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  • Dieu mais pas Maistre

    Plutôt que de qualifier Baudelaire de poète "romantique", il paraît plus juste vu que cet épithète est un vaste fourre-tout, de qualifier Baudelaire de poète "renaissant". C'est pour ça qu'il est moderne et réactionnaire à la fois. C'est aussi pour ça qu'il est puissant, car la force d'un art, ou d'une science, se mesure au nombre de ses rejetons, et Dieu sait que Baudelaire n'a pas manqué de suiveurs de génie.

    Baudelaire, même s'il a pu commettre certaines erreurs d'appréciation, et son engouement pour C. Guys est sans doute exagéré, est un naturaliste éclairé, c'est-à-dire qu'il laisse dans l'art place, non seulement à la nature, mais aussi à Dieu et à l'homme. Les artistes renaissants comme Baudelaire font un travail de REcréation, c'est ce qui leur donne cette profondeur. L'idée, qu'on prend en pleine figure chez Picasso, ou la nature en pleine pomme chez Cézanne ou un peintre impressionniste, se combinent subtilement pour vous envahir par les cinq sens, sans oublier le sixième, dans l'art renaissant, caricaturé par les critiques dits "modernes", pour qui Baudelaire a des mots durs, qui prennent la Renaissance pour une époque de géomètres-experts puritains, de savants froids.

    L'idée de romantisme indique plutôt une idée de nostalgie, à la limite du pastiche, et donc de décadence. Le vrai poète romantique, pour moi, c'est Proust, petit-bourgeois incapable de comprendre, contrairement à Baudelaire, la modernité de Sainte-Beuve, mais cependant auteur de quelques pages émouvantes où sa détresse est palpable, l'effort de se rattacher à de petites choses concrètes mais tellement friables, un album de photos.

    *

    Je suis quand même obligé d'avouer que lorsque Baudelaire explique que Maistre lui a "appris à raisonner", je suis étonné. Bloy reconnaît d'ailleurs la même filiation avec Maistre, bien que Bloy prétende ne rien entendre à l'art de Baudelaire.

    Je vois mieux le rapport entre Maistre et Maurras. Car le parti-pris, le systématisme, chez Maistre, on le retrouve presque à chaque page. Comme lorsque Maistre déclare que les femmes ont autant de dispositions que les hommes pour l'exercice du pouvoir politique ; jusque-là, rien à dire, l'histoire du Moyen-âge où les femmes ont eu le pouvoir plus souvent qu'aujourd'hui permet en effet d'observer qu'elles se comportent à peu près comme des hommes politiques. Mais lorsque Maistre avance que les femmes ont même plus de dispositions que les hommes pour l'exercice du pouvoir, on ne peut s'empêcher de trouver ses raisons infondées et qu'il pousse le bouchon un peu loin.

    Baudelaire, parfois idéologue - qui ne l'est jamais ? -, a cependant une vision beaucoup plus concrète des choses que son cher Maistre. Ce qu'il a peut-être appris de Maistre, c'est à ne pas se soucier de l'opinion commune sur les choses, ce qui est peut-être une définition de l'esprit aristocratique. On voit bien d'ailleurs que plus le temps passe, plus l'opinion publique dans tous les domaines semble dictée par des imbéciles dangereux et qu'il est urgent de s'en écarter.

  • Futur de Présent ?

    Je suis loin de partager toute les idées véhiculées par le quotidien "Présent". Quand par exemple un de ses critiques d'art, Samuel, y fait l'apologie de l'art de Corot contre celui de Delacroix ou d'Ingres, je ne peux me retenir de froisser mon canard de rage ! Corot, Cézanne, Monet, surtout pas de vagues ! Tout ça c'est de l'art bourgeois, une étape dans l'évolution vers l'art contemporain, encore plus mesquin : du tam-tam pour faire croire à la foudre et au tonnerre.

    En revanche, le parallèle établi par le même Samuel entre la liturgie catholique contemporaine et l'art contemporain est beaucoup plus raisonnable. Sur le sujet de l'art, les incantations des papes, de Pie XII à Jean-Paul II en passant par Paul VI, illustrent leur parfaite ignorance (de théologiens ?) en la matière, et ne sont pas très éloignées des slogans des critiques d'art contemporain branchés - peut-être pas aussi saugrenues mais aussi plates qu'eux. "Ils aiment l'art pur car ils n'ont pas d'yeux !" a-t-on envie de dire pour imiter Péguy. Alors que la devise de l'art créationniste et réactionnaire serait plutôt : "Celui qui a des yeux, qu'il voie ; celui qui a des oreilles, qu'il entende."

     Mais, étant donné que Marx m'a appris à raisonner, je ne peux pas me désintéresser du destin de ce petit quotidien "Présent", menacé de disparition. C'est en effet le seul quotidien à ne pas dépendre de subventions gouvernementales, ni, surtout, de la "manne" publicitaire, qui ne tombe pas du ciel contrairement à ce que les libéraux prétendent ; menacé de disparaître au moment où Jean-Marie Colombani, qui avait tenté d'étouffer par des procès les critiques de "Présent" contre "Le Monde", est récompensé de ses bons et loyaux services par Sarkozy, après avoir été viré du "Monde" pour sa mauvaise gestion, officiellement (en réalité parce que Colombani incarne de façon un peu trop voyante la compromission des élites médiatiques avec le pouvoir politique. La question de la rentabilité d'un quotidien comme le "Monde", dans la société capitaliste dans laquelle nous sommes, est une question qui n'a pas de sens. Le but du "Monde" n'est pas d'avoir des lecteurs et de dégager des bénéfices pour continuer à publier des idées, des études, des reportages ; non, le "Monde" est un organe de propagande essentiel, propagande pour les produits qui sont vantés dans les encarts publicitaires, propagande plus largement pour tout le système démocratique puisqu'on sait que les rédactions des chaînes de télévision s'écartent peu du copier-coller du "Monde", l'adaptant simplement au style "prompteur".)

    Il y a aussi "Charlie-Hebdo" et le "Canard enchaîné", mais ce sont des hebdos, et le "Canard" joue beaucoup sur le goût prononcé des Français pour la délation, comme d'autres torchons jouent sur le voyeurisme, etc. Les lecteurs attentifs de "Charlie-hebdo" auront quant à eux remarqué qu'on voit de plus en plus les dessinateurs de "Charlie-hebdo" à la télé, Tignous, Charb, en plus de cette tête de boeuf-carotte de Siné et de ce raseur de Philippe Val. Autant on pouvait admettre que le talent assez exceptionnel de Cabu s'impose jusqu'au "Club Dorothée", autant cette compromission générale des caricaturistes de "Charlie" avec les mass-médias, indique la "normalisation" de cet hebdo naguère satirique et impertinent, désormais aussi gélatineux que PPDA ou Guillaume Durand en fin de soirée.

     *

    Au fond, peu importe les idées défendues par "Présent", ou même le talent de ses rédacteurs, lorsqu'on lit un journal on pense presque toujours pouvoir faire mieux, je suis le premier à m'agacer de l'américanophilie primaire -ANTIFRANCAISE - d'un type comme Alain Sanders (comme quoi on ne se remet pas toujours d'avoir trop regardé de westerns dans son enfance), peu importe, si "Présent" vient à disparaître ce sera un événement significatif, que dans un pays où on ne cesse de claironner la liberté d'expression, le seul quotidien libéré des entraves de la publicité disparaisse.

