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Catholica - Page 2

  • L'Education chrétienne

    Il n'y a pas d'éducation chrétienne à proprement parler. On peut enseigner la vertu, mais non l'amour ou la vérité.

    La vertu n'est pas un principe universel ; chaque civilisation promeut sa conception de la vertu, et les civilisations sont mortelles.

    L'éducation s'adresse aux enfants suivant le sexe ; elle leur impose, par exemple, une soumission plus grande à l'autorité, en même temps qu'elle s'efforce de préparer leur émancipation. Les vérités évangéliques s'adressent à tout le monde, sans distinction d'âge ni de sexe ; contrairement à l'éducation, les vérités évangéliques sont impropres à servir de cadre à la vie civile.

    Que penserait-on d'un médecin qui inscrirait sur sa plaque professionnelle : "Médecin chrétien" ? On penserait qu'il mélange l'art de soigner et la question du salut.

    Il est important d'opérer cette distinction entre les choses relatives et la vérité éternelle car l'erreur de l'homme moderne découle largement de la confusion entre les choses temporelles ou séculières et la vérité éternelle. Ainsi, dans l'idée de démocratie moderne, la nécessité politique et une aspiration spirituelle, à la liberté et la vérité, se télescopent.

    Est-ce à dire que la vertu est inutile dans la perspective du salut chrétien ? Les évangiles enseignent que le salut n'est pas réservé aux hommes vertueux. L'amour et le salut se situent donc par-delà les efforts que font les hommes pour trouver l'équilibre et se sentir heureux. C'est une chose difficile à comprendre pour l'homme, dont le mobile inné est une quête de puissance ou de force naturelle. Pour autant, le christianisme n'est pas, comme certain fameux athée l'a prétendu, un culte rendu à la faiblesse ou une morale laxiste.

    En matière de vertu ou d'éducation, on peut faire la même réponse que Jésus-Christ fit à une question similaire qui lui fut posée par des Juifs sournois : "Rendez à César ce qui est à César !". Jésus n'est pas venu dans ce monde pour enseigner la vertu, qui se peut très bien déduire de la nature, mais pour enseigner la vérité, qui échappe naturellement largement à l'homme, en raison de sa quête désespérée de puissance.

  • Catholique et pédé

    Le mot "pédéraste" n'est pas plus que le mot "nègre" insultant en soi. L'homme moderne prétend changer le monde en changeant les mots : on décèle là sa tartuferie et sa volonté réelle de maintenir le monde dans le même état.

    Le quotidien démocrate-chrétien "La Croix" (20 oct.) consacre un article à Julien et Bruno, "catholiques, homosexuels et mariés". Ceux-ci évoquent longuement leur difficulté à faire reconnaître dans leur milieu d'origine leur goût pour la sodomie. La démocratie-chrétienne est la religion du Tartufe et de Sganarelle, et la France doit peut-être à Molière, comparativement à l'Allemagne et aux Etats-Unis, la méfiance des Français à l'égard de la démocratie-chrétienne.

    Peut-on s'enculer chrétiennement ? On peut mettre fin au débat en citant le théologien Martin Luther : "Rien dans les Evangiles ne permet de fonder le mariage chrétien." Pour qui a lu ces Evangiles avec un minimum d'attention et dans le but du salut, il va de soi que Jésus-Christ n'est pas venu pour justifier les moeurs de la bourgeoisie libérale, ni celle de telle ou telle tribu ou caste. "La chair est faible" proscrit toute tentative de détournement de l'esprit de dieu contenu dans sa parole à des fins anthropologiques. Un tel détournement est le pire des péchés. Les chrétiens qui s'en remettent à la doctrine sociale de l'Eglise sont faibles d'esprit, car la parole de dieu interdisent de prendre les oeuvres humaines pour une voie de salut.

    Cette situation ubuesque incarnée par un couple d'amoureux homosexuels qui "cherchent leur place dans l'Eglise", est un angle pour examiner le satanisme très particulier véhiculé par la démocratie-chrétienne, métastase du catholicisme romain (le "socialisme chrétien" dérive du rituel catholique romain, et ces deux aspects sont comme tenon et mortaise). L'apôtre Paul évoque ce satanisme de la fin des temps, sous le nom "d'Antéchrist". Le nombre 666, qui est "un nombre d'homme" signifie "le pacte avec la mort", annoncé déjà dans l'Ancien Testament - ce "pacte avec la mort" est la marque de fabrique de l'anthropologie moderne.

    Le mystère apocalyptique du Christ et de son épouse l'Eglise, théologie sublime, est "étouffé" autant que faire se peut par l'Eglise romaine (Jean-Paul II dernièrement) et sa doctrine réduisant le mystère divin à une dimension charnelle et anthropologique qu'il ne peut avoir.

     

     

  • Synode sur la famille

    Le plus vain synode qui soit se tient ces jours-ci à Rome. Le plus vain car il porte sur la famille et que les évangiles discréditent les liens du sang au profit du lien spirituel, pur du péché véhiculé par le lien charnel.

    Qui dit famille dit "père de famille", notion sacrée dans le code civil des franc-maçons, édicté sous le règne de Napoléon. La défense est faite aux chrétiens dans l'évangile de Matthieu de nommer quiconque leur "père" en dehors de dieu, afin de prévenir contre les interprétations anthropologiques perfides du nouveau testament (la vocation secrète de l'anthropologie prétendument chrétienne est d'entraîner à l'athéisme les chrétiens sincères).

    Comble d'ironie ou d'absurdité, sur un sujet qui ne relève pas de la foi chrétienne, les catholiques romains ne parviennent pas à s'entendre et sont divisés entre conservateurs et modernes. Ces positions recoupent des positions économiques, on ne peut plus temporelles et triviales. En effet, l'économie capitaliste a eu sur l'organisation familiale traditionnelle un effet de sape. Le clivage homme-femme même a quasiment perdu son efficacité (donc sa valeur) dans le cadre d'une économie dite tertiaire. Mais le catholicisme romain continue d'exercer un rôle de direction morale sur des millions d'individus qui vivent dans des pays demeurés au stade industriel ou paysan, où la famille reste efficace, et la répartition du travail selon le sexe.

    L'axe du discours antichrétien satanique consiste à ramener au plan social des exhortations évangéliques spirituelles afin d'empêcher le royaume de dieu. C'est la vocation de plus en plus nette de l'Eglise catholique romaine.

     

  • Charismatiques et cathares

    Charismatiques et cathares ont en commun la volonté de retour à un christianisme plus pur, non pas dans le sens originel ou identitaire (car le message chrétien n'est pas temporel mais eschatologique), mais dans le sens d'une plus grande fidélité à la parole de dieu et son esprit.

    C'est un fait admis de tous les chrétiens de toutes les sectes chrétiennes (hormis les traîtres qui défendent le principe d'une "doctrine sociale chrétienne") que le monde éloigne les chrétiens de dieu.

    Plusieurs siècles séparent les cathares du "renouveau charismatique" ou "pentecôtiste". Tandis que les seconds revendiquent le terme charismatique, "cathare" est une insulte forgée par les inquisiteurs mandatés par Rome qui conduisirent les procès et ordonnèrent l'exécution de plusieurs milliers d'entre eux.

    Il est difficile de cerner la doctrine charismatique comme la doctrine "cathare", autrement que par l'idée de "purification" évoquée plus haut. L'enjeu politique et mondain pèse certainement très lourd dans l'élimination desdits "cathares", dont certains durent porter une étoile jaune en signe d'infamie ; on peut le dire des croisades en général - leurs motivations furent humaines et non spirituelles. Quant au "catharisme", il est assez largement devenu un motif touristique, une incitation à visiter les citadelles ruinées de la région d'Albi.

    On n'a conservé que peu de traces de la religion cathare, et seulement quelques indices. Leur "antiritualisme" les rapproche des luthériens, puisque Luther fit l'analyse quelques siècles plus tard du caractère anthropologique (et non spirituel) des sacrements catholiques romains. L'attachement à l'évangile de Jean n'indique aucun caractère particulier, puisque tous les évangiles (sauf le "testament de Judas") sont apocalyptiques, ainsi que l'enseignement de Paul de Tarse, non seulement l'évangile de Jean. Grosso modo, on peut voir le mouvement cathare comme un mouvement précurseur du luthéranisme, sachant que les cathares eurent eux aussi des précurseurs, et que le clivage entre les chrétiens mondains ou tenants de la "doctrine sociale" et les chrétiens qui rejettent le monde sous l'influence de Satan date des premiers temps de l'évangélisation. 

    Vu mon éducation catholique romaine, j'ai nourri étant adolescent de fortes préventions à l'égard du "Renouveau charismatique", issu du protestantisme, et qui plus est du protestantisme américain. "L'Amérique chrétienne" fournit beaucoup d'arguments, en effet, à tous ceux qui voient dans la folie humaine un signe d'abaissement de l'humanité en-deçà du niveau des espèces animales. Je me méfiais d'autant plus que ce mouvement de renouveau spirituel me semblait surtout séduire de jeunes femmes, et se traduire par des manifestations d'hystérie collective.

    Le clergé catholique romain s'est d'abord montré hostile au mouvement de "renouveau charismatique" (qu'il ne contrôlait pas) avant de, progressivement, l'assimiler et le contrôler. Cela m'a permis de réviser le préjugé que j'avais d'une doctrine catholique romaine rigide ; c'est bien plutôt l'étonnante plasticité de la doctrine catholique romaine qui est avéré ; cette aptitude à absorber jusqu'à ce qui la contredit parfois explique la longévité de cette personne morale (l'ex-évêque de Rome J. Ratzinger était plus "hégélien" que "thomiste" ou "augustinien" ; l'actuel pape François tient des discours écologistes que le Dalaï Lama pourrait aussi bien tenir).

    L'ancien testament comme le nouveau nous l'enseignent : rien n'est plus difficile pour l'homme que la fidélité à dieu - Satan offre certainement beaucoup plus d'avantages, puisqu'on voit le peuple "élu" se précipiter dans son giron à chaque occasion. Un esprit profane le comprendra aisément par rapport à la science ; en effet l'homme se montre le plus souvent insouciant de la vérité, cherchant d'abord le bonheur. Sous sa forme la plus abstraite, celle du rêve, le bonheur paraîtra aux esprits les moins éveillés coïncider avec la science. C'est là le confort de l'esprit et non la science. Le rêveur se croit déjà arrivé, l'homme de science mesure le chemin qui le sépare de la vérité.

