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Lapinos - Page 154

  • Sous hypnose

    Dans le rayon "Farces et attrape-bobos" – puisque j'y suis, autant m'enfoncer –, pour un coût inférieur à une séance chez le psy, j'ai essayé le "Love-calculator", dont les résultats m'ont d'abord laissé sceptique :

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    Mais comme je sais bien qu'on ne peut espérer gagner le beau petit lot du premier coup, je consulte de nouveau le Dr Love :
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    C'est nettement plus convaincant cette fois ; un peu euphorique, je vais chercher au fin fond de mon inconscient et des mes fantasmes les plus secrets, et je ne suis pas déçu :
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    Bon, cela dit, le Dr Love n'est pas infaillible non plus, voyez plutôt :

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    À demi satisfait seulement, je décide donc d'aller me soulager du côté de Lahaie, Brigitte - quel joli patronyme !
    Elle n'a pas prêté le serment d'Hippocrate, certes, mais qu'importe le serment pourvu qu'on ait le diagnostic, et Brigitte sonde les reins à son tour, et les étoiles en prime, comme pas une :

    « Taureau : l’être est compliqué et à des tendances perverses marquées, sa sensualité est grande et ses besoins insatiables. Il est d’abord plutôt agréable mais son égoïsme inconscient peut devenir insupportable. Sa jalousie maladive le pousse à vouloir diriger la vie des autres dont il est très dépendant.

    « Bélier : cultive une fascination pour la mort et ses appétits sexuels sont intenses. Le sexe l’aide d’ailleurs à canaliser ses angoisses mortifères. Caractère passionné, absolutiste, il peut devenir sadique. Il a du mal à accéder au bonheur, sauf s’il trouve un métier ou une cause qui lui permet d’assouvir cette soif de pouvoir.

    « Cancer : une vie fantasmatique habite le sujet, son univers ténébreux est fait de rêves morbides qui ont tendance à le rendre pessimiste et l’isolent du reste du monde. Sa capacité à percevoir l’autre n’est pas toujours utilisée à bon escient car son anxiété permanente brûle les pistes. Il aura tendance à s’entourer de personnes qui ne lui conviennent pas.

    « Balance : aime comme on regarde un tableau de maître et elle caresse comme on touche une belle sculpture, le raffinement se cultive jusque dans l’alcôve, pas de fausse note ni de mot cru, ni de geste vulgaire. Le décor a une importance énorme, le rapport sexuel ne se fait pas dans un endroit en désordre.

    « Vierge : elle a du mal à aborder le domaine amoureux puisque celui-ci échappe au rationnel. C’est le signe où figure le plus grand nombre de célibataires. Sa peur d’être déçue la pousse souvent à rester seule. Pourtant l’affect est puissant, mais elle le ressent comme dangereux car il peut faire perdre tout contrôle. Autant dire que la vierge fuit la passion qu’elle trouve ridicule. »


    Assez ! assez ! Je me suis reconnu… c'est fort gênant d'être ainsi déballé, même par une professionnelle.

  • Martingale

    Un gros livre noir sous la direction du professeur Mikkel Borch-Jacobsen pour nous dire que la psychanalyse repose sur l'imagination de Freud et d'un aréopage de patientes et de confrères plus coincés du cul les uns que les autres, bref, que la psychanalyse n'est que littérature. Ce que Borch-Jacobsen oublie de démontrer, c'est qu'en plus c'est de la mauvaise littérature. Lisez plutôt A. Huxley :

    « La pseudoscience qu'est la psychanalyse est l'un des plus beaux spécimens du genre jamais conçu par l'esprit humain. Sa prodigieuse popularité, touchant toutes les classes, sauf celle des scientifiques, en atteste suffisamment. Et quand on vient à l'approfondir, on découvre qu'en effet elle possède toutes les qualités qu'une pseudoscience se doit idéalement d'avoir.

    (…) Quiconque est capable d'accepter des déclarations infondées comme des faits, quiconque se sent une affinité particulière avec la symbolique et une attirance pour le coup de force logique que représente la déduction analogique peut étudier la psychanalyse.

    Mais cette science a bien d'autres attraits et de plus positifs encore. Aux dépressifs elle propose des cures. À ceux qui veulent connaître les affriolants mystères du sexe - et qui, après tout, ne le veut pas : elle offre tout un lot d'anecdotes et de théories fascinantes. Si elle pouvait seulement s'incorporer une méthode pour prédire l'avenir ou encore une recette miraculeuse pour gagner des millions sans travailler, la psychanalyse deviendrait une pseudoscience aussi complète que le furent l'astrologie, la magie ou l'alchimie.