    Encore une fois comment un marxiste resterait-il indifférent à ce phénomène ? D'ailleurs les penseurs politiques qui avaient anticipé d'un demi-siècle au moins l'état d'oppression dans lequel nous sommes aujourd'hui enfoncés, oppression des idées, de la science, de l'art, bref de tout ce qui est spirituel, système dans lequel les médias jouent un rôle déterminant, tous ces penseurs, je pense à Orwell, Huxley, Waugh, Simone Weil bien sûr, étaient marxistes ou catholiques, ou marxistes ET catholiques. Et on voudrait me faire avaler que le succès actuel de Kant, de Nitche, de Heidegger, de Lévinas, de Jeanne Arendt, bref de tous ces grands nuls, n'est qu'une coïncidence ?

     

     

  • La station à Môquet

    Le conseiller de Sarkozy, Henri Guaino, a eu avec cette idée de faire lire la lettre de Guy Môquet en public, une idée digne de BHL, de l'aveu même de ce dernier.

    BHL et Guaino ne sont pas dans le même clan, mais ils ont les mêmes idées. Bien que je ne sois pas moi-même baptisé dans la religion laïque, je relève quand même au passage que l'art napoléonien - les grandes toiles de David -, aussi "pompier" soit-il, contient autre chose que les purs artifices agités par BHL et Guaino. Le Marat de David est moins ridicule que le Môquet de Guaino.

    Sarkozy ne comprend-il pas que si les slogans généreux de Mitterrand, ses idées humanistes, ont pu paraître neuves en 1981, aujourd'hui tout ce fatras idéologique a un goût de déjà vu et de moisi. La sincérité qui était encore possible dans les années 80, je me rappelle un type hospitalisé qui avait pieusement piqué un poster de Mitterrand au-dessus de son lit, cette sincérité s'est dissoute dans le capitalisme. Qui nourrit encore des illusions à l'égard de ce régime ? Les capitalistes ou les ex-colonialistes comme BHL désirent préserver leur capital le plus longtemps possible, alors ils sont obligés d'y croire dur comme fer, mais ils sont bien les seuls.

    L'idéologie mitterrandienne est complètement "rassise" et ce n'est pas les penseurs du "Figaro" qui vont allumer une autre flamme.

    *

    La lettre de Môquet n'est qu'un bon exemple parmi d'autres. Peu importe au fond que Guy Môquet n'ait pas été un vrai résistant, qui en veut réellement à Sarkozy de déformer ainsi l'histoire dans ce pays ? Cette propagande arrange tout le monde. L'assentiment donné à cette politique d'auto-satisfaction, de gauche comme de droite, est quasi-général parce que ce brouillard dissimule que notre société capitaliste contemporaine est plus compromise encore avec la barbarie que celle de nos grands-parents.
    Débarrassé de la propagande, on est forcé de reconnaître que l'Allemagne "nazie", avant guerre, est une société démocratico-capitaliste, Hitler étant soutenu par les grands industriels de son pays comme Sarkozy est soutenu par Bouygues, Lagardère, Dassault, Bolloré, etc., et soutenu par le "peuple", l'opinion publique, à qui il ne faut pas demander un discernement trop grand.

    La société capitaliste nazie a en outre réussi le socialisme comme la gauche française n'a pas réussi à le faire, mettant en place une solidarité sociale plus réelle que celle qui existe aujourd'hui en France, largement théorique et enfermée dans la bouche de quelques starlettes compatissantes.

    La vérité historique rend libre, mais qui veut de cette liberté ? La propagande est si confortable ! Elle permet de se soulager la conscience à si bon compte : il suffit de porter un pin's, comme BHL : "Touche pas à mon pote !"

    La vérité obligerait presque toute la société française à se remettre en question.
    Ainsi les démocrates-chrétiens ont voté majoritairement pour Sarkozy aux dernières élections. Le gouvernement de Fillon (qui aime se recueillir dans l'abbaye de Solesmes) entend-il faire quelque chose contre le suicide collectif de la société française, 200.000 avortements par an ? A-t-on entendu un seul des dignitaires démocrates-chrétiens, Mgr Barbarin par exemple, envisager de demander des comptes sur ce plan à Fillon ou Sarkozy ? Non, les évêques préfèrent faire des moulinets avec leurs goupillons en direction de Le Pen. Ça, ça ne mange pas de pain.

    *

    Cette affaire Môquet illustre la tendance nette de la société française, de plus en plus modelée par les médias, à ne plus se poser de questions morales que sur un mode virtuel : "Si j'étais né en 1917 à Leidenstadt, aurais-je fait partie de ces gens-là ?" ; à cette question stupide posée par un chanteur populaire fait écho cette interrogation de Mgr Vingt-Trois, cardinal désormais, se demandant si l'Eglise n'aura pas à se repentir dans le futur d'avoir été complice du crime de l'avortement généralisé (?). Nous vivons dans une société où les évêques ne sont pas moins stupides que les chanteurs populaires, par conséquent, et où, sûrement, ils ont moins de pouvoir.

    La différence entre Molière et La Fontaine d'une part, et Guaino et Môquet de l'autre, c'est que les deux premiers sont des révélateurs de la bassesse commune, acceptés par leur époque comme tels, tandis que Môquet et Guaino ne sont que des masques hypocrites, des cache-sexe puritains qui ajoutent à la bêtise universelle.

  • Deux bulldozers

    Marx est un peu aride pour certains ; et Aristote et Platon ? Il faut dire que les exégètes du Parti communiste français, tel Althusser, n’ont pas aidé à rendre Marx plus vivant.

    Outre Shakespeare, Dickens, Balzac, dont la parenté spirituelle avec Marx est évidente et revendiquée par lui, difficile de ne pas faire entrer Evelyn Waugh (1903-1966) dans ce cercle. Plusieurs aspects de son roman-culte Vile Bodies (Ces Corps vils), notamment, évoquent fortement le "style" de Marx, son mode de raisonnement moderne.

    Ce n’est pas vraiment une surprise dans la mesure où Waugh est Anglais et que Marx est très influencé par la pensée anglo-saxonne, plus encore que les philosophes français des Lumières qui admiraient la politique anglaise sans vraiment chercher à la comprendre.

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    Au centre de Vile Bodies, la description d’une course automobile sur un circuit, est comme une métaphore du système capitaliste. Waugh insiste sur la bassesse morale des pilotes, la concurrence à mort qu’ils se livrent, l’absurdité de ce spectacle ennuyeux - à la limite de l’indécence.
    Un autre aspect : l’importance cruciale des classes sociales ; Waugh pose un regard lucide sur l’aristocratie anglaise ; bien qu’elle l’attire, il raconte sa déchéance.
    Mais Waugh, qui a tout fait pour épouser une aristocrate comme Marx, n’est pas communiste : il ne croit pas que la civilisation puisse se passer de l’aristocratie.