     

  • Mort imminente

    Quelques mots sur les "expériences de mort imminente", songes vécus par des personnes atteintes de troubles psychiques, à la suite d'un accident qui les a entraînés "aux frontières de la mort", ou d'un orgasme sexuel (parfois dit "petite mort"). Les médias accordent beaucoup d'importance à ces dites "expériences", en raison des foules de badauds qu'elles drainent.

    On peut mettre ce phénomène en relation avec le "pacte avec la mort", que j'évoquais ici récemment dans une note. Le Livre de la Sagesse de Salomon prophétise un tel pacte satanique à la fin des temps.

    Les pseudo-sciences psychanalytiques et neurologiques (parler de "science neurologique" revient à qualifier de "poésie" le babil d'un nourrisson) ont ouvert la boîte de pandore de la crédulité.

    Rêver, même pour un mort, n'a rien que de très banal. Depuis l'Antiquité, le rêve est associé à la mort ou la maladie. Le sommeil, état d'inconscience, a le don de stimuler les rêves ; pourquoi un état critique, proche de la mort, ne provoquerait-il pas un rêve, et pourquoi ce rêve ne serait pas un rêve de bonheur ? Certains philosophes font remarquer que, en comparaison des souffrances de l'existence, la mort peut paraître un grand bonheur et soulagement (en particulier pour les gens du peuple qui n'ont pas des conditions de vie privilégiées).

    D'ailleurs un consommateur de substances hallucinogènes comprendra aisément en quoi consiste le "pacte avec la mort", c'est-à-dire le gain obtenu et la perte subie en contrepartie de ce pacte, et qu'il est à la fois un voyage au paradis et en enfer.

    La comparaison avec la drogue, c'est-à-dire avec une recherche violente et désordonnée du bonheur, est éclairante afin de montrer à quel point la mort peut-être un puissant mobile humain.

    Le b.a.-ba de la médecine est de ne pas tracer une ligne de séparation nette entre la vie et la mort. La vie sociale et de nombreuses cultures

    Le rapprochement que certains font entre ces songes et le paradis des chrétiens est une tromperie, intentionnelle ou involontaire. Le christianisme n'est pas une religion animiste. La conception spéculative ou onirique d'un espace-temps paradisiaque "au-delà de la mort" est typique du livre des morts de l'ancienne Egypte. La gnose (= fausse science) platonicienne médiévale a introduit cette spéculation dans l'Occident chrétien, mais elle est dépourvue du moindre fondement scripturaire chrétien.

    L'apôtre Paul énonce que la mort est la "rançon du péché", et non la transition vers un état de béatitude "ultérieure". L'enfer est définit strictement par les écritures chrétiennes comme l'infidélité à la parole de divine et aux évangiles, c'est-à-dire "le monde".

    Et aucun folklore catholique romain, aucune doctrine sociale démocrate-chrétienne ne peut prévaloir contre la parole divine.

  • Confession

    Je dois à mon éducation catholique romaine un minimum de bon sens, c'est-à-dire de satanisme.

  • Sociologie catholique

    Un sondage récent établit que les catholiques français ont des moeurs semblables au reste de leurs compatriotes. Le seul problème, c'est que des "moeurs catholiques", ça n'existe pas. La défense de la vérité est le seul mobile du chrétien, d'où il tire son mépris des civilisations et des sociétés humaines, nécessairement fondées sur une forme de vérité mensongère. Il se trouve de surcroît que la raison sociale la moins mensongère est la raison sociale satanique.

    Sont donc traitées dans ces sondages et cette sociologie de questions culturelles "françaises", si l'on veut, qui ne concernent pas la foi chrétienne ou catholique. Quiconque sait lire, pourra lire les évangiles et constater que le christ Jésus, à l'opposé du curé catholique romain, considère les questions de moeurs pour ce qu'elles sont, à savoir des questions entièrement relatives. L'apôtre Paul à la suite de Jésus précise qu'il n'y a pas de salut chrétien par les oeuvres, ce qui peut se traduire dans le vocabulaire moderne par les "oeuvres sociales". C'est ce qui explique la haine des antichrists à l'égard de l'apôtre Paul, en particulier des antichrists qui ont vu dans le catholicisme romain un culte subversif allié - Nitche ou Maurras, par exemple, convaincus que le catholicisme romain exprime une culture de vie païenne.

    Ce qui a largement été cause de la défaite de l'Eglise catholique romaine au cours des derniers siècles, c'est d'ailleurs sa défense du droit et de l'ordre établi contre des partisans de la vérité plus sincères, comme les philosophes des Lumières, et plus encore le marxisme qui remet en cause le principe même de la civilisation. La vision historique donne conscience de ce que la civilisation est un état d'inconscience (de là la volonté de l'Occident de faire taire Shakespeare par tous les moyens, d'une manière que Shakespeare a prophétisée dans "Hamlet" - parce que Shakespeare a mis la civilisation occidentale minable).

    De même la sociologie qui oppose "l'esprit du catholicisme" à "l'esprit du protestantisme" est une science débile, puisque la doctrine sociale chrétienne, qu'elle porte le label catholique ou protestant, n'est qu'un opportunisme. L'opportunisme occidental, les croisades, sont une réalité, mais on ne peut pas les traiter scientifiquement en occultant l'opportunisme qui les détermine, et dont l'opposition entre la doctrine catholique et la doctrine protestante ne permet pas de rendre compte.

    Les sociologues modernes sont d'ailleurs des docteurs catholiques romains qui s'ignorent, puisque la défaillance scientifique qui caractérise la sociologie a été introduite par la doctrine catholique romaine. Le monde païen avait des poètes païens utiles et raisonnables - le monde moderne a des sociologues débiles.

     

     

  • Apostasie romaine

    Lors de la récente canonisation de deux de ses chefs, l'Eglise romaine est apparue telle qu'elle est, comme une construction juridique athée.

    Il n'est pas difficile aux adversaires du culte catholique romain de démontrer qu'il est purement rhétorique, que l'on se place du point de vue de Satan et du droit naturel (Nietzsche), ou bien encore du point de vue chrétien apocalyptique (la bête de la terre est représentative des puissances qui tirent leur légitimité de la loi), ou bien encore du point de vue athée laïc dérivé du catholicisme romain, majoritaire en Occident - le culte républicain moderne, dans le cadre de l'Etat totalitaire moderne, plagie en effet le culte catholique romain dans ses rituels et célébrations.

    En tant que tel, le culte catholique romain est ultra-minoritaire en France, mais dans sa version technocratique modernisée, il est largement répandu ; c'est ce qui explique la fascination pour un clergé et des cérémonies qui semblent désormais appartenir au folklore - l'Eglise catholique romaine est la matrice de l'appareil judiciaire moderne.

    - L'Eglise romaine apparaît donc comme un leurre parfait, qui d'une part se présente comme une démonstration juridique facile à réfuter. Il est aussi facile de démontrer que le mobile de l'Eglise romaine n'est pas spirituel, mais moral et politique, qu'il est facile de démontrer que la théorie de la relativité d'Einstein n'est pas scientifique mais arbitraire. D'autre part la doctrine romaine fait écran au message évangélique, dont il n'est possible de déduire aucune règle de vie sociale.

    - La transition opérée de la "légende dorée" catholique romaine à une procédure judiciaire stricte n'est qu'une illusion. Il faut des miracles pour faire un saint du culte latin : mais la transformation quotidienne par les prêtres romains du vin en sang du christ et du pain en corps du Christ n'est-elle pas un miracle alchimique suffisant ?

    On sait d'ailleurs la réticence du Messie à opérer des miracles, dont les magiciens sont aussi capables. La capacité de Satan à accomplir des miracles est attestée dans l'Evangile par l'annonce des miracles de l'Antéchrist.

    Les peuples primitifs prennent les technologies occidentales dites "avancées" lorsqu'ils les découvrent pour des miracles. La technologie occidentale est bel et bien miraculeuse au sens naturel, et donc démoniaque. L'univers est lui-même un miracle permanent du point de vue de la science technique et des mathématiques modernes (largement tributaires de la science scolastique catholique), dans la mesure où cette science technique n'explique pas l'univers autrement que par ses effets.

  • Apostasie de Jean-Paul II

    Je précise dans ma précédente note le cadre général de l'apostasie catholique romaine, c'est-à-dire comment un message universel, sous le prétexte de la tradition ou de l'anthropologie, a été transformé peu à peu en une sorte d'insane théorie de la relativité affublée de l'étiquette chrétienne.

    Cette transposition subversive du message évangélique dans le domaine social s'accompagne du blanchiment de la chair, domaine dans lequel le pape Jean-Paul II se spécialisa, cela même alors que les saintes écritures désignent cette opération de blanchiment comme le péché de fornication. On comprend que l'abstinence sexuelle de Karol Wojtyla n'est pas ici en cause, bien que sa théologie subversive ne soit pas complètement étrangère aux débordements criminels de son clergé et du sacerdoce catholique romain ésotérique. Cette opération évoque aussi irrésistiblement les pharisiens, accusé par le Messie d'être des "sépulcres blanchis", expression significative de la trahison par le clergé juif du sens eschatologique de la loi de la Moïse.

    - Dans le "Figaro" du 27 avril 2014, publication financée comme on le sait par un industriel de l'armement, J.-M. Guénois consacre un article à Yves Semen (!), apologiste de la "théologie du corps" de Jean-Paul II ; la caractéristique essentielle de cette théologie est d'être un tissu de spéculations philosophiques entièrement dépourvu de rapport avec les évangiles. J.-M. Guénois parie apparemment sur l'ignorance complète des lecteurs de son journal subventionné de tout ce qui ne relève pas des mécanismes boursiers. Ceux-ci requièrent d'ailleurs un manuel de la branlette ou du libre-échangisme catholique romain. On peut compter sur le nouveau pape, plus progressiste, pour la rédiger.

    Il faut toute l'extraordinaire mauvaise foi et le pharisaïsme de cet Yves Semen pour prétendre que la charité chrétienne peut être mêlée au coït. C'est une ignominie que de le prétendre, comparable à l'argument capitaliste de la "libération sexuelle". Aucune religion païenne n'est aussi barbare et sournoise.

    "(...) Karol Wojtyla est un philosophe personnaliste avant d'être théologien. Pour lui, la "personne" est vraiment faite pour se donner. En se donnant, elle se "trouve" et se rencontre là dans son bonheur. Voilà sa grande idée." Y. S.

