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Catholica - Page 3

  • Le Diable dans l'Eglise

    Le journaliste Jacques Duquesne est l'auteur d'un livre-enquête sur le diable dans l'Eglise. N'importe qui peut faire le constat comme Duquesne que le "diable" a été "évacué" de la théologie catholique (en lisant les dernières encycliques papales), ou ramené au rang de vague concept. L'idée en revanche qu'on puisse être "chrétien et capitaliste", comme Duquesne, longtemps directeur de L'Express, gazette qui n'a pas grand-chose à envier au "Figaro" pour ce qui est de l'asservissement aux banques et aux industriels de l'armement, cette idée est d'autant plus contestable que le caractère satanique du capitalisme apparaît de plus en plus clairement aux yeux du grand public à travers le rideau de fumée médiatique.

    Car Duquesne se réjouit bien sûr de cette occultation du diable par le clergé (Mon propre message sur le blogue de l'abbé D. Letourneau, lui reprochant de se moquer du diable, a été censuré.)

    A votre avis, Tartuffe croit-il plus au diable que Jacques Duquesne ? Non, et pour cause, le jansénisme qui constitue une des cibles favorites de Molière (Tartuffe mais aussi Sganarelle) est une étape décisive dans l'occultation du diable.

    Avant de préciser pour quelle raison le jansénisme* évacue le diable, rappelons que tout théologien un minimum sérieux et ne cherchant pas à accommoder coûte que coûte l'Evangile à l'esprit du monde capitaliste comme Duquesne (le prix d'une telle trahison est sans doute hors de portée de la bourse d'un quelconque multimilliardaire) ou la clique des démocrates-chrétiens gaullistes du "Figaro" et apparentés ("Famille Crétine"), tout théologien sérieux sait qu'on ne peut être chrétien sans croire au diable. Celui-ci est en effet présent du début à la fin du Nouveau Testament auquel les chrétiens accordent une réalité historique (contrairement à Michel Onfray, par exemple, qui émet publiquement des doutes sur l'existence de Jésus).

    (A SUIVRE)

    *Il y a différents types de jansénistes. Même des jansénistes qui ont fini par se tourner vers l'apocalypse comme l'abbé Grégoire. La distance entre Bossuet et Blaise Pascal est assez grande (Voltaire cite dans son "Dictionnaire philosophique" un passage de Bossuet dans lequel celui-ci introduit l'apocalypse, ce qui n'est guère compatible avec le jansénisme, comme on verra un peu plus loin.) C'est un des aspects des Lumières et de la Révolution française dissimulés par le révisionnisme républicain ET démocrate-chrétien : la polémique jansénistes "sécularistes"/contre "millénaristes" est sous-jacente au débat intellectuel, même si Voltaire ne se réfère pas sans cesse comme Shakespeare ou François Bacon aux textes prophétiques juifs, grecs et chrétiens. Je prends donc le jansénisme au sens où Sainte-Beuve l'a caractérisé de façon pertinente à défaut d'être concise (La spéculation théologique est elle-même une caractéristique du jansénisme dans lequel Sainte-Beuve se drape lui-même, prouvant ainsi la permanence du jansénisme bien au-delà de la secte de Port-Royal-des-Champs.)


  • Pan sur le Pape ?

    La première erreur à propos du Pape -même si elle est grossière elle est assez commune-, c'est de continuer de tenir le pape pour une autorité religieuse ou spirituelle éminente. Le nombre de chrétiens qui se disent fidèles au pape en Europe est extrêmement réduit désormais, et plus réduit encore parmi eux ceux qui prêtent l'oreille au détail des propos du pape (Ce qu'on ne saurait leur reprocher, la théologie de Ratzinger se limitant à un divertissement ennuyeux à faire ronfler les chaisières de Notre-Dame.)

    La lecture de la gazette papiste "Famille chrétienne", confondante de niaiserie et de sentimentalisme, est à cet égard instructive car on peut constater la difficulté du clergé à imposer, y compris dans le domaine des affaires privées où il se cantonne, sa "morale chrétienne" à base de "coïtus interruptus" dont on ne voit pas bien à quel passage des Evangiles le rapporter (d'autant moins qu'il n'est qu'un effet de la "révolution sexuelle" capitaliste).

    Beaucoup plus jeunes et nombreux en Amérique, il semble que les catholiques n'y soient guère plus attentifs aux propos du pape, et qu'on y soit à peu près au même stade du culte de la personnalité.

    Lointain le temps où Dante Alighieri prenait le risque de jeter dans son "Enfer" des papes et de leur donner des leçons de théologie ; voire le XVIIIe siècle de d'Holbach, qui confronte aux Evangiles la théologie pour démontrer son hypocrisie.

    L'existence du pape est aujourd'hui essentiellement "médiatique". Si le business du tourisme n'imposait pas à l'Etat laïc d'entretenir le patrimoine architectural religieux, on peut même penser que le nombre des chrétiens serait encore plus réduit en Europe qu'il n'est actuellement, étant donné tout ce que la pratique religieuse doit au folklore, à des festivités familiales comme Noël.

    Cette "erreur d'appréciation" n'est pas tant entretenue par les papistes eux-mêmes, aussi à l'écart de l'histoire que des collégiens le sont de la vie réelle, que par le clergé laïc qui trouve là un moyen pratique de paraître "moderne" par comparaison, à bon compte. La grande secte laïque dont c'est désormais le tour de prospérer (selon l'analyse même de Marx dès la fin du XIXe siècle) et la petite secte chrétienne à l'état de relique, se lustrent mutuellement par leurs querelles picrocholines. C'est du reste la même loi qui régit en France les partis dits "de gouvernement", bien qu'ils ont du mal à se gouverner eux-mêmes dans une direction précise.

    *

    Même si elle ne comporte plus aucun risque, sur un plan apocalyptique la critique du pape me paraît cependant présenter un intérêt. Entre l'adoubement de Benoît XVI par le gratin existentialiste (Jean-Claude Milner dans "Les Temps modernes") et le soupçon de satanisme que font peser certains sites internet sur le pape, où est la vérité ? J'ai déjà évoqué le site de Gérard Colombat qui passe par la cabale et Blaise Pascal pour sa démonstration.

    D'autres ont vu ou cru voir sur les ornements liturgiques du pape une représentation du Dieu Pan et s'en sont émus. Deux remarques :

    - Si cela même était vrai, ça ne prouve pas grand-chose. Il n'est pas de théologien à qui on ne puisse reprocher d'emprunter au paganisme. Le cas récent de Jean Guitton n'est pas loin du délire insane, hors du christianisme. Encore plus "frais" le cas de Fabrice Hadjadj, invraisemblable exégète soi-disant chrétien, où on verse carrément dans une sorte de théologie pornographique à connotation pédérastique (extrait cité sur mon blogue). A Saint-Nicolas du Chardonnet où sont les tenants de l'orthodoxie la plus pure, il m'est même arrivé d'entendre un prêcheur citer Virgile, bien que celui-ci fut beaucoup moins catholique que Rabelais. A propos d'humanisme, François Bacon souligne l'analogie entre le dieu Pan et Moïse, parmi les nombreuses analogies entre la Bible et la mythologie grecque. Ces analogies ne sont pas pour Bacon, comme pour Voltaire ultérieurement, de simples "coïncidences", mais le résultat du croisement du judaïsme et de la religion grecque.

    Outre les cornes, la barbe, la houlette, la position prééminente que Pan et Moïse ont en commun, Bacon démontre que Pan occupe dans la religion grecque un stade de divinité intermédiaire qui tire son savoir, sa philosophie naturelle, du contact direct avec le Ciel (les "cornes" de Moïse ont le même sens).

    - La deuxième remarque c'est que si le paganisme de la plupart des théologiens chrétiens n'est pas une raison suffisante pour les condamner, le pallier franchi par Joseph Ratzinger et ses prédécesseurs au cours du XXe siècle est tout à fait étrange, puisqu'il ne s'agit plus d'emprunts à des théologies païennes (celle d'Aristote, d'Homère) ou musulmans (Averroès, Avicenne), mais à des philosophies foncièrement athées, comme celles de Théodore Adorno, Horckheimer, Freud, Maurras, Heidegger, ou carrément à des blasphémateurs comme F. Nitche ou L. Feuerbach, invoqués désormais fréquemment à l'appui de la doctrine chrétienne par ce qu'il convient d'appeler des menteurs doublés d'imbéciles.

  • Conversion d'un Juif

    Motifs singuliers de la conversion d'un Juif à la religion chrétienne

     

    J'ai entendu dire qu'il y avait autrefois à Paris, un fameux marchand d'étoffe de soie, nommé Jeannot de Chevigny, aussi estimable par la franchise et la droiture de son caractère que par sa probité. Il était l'intime ami d'un très riche juif, marchand comme lui et non moins honnête homme. Comme il connaissait mieux que personne ses bonnes qualités : "Quel dommage, disait-il en lui-même, que ce brave homme fût damné !" Il crut donc devoir charitablement l'exhorter à ouvrir les yeux sur la fausseté de sa religion qui tendait continuellement à sa ruine ; et sur la vérité de la nôtre, qui prospérait tous les jours.

    Abraham lui répondit qu'il ne connaissait de loi si sainte, ni meilleure que la judaïque ; que, étant né dans cette loi, il voulait y vivre et mourir, et que rien ne serait jamais capable de le faire changer de résolution. Cette réponse ne refroidit point le zèle de Jeannot. Quelques jours après il recommença ses remontrances. Il essaya même de lui prouver, par des raisons telles qu'on pouvait les attendre d'un homme de sa profession, la supériorité de la religion chrétienne sur la judaïque ; et quoi qu'il eût affaire à un homme très éclairé sur les objets de sa croyance, il ne tarda pas à se faire écouter avec plaisir. Dès lors il réitéra ses instances ; mais Abraham se montrait toujours inébranlable. Les sollicitations d'une part et les résistances de l'autre allaient toujours leur train, lorque enfin le juif, vaincu par la constance de son ami, lui tint un jour le discours que voici :

    "Tu veux donc absolument, mon cher Jeannot, que j'embrasse ta religion ? Eh bien, je consens à me rendre à tes désirs ; mais à une condition, c'est que j'irai à Rome pour voir celui que tu appelles le vicaire général de Dieu sur la terre et étudier sa conduite et ses moeurs, de même que celle des cardinaux. Si, par leur manière de vivre, je puis comprendre que ta religion soit meilleure que la mienne (comme tu es presque venu à bout de me le persuader), je te jure que je ne balancerai plus à me faire chrétien ; mais, si je remarque le contraire de ce que j'attends, ne sois plus étonné si je persiste dans la religion judaïque, et si je m'y attache davantage."

