive. La culture et l'enseignement modernes ne sont-ils pas parvenus à rendre la science ennuyeuse ? Sciemment ou non, ce que l'amateur de littérature antique cherche dans la lecture des auteurs antiques, c'est d'abord à se désennuyer de la culture moderne.  

  • Autour d'Hamlet

    L'étude du "Hamlet" de Shakespeare par Lise Contour-Marsan (1969) fournit plus de renseignements sur l'appareil critique extraordinairement volumineux concernant cette tragédie qu'elle ne contribue à élucider cette pièce.

    Contour-Marsan note ainsi ce paradoxe : l'accumulation des études, qui se comptent en dizaines de milliers (comparativement aux Anglais, aux Américains et aux Allemands, les Français ont peu contribué à cette accumulation), n'a pas eu pour conséquence de faire progresser de façon nette la compréhension de Shakespeare.

    J'explique ce paradoxe ainsi : Shakespeare constitue une menace pour la culture bourgeoise ; deuxième explication adjacente : rares sont les docteurs ou professeurs de littérature contemporains possédant une connaissance suffisante de la bible pour comprendre quelle est la religion de Hamlet, c'est-à-dire de Shakespeare. La science bourgeoise universitaire est par conséquent faite d'un mélange de mauvaise foi et d'ignorance, peu propice à l'élucidation de Shakespeare ; j'ai donné sur ce blogue de nombreux exemples d'interprétations aberrantes au point d'être ridicules concernant Shakespeare, son théâtre ou sa poésie.

    Pour mémoire, citons le cas de "Thomas More" : il y a tout lieu de croire que cette pièce est de Shakespeare ; le personnage de l'éminence grise, appartenant au clergé, dont le théâtre de Shakespeare fournit plusieurs exemples (Wolseley, Polonius, etc.), est toujours un personnage "noir", dont la perfidie se teinte parfois de bêtise (Polonius). On peut en déduire que Shakespeare prend dans ce cas en compte l'interdiction chrétienne formelle de servir deux maîtres, dessinant des personnages dont le mobile et la vocation sont les plus troubles, en même temps qu'ils sont caractéristiques de la culture bourgeoise et des temps à venir. Thomas More, selon Shakespeare, n'échappe pas à la règle : l'auteur nous montre ce prétendu "saint" commettre un parjure odieux ; un parjure significatif puisqu'il résulte du christianisme aberrant de T. More. Bien loin d'en faire un martyr, Shakespeare fait de T. More un "arroseur arrosé". Or le commentateur moderne, dans certaine édition écrit à peu près : Shakespeare a fait de saint Thomas More le héros d'une de ses pièces, donc cela prouve que Shakespeare est... catholique romain. Seul un mélange de mauvaise foi et d'ignorance peut fonder un tel commentaire.

    *

    Contemporaine de l'exégèse freudienne du théâtre de Shakespeare, L. Contour-Marsan écarte heureusement les spéculations de cette pseudo-science allemande d'un revers de main bien français, c'est-à-dire en se fondant sur le bon sens. Shakespeare à plusieurs reprises dans la pièce montre que la folie de Hamlet est une feinte. C'est le Danemark qui, de toute évidence, est aliéné du point de vue de Shakespeare ou de Hamlet.

    L'exégèse psychanalytique conduit ainsi à adopter le point de vue du Danemark, c'est-à-dire de Claudius, Polonius, Gertrude, ses actionnaires principaux. L'antimétaphysique freudienne se heurte à la méthaphysique shakespearienne, d'une manière qui n'est pas sans rappeler le heurt entre Platon et Homère.

    A travers Hamlet, Shakespeare nous dit la menace que représente Hamlet pour le Danemark, et la menace que représente le Danemark pour Hamlet. Et par "Danemark" il faut comprendre "l'Occident chrétien" ; c'est à quoi tient la dimension prophétique de Shakespeare, sa résistance au temps et aux changements de régime.