    On flirte ici avec la bêtise absolue. D'abord parce que le christianisme s'oppose radicalement à toute philosophie personnaliste, c'est-à-dire à la théorie de l'accomplissement social de l'individu, ensuite parce que le "don physique sexuel" n'a bien sûr rien de libre et de gratuit - il n'a rien d'un don au sens chrétien.

    "Et voilà que s'écroulent des siècles d'une théologie catholique du soupçon vis-à-vis de la chair." ajoute J.-M. Guénois. On peut parler d'un soupçon dans la Genèse vis-à-vis de la femme ; on peut parler de l'avertissement du christ Jésus contre la chair. "La théologie catholique du soupçon vis-à-vis de la chair" est une locution qui ne veut rien dire, entièrement dépourvue de sens historique. Sans doute le journaliste fait-il la confusion avec la distinction opérée entre le corps et l'âme par certains clercs catholiques ; mais cette distinction n'a rien de théologique, ni rien de catholique - elle n'est qu'un écho de la philosophie de Platon.

    "Jean-Paul II professe une réconciliation historique de l'Eglise avec la sexualité." Y.S.

    Le propos est doublement grotesque ; d'abord parce que la spiritualité chrétienne exclut d'envisager la prédation sexuelle comme un mouvement spirituel, ensuite parce que, sur le plan social ou mondain étranger au christianisme, la sexualité dépend des conditions économiques, et non de la volonté de tel ou tel. La doctrine sociale de l'Eglise, c'est-à-dire la trahison du clergé, a donc évolué au cours des siècles depuis le moyen-âge au gré de l'évolution du capitalisme occidental. Le culte de la personnalité des papes, lui-même est typique de l'époque, et non du christianisme.

    A ce compte-là, le protestantisme peut-être présenté comme une théologie, plus moderne, du divorce chrétien, c'est-à-dire uniquement sous l'angle de sa vocation sociale, alors même que le principal intérêt de la théologie de Luther est de dénoncer le mensonge de la vocation sociale du christianisme.

    L'article du "Figaro" ne le mentionne pas, mais Jean-Paul II en osant la comparaison du mariage civil, d'essence païenne, et du mariage du Christ et de l'Eglise, a accompli un véritable attentat contre la parole divine, dont l'apôtre Paul dit qu'elle recèle ici un grand mystère apocalyptique.

  • Apostasie de Jean-Paul II

    Les évangiles excluent tout calcul social. La doctrine de Jean-Paul II est essentiellement sociale.

    En même temps les évangiles ne contraignent personne à faire le choix d'une existence antisociale tournée vers dieu. Au stade ultime, la doctrine catholique romaine de Jean-Paul II, la plus compatible avec les valeurs bourgeoises capitalistes, s'avère une contrainte exercée afin de mener une vie sociale et trouver à cette vie un sens - par conséquent comme une négation du message évangélique. On ne peut donc manquer de juger cette tournure étrange. 

    D'une manière générale, le XXe siècle coïncide avec la substitution de l'anthropologie à la théologie, célébrée d'une part par la philosophie laïque athée comme le triomphe de la raison humaine, et d'autre part vantée par la propagande catholique romaine comme une sociologie chrétienne des plus raffinées. Les évangiles nous parlent de liberté, de vérité, d'amour, c'est-à-dire de dieu ; la doctrine catholique nous parle de l'homme et de l'institution catholique.

    La procédure de canonisation des papes, plus encore qu'une autre puisque l'évêque de Rome est la clef de voûte de l'institution romaine, trahit le caractère de culte providentiel du catholicisme romain, c'est-à-dire une conception de l'au-delà caractéristique du culte païen, imité par la République française lorsqu'elle procède au transfert des cendres de tel ou tel héros national au Panthéon, contredisant ainsi les slogans démocratiques.

  • Chrétien anarchiste

    "D'où viennent les guerres et les luttes parmi vous ? N'est-ce pas de vos passions qui combattent dans vos membres ? Vous convoitez, et vous n'avez pas ; vous êtes meurtriers, vous êtes jaloux, et vous n'arrivez pas à obtenir ; vous êtes dans un état de lutte et de guerre ; et vous n'obtenez pas, parce que vous ne demandez pas ; vous demandez, et vous ne recevez pas, parce que vous demandez mal, avec l'intention de satisfaire vos passions.

    Adultères, ne savez-vous pas que l'amitié du monde c'est l'inimitié contre Dieu ? Quiconque veut être ami du monde se rend ennemi de Dieu. (...)"

    Epître de Jacques (IV, 1-5)

    Inutile, en effet, d'implorer la nature qui donne et reprend tous les droits, lorsqu'on est chrétien ; autant s'adresser directement à la fortune ou au diable.

  • Contre l'Antéchrist

    (Adapté d'un vieux document vaudois portant la date de 1120, tiré de "L'Histoire des Vaudois" de Perrin, part. III, p. 225)

    Il n'y a pas de fumée sans feu, de victoire sans bataille, ni de sainteté sans tentation par l'Antéchrist.
    - L'Antéchrist est une tromperie digne de la damnation éternelle, mais recouverte des vêtements purs de la vérité et de la justice du Christ et de son Épouse ; une tromperie empêchant l'accès à la vérité, la justice, la foi, l'espérance et la charité, empêchant le véritable ministère de l'Eglise.
    - L'Antéchrist altère la vérité du salut, la dissimule à l'aide de possessions matérielles ou d'institutions, contredisant de façon mensongère Christ, son Épouse, et chaque membre fidèle. Ainsi, il n'est pas une certaine personne désignée, d'un certain grade ou office, ou ministère, mais l'Antéchrist est l'iniquité elle-même, opposée à la vérité dont il se couvre, et en même temps s'orne de beauté et de piété en dehors de l'Église de Christ, ou invoque le Christ, des passages des Écritures, des sacrements ou plusieurs autres choses.
    L'iniquité de cette sorte, avec ses ministres supérieurs et inférieurs, ceux qui la suivent d'un cœur mauvais et aveugle, une telle congrégation, prise ensemble, s'appelle Antéchrist, ou Babylone, ou quatrième bête, ou paillarde, ou homme de péché, fils de perdition.
    - Ses ministres sont appelés de faux prophètes, des ministres de ténèbres, esprit d'erreur, la prostituée de l'apocalypse, mère de fornication, nuages sans eau, arbres d'automne morts et deux fois arrachés, vagues de la mer cruelle, étoiles filantes, Balaamites, Égyptiens.

    Il est dit "Antéchrist", parce que sous couvert et orné de l'apparence de Christ, de l'Eglise et de ses fidèles membres, il s'oppose au salut opéré par le Christ, et administré véritablement dans l'Eglise de Christ, et il se place au rang des fidèles par la foi, par l'espérance et par la charité : mais à divers égards, il se montre contraire par une sagesse mondaine, de fausses religions et une bonté feinte. Il s'oppose par ces moyens. C'est pourquoi, sachez (1) que l'Antichrist ne peut pas paraître, en aucune manière, sinon lorsque les choses qu'on vient de nommer seront réunies pour constituer un mensonge parfait et un hypocrite parfait, c'est-à-dire lorsque les sages du monde, les hommes religieux, les pharisiens, les ministres, les docteurs, la puissance séculière, avec le peuple, seront réunis ensemble. Alors ils formeront ensemble l'homme de péché et d'erreur parfait.

    Car, au temps des apôtres, ceux-ci savaient déjà que l'Antichrist était conçu, mais que, n'étant qu'enfant, membres extérieurs et organes intérieurs nécessaires pour dominer lui faisaient défaut. C'est pourquoi (2) on pouvait le reconnaître, le détruire et le chasser plus aisément, comme étant ignorant et grossier. Et il était muet, car (3) il lui manquait la capacité de raisonner, s'excuser, définir, prononcer des sentences ; car l'appui de ministres sans vérité et des statuts humains lui manquait ; ainsi que des hommes religieux en apparence : en effet, il était bien né quant à l'erreur et au péché, mais lui manquaient les choses avec lesquelles il a pu couvrir la souillure ou dissimuler le péché ensuite (4).

    Tant qu'il fut impuissant par manque des choses dites, il ne put ni ébranler ni scandaliser personne par ses solennités. Et ainsi, étant trop tendre et faible, il ne put pas subsister dans l'Église. Mais, croissant parmi ses membres, c'est-à-dire en ses ministres aveugles et hypocrites et grâce aux siens, gens du monde, il grandit lui-même comme un homme croît jusqu'à la plénitude de l'âge, puis le rapport des forces s'est inversé. L'Antichrist voulant être invoqué, prié et honoré dans les choses spirituelles et couvrir sa propre majesté, sa malice et ses péchés, a eu recours aux saints et aux pharisiens.
    - Car c'est une extrême iniquité de couvrir et orner une iniquité digne d'excommunication, et de vouloir paraître ce qui n'est pas donné à l'homme d'être, mais qui appartient à Dieu seul et à Jésus-Christ en tant que médiateur. Enlever frauduleusement à Dieu par rapine ces choses et les transporter à soi et à ses oeuvres doit être une extrême révolte, comme aussi de régénérer, de pardonner les péchés, de distribuer les grâces du Saint-Esprit, de confectionner Christ, et ainsi de toutes ces sortes de simulacres. Et se couvrir dans toutes ces choses du manteau de l'autorité, de la forme des paroles, et tromper par ces choses le peuple ignorant, imitant ce que fait le monde dans les choses qui sont du monde : éloigner aussi de Dieu, et de la vraie foi, et de la régénération du Saint-Esprit; éloigner de la véritable repentance, de la persévérance dans le bien; éloigner de la charité, de la patience, de la pauvreté, de l'humilité, et, ce qui est le pire de tout, éloigner de la vraie espérance et la placer en tout mal et en la vaine espérance du monde; fournir à tous les ministères pour ces choses, faire idolâtrer le peuple, servir frauduleusement les idoles du monde entier, sous le nom de saints, et les reliques, et prendre part à leurs services; c'est ainsi que le peuple, s'égarant extrêmement de la voie de la vérité, croit servir Dieu et bien faire, et par là on excite ce peuple à la haine, à la colère et à la méchanceté contre les fidèles et contre les amis de la vérité, et il commet beaucoup d'homicides, et ainsi l'Apôtre dit la vérité : "Tel est l'homme de péché accompli, et c'est lui qui s'élève au-dessus de tout ce qui est Dieu; et qui est servi, et qui s'oppose à toute vérité, et qui est assise dans le temple de Dieu, c'est-à-dire dans l'Église, se montrant de même que s'il était Dieu, et qui vient avec toute sorte de séductions pour ceux qui périssent. Et si ce rebelle est déjà venu en toute perfection, il ne faut plus le chercher. En effet, par la permission de Dieu, il est formé et déjà vieux, puisqu'il décroît déjà. Car sa puissance et son autorité sont diminuées, et le Seigneur Jésus a tué ce rebelle par le souffle de sa bouche et par beaucoup d'hommes de bonne volonté, et il fait intervenir une puissance qui lui est contraire aussi bien qu'à ses amis, qui disperse ses lieux et ses possessions, et qui met la division dans cette cité de Babylone d'où toutes les générations tirent leur vigueur de malice." 