    Mais peut-être qu'en temps voulu ces améliorations de la théorie de base pourront être faites ; les psychanalystes étant des types débrouillards et très inventifs. Pour l'instant, même en la prenant telle quelle, elle reste incomparablement supérieure au magnétisme, à la phrénologie et aux rayons N (…). »

  • Unhappy few

    Les quatre ou cinq personnes qui s'intéressent encore à la grande peinture dans ce pays peuvent difficilement se dispenser de la lecture de L'Art face à sa destruction de M. Mazo. Celui-ci ne cherche pas à se faire valoir par des métaphores de langage brillantes ou en jonglant avec des concepts comme la majorité des "discoureurs sur l'art" (dans le meilleur des cas, car la plupart sont des branques incapables d'assembler un sujet, un verbe et un complément pour en faire un truc intelligible, cf. Soulages). Mazo parle simplement, en "homme du bâtiment", et c'est parce que ces attentats ignobles l'atteignent intimement qu'il délaisse ses pinceaux. Il n'a rien à fourguer.

    « Vous savez, Les Demoiselles d'Avignon, la toile est en Amérique mais si on l'exposait à Paris, au Louvre, dans la Grande Galerie, à la Tribune, on enlèverait certainement Watteau et on mettrait Les Demoiselles d'Avignon à sa place. On en est là ! Or, qu'est-ce que c'est que ce tableau ? C'est une horreur et un truquage. Picasso a pris des moyens qui sont, en partie, sortis de l'art nègre et, pour le reste, c'est avec son culot, sa façon de rabattre, de mutiler la représentation. Aussi, pour moi, ce tableau c'est - au contraire de l'opinion des bien-pensants - un témoignage exemplaire d'impuissance.

    Guernica c'est la même chose. Ce sont des hurlements et, en même temps, des hurlements d'impuissance devant la grande tradition. (…) Les Demoiselles d'Avignon, voilà ce qu'il faisait en 1907, bon. Mais Guernica, quand vous en parlez aux gens, même aux bourgeois en critiquant, « ah, mais non, protestent-ils, Guernica c'est merveilleux ! Non, non, je vous en prie, dites ce que vous voudrez de Picasso mais tout de même, Guernica c'est vraiment l'horreur du massacre ».

    Si on arrivait à les faire avouer, il y a des moyens pour dépister la vraie pensée, on verrait bien qu'au fond de leurs cœurs, ils trouvent que c'est horrible, mais enfin ils font semblant de trouver cela génial, parce que c'est l'horreur, la hideur du fascisme, les nazis.

    Maintenant, parlons un peu du fameux mot de Picasso, quand Picasso a été visité par Abetz. Abetz, homme bien élevé et cultivé, qui était chargé des relations "intellectuelles" entre les Français et les Allemands, a dit, paraît-il, devant
    Guernica : « C'est vous qui avez fait ça ? ». Et Picasso de répondre : « Non, c'est vous ». On a trouvé ce mot-là historique. Autrement dit, « c'est vous », les Allemands. C'était insolent, je ne sais pas s'il a vraiment prononcé ce mot, mais l'abbé Morel l'a répété, en Sorbonne, en 1946. Toute la Sorbonne a croulé d'applaudissements. Eh bien, entre nous, c'est idiot ! Il faut comprendre : « C'est vous qui l'avez fait, c'est-à-dire, c'est vous, par votre inhumanité, dans cette guerre d'Espagne, en massacrant de pauvres gens, c'est vous qui avez suscité ce moyen que j'emploie. »

    Là-dedans, je vois un sophisme et une grave erreur. D'abord le sophisme, c'est d'employer pour s'exprimer en art, que ce soit en prosodie, en peinture ou en sculpture, un moyen monstrueux, un moyen destructif, pour "dire" la destruction. En vertu de cela nous devons prendre un moyen liquide pour exprimer la mer ou un moyen gazeux pour peindre un ciel. Par conséquent, pour dire l'horreur de la guerre, se servir d'un moyen, inventer un moyen, qui, dans sa texture propre, est fait de signes meurtriers, c'est un sophisme. Les plus grands maîtres, Rubens faisant des chasses violentes et sanglantes, des combats cruels,
    La mort de Decius Mus, Delacroix peignant aussi des sujets pleins de cruauté, Les massacres de Scio (…) tous ces maîtres ont usé de moyens, au contraire, très serrés, très sévères, qui exprimaient en profondeur l'horreur même de la chasse, de la tuerie, de la guerre.