    Le bon Jeannot fut singulièrement affligé de ce discours. "O ciel, disait-il, je croyais avoir converti cet honnête homme, et voilà toutes mes peines perdues ! S'il va à Rome, il ne peut manquer d'y voir la vie scandaleuse qu'y mènent la plupart des ecclésiatiques, et alors, bien loin d'embrasser le christianisme, il deviendra, sans doute, plus juif que jamais." Puis, se tournant vers Abraham : "Eh ! Mon ami, lui dit-il, pourquoi prendre la peine d'aller à Rome et faire la dépense d'un si long voyage ? Outre qu'il y a tout à craindre sur la terre et sur la mer pour un homme aussi riche que toi, crois-tu qu'il manque ici de gens pour te baptiser ? Si, par hasard, il te reste encore des doutes sur la religion chrétienne, où trouveras-tu des docteurs plus savants et plus éclairés qu'à Paris ? En est-il ailleurs qui soient plus en état de répondre à tes questions et de résoudre toutes les difficultés que tu peux proposer ? Ainsi ce voyage est très inutile. Imagine-toi, mon cher Abraham, que les prélats de Rome sont semblables à ceux que tu vois ici, et peut-être meilleurs, étant plus près du souverain pontife, et vivant, pour ainsi dire, sous ses yeux. Si tu veux donc suivre mon conseil, mon cher ami, tu remettras ce voyage à une autre fois, pour un temps de jubilé, par exemple, et alors je pourrai peut-être t'accompagner.

    - Je veux croire, mon cher Jeannot, répondit le juif, que les choses sont telles que tu le dis, mais pour te déclarer nettement ma pensée et ne pas t'abuser par de vains détours, je ne changerai jamais de religion à moins que je ne fasse ce voyage." Le convertisseur, voyant que ses remontrances seraient vaines, ne s'obstina pas davantage à combattre le dessein de son ami.

    D'ailleurs, comme il n'y mettait rien du sien, il ne s'en inquiéta pas plus qu'il ne fallait ; mais il n'en demeura pas moins convaincu que son prosélyte lui échapperait s'il voyait une fois la cour de Rome.

    Le juif ne perdit point de temps pour se mettre en route ; et, s'arrêtant peu dans les villes qu'il traversait, il arriva bientôt à Rome, où il fut reçu avec distinction par les juifs de cette capitale du monde chrétien. Pendant le séjour qu'il y fit, sans communiquer à personne le motif de son voyage, il prit de sages mesures pour connaître à fond la conduite du pape, des cardinaux, des prélats et de tous les courtisans. Comme il ne manquait ni d'activité ni d'adresse, il vit bientôt, par lui-même et par le secours d'autrui, que, du plus grand jusqu'au plus petit, tous étaient corrompus, adonnés à toutes sortes de plaisirs naturels et contre nature, n'ayant ni frein, ni remords, ni pudeur ; que la dépravation des moeurs était portée à un tel point parmi eux que les emplois, même les plus importants, ne s'obtenaient que par le crédit des courtisanes et des gitons. Il remarqua encore que, semblables à de vils animaux, ils n'avaient pas de honte de dégrader leur raison par des excès de table ; que, dominés par l'intérêt et le démon de l'avarice, ils employaient les moyens les plus bas et les plus odieux pour se procurer de l'argent ; qu'ils trafiquaient du sang humain sans respecter celui des chrétiens ; qu'on faisait des choses saintes et divines, des prières, des indulgences, des bénéfices, autant d'objets de commerce, et qu'il y avait plus de courtiers en ce genre qu'à Paris en fait de draps ou d'autres marchandises. Ce qui ne l'étonna pas moins, ce fut de voir donner des noms honnêtes à toutes ces infamies, pour jeter une espèce de voile sur leurs crimes. Ils appelaient "soin de leur fortune" la simonie ouverte ; réparation des forces les excès  de table dans lesquels ils se plongeaient, comme si Dieu, qui lit jusque dans les intentions des coeurs corrompus, ne connaissait pas la valeur des termes, et qu'on pût le tromper, en donnant aux choses des noms différents de leur véritable signification. Ces moeurs déréglées des prêtres de Rome étaient bien capables de révolter le juif, dont les principes et la conduite avaient pour base la décence, la modération et la vertu. Instruit de ce qu'il voulait savoir, il se hâta de retourner à Paris. Dès que Jeannot est informé de son retour, il va le voir ; et, après les premiers compliments, il lui demanda, presque en tremblant, ce qu'il pensait du saint-père, des cardinaux et généralement de tous les autres ecclésiastiques qui composaient la cour de Rome ?

    "Que Dieu les traite comme ils le méritent, répondit le juif avec vivacité ; car tu sauras, mon cher Jeannot, que, si, comme je puis m'en flatter, j'ai bien jugé ce que j'ai vu et entendu, il n'y a pas un seul prêtre à Rome qui ait de la piété ni une bonne conduite, même à l'extérieur. Il m'a semblé, au contraire, que le luxe, l'avarice, l'intempérance, et d'autres vices plus criants encore, s'il est possible d'en imaginer, sont en si grand honneur auprès du clergé que la cour de Rome est bien plutôt, selon moi, le foyer de l'enfer que le centre de la religion. On dirait que le souverain pontife et les autres prêtres, à son exemple, ne cherchent qu'à la détruire au lieu d'en être les soutiens et les défenseurs ; mais, comme je vois que, en dépit de leurs coupables efforts pour la décrier et l'éteindre, elle ne fait que s'étendre de plus en plus et devenir tous les jours plus florissante, j'en conclus qu'elle est la plus vraie, la plus divine de toutes, et que l'Esprit-Saint la protège visiblement. Ainsi, je t'avoue franchement, mon cher Jeannot, que ce qui me faisait résister à tes exhortations est précisément ce qui me détermine aujourd'hui à me faire chrétien. Allons donc de ce pas à l'église, afin que j'y reçoive le baptême, selon les rites prescrits par ta sainte religion."

    Le bon Jeannot, qui s'attendait à une conclusion bien différente, fit éclater la plus vive joie, quand il l'eut entendu parler de la sorte. Il le conduisit à l'église de Notre-Dame, fut son parrain, le fit baptiser et nommer Jean. Il l'adressa ensuite à des hommes très éclairés qui achevèrent son instruction. Le nouveau converti fut cité, depuis ce jour, comme un modèle de toutes les vertus.

    *

    D'une certaine façon, cette nouvelle de Jean Boccace (1313-75) n'a pas si "vieillie" que ça. Elle est quoi qu'il en soit assez représentative de l'esprit de la Renaissance, et illustre la nécessité pour définir une identité européenne politiquement correcte à l'instar de celle des Etats-Unis de faire table rase de la Renaissance ; l'exemple de l'identité yankie démontre que l'identité a pour contrepartie l'ignorance ou la mythomanie historique nationale-socialiste.

    La Renaissance est une "phase" historique particulièrement intéressante dans la mesure où son véritable sens est occulté par tous les partis qui composent le paysage religieux français contemporain, de "droite" comme de "gauche" ; concernant l'exposition consacrée à Titien, Véronèse et au Tintoret au Louvre, les conservateurs n'hésitent pas à tartiner des niaiseries tirées des spéculations de ce sous-produit de culture puritaine boche qu'est Frédéric Nitche, sans doute ce qu'on trouve de plus éloigné de l'esprit de la Renaissance.

    On a tendance à faire de Savonarole (1452-98) ou du combat assez tardif de Luther (1483-1546) contre la simonie romaine et le mercantilisme de la société allemande des cas isolés ; en oubliant que Dante Alighieri, Rabelais, Erasme, Shakespeare convergent dans le même sens que l'on peut qualifier d'"historique" ou d'"apocalyptique" pour reprendre le terme chrétien.

    Entre Thomas d'Aquin et Dante, il y a déjà une différence de cette nature ; même si Dante n'est pas encore complètement débarrassé de la statique religieuse médiévale, sa théologie possède un dynamisme plus grand que celle de Thomas d'Aquin ; elle est plus catholique ne serait-ce que parce qu'elle s'adresse à tous, petits et grands, à condition de savoir lire ; elle n'est pas une théologie à l'usage des clercs. Par ailleurs, Dante est plus révolutionnaire que Thomas d'Aquin dès lors qu'on saisit qu'il est le dernier à avoir séjourné au Purgatoire et que son passage en a définitivement ébranlé les colonnes. Le purgatoire fut une composante décisive de la puissance religieuse romaine : pour la laïcité, bien que le tour qu'elle a pris l'aurait horrifié étant donné qu'elle est devenue peu ou prou la religion de Bel, pour cette laïcité Dante a beaucoup plus oeuvré que tous les carreurs de cercle identitaire d'aujourd'hui, petits pédérastes pendus aux mamelles de l'Etat.

    *

    De façon anecdotique, pour reprendre le propos du poète T.S. Eliot, la langue de Dante est sans doute celle qui créée la plus parfaite illusion d'identité européenne, elle est une sorte d'"espéranto" (je résume Eliot) comme jamais plus l'Europe ne connaîtra (le problème de l'identité étant entièrement idéologique, il sera plus facile de lui apporter un semblant de réponse sur le plan du langage ; on peut par ex. parodier Rivarol et dire : "Mon identité, c'est ma langue.", ce qui ne veut pas dire grand-chose et appelle le commentaire de Péguy -ici proche de Marx- sur ces intellectuels qui ont les mains pures parce qu'ils n'ont pas de mains ; on pourrait même parler de "vertueux assassins" aujourd'hui ; ou le commentaire de Shakespeare sur les beaux parleurs qui se payent de mots, c'est-à-dire en monnaie de singe.)

    Dante est la plus parfaite illusion de l'Europe, et pourtant sa poésie ou sa théologie correspond à un degré d'hellénisme plus fort que celui de Thomas d'Aquin et qui n'a plus d'équivalent aujourd'hui où refleurissent d'ineptes théories à propos d'une Europe essentiellement romaine.

  • Trahison des clercs

    Nul chrétien ne devrait croire qu'il peut servir Bel impunément et qu'il y a un purgatoire qui permet aux spéculateurs de se mettre à l'abri de la foudre.

    Bien que le christianisme soit en principe la religion des pauvres (qui ne lisent pas "Le Figaro" ni "Valeurs actuelles" mais se torchent plutôt avec, cela dit contre ceux qui tentent de faire croire qu'on peut être chrétien et travailler pour le compte de gazettes qui contribuent à faire de la pornographie une valeur), le capitalisme a engendré cependant une théologie démocrate-chrétienne, sur le mode de la corruption.

    Celle de Jean Guitton notamment, idolâtre adorateur de Kronos. Le retour en grâce de la théologie imbibée de paganisme de saint Augustin (toute la stupidité de Nitche est là, dans le fait de ne pas voir que saint Augustin le précède dans la voie païenne) a des raisons politiques qu'il n'est pas très difficile de comprendre. Mais, aussi marqué par le paganisme soit-il (et par sa mère), Augustin n'a jamais franchi le seuil que Einstein ou Guitton ont franchi, qui oblige à dire que ce dernier n'est pas plus chrétien que Charles Maurras, Heidegger ou Adolf Hitler.

    La caution fournie par Guitton aux délires sado-masochistes de ladite Marthe Robin ne fait qu'ajouter au caractère étrange du propos prétendument chrétien de Guitton.

    Je n'ai donc pas été si étonné que ça de découvrir en librairie qu'il existe même une théologie chrétienne pornographique. Extrait de F. Hadjadj, journaliste au... "Figaro" : il n'y a pas de hasard. Non seulement le hasard est le dieu des imbéciles, comme dit Bernanos, mais il est plus exactement celui des possédés.