    - Quelles sont les oeuvres de l'Antéchrist ?
    La première œuvre de l'Antichrist c'est de bannir la vérité et de la changer en mensonge, en erreur et en hérésie. 
    La seconde oeuvre de l'Antichrist, c'est de cacher le mensonge sous la vérité et sous les erreurs, et de le prouver et l'affermir par la foi et par des miracles, d'entremêler la fausseté avec les choses spirituelles aux yeux du peuple soumis, soit à l'aide des ministres on des ministères, ou de toute l'Église.
    Et ces deux oeuvres renferment une malice parfaite et accomplie, telle que ne purent exécuter aucun tyran ni aucun potentat jusqu'au temps de l'Antichrist.
    Aussi, avant lui (5), Christ n'a jamais eu un tel ennemi qui pût ainsi pervertir la voie de la vérité en voie de la fausseté, et le mensonge en vérité, et pervertir semblablement les partisans de l'une et de l'autre.
    De manière que la sainte mère Église avec ses vrais enfants est toute foulée aux pieds en ce qui concerne les vérités, spécialement en ce qui concerne les ministères des vrais ministres selon la vérité, en ce qui concerne les ministères et la manière de s'en acquitter et de la part qu'y prennent ses enfants; elle pleure en se lamentant, répétant les paroles et les plaintes de Jérémie, disant : 
    "En quelle manière est assise seule la cité du peuple païen et incirconcis? Elle est devenue veuve, c'est-à-dire de la vérité de son époux. Dame des nations, par leur soumission aux erreurs et aux péchés; princesse des provinces, par le partage du monde et des choses qui sont dans le monde, pleure et vois plus en avant, et tu trouveras maintenant toutes choses accomplies par le temps." 
    Car la sainte Église, si elle existe, doit être tenue pour une synagogue. Et la synagogue des méchants est prêchée comme la mère qui a bonne croyance en la loi. La fausseté est prêchée à la place de la vérité, l'iniquité à la place de l'équité, l'injustice est prêchée et est tenue pour la justice, l'erreur pour la foi, le péché pour la vertu, le mensonge pour la vérité. 

    -Quelles oeuvres découlent des premières ?
    Celles-ci : Les faits de l'Antichrist sont les sacrements, spécialement le sacrement de l'eucharistie qu'il adore comme Dieu et comme Jésus-Christ semblablement; il sert les choses bénites et consacrées, et défend d'adorer Dieu seul.
    La seconde œuvre de l'Antichrist est qu'il ôte et enlève à Christ le mérite de Christ avec toute la suffisance de la grâce, de la justice, de la régénération, rémission des péchés, de la sanctification, de la confirmation et de la nourriture spirituelle; et il attribue ce mérite à son autorité, à ses oeuvres, et aux saints, et à leur intercession et au feu du purgatoire; et il détourne le peuple de Christ et l'amène vers les choses qu'on vient de dire, afin qu'il ne recherche pas celles de Christ, ni par sa médiation, mais seulement dans les oeuvres de ses mains, et non par une foi vivante en Dieu, ni en Jésus-Christ, ni au Saint-Esprit, mais selon la volonté et les œuvres de l'Antichrist, ainsi prêchant que tout le salut consiste dans ses œuvres.
    Encore une oeuvre de l'Antichrist est d'attribuer la régénération que donne le Saint-Esprit à la foi morte et extérieure, et baptise les enfants en cette foi, enseignant que c'est par elle que sont consacrés le baptême et la régénération; c'est dans la même foi (6) qu'il confère et donne les ordres et les autres sacrements, et c'est en elle (en cette foi) qu'il fonde tout le christianisme; ce qui est contre la foi dans le Saint-Esprit.
    L'oeuvre de l'Antichrist est celle par laquelle il bâtit et édifie, en même temps, en la messe, toute la religion et la sainteté du peuple, en ayant fait un tissu unique de différentes cérémonies judaïques, païennes et chrétiennes. Et à la messe conduisant, pour l'entendre, la congrégation et le peuple, il prive celui-ci de la manducation spirituelle et sacramentelle, et l'éloigne de la vraie religion et des commandements de Dieu, l'éloigne aussi des œuvres de miséricorde par ses offertoires; et par cette messe il loge le peuple dans une espérance vaine. 
    L'oeuvre de l'Antichrist, c'est qu'il fait toutes ses œuvres, afin qu'il soit vu et qu'il satisfasse son insatiable avarice, comme aussi, afin qu'il puisse mettre toutes choses en vente et ne fasse rien sans simonie (commerce des choses saintes).
    L'oeuvre de l'Antichrist, c'est qu'il ne dirige ni ne défend son unité par le Saint-Esprit, mais à l'aide de la puissance séculière, et qu'il l'appelle également à son secours pour les choses spirituelles. 
    L'œuvre de l'Antichrist est qu'il hait, persécute, accuse, pille et met à mort les membres de Christ.
    Ce sont presque là les principales œuvres qu'il fait. Il les fait contre la vérité, et personne ne peut les compter toutes ni les écrire. Mais qu'il suffise pour le présent d'avoir montré comme du doigt ces choses comme les plus générales par lesquelles l'iniquité de l'Antichrist est couverte. 

    - Choses par lesquelles est couverte l'iniquité de l'Antéchrist
    Cette iniquité est couverte premièrement et principalement, par une profession extérieure de la foi. À l'égard de quoi, l'Apôtre dit: "Car ils confessent en paroles qu'ils ont connu Dieu, mais ils le renient par leurs actions." 
    Elle est couverte, en second lieu, par la longue durée du temps, par l'appui des sages, des religieux, hommes et filles vierges, des veuves et des femmes honnêtes et d'un peuple peu nombreux, duquel il est dit dans l'Apocalypse: "Et pouvoir fut donné à la bête en toute tribu et langue, et nations, et tous ceux qui habitent la terre l'adoreront."
    Elle est couverte troisièmement par l'autorité spirituelle des apôtres, contre lesquels l'Apôtre dit: "Nous ne pouvons rien contre la vérité, et pouvoir ne nous est point donné pour la destruction."
    Elle est couverte, en quatrième lieu, par beaucoup de miracles faits ça et là, sur quoi l'Apôtre parle ainsi: "Son avènement est selon l'oeuvre de Satan, accompagné de toute sorte de miracle, de signes et de merveilles mensongères et de toutes les tromperies de l'iniquité".
    Elle est couverte, en cinquième lieu, par sainteté extérieure, par prières, par jeûnes, par vigiles et aumônes; contre quoi l'Apôtre dit: "Ayant l'apparence de la piété, mais renonçant à sa force". 
    Elle est couverte, sixièmement, par quelques paroles de Christ et par les écrits des anciens et par les conciles, lesquels ils suivent, en tant qu'ils ne condamnent par leur mauvaise vie et leurs voluptés. 
    Elle est couverte en septième lieu, par l'administration des sacrements, par lesquels ils vomissent généralement toutes les erreurs.
    Elle est couverte, huitièmement, par des remontrances et des prédications verbales contre les vices. Car ils disent et ne font pas. 
    En neuvième lieu, d'entre ces prédicateurs les uns agissent avec dissimulation, les autres avec sincérité, et surtout en menant une vie vertueuse. Car ces élus de Dieu, ayant bonne volonté et une bonne conduite, retenus là comme dans Babylone, sont comme de l'or avec lequel le rebelle Antichrist couvre sa vanité, ne permettant pas, ni qu'on rende son vrai culte à Dieu seul, ni qu'on mette son espérance en Jésus-Christ seul, ni qu'on s'attache à la vraie religion. 
    Ces choses et beaucoup d'autres servent comme de manteau et de vêtement à l'Antichrist, au moyen desquelles il couvre sa malice mensongère, afin de n'être pas réprouvé entièrement comme païen, et à l'ombre desquelles il peut marcher malhonnêtement comme une prostituée. 

    -Devoir de séparation du chrétien

    Que le chrétien soit tenu par commandement de se séparer de l'Antichrist, cela est dit et prouvé par l'Ancien et par le Nouveau Testament: car le Seigneur dit (Esaïe 52) : "Éloignez-vous, éloignez-vous; sortez d'ici, gardez-vous de toucher à la souillure ; sortez du milieu d'elle; vous qui portez les vaisseaux sacrés du Seigneur, soyez purifiés. Car vous ne sortirez pas au milieu du tumulte, ni ne vous préparerez point à la fuite, etc."

