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Lapinos - Page 25

  • Théorie du bonheur

    L'intérêt d'une théorie du bonheur, c'est que l'idée du bonheur occupe la même place dans les régimes totalitaires que l'idée de dieu dans les régimes tyranniques (théocratiques). Nitche, sachant que le sentiment religieux n'a pas décliné, mais qu'il est au contraire en plein essor, aurait pu ajouter : "Dieu est mort... l'idée du bonheur l'a tué." Nitche décèle en effet le masochisme dans le comportement moderne, mais le masochisme est lié à l'idée d'un bonheur, d'une jouissance pure.

    Ainsi la promesse d'enrichissement faite aux classes défavorisées par leurs leaders (Guizot, Obama, etc.) est une promesse de bonheur indirecte ; la publicité, première religion mondiale, s'occupe ensuite de poser l'équivalence de l'aptitude à consommer toujours plus et du bonheur.

    Derrière l'illusion égalitaire se cache aussi une idée du bonheur : il s'agit encore, aussi incongrue soit cette idée, de jouir "à égalité". En réalité, la souffrance est beaucoup plus commune, égalitaire et démocratique que la jouissance. C'est ce qui rend le satanisme de Nitche, apologie de la jouissance et quête raisonnée de celle-ci, incompatible avec les valeurs modernes, que celles-ci soient dites "de gauche", ou bien "de droite".

    Si l'on peut dire la quête de Nitche "raisonnée", c'est notamment parce qu'elle est détachée de l'obsession sexuelle, qui caractérise la morale moderne. Empêché de jouir sexuellement en raison d'une santé défaillante, Nitche est convaincu, à juste titre, que l'art ou la poésie sont une source de jouissance plus sûre que la sexualité, et que l'aptitude d'un impuissant sexuel tel que lui à s'épanouir n'est pas moins grande que celle d'un homme moins naturellement chaste. Il est vrai cependant que Nitche a lutté toute son existence pour atteindre le bonheur, dont l'accès lui était rendu difficile par la maladie. C'est l'aspect le plus moderne de Nitche : il est malade, physiquement et psychiquement.

    La doctrine de Nitche exclut l'amour, comme une notion métaphysique improbable ou irréelle, ainsi que toutes les notions métaphysiques que sont la liberté et la vérité. Le mérite de cette doctrine est de réduire à la ruse ou à l'imbécillité toutes les représentations frelatées de l'amour, sentimentales ou romantiques. L'idéalisation de la sexualité dans la culture moderne est parfaitement symétrique de l'idéalisation de l'argent, comme un moyen de parvenir au bonheur.

    Il n'y a rien à espérer de la démocratie en termes de bonheur suivant Nitche, qui prédit un destin catastrophique à ce type de régime - destin déjà partiellement accompli. Cependant le citoyen lambda ne se déplacerait pas pour participer aux grand messes électorales, s'il n'espérait pas que la démocratie tiendra un jour sa promesse de paradis sur terre.

    On peut voir aussi à travers l'idée, la représentation du bonheur moderne, largement inoculée par la publicité aux gosses dès le plus jeune âge, véritable fléau moral, une représentation féminine du bonheur et de la jouissance ; il y a dans le masochisme une aspiration irrationnelle au bonheur, et c'est celle de la femme ou de l'homme moderne. On la reconnaît aisément à la place que la sécurité prend dans l'idéal du bonheur totalitaire. Les femmes conçoivent aussi généralement le bonheur d'un manière plus quantitative que qualitative. Le bonheur, pour les hommes, est vital, constitutif de la volonté, relatif. Pour les femmes il est macabre, absolu, plus proche de l'état d'inertie. La mort est en effet le seul état théoriquement pur de toute souffrance. Et Nitche parle justement à propos de la société moderne de culture de mort. L'expression de "culture de vie" dans la bouche du clergé catholique, est entièrement dépourvue de signification. Il est question exclusivement de "vie éternelle" dans les évangiles, et celle-ci est dépourvue de toute dimension culturelle, artistique, politique, et bien sûr charnelle. 