    Le plus caractéristique peut-être : Waugh s’abstient le plus possible d’entrer à l’intérieur des personnages de sa comédie humaine moderne. Ils sont déterminés par leurs faits et gestes, leur appartenance sociale.
    Nous sommes remplis d’illusions et de mensonges sur les autres et sur nous-mêmes.
    À partir de deux ou trois indices on a vite fait de déduire l’évolution de l’humanité du singe au métrosexuel ou à la femme libérée, i-pod dans l’oreille et sudoku sur les genoux.
    À partir de deux ou trois indices on a vite fait de s’attribuer un subconscient et un inconscient pour pallier son manque d’épaisseur.
    À partir de deux ou trois indices on a vite fait de se fabriquer une panoplie de super-héros et de rivaliser avec les dieux de l’Olympe. Etc.

    Ce qui intéresse Waugh comme Marx, c’est la vérité. Les idéologies personnelles, les petites chapelles privées que la démocratie stimule et entretient ne résistent pas à ces deux bulldozers.

  • Confluent

    Baudelaire et Marx ont en commun la détestation de la classe bourgeoise. Pour des raisons convergentes. La pensée réactionnaire française et le marxisme sont deux fleuves faits pour se rencontrer. L’idéologie communiste a contribué à l’occulter pendant longtemps. L’idéologie démocratique a pris le relais, avec pour slogan : « Marx et les réactionnaires sont dépassés, ils sentent le moisi. »
    C’est tout juste si les démocrates savent lire et ils prétendent pouvoir séparer le bon grain de l’ivraie ?

    Comment un marxiste peut-il regarder l’art contemporain capitaliste de Pinault et Arnault autrement qu’avec mépris, autrement que comme le produit d’une politique, d’une civilisation décadente, autrement que comme Delacroix, Baudelaire, Barbey d'Aurevilly, Bloy, Villiers-de-l’Isle-Adam l’ont deviné ?
    Les artistes contemporains ne cessent de clamer leur liberté, leur créativité. Il suffit de creuser un peu pour voir qu’on a affaire à des marionnettes. Le plus académique des peintres du XIXe, Delaroche, tant vanté par Hugo, avait les mains moins liées que n’importe lequel des petits faiseurs d’art de maintenant.
    Le marxisme, en une phrase, c’est cet enfant dans le conte d’Andersen : « Mais le roi est… nu ! ».

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    Le peintre est l’adversaire du philosophe. Ce n’est sûrement pas un hasard si Drieu, qui désirait être peintre, a pu sentir aussi bien la convergence entre le marxisme et catholicisme. À rapprocher aussi, cette phrase de Péguy à propos de Kant, dont les libéraux empruntent tous plus ou moins les sophismes déconcertants, et qui, avec Nitche, est le philosophe le plus éloigné de Marx : « Kant a les mains pures mais il n’a pas de mains. »
    Réunissez un peintre et un philosophe, que celui-ci soit kantien, existentialiste, maurrassien, libéral, sadien, etc., ces deux ennemis finiront par en venir aux mains. J’ai toujours ressenti pour ma part que les philosophes représentent un danger public. Cela ne tiendrait qu’à moi, je donnerais l’ordre d’enfermer tous les philosophes, à commencer par BHL, Luc Ferry, Finkielkraut, dans de solides monastères, avec interdiction formelle de publier quoi que ce soit. L’autoflagellation les ramènerait peut-être à la réalité, et les travaux des champs.
    On pourrait envisager à la rigueur de délivrer des “laissez-passer” aux moralistes, mais à condition de les faire surveiller, car un moraliste peut à tout moment basculer dans la folie philosophique. La sagesse de Montaigne éveille en moi un sentiment de malaise. Comme si cette littérature n’était qu’un garde-fou.
    Les moines ne sont-ils pas de doux dingues assez sages pour comprendre qu’ils n’ont rien à faire au dehors, que l’enfermement les préserve et NOUS préserve ?

    *

    Ce n’est pas un hasard non plus si, en Allemagne, les artisans ont constitué le premier auditoire attentif de Marx.
    Evidemment un artiste “conceptuel”, par rapport à un artisan chargé de son matériel, de ses outils, a toutes les apparences de la légèreté et de la liberté. Les pets au vent aussi sont libres.

  • Jarry ou Feydeau ?

    Peut-on reprocher à une octogénaire cacochyme, elles ont été nombreuses dans ce cas, d’avoir voté pour Sarkozy ? Bien souvent recluses, condamnées à la télévision, terrorisées par les images des émeutes dans les banlieues, elles ont voté pour le ministre de l’Intérieur et de l’Ordre - ou supposé tel.

    Peut-on reprocher aux Alsaciens et aux Lorrains, ils ont été nombreux dans ce cas, d’avoir voté pour Sarkozy ? Comme Drieu la Rochelle le fait remarquer, si les Allemands ont le sens de la musique, ils n’ont pas celui de la politique et leur passion excessive pour l’ordre, à la limite de la géométrie, peut les mener aux pires extrémités afin de le préserver.

    Mais les démocrates-chrétiens ? Majoritairement ils ont voté pour Sarkozy, nouveau Guizot en plus cynique. Je ne doute pas qu’ils seront capables de trouver des phrases pour justifier leur choix et le spectacle décadent offert par le couple présidentiel qu’ils ont porté au pouvoir. Du Feydeau, mais au premier degré.

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    Mgr Barbarin, officiellement “primat des Gaules”, en réalité au bout de la peau de chagrin de son pouvoir temporel et spirituel, déclarait à l’occasion des dernières élections présidentielles que voter est un DEVOIR pour un chrétien, un catholique.
    Si le primat des Gaules prône le vote quand l’évêque de Rome prône au même moment la dissidence, c’est bien la preuve que la morale “naturelle” est un gadget théologique. Il n’est pas innocent que les démocrates-chrétiens s’abritent derrière ce genre d’arguties pour justifier tel acte et son contraire. La dialectique mensongère, ce n’est pas celle de Marx, c’est celle-là.

    Dans un réflexe typiquement démocrate-chrétien, Mgr Barbarin préférait s’abstenir de donner une consigne de vote précise. Maintenant que le scrutin a pris fin, je serais curieux de savoir pour qui Mgr Barbarin a voté, afin d’accomplir son devoir de chrétien, et comment il justifie son choix.

  • Sans rire

    La France est probablement le seul pays au monde où un VRP du capitalisme tel que Minc peut se réclamer de Marx et du marxisme sans provoquer l’hilarité générale.
    Minc est typique du cynisme des bourgeois qui se recouvrent d’une couche de bohême et d’idéaux altruistes pour mieux dissimuler leur petit mobile.

    Marx travaillait comme un nègre ; Minc, lui, fait travailler des nègres, nuance. Il s’est fait rouler par l’un d’eux, qui pompait sa prose sur un autre. Plutôt que la malhonnêté de Minc, cette affaire de plagiat signale l'ignorance de Minc. Cynique ET ignare, ce n'est pas incompatible.
    La dernière commande de Minc dont il préfère assurer le marketing en personne : une biographie de Keynes ; que je sache, la politique de dépenses publiques de Keynes n’a rien de spécifiquement marxiste ; elle n’est pas plus communiste que nazie ou démocratique.

    Pour justifier son marxisme, Minc se dit préoccupé par “la question sociale”. Toujours sans rire. C’est tout ce qu’il a trouvé. De Pétain à de Gaulle en passant par Blum, Hitler, Jaurès, Sarkozy, ce crétin d’Ozanam, qui n'est pas préoccupé par la “question sociale” ? Quel bobo n'est pas prêt à passer une nuit avec un SDF.