    Et Jérémie (50) : "Fuyez du milieu de Babylone, sortez de la terre des Chaldéens, et soyez comme des boucs à la tête du troupeau. Et voici que j'amènerai une grande assemblée de nations de la terre d'Aquilon à Babylone, et elles seront disposées contre elle, et ensuite elle sera prise." 
    Nombres (16) : "Séparez-vous du milieu de l'assemblée, afin que je détruise et perde ceux-ci à la fois. Et ensuite : "Éloignez-vous du tabernacle de ces rebelles, et gardez-vous de toucher aux choses qui leur appartiennent, afin que vous ne soyez pas enveloppés dans leurs péchés." 
    - Lévitique : "Je suis votre Seigneur Dieu, qui vous a séparés des autres peuples. C'est pourquoi vous séparerez aussi l'animal pur de l'impur, et l'oiseau pur du non pur, et vous ne souillerez pas vos âmes à l'égard des bêtes, à l'égard des oiseaux et à l'égard de toutes les choses. qui ont mouvement sur la terre, et que je vous ai montrées comme souillées." 
    Idem, Exode (16): "Prends garde que tu fasses jamais amitié avec les habitants de cette ville, pour qu'elle t'entraîne dans la ruine."
    Et ensuite: "Ne fais aucun traité avec les hommes de cette contrée, de peur que lorsqu'ils auront paillardé avec leurs dieux et qu'ils auront adoré leurs images, quelqu'un t'invite et que tu ne manges des choses consacrées à ces dieux. Tu ne prendras pas non plus des femmes d'entre leurs filles pour tes fils, de peur qu'après qu'elles auront paillardé, c'est-à-dire idolâtré, elles ne fassent prostituer tes fils après leurs dieux."
    -Lévitique (XV, 31) : "Vous instruirez donc vos enfants, leur disant qu'ils évitent les impuretés, afin qu'ils ne meurent pas dans leurs souillures dont ils auront souillé mon tabernacle." 
    -Ezéchiel (XI, 21) : "Mais, quant à ceux dont (7) le cœur marche par outrage et par offenses, je placerai leur voie (conduite) sur leur tête, dit le Seigneur."
    -Deutéronome (XX) : "Quand tu seras entré en la terre que le Seigneur ton Dieu te donnera, garde-toi que tu ne veuilles imiter les abominations de ces peuples; car le Seigneur a toutes ces choses en abomination. Et, à cause des péchés de cette nature, il les effacera entièrement à ton entrée. Tu seras parfait et sans, tache envers ton Dieu. Ces nations desquelles tu posséderas ces terres écoutent les augures et les devins ; mais tu as reçu d'autres ordres de ton Dieu." 
    D'après le Nouveau Testament aussi, il est manifeste, Jean (XII) : "Que le Seigneur est venu et a souffert la passion, afin qu'il réunisse en un les enfants de Dieu."
    Car c'est pour ces vérités d'unité et de séparation les uns d'avec les autres, qu'il dit (Matth., X) : "Car je suis tenu séparer l'homme contre son père, la fille contre sa mère, la belle-fille contre la belle-mère, et les serviteurs de l'homme sont ses ennemis. Et il a commandé de se séparer, quand il a dit : Si quelqu'un n'est pas prêt à quitterson père et sa mère, etc." 
    De même : "Gardez-vous des faux prophètes, qui viennent à vous en habits de brebis, etc." 
    De même aussi : "Gardez-vous du levain des pharisiens." 
    De même encore : "Prenez garde que quelqu'un ne vous séduise; car plusieurs viendront en mon nom et séduiront plusieurs. Ainsi donc, si quelqu'un vous dit (dira) : - Venez, Christ est ici, ou là; ne le croyez pas ; gardez-vous d'aller après eux." 
    Et, dans l'Apocalypse, il admoneste de sa propre voix et commande à son peuple de sortir de Babylone, disant : "Et j'ouïs une voix du ciel, me disant : - Ô mon peuple, sors du milieu d'elle, et ne sois pas participant de ses péchés, afin que tu ne reçoives pas de ses plaies. Car ses péchés sont parvenus jusqu'au ciel, et le Seigneur se souvient de ses iniquités." 
    L'Apôtre dit ceci même : "Gardez-vous de tirer le même joug que les infidèles. Car quelle participation y a-t-il de la justice avec l'iniquité, ou quelle association entre la lumière et les ténèbres; car quel accord y a-t-il entre Christ et le diable, ou quelle est la part des fidèles avec les infidèles, ou quel rapport entre le temple de Dieu et les idoles? C'est pourquoi, sortez du milieu d'eux et soyez séparés, dit le Seigneur; ne touchez pas ce qui n'est pas pur, et je vous cacherai, et vous me serez comme enfants, fils et filles, dit le Seigneur tout-puissant.
    Idem (Ephés. V) : "Ne soyez pas faits participants avec eux; car vous étiez dans la voie des ténèbres, mais maintenant vous êtes lumière au Seigneur."
    Idem (1 Cor., X) : "Je ne veux pas que vous deveniez compagnons du démon. Vous ne pouvez pas être faits participants de la table du Seigneur et de la table des démons."
    Item (2 Thess. III) "Ô frères, nous vous annonçons, au nom de notre Seigneur Jésus-Christ, que vous vous gardiez de tout frère qui marche déshonnêtement, et non selon les enseignements que vous avez reçues de nous. Car vous-mêmes savez en quelle manière il convient que vous nous ressembliez." 
    Et ensuite : "Si quelqu'un n'obéit pas à notre parole, notez-le par lettre et ne vous mêlez pas avec lui afin qu'il soit confondu."
    Idem (Ephés., V) : "Gardez-vous de vous associer aux œuvres infructueuses des ténèbres." 
    De même (2 Tim., III) : "Mais sache ceci, que des temps funestes (dangereux) viendront aux derniers ans." 
    Et plus bas: "Ayant l'apparence de la piété, mais renonçant à sa force, évite de telles gens."


    Des choses sus-notées sont manifestement démontrées la malice de l'Antichrist et sa perversité, etc. Et comme il est commandé par le Seigneur de se séparer de lui intérieurement comme extérieurement, et de s'unir à la Jérusalem céleste. Ainsi donc, connaissant ces choses que le Seigneur nous révèle par ses serviteurs, et croyant à cette révélation, selon les saintes Écritures, et étant en même temps admonestés par les commandements du Seigneur, nous nous séparons intérieurement et extérieurement de celui que nous croyons l'Antichrist, et nous avons formé des compagnies et une unité, avec bonne volonté et une intention droite, ayant pour fondement, pur et simple, de plaire au Seigneur et d'être sauvés, avec l'aide du Seigneur, autant que la vérité de Christ et de son Épouse, comme aussi notre faible intelligence, peuvent le permettre. 

    Nous faisons donc remarquer quelles sont les causes de notre séparation, comme aussi de notre congrégation, afin que si le Seigneur nous a donné d'avoir cette même vérité, elle porte elle-même l'amour, en même temps qu'en nous, et afin que si elle n'était peut-être pas bien éclairée, elle reçoive aide par ce ministère béni du Seigneur. Et s'il arrive qu'il ait été plus accordé à quelqu'un, et plus abondamment, nous désirons humblement d'en être instruits, de savoir mieux de lui et d'être corrigés en nos défauts. 

    Les raisons qui suivent sont donc la cause de notre séparation. 

    Les choses auxquelles sont tenus les ministres pour servir le peuple sont celles-ci : Lui présenter la parole évangélique et la parole de la réconciliation, ou la loi de grâce, selon le dessein et l'intention de Christ. Car le ministre doit annoncer la parole évangélique, et le sacrement étant joint à la parole, confirme son sentiment et son intelligence, et affermit l'espérance en Christ chez le fidèle. La communion administrée par le ministre renferme tout par le moyen de la vérité essentielle. Et s'il y a quelques autres choses qui concernent le ministère, elles peuvent toutes être comprises dans ce qui a été dit.
    Or, de ces vérités particulières, les unes sont essentiellement nécessaires au salut des humains, les autres le sont conditionnellement. Elles sont contenues en douze articles, selon l'ajustement ou l'adjonction de plusieurs paroles des apôtres (8). Mais (cependant) a déjà été régnant par le passé, en l'Église, par un effet de la permission divine, etc. 

    -Six iniquité de l'Antichrist

    (1) Les erreurs et les infidélités prédites par le Seigneur, touchant l'Antichrist, sont les suivantes : un service idolâtre varie et innombrable, accordé contre le commandement de Dieu et de Christ, non au Créateur, mais à la créature visible et non visible, corporelle ou spirituelle, intelligente et sensible, produite naturellement, ou par un art quelconque, ou sous quelque nom que ce soit, comme de Christ et des saints ou des saintes, et, des reliques, et des personnes en autorité, auxquelles créatures est rendu un service accompagné de foi, d'espérance, d'actions, d'oraisons, de pèlerinages, d'aumônes, d'offrandes, de sacrifices fort dispendieux. Les membres de l'Antichrist servent une telle sorte de créature, ils l'adorent, l'honorent de plusieurs manières, par des chants, par des panégyriques, par des solennités, par des célébrations de messes, par des vêpres, par des complies à ces mêmes créatures, par des heures, par des vigiles, par des fêtes, par acquisition de grâce, acquisition qui est essentiellement en Dieu seul, et méritoirement en Jésus-Christ, et qui s'obtient par la seule foi par le secours du Saint-Esprit.
    Car il n'y a pas d'autre cause de l'idolâtrie qu'une opinion fausse touchant la grâce, touchant la vérité, touchant l'autorité, l'invocation, l'intercession, lesquelles le même Antichrist ôte à Dieu pour les attribuer aux ministères et aux oeuvres de ses mains, aux saints et au purgatoire. Et cette iniquité de l'Antichrist est directement contraire au premier commandement de la loi. 
    Semblablement, l'amour désordonné de l'Antichrist pour le monde est la source d'où procèdent dans l'Église tous les maux et les péchés des conducteurs, des directeurs, des supérieurs ; péchés qui restent sans répression, et qui sont contraires aux vérités de la foi et à la connaissance de Dieu le Père, selon le témoignage de Jean, qui dit : "Celui qui pêche ne connaît point Dieu ni ne l'a vu. Car si quelqu'un aime le monde, la charité du Père n'est point en lui." 

    (2) La seconde iniquité de l'Antichrist, consiste en ce qu'il place l'espérance de pardon, de grâce, de justice, de vérité et de vie éternelle, non en Christ, ni en Dieu par Christ, mais dans les hommes vivants et morts, dans l'autorité, dans des cérémonies ecclésiastiques, dans des bénédictions, dans des sacrifices, dans des prières et dans d'autres choses semblables indiquées plus haut, et non dans une foi véritable qui produit la repentance, avec la charité, l'éloignement du mal et l'avancement dans le bien.
    Ce n'est pas dans une telle foi (9), que l'Antichrist enseigne a espérer fermement, et principalement la régénération, l'affermissement, la réfection spirituelle ou communion, la rémission des péchés, la sanctification en vie éternelle : mais par les sacrements et par sa perverse simonie, moyen par lequel le peuple est trompé (moqué), et ayant toutes choses vendables, il a imaginé des ordonnances anciennes et nouvelles pour obtenir de l'argent, permettant que si quelqu'un a dit ou fait ceci ou autre chose, il veut qu'il puisse acquérir et grâce et vie. Et cette double iniquité est, proprement appelée, dans les saintes Écritures, un adultère (paillardise) et une fornication. C'est pourquoi, de tels ministres, qui conduisent (conduisant) le peuple grossier dans de telles erreurs, sont appelés paillarde (prostituée) apocalyptique. Cette iniquité est contraire an second article, et de rechef, contraire au second et au troisième commandement de la loi.