    Le paradoxe est donc que le bonheur n'a jamais une si grande valeur, une valeur infinie, que pour ceux qui en sont le plus éloignés.

    A titre personnel, si je me sens "qualifié" pour parler du bonheur, c'est parce que je ne me suis jamais senti aussi heureux. Cela étonne parfois certains de mes proches, en même temps qu'ils ne peuvent que faire le constat de mon excellente santé et dynamisme. Sans doute je ne ris pas souvent, car mes contemporains m'en donnent très rarement l'occasion, occupés surtout à chercher le bonheur là où il n'est pas - l'amour, l'argent, un métier stupide dans le secteur tertiaire, etc.

    A quoi tient mon bonheur ? J'ai mesuré la chance de naître français en visitant les Etats-Unis, où la société la plus laide et la plus féminine est implantée dans des contrées magnifiques ; je compte bien sûr les dons qui m'ont été accordés par la nature, même s'il ne faut pas les surestimer, car la morale moderne est capable de transformer un homme convenablement pourvu en plaie vivante ; mon mépris de l'éthique moderne, assez précoce, m'a évité de tomber dans les pièges que la société moderne tend aux jeunes gens afin de mieux les soumettre. Je dirais que mon premier mouvement de rébellion fut contre l'école : j'avais le sentiment que la culture, l'art, la science, pouvaient être des choses intéressantes, que l'école prenait un malin plaisir à rendre ennuyeuses, scolastiques.

    Bien sûr, étant heureux, on a mieux conscience des limites du bonheur et de la relativité de cet état. La volonté de suicide n'émane pas forcément d'un homme malheureux, et certains philosophes antiques prônent le suicide comme un moyen de remédier, le cas échéant, à la souffrance, telle que celle que la vieillesse peut engendrer, par exemple.

    La psychanalyse moderne est inférieure à la morale antique, car elle signale moins les limites du bonheur. L'usage de la psychanalyse et des psychanalystes par l'appareil d'Etat totalitaire est destiné à surseoir à la carence du clergé catholique.

    La métaphysique est sans consistance, dit Nitche - il n'y a rien en dehors de la nature. On peut prendre cette déclaration comme une pétition de principe : tant qu'un individu n'a pas atteint un niveau de jouissance suffisant, la métaphysique n'est rien à ses yeux, toute sa force et toute sa volonté concourent à atteindre un niveau de jouissance acceptable. Autrement dit, l'individu qui souffre raisonne uniquement en termes de besoin. Il peut, à cette fin, croire en des dieux abstraits ("Dieu est un point", dit Pascal), dont la fonction est uniquement de les aider à prendre patience et à endurer la frustration. La musique est une telle pataphysique, qui s'est substituée dans les temps modernes à la métaphysique véritable, qui ne prend pas sa source dans l'âme, mais dans le cosmos.

    La caractéristique de l'amour, de la vérité et de la liberté, est de ne répondre à aucun besoin humain. En politique, ce qui ne répond à aucun besoin humain, n'est d'aucun usage et n'existe donc pas. Comme le souligne H. Arendt, l'intérêt de l'institution étatique et des fonctionnaires de l'Etat moderne pour la science est on ne peut plus suspect (de machiavélisme), car quel pourrait bien être, sur le plan politique, l'usage de la science ?

     

  • Dans la Matrice

    Âpre débat avec un catholique romain (par courrier) ; celui-ci croit et dit s'appuyer sur une doctrine, mais en même temps il est trop cultivé pour ignorer que c'est l'absence de doctrine qui caractérise le mieux l'Eglise romaine. C'est sa souplesse et ses facultés d'adaptation qui ont permis à l'Eglise romaine de durer, non sa rigueur doctrinale. Le satanisme est plus rigoureux doctrinalement que le catholicisme romain.