    "Au commencement, avant de créer le monde, Dieu pensait au sexe d'une femme. Est-ce le secret de son anatomie en coupe faciale : une sorte de croix avec un triangle sur la pointe au centre ? La chose est probable, mais ce qui est sûr, c'est que le Père, pensant d'abord à cet Adam dont son fils assumerait la nature jusqu'à la mort la plus douloureuse, ne pouvait pas ne pas songer en même temps à ce qui serait sa première résidence : l'utérus de la Vierge (...)"

    Cet ésotérique guignol qui n'hésite pas à prêter à Dieu ses fantasmes de pédéraste est exemplaire de la compromission démocrate-chrétienne. L'idée que Jésus "assume" la nature d'Adam "jusqu'à la mort la plus douloureuse" est une idée idiote qui ne veut strictement rien dire. Adam est pécheur et c'est ce qui cause sa chute et sa mort. Jésus n'est pas pécheur. Le propos d'Hadjadj est donc celui d'un nécromane sado-masochiste.

    On peut vérifier en lisant l'Ancien Testament (Daniel) que c'est exactement le procédé des prêtres de Bel que reprend Hadjadj : faire de Dieu une marionnette.

    Par ailleurs cet Hadjadj fait l'apologie du cinéma yanki et de son message évangélique, alors même que le cinéma est certainement une des drogues capitalistes les plus puissantes et un terrain plus que favorable à la prostitution, soupape des régimes puritains.

    La boucle est bouclée avec le dernier ouvrage en date de ce saint Nitouche employé de Dassault qui n'hésite pas à qualifier de "satanique" la connaissance et la science au mépris de cette vérité première, soulignée par François Bacon, que l'Esprit saint apporte la sagesse et que Lucifer n'aime rien tant que le clair-obscur. On retrouve là l'ancienne hypocrisie de saint Augustin, puisque celui-ci, après avoir condamné la science ne s'en vautrait pas moins largement dans la gnose platonicienne et pythagoricienne.

     

     

  • Capitalisme et sexualité

    Marx associe l'idéologie capitaliste à l'onanisme. Vu qu'il ne dépasse pas le niveau de la ceinture, il ne faut pas hésiter à saisir le capitalisme par les couilles.

    De fait la pédérastie, en tant que frénésie sexuelle, est un symptôme capitaliste au même titre que l'anorexie-boulimie. Jouer sur le désir comme font les publicitaires revient à jouer sur la peur. Ceux-ci jouent donc dans le totalitarisme un rôle décisif. Que cherche la victime d'un régime totalitaire à consommer avant tout ? Une drogue. Et, le moins qu'on puisse dire c'est que les Etats capitalistes en fournissent toutes les variétés possibles à leurs gosses, afin de les maintenir le plus possible au stade anal et infantile.

    Ici on voit en quoi Lévi-Strauss a joué comme Freud un rôle de légitimation du capitalisme en faisant passer l'inceste pour ce qu'il n'est pas : un interdit absolu. Le charlatanisme va chez Freud jusqu'à se référer à la mythologie grecque dont le propos est contraire aux spéculations de la religion allemande.

    Le paganisme de Freud est en outre déjà présent chez saint Augustin, importateur des plus étronimes sottises pythagoriciennes (via Platon et Plotin), notamment de l'idée que l'art et la science ont un arrière-plan sexuel, alors même que cet arrière-plan sexuel est le fait de la politique et des ORGANES politiques qu'Augustin COMME Freud, puritain et libertin réunis derrière le même mobile, sacralisent. En quelque sorte on peut dire que le complot contre l'art est ourdi par la politique baroque puritaine (Même si le dégoût de la nature est plus fort chez Rembrandt que chez Rubens, on a tort de croire que la peinture de ce dernier rend hommage au corps.) ; la pornographie capitaliste ne fait que parachever un complot ancien. Sur l'essentiel le puritain et le pornocrate sont accordés : de Don Juan à Sganarelle.

  • Feu sur le Ramadan !

    La confiance utopique de Tariq Ramadan dans une possible "neutralité" de l'Etat laïc français, garantissant la liberté de culte, est typiquement mahométane. On retrouve néanmoins un tel a priori favorable vis-à-vis de l'Etat dans d'autres religions judéo-chrétiennes proches. Le jansénisme en France, théologie de la secte de Port-Royal-des-Champs (tout un programme) a ressuscité durablement le providentialisme médiéval au XVIIe siècle, rompant avec l'humanisme de la Renaissance. Sainte-Beuve a fourni une analyse sagace bien que partisane de l'idéologie janséniste. Cette analyse permet d'entendre tout ce qui lie le XIXe siècle romantique et bourgeois au "Grand Siècle" de l'absolutisme, par-dessus les "Lumières françaises" du XVIIIe.

    Le providentialisme, emprunt médiéval à la philosophie païenne romaine, en tant qu'il est procès de sacralisation du pouvoir politique, est inévitablement présent dans toutes les doctrines religieuses à tendance théocratique. Donc dans l'islam ou "les islams". Mais la philosophie nazie de G.W.F. Hegel, la morale existentialiste qui en découle est la déclinaison ultime de cette conception théocratique.

    Ce providentialisme peut aussi être comparé à une sorte d'idée maçonnique chrétienne, qui prête à la politique, qu'elle soit abstraite ou s'incarne dans un homme (ce qu'une idéologie peut difficilement éviter), qui lui prête peu ou prou le rôle de démiurge, de "grand architecte" traçant les plans du monde. Poussée à son point de rigueur et d'absurdité extrême (c'est ce qui en fait toute la valeur), le franc-maçon suisse Joseph de Maistre (cette géodésie totalitaire n'est pas sans rapport avec l'horlogerie) s'est fait le porte-parole d'une version quasiment "ottomane" de la France chrétienne (dont Baudelaire, sous l'influence délétère des spéculations juridiques de J. de Maistre, avoue le caractère satanique ; "Le prêtre, le poète et le soldat", ainsi Baudelaire résume-t-il l'arrière-plan moral et politique de son romantisme, plus romain que chrétien par conséquent).

    J. de Maistre se rêve en éminence grise d'un homme providentiel, Napoléon fournissant un exemple de criminel de guerre à la hauteur de son espérance (L'espèce de fièvre mystique de J. de Maistre évoque celle de Goebbels ultérieurement, même si la haine systématique de l'art, trait dominant chez de Maistre -haine quasi proustienne- fournit "a contrario" de précieux renseignements sur ce qui échappe au domaine de la seule mécanique ou du droit. La s–ret‚ du mauvais goût de cet horloger savoyard force en effet l'admiration.)

    A juste titre, Voltaire voit dans le jansénisme une sorte de reviviscence du judaïsme, iconoclaste et destructrice pour l'histoire. De fait le romantisme ne fait que sonner le glas de l'art, dont le cancer remonte à la période baroque. Rares sont les critiques qui au cours des derniers siècles ont su discerner dans la peinture de Rembrandt ou Rubens, par-delà leur virtuosité, les marques du délitement musical de l'art.

    Le contrat social de J.-J. Rousseau en revanche se rapproche assez de l'idéal de T. Ramadan. La rhétorique laïque grossière d'Eric Zemmour (petit "soldat belge" du cartel médiatico-militaire Dassault - "On n'est pas couchés", France 2 le 26 sept.) qui lui est opposée, T. Ramadan doit la prendre pour ce qu'elle est : un discours RELIGIEUX évacuant l'histoire, par quoi TOUTE thèse d'un pouvoir temporel neutre, repérable à son caractère statique, devra nécessairement passer. L'idée païenne du destin, véhiculée par Hegel jusqu'à nous sous la forme du providentialisme est en effet incompatible avec la recherche d'une logique historique. La propagande cinématographique capitaliste a poussé loin comme sa grande soeur nazie la destruction de la science historique, sans compter la tentation totalitaire récente de légiférer sur l'histoire.

    En l'occurence l'effacement des crimes de guerre atroces de Napoléon (ou de Gaulle) par Zemmour*, le refus d'en tirer la leçon (et au premier chef de voir la troublante ressemblance entre le régime napoléonien et le régime nazi, parfaitement équivalents sur le plan philosophique) s'apparente non pas à du "négationnisme", mais carrément à une négation cléricale de l'histoire elle-même.

    Goebbels pas mort !

    Deux exemples de mensonges grossiers, propagés à la vitesse du son par les médiats :

    1/ L'opposition binaire sans cesse réaffirmée entre un Etat "garant de l'intérêt général" et de grands groupes industriels et bancaires menant leur barque à leur guise - contre l'évidence que ces deux systèmes centripètes s'inscrivent dans le même cercle et ne peuvent être compris séparément. Pas de dictature ou de totalitarisme sans le sophisme, même sous-jacent, de la "loi naturelle". Le projet économique capitaliste COMME la doctrine de la nation laïque projet‚e vers l'avant reposent sur l'idéologie de la "loi naturelle" ; une loi naturelle d'engendrement, dont il faut avoir lu Aristote comme Marx pour comprendre qu'il s'agit d'un mouvement inéluctable de corruption. Shakespeare lui-même a vu venir cette pourriture et la nomme "Danemark", en référence à l'Apocalypse de Jean. Croire au destin revient à s'y soumettre. La mort préside au capitalisme comme au nazisme auparavant.

    Le voile de ténèbres baroque a ressuscité dans une Europe qui les avait vaincus, à l'instar des Grecs plus de deux mille ans auparavant, la fortune et le destin romains. Hitler n'est qu'un pion dans ce jeu d'échec.

    Complot médiatique contre la science traduite comme un complot

    Une illustration : le philosophe Luc Ferry, ex-ministre dont la philosophie est tellement circonscrite qu'elle possède toutes les caractéristiques d'une religion d'Etat elle aussi, ce clerc légitime à mots à peine couverts l'interdiction (renforcée récemment) faite aux parents d'élèves de concurrencer l'Education nationale en enseignant directement leurs enfants, par la raison que cette institution est la meilleure garante de la diffusion d'un idéal républicain commun. Libérer l'enseignement reviendrait à mettre en danger la foi dans l'Etat garant des libertés individuelles et de l'intérêt général, et n'irait sans doute pas dans le sens "capitaliste" qui est celui de Luc Ferry. La libre concurrence des idées est une liberté que l'Etat libéral totalitaire réprouve.

    2/ Deuxième mensonge convergent et aussi grossier, le mensonge selon lequel la "Révolution de 1789" marquerait un virage "humaniste" dans l'histoire de France, et même, la franchouillardise débridée de certains laïcards aidant, dans l'histoire de l'Europe, malgré le retard de plus d'un siècle de la France par rapport à l'Angleterre sur le terrain des idées et des efforts de la classe bourgeoise pour s'emparer du pouvoir. Si Tariq Ramadan a étudié de près la litt‚rature française comme il prétend, il peut constater :

    - que les régimes bourgeois qui ont suivi de près la Révolution ne correspondent en rien aux idées de Voltaire ou J.-J. Rousseau ; Napoléon et sa polytechnique assassine sont typiquement inspirés par la philosophie romaine - jusqu'à Stendhal qui prétend s'inspirer de la prose du code Napoléon ; tandis que Voltaire prend ses distances avec la théodicée germanique de Leibnitz :

    - que la France n'a jamais connu depuis la Révolution un régime de liberté d'expression aussi large que celui qu'elle connut sous Louis XV. Si Voltaire souhaite la libéralisation du régime de Louis XV, encore trop autoritaire à son sens, ni lui ni Diderot n'ont été traqués par la censure comme Marx et Engels l'ont été dans toute l'Europe il y a un siècle et demi seulement, à une époque où la presse représentait une force libre de contestation, danger écarté pour l'oligarchie désormais, notamment du fait de la fin de la lutte des classes en France dès le milieu du XIXe siècle (Déjà du temps de l'ORTF le danger n'existait pas, et personne n'a jamais vraiment pris la menace révolutionnaire des foules d'étudiants de Mai 1968 au sérieux, en dehors de de Gaulle lui-même et de quelques "bons pères de famille" bourgeois, vite rassurés.)