  • Bêtise laïque

    On peut définir la culture laïque comme "une culture de la libre-pensée obligatoire" ; cette définition caricaturale permet de souligner la bêtise laïque, en même temps qu'elle est un paradoxe élevé au rang de doctrine ; et même l'origine chrétienne de la laïcité est perceptible.

    En effet, en ce qui concerne ce dernier aspect, nulle religion n'a jamais paru plus proche de la libre-pensée que la religion de Jésus-Christ, qui attisa contre lui pour cette raison la vindicte des représentants de la religion juive et des autorités civiles et militaires romaines.

    La figure de Jésus-Christ libre-penseur est si frappante, soulignée d'ailleurs par les épîtres de Paul, que son assassinat a pu être approuvé par des doctrinaires partisans de l'ordre public, en l'absence même de motif de condamnation légale valable (!) ; F. Nitche est peut-être le plus célèbre, mais surtout le plus franc d'entre eux, qui désigne Jésus-Christ comme un anarchiste. A l'inverse, nombreux sont les doctrinaires révolutionnaires, sincèrement chrétiens ou non, qui se sont servi de l'argument de la libre-pensée chrétienne contre l'autorité de l'Eglise catholique (afin de mettre sa doctrine en porte-à-faux) ; on pourrait multiplier les exemples, contentons-nous de citer Diderot (athée), Rousseau (chrétien), d'Holbach, ainsi que Marx plus récemment.

    La logique de purge du judaïsme et du christianisme, correspondant au voeu de Nitche ou d'athées militants voudrait qu'on instaure un régime théocratique, proscrivant la libre-pensée au lieu de la promouvoir. Nitche en est parfaitement conscient.

    Aucun homme de loi, aucun politicien honnête et compétent ne parviendra en effet à justifier le besoin de la libre-pensée sur le plan politique et social. Si les espèces animales fournissent des exemples d'organisations politiques parfaites, c'est bien parce que la volonté animale est exclusivement tendue vers la jouissance, à l'exclusion de tout principe ou de toute chose métaphysique. Les Anciens en tiraient une leçon sur le rapport de la bêtise et de la politique, et de cette leçon une double limite, haute et basse, assignée à la politique.

    Mais l'éradication de la libre-pensée par le biais de la théocratie s'est avérée inefficace chaque fois qu'elle a été tentée (Napoléon, Hitler). La bourgeoisie libérale a mis en place une stratégie bien plus efficace ; principalement en réduisant la liberté à la liberté de jouir, en quoi le libéralisme excède toutes les sortes de cultures barbares du passé, et le Dr Johnson n'a pas déduit pour rien de sa lecture du "Marchand de Venise" que "le libéralisme est l'invention de Satan". Sur le plan juridique, la bourgeoisie libérale a choisi de mettre en place une théocratie qui ne dit pas son nom, que l'on peut qualifier d'anthropothéocratie. La ruse est grossière puisqu'il s'agit d'inciter le citoyen d'une nation anthropothéocratique à renoncer à la liberté, non pas au nom du droit divin représenté par une caste particulière de prêtres et de princes, mais au nom d'une volonté générale qu'une caste de hauts fonctionnaires prétend incarner. L'arcane est à la fois grossière et instable - on le voit à travers cette "laïcité sacrée" dont chaque citoyen propose une définition conforme à son désir ou presque.

    Cette anthropothéocratie a grand peine, de surcroît, à dissimuler qu'elle est un culte du veau d'or. L'Ancien testament renferme à cet égard une information historique majeure. On y voit le peuple de dieu se scinder de l'ancienne Egypte, pure théocratie, pour affronter une idole, qui en son sein même sème la discorde, à savoir le culte du veau d'or.

    Ce n'est pas un hasard si le régime laïc, soi-disant favorable à la liberté d'expression, se garde d'envisager l'argent comme un instrument d'aliénation et de fanatisme, de sorte qu'à de rares exceptions le culte du veau d'or est la religion la mieux protégée par le régime de libre-pensée laïc.