    Le débat entre conservateurs et modernistes à l'intérieur de l'Eglise romaine illustre cette absence de cohérence. L'institution romaine ne peut pas être totalement conservatrice, sans quoi elle dévoilerait qu'elle est satanique, à l'instar de Nitche ; elle ne peut pas non plus être totalement moderniste, sans quoi elle dévoilerait qu'elle est un pur mobile social, donc dépourvue de sens spirituel (nul texte ne souligne en effet autant que les évangiles la vanité du plan social).

    Ce même catholique romain m'avouait, auparavant, qu'il détestait la philosophie ; c'est dire son ignorance de sa propre religion, puisque le catholicisme romain est une religion essentiellement philosophique et médiévale.

    Dès lors qu'on propose, en historien, comme Boccace ou Shakespeare, une peinture vraie d'un moyen-âge en proie au vice, ou ne serait-ce que "médiocre", comme son nom l'indique, on a beaucoup contribué à réduire le catholicisme à la nostalgie d'un état de grâce qui n'a jamais existé. "Déphilosophons !" : le mot d'ordre de Marx ou Nitche est largement un slogan anticatholique ; et si l'on examine qui, aujourd'hui, tente de nous persuader du bienfait de la philosophie, on retrouvera les héritiers du clergé romain, se dissimulant derrière l'argument laïc afin de mieux tenter d'imposer au monde entier leurs concepts creux. J'explique ici que le catholicisme romain, sous une forme larvée ou inconsciente, est bien plus répandu qu'on ne le croit.

    Il est donc très difficile de causer doctrine avec un catholique romain, car il n'y a pas de doctrine catholique romaine solide. On définira mieux l'adhésion au catholicisme romain ou la séduction qu'il peut exercer sur certaines personnes athées par un motif psychologique : - Maman a toujours raison. Un catholique romain semble chercher toujours des excuses à sa mère, y compris quand elle est inexcusable. Prenons, par exemple, les cérémonies de repentance de l'Eglise romaine pour ses crimes passés et torts à l'égard des juifs (avérés ou non, peu importe). D'un point de vue évangélique, ou même théologique, elles sont aberrantes ; mais du point de vue du catholique qui ne tolère pas qu'on puisse dire que sa mère s'est vautrée dans les fossés de la diplomatie ou de la politique, ce genre de cérémonie devient logique.

     

     

     

  • L'Hypothèse

    LE PEUPLE SOUVERAIN : - ...et l'hypothèse de dieu ?

    LE BOUFFON : - L'hypothèse de dieu, mesdames et messieurs, c'est l'Etat, donc c'est vous. 

  • Dans la Matrice

    Un chrétien peut s'exprimer sur l'art, mais dans le fond ce qui intéresse vraiment le chrétien, c'est la science.

    La culture ultra-moderne prouve ceci : dieu est mort, mais la religion n'en demeure pas moins omniprésente. L'esprit critique n'est pas plus répandu dans les sociétés démocratiques athées qu'il ne fut dans les sociétés théocratiques autrefois. L'idée du progrès qui prévaut dans la culture ultra-moderne est elle-même une idée religieuse.

    La caractéristique des sociétés totalitaires qui consiste à accorder au langage une valeur supérieure, c'est là le facteur de la superstition moderne. Le langage est utilisé par les élites dans les sociétés totalitaires comme un instrument de sidération du peuple. En enfermant dieu dans des définitions abstraites, la théologie catholique a accompli les trois/quarts du chemin en direction de la culture athée ultra-moderne.

    L'athéisme que Simone Weil perçoit comme pouvant "purifier la foi", c'est celui de Nietzsche, ou encore du jeune Marx ; ou bien encore de la jeune Simone Weil ; mais dans la société occidentale désormais, on ne rencontre pas cet athéisme-là ou presque, mais la soumission à une norme laïque admise comme un dogme par le citoyen lambda.