    Secondement, l'erreur des dates. En 1932, Picasso a fait, rue de Sèze, chez Georges Petit, une exposition très importante, de ses œuvres de jeunesse, ce qu'on a appelé la période bleue, qui étaient figuratives et souvent faibles :
    La femme à la taie, ou encore le portrait de sa première femme (…). Ce sont des œuvres qui, du point de vue du dessin, sont néo-académiques, car Picasso avait une main extraordinaire. (…) Eh bien, c'était déjà des tableaux dans lesquels il y avait des rabattements monstrueux, inspirés par des femmes courant sur des plages, terribles à voir, et tout cela venant du souvenirs de belles Américaines à Saint-Tropez ou ailleurs. Or, en 1932, il n'était pas question de guerre d'Espagne, pourtant, déjà, à ce moment-là, Picasso, comme il l'avait fait pour Les Demoiselles d'Avignon, et d'une façon cruelle, martyrisait, torturait la forme, la détruisait.

    Alors quelle vérité particulière peut-on voir dans l'adaptation monstrueuse d'un moyen à la représentation des scènes horribles
    Guernica, puisque Picasso l'employait déjà cinq ans avant, alors qu'il n'était pas question de guerre, en pleine détente heureuse ?

    Ces choses-là sont simples ; ce que je dis là c'est du pur bon sens, mais personne n'ose l'écrire.
    Et les bourgeois font semblant - je dis font semblant - d'admirer, et c'est de cela que nous crevons !


    Maurice Mazo

  • Au bout de la nuit

    Est-ce que Marcel Duchamp reconnaîtrait son urinoir dans tout ce bric-à-brac de gadgets subventionnés ? Pas si sûr. Car entre le clown et les charlatans, on note l'absence totale de rire chez ces derniers, complètement crispés sur leurs boniments. Seul le fou-rire plane au-dessus de ce sentencieux triturage de merde.

    Ce type, indécrottablement sain d'esprit, qui ne peut s'empêcher de pisser dans le Duchamp quand il va au musée, ils appellent les flics pour le faire coffrer, ces bâtards. C'est un conte moderne et merveilleux (d'Andersen).

    Quelle âme sensible ne se tordrait pas devant ce spectacle, l'industriel Arnault singeant Vivant Denon, Karl Lagerfeld en Cocteau, Bertrand l'Élu se prenant pour Laurent le Magnifique ?

    Les ténèbres les plus noires sont accueillantes à côté de ce genre de nuit blanchie.

  • Festival

    « Je m’en régale à l’avance ! » B. Delanoë

    « La nuit est plus démocratique. (…) C’est une façon de rendre la nuit moins noire. » F. Taddéi

    - Quel événement vous semble le plus original ?
    « Je suis curieux de voir ce que va donner le faux tournage de films organisé rue Sainte-Marthe dans le Xe arrondissement, avec, bien sûr, la participation du public. » Jean Blaise (organisateur du festival)

    « Cette découverte de l’art contemporain dans l’espace public et spirituel change le regard porté sur notre ville et permet de restituer des morceaux de Paris. » C. Girard.

    L’adjoint de Delanoë chargé de la culture est pour moi l’une des plus proéminentes incarnations de la bêtise de l’amateur d’art contemporain. Fier de poser pour la presse dans son bureau de fonction devant un cliché de lui-même à poil à l’échelle 1/1… alors qu’il est laid comme un poux !

    Quand on mettra les cons sur orbite, sûr que Girard sera volontaire pour faire partie du “happening”.

  • Pourvu qu'on ait l'osier

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    Certes, la rentrée des vignerons est plus heureuse ! Je veux goûter tous ces titres de noblesse : La Dame de Montrose, La Croix de l’Espérance, Les Vieux Chênes, Vertige… boire aux vins jeunes éduqués dans de vieux fûts bien taillés - après, compisser la modération, vertu de député, en bonne compagnie.

    Sûr que si Bukowski avait connu ces bonnes fioles, plutôt que son merlot d’Amerloque, son talent se serait accru jusqu’au génie !

    Ouf, ça y est, la rentrée littéraire est terminée ! Assez de temps perdu à goûter des crus bourgeois-bohêmes mal étiquettés qui vieilliront mal…
    Je vais redescendre à la cave, retourner aux choses sérieuses. Me souviens que j’ai un Veuillot à feuilleter, une dizaine de stances de Madame de Staël à recopier, quelque Diderot à terminer.