    Une politique plus originale, c’est celle de Baudelaire, c’est celle de Marx, c’est de se débarrasser de parasites comme Minc au plus vite, le contraire de ce que fait Sarkozy, qui semble les avoir tous ressuscités.

  • Psychologie de l'athéisme

    Il y a une manière un peu particulière pour un catholique marxiste de considérer un athée. Les Évangiles fondent une morale de l’action. Le marxisme lui aussi est une méthode : elle peut venir renforcer l’action catholique. Au cœur de la morale catholique, il y a la charité et le prosélytisme - la charité spirituelle.

    *

    Partons d’une représentation simple : qu’est-ce qu’un pur croyant aux yeux d’un pur athée ? Quelqu’un qui croit qu’il y a une vie après la mort et qui obéit à son Dieu, endure les souffrances de la vie en leur opposant l'espérance d'un monde meilleur, pour mériter à la fin la vie éternelle.
    Le minimum qu'on attend de lui, c'est qu'il aide les vieillards à traverser la rue. Souvent les athées sont sévères avec les chrétiens qui n'accomplissent pas leur devoir comme ils croient que ceux-ci devraient l'accomplir : sans défaillir.
    Les athées ont beau ne pas croire en Dieu et à la vie éternelle, ils savent se montrer des contrôleurs zélés des bonnes actions des croyants naïfs. Au point qu'on peut penser que si chaque croyant avait un athée pour tuteur, il serait à peu près certain de gagner sa part de ciel. Il y a même des athées comme Coluche, qui font la charité rien que pour prouver aux chrétiens qu'ils sont au moins aussi charitables qu'eux.

    De façon symétrique, un pur athée aux yeux d'un pur croyant, qu'est-ce ? C'est quelqu'un qui ne croit ni en Dieu ni en la vie éternelle, "tout n'est que matière et retourne à la matière", ce genre d'idée ultra-antique que l'athée s'efforce de démontrer par la science moderne. Un pur athée c'est le contraire de Sartre qui fait jouer ses pièces pendant l'Occupation allemande pour gagner sa croûte, non, un pur athée devant la douleur et la souffrance de la vie, la guerre, il aime mieux se suicider.
    Les croyants sont un peu choqués que les athées ne respectent pas ce principe de base du suicide et laissent Staline, Hitler ou Franklin Roosevelt faire le boulot à leur place.
    Bref, les purs athées comme les purs croyants ne courent pas les rues, même si on note une recrudescence du suicide dans les sociétés démocratiques.
    Derrière la condescendance des athées pour la naïveté des croyants, derrière celle, réciproque, des croyants pour l'inconséquence des athées, il y a la réalité religieuse que Marx permet de mieux saisir.
    (Je suis obligé de mettre l’athéisme de Marx entre parenthèse pour le moment, non parce qu’il contredit mon raisonnement ou qu’il ne m’intéresse pas, au contraire, mais pour ne pas surchager la démonstration.)

    *

    À la racine de l’athéisme, il y a une idéologie. Celle qui consiste pour un athée à croire que, contrairement aux musulmans, aux catholiques, aux orthodoxes, aux scientologues, lui n’adhère à aucune religion (Les athées adorent causer de la scientologie qui leur fournit une caricature pratique de religion.)
    Ici il faut distinguer deux sortes d’athées. Les athées sincères ou ignorants, d’une part (on peut parler ici de la "foi du charbonnier"), et d’autre part les athées qui utilisent cette idéologie pour faire du prosélytisme, l’idée séduisante que lorsqu’on n'adhère à aucune religion, on est plus libre et plus indépendant.

    Il est permis à un marxiste ou à un catholique de voir les choses de cette façon plutôt qu’à un démocrate-chrétien, parce qu’en réalité ceux-ci ont partiellement ou complètement glissé de la religion catholique à une autre. Concrètement plus rien ne sépare certains démocrates-chrétiens de la religion athée dominante. Les démocrates-chrétiens n'ont pas intérêt à dissiper l'idéologie qui protège leurs intérêts de classe. Un peu comme Sartre qui bascule dans l'existentialisme, les crétineries d'Heidegger, pour se protéger du marxisme et de ses conséquences spirituelles.
    Logiquement les démocrates-chrétiens devraient tout mettre en œuvre pour étouffer l'appel à la dissidence lancé par Benoît XVI, non pas à l'attention des catholiques de Chine mais à ceux du monde capitaliste, les rares paroles politiques de Benoît XVI, donc. De même la bienveillance de Benoît XVI vis-à-vis des musulmans on ne veut pas l'entendre. Ce que les démocrates-chrétiens veulent, c'est de la théologie existentialiste en veux-tu en voilà, comme si Baudelaire, Bloy, Claudel, ces grands docteurs modernes, ne suffisaient pas.
    Les démocrates-chrétiens vont faire diversion, rendre théorique la dissidence comme ils ont rendue théorique la pauvreté. Ils sont parfaitement prévisibles. J'entends d'ici leurs sophismes thomistes ou kantiens, leurs mille et une façons de noyer le poisson.

    *

    Plutôt qu'à l'athéisme, on est donc confronté à un paganisme somme toute assez banal et qui emprunte ses dogmes et ses préceptes ici ou là. La gloire du Panthéon n'est pas neuve.
    Peut-être pas la clef de voûte, mais au moins un des piliers de ce paganisme, c'est l'évolutionnisme. Rares sont les athées qui ne s'accrochent pas farouchement à cette hypothèse, qui leur sert de refuge. Il est tout à fait logique, dans un mouvement prosélyte, qu'ils essaient même de convertir le pape à ce schéma de pensée.
    Le plus farouche existentialiste athée n'échappe pas à la religion et à la politique. Nitche finit à l'asile. L'asile ou la prison, le monastère, ce sont là des lieux pour les existentialistes, faits pour entretenir les illusions libertaires.

  • Table rase de la télé (6)

    Alain Touraine, encore un démocrate au regard vif et pénétrant qui s'emploie à fourguer son pensum chez Taddéi : Titre du bouquin : Penser autrement. Argument de l'auteur : « Ceux qui disent qu'il y a un problème dans la politique et dans l'Éducation nationale sont des fachos. »

    Matricule suivant !