    La religion moderne ouvre sur un nombre de perspectives infini, tandis que la science réduit le nombre des perspectives. Les esprits scientifiques, contrairement aux esprits sentimentaux, ne caressent pas de vains espoirs toute leur vie.

    Si Shakespeare a prédit l'oppression totalitaire, c'est aussi parce qu'il a prédit le nivellement de la conscience au niveau des sentiments (Roméo & Juliette), et le rôle des clercs dans cet entreprise barbare d'asservissement. La moraline destructrice des vraies valeurs dont parle Nietzsche, n'est pas le produit du christianisme ; elle est le produit de la ruse de Satan, possédant les clercs chrétiens comme il posséda auparavant les juifs.

  • Science sans conscience

    Pour tenter d'expliquer que la science moderne n'est pas une science, dès lors que je rencontre un esprit curieux de science (ce qui m'est arrivé trois ou quatre fois dans ma vie à tout casser), je dis ceci : l'aspect de "poupées russes" est repérable dans la science moderne ; il se traduit, de façon moins imagée, par le fait que la réponse à une question débouche sur un nouveau questionnement ; par la suite la nouvelle réponse apportée, a pour effet de dévaluer la réponse n-1.

    Autrement dit, on décèle sur le raisonnement scientifique moderne l'influence des mathématiques (géométrie algébrique). Les savants matérialistes les plus éminents, partisans de l'expérimentation scientifique par ailleurs, en lieu et place des hypothèses et démonstration trop générales, ont indiqué à quel point la tentative d'élucider la cause première ou la cause dernière reflète, non pas l'objet de la science, mais le besoin de l'homme de tirer des lois de la nature et de son observation. Par conséquent, pour ces savants matérialistes (Aristote et Bacon), les mathématiques ne sont pas une science fondamentale et les ingénieurs ne sont pas véritablement des savants.

    Cet aspect de "poupées russes" est caractéristique de l'institution politique. Or, la caractéristique des régimes totalitaires où nous sommes, dit justement Hannah Arendt, est de ne pas concevoir l'antagonisme des démarches scientifique et politique, et que la science ne répond pas aux besoins auxquels la politique est censée répondre.

    Où Hannah Arendt commet une grave erreur d'appréciation, s'agissant de l'évolution de la science moderne, et on sent d'ailleurs à la lire une hésitation et une dose de perplexité, c'est lorsqu'elle se figure la science moderne plus froide, plus "objective" (je mets entre guillemets ce mot à triple sens), sous l'influence des mathématiques. C'est tout le contraire, et il manque un chapitre chez Nietzsche afin de fustiger les mathématiques comme une science "humaine, trop humaine", ainsi qu'il le fit à propos de diverses spéculations morales modernes marquées par la philosophie médiévale, CARBURANT PRINCIPAL DE L'ANTICHRISTIANISME (car effort discret et sournois pour dénaturer la notion de péché originel).

    J'invoque Nietzsche ici car il me paraît évident qu'il a influencé un certain nombre de critiques du totalitarisme moderne, dont Hannah Arendt, peut-être plus encore que Karl Marx en raison du cordon sanitaire disposé autour de K. Marx par les élites soviétiques ou staliniennes. L'esprit moderne n'est pas satanique, au sens de la culture de vie païenne prônée par Nietzsche. Mais il n'est pas "judéo-chrétien" non plus, contrairement à ce que prétend Nietzsche, car la prétention du clergé catholique à proposer une quelconque doctrine sociale ne résiste pas à la confrontation aux évangiles. La doctrine sociale chrétienne est exactement ce que les évangiles qualifient de "fornication" - on voit d'ailleurs Jésus-Christ se comporter toujours au cours de sa vie publique comme si la plus grande menace pour le salut devait venir du sein de l'Eglise, et non des païens comme Ponce Pilate.