    Au fait, quel vin faut-il boire en lisant Diderot ?

  • Lilliputien bas de soie

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    Je rame depuis des heures et toujours rien à l’horizon… Entre le fiel et l’eau de rose, où est passée cette île promise ? Hors quelques langues de terre hostiles à l’homme civilisé, je n’ai rien senti de bien ferme sous ma quille…

    Et puis le problème avec les types sincères comme Houellebecq, c’est qu’ils causent, ils causent, et ça déborde. Beaucoup plus que les hypocrites ! Comparez avec Beigbeder ; à côté c’est le type bien élevé, bien coiffé, l’œcuménique presque parfait (mi-Juif, mi-catho, amoureux de la Turquie), un bobo prudent qui sait s’en tenir à un nombre de pages raisonnable compte tenu de ce qu’il a à dire. Et qui n’en dira jamais trop.
    Si je compare ces deux auteurs à succès, c’est qu’ils jouent tous les deux le même petit air de flûte désenchanté (exploitant honteusement l’apathie économique dans laquelle nous marinons, seurfant inconsciemment sur l’antiparlementarisme fâchisant d’une France d’en-bas mortifiée par la baisse de son pouvoir d’achat.)

    Moi je verrais bien La Possibilité d’une île en feuilleton dans Le Monde ; cette idée m'est venue en entendant Josyane prendre sa voix mielleuse pour parler de Houellebecq. Et puis parce que le pavé de Houellebecq, on peut l’entamer un peu par n’importe quel bout, comme un feuilleton (ou un pamphlet). Pour remplacer les billevesées de Fottorino ou les délayages de Dominique Dhombres. Sur cinq colonnes à la Une - sûr que ça relancerait les abonnements comme l'anémie des budgets publicitaires inquiète tous les journalistes-actionnaires du consortium.

    Les fantasmes de Houellebecq sont quand même moins chiants que ceux de Colombani & Plenel, non ? La possibilité du clonage est aussi incertaine qu’une partie de golf sur Alpha du Centaure, et puis tel clone ne perpétuerait en rien tel individu, mais c’est quand même moins casse-couille que la paix mondiale garantie par l’Onu pour assurer la prospérité d’Israël.
    Mais au Monde ils préfèrent Blueberry en feuilleton, c'est sûr que c'est moins polémique.

  • Éloge de la simulation

    Comme elle encaissait sans broncher, « Dis, simule un peu ! », je lui dis, agacé par ce manque de coquetterie.
    Évidemment, nous, les hommes, ou ce qu’il en reste, nous débordons toujours de vie et, pour celles qui se fient aux apparences, elles boivent du petit lait, s’enorgueillissent de nous ravir…
    Petites dindes, elles se fourrent le d. dans l’o. jusqu’au coude ! Si la franchise est une vertu masculine, on nous a quand même appris la politesse. Parole, il est des cas ennuyeux où l’on se répète !

    De là à dire que nous préférons la levrette par courtoisie, il n’y a qu’un pas que je franchis sincèrement.
    Oui !! Oui !! la simulation, je vous le dis, c’est la bonne manière du sexe, et ceux qui ne simulent pas - ne serait-ce qu’un chouïa - sont des goujats, que dis-je, des SALOPES !!

    Le “droit à l’orgasme”, y’a pas plus con. C’est à cause de réclamations comme ça qu’on a des écrivains déboussolés tel que Houellebecq (et non pas l’inverse) !

    Moi, quand je rencontre une femme qui en veut, son orgasme, je le lui prends et j’en fais une cocotte en papier buvard, non mais, faut pas s'exagérer ! Je sais, c’est mal vu ; qu'on me traite de peine-à-faire-jouir, je m'en fous.

    Et cette confidence de Suzanna m’avait ému :
    « Moi, je simule tout le temps ! », en rougissant sur le canapé, avant de me le prouver. Je ne peux pas en dire autant…

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  • Le Rouge et le Noir

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    Pas question de bouder mon plaisir sous prétexte que Riad Sattouf dessine dans Charlie-Hebdo. Sa dernière bédé naturaliste, Retour au collège, est un petit chef-d’œuvre d’observation. La maladresse du trait de Riad n’empêche pas la justesse du trait de Sattouf, au contraire… Pulvérisée, la propaganda de Rotman et Hamon sur les bienfaits d'une éducation nationale syndiquée, plus efficacement que par n’importe quel discours réactionnaire.