  • Revue de presse (XVIII)

    « (…) Malgré ses hypocrites protestations, il est manifeste que le voyage d’Alexis II, agent de l’ex-KGB, est un déplacement de propagande pour faire la promotion de son cher ami Poutine, en ces temps de fronde ukrainienne, reprendre en main les Russes de l’immigration, et contrer le renouveau traditionnel de l’Eglise catholique romaine.
    (…) Il est comique, pour ne pas dire plus, de voir le patriarche de Moscou et de toute la Russie (titre usurpé au XVIe siècle) soutenu par les poutino-maniaques de l’Occident, prétendre être “indépendant du pouvoir politique”. Tous les patriarches de Moscou ont été servilement à la botte des tsars d’abord, des bolcheviques ensuite.
    (…) On va nous traiter de grincheux. On nous chante qu’il s’agit de “rapprochement des Églises”, et qu’il n’est pas charitable de se méfier.
    (…) Il s’agit, enfin, de ramener dans le droit chemin de l’orthodoxie russe (qui doit gouverner la terre entière, un vrai chrétien est orthodoxe russe de Brest à Vladivostock, relire Dostoïevski.) (…).
    Faire l’éloge d’Alexis II, c’est faire la promotion de Moscou. Une fois de plus les Français vont tomber dans le piège de la pseudo-sainte Russie. »
    Hervé de Saint-Méen (“Présent”, 11 octobre)

    On pourrait objecter à cet Hervé de Saint-Méen que les évêques de France n’en sont pas moins proches du pouvoir politique ; on se souvient par exemple de la bouffonne tentative de Mgr Lustiger de se rapprocher de Balladur par l’intermédiaire de l’abbé de La Morandais.
    L’agitation médiatique de l’abbé Pierre, ancien député “radical” ou de Mgr Gaillot n'est par ailleurs que de la poudre aux yeux, donne l’illusion de la rébellion et de l'indépendance, mais n'en est pas. Les médias ont créés l’abbé Pierre et Mgr Gaillot qui étaient soumis à ce pouvoir, contraints de faire amende honorable lorsqu'ils enfreignaient un des nouveaux dogmes.
    On est loin de la rébellion d’un Mgr Von Galen contre les nazis puis les bombardements yankis. Mgr Vingt-Trois en est à se demander s’il ne faudra pas, un jour, faire repentance de la lâcheté actuelle (!). Il faut au moins avoir Kant+5 pour oser proférer une énormité pareille.

    Mais le bon sens d’Hervé de Saint-Méen est trop rare pour faire la fine bouche. Est-ce que l’impuissance politique de l’Europe, engluée dans le “processus démocratique”, oblige à prendre les délires de Dostoïevski pour argent comptant, ou, pire, ceux de Dantec sur les États-Unis et Israël.
    Lorsque BHL fait l’éloge des États-Unis, il est dans son rôle. La haine de BHL pour l’Occident, qu’elle soit opportuniste ou sincère, ne date pas d’aujourd’hui. Chevènement peut bien faire semblant de découvrir la nullité de BHL, il ne fera pas oublier aux amoureux de l’Occident que le PS a réchauffé cette vipère dans son sein et tant d'autres margoulins.

  • Marx pas mort mais enterré

    La gauche française, à commencer par les syndicalistes, est très influencée par le léninisme. Le léninisme emprunte un peu au marxisme, c’est sans doute ce qui fait que la gauche est moins conne que la droite. Assez forte pour entrer au gouvernement après avoir perdu les élections.

    Bien que la gauche soit ridiculisée par des types foireux comme Finkielkraut, Onfray, BHL, Enthoven, Philippe Val, Redeker, Sollers, etc. - n’oublions pas qu’à droite il y a des gugusses comme Zemmour, Tilinac, Dantec, d’Ormesson, qui, s’ils sont peut-être plus sympathiques, sont tout aussi inutiles, quelques vrais historiens comme Claude Allègre ou Emmanuel Leroy-Ladurie surnagent, et ils sont plutôt étiquettés "de gauche" que "de droite".
    Il y en a d’autres moins connus, évidemment ; les médias sont hostiles aux gens sérieux, et les gens sérieux le leur rendent bien. Suffit de voir Allègre sur un plateau de télé : on a l’impression qu’il va se jeter sur l’animateur et lui bouffer les deux oreilles. Dommage qu’il se retienne. On manque de tueurs de journalistes en série dans ce pays.

    Dans la droite nationaliste, le fait que certains se réfèrent impudemment à Chateaubriand, Tocqueville ou Ozanam montre bien qu’on y déraisonne là aussi à plein tube, malgré l'indépendance de Le Pen. Ozanam il y a cent ans je veux bien, mais maintenant les ravages du libéralisme sont évidents.
    Ce qui est étonnant dans cette droite nationaliste, c'est le nombre d'américanophiles décadents, voire de russophiles rêveurs, et le petit nombre d'Européens.

    *


    Mais ni la gauche ni l’extrême-gauche ne sont marxistes. Toutes les bourdieuseries et le situationnisme imbécile, non seulement ne sont pas marxistes, mais ce fatras bobo contribue à faire écran au marxisme.
    Si la gauche était marxiste, elle ne dépeindrait pas Hitler comme le grand Satan mais comme un capitaliste ordinaire ou presque, un peu plus sincèrement socialiste, en concurrence avec d’autres nations capitalistes et inquiet comme les autres capitalistes, un peu plus étant donné la proximité de l’URSS, par la montée en puissance de la nation russe.
    Au lieu de ça la gauche se sert de l’hécatombe des Juifs pour renforcer le discours idéologique.
    Et qu’on ne dise pas que je suis obsédé par les Juifs et les nazis : on ne peut pas allumer la télé, publique ou privée, sans tomber sur un reportage qui exploite de façon obscène les crimes des nazis ; et bientôt ce qui fait office de littérature n'abordera plus que ce seul sujet. Bientôt les généalogistes de France et de Navarre seront sollicités de tous les côtés par des écrivains en herbe à la recherche d'un ancêtre juif afin de glaner un minimum de crédibilité. Des écrivains en herbe toujours plus nombreux vu qu'aujourd'hui être écrivain c'est un peu comme jouer au loto.

  • L'ivresse de l'altitude

    L’idéologie est presque partout, à gauche comme à droite. La France, qui était une nation de peintres et de savants, est devenue une nation de philosophes et de journalistes, comme les États-Unis. Sans compter les marchands, qui détiennent le pouvoir réel, bien sûr.
    On parle d’“économie de services” : quelle expression abjecte ! Elle contient toute l’hypocrisie démocratique.

    Un exemple tiré de l’actualité : le gouvernement veut réformer la fonction publique et, dans ce but, récompenser le mérite individuel dans l’administration. Très joli, mais complètement naïf. On ne se demande même pas pourquoi le système d’évaluation déjà en place, purement formel, ne fonctionne pas. La réponse est pourtant évidente : une évaluation réelle est impossible humainement à mettre en place dans la plupart des administrations, à commencer par l’Éducation nationale, et elle serait trop coûteuse dans les secteurs où elle paraît plus plausible, plus coûteuse que les économies visées.
    Quiconque a déjà travaillé dans le privé est fixé sur les conditions de l’avancement dans ce secteur qui ont plus à voir avec la servilité qu’avec le mérite. Le beau mérite du vendeur de lave-linge ou de téléphones portables qui en a fourgué deux fois plus dans le même laps !
    La distinction public-privé est d’ailleurs globalement une illusion.

    Ici on voit nettement l’incohérence de l’idéologie des libéraux de droite qui prétendent vouloir diminuer le rôle de l’État. Ce projet d’avancement au mérite, ce n’est pas “moins d’État” mais “mieux d’Etat”. Ce n’est pas Madelin ou Tocqueville, mais Colbert. Avec ce problème que ni Fillon ni Sarkozy, s’ils peuvent éventuellement emprunter son discours, n’ont la stature du grand Colbert.

    *

    Le plus amusant, c’est que les syndicalistes soient farouchement opposés à l’avancement au mérite, alors qu’inéluctablement l'organe de contrôle du mérite tomberait entre leurs mains et leur influence idéologique en sortirait renforcée. Il est vrai que dans l’Éducation nationale, cette influence est déjà totale et qu’on ne voit pas comment elle pourrait se renforcer.