    Existentialisme et pédérastie

    La "révolution sexuelle" a d'ailleurs un aspect pédérastique notable, et nul n'est plus porté à se prosterner devant le Léviathan qu'un pédéraste (Il existe même une association de "gays" chrétiens baptisée... "Jonas" ; Jonas est d'ailleurs le "Juif errant" contre lequel la révolutionnaire Simone Weil a les mots les plus durs, ne le cédant en rien à Voltaire pour ce qui est de l'antijudaïsme. On peut fort bien s'abstenir de stigmatiser les "gays", tout en soulignant à quel point leur sexualité repose sur l'angoisse, et combien la propagande totalitaire joue sur le registre de la sécurité civile. Du reste l'homosexualité, déterminisme inventé au XIXe siècle, n'est que la conclusion rationnelle du mariage ; les pédérastes sont probablement beaucoup plus sensibles que d'autres au caractère incestueux d'une sexualité "hétérosexuelle". Moi-même j'ai fréquenté quelques pédérastes dont les mères ressemblaient comme deux gouttes de sperme à la puritaine BCBG Christine Boutin.

    Toute la philosophie existentialiste ou presque, d'ailleurs, qui est une théologie chrétienne invertie, peut être résolue à une sorte de querelle familiale intestine. Le problème que se pose la philosophie laïque de la "fin de l'histoire" (sic) et la question de savoir ce que devient la famille au-delà de la pédérastie, ces deux problèmes n'en sont qu'un, parfaitement grotesque. D'une part parce que la philosophie et la science la‹ques se sont toujours tenues à l'écart de l'histoire ; d'autre part parce que le droit de la famille est un principe de dérogation à l'inceste qui évolue au gré de l'organisation patrimoniale et politique.

    Existentialisme et pédérastie peuvent être compris ensemble comme le triomphe apparent de Dionysos sur Apollon (Dans le seul but pour Apollon d'asseoir plus solidement son pouvoir ; la République bourgeoise n'a pas inventé l'idée de substituer pour une plus grande efficacité le divertissement à la terreur policière.)

    La voie antiromaine

    Le progrès de l'islam ne peut se faire que dans le sens d'une reconquête scientifique, d'une théologie de la Libération par la science. Même si l'interdiction formelle de servir deux maîtres -Dieu et César- n'est pas dans l'islam comme elle est dans le Nouveau Testament chrétien, l'histoire montre que les autorités politiques font toujours un usage policier des doctrines religieuses, jusqu'à les subvertir complètement comme c'est le cas avec le national-socialisme de Hegel et ses lieutenants du désordre que sont les philosophes existentialistes, amphigouriques suppôts qui ne se connaissent pas eux-mêmes. Et la science est forcément un combat, comme le révèle la vision de Jean, car de la Libération les systèmes étatiques fondés sur la peur ne veulent pas.

    Sur le chemin de cette reconquête, il est d'ailleurs un savant musulman qui pose de très sérieux jalons : Averroès, "au seuil de l'histoire", et donc de la révélation, moins près de la pente théocratique que ne l'est Thomas d'Aquin lui-même. Un thésard démocrate-chrétien pas très sérieux (Rémi Brague) a tenté récemment à coup de néologismes vaseux de démontrer l'apport décisif de Rome à la civilisation européenne ; thèse proche de celle du pape Benoît XVI, parfaitement antihistorique comme toute thèse boche qui se respecte. Le pape n'hésite pas d'ailleurs à se référer à des philosophes parfaitement abscons comme Adorno ou Horckheimer, Popper, Heidegger, branleurs de l'espèce susdite qui font regretter amèrement au Français que je suis que toute la philosophie allemande et pollack ne se soit pas suicidée à la suite d'Hitler et de son état-major, au lieu d'émigrer aux Etats-Unis.

    Non, ce qui caract‚rise la pensée occidentale, comme Aristote en son époque décadente, en quoi elle est différente des pensées orientales ou romaine, c'est bien plutôt par son matérialisme radical, celui de François Bacon (ennemi juré de J. de Maistre) ou de Karl Marx (On en décèle notamment la radicalité au fait que, contrairement à la très grande subjectivité des philosophes épicuriens ou romains, Aristote comme Bacon -la dialectique marxiste-, excluent l'idée animiste de vide, déguisé en "Néant" dans la mystique providentialiste, qu'elle soit chrétienne, nazie, athée, capitaliste. Ce qui me fait dire que Bernanos ne va pas assez loin, parlant du hasard comme "le dieu des imbéciles", car un chrétien doit savoir reconnaître Lucifer dans la roue de Fortune et ses rayons puissants.

    *Pourquoi Zemmour peut exprimer publiquement chaque samedi soir des idées qui ont valu récemment à Le Pen les foudres de l'Inquisition médiatique ? Cela dit presque tout de la société civile française depuis la Libération. Phénomène Zemmour-Le Pen analogue à la condamnation de Louis-Ferdinand C‚line pour propos antisémites et l'absolution des industriels de l'automobile et de l'aviation ayant pourtant mis leur polytechnique de mort au service de l'Allemagne nazie. Industriels actifs pour ce qui est d'exciter le patriotisme vindicatif, mais dont la seule patrie est l'argent.
  • Foi du charbonnier

    La faiblesse de leurs arguments, les médiats la compensent par la répétition des approximations, erreurs ou mensonges délibérés. Répété dans le n° de l'Assomption de "Famille Chrétienne", gazette pour mères de familles nombreuses écervelées, le mensonge des nationalistes démocrates-chrétiens selon lequel la femme décrite à plusieurs reprises dans l'évangile de saint Jean (Ap. XII,12) serait la Vierge Marie.

    "Et la poésie du texte de l'Apocalypse, lu à la messe de l'Assomption, souligne la splendeur du fruit de l'obéissance. La jeune fille qui a dit 'oui' a Dieu, de l'Annonciation à la croix, a 'le soleil pour manteau', 'la lune sous ses pieds' et sur la tête 'une couronne d'étoiles'". Voilà ce que l'éditorialiste Marie-Joëlle Guillaume écrit dans le style béni-oui-oui qui me rappelle les éditoriaux de François-Régis Hutin dans "Ouest-France" qui me filaient déjà de l'urticaire quand j'étais gosse.

    - Belle utopie de la part de Simone Weil de suggérer que chaque fois qu'un journaliste dit une connerie ou un mensonge, il soit condamné pénalement.

    - La remarque de D.H. Lawrence que le récit par saint Jean de sa vision à Patmos est entièrement dépourvu de poésie paraît d'ailleurs beaucoup plus pertinente que celle de l'éditorialiste M.-J. Guillaume, qu'on sent capable de dénicher de la poésie jusque dans les feuilletons yankis les plus vulgaires.

    La note du chanoine Crampon sur cette "femme aux douze étoiles", récupérée par un folklore marial assez étranger à l'esprit du christianisme, pour ne pas dire entièrement païen et mercantile dit : "Les Pères et les interprètes catholiques sont presque unanimes à reconnaître dans cette femme un symbole de l'Eglise." La sobriété de la note a au moins le mérite d'éviter les délires gnostiques. Le "presque unanimes" ne doit pas occulter qu'un "interprète catholique", non seulement perdrait tout crédit en croyant reconnaître la mère du Messie dans cette femme (montrant qu'il ne sait pas lire), mais s'interdirait en pratique toute interprétation cohérente du texte de l'apocalypse de Jean dans son entier.

    Il faut dire que cette femme réapparaît dans l'Apocalypse quelques pages plus loin sous l'aspect d'une prostituée et d'une description qui indique sa déchéance (la symbolique de la seconde description permet d'ailleurs de rapprocher cette femme de l'Eglise plus nettement encore).

    - Dante Alighieri, lui, ne s'y était pas trompé en revanche. Il se garde de propulser plusieurs papes dans son "Enfer" sans fonder son propos sur les Ecritures, et notamment l'Apocalypse :

    "A vous, bergers [pasteurs, clercs], mirait l'Evangéliste [Jean],

    Quand la putain qui sied dessus les eaux [l'Eglise]

    Avec les rois lui parut s'enivrer [ici on pense bien sûr à la pièce de Shakespeare qui traite du même sujet ; et l'Apocalypse parle de la surprise de Jean en voyant cette putain] :

    Celle-là qui fut née avec sept têtes [les sept collines de Rome ?]

    Et qui trouva vigueur en ses dix cornes [la corne est symbolique du pouvoir temporel et législatif, et Moïse souvent représenté muni de cornes et surnommé "le plus grand des législateurs"]

    Tant que vertu à son époux fut chère [passage qui montre que Dante a lu les passages de l'Evangile mentionnant le "figuier stérile"]"

    Bien plus contemporaine de Dante que de Marx, bien sûr, et au coeur des préoccupations du poète italien, la passation de pouvoir progressive de l'Eglise à l'Etat. Quand Marx dissèque les modalités de la mutation ou de la métastase religieuse contenue dans la somme de Hegel, en quelque sorte l'Eglise n'est déjà plus qu'une coquille de noix vide à la dérive, un reliquat sec (comme on peut penser que la secte pharisienne était du temps de Jésus, une sorte de crispation du judaïsme).

    Si la théologie médiévale de Dante Alighieri ne peut être exemptée de critiques - elle a ainsi tendance à verser dans l'orphisme et le paganisme romain -, elle est assez forte et solidement fondée sur les Ecritures pour souligner l'hypocrisie des démocrates-chrétiens, qui n'hésitent pas à compromettre le christianisme avec les idéologies les plus fangeuses, comme le nationalisme en général, européen en particulier.

    (NB : On me signale le même mensonge que celui de Marie-Joëlle Guillaume dans le magazine porno-chic "Madame Figaro" (14 août 2009), sous la plume de Michèle Reiser : "Le 15 août (...) Depuis le XVIIe siècle, ce jour-là, on fête Marie dans les églises et sur les places du monde entier (...) Marie apparaît dans le ciel de l'"Apocalypse de Jean" comme une femme ayant le soleil pour manteau, la lune sous les pieds et sur la tête une couronne de douze étoiles (...) Si la grâce fait défaut, il reste encore l'amour. "On échoue toujours à dire ce qu'on aime", constatait Roland Barthes, etc." On peut dire que tous les éléments de la "docte ignorance" sont réunis dans cette citation : le fétichisme religieux, le XVIIe siècle et sa foi du charbonnier, la grâce qui supplante l'amour (!)... sans oublier la citation bidon de Barthes.