    Bien sûr, toutes les scènes de médiocrité scolaire décrites sont censées se dérouler dans un lycée pour gosses de riches du 16e arrondissement, les hommes de peu de bonne foi pourront toujours se défausser, mais personne n’est dupe, personne ne croit que les minus habens décrits là sont des exceptions culturelles, tout le monde sait que l’enseignement n'est réellement "privé" que du droit de dissidence.

    Les petits profs rouges me feraient presque regretter les hussards noirs de Péguy.

  • Commentaire de texte

    Je lis rarement les réclames. Celle-ci m'aurait fait gagner du temps, pourtant, mais je l'ai inopinément découverte après. Tant pis.
    Plus exactement, c'est une "auto-réclame", un exercice assez scabreux de racolage auxquels les éditeurs modernes demandent à leurs chevaux de manège de se livrer pour tâcher d'épater le chaland.

    « L'idée générale de ce livre [C’est bien, ça, toujours commencer par une idée générale] qui n'est pas un recueil d'articles est qu'on apprend des choses sans s'ennuyer, j'espère [J’avoue que je me suis bien marré parfois (cf. La Fontaine]. Sur des écrivains, des œuvres, des personnages, des notions, sur la littérature, en un mot, et même à côté : que la France doit la laitue et le platane à Rabaissais, par exemple ; tous les écrivains n'en ont pas fait autant [Aucun n'a fait mieux, même, sans doute].
    Et leurs “morts inhabituelles” ! J'ai été étonné par le nombre d'écrivains morts écrasés par un véhicule
    [Dans un platane ? Soit ce Dantzig est complètement pistonné, soit il se fout de notre gueule et dans ce cas il est très fort]. Émile Verhaeren, Roland Barthes, Fagus, Claudien, Jean Follain, Catulle Mendès, le gendre de Théophile Gautier, dont on trouve une caricature dans les Portraits souvenirs de Jean Cocteau [Notez bien la précision de bibliothécaire en chef].

    J'ai essayé de varier les façons de raconter : plutôt que d'exposer ce qu'est “À la recherche du temps perdu”, ce qui me paraissait assez vain, j'ai cherché ce que ce roman n'est pas.
    [Tout l'esprit de Dantzig est résumé dans cette phrase. Plutôt que d’écrire un dictionnaire de plus, il aurait peut-être été judicieux d’en écrire un de moins.] »

    C. Dantzig

  • Dialogue de sourds

    - Excusez-moi, je…
    - Oui ? (Elle sourit)
    - Euh, je me demandais si vous n’étiez pas Sarah ? (Elle sourit plus)
    - …
    - Sarah ?
    - Oui, je m’appelle Sarah, mais vous, je ne…
    - Si. Vous aussi vous me connaissez !
    - Hein !? Parce qu’alors j’ai oublié quand et où ?
    - Sur internet.
    - Ah, vous devez faire erreur alors, parce que - je peux te tutoyer ? parce que j’ai pas internet, alors…
    - Ah ? Et c’est indiscret de vous demander ce que vous avez choisi comme bouquin, dans le rayon ? (J’aime passer du coq à l’âne et les dialogues de sourds)
    - Attendez, on parlait d’internet… vous chattez ? Vous avez rendez-vous avec une Sarah ? Ici ? Sans déconner ?
    - Oui, enfin non, c’est une longue histoire, une histoire de blogues… Mais vous ne trouvez pas que la littérature érotique c'est plutôt chiant dans l’ensemble ? C’est-à-dire, à part les “Mémoires d’une chanteuse allemande”, je ne vois rien de très…
    - Très ?
    - Rigolo. (J'aimerais bien qu'elle sourie de nouveau)
    - Ben si, peut-être “Justine ou les infortunes de… Attendez ! je sais même pas ce que c’est qu’un blogue, moi, de quoi est-ce que vous parlez ? Et puis d’abord je comprends rien… Vous, tu veux pas prendre un café là, à la cafète, tu m'expliqueras tranquillement…
    (À l’idée d’un café américain dans un gobelet en carton, je grimace, mais comme elle a l’air de mal interpréter cette grimace, je souris).
    - Bof, les libertins sans-culottes, moi, c'est pas trop mon truc, je trouve ça un peu… disons : éculé. Oui, je prendrais bien un café. Mais à une condition : que ça soit moi qui règle !
    - ???
    - Oui, vous comprenez, ça me gêne plutôt qu’une femme me paye mon café ou qu’elle refuse que je lui offre un verre sous prétexte qu’on ne se connaît pas assez et qu’il faudrait pas que je m’imagine des trucs, et patati et patata.
    - Ah ? Vous êtes un peu bizarre, non ? Moi ça me gêne pas du tout qu’on m’offre un verre… au contraire.
    - Ah bon, très bien… Ben, si vous êtes bien comme vous dites alors ça me gêne plus que vous me l’offriez ce café, dans ce cas, vous voyez… Allons-y ! (Je souris)