    Celui qui incarne le mieux la synthèse du crétinisme libéral de gauche et de droite, c’est Jacques Attali. Qu’il se place sous les auspices de Marx donne un côté ubuesque à ses propos idiots.
    N’importe qui a un tant soit peu une âme d’artiste constate le côté ubuesque de notre époque et que Jarry n’est pas un auteur comique mais tragique. Seules les brutes ne voient rien ou prennent Sarkozy pour le messie.

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    L’idéologie actuelle, elle, fait fonction d’hôtesse de l’air. Les moteurs de l’avion sont en flammes et, d’une voix rassurante, avec un joli sourire, l’hôtesse explique aux passagers qu’il ne faut pas s’inquiéter, on va bientôt arriver à destination, dans un pays de cocagne magnifique avec plein de palmiers, où on vit tout nu et on peut baiser librement, à condition de mettre une capote pour "augmenter son plaisir" - j'espère que vous n’avez pas oublié d'emporter vos godemichets et vos “sex-toys”, au moins, Mesdames et Messieurs ? La compagnie vient d’embaucher un nouveau pilote, secoué de tics mais très talentueux, un as du “looping” et des acrobaties en tous genres. Attachez vos ceintures, on entame la descente.

  • Table rase de la télé (5)

    Frédéric Taddéi, c’est un peu l’enfant de chœur de la propagande. Il reçoit tous les chanoines de la démocratie dans son émission nocturne.
    M’étonnerait pas qu’il se fasse tripoter après l’émission dans les coulisses par quelque archiprêtre libidineux, Sollers par exemple, ou le grassouillet Siné.
    Difficile de savoir ce que Taddéi pense vraiment de ces sermons assommants qu’il provoque, vu qu’il est lisse comme une hostie. Il sait manier l’encensoir avec dextérité, et le clergé adore ce servant modèle.

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    Fallait voir l’autre soir le jeune séminariste Raphaël Enthoven démontrer doctement que le rugby est un sport de droite passéiste vu que les joueurs se font des passes en arrière, vous avez remarqué, Mesdames et Messieurs, des passes en arrière, si c’est pas signifiant, ça !
    Ah, il a de l’avenir à la télé, ce branquignol. Lui, Enthoven, il a engrossé la fille à papa Justine Lévy avant de lui demander de se faire avorter pour pouvoir préparer l’agrégation de philo. peinard. C'est censé démonter qu’il est du côté du progrès, ce tâcheron affligeant ?

  • Table rase de la télé (4)

    J'ai vu une chose l’autre jour à la télé, c’est l’humanisme du président iranien Amadinejah, une des cibles favorites de BHL.
    Peu importe les discours d’Amadinejah, entre sa démagogie, celle de Sarkozy ou de Bush, il n’y a pas de différence fondamentale.
    C’était une séance de questions-réponses face à la presse internationale. À un journaliste qui s’enquérait de la “condition des homosexuels en Iran”, le président iranien a répondu en souriant : « Mais il n’y a pas d’homosexuels dans mon pays. »
    Déjà rien que l’humour contenu dans cette réponse : Érasme a de l’humour, par exemple, c'est sûr, on le devine dans son regard, tandis que BHL, pas une once ! Pour avoir de l'humour, il faut de l'autodérision. Et le système de BHL ne supporte pas la moindre autodérision, sinon il s’écroule. La force de BHL réside dans sa faculté à asséner que ce qu’il dit est sérieux et à l'asséner encore, c’est ainsi qu’il parvient à emporter l’adhésion d’esprits, assez faibles certes, mais suffisamment nombreux.

    *

    Ce que dit là Amadinejah, de façon plus profonde, c’est qu’on se refuse en Iran à enfermer l’individu dans un déterminisme sexuel - un des déterminismes les plus stupides qui soit, puisqu’on ignore jusqu'à son fondement.
    Il n’est pas difficile d’imaginer quelle aurait été la réaction d’un humaniste de la Renaissance devant un ghetto homosexuel comme on peut en voir dans l’Ouest des États-Unis.
    Nul doute qu’une telle abomination eût scandalisé Érasme comme il scandalise Amadinejah.
    Parmi mes potes, il y en a quelques-uns, je le devine facilement, qui ont plus de goût pour les formes masculines que pour les formes féminines. Hélas, il n’y en a qu’un seul parmi eux qui se révolte contre le fait qu’on veuille lui ôter la liberté de sa conduite, sous ce prétexte, et que la démocratie lui impose ses mœurs et jusqu’à une sorte d’idéal homosexuel, qui, ne serait-ce qu’esthétiquement parlant, laisse à désirer.

    *

    On dira que la Renaissance a connu, elle, des ghettos de Juifs. Il s’agit-là d’une discrimination politique qui ne porte pas atteinte à la liberté des personnes, bien au contraire, elle est destinée à renforcer cette liberté.
    Qu’on m’explique ou qu’on explique à Amadinejah comment on peut fonder un critère politique sur l'inversion sexuelle ?? Sauf à employer des sophismes dans un but électoraliste comme le brillant démagogue yanki Bill Clinton ?
    L’antisémitisme de la Renaissance, celui de Léon Bloy, celui de Balzac, celui de Baudelaire, celui de Shakespeare, celui de Marx, celui de Simone Weil, celui de Drieu La Rochelle, n’est pas un antisémitisme fondé sur un critère racial mais sur un critère politique.
    Seuls ceux qui veulent discréditer Simone Weil, par exemple, jouent du fait qu’il n’y a qu’un seul mot pour désigner l’attitude politique de Simone Weil vis-à-vis du peuple juif et le racialisme nazi.

  • Nazis d'aujourd'hui

    Il faut l’aveuglement d’un philosophe pour ne pas voir que si Jean-Jacques Rousseau, Diderot, Voltaire, n’ont pas sombré dans l’oubli, c’est à leur poésie qu’ils le doivent et non à leurs idées, qui ne résistent pas à la critique scientifique, et ne sont pas très originales.
    Un philosophe comme Philippe Val, ou comme BHL, sans la poésie de Rousseau ou de Voltaire, ça n’est rien, rien qu’un prurit idéologique.

    Au fond racisme et antiracisme ne sont que les deux versants d’une même idée, qui pue le XIXe siècle évolutionniste à plein nez. Quand je vois BHL à la télé, c’est plus fort que moi, je pense aussitôt à un nazi, Goebbels par exemple. Le débraillé soigneusement entretenu de BHL dissimule mal l’arrogance du personnage, fondée sur des dogmes à faire sourire un historien.

    Il est bien sûr inutile de chercher une vraie cohérence dans la propagande nazie ou dans la propagande démocratique de BHL. La seule cohérence de ces propagandes, c’est qu’elles remplissent leur usage religieux, cependant, il n’est pas bien difficile de voir que l’idéologie de BHL comme celle des nazis emprunte à la fois aux Grecs - Nitche côté nazi et les “Lumières”, Goethe, côté BHL -, et au bas Moyen-âge - Heidegger côté nazi et Lévinas côté BHL.
    Dans leur rejet du marxisme et du christianisme, les nazis et BHL se rejoignent aussi.
    On objectera que dans mon schéma on retrouve les Grecs partout puisqu’ils sont aussi à la racine du christianisme et du marxisme. Mais ce ne sont pas exactement les mêmes Grecs. Encore une fois, entrer dans les détails n’a pas d’intérêt, une thèse sur le sujet serait vaine, c’est juste histoire de voir qu’il n’y a pas de réelle opposition de principes entre BHL et les nazis. Derrière le rideau de fumée des idées, il y a des capitalistes plus ou moins cyniques.
    Un historien ne peut s’empêcher de noter ici que le socialisme théorique de BHL, les nazis l’ont réalisé entre 1933 et 1940. Les banlieues françaises, elles, ne ressemblent pas franchement à la cité socialiste idéale.