  • Du mensonge laïc

    Disons d'abord simplement ce que représente la laïcité d'un point de vue scientifique : il s'agit d'un mensonge d'Etat.

    A ce titre, la laïcité est un phénomène banal, car il n'y a aucune institution étatique qui puisse se passer d'une religion d'Etat mensongère.

    Un despote interroge son conseiller : - Et dieu dans tout ça ? Et le conseiller de répondre : - Peu importe dieu, majesté, du moment que nous disposons d'une religion afin de contenir le peuple dans les limites qui sont les siennes.

    Si l'on considère la musique comme la religion la plus commune, ou l'essence de la religion, on peut constater que celle-ci laisse la question de dieu pendante, tout en jouant le rôle trivial de ciment social dont aucune organisation humaine ne peut se passer. Mais, du point de vue scientifique, la musique n'est qu'un divertissement futile. Je le mentionne afin de souligner à quel point spiritualité et science se recoupent, et à quel point l'Etat totalitaire moderne doit se défendre contre ces deux aspirations - science et spiritualité - qui en réalité n'en forment qu'une.

    Prenons maintenant un exemple politique concret, qui en apparence ne semble pas concerner le christianisme : la critique marxiste est dissuasive de tenir quelque culture que ce soit pour autre chose qu'un discours religieux ; Marx met à jour que l'esprit critique a pour effet de dissoudre la culture. Par conséquent la religion d'Etat communiste, soviétique ou stalinienne, est largement fondée sur la censure de la critique marxiste, qui a pour effet de dévaluer complètement le culte mystique de l'Etat, ramenant celui-ci à un instrument de domination des élites bourgeoises.

    Il n'y a pas de chrétien laïc, pour la simple et bonne raison qu'un chrétien ne peut obéir à deux maîtres en même temps, et les théoriciens du "césarisme chrétien" (J. Ratzinger) doivent être regardés comme des serviteurs de l'Antéchrist.

    D'une certaine façon, on peut dire que le chrétien est soumis aux institutions temporelles comme il est soumis au principe vital. Il ne doit pas s'interdire d'être vertueux, sous prétexte que la vertu n'a qu'une valeur anthropologique, et non théologique ; cependant les lois sociales, dans la mesure où elles s'appuient sur un discours mystique étranger au message salutaire de Jésus-Christ, ne doivent pas venir troubler l'esprit des chrétiens. C'est un grave péché pour les soi-disant théologiens chrétiens qui ont osé le faire, de prôner la peine de mort comme son interdiction, ou encore le régicide comme la soumission aux valeurs de l'Etat (démocratie, droits de l'homme, etc.) ; on discerne d'après la diversité d'opinion de ces soi-disant chrétiens l'absence de fondement évangélique. Béni soit au contraire le théologien chrétien Swedenborg qui a mis à jour que la norme juridique est nécessairement satanique, éclairant ainsi deux symboles apocalyptiques majeurs : la "bête de la terre", qui désigne une puissance dont l'effet est analogue à celui de la norme juridique d'assigner à l'homme des considérations terre à terre ou charnelles ; et le cavalier juché sur un cheval noir d'autre part, qui tient dans la main une balance, représentant la justice des hommes, dépourvue d'amour au contraire de celle de dieu.

    Parler d'apocalypse entraîne à parler d'histoire et relever le paradoxe suivant à propos de la culture laïque : aucun chrétien authentique ne peut se soumettre à la "culture laïque", mais il n'est pas moins vrai que la laïcité est un avatar de la "civilisation chrétienne", au même titre que la bourgeoisie, catégorie sociale aux contours indéfinissables.