    À partir de là nous avons entamé une conversation sur les blogues qui a dérivé lentement mais sûrement vers l’érotisme dans l’œuvre de Houellebecq. Mais je réutiliserai peut-être cette tranche de vie dans mon roman, alors motus. Eh oui, je sais bien, moi aussi… c'est d'un commun… D'ailleurs je n'en parle pas trop, beaucoup moins que Raphaël Juldé, car j'ai un peu honte.

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  • Du ghetto

    “Homos, comme ils lisent”, c’est le petit ghetto à pédés de la Fnac, un rayon pour eux tout seuls. C’est le petit côté nazi de la Fédération nationale d’achat des cadres. C’est aussi l’ambiguïté du ghetto : on les pousse là où ils veulent aller, en fin de compte. Décidément, encore une fois j’ai l’impression qu’il n’y a plus de pédés, qu’il ne reste plus que des caricatures plaçant mal leur fierté dans le cul. Bon, mais on va encore me dire que je suis nostalgique, alors je me calme.

    Un peu plus loin, grande, avec de longues jambes et de jolis reins cambrés comme il faut dans un jean semi-moulant, une chevelure châtain veinée de blondeurs un peu vulgaires, un minois de fillette perverse. Et puis cet appétit, cet enthousiasme qui se mélange à son teint lui donnent un joli vernis.

    Je l’observe de dos tandis qu’elle fait son choix dans les étagères réservées à la “Littérature érotique”. Ce sont plutôt des hommes qui traînent là d’habitude, ou des lycéennes en bande qui gloussent nerveusement en tripotant les jaquettes ; ou encore des femmes d’une quarantaine d’années, frustrées, incapables de se payer un gigolpince à cause de ce satané crédit contracté à trente piges et qui court sur vingt – c’est plus rare de voir une femme épanouie y faire ses courses.

    Je repose le volume prétentieux de Dantzig que je soupesais des deux mains, m’empare d’une biographie de Diderot et l’accoste, après qu’elle s’est penchée une troisième fois vers l’étagère d’en bas…

  • L'égoïste s'évertue

    Et un dictionnaire de littérature française de plus, un ! Celui de Charles Dantzig. Un dictionnaire, ça occupe suffisamment de place pour qu’on réfléchisse à deux fois avant de l’ajouter à ses étagères, hein, n'est-ce pas ? Qu'a-t-il de plus que les autres, celui-là ? Serait-il plus précis, moins lourd mais plus dense ? D’après son titre, il serait “égoïste”… Tiens donc !?

    Ben moi je ne trouve pas, en fait. Il rabâche comme Lagarde et Michard sur Balzac, Proust, Hugo et Zola ; rien sur Paraz, Fourest ou Rebatet. C'est bien classé, par ordre d'importance : plus l’auteur est coté à l’argus, plus longue est la notice. À la rigueur, les élèves de première L pourront s'en servir pour l'antithèse : il n'est donc pas si "égoïste" que ça, ce dico.
    Contaminé par son humour de bibliothécaire-en-chef, j'ajoute même que ce Dantzig a l'esprit de corridor. On sent qu'il a compris qui sont les maîtres et quels sont les malappris qu'il faut éconduire en faisant briller sa livrée.

    Ainsi, une de ses trouvailles, c'est que Céline écrit comme un chauffeur de taxi ("Il écrit à coups de klaxon"). Après le jazzman, le chauffeur de taxi ; c'est un progrès, mais faut voir l'air qu'il prend pour dire ça, d'un qui pense qu’il faut au moins avoir fait des études d'expert-comptable pour être un génie de la littérature.