    (3) La troisième iniquité de l'Antichrist, c'est, qu'outre ce qui a été dit, il a inventé de fausses religions, des règles, des monastères en forme d'église, comme moyens d'acquérir l'espérance. De même les siens affirment, contre toute vérité, que c'est un devoir pour chacun d'entendre souvent et dévotement les messes, de recevoir les sacrements, de se confesser (mais rarement avec contrition), de faire des satisfactions par des jeûnes ou en vidant sa bourse, de rester ou d'être membre de l'Église romaine, de s'adonner ou se livrer à la règle ou au capuchon. Et cette iniquité de l'Antichrist est directement contraire au huitième article du symbole : "Je crois au Saint-Esprit."

    (4) La quatrième iniquité de l'Antichrist, c'est qu'étant bien lui-même la quatrième bête décrite jadis par Daniel, et la prostituée apocalyptique, il s'attribue des noms, l'autorité, le pouvoir, les dignités, les ministères, les offices, les écritures, au point de s'égaler et de se comparer à la vraie et sainte mère Église, en laquelle se trouve ministériellement, et non autrement, le salut et la vérité, quant à la vie, à la doctrine et aux sacrements. Car l'Église romaine se couvre ainsi elle-même et ses ministres d'erreur et péchés manifestes ; elle serait abandonnée de tous si cela était connu. 
    Mais parce que les empereurs et les rois, et les princes, estimant qu'elle était semblable à la vraie sainte mère Église, ils l'aimèrent elle-même et la dotèrent contre le commandement de Dieu. Cette iniquité des ministres, des sujets, de ceux ordonnés dans l'erreur et dans le péché, est directement contre le neuvième article : "Je crois dans la sainte Église."

    En second lieu, en effet, ces ministres, en participant aux seules formes extérieures, selon les usages humainement, ordonnés et inventés, croient on espèrent avoir leur part à la réalité des offices de pasteurs et de la cure d'âmes, comme si ceux qui seraient tondus comme des agneaux, qui seraient oints à la manière d'une paroi, et qui recevraient la bénédiction en touchant le livre et le calice, pouvaient prétendre être convenablement ordonnés prêtres.
    Il en est semblablement, comme il a déjà été dit, du peuple assujetti, si, parce qu'il a sa part, communique aux paroles, aux signes, aux exercices extérieurs et à leurs diverses cérémonies  souvent répétées, il se persuadait avoir part à la vérité qui en est tirée. Et cela est contraire à l'autre partie du huitième article : "Je crois la communion des saints."
    Une chose est à faire, c'est qu'il faut s'éloigner de la très-mauvaise communion des moines qui, pour amener à sa participation les hommes charnels, leur font espérer, au moyen de choses de néant et par avarice, qu'ils leur feront avoir part à leur pauvreté et à leur chasteté, quels qu'ils soient d'ailleurs, ou luxurieux ou avares, pourvu qu'ils leur fassent à eux-mêmes des dons.

    (5) La cinquième iniquité de l'Antichrist est en ce qu'il promet, en trompant, le pardon et la rémission des péchés à des pécheurs non véritablement contrits et qui n'ont pas renoncé fermement aux mauvaises œuvres. Et il fait d'abord cette promesse de la rémission des péchés au moyen de la confession auriculaire et de l'absolution donnée par des hommes, au moyen des pèlerinages dictés par l'avarice.
    Cette iniquité est contraire au onzième article du Credo : "Je crois dans la rémission des péchés". Car cette rémission dépend de l'autorité de Dieu et du ministère de Jésus-Christ, puis en partie de la foi, de l'espérance, de la repentance, de la charité et de l'obéissance qui, selon la Parole de Dieu, est en l'homme.

    (6) Il y a encore une sixième iniquité (des membres de l'Antichrist), c'est qu'ils prolongent l'espérance (de pardon) jusqu'à la fin de la vie, au moyen des iniquités cachées (couvertes) déjà mentionnées pour les pécheurs manifestes, et spécialement au moyen de l'extrême-onction et du purgatoire rêvé, en sorte que les hommes grossiers, qui ne connaissent pas la vérité, persévèrent dans l'erreur et sont (déclarés) absous de péchés dont ils ne se sont jamais éloignés de libre volonté pour qu'ils pussent en espérer la rémission à venir et la vie éternelle.

  • Gnose catholique romaine

    ("Gnose" a pris le sens courant de fausse théologie ou de fausse science.)

    - Propos d'un évêque romain français, affichant néanmoins sa prétention à l'universalisme dans le terme de "catholique".

    Je cite E. de Moulins-Beaufort, pour qui ce qui compte dans la vie chrétienne "n'est pas un ordre moral ni un ordre social, même inspiré de l'Evangile [mais] le lien au Christ, la place de sa croix au coeur de notre coeur, l'adhésion de toutes les fibres de notre être à son offrande pour la gloire de Dieu et le salut du monde".

    Je doute qu'un tel discours vaudrait la moyenne à un étudiant de droit ou de philosophie, même moderne. Ou bien l'Evangile permet de fonder un ordre social ou moral, et dans ce cas on voit mal pourquoi un chrétien ne suivrait pas rigoureusement cette ligne de conduite ; ou bien selon le démenti formel de saint Paul à la suite de Jésus et des apôtres, dans sa lettre aux Hébreux, cet ordre moral chrétien est impossible, et dans ce cas c'est un fieffé mensonge de le suggérer.

    Notez que Paul n'éprouve aucune difficulté à fonder le sacerdoce nouveau CONTRE l'ordre moral, puisque celui-ci est représenté dans l'Evangile par le tableau frappant de la lapidation par les juifs d'une femme adultère. Ce qui est plus difficile à comprendre, peut-être, c'est qu'il n'y a pas non plus dans le judaïsme d'ordre moral. L'ordre moral des juifs est une invention des pharisiens, qui ont subverti la loi de Moïse et l'ont détournée de son esprit, en pratiquant le négationnisme historique, c'est-à-dire en étouffant la voix des prophètes - Isaïe, par exemple, qui annonce la venue du fils de dieu parmi les hommes. Il n'est pas immoral de tuer son voisin. Les Etats le font sans arrêt, non seulement l'Allemagne nazie, et les Etats sont des personnes morales exemplaires.

    La suite de la phrase ne peut plus avoir de sens, et c'est le reproche principal qu'on peut faire à un pasteur qui, prétendant ramener ses brebis dans la juste voie du ciel, les plonge encore plus dans le doute existentiel. Quant à la croix, symbole animiste brandi par de nombreuses nations barbares, instrument de torture favori des Romains, il est plus logique de dire que Jésus l'a vaincue.

    De plus, l'homme n'est malheureusement pas un "être", faute de quoi les hommes ne seraient pas tantôt en train de dépenser leur petit capital-vie à essayer de voir dieu, tantôt au contraire à tenter de bâtir de grandes civilisations pour d'essayer d'empêcher que le ciel leur tombe sur la tête, là où Jésus-Christ a situé la grande fracture entre les pauvres et les riches, inversant l'ordre naturel païen pour proposer le sien, surnaturel.

    Plus loin cet évêque parisien mondain élabore de façon encore plus nette la thèse démocrate-chrétienne satanique, en reprenant un couplet scandaleux de son supérieur hiérarchique Jean-Paul II :

    "La qualité absolue du mouvement de l'homme vers la femme et de la femme vers l'homme, en quoi se reflète quelque chose - beaucoup plus que quelque chose - du lien de Dieu à l'humanité, du Christ à l'Eglise."

    Là encore saint Paul vient au secours de la parole de Dieu. Paul s'arrête au mystère de l'image du Christ et de son Epouse pour dire qu'il est certainement grand, mais sans révéler son contenu apocalyptique. Plutôt disert d'habitude, Augustin d'Hippone fait de même, j'ose dire avec une réserve et une prudence dont il est peu coutumier.

    L'analogie avec le lien sexuel et légal qui unit untel et unetelle, suivant une loi hasardeuse que n'importe quel esprit scientifique jugera une commodité de l'esprit d'appeler "une qualité absolue de mouvement", qualification vague qui convient pour l'agrégation de n'importe quelle chair, comme pour la mort, le chaos, ou encore l'union mystique du soleil et de la lune, dont les mouvements paraissent plus purs que ceux des jouvenceaux et jouvencelles "catholiques romains" dans leurs lits, cette comparaison n'est pas possible selon saint Paul ; elle reviendrait à faire une croix sur le sacerdoce. Du reste l'apôtre est le dernier à accorder à la sexualité une quelconque valeur métaphysique, ce qui explique que Shakespeare le cite souvent quand il fait une croix sur le romantisme catholique.

    Le lien entre dieu et l'humanité n'est autre que le Sauveur lui-même. En outre, le lien entre dieu et l'humanité n'a rien de nécessaire. C'est le coït entre l'homme et la femme qui est nécessaire ou vital. Pour cette raison, le lien du mariage est sacré dans les religions... païennes. Alors que Jésus n'a de cesse par ses paraboles de présenter une métaphysique chrétienne renversant l'ordre naturel marqué par le péché d'Adam et Eve, l'Eglise romaine s'applique systématiquement à prostituer l'esprit chrétien, c'est-à-dire à proposer pour rien ses piteuses solutions juridiques à un monde qui s'en moque bien.

    L'Eglise romaine sacrifie l'esprit de dieu sur l'autel de sa vanité, et rien ne semble pouvoir la faire douter d'elle. Une institution ne doute jamais d'elle-même nous dit Shakespeare, et son droit est la seule vérité qu'elle connaît, jusqu'au jour où son coeur est frappé d'apoplexie, et elle s'écroule sur ses ouailles.

     

  • Networks against Church?

    Today Sexual Crimes in German and Irish Catholic Churches make it new, but the problem of Propaganda against Catholic Church, Press and Networks is an old problem in Europa (-1800) that can be understood rather easily starting from French example.

    First of all one has to underline the fact that Propaganda was invented by Catholic Church in modern History, including the use of lie without which there is no Propaganda.

    Obvioulsly Catholic Roman Church is often judged by Journalists who have no idea of its History or Theology and are not interested in them. Do not ask a French Journalist to understand the sentence of Karl Marx explaining that "Christian people became Jewish, that is what emancipated Jewish people." Journalists are just making the Propaganda for the Party they are belonging to, just as most of Catholic Roman clerks before.

    Biggest lie in France is probably the common idea, teached at School, that French Revolution was between Atheist People and Christian People, though one can read Voltaire, supposed to be one of the Prophets of the French Revolution, and understand that he is not so far away from Blaise Pascal, supposed to be the Prophet of old Aristocratic Christian Class (French Bankers putted B. Pascal on the bills in XXth century, probably to remain that Money is like Faith: always a Bet; and in fact Rich young man of the Gospel does prefer Faith and Law rather than Charity that Jesus makes an Urgency for Salvation).