  • Caritas in veritate

    Tâchons de ne pas perdre trop de temps avec la vaine encyclique de Joseph Ratzinger. Soulignons seulement que :

    - Le Nouveau Testament ne permet de fonder aucun "socialisme" ni "constitution sociale" d'aucune sorte. Jésus n'est pas Jaurès. Au demeurant l'histoire permet de constater les échecs répétés des réformes sociales. Contre les journalistes inféodés aux pouvoirs publics, certains historiens ont même démontré que la plus sérieuse concrétisation d'une politique sociale étatique fut celle accomplie par le régime nazi entre 1935 et 1940 ; afin d'équilibrer le propos, on peut citer aussi les efforts dans le même sens de la RDA après la guerre. Ceux qui objectent que les politiques sociales nazies ou soviétiques n'ont pu se passer de contreparties sanglantes "oublient" que les miettes distribuées aujourd'hui aux pauvres par les capitalistes dans les social-démocraties occidentales trouvent aussi leur contrepoids dans des guerres impérialistes, économiques ou conventionnelles, qui font des millions de morts.

    - Le socialisme, chrétien ou pas, n'est en réalité que la métastase de la "théocratie chrétienne" telle que Joseph de Maistre la définit par exemple, faisant fi de l'histoire comme des Evangiles qui proscrivent absolument l'édification d'un Royaume de Dieu sur la terre. Les pharisiens sont peut-être adeptes du droit canonique et nostalgiques du temps où la Palestine n'était pas soumises à Rome. Le Messie ne fait, lui, que dire et redire son mépris des institutions religieuses, politiques ou morales juives, du début à la fin de sa vie publique. Même Gustave Flaubert, qui n'est pourtant pas docteur de l'Eglise, est capable de remarquer le caractère profondément antisocial du christianisme, que seul un sentiment de peur conduit à "accommoder" en "judéo-christianisme".

    La théocratie chrétienne de Joseph de Maistre, étonnant horloger suisse dont le pendule s'est arrêté au XVIIe siècle, exactement comme le socialisme exige de mettre les faits historiques entre parenthèses. Comme Joseph de Maistre "fantasme" la Révolution française de 1789 sur le mode "C'est la faute à Voltaire !", les leaders socialistes actuels sont obligés de fantasmer l'histoire de la deuxième guerre mondiale sur le mode "C'est la faute à Hitler/Staline !", occultant autant que possible la raison capitalistique des guerres industrielles, quand ce n'est jusqu'à l'évidence que sans l'appui mécanique de l'industrie, ces guerres n'auraient jamais fait autant de victimes.

    - Dernier point qui réjouira les adversaires du marxisme. En aucun cas cette doctrine ne peut être dite "socialiste" ou "théocratique". On ne peut pas bâtir de pont entre l'encyclique de Benoît XVI et Karl Marx ; celui-ci sait parfaitement l'apport indispensable du Capital à l'Etat et vice-versa ; l'histoire de la constitution du grand capital tel que nous le connaissons progresse parallèlement à l'histoire de la centralisation du pouvoir étatique. Marx est en outre parfaitement lucide sur le fait que les "Droits de l'homme" républicains fondent une religion et une liturgie bourgeoises.

    Lorsque Luther produit une critique du mercantilisme, il s'efforce de la fonder sur les Ecritures saintes. Benoît XVI n'est fondé que sur une mauvaise philosophie allemande qui n'a jamais donné aucun fruit.

     

  • Grand-mère des nations

    Il convient, qu'on soit chrétien déclaré ou anticlérical de naissance, de prêter à l'Eglise catholique, grand-mère cacochyme des nations au coin de l'âtre -où la fumée a remplacé les braises-, cette inoffensive aïeule qui ne prodigue plus que vieilles légendes ou conseils moraux désuets, et n'a même plus cent sous à léguer, toutes sortes de pouvoirs magiques.

    Certifié non-conforme par la Fnac, Michel Onfray avance même : "Ne serait-y pas qu'elle aurait inventé Jésus-Christ, la mère l'Eglise ?", afin de mieux fourguer son "Da Vinci Code" philosophique. Vu les dents de la "vieille", Onfray purge par là-même l'anticléricalisme de tout courage et inverse le cours de l'Inquisition.

    Une opinion entendue souvent dans la bouche de doctes ignorants médiatiques, c'est que l'Eglise catholique fut et demeure "dogmatique", la plus dogmatique de toutes. Aucune affirmation n'est plus suspecte d'avoir été entièrement fabriquée par le XIXe siècle.

    On peut même, en fait, inverser la proposition et dire que la condition de la survie de l'Eglise catholique au cours des siècles fut son absence de dogmatisme. Rigide, elle n'aurait pas passé les ans et serait morte bien avant le XIXe. C'est son extraordinaire faculté d'adaptation à des doctrines venues de l'extérieur qui l'a animée. Adaptation au millénarisme, à la Réforme, aux droits de l'Homme plus récemment, sans compter l'usage que saint Augustin fait de la philosophie gréco-romaine pour tenter d'interpréter le problème de la Trinité. La pente dogmatique empruntée par Rome au XIXe siècle évoque bien plutôt la tendance des personnes gâteuses aux redites et à camper sur leurs positions au bord du gouffre.

    On voit bien ce que le dogmatisme doit au sectarisme en général, au jansénisme en particulier ; de là vient l'interprétation que l'Eglise, c'est-à-dire l'assemblée des chrétiens, est destinée à défendre une idée ou un concept pur. Et rien n'est plus divisible qu'une idée, en autant de chapelles qu'il y a de tempéraments. A la fin on finit par fourguer de l'air des Pyrénées en boîte à des grenouilles de bénitier en guise de théologie (cf. la gazette papiste "Famille chrétienne" et sa promotion d'un catholicisme "au-dessous de la ceinture".)

    On est d'ailleurs au stade où l'Université laïque fait preuve du même dogmatisme que l'Eglise naguère, et où on ne voit pas quelle religion pourrait remplacer la religion actuelle de l'Etat et de la Banque.

  • Reader digest

    Petit bouquin publié en commun par le primat des Gaules Mgr Barbarin et le philosophe kantien Luc Ferry. Comme la théologie proposée dans ce bouquin n'est pas à proprement parler satanique comme celle de Jean Guitton ou de Fabrice Hadjadj (journaliste au "Figaro" et qui pousse le judéo-christianisme, non sans un certain brio qui rappelle Guitton, à son point d'absurdité ultime), j'en propose un résumé (amélioré) :

    - La Charité domine sur les autres vertus théologales que sont l'Espérance et la Foi, qui tendent à s'abolir ou à se concentrer dans la Charité jusqu'à l'unité de l'amour. Dieu est amour, "ontologiquement", et cet amour n'est pas une relation humaine. L'Espérance et la Foi en revanche sont inscrites dans le temps, autrement dit "virtuelles". La trinité chrétienne se comprend en termes de potentiel et concerne le Salut. Probablement Thomas d'Aquin est-il gêné par le dualisme de la doctrine platonicienne pour dégager clairement le sens virtuel de la trinité. Poussé à la gnose par Platon. Mais Kant bien plus encore que Thomas d'Aquin !

    Fort bien, l'explication (historique) du paradoxe Dieu unique/Dieu trinitaire. Le seul "hic", c'est qu'elle remonte au XIIe siècle. Elle est déjà contenue dans la théologie paulinienne de Joachim de Flore ! Quelle spirale !

    J'ouvre à cet égard une parenthèse pour dire que le polythéisme grec n'est pas lui-même étranger à l'idée de potentiel historique contenue dans la trinité chrétienne, dans la mesure où on voit bien que chacun des douze dieux olympiens a une fonction, et de plus en plus précise.

    Comment donc expliquer par ailleurs que Mgr Barbarin comme Luc Ferry soient parmi les défenseurs les plus ardents de la religion laïque et de ses principes judéo-chrétiens fondamentalement antitrinitaires ? Religion si peu historique qu'on discernerait assez aisément son caractère spirituel luciférien si même elle n'avait servi encore de prétexte à des hécatombes.

    Il faut pour tenir ce double langage d'une théologie orthodoxe et classique, et en même temps s'acoquiner avec l'esprit du monde, beaucoup de lâcheté et d'hypocrisie de la part de Ferry et de Barbarin. Ils feignent d'ignorer que le combat spirituel est inséparable de la vision historique de la trinité dont ils dissertent.

     

  • Exit saint Paul

    Maigre bilan de l'année saint Paul. Présenté quasiment comme un marchand de tapis sarkozyste dans la gazette "néo-cons" "Famille chrétienne" (Père de la Menthière). Interview d'une universitaire dans la même revue, Marie-Françoise Baslez, occasion pour moi de corriger des erreurs historiques :

    - Peut-on dire que la pensée des droits de l'homme a une dette envers le christianisme ?

    - Certainement (...)

    On comprend qu'il s'agit ici de cautionner la religion de l'Etat laïc à peu de frais. Si les Droits de l'Homme ont pu contenir un idéal révolutionnaire d'inspiration testamentaire, la critique historique de Marx selon laquelle les droits de l'homme s'arrêtent aux droits de l'homme égoïste dans la République laïque, cette critique est plus que jamais validée par les faits. Dérivé des droits de l'homme, le droit international est même devenu une arme au service de grandes puissances terroristes comme les Etats-Unis. Marx dénonce en outre l'iniquité de l'égalitarisme républicain, étranger de fait à la charité chrétienne prônée dans le Sermon sur la Montagne, qui abolit tout cadre légal, même si ce n'est pas dans l'intérêt des défenseurs du droit canonique romain de l'admettre.

    Les Droits de l'Homme sont une sorte de mutation du décalogue sans rapport direct avec saint Paul. Ils trahissent la dette de l'idéal révolutionnaire de la fin du XVIIIe siècle vis-à-vis de la religion d'Etat judéo-chrétienne du XVIIe siècle qui a contribué à renforcer un légalisme chrétien peu évangélique.

    - Est-ce qu'on peut dire que saint Paul est un communiquant au sens moderne ?

    - Sûrement (...)

    De plus en plus grossière la propagande qui cherche ensuite à faire de saint Paul un précurseur de Jacques Séguéla. Les néo-cons n'ont aucun scrupule ! Bien évidemment saint Paul ne disposait pas des moyens de communication actuels, qui sont tout sauf modernes puisqu'ils procèdent la plupart du temps du bourrage de crâne et du mensonge ; télévision et cinéma ont même été mis au service de la barbarie totalitaire et de sa violence décuplée, engageant jusqu'aux populations civiles, à tel point qu'on peut penser que l'image luciférienne animée à laquelle il est fait référence dans l'Apocalypse (ap. XIII "[...] Et il lui fut donné d'animer l'image de la bête [...]) c'est l'image cinématographique (qui présente en outre la particularité de n'être pas une "image" au sens d'"icône" ou de dessin, mais une simple réflexion.)

    On peut même trouver scandaleuse l'absence de condamnation morale de la part du clergé chrétien de pratiques journalistiques ou "marketing" qui s'apparentent à la prostitution de l'esprit et au cynisme le plus dégradant. Plus sérieux que cette Marie-Françoise Baslez et la revue "Famille Chrétienne", il y a Balzac : "La liberté de la presse nous perdra". De fait la contribution des journalistes à la chienlit chrétienne n'est pas mince.