    Les chrétiens ont été avertis par leur Sauveur du complot permanent contre l'esprit de Dieu jusqu'à la fin des temps. Toute tentative de s'organiser politiquement sous des symboles chrétiens nous renseigne sur le poids extraordinaire que Satan pèse sur la conscience des hommes. La limite de cette influence est marquée par la science (non réflexive) ou la métaphysique. Si Nietzsche fait autant d'efforts pour la nier, quitte à mentir parfois de façon grossière, c'est parce qu'il sait très bien que la métaphysique constitue une brèche dans l'ordre naturel des choses, et qu'il est impossible de concevoir la métaphysique comme le prolongement de la physique.

     

  • Dans la Matrice

    Caractéristique de nos régimes totalitaires, cette idée de la liberté comme d'un état analogue au hasard. Dans des cultures moins oppressives et technocratiques, le hasard est perçu comme l'ignorance. Le citoyen joue au Loto - il y est incité par l'Etat - espérant que son gain lui procurera une plus grande liberté. Que l'Etat s'effondre, ou que sa force coercitive soit considérablement diminuée, et le destin reprendra la place qu'il occupait, à la place du hasard.

    C'est le stade ultime de l'anthropologie de concevoir l'ignorance humaine comme un état de liberté enviable. Les chrétiens qui ramènent le message évangélique à un discours anthropologique ou social sont des chiens, assujettis à l'Antéchrist bien plus qu'aucun apôtre d'un quelconque satanisme ostentatoire, arborant la svastika ou des cornes de bouc en carton-pâte.

  • Place du chrétien

    La mort de l'art est la rançon de la démocratie. Il n'y a que dans les "grandes démocraties modernes", régimes d'oppression sournoise, que l'expression de l'aliénation est justifiée comme l'art, ou encore l'expression du désir sexuel, de la peur, de l'angoisse.

    Il n'y a qu'en démocratie que l'on ne se pose pas la question : - si l'aliénation a sa part dans l'art, qu'en est-il du domaine de la science ? Est-ce que nous ne subissons pas les conséquences de l'aliénation de certains prétendus savants ? Pour être juste, certains esprits critiques se sont posé la question, tels que Simone Weil, Georges Bernanos, Hannah Arendt, Georges Orwell, de la fiabilité de la science moderne, mais aucun n'y a répondu comme Hamlet, de façon catégorique, en transperçant Polonius.

    La place du chrétien semble introuvable, puisque celui-ci ne se situe ni dans le camp, conservateur, de l'art, ni dans le camp de la démocratie, plus moderne ; ni dans la prison du passé, ni dans celle de l'avenir. Le chrétien voit dans l'art comme dans la démocratie, deux formes de satanisme, non pas opposées mais tributaires l'une de l'autre, opérant ensemble diversion. La première, l'art, plus pure, plus franchement hostile à l'idée de révélation chrétienne, posant le principe des limites de la nature vivante à l'aspiration chrétienne à connaître dieu et l'éternité. Le second antichristianisme, plus sournois, ne serait-ce que parce que portant le plus souvent l'étiquette "judéo-chrétienne", acharné à poser l'équation du temps et de l'éternité, à travers les trois discours de l'art, de la philosophie et de la science modernes.

    Le satanisme de l'art s'oppose au judaïsme et au christianisme sous la forme d'une philosophie naturelle. Le satanisme de la démocratie s'oppose au christianisme sous la forme de l'artifice. Artifice de la démocratie, assez facilement discernable et auquel l'esprit français, moins spéculatif, a le don de s'opposer (même Tocqueville n'est pas assez sot pour avoir une foi aveugle dans la démocratie), mais aussi artifice de l'art, de la philosophie et de la science qui justifient la démocratie, tous trois sous l'empire de la notion d'infini, la plus artificielle qui soit.