    Better to understand European History, and even French one, is to read Shakespeare's History whose vision is therefore nothing less than prophetic. Against the Education based in Europa on Propaganda, one could imagine an Education based on Shakespeare's History: great progress for Children and Truth but great Risk for Capitalism and its Manoeuvring in the Dark.

    *

    That French Journalists are mistaking Catholic Church and Clerks today is not surprising. Catholic Roman Church that what useful for the Power and the State until the End of XIXth Century is almost useless now. Catholic Church helped for instance Napoleon IIIrd to be elected (1850), to convince the Peasantry to vote for him, although Napoleon IIIrd was working for industrial Cartels; there is no peasantry anymore. Catholic Church was useful more recently -in 1914-18- to convince people that... War is a good thing! Especially in some areas like French Brittany that came out Middle Age recently and that gave French Army its best soldiers, motherfuckers who were sended in first line, convinced that God was happy that they make war for the Property, the Family and the Golden Calf! (Best XXth French Writter L.-F. Celine is coming from this Country and this insane religion of little farmers that makes atheism more logic.)

    Catholic Church lost every kind of influence definitely in Europa during last half of XXth Century; its sole use is today to make the new Liberal Religion more new-fashioned. Today the use of Christian propaganda would be more useful in... Africa, where it could be used by new Chinese companies to make African Peasantry more manageable.

    *

    In Saint John's Revelation Christian Church is compared to a Whore having incestuous relationship with Kings and Nations (see 'Hamlet' or Dante Alighieri), a comparison which is already in Jewish Prophecies concerning Israel. It is said too that this Whore will be hated by the Nations behind Time, themselves rejecting their Mother-in-law (Rev. Chap. XVII).

    There is no serious translator in Catholic tradition who is trying to split this Whore Portrait from Roma. Only some (like French Bossuet) who are explaining that Apostle John is viewing here the Roma of Ancient Tyrants and orgies, based on selfish Religion of Family and Ancestors. Problem of this explanation is that:

    -it makes saint John's Prophecy useless, first of all, though the link between Prophecy and History that is underlined by great Francis Bacon ('Revelation is History');

    -and twice it puts on one side the fact that the good Church is compared to a Wife (See Poem of Salomon) and the bad Church to a Prostitute along Holly Scriptures, due to Eva's fault that Christian people think it can be abolished. Apostle Paulus (who was taken by Francis Bacon as a good example of clear Theology) does explain that the Union of the Christ and his Church as a marriage is 'a great Mystery', i.e. a mystery that Paulus does not understand but is one key of the Revelation.

  • Protestantism... of Satan?

     

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    Protestantism is for some Sociologists the Matrix of Capitalism; obviously they did not read German Luther, Dutch Erasmus or English Francis Bacon. Condemning Speculation M. Luther is not different from Catholic Dante Alighieri; that makes today Catholic Pope more 'Protestant' -in the sociologist idea- than Luther himself!

    This problem allows to understand two points:

    -First one is that Marxism is opposite to Sociology;

    -Second one is that Sociology is not a Science but a Religion;

    *

    - Marxist History against Sociology, because Protestantism is the consequence of Capitalism, not its Inspiration or Cause. As a result, there is no big difference between Protestantism and Roman catholicism today. Divisions are coming from Politics and the Hypocrisy of the clerks is to deny it.

    Did Luther intended to make the religion of German bankers, insurance Officers, Auditors or Lawyers? Of course not, though he committed the big mistake to ask for the help of some Prince.

    Good question is: what is so useful for Politicians and Bankers in Protestantism that made this religion puted on by rich nations after they defeated Catholic Church? First thing, easy to understand, is that Protestantism is based on Ethics and is an 'out of History' Christianity. Puritanism was the door opened to the State religion which became the most common religion though Christian people cannot serve two Masters. Capitalist gangsters have so 'Ethics' in their mouth as kids have chewing-gums in their.

    Therefore Protestantism is, as French Jansenism does, the coming back to old Soul System which is the best for one dictatorship. That is why French Moliere made of Jansenism, this Christian free-masonic idea the Devil's religion with deep understanding that tells me he probably read Shakespeare. Human Pyramid -as a goal of every kind of Theocracy or fiendish Politics, dictatorship can be made if only you are changing people in souls, that is to say little cells.

    *

    - Sociology is a religion then, because it is taking Capitalism as a Necessary turn of History (exactly as Theory of History in the nazism of G.W.F Hegel does). 'Capitalism is because it had to be'. This is not History but Mathematics. To make the link with Satan here: this kind of explanation (latin explanation because it is the 'mutatis mutandis' explanation) was qualified by Marx as a Philosophical or Esoteric one. Sociology has grown up on Nazism, not on Marxist History.

    Therefore Sociology seems to be entirely made for hiding this truth that Capitalist Economy is a static one and that "the stronger central Poweis, the stronger capitalism is too", along capitalist History. Greek Nation is going bankrupt as a regular Bank, asking the help of other Bankers after themselves asked the help of some States a few month before. Economy is not really teached in Business Schools but a kind of Religion. But most important is that common people must not understand the Game.

    *Portrait is of Joseph de Maistre by Valotton, example of a Christian typical free-mason not far away from German Leibniz or English Isaac Newton, G.W.F. Hegel, this kind of Christianity that is the Matrix of nazism, devotion for Politics checking the truth that one cannot serve two Masters at the same Time.

  • The Devil Inside

     

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    French journalist Jacques Duquesne wrote a book about the Church and the Devil, demonstrating that Catholic Church got rid of him last Century along. And in fact advertising for the Devil is more in rockn'roll Lyrics or Hollywood movies now than in Christian Churches.

    This turn is for the author Duquesne a progress toward more Responsability:

    - First thing to say is that the reflexion of Duquesne is out of Christian tradition or explanations though this man does like being called a 'Christian' or even a 'Papist' to sell more books. One cannot be 'Christian' and not believe what Jesus says. Religion of Duquesne is Capitalism and he worked in fact during decades for Newspapers praising capitalism, not Jesus. Responsability is starting with the fact not to mix capitalism with the Christian praise of poverty.

    - Idea of a 'bigger responsability' would be funny if the sense of responsability of capitalist Politics was not illustrated by rivers of blood due to the struggle between huge States until War along last century.

    *

    But this Publicist is not responsible of the vanishing of the Devil in most Christian Sermons or Theology. German Christian Theology where Nazism and 'existentialism' came out enable to understand this changing. One can summarize it under the name of 'Anthropology'. This mechanic that one can find in E. Kant philosophy, S. Freud too, or in nazi Heidegger more recently does enable to change the Devil in a moral value: he becomes 'bad' principle when God is becoming 'good' principle. Understand that this anthropologic turn is as much swallowing the Devil than it is swallowing the Nature (The idiotic turn of Ecologism when Earth becomes one human's soul is included in this philosophy), a 'Nature' which is understood here as it is in the Latin Paganism as 'elements'. Greek idea of Nature that does infirm Latin idea of 'elements' brakes anthropologic reflexion and does explain why lots of Greek scientists did believe in the Devil (Apollo) as true Christian.

    *

    After Shakespeare or Francis Bacon who are in the Christian materialism tradition inspired by Greek Science*, one can think that Christian satanism is summarized in what it is sometimes called 'Natural law', idea which was invented by stupid middle age monks, betraying Aristotle on this point (who did not wait for A. Einstein to know that laws are submitted to relativity principle. Not even Zeno waited for German simpleton Einstein or French Poincaré.) Christian free-masons such as French J. de Maistre in XIXth are not far away from this idea of 'Natural law' too. One can especially read in French poet Baudelaire, who was following de Maistre, that he is not clearly making the difference between God and the Devil, as he is admitting frankly.

    Not difficult to understand that nazism or darwinism are continuing this middle age idea of 'Natural law' too. It is Satanic principle for Christian because this is the way to change Politics in a sacred matter against the warning of Jesus not to try to make his Kingdom in this World.

    *Pythagoras is closer to religion than science and therefore closer to Aegyptian than Greek. Due to pythagorean symbolism of swastika, one can see satanism in Pythagorean Science.

     

     

  • Shame on John-Paul IInd

     

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    Shame on former Pope John-Paul IInd indecent acts of self-torturing does illustrate the new use of Christian Roman religion by modern global dictatorship. One must say before two things about this Pope:

    -Nothing is less surprising than this habit from him; everybody is remembering his suffering when he was making his worldwide tours before his death. What are self-whipping with a waistbelt compared to the suffering of an old man next to death agony around the world?

    -Praising torture is ALWAYS a proof of low spirituality, in Christianity first of all, but whoever this praising is coming from in general; Atheist French Marquis de Sade as much as some crazy Christian nuns such as Spanish Theresa of Avila... Nazi's sado-masochist background is undeniable too: all that bullshit is betraying common intellectual weakness from same origin: Politics. The "cell" is in general what these people have in common. Devil is not only in the house, but in the cell.

    Outrage of mad killer against anybody is first of all against his own body (That is what the cops or the moralists making inquiries about the serial-killers are trying to hide: special responsability of Politics in these kind of murders.)

    Torture makes the link between family and politics obvious, and the fact that education is as satanic job as tyrant's job.

    *

    Is there something more hypocrit in today's World than Hitler's sentence next to sado-masochism praise that one can hear from lots of stupid but powerful artists? Notice that 'Arbeit macht frei!' is not only a sado-masochist Eastern Device but a do-nothing Device of people that mostly make money or slaves work for them -as gloomy and contemptible than Greek idleness is full of nobility and altruism. Roman, nazism or liberalism principles are made for the slavery to continue as long as possible, although Aristotle, Aeschylus or Homer were fighting for liberty.

    New use of Christian religion by dictatorship now:

    -As Karl Marx explained ('The Holly Family') and his son Paul Lafargue after him (which is explaining the old hate of Puritans against Marx, though he is not that far away from Luther's vowing merchants and their laws to Hell), main use of Christian religion by different dictatorship in Europe during XIXth century was to justify industrial slavery. And it was a duty in lots of rich families to give one son to be a clergyman. Christian religion became useless for dictatorship after the disgusting of it in poor classes, replaced so by the State religion called 'existentialism' in France, made of half Gothic and Baroque old Clock-mechanism (Soul Systems or Sound Systems are the best in Dictatorship for a good control on big nations.) Nazis themselves could not use 'Jewish-christianity' to manipulate people as Napoleon Ist and IInd, Bismarck did before Hitler. Hate of Christian religion was at that Time too big in poor classes working for the industry.