    On peut définir la culture laïque comme une invention bourgeoise, un cadre juridique défini par et pour la bourgeoisie. Les individus issus du peuple qui défendent la culture laïque ne font que répéter une instruction bourgeoise. Quant à l'aristocratie, sont sort est lié à celui de la théocratie - on peut l'observer à travers Nietzsche, qui désira restaurer l'aristocratie au nom de Satan et de l'art, Nietzsche à qui on peut décerner le titre de "dernier philosophe aristocrate authentique". La franche hostilité de ce dernier à la révolution française est caractéristique. Autrement dit, paganisme et théocratie sont indissociables.

    La culture laïque durera tant que la bourgeoisie durera. Dès que l'idole principale de la bourgeoisie vacille un tant soit peu - je veux parler du veau d'or -, on voit naturellement les prêtres laïcs ressortir leurs vieux sermons poussiéreux et qui ne mangent pas de pain. Toutes les leçons de catéchisme laïc récitées et apprises par coeur ne compenseront pas la mort de crédit s'il celle-ci advient.

  • Le Veau d'or

    Il me semble que je n'ai jamais été trop sensible à l'argent car il ne peut rien contre l'ennui ; ainsi l'argent favorise les conquêtes féminines, mais comme dit un expert : "Avoir couché avec cent femmes est comme avoir couché avec une seule."

    L'art, cultivé pour lui-même, peut aussi rendre indifférent à l'argent, car il procure plus de jouissance que l'argent. Ainsi peut-on voir des artistes assez indifférents aux biens matériels, non seulement des chrétiens.

  • Léopardi contre Nietzsche

    Les docteurs en littérature opèrent parfois d'étonnants rapprochements, comme celui de Léopardi avec Nietzsche.

    Léopardi rejoint le christianisme quand il s'emploie à démontrer la bêtise incorrigible du monde, prévenant ainsi son lecteur contre toute forme de doctrine sociale. A contrario Nietzsche veut sauver ou préserver le monde du christianisme et de son dédain pour les choses terrestres.

    On ne peut guère rapprocher Nietzsche et Léopardi que sur le plan du style, et c'est un angle mort.

  • ...isme

    Le féminisme comme toutes les religions en "isme" est tourné vers l'infini.

  • Stylisme

    Si le style est l'homme même, dans ce cas l'homme moderne est une sorte de défroque sans chair ni os en dessous.

  • Gouvernement mondial

    Certains voient derrière le projet de gouvernement mondial judéo-chrétien (où le "judéo-christianisme", ayant rompu les amarres avec la bible, désigne une sorte de national-racisme américain) un complot des élites dirigeantes, opérant à travers diverses sectes ou club d'influences occultes.

    La réalité de ces sectes est indéniable, mais leurs membres ont beau jeu d'invoquer la banalité et l'ancienneté de ce phénomène, à défaut de pouvoir nier qu'il est antidémocratique. Comme toutes les religions sociales horizontales, la démocratie a son bas clergé sincère, et son haut clergé plus machiavélique.

    On remarquera aussi que ce projet manque de cohérence, car il y a dans l'élitisme une logique d'affrontement de l'élite adverse (à cela on reconnaît dans le stalinisme un élitisme). Le trait d'union entre ces élites est le culte du veau d'or, c'est-à-dire l'opposition à dieu telle qu'elle se manifeste dans l'ancien testament avant d'être précisée dans le nouveau testament. N'importe quel esprit un minimum curieux, sans tendance particulière à la paranoïa, s'étonnera de ce phénomène politique paradoxal qui consiste pour des Etats pratiquement réduits à la consistance d'établissements bancaires, comme le Royaume-Uni, à persister dans des références bibliques. Ils feront bien de relire "Le Marchand de Venise", pour trouver la réponse à leur question.

    Le culte du veau d'or traduit un progrès de la bêtise, qui est l'autre nom du péché humain, c'est-à-dire l'ignorance des choses qui ne tombent pas sous le sens. Or, comme "les peuples intelligents ne se laissent pas gouverner facilement", le projet de gouvernement mondial ne peut manquer d'être assorti d'un programme tacite d'abrutissement généralisé des peuples.