    Racisme et antiracisme, versants d’une même idéologie, donc, avec pour but deux objectifs, dont il est difficile de savoir lequel est le plus niais : la pureté de la race ou le métissage absolu.

    *

    Plus intéressantes car plus humaines, la doctrine de la lutte des classes et celle de la hiérarchie des classes sont aussi les deux versants d’une même idée. Toutes les deux soulignent l’importance des classes sociales, bien sûr, même si dans le marxisme il y a une volonté de dépasser l’affrontement des classes que l’économie capitaliste porte jusqu’à son point de tension et de haine ultime.
    Le dandy réactionnaire, Baudelaire ou Barbey d’Aurevilly, hait le bourgeois capitaliste et Zola, le journaliste à sa solde, dans la mesure où ce bourgeois est un aristocrate qui refuse d’assumer ses responsabilités, de remplir son rôle social.
    Quoi de plus logique que le vif intérêt que Marx porte à la littérature de Balzac ? Dommage qu’il n’ait pas eu accès à celle de Barbey, plus dense encore, difficile à comprendre pour un démocrate, mais pas pour un marxiste. Très logique aussi le mépris de Marx pour Chateaubriand. Chateaubriand qui se détériore en Tocqueville, qui se détériore lui-même en BHL.
    Même si ce n'est pas de façon explicite, Marx nous parle de la décadence de l’aristocratie.

    *

    Dans le triomphe des idées de BHL, malgré leur faiblesse, on voit la preuve de la justesse de la raison marxiste. Pour un catholique contemporain, c’est-à-dire un catholique appelé à la dissidence, Marx est un nouvel Aristote. Et pour Platon il y a Baudelaire, Barbey ou Evelyn Waugh. Claudel aussi est un grand docteur de l’Église.
    Voilà pour saint Paul. On aimerait voir Benoît XVI jouer son rôle politique, de dalle.
    La question de la dissidence des chrétiens, soulevée par le pape, est liée au rôle politique du pape, qui doit être, au moins, subversif. La décadence de la liturgie est secondaire, ce n’est qu’un symptôme.

  • L'arroseur arrosé

    Qu'on ne compte pas sur moi pour verser une larme sur la toile de Monet. J'ai trop de goût pour ça.
    Du vandalisme ? Pas si sûr étant donné le niveau de Monet, son naturalisme de bourgeois béotien qui a pour seul mérite de faire ressortir la subtilité du naturalisme de la grande peinture de la Renaissance.

    Petit spectacle que la peinture de Monet. Petite technique aussi. Bref, de la peinture de gare. Monet c'est un peintre pour les amateurs de rugby, les Finkielkraut, les Tilinac, tous ces nostalgiques de la IIIe République, des photos de Doisneau, de la méthode Boscher, etc.
    Entre le début de la décadence et la fin de la décadence, on n'est pas tenu de choisir, surtout quand on n'est pas évolutionniste, pas plus qu'on est tenu de choisir entre le football des bobos progressistes et le rugby des bobos nostalgiques.

  • Contre Proust

    J’ai oublié de parler d’un bouquin bizarre… Contre Proust, qui a tort de croire qu’un bon écrivain fait forcément un bon critique - tout le monde n’a pas la sagacité de Chardonne -, comme Sainte-Beuve je me passionne pour les biographies d'écrivains dignes de ce nom.
    Proust démontre qu’on peut être assez bête, avoir assez mauvais goût (le Ritz, Vermeer), et faire néanmoins un poète potable, bien qu’un peu irritant à la longue. On peut dire n’importe quoi mais le dire avec de belles phrases. Il n’est pas le seul dans ce cas ; Claudel aussi sur la peinture a dit n’importe quoi, placé José-Maria Sert au-dessus de Jordaens (!), mais il a dit ça de façon magnifique, c’est toujours mieux que de dire n’importe quoi dans un style administratif.

    Les démocrates, qui conçoivent mal l’ambiguïté et le paradoxe, ont du mal à comprendre Proust, en quoi il est décadent par rapport à Sainte-Beuve dans sa critique d'art, ou même Delacroix et Baudelaire (Cf. Guillaume Durand parlant de Proust, pour les amateurs d'effets comiques forts.)

    Bref, désireux d'en savoir un peu plus sur Marx tout en évitant les idioties de cette tête de moineau de Jacques Attali, je me suis rabattu sur le bouquin de Jean-Jacques Marie, de la “Quinzaine littéraire”, une étude consacrée aux pérégrinations de Karl Marx à travers l’Europe, sous-titrée “Le Christophe Colomb du capital”.
    Jusque-là rien d’anormal, la couverture du bouquin est même d’un rouge on ne peut plus banal. Mais on voit bien vite que ce Jean-Jacques Marie, même s’il est plus pertinent qu’Attali - pas difficile -, est presque aussi gonflé !
    Guillaume Durand, Jacques Attali, Jean-Jacques Marie : trois exemples qui montrent qu’en démocratie, c’est le culot qui est la vertu du monde la mieux partagée. Plus c’est gros plus ça passe.

    *

    D’abord le bouquin est sponsorisé par LVMH. Oui, la LVMH de Bernard Arnault, ce capitaliste arrogant qui collectionne les gadgets d’art contemporain, indirectement Bernard Arnault sponsorise Karl Marx, sans le savoir probablement, car les capitalistes ne savent pas exactement ce qu’ils font ni ce qu’ils disent.

    Ensuite, par-ci, par-là, au détour d’un chapitre, Jean-Jacques Marie, qui est trotskiste, en profite pour charger Staline de tous les crimes soviétiques. Comme si l’implication de Trostski n’était pas parfaitement connue des historiens désormais. S’il y a bien quelqu’un qui ne fait pas table rase du passé, c’est bien Karl Marx avec sa méthode historique, et c’est bien pour ça que les communistes l’ont escamoté, vu leur passé politique peu reluisant.