    Hitler and nazis were the first politicians to do what Global Dictatorship is doing with Pope John-Paul IInd or Benedictus XVIth right now: making the existentialist religion modern in the comparison with old christianism of Roman Church that seems to make as many efforts as possible to be ridiculous and old-fashioned as Shylock in Shakespeare's play (Pope's small party in France is blessed bread for caricaturists as Texan people are for New-Yorker.) This press propaganda is sitting here on two big official lies as Hitler did:

    -First is that 'existentialist' religion of State is not less out of Christian origin than it is out of Paganism (The mostly Roman paganism concerned here was mainly imported in Christian religion by clerks, especially in the XVIIth century. Importance of Poets and poetry does prove that this paganism is mostly of Latin origin.)

    -Second lie is that 'existentialist' religion is not less Gothic or Baroque than John-Paul IInd sado-masochism which is obviously part of USA-culture (or Japanese one).

    'Highway to Hell' is the religious song of existentialism by monkey Mick Jagger out of some Business School; Jagger who knows probably as well as I do who Artemisia is and that Lucifer is not deaf to entreaties of frogs that are giving him their sufferances for nothing against a little piece of Glory.

  • Ubu-pape

    La querelle autour du procès en béatification de Pie XII est du domaine de la propagande de la foi. Foi chrétienne, foi juive, et même foi laïque, par-delà le cas de Pie XII, se disputent le Ciel (Ou le Purgatoire dans lequel la bourgeoisie, en raison de ses crimes maquillés en compromis, a toujours été tentée de croire.) La bourgeoisie n'est pas loin, ici, de mettre le Ciel à l'encan.

    La propagande est la queue de la comète politique ; aussi ne concerne-t-elle pas le christianisme. On peut être sûr d'une chose : la canonisation ou la béatification, si elle passionne les gens de robe, est la dernière des choses qui préoccupe les saints.

    Pour ce qui concerne les Juifs, si les pharisiens demeurent célèbres pour leur goût du sanhédrin, leur culte des mots, surtout lorsqu'ils permettent de se justifier ou de tendre des pièges, on peut lire néanmoins dans l'Ecclésiastique, et ce bien que ce livre soit un des moins messianiques et des plus moraux :


    "La gloire et la honte sont dans la parole,

    et la langue de l'homme cause sa perte."

     

    (La spirale du "Père Ubu" est celle du langage ou de la rhétorique politique.)

  • Le Diable dans l'Eglise (3)

    Nul théologien n'a une connaissance meilleure du diable que Shakespeare, à l'opposé du Tartuffe Jacques Duquesne (Il n'est écrit nulle part que la théologie doit être ennuyeuse, et on ne saurait en vouloir à Shakespeare d'imiter Eschyle plutôt que Thomas d'Aquin.)

    Horatio dans "Hamlet" a une attitude typiquement médiévale ou "romaine" vis-à-vis du diable, qui diffère sensiblement de celle du jeune Prince du Danemark. Horatio croit au diable (sans quoi il ne serait pas chrétien) et le craint, tandis qu'Hamlet cherche à mieux le connaître et ne craint pas d'affronter la peur du diable ; pour cela, Hamlet ne se dérobe pas et VEUT SAVOIR si le spectre sur le chemin de garde est diable ou messager de Dieu. L'attitude d'Hamlet est plus représentative de la logique de Shakespeare lui-même, bien sûr, mais également de l'esprit de la Renaissance, plus généralement. Il faut dire que la pensée matérialiste, rénovée par François Bacon, a le mérite d'indiquer où se situe l'idéologie, c'est-à-dire la spirale anthropologique.

    La tartufferie de Duquesne se comprend lorque celui-ci explique que la relégation du diable par les théologiens catholiques a pour effet profitable de "responsabiliser l'homme". Alors même que c'est le capitalisme, dans lequel Duquesne est mouillé jusqu'au cou, qui a inventé le slogan hypocrite et cynique du "responsable mais pas coupable", ou que l'inculpation du seul Hitler dans l'enseignement laïc de l'histoire (même pas Napoléon !) permet d'occulter la mécanique capitaliste des guerres modernes et de disculper la polytechnique.

    *

    La fête de Noël est un cas typique d'intrusion du diable dans l'Eglise qui permet de comprendre le processus. Noël est à l'origine une fête païenne saisonnière que l'Eglise a tenté de "christianiser", avant qu'elle ne redevienne complètement païenne. Autrefois les enfants étaient récompensés ou punis en fonction de leurs mérites, le Père Noël accompagné du Père Fouettard ; la mondialisation fait aujourd'hui que les enfants du Nord sont couverts de cadeaux, tandis que ceux du Sud en sont privés. Le capitalisme a même restauré l'idée typiquement païenne de prédestination.

    On voit d'après Noël, même si on pourrait prendre d'autres exemples, que le compromis chrétien avec des rituels ou des pratiques païennes : 1. tourne toujours à l'avantage du paganisme ;

    2. qu'il est systématiquement un compromis politique et moral. La théologie de Shakespeare, qui souligne que le diable habite le palais est bien plus conforme à l'avertissement messianique contre le rêve d'édifier la Cité de Dieu dans ce monde : là est l'utopie satanique, et aussi dans la manière de sanctifier la politique par mille et une ruses.

     

  • Le Diable dans l'Eglise (2)

    Pourquoi le XVIIe siècle janséniste est-il une étape décisive dans la dissolution -on a presque envie de dire "l'absolution"- du diable, et, partant, du délitement de la théologie catholique ?

    Au passage il convient de souligner que le XVIIe siècle français, en dehors de Corneille et Molière, est bien peu "shakespearien". Si la Renaissance place l'apocalypse et le diable au coeur de la science et de la théologie, avec les juristes, les mathématiciens et les "harmonistes" du XVIIe siècle, c'en est fini de l'histoire. Karl Marx et Frédéric Engels ont en restaurant la dialectique historique mis fin plus efficacement que Voltaire à un obscurantisme de plus de deux siècles. Si on dérouille l'épée de Shakespeare du fourreau de gnose scolastique dans laquelle l'Université l'enferme, on retrouve chez Shakespeare les grands axes de la pensée marxiste : le matérialisme (qui est un naturalisme, et jamais S. ne fait une métaphore au hasard) ; la vérité scientifique contre la puissance politique ("dynamique" contre "dynastie") ; la dimension satanique de l'argent (et son rapport avec le sang et l'âme, remarqué aussi par Léon Bloy) ; la sainte horreur du paganisme et de l'ésotérisme qui est aussi au coeur de l'oeuvre de Marx.

    *

    Il faut aussi aplanir ici une difficulté du vocabulaire courant. La science dite "matérialiste" authentique d'Aristote, Bacon ou Marx n'a rien à voir avec la "polytechnique" bourgeoise, nazie ou capitaliste et son culte de l'objet artisanal ou industriel. Pour un matérialiste, le rapport de l'âme à l'objet est évident et le fétichisme jaillit du miroir aux alouettes païen.

    D'ailleurs la bourgeoisie nationale-socialiste, pour prendre un terme général, ne sait pas faire la distinction entre l'artisanat et l'art, ou l'art et le produit industriel. L'art pompidolien par exemple n'est autre qu'une mystique (pour ne pas dire une mystification) de l'objet d'art : il est donc extrêmement religieux, comme l'art dit "premier", tandis que l'art de la Renaissance, à l'opposé, est profondément irréligieux, dans le sens où il tend à l'élucidation et à la réduction des paradoxes à néant (la musique basée sur l'hiatus de l'âme, cultive au contraire le paradoxe et l'ironie).

    *

    L'occultation du diable : ce que le nuisible autant qu'ignare Jacques Duquesne traduit comme un progrès théologique n'est autre que le produit de circonstances historiques et politiques. Le jansénisme, comme ses cousins germains l'anglicanisme et le luthéranisme, traduisent d'abord la montée en puissance des Etats-nations. Avant que l'équation ne soit parfaite entre le chef de l'Etat et le chef religieux (Napoléon ou Hitler), une étape a été nécessaire d'incorporation des principes politiques et moraux, au prix de graves distorsions du Nouveau Testament bien souvent, d'incorporation de ces principes à la théologie. Or, comme l'a décelé Simone Weil après Marx, la politique est le refuge du païen face aux éléments déchaînés de la nature. Il n'y a pas de société plus "politique et morale" qu'une tribu d'anthropophages. A tel point qu'on peut dire que l'anthropophagie est comme le terme de l'anthropologie. Le capitalisme, largement fondé sur la prostitution, a d'ailleurs réinventé de multiples façons de consommer le corps en toute légalité.

    Ici on peut voir la différence entre l'imbécile Nitche dont Michel Onfray perpétue la tradition d'ignorance crasse pour mieux asservir le populo au Capital, et le savant Marx. Lorsque ce dernier démolit la cathédrale nationale-socialiste, il sait bien que c'est un monument païen qui n'a plus guère de chrétien que l'argument ou le slogan. Il sait que la nouvelle religion de l'Etat n'est que la métastase d'un christianisme nationalisé. Tandis que Nitche est incapable de voir qu'Apollon est LE grand dieu païen et que Dionysos n'est qu'un sous-fifre. Autrement dit rien n'est plus sacré pour Nitche, Maurras, comme pour Schopenhauer avant eux que la religion. Le fonctionnaire, c'est-à-dire l'"homme nouveau" de la religion nazie, endosse les habits du prêtre : son élitisme est du même ordre.

    L'apocalypse étant le passage du Nouveau Testament le plus explicitement dirigé contre la politique et ses cornes sataniques (comme les livres prophétiques juifs sont les moins "talmudiques"), il était parfaitement logique que le "nationalisme chrétien" janséniste ou protestant fasse jeter l'apocalypse aux oubliettes. Les deux phénomènes d'abstraction du diable et de l'apocalypse convergent. Etant donné la signification historique de la "trinité", celle-ci disparaît aussi. Lucifer et l'Esprit saint sont alors regroupés sous le même vocable : la Providence. La présence de celle-ci dans la religion nazie (G.W.F. Hegel) suffit à établir que le nazisme et la morale existentialiste qui en découle sont "néo-gothiques". Le moyen âge ne connaît pas l'histoire. Le national-socialisme allemand dérivé du judéo-christianisme assigne, lui, une raison mathématique à l'histoire, ce qui est encore pire que l'ignorance pure et simple.