    Génocides et massacres au sein de l'espèce humaine ne sont que la rançon de l'incapacité relative de cette espèce de penser au-delà des nécessités politiques. Les massacres d'embryons humains, notons-le, cliniquement opérés pour des motifs anthropologiques, émeuvent peu, pour la raison que l'homme est le plus souvent ému par des choses qui le touchent personnellement, et non autrui.

     

  • Logique de l'Amour (2)

    Amour et logique sont liés. Ils n'existent pas pour ceux qui n'entendent que la cause et les raisons biologiques.

    La culture moderne ubuesque, quant à elle, s'emploie doublement à dévaluer le bon sens commun et l'amour, et les remplacer par le "sentiment amoureux". On le voit à travers le "mariage des gays", qui avant d'être gay traduit le sens de la modernité. Or, derrière l'argument de la modernité, on retrouvera toujours la main de l'Eglise catholique romaine.

  • Logique de l'Amour

    Il est plus logique de voir quelqu'un de fort aimer quelqu'un de faible, car la faiblesse implique un défaut de volonté et l'impossibilité d'aimer autrui par conséquent. C'est là le sens "d'aime ton prochain comme toi-même". Dans la société totalitaire contemporaine, l'individu est incité à se transformer en "objet du désir" ; cette société est donc organisée pour empêcher l'amour. Par-delà la vertu authentique, ce que l'éthique judéo-chrétienne la plus compatible avec le capitalisme veut détruire, c'est l'amour.

    C'est pourquoi on ne peut prôner l'amour et faire l'éloge de la faiblesse en même temps. Le Messie des chrétiens, prônant l'amour, prône une force distincte de la vertu, dont la source est physique. L'amour chrétien est de surcroît étranger à la casuistique de l'âme platonicienne, qui a eu pour effet de transformer en quelques siècles le catholicisme en bouddhisme (les prônes de l'évêque de Rome ne diffèrent pas ou peu de ceux du Dalaï Lama).

    Disons et redisons-le, il n'y a pas d'éthique chrétienne ou judéo-chrétienne possible, c'est-à-dire que le message évangélique ramène l'éthique au plan humain où elle se situe.

    Si Nietzsche nie la réalité des choses métaphysiques, c'est pour la raison qu'il n'est pas un surhomme, mais qu'il s'efforce de le devenir, luttant contre sa peine à jouir (typiquement allemande ou féminine). Nietzsche cherche à obtenir par l'art ce que la bourgeoise puritaine veulent compenser par la psychanalyse. Or la métaphysique n'est d'aucune utilité dans la quête d'un plus grand bonheur. L'évidence est, contre le propos de Nietzsche et ses disciples, d'une religion grecque qui fait place à la métaphysique - notamment Aristote et Homère. Cependant cette métaphysique cherche à s'en débarrasser, comme un enfant ou un adolescent les questions qui ne sont pas d'ordre érotique.

    Le satanisme de Nietzsche coïncide en effet parfaitement avec la volonté de l'adolescent de devenir un adulte plus fort. L'adolescent viril niera le plus souvent l'amour, dont il n'a le plus souvent connaissance que sous la forme abstraite féminine du sentiment amoureux. On peut dire l'artiste "nietzschéen" également, dans la mesure où ce que l'artiste recherche plus ou moins confusément dans l'exercice de l'art, c'est un renforcement de sa volonté, la mise à distance de la mort (devant laquelle seule les civilisations au bord de la pourriture s'inclinent avec dévotion, leur art cinématographique ou photographique macabre).

    Si les personnes faibles ne peuvent aimer, c'est pour la raison qu'elles ne se connaissent pas elles-mêmes - ce qui est indispensable en termes de volonté comme d'amour.

  • Satan dans l'Eglise

    Vu les dernières déclarations de l'évêque de Rome, autoproclamé chef d'une Eglise à vocation universelle, le thème de "Satan dans l'Eglise" est plus que jamais d'actualité.