    Pourquoi la démocratie est condamnée à échouer ? Parce qu'elle est une perspective exclusivement humaine, par conséquent essentiellement athée, dépourvue de but anthropologique véritable. L'art vise lui, la jouissance, et la démocratie détruit l'art au profit de concepts religieux athées. Si la démocratie selon Marx est moins absurde, c'est à cause du but scientifique que Marx lui assigne, par-delà le motif strictement anthropologique du bonheur. La démocratie selon Marx n'est pas une fin en soi, mais un moyen d'accéder à la vérité. La démocratie selon Marx n'est pas un état de droit égalitaire - elle diffère en cela du principe démocratique totalitaire. Où le raisonnement démocratique de Marx est juste, c'est sur l'aspect de l'anti-élitisme, précisément le point où il a été trahi par la doctrine sociale léniniste. Marx observe justement, bibliquement, qu'une élite politique, quelles que soient les valeurs éthiques qu'elle défend, conservatrices ou modernes, poursuit nécessairement un but institutionnel et n'a pas intérêt à découvrir la vérité, à une vérité qui, si elle est métaphysique, a le don de dévaluer le plan institutionnel et social. Un homme de loi rationnel, désireux de consolider les lois humaines, est contraint de dire : il n'y a pas de vérité métaphysique, il n'y a que des vérités naturelles. Il est une manière, démocratique et moderne, de faire obstacle à la vérité, c'est de simuler un plan métaphysique dans le droit et les institutions, c'est-à-dire de promulguer des lois artificielles, pleines de promesses qui ne seront jamais tenues, des lois qui prétendent inclure l'amour et la liberté, mais ne visent en réalité qu'à les galvauder. 

     

  • Soumission

    Le bonheur consiste principalement dans la maîtrise de ses émotions. Dans les régimes totalitaires, le citoyen est soumis à celles-ci, ce qui explique largement le développement d'une économie irrationnelle, ne visant pas d'abord la satisfaction des besoins ; les gosses sont encouragés par divers moyens pernicieux à cultiver leurs émotions - les épidémies de drogue et de suicide sont des dommages collatéraux de ce qu'on ose nommer "Education nationale", vaste entreprise de dévirilisation.

    Le terme de "matrice" est judicieux pour indiquer la nature de l'oppression moderne, car de fait une mère tiendra ses enfants sous sa dépendance en leur enseignant à se soumettre à leurs émotions.

    Le terrorisme vise naturellement le talon d'Achille de la société occidentale totalitaire, prédestinée à imploser sous l'effet d'une peur excessive.

  • Dieu et l'amour

    Il en va de l'amour comme de dieu : avant de connaître l'amour, il faut détruire de nombreuses représentations erronées de l'amour - de nombreuses idoles placées par Satan en travers du chemin de l'amour.

    Mon succès auprès des femmes m'a tôt enseigné à quel point l'amour est une chose rare dans le monde, plus rare que les filons d'or. En effet, quand une femme disait m'aimer, je devinais sans trop de peine qu'elle n'aimait en moi que ce qui pouvait la faire rêver, y compris d'ailleurs l'aspect le moins flatteur. Bref, le malentendu qui est la loi commune des histoires d'amour, a très tôt été pour moi particulièrement évident, et il l'aurait été encore plus tôt si je n'avais pas reçu une éducation féministe.

    A l'hystérie de dieu : "Allah akbar !", c'est-à-dire une forme de volontarisme de la foi, répandue dans les pays pauvres, correspond une hystérie de l'amour dans les pays riches démocratiques. Impossible de faire le recensement des films et des chansons d'amour débiles en vogue dans les pays Occidentaux, tant il y en a. "L'islam est la religion la plus conne.", maugrée le pauvre type à la recherche de la "femme de sa vie".

    L'amour est une religion de riches parce qu'il coûte beaucoup plus cher que dieu. Les émotions sexuelles que procurent la guerre pour le service de dieu sont d'un coût faible en comparaison de la dépense capitaliste.

    Satan est le grand ordonnateur de la plupart des cultes, et il agit comme les hommes qui lui ressemblent le plus - il divise pour mieux régner. Jusqu'où Satan peut-il aller dans la division, le choc des cultures, la règle du "Je", sans entraîner la fin du monde ?