  • Censuré

    Commentaire censuré sur le blogue de l'abbé Dominique Letourneau de l'Opus Dei, chrétien-démocrate pratiquant la censure sous couvert d'oecuménisme. La trahison de l'Eglise catholique en général, qui ne date pas d'aujourd'hui, est palpable à travers la négation de l'Histoire à l'intérieur de l'Eglise.

    D. LETOURNEAU : "Loin d’être une simple prière mentale, (la liturgie) s’exprime par les lèvres, elles se traduit par des attitudes corporelles, par des gestes (...) C’est que la Révélation et les saintes Écritures nous apprennent non à dissocier le corps et l’âme, mais à discerner l’unité du composé humain, tel que Dieu l’a créé et que Dieu le sauve. 'Dans l’homme, note Dom Capelle, le matériel et le spirituel ne sont pas juxtaposés, ils sont unis (...) c’est pourquoi un culte purement spirituel non seulement ne serait pas humain et devrait être rejeté, mais il est impossible'.

    Le corps, destiné à la Résurrection glorieuse, est déjà devenu ici-bas temple du Saint-Esprit par le baptême, il est nourri par l’Eucharistie, et Tertullien soulignait dès le début du IIIe siècle que les sacrements sont accomplis sur le corps pour sanctifier l’âme (De resurrectione 8, 3, CCL 2, p. 931). D’ailleurs, il n’est pas de sentiment authentique qui ne se traduise spontanément par l’attitude ou le geste [?] ; en retour, l’attitude, le geste, l’action commandent un tel engagement de tout l’homme qu’ils expriment, intensifient ou même provoquent l’attitude intérieure : sur ce point, la psychologie et la pédagogie modernes confirment avec éclat la tradition des théologiens [??]."

    LAPINOS : "Le caractère conventionnel de la liturgie que vous soulignez (pour ne pas dire "conventuel") trahit que la liturgie est indissociable d'une certaine forme persistante d'animisme qui est la marque du moyen âge.

    En ce sens la liturgie orthodoxe ou celle de la secte lefèbvriste est sans doute indépassable. Elle résiste mieux parce qu'elle est la mieux adaptée.

    D'ailleurs ce que vous affirmez à propos de l'intention et de l'effort pour unifier l'âme et le corps est vrai en général dans le catholicisme (même si un certain nombre de théologiens semblent plus proches de la transe hystérique). L'engagement du corps dans le rituel traditionnel tridentin est justement ce qui le distingue du nouveau rit (les communautés dites nouvelles "charismatiques" ont tenté de restaurer un peu cet "engagement physique".)

    Mais peut-on parler de liturgie en fermant les yeux sur la liturgie de la parole télévisée, du cinéma, sportive, scolaire, de tous les rituels nouveaux qui font que la messe n'est plus qu'une liturgie résiduelle ? Et évoquer la liturgie de la parole sans s'interroger sur le sens des paroles de Jésus : "Ecoutez et comprenez ! Ce n'est pas ce qui entre dans la bouche qui souille l'homme ; mais ce qui sort de la bouche, voilà ce qui souille l'homme." Matth. XV, 11

    Et un peu plus avant dans l'explication : "(...) mais manger avec des mains non lavées, cela ne souille point l'homme.", où explicitement le rituel est dénoncé par Jésus comme un pratique pharisienne.

    (J'ajoute à mon commentaire censuré que l'extrait cité de Dom Capelle, qui manque sans doute un peu de recul par rapport à l'autel vu son blaze, est fondamentalement paradoxal et n'engage que lui. La pédagogie et la psychologie à prétention moderne invoquées à l'appui de la démonstration de ce Capelle sont des théories qui révèlent un animisme plus marqué encore que l'animisme médiéval de Thomas d'Aquin, pas très éloigné de l'animisme aryen à connotation nettement démoniaque.)

  • Censure chrétienne

    Depuis quelques années que je surfe sur le ouaibe, je constate que je suis censuré presque systématiquement, et souvent dès le premier commentaire sur les blogues de publicistes démocrates-chrétiens, voire de clercs.

    Je cite toujours l'exemple de Patrice de Plunkett parce que c'est le plus grossier fourgueur de camelote démocrate-chrétienne auprès d'un public de dévotes paroissiennes que je connaisse ; mais Plunkett n'est pas le seul exemple. J'estime que cette censure est significative ; elle l'est à double titre :

    - d'abord parce qu'elle dit toute l'hypocrisie du "dialogue oecuménique" et de la tolérance dont les démocrates-chrétiens se targuent généralement pour n'être pas en reste par rapport au dogme laïc qui invite à confronter des idées certifiées conformes à d'autres idées du même tonneau, et à se féliciter ensuite qu'une telle liberté d'expression soit permise ;

    - secundo, et c'est le plus important, cette censure vient du fait que la démocratie-chrétienne, précisément d'où émane la revendication absurde des "racines chrétiennes" de l'Europe, n'a aucun fondement historique ; intuitivement, les démocrates-chrétiens savent que leurs fables ne résistent pas à la critique historique, et que leur chapitre est posé sur le sable. Autrement dit, il n'est pas difficile de démontrer que le christianisme romain n'est plus qu'une filiale, une chapelle latérale de la grande nef laïque.

    D'une part la religion laïque ne veut pas -ou peu- entendre parler de ses origines chrétiennes, alors même que le slogan du "judéo-christianisme" est incompréhensible en dehors du phénomène laïc, puisque c'est la longe qui permet d'arrimer la barque chrétienne au navire laïc. Dès le XVIIIe siècle Voltaire fustige déjà ce judéo-christianisme ! Et c'est pourquoi Voltaire est l'ennemi de tous les "judéo-chrétiens".

    D'autre part la religion chrétienne libérale tente de faire croire, bien que ça soit plus difficile, à son autonomie ; alors même qu'on peut constater que sur un sujet par principe déclaré étranger à la religion chrétienne, à savoir la recherche scientifique en général, et le darwinisme en particulier, élément-clef de la religion laïque, le pape est obligé de fournir des gages de soumission.

    Ainsi sur le plan historique, les quelques chrétiens qui continuent de pratiquer sont littéralement médusés par le clergé, et, il faut bien le dire, par le pape d'abord, le Boche comme le Pollack précédent, dont l'injonction lancée à la jeunesse : "N'ayez pas peur !" est parfaitement odieuse, donne un relief spécial à des siècles de lâchetés cléricales, de bénédiction des entreprises militaires les plus diaboliques.

    - J'entame ce jour la publication régulière de commentaires censurés sur des blogues démocrates-chrétiens.

    Commentaire censuré sur le blogue de l'abbé Letourneau, théologien membre de l'"Opus Dei".

    Cité par D. Letourneau, sous le titre : "Relativisme religieux"

    "Il existe des formes de religion dégénérées et malsaines, qui n'aident pas l'homme à se construire, mais l'aliènent : la critique marxiste de la religion n'est pas seulement dénuée de tout fondement." Card. Ratzinger, "Foi, vérité, tolérance", Paris, 2005, p. 218-19.

    Commentaire : "Le fondement de la critique marxiste de la religion est d'abord historique. Manifestement Joseph Ratzinger ignore à peu près tout de la critique marxiste. On ne peut pas réfuter le marxisme comme s'il s'agissait d'une équation mathématique, mais en proposant une synthèse historique contradictoire.

    Si Benoît XVI connaissait Marx un tant soit peu, il saurait que sa critique de la religion est d'abord dirigée contre une religion très "spéciale", à savoir la religion laïque "judéo-chrétienne" telle que G.W.F. Hegel en a tracé le contour idéologique, ou encore l'ex-camarade de promo de J. Ratzinger, Hans Küng.

    Marx a bien vu notamment comme les principes et valeurs laïques, leur supposée "neutralité", ouvre la voie à un fanatisme plus grand encore.

    Marx et Engels tiennent la religion laïque dominante qui les préoccupe pour une "mutation" du christianisme (proches en cela de G.K. Chesterton) ; la religion chrétienne ne survit plus aux yeux de Marx et Engels qu'à l'état de relique.

    L'Histoire confirme Marx et Engels puisque même dans le domaine restreint de la morale désormais, à une assemblée de fidèles très réduite, le clergé romain ne parvient plus à imposer sa morale qu'avec difficulté. Sans compter la picrocholine bataille sur le point de savoir s'il vaut mieux célébrer la messe dos ou "face au peuple".

    On peut pousser jusqu'à dire que le rôle politique essentiel du clergé romain consiste à parer les valeurs laïques nouvelles, fondamentalement basées sur la prostitution, des atours de la "modernité". Il y a probablement un aspect des choses qui fait trembler le clergé romain de peur, dans la critique historique en général et celle de Marx en particulier, un aspect qui explique pourquoi cette critique est pour l'Eglise romaine comme une boîte de Pandore : la critique révèle que l'Eglise n'est autre que la mère des nations, qu'on peut tenir pour "néo-païennes" ou "néo-chrétiennes" suivant le bord d'où on cause."

    - Supplément : "L'idée que le but d'un homme soit de "se construire" vient probablement d'un mauvais manuel de psychologie boche ; elle ne figure en aucun cas dans le Nouveau Testament."
  • French Godly Liars

    Christian holders of European nation -Monnet, Schumann and their followers-, did not hesitated to adulterate the Gospel to serve their human wishes. Is there any Leviathan without this kind of perfidy? This was an essay to copy the christian symbolism of United States of America.

    These Christian indeed linked the twelve stars wheel on the blue European flag with saint John Gospel, the Revelation wherein "a woman clothed with sun, the moon under her feet, and a twelve stars crown on her head" is described (Rev. XII,12). This woman was changed in "Mary, Holy Mother of Jesus-Christ" although traditional christian interpretation has been considering this woman since a long time as the Church of Jesus herself, who is depicted in the Apostle's scriptures as "Jesus' bride". Traditional interpretation is based on good reason. A few lines after the description of that woman, she has to escape the devil in a desert and she will give birth therefore to MANY children. One can guess that the twelves stars are representing the Apostles.

    Why did these Catholic people decided not to take the right symbolism? Probably for not hurting Lutherian or English irritability. European Union was about agriculture, brass and charcoal first of all, even for these Christians.

    The idea of an European or Mediterranean Christian Kingdom or even Geographical has nothing to do with the Gospels. "My Kingdom is not from this time" do not stop repeating Jesus from the beginning to the end of his public life (I wonder how American people can understand these words as time is in the Usa a real thing -English people have Shakespeare). And therefore, historically the idea of a mostly Roman Europe has more to do with self-suggestion than History. To limit oneself to French history, it is for a large "piece", not only Voltaire or Molière, AGAINST Roman principles.

    (In some Us-Churches one guess that the woman of the Revelation is Israel. This is nearly as wrong as the "European translation" because here no difference is made between Christian Church and Israel. Best way to understand Holy Spirit is to confront the two Testaments and not to comput them. If not saint Paul will be translated into Moses! From the Book of Genesis, Glory is for Israel and after the fight with the Angel, Jacob is becoming the "House of Israel" and fate of twelve tribes is described (Gen. XLIX,1-27). Of course there are innuendos to Old Testament in John's Revelation, but Salvation is for Christian Church and not for Israel. And in fact some American Christian are building as French with their Europe a geographical sionism that has no sense regarding the Holy Scriptures.)