    Quant à la haine de Bloy, elle est de bon augure. Je ne peux pas m’empêcher de citer ce trait, confondant de bigoterie pour un type qui se la joue "libertin de la critique" :
    « Si j’étais la Sainte Vierge, moi [Encore un pédé, probablement], je n’aimerais pas qu'on m'annonce en gueulant comme un forain » (des comme ça, on en ramasse à la pelle).
    J’incite ceux qui doutent encore de la force de Bloy, j’en connais (si, si), à y voir un signe. D’autant que Bloy, n’ayant pas écrit de "pamphlet antisémite", dispose de moins d’arguments que son disciple pour susciter le ressentiment tiédasse du bobo contemporain.

    Certains diront que c’est un peu empirique pour juger d’un auteur. Et alors, je suis empirique, moi, et j’emmerde les raisonneurs ! Ainsi, quand j’entends Durand ou Giesbert dire qu’un bouquin est “génial”, eh bien je suis sûr à 99 % que ça doit être une belle fiente.

  • En attendant Quaero

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    Après tout le sport qu'Isabelle m'a fait faire, je me repose en cherchant des blogues intéressants avec le nouveau moteur de recherche de Google, en attendant Quaero. Mais je suis déçu, la base de données n'a pas l'air très grosse.

    Je consulte ensuite ma messagerie et je ne sais trop quoi penser de cet avertissement :

    « Bonjour,
    HautetFort a le plaisir de vous informer que le blog Union Locale CGT-FO-Les Ulis vient d'intégrer la communauté “Critique littéraire” à laquelle vous avez souscrit. Nous espérons que ce nouveau membre participera à développer la pertinence et la visibilité de votre communauté.

    Bon blogging ! »

  • Résultats du concours

    À l'unanimité, le jury à finalement décerné le premier Prix du Titre le plus Con à La pluie ne change rien au désir de Véronique Olmi, chez Grasset.

    L'œuvre de Véronique Olmi est traduite en douze langues et ses pièces de théâtre sont jouées partout en Europe, excusez du peu ! En outre, il ne semble même pas qu'elle ait fréquenté Patrick Poivre d'Arvor.

    Ce court extrait a suffi à convaincre le jury :

    « Il lui dit que le cigare venait du Nicaragua, et parce qu'il dit cela, parce qu'il donnait une information qu'elle n'avait pas demandée, elle comprit que tout lui était destiné, que tout ce qu'il ferait à partir de maintenant était pour elle, et l'aile droite de son nez se plissa nerveusement, un tic qu'elle avait parfois, un jeu dont elle amusait aussi ses enfants, car elle savait qu'il faut toujours faire de ses travers des atouts. »

    Le prix spécial du Jury est décerné à l'écrivaine Chloé Delaume pour l'ensemble de son œuvre.

    Le gagnant du concours qui a déniché cette perle est prié de se faire connaître afin que lui soit offert un bon titre en récompense de sa sagacité.

  • Monochrome blanc

    C'est un critère contestable mais qui vaut bien le renvoi d'ascenseur pratiqué dans la presse. Lorsque je parviens à lire 50 pages d'un bouquin d'une traite, debout, au milieu du rayon "Littérature française", je le déclare digne d'intérêt. C’est encore plus fiable si, dans cette posture, je suis troublé par les frôlements du corps indécis d'une intellectuelle qui a capté mon regard et se demande si ma fièvre va m’entraîner jusqu'à causer un esclandre au beau milieu d'une vénérable institution comme la Fnac.

    J’ai violé un de mes principes en ouvrant “La possibilité d’une île”, celui de n'essayer que de bons titres. Ça pue ! Quelle est cette odeur âcre qui s’échappe de ce gros mille-feuilles jaunâtre ? On dirait comme un mélange de foutre et d’encre. Bizarre… Ce gros dégueulasse de Houellebecq est décidément très fort, je crois bien que c’est le premier bouquin subliminal sur le marché. Une idée de son pote Raël, sans doute. Ah, juste le modèle à 22 euros, le modèle à 28 sent plutôt le PQ frais de bobo. Ils ont pensé à tout !

    Celle-ci fait plus que me frôler qui me colle sa paire de roberts mal aérés en plein dans le périscope latéral. Fichtre. Son partenaire la rejoint vite et entreprend de lui peloter le sein gauche par derrière, sous mon nez donc, peux même plus tourner la page.
    Je décode très bien le signal : ça veut dire que c’est lui le “chanceux” qui la baise actuellement. Craignant d’avoir pas été assez explicite, comme je reste impassible, bravache, il lance dans ma direction :
    - Moi, sincère, j’aime vraiment pas lire !
    - Oui, oui, j’avais remarqué, rétorque-t-elle… puis soupirant à peine : « Du moment que ça n'est pas héréditaire ! »
    Parfois, c’est la vie qui imite les romans de Houellebecq, et pas l’inverse (surtout quand on traîne à la Fnac).