     

  • Le Christ dans le métro

    Je croise dans le métro, ligne 8, un jeune chrétien qui prêche intelligemment à la rame. - Jésus-Christ, dit-il, n'est pas venu fonder une religion, mais les détruire toutes. La trentaine ou un peu moins, l'apparence et le costume d'un VRP, calme, pas d'effet dramatique dans son discours, ni d'indice de folie - originaire du Maghreb.

    Les robots qui se rendent au boulot prêtent un peu l'oreille, pour ceux qui n'ont pas un casque à diffuser de la musique sur la tête, délivrant un ordre de mission cool. La santé mentale apparente du prêcheur est ce qui plaide le plus en sa faveur.

    L'indifférence reprendra ses droits dans une, deux ou trois stations. Il n'y a pas d'amour, mais de l'indifférence, dira l'athée, justifié par la plupart des faits et gestes de ses contemporains ; de l'indifférence et de l'appétit. Le prêtre chrétien ne doit pas s'attendre à ce que son prêche ait un effet de masse, surtout dans les derniers temps de la terre et de l'humanité, de l'avènement de l'antéchrist.

  • Moyen et but

    La volonté n'est rien au regard de la vérité.

  • Fornication catholique

    Le péché de fornication est la pire chose dont on puisse accuser un chrétien. La colère du Christ Jésus est chaque fois déclenchée par elle contre ses disciples ou les Juifs, tandis que Jésus n'a pas de réaction en face du blasphème des païens.

    Le clergé romain est le principal responsable de l'occultation de ce péché contre l'esprit de dieu, afin de retarder l'apocalypse pour le compte de la bête de la terre. En faisant croire que l'on peut prévenir la fornication par la morale sexuelle, alors que la fornication EST la morale sexuelle.

    Idiot utile, le "père" Alain de La Morandais (tu n'appelleras "père" que ton dieu et ton dieu seul, dit l'écriture sainte), est convoqué par les chaînes de propagande capitaliste, télévision ou radio, dès qu'il s'agit de fournir une explication aux paroles de l'évêque de Rome, son chef, en matière de morale catholique. Les authentiques chrétiens n'ont pas de chef et sont responsables de leur propre salut, et M. de la Morandais s'exprime au nom de son club de branleurs capitalistes, et en lui seul. De même quant un éditorialiste du "Figaro" a l'audace de se dire "chrétien", ne voyez-là qu'une manifestation de la ruse de Satan.

    Le divin La Morandais, prêt à toutes les galipettes pour cinq minutes dans la lumière des projecteurs, déclare à des centaines de milliers de Français, voire des millions, que "le plaisir sexuel est un don de dieu" (!) ; la preuve, il l'a lu dans un traité du pape Karol Wojtyla. Sans rire. Bien sûr le fromage et le pinard des moines sont un cadeau de dieu, à ce compte-là. Voilà comment on efface les paroles du Messie sur la faiblesse de la chair dans l'Eglise catholiques - exactement comme on vend des savonnettes à la télé. Spirituellement, il n'y a aucune différence entre ces deux propositions.

    Si j'avais dix-sept ans aujourd'hui, l'âge pas très sérieux où les sociétés totalitaires s'efforcent de maintenir leurs citoyens, je me convertirais sans attendre à l'islam, équivalent du catholicisme en moins femelle (comparez l'équipement du croisé chrétien aujourd'hui, et celui du djihadiste musulman). Et pourquoi ça ? Parce que la violence est une source immense de plaisir, et que ce plaisir vient de dieu, disent les crétins, en trempant leur biscuit dans une tasse de thé.

    Dix-sept ans est sans doute l'âge mental de M. La Morandais, car son idée du plaisir traduit cet âge, exactement comme les types de dix-sept ans appellent "amour" le coït, ce qui est une manière de le diviniser, à un point jusqu'où le paganisme n'a pas osé aller. Petit Roméo va en enfer guidé par un prêtre, nous montre Shakespeare, et cette leçon-là vaut soixante dix-sept fois sept fois les babils de La Morandais et du pape Wojtyla à l'attention des jeunes paroissiennes en fleur. 