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    Let us say that this Christian French Party whose last daze was the ephemeral government of de Gaulle cannot rebirth now. But the wrong idea about the Revelation as a useless bazaar full of symbols was madly instiled. Only the Leviathan idea is alive yet to which satanic theory of Hobbes was a stone.

    Most of French Christian are viewing their Catholic Church as a Virgin. Instead of the whore it is maybe.

  • Ad Mariam Europa !

    Les promoteurs démocrates-chrétiens de cet étrange manège qu'est l'Europe, dont le pacifisme est aussi bien dissimulé que la charité dans un sermon janséniste ou le christianisme dans le "Parti orange" de François Bayrou, ces promoteurs n'ont pas hésité à mettre le Nouveau Testament au service d'un projet pharaonique. On pourrait même faire tout un florilège de paroles d'Evangile que les démocrates-chrétiens ne veulent pas entendre voire, pire, de paroles qu'ils ont converties en devises de singes, à commencer par : "Mon Royaume n'est pas de ce monde."

    "Puis il parut dans le ciel un grand signe : une femme revêtue du soleil, la lune sous ses pieds, et une couronne de douze étoiles sur sa tête. Elle était enceinte, et elle criait, dans le travail et les douleurs de l'enfantement." Ap. XII,12.

    C'est ce passage de saint Jean qui a été détourné par les "parrains" de l'Europe lors de sa mise à flots, et répété depuis comme une antienne, sachant que l'ancrage du christianisme dans la géographie est impossible sans des contorsions théologiques doublées de mensonges historiques. Pour bâtir la thèse d'une Europe "latine", il faut beaucoup plus de mythomanie que d'Histoire.

    C'est ici que s'insère la critique de Voltaire, car la calote dont le catholicisme a été recoiffé malgré toutes les admonestations de Jésus contre l'édification d'un royaume terrestre, cette calote est un couvre-chef de plaideur romain, dont le surplis pourpre recouvre tout le branlement canonique (C'est ici qu'on voit aussi que Nitche, "libertin hypermoraliste", est bel et bien un imbécile comparé à Voltaire.)


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    La femme revêtue du soleil, la lune sous ses pieds, a été indentifiée à Marie, mère de Jésus, et les douze étoiles du drapeau européen sur fond d'azur interprétés comme un symbole marial. Jamais aucun théologien sérieux n"a soutenu une telle blague, que la suite du texte interdit (où un séjour prolongé dans le désert de cette femme est peint, femme qui donne ensuite naissance à plusieurs enfants) : premier mensonge qui en entraîne un deuxième plus grave, puisque cette distorsion jette un voile sur la Révélation. En effet la femme revêtue du soleil, symbole comme l'or de la Foi, c'est l'Eglise de Jésus. La substitution relève bien du sabotage historique. Le subterfuge de la part des "parrains" vient peut-être de ce qu'ils craignaient de heurter avec leur propagande des nations protestantes comme l'Allemagne ou les Pays-Bas, l'Angleterre ? La dévotion mariale des luthériens a peut-être été jugée une astuce plus flatteuse ?

    (Dans certaines Eglises protestantes yankies, on déduit que la femme de l'Apocalypse est "Israël". La logique de l'Ecriture est à peine moins altérée que d'en faire Marie ; il s'agit encore là d'une dérive du "judéo-christianisme", c'est-à-dire de la doctrine qui consiste à peu près à additionner l'Ancien Testament et le Nouveau et non à les confronter véritablement, comme le Sermon sur la Montagne y invite, confrontation d'où naît la bonne intelligence du Paraclet. Comme le judéo-christianisme "romain", son cousin yanki a pour effet de substituer Moïse à saint Paul et de déboucher sur une autre forme de Léviathan, un sionisme tout aussi géographique et non moins absurde. Dès la Genèse d'ailleurs, à la suite du combat de Jacob avec l'ange de la fin du temps, Israël devient "la maison de Jacob" dont certaines tribus regagnent le sein d'Abraham (Gen. XLIX, 1-27).


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    La résurgence d'un parti catholique ou chrétien est plus que jamais illusoire en Europe, un fantasme laïc entretenu avec soin, mais la formule diabolique de Hobbes, qui contient les ferments des constitutions agnostiques ultérieures, elle, persiste.

    Les démocrates-chrétiens européens prêtent donc à leur Eglise la virginité de Marie, comme s'ils se disaient à propos de cette Eglise : "Pourvu qu'elle ne soit pas une putain !"

  • Saint Marx

    Marx et Engels démontrent, notamment dans leur pamphlet intitulé "La Sainte Famille", que le totalitarisme dérive d'une idéologie de la famille. C'est-à-dire que la sacralisation de l'Etat, ses institutions, ses lois, reprend en les développant les formules de la sacralisation de l'organisation familiale (même si d'un point de vue marxiste, bien sûr, les idées ne sont que des coquilles vides qui ne permettent pas de comprendre la logique tortueuse de l'Histoire). La famille n'est donc pas seulement l'organisation première constitutive de la société civile, sur le plan humain et économique, la "religion de l'Etat" est aussi un ersatz de la religion de la famille.

    La doctrine de G.W.F. Hegel n'est pas moins médiévale ou romaine que celle de Kant en réalité, même si la "statique" de Hegel, prince des philosophes allemands, est dissimulée derrière un principe d'évolution quasiment algébrique ou fonctionnel. Montesquieu n'est d'ailleurs pas plus capable que Hegel, après avoir posé le principe abstrus de la "loi naturelle", d'expliquer clairement quel rapport les lois entretiennent avec la Nature. Le lien qui s'impose à l'esprit entre la loi et l'artifice n'est effacé par Montesquieu qu'à l'aide d'un décret.

    L'analogie entre "l'homme providentiel" du droit laïc, "national-socialiste", et Moïse a déjà été remarquée par tel ou tel historien (A. Hitler lui-même comme certaines de ses notes en témoignent, avait remarqué les connotations religieuses du droit allemand) ; mais les lois de Montesquieu sont elles aussi comme "tombées du Ciel", et l'ésotérisme juridique de Montesquieu précède celui du Souabe Hegel, malgré la différence de style (et le fait que, dans le domaine artistique au moins, Montesquieu émet des idées moins lucifériennes que celles de Hegel.)

     

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    On peut penser qu'en dehors de l'influence de Charles Fourier, ce sont les études grecques de Karl Marx qui l'ont amené à s'attaquer à une idéologie fondamentalement romaine de la famille. Trois idéologies se rencontrent ici : non seulement le droit romain, mais aussi la philosophie allemande par conséquent, sans oublier le droit patriarcal juif, pour donner naissance à la religion dite "judéo-chrétienne", devenue "laïque" sous l'effet d'un certain nombre de spéculations et de conflits d'intérêts. La mythomanie de l'"Europe latine" (cf. Rémi Brague) procède encore du même amalgame. Si la thèse de Rémi Brague n'a pas de consistance historique, en revanche elle en dit long sur notre temps, incapable de comprendre quoi que ce soit en dehors des principes qui le déterminent.

     

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    Pas besoin par ailleurs d'avoir fait des études de théologie très poussées pour savoir que la théorie chrétienne du sacerdoce du prêtre est elle aussi bâtie contre l'institution matrimoniale ; non pas par puritanisme comme les journalistes disent parfois, mais parce que la famille, institution éminemment patrimoniale, se heurte à la vocation spirituelle de l'homme et aux nécessités de l'évangélisation. Les théologiens du sacerdoce n'ont pas pu ne pas remarquer que Jésus exige des apôtres qu'ils quittent tout sur le champ, y compris leur famille le cas échéant.

    Le journaliste C. Terras (de "Golias") n'a pas tort de relever que le sacerdoce lui-même n'est pas exempt de raisons patrimoniales et qu'il a eu parfois pour effet d'empêcher l'éparpillement des biens du clergé ; mais cette remarque n'a pas de sens sans le corollaire que le mariage, lui, ne déborde pas (d'un point de vue chrétien) le cadre patrimonial (même si la généralisation du salariat a eu tendance à gommer, dans l'après-guerre 1939-45 surtout, cet aspect essentiellement patrimonial, dont seul le monde des affaires ou le monde rural conserve la compréhension).

    L'aberration est donc la suivante : non pas d'inciter l'Eglise à abroger le sacerdoce pour une forme d'action plus moderne, mais de l'inciter à abandonner le principe du sacerdoce pour permettre aux prêtres... de se marier, c'est-à-dire d'endosser les conventions et les rites d'une institution particulièrement archaïque et païenne.

    Cette invitation faite à l'Eglise de se moderniser dans le sens du paganisme (!) a d'ailleurs pour effet de montrer que l'idéologie du mariage n'a rien perdu de sa vivacité, bien au contraire, dans le régime laïc totalitaire. Le "mariage gay" est certainement d'un point de vue matérialiste la conception la plus spirituelle du mariage qu'on ait jamais inventé. Les démocrates-chrétiens puritains, disons "boutinistes", qui combattent le mariage homosexuel, éprouvent d'ailleurs beaucoup de difficultés à lutter contre une conception encore plus "fleur bleue" que la leur de la réalité sociale.

     

     

     

     

     

  • Assez de sermons

    "Comment moraliser le capitalisme ?" ose titrer une gazette chrétienne ! Seuls des hypocrites peuvent aujourd'hui demeurer aveugles sur le fait que le capitalisme repose sur l'exploitation de l'homme par l'homme. Comme Marx l'a vu, le capitalisme rend par lui-même hypocrite : il produit des banquiers, des publicitaires, des journalistes, des assureurs, des experts-comptables ou des frigides barjots "hyper-spirituels" (= branleurs cinéphiles).

    L'attitude du démocrate-chrétien vis-à-vis des Evangiles est la même que celle d'un boursicoteur vis-à-vis de l'art : il voit là-dedans une "valeur refuge". L'Enfer est pavé d'ordres d'achat et de sacrements de dernière minute.

    Si des chrétiens tels que Léon Bloy, Karl Marx, Engels, Lénine, ont été scandalisés et se sont mobilisés rapidement, c'est que les esclaves du Capital, ils pouvaient voir leur misère sous leurs yeux. Je mesure le temps que les curés et leur curetages m'ont fait perdre, bien que ma misogynie m'a toujours protégé d'approcher de trop près cette volaille.

    On annonce dans la gazette en question une nouvelle "encyclique sociale". C'est dans la branche "sociale" que les cathos ressemblent le plus aux sociaux-traîtres. "Patron chrétien" : le titre indique déjà qu'on va fouler aux pieds les Evangiles.

    Le déclic fut pour moi un curé belge, au coeur du paradis fiscal bruxellois, prêchant à quatre braves bourgeois pas mortifiés que le "jeune homme riche" de la parabole n'est pas vraiment riche. Argumentaire du style : "Les portefeuilles d'actions n'existant pas du temps du Christ (sic), le jeune homme riche ne pouvait l'être au sens où on l'entend aujourd'hui."