    Troisièmement, et ça c’est typique de l’arnaque capitaliste où on soigne l’emballage pour vous vendre n’importe quoi dedans : cette collection sponsorisée par un fabricant de bagages en skaï et d'eau de Cologne de synthèse, est consacrée aux écrivains-voyageurs, alors que Marx détestait voyager ; il ne l’a fait que sous la menace d’être déporté dans le Morbihan, plein de remugles en ce temps-là, ou sous le coup de bannissements, ou pour réclamer un peu d’argent à des parents.
    (Une parenthèse pour signaler que la pauvreté a suscité au XIXe les deux penseurs qui ont pénétré le plus avant les mystères de l’argent et des relations du peuple juif à l’argent, Karl Marx et Léon Bloy ; Bloy qui reproche par ailleurs à une partie du clergé de maintenir le peuple catholique dans une sorte d’état de léthargie ou de conformité aux dogmes du libéralisme.)
    Jean-Jacques Marie explique bien en quoi Marx n’est jamais si heureux que dans une bibliothèque ; il est polyglotte mais c’est pour mieux lire les auteurs étrangers dans le texte. Sans bouger de Londres, Marx voyage dans le monde entier.
    Ça va contre le préjugé actuel selon lequel il faut se rendre sur place pour avoir un point de vue supérieur. Petits détours de BHL en Yougoslavie, en Amérique.
    On pense à tous ces reporters qui sont allés en Union soviétique et en ont ramené des images pieuses.
    On pense à E. Waugh, véritable écrivain-voyageur, lui, et à son roman, Scoop, où il brosse un portrait réaliste du milieu des journalistes-reporters.
    (Scoop : ce titre de Waugh a été repris par un minable paparazzi français de Paris-Match pour faire l’éloge de son métier crapuleux avec un culot monstrueux… encore ce fameux culot.)
    En quelque sorte, Marx, c’est l’antitouriste. Vu que Londres est l’épicentre du capitalisme, autant s’y tenir et éviter de papillonner à droite à gauche.

    Cette contradiction-là de Jean-Jacques Marie n’est pas la plus gênante, évidemment, surtout si on se fie à l’instinct critique de Sainte-Beuve pour comprendre une œuvre plutôt qu'aux sophismes de Proust. À cet égard les voyages de Marx sont instructif sur sa méthode.

  • Coup de cœur

    Mon coup de cœur de la semaine pour Rachida Dati. Dommage qu’elle soit pas plus gironde, sinon je l’aurais bien demandée en mariage pour fonder une famille nombreuse catholique d’origine musulmane.
    J’aime sa façon de mener à la baguette le syndicat de la magistrature, cette bande d'anarchistes qui, avec l'aide de psychologues-experts freudiens plus timbrés que leurs clients, sèment sans remords les criminels à travers le pays, et n’ont qu’une obsession, traduire devant les tribunaux la poignée d’intellectuels indépendants qui ne se conforment pas aux dogmes capitalistes en vigueur.

    Comme quoi l’immigration n’a pas que des méfaits. Idem quand je vois des femmes voilées, pas de façon provocante comme les Saoudiennes, mais plutôt comme les Africaines dont Delacroix célèbre la beauté, et Charles de Foucauld loue la simplicité. Ça me fait penser immanquablement aux dessins de la Renaissance, plutôt ceux de Dürer que ceux de Baldung, où les femmes aussi sont délicatement voilées et leurs habits font des plis. Ça m’aide à oublier tout ces gros beaufs coiffés de casquettes de base-ball ou fringués de tee-shirts à l’effigie du Che ou des Rolling-Stones.

    Comme quoi Sarkozy n’a pas tout faux. Nul n’est imparfait.

  • Table rase de la télé (3)

    Une brochette d’économistes chez la “reine Christine” - comme on disait naguère, avant que Christine Ockrent n'attrape cet air de douairière.

    Jacques Attali préside la docte assemblée déconnante, en col Mao, l’air plus bouffon que jamais. Jacques Attali, c’est le Géo Trouvetou du capitalisme, le Courtial des Pereires des sciences économiques, le Savonarole de la consommation, le parasite du marxisme. Il y a aussi Elie Cohen, modeste comptable bombardé tête pensante, pour qui deux plus deux feront toujours quatre, “ad vitam æternam”. Et quelques autres personnages à peine moins inutiles.

    *

    On peut compter sur Jacques Attali pour inventer des gadgets qui dopent la croissance. Visionnaire, il propose de construire plus de gratte-ciel dans Paris. Astucieux, car comme chacun sait, si les touristes défilent en masse dans la capitale, c’est pour admirer la tour Montparnasse. Pourquoi pas les “Twin Towers” dans l’Île de la Cité, en effet ? On baptiserait l’une Jacques, et l’autre du nom de son jumeau, pour rendre hommage à sa modestie.

    L’autre idée géniale d’Attali, c’est d’augmenter les dépenses de santé. En effet, il faut une France de vieillards, mais de vieillards qui bougent, qui soient capables d’escalader des gratte-ciel, dopés au Viagra et aux hormones de synthèses (À titre personnel, Attali semble bien décidé à jouer son rôle de parasite jusqu’en 2050. Même sur le rapport de la commission bidon avec laquelle il occupe ses vieux-jeunes jours, il y a la photo de sa pomme.)
    En somme, Jacques Attali découvre l’Amérique cinq siècles après Christophe Colomb.

    Pas un seul de ces micro-économistes imbéciles, dont la seule imagination consiste à vouloir convertir les Français au “fast-food”, à Andy Warhol, au viagra et à CNN, pas un seul de ces micro-économistes ne s’avise du cynisme absolu qu’il y a à chercher des solutions pour relancer la croissance dans un pays où on avorte à tour de bras, à l’échelle industrielle - un mort toute les deux secondes.
    Sûr que les jeunes immigrés africains, polonais ou chinois, toujours plus nombreux, ne rêvent que d’un seul avenir : contribuer à financer le traitement contre l’Alzheimer de Jacques Attali ou de Jean d’Ormesson, pour qu’ils continuent à déconner à plein tube jusqu’en 2050.

    *

    Je repose la question : à quoi servent les polytechniciens ? Y-a-t-il des gugusses de cette envergure à l’état-major des armées ? Qu’est-ce que nous avons à reprocher aux nazis, en définitive, en dehors de leur application et de leur sérieux ?

  • Tendance lourde

    Plus la démocratie se rapprochera du terme de sa course, aussi brève qu’absurde, et de foncer dans le mur, plus on entendra les clercs de cette religion évolutionniste invoquer en toutes circonstances les bienfaits et les miracles de ce régime de gangsters (comme dit le pape Benoît XVI, hélas de façon encore trop équivoque).
    Plus, aussi, le cinéma et la télévision, tout l’iconoclasme contemporain, nous abreuvera de clichés du soir au matin et du matin au soir, sans trêve : "France-Info", CNN, et le cinéma de Spielberg.

    Car les deux bases les plus solides du capitalisme sont certainement la méthode Coué et la propagande filmée, fondements de la "politique" actuelle.
    Objectivement, il est bien difficile de distinguer Pompidou de DeGaulle, et Giscard de Pompidou, Mitterrand de Giscard, Chirac de Mitterrand, ou Sarkozy de Chirac ou de Mitterrand. L'idéologie et les raisonnements binaires de journalistes fournissent tout un tas de critères de disctinction entre ces acteurs soi-disant politiques, mais dès lors qu'on a un peu de bon sens, c'est la continuité qui saute aux yeux, l'uniformité. DeGaulle, Pompidou et Mitterrand surnagent un peu par leur culture historique et littéraire.

    Je ferais une seule différence entre Sarkozy et ses prédécesseurs, encore que je dois admettre qu'elle n'est pas si nette. Tandis que ses prédécesseurs insistaient plus sur la démocratie, Sarkozy, lui, insiste plus sur le capitalisme. Ça fait qu'on peut le trouver moins hypocrite, mais cela ne veut pas dire qu'il est plus prudent ou plus politique.