    L’adagio de la sonate n°1 BWV 1001 sur la borne d’écoute en libre-service me remonte un peu le moral. Les bourrées de Baba Maal le Toucouleur me font beaucoup plus d’effet, curieusement, alors que je suis monochrome blanc. Mais Bach, c’est quand même bien balancé aussi.

  • Impatience

    LE MYSTÈRE DU LAPIN-GAROU, dans quelques semaines seulement, au cinéma… Ça faisait très très longtemps que je n'avais pas attendu la sortie d'un film avec autant d'impatience. À vrai dire, j’ai même du mal à penser à autre chose. En espérant que le studio américain n'aura pas transformé Wallace et Gromit en Donald et Mickey. Il m’arrive quelquefois de regretter de n’être pas né Anglais.

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  • Nominés

    Sont nominés pour la première édition du Prix du "Titre le plus con", les ouvrages suivants :

    - La Possibilité d'une île de M.H.

    - Dors, ange amer de Cathy Bernheim.

    - La Loire, Agnès et les garçons de Maurice Genevoix

    - La pluie ne change rien au désir de Véronique Olmi

    - La Vanité des Somnambules de Chloé Delaume

    Ces auteurs ayant rivalisé de bêtise, de vanité et de philosophie, le jury réclame un délai supplémentaire pour délibérer dans son for intérieur. Vous pouvez toujours essayer de l'influencer.

  • Deuxième reprise

    Tirant les leçons de sa raclée, chez Giesbert, dans "Culture et Dépendance", sur un ring moins savonné, en l’absence d’adversaire direct, Maurice Dantec a su placer sa défense de l’Occident médiéval et de Ferdinand-le-Maudit, citer Tacite à bon escient : « Où ils ont fait un désert, ils disent qu'ils ont donné la paix », au lieu de bafouiller. Le complexe de supériorité a pris le pas sur le complexe d’infériorité - ça vaut mieux dans une baston.

    Je lui sais autant gré d’avoir mis en relief le relativisme sénile de Jean d’Ormesson et le ratiocinage atavique de Patrick Besson (qui n’est capable dans une cuirasse que d’en voir le défaut - certains diront que c’est déjà pas mal), que d’avoir placé quelques directs percutants dans les gencives du pitoyable Alan Sokal et, surtout, de la navrante autant qu’immonde Aude Lancelin. Bouh, qu'elle est laide et tordue ! Pas de galanterie pour celles qui montent sur le ring en laissant la grâce au vestiaire.

    Dommage que Dantec s’entête à dénoncer dans l’islam les racines d’un nouveau totalitarisme, alors que le Coran est incohérent et que les vieux systèmes continuent de broyer la chair et l’âme humaines, hic et nunc. À trop anticiper, on risque de cogner dans le vide intersidéral.

    Ras-la-calotte aussi de l’œcuménisme : cette entreprise hypocrite est un tel fiasco qu’il est plus que temps pour les catholiques de la déclarer en faillite. D'ailleurs Benoît XVI lui-même a relégué aux oubliettes les chimères du jeune Ratzinger.

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  • A Tribute to Poly

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    Est-il si difficile de traduire correctement un titre anglais en langue vernaculaire ?

    The Pedant in the Kitchen, par exemple, Josette Portiche pour le Mercure de France traduit ça par : Un Homme dans sa Cuisine. Un tel titre ne pouvait manquer de m’allécher vu mon penchant pour la touille, le malaxage et la cuisson des aliments en tous genres, malgré la réputation de Julian Barnes d’être une sorte de Delerm anglais à peine plus roboratif.

    Sa manière d’accommoder l’écureuil bio (p.97) m’a d’ailleurs déçu. J’en attendais beaucoup, pourtant, vu que je ne mange plus de lapin.
    Ce qui ressort de la sauce un peu trop clarifiée de J. Barnes, en définitive, c’est qu’un Anglais, s’il peut avoir le bec très fin, être un grand goûteur de vins, n’a en revanche rien à faire dans une cuisine française… « So, get out our French Kitchen, you, bad cooked Rosbeef !! »

    Un Snob aux Fourneaux, ou Un Anglais dans sa Cuisine, voire Un Pédé dans sa Cuisine, tant qu’à faire, puisque l’iconographie de couverture semble avoir été choisie pour draguer le lectorat homosexuel, auraient moins trahi l’auteur.