    Parlant de "doctrine sociale de l'Eglise", cet extrait de la doctrine de Jean-Paul II ("Centesimus annus") révèle toute sa stupidité :

    "Si sous le nom de capitalisme, on désigne un système économique qui reconnaît le rôle fondamental et positif de l'entreprise, du marché, de la propriété privée et de la responsabilité qu'elle implique dans les moyens de production, de la libre créativité humaine dans le secteur économique, la réponse est sûrement positive."

    1/ "Si... ou bien..." : définir un capitalisme à deux visages pour tenter d'en sauver la moitié. Ainsi font les gangsters avec leur magot quand ils sont sur le point d'être rattrapés par les flics.

    2/ "Système", "entreprise", "marché", "propriété privée" : aucune de ces théories n'a un quelconque caractère évangélique. Le syllogisme qui consiste à attribuer une "personnalité morale", c'est-à-dire une âme, à un système, un contrat ou une entreprise, n'est qu'une manière sophistiquée de s'en remettre à un fantôme, c'est-à-dire au diable.

    Luther lui-même qui dénonce l'usure se sauve en vouant aux gémonies cette merde-là. Consacrer le triomphe des banquiers boches sur Luther. Voilà à quoi cette encyclique abjecte revient. "Centesimus annus MERDABILIS !"

    3/ Le Nouveau Testament dit : "Qui veut gagner sa vie la perdra." Il ne dit pas quand, n'étant pas comme cette doctrine, aggripé au Siècle.

    4/ Les faits historiques sont là qui en disent long sur la créativité des entreprises capitalistes, leur ingéniosité à déguiser des armes de destruction massive en "outils de défense nationale"... et la responsabilité ! Parlons-en de la responsabilité, de cette doctrine de junker pollack qui bricole un inconscient pour mieux disculper la perversion destructrice des bourgeois. "Responsable mais pas coupable" : voilà derrière quels mots d'esprit la Synagogue de Satan croit se protéger du tonnerre.

    Le dernier pape peut-il faire autrement désormais que de solder ce compte plein de ratiocinages aussi bénins que scandaleux sur la créativité du capitalisme et des capitalistes, assassins multirécidivistes. Je serais à sa place, je me dépêcherais.

  • Croisade de vieillards

    La dernière croisade sera peut-être cette croisade diabolique de vieillards prêchée par l'universitaire décadent Rémi Brague. Plus jongleurs de concepts amphigouriques qu'historiens, Brague et les "braguistes" tentent d'étayer le mythe d'une Europe essentiellement "judéo-chrétienne" et d'abord "romaine". Le moins qu'on puisse dire, c'est que ce Brague n'est pas avare de néologismes pour étayer sa thèse foireuse : "hygiène du propre", "romanité intrinsèque", "identité excentrique" : toute l'algèbre boche y passe !

    Ecroulons ce petit "krak" néogothique ridicule derrière lequel le clan papiste français croit pouvoir abriter toutes ses lâchetés accumulées, son ignorance, et même ses petits paris médiatiques perdants à chaque coup :

    - Comme la thèse aux pieds d'airain et peu ésotérique de Karl Marx et son acolyte F. Engels permet de le comprendre, la "différence" de l'Europe moderne sur les autres nations tient dans le triomphe de la science sur la philosophie, de l'art de la Renaissance sur les spéculations médiévales. La Grèce antique connut elle aussi son moyen âge, le dépassement des spéculations milésiennes puis le dépassement de la science éléate.

    L'incitation de Marx à voir dans Rome un "pastiche" d'Athènes est féconde sur le plan historique, contrairement à la propagande de Brague. Ce qu'on qualifie en art d'"académisme" ou de "copie servile" : voici Rome et les Romains. Une idée de la littérature française à travers les seuls membres de l'Académie française serait à peu près aussi étriquée que l'idée d'Europe essentiellement romaine défendue par Brague.

     

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    - D'où vient de la part de soi-disant "médiévistes" le désir de consacrer le moyen âge ou saint Thomas d'Aquin comme le "sommet de la pensée chrétienne" ? Du compromis et du partage avec les historiens athées républicains ; autrement, dit il n'y a pas de façon plus sotte d'écrire l'Histoire ; ni plus lâche, de la part des papistes, puisque ceux-ci ne font que ronger l'os que daignent leur lancer les tenants laïcs et athées du mythe de la Révolution française. En une phrase de sa "Voie romaine", Brague trahit qu'il n'est qu'un petit idéologue consensuel, prouvant sa thèse parce que les adversaires de l'Eglise comme ses partisans admettent le "fait" de sa "romanité" (sic) ; félicité dans les "Temps modernes", écouté par le gratin de la bureaucratie française, quels sont les adversaires du pape et des papistes ? Il apparaît que les derniers catholiques sont tout à fait "neutralisés", du moins en Europe.

    "Médiévistes", beaucoup d'historiens actuels ne le sont que sur le papier, n'ayant aucun recul sur le moyen âge. Même saint Thomas d'Aquin et le moyen âge sont incompréhensibles si l'on décapite ainsi l'Occident ou qu'on déforme la Renaissance. Jacques Le Goff, à peine moins vain que Brague, n'hésite pas à prolonger, lui, le moyen âge jusqu'au XVIIIe siècle ? Pourquoi pas jusqu'à la fin du temps ? Que penser de tels médiévistes, incapables de voir que le XVIIe siècle a rompu profondément avec l'hellénisme ?

    - Le mobile n'est pas seulement pour les catholiques papistes de s'enfermer dans le pré carré du moyen âge, il est aussi et surtout de consacrer le principe d'une Europe militaire contenu dans l'idée d'une Europe essentiellement "romaine". Quitte à bafouer la Vérité et à saccager la théologie. La thèse d'un christianisme militaire et romain relève non seulement de la propagande, mais elle est en outre complètement hérétique sur le plan chrétien. La sainte horreur des premiers chrétiens vis-à-vis des Romains et de leurs principes est tout à fait "évangélique". C'est aux Grecs que saint Paul rend hommage dans la lettre aux Ephésiens, et non aux barbares romains.

  • Le Petit Will

    J’ai bravé l’interdit et les barrages de police ; je me suis rendu sur le blogue de Mgr Williamson, l'ex-ennemi public médiatique n°1. L'homme qui piétine les tabous d'une société qui n'en a pas, pas même des tabous fiscaux : un vrai personnage de polar catho.

    Et qu’est-ce que j’ai découvert sur le blogue dudit prélat paracatholique ? Rien qu’un banal curé, plus papiste que le pape, et professant sur l’histoire de l’Eglise des opinions pas très historiques. Décevant comme un polar catho.

     

    Une idée vague anime Mgr W., c'est que le Concile de Vatican II prône une sorte de « religion de l’homme » étrangère au catholicisme, idée qu’on peut retourner comme une chaussette en disant que la religion n’est pas faite d’abord pour Dieu. Le comique tient à ce que c'est une idée du christianisme qui emprunte beaucoup à la morale juive dont Mgr W. fait la promotion sur son blogue. Il justifie donc le rapprochement entre lefébvristes et papistes autant qu’il l'a fait échouer ! puisque la théologie de J. Ratzinger est animée exactement par la même idée "archaïsante", "janséniste", peu importe le terme exact (seul Tartuffe est à cheval sur les étiquettes, et il est précisément lui aussi janséniste.)

    Ce n'est donc plus « Ubu roi » mais « Ubu pape » ou « antipape » qu’on joue désormais.

     

     

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    Il semble que par sa manœuvre sur la choa, Mgr W. a voulu saboter l’accord entre Rome et la frange lefébvriste scindée depuis vingt ans, accord qui planait dans l’air depuis quelque temps.

     

    Rien n’est plus facile que de manipuler un torchon capitaliste comme « Der Spiegel », dont le seul mobile est d’engranger le pognon sans se soucier du reste. On a assez d’exemples en France de tels torche-culs qui rivalisent de crétinisme et de cynisme en Une et à l'intérieur, pour deviner sans peine d'ici les ingrédients du « Spiegel ».

    Un frisson a parcouru la bourgeoisie boche quand Benoît XVI a été élu pape, je me souviens ; mi-figue mi-raisin que les Boches étaient, de voir un de leur compatriote élu. Le pressentiment que le nazisme, que la bourgeoisie allemande fait tout pour faire oublier, avec un pape allemand catholique forcément "exposé" aux attaques médiatiques, le nazisme reviendrait immanquablement avec la choa sur le tapis, remuant la vase que la société civile allemande rêverait plutôt d'épandre une bonne fois pour toute comme un banal compost fertilisant sur une idéologie boche rénovée et moins "moustachue".

    Il suffit de goûter l'art contemporain berlinois pour constater que l'Allemagne nouvelle ne risque pas "l'excès de culture", qui a tant nui à Hitler, Speer, Goering, Krupp, Von Papen (tiens, encore un !), Thyssen, Goebbels & Cie. "Ach ja, wie interessant ist die französische Litteratur von Celine und Sartre!" : c'est bien fini ce temps-là puisque désormais les Boches se pâment devant les bouquins de Houellebecq et Beigbeder, qu'ils prennent même pour des philosophes.

     

     

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    En définitive les adversaires les plus farouches de Mgr W., opposés eux-mêmes au ralliement de la "secte lefébvriste", ne peuvent que se féliciter du résultat de cette manœuvre perfide.

    La vraie raison qui rend l'accord impossible entre les deux camps cathos opposés, maintenant, la voici, pour réduire la "fracture" à ce qu'elle est réellement, un sujet de conversation ou d'édito dans "Le Figaro" ou "Famille chrétienne", un sermon à Saint-Nicolas du Chardonnet : à "gauche" comme à "droite", on perdrait son identité dans la réunification. Les lefébvristes prospèrent surtout sur leur différence avec les « modernistes », et les « modernistes » prospèrent surtout sur la différence avec les lefèbvristes. Bref c'est le ping-pong ou le train-train, au choix.

     

    Pour le reste, que celui qui n’a jamais utilisé la « choa » à des fins personnelles jette la première pierre au « petit Will ».

     

    La vraie leçon à tirer de cette affaire, c’est que seul le diable parvient vraiment à être « médiatique ». S'il y a bien une chose qui rehausse la dignité du prélat Williamson, c'est la haine des médiats à son égard, haine qui, pour le coup, ne paraît pas feinte mais pure et parfaitement convulsive.

  • L'Essence de la laïcité

    Karl Marx et Mircéa Eliade ne sont pas les seuls à avoir fait le rapprochement entre la religion laïque et la religion juive. Simone Weil confirme, quand elle fait le constat d'un catholicisme complètement "enjuivé" (c'est là qu'il faut situer le mystère de ses réticences à se convertir : dire pis-que-pendre de la religion juive pour se précipiter ensuite dans la religion janséniste eût été illogique ; et Simone Weil réunit d'ailleurs toujours contre elle les Juifs et les jansénistes).

    Suivant cette appréciation, Charles Maurras est une sorte de rabbin, sourd et dégoûté par l'argent. Hitler, lui, a démontré que la religion laïque est tout aussi statique, malgré les apparences, que la religion juive ; il a démontré que "pierre qui roule n'amasse pas mousse" mais fait couler beaucoup de sang. L'Espérance inversée ressemble au long poème pédérastique de Proust.