    En effet, le pape François ne paraît plus désormais se soucier de l'apparence chrétienne de ses discours, qu'il convient de qualifier de "propagande" car leur but de séduction (totalitaire) détermine leur contenu. Il est vrai que ses prédécesseurs, par le biais d'une philosophie sophistiquée, procédaient de même, transformant le message évangile en gnose anthropologique athée.

    L'écologie, façon mystique de parler d'économie, est une préoccupation étrangère au chrétien, qui ne partage pas les soucis mondains de ses contemporains. Les évangiles sont sans équivoque sur ce point et PARFAITEMENT DISSUASIFS de vouer à la planète terre un culte. La terre est le socle des mondanités.

    Le discours encyclique récent "Laudato si" se place d'emblée sous le signe de la mystification, en fixant l'objectif de "sauvegarde de la maison commune". Au-delà de la vanité du discours écologiste, que l'on trouve habituellement dans la bouche d'imbéciles (dépourvus de moyens contre l'économie capitaliste) ou d'hypocrites (les actionnaires des nations) : il n'est nulle part fait allusion à une quelconque "maison commune" dans les écritures saintes. Une telle métaphore ne peut se rapporter qu'à l'Eglise du Christ ou la Jérusalem céleste, qui pratiquement est l'antithèse de la terre, tabernacle des ambitions humaines.

    Il ne faut donc pas hésiter à bousculer les catholiques romains, à leur faire régurgiter leurs serpents et argumentaires cauteleux. Tous les hommes sont pécheurs, mais se rangent directement sous les ordres de Satan ceux qui cherchent à justifier la chair ou la terre, ou encore qui cherchent à jeter la confusion sur le sens du message évangélique.

    Sur les quelques citations des apôtres que contient le discours encyclique "Laudato si", le procédé employé pour les détourner au profit d'une préoccupation étrangère à la volonté de dieu, je reviendrai ultérieurement. Disons ici que ce n'est pas un phénomène nouveau ; le pape Benoît XVI précédemment avait assez de machiavélisme pour fonder un césarisme chrétien sur ce qui l'empêche, à savoir l'injonction de rendre à César ce qui relève de César.

  • Dans la Matrice

    L'idéal de jouissance féminin est un idéal sécuritaire ; ainsi l'Etat moderne totalitaire semble-t-il un dieu taillé à la mesure des femmes, tandis que la nature et son imitation fondaient une culture plus virile.

    Mais le droit moderne a beau faire croire qu'il se détache des contingences naturelles, se faire promesse d'égalité, il est cependant tributaire de la nature. Le droit moderne est rattachable à la nature, comme la mort se rattache à la nature : tout en paraissant blasphémer contre la nature, la mort en fait partie. Le caractère artificieux de la culture occidentale moderne est aussi analogue au rêve, dont les anciens mythes (Narcisse) indiquent la proximité avec la mort.

    C'est pourquoi l'on peut associer l'Etat moderne totalitaire au dieu Pluton. La mythologie antique est un meilleur moyen d'élucidation du monde que les mathématiques modernes.

     

     

  • Qui a peur de Shakespeare ?

    Platon, jadis, conspuait Homère. Mais quelle sorte de prêtre, aujourd'hui, redoute Shakespeare au point de dire sa logique absurde ?

  • De Shakespeare à Claudel

    Paul Claudel, c'est Polonius décidant de réécrire les tragédies de Shakespeare pour en faire des drames bourgeois.

    Quand Shakespeare dissout l'alchimie du langage, Claudel la ressuscite.

  • Le Christ anarchiste

    L'anarchisme chrétien tient dans l'impossibilité d'une politique universaliste. Il convient pour le chrétien de laisser à César le soin des questions terre-à-terre. En jouant un rôle politique, tel ou tel homme d'élite soi-disant chrétien donnera à son prochain une image trompeuse du christianisme, en quoi il s'expose aux foudres de dieu.

    C'est la raison pour laquelle Shakespeare a représenté les "éminences grises catholiques" comme des suppôts de Satan, car ce qui trahit l'esprit de la parole divine le fait nécessairement pour le compte de Satan.

    Tous les détracteurs de la démocratie moderne comprendront aisément le point de vue chrétien puisque les adversaires de la démocratie moderne s'emploient à démontrer que le modèle de développement que les élites occidentales s'efforcent d'imposer au monde entier est un modèle catastrophique.

    Certain philosophe réactionnaire (Nietzsche), au long de sa vitupération du monde et de la culture modernes, croit déceler dans celles-ci la marque du judaïsme et du christianisme. Les apparences seulement corroborent sa remarque ; l'universalisme des "droits de l'homme" paraît en effet une forme renouvelée de "morale judéo-chrétienne". Mais il n'en est rien, car la morale n'a pas, du point de vue chrétien, ainsi que toutes les paraboles l'indiquent, une portée universelle, mais seulement relative. Amour et éthique sont parfaitement distincts dans le judaïsme et le christianisme.

    Le fait est d'une tentative surprenante d'imposer au monde un gouvernement et des valeurs judéo-chrétiennes, en dépit de la prohibition qui est faite par le Messie à ses apôtres d'emprunter une voie politique. D'une certaine façon, on peut dire que toutes les utopies politiques modernes reflètent cette perspective chrétienne truquée. Ostensiblement antichrétien, le régime nazi se présente justement comme une contre-utopie, un retour à des valeurs naturelles.

    Les évangiles et les épîtres de Paul fournissent la réponse à ce paradoxe ou cette énigme dans la description qu'ils donnent de l'antichristianisme de la fin des temps. Celui-ci se présente, non pas comme un satanisme dans le sens païen, mais comme un satanisme dans le sens chrétien, à quoi la notion de "politique chrétienne" correspond à peu près. Ainsi le piège de Satan est moins facile à déceler. Néanmoins la mythologie de Shakespeare consiste largement à démasquer Satan derrière les symboles chrétiens.

     

  • Onanisme

    "L'existentialisme est un onanisme" : Karl Marx disqualifiait ainsi la culture bourgeoise (marquée par la philosophie allemande, de Hegel à BHL ou Ratzinger).

    Nous sommes désormais au point de pourriture extrême où cet onanisme est revendiqué publiquement ; ainsi un soi-disant "critique littéraire" pourra comparer la lecture, en cette période de rentrée littéraire, à la masturbation, et l'air pas peu fier, encore, de sa comparaison de marchand de livres. Il y a ne serait-ce qu'une vingtaine d'années, aucun journaliste n'aurait osé tenir ce discours de pourceau en public ; cet aveu est le signe que la caste bourgeoise ne connaît plus les limites de son pouvoir.

    La délégation de pouvoir du peuple à la caste bourgeoise censée le représenter repose en effet sur l'idéal du progrès, et non celui du bonheur. Le reproche de l'onanisme est un reproche lourd de sens dans la bouche de Marx : il comporte une menace de retour à la barbarie la plus primitive, sous l'égide de la caste bourgeoise ; car quand on ne progresse pas, on régresse forcément.

    La coïncidence de la révélation divine ultime avec la faillite politique des nations est la traduction de la vision apocalyptique de Jean. La ruine d'une civilisation, extrêmement coûteuse sur le plan humain, peut en effet n'être d'aucune conséquence sur le plan scientifique.

    La ruse bourgeoise consiste à faire passer la science dite "anthropologique" pour un progrès, alors qu'il ne saurait y avoir de progrès sur le plan humain. Pour étouffer la critique marxiste, on l'a ainsi ramenée à un discours sociologique. L'idée de "progrès anthropologique" est entièrement contenue dans la mort ou le néant, de sorte que le terme de la culture bourgeoise est son propre anéantissement.