  • L'athéisme

    Je distingue habituellement deux sortes d'athées. Ceux qui sont sentimentaux, et ceux qui ne le sont pas ou peu. Ainsi, le peu d'intérêt que j'ai pour la littérature de Houellebecq vient de ce que son auteur est manifestement du type sentimental, un sentimentalisme analogue à celui du misanthrope. En disant qu'il est "un écrivain qui vit avec son temps", Houellebecq trahit qu'il est un écrivain entièrement charnel.

    Molière nous montre à travers Don Juan le type de l'athée supérieur ou dominant, entièrement dépourvu de sentiments. Cette sorte d'athée connaît souvent une mort brutale et soudaine, la plus désirable quand on ne nourrit pas d'autre espoir que l'espoir de jouissance. Plus désirable, certainement, que le suicide lent et vaguement masochiste qu'acceptent des athées moins raffermis en guise d'existence. 

    Dans sa critique radicale de la société, il était logique que Molière imagine un personnage tel que Don Juan, beaucoup moins ridicule que tous les autres types sociaux, car se comportant rationnellement et avec courage, n'hésitant pas de temps en temps à défier la mort, bref jouant beaucoup moins la comédie que les personnages qu'il croise ; Don Juan joue seulement la comédie de l'amour, car l'amour est du registre exclusif de la comédie.

    Il est tentant de croire que Molière fait l'apologie de Don Juan ou qu'il est derrière ce personnage, comme Shakespeare derrière Hamlet. Mais ce n'est pas le cas, faute de quoi Molière n'aurait pas pu écrire "Don Juan", mais seulement des ouvrages tels que ceux produits par le marquis de Sade.

    La démocratie est la victoire de Sganarelle sur Don Juan, ou plus exactement le prolongement de celui-ci par celui-là. La culture bourgeoise prolonge la culture aristocratique comme Sganarelle prolonge Don Juan. La culture bourgeoise a dieu et maître à la fois, comme Sganarelle. Le bourgeois invoque de temps en temps le nom de dieu ou de quelque succédané comme la paix dans le monde, l'égalité des hommes, avant de se remettre au travail sous l'effet d'un coup de pied au cul, flanqué par quelque esprit plus rationnel et indépendant. Mais comme le nombre des sganarelles ne cesse de croître, et celui des don juans de décliner, la bourgeoisie est condamnée à la panique générale et au chaos.

  • Chrétien et insulté

    ...par "Charlie Hebdo".

    Chrétiens, nous avons en partage avec les mahométans d'être insultés régulièrement par "Charlie-Hebdo", d'une manière qui nous rappelle les insultes des soudards romains, d'autant plus que la doctrine laïque dont ces descendants de soudards s'enorgueillissent est un néo-paganisme déguisé. Nietzsche a le courage de se dire suppôt de Satan, antisémite, antichrétien - courage que les soldats de seconde classe n'ont pas. 

    - Si les chrétiens s'abstiennent de répliquer à de telles insultes (Jésus-Christ s'est laissé insulter et cracher dessus sans rien dire et en s'abstenant d'user de son pouvoir divin, provoquant l'incompréhension de ses bourreaux), c'est parce que la tentation d'y répondre est satanique. Satan provoque les chrétiens comme il a provoqué le Christ Jésus au désert, l'incitant à user de la puissance que lui confère son père. Répliquer au blasphème est donc, pour le chrétien fidèle, un autre blasphème plus grand encore, dirigé contre sa propre foi.

    - Si un chrétien cherche à empêcher le blasphème des païens contre le Christ, comme l'évêque de Rome dernièrement, c'est la preuve qu'il se comporte comme Judas l'Iscariote, en zélé défenseur d'un dieu qui ne lui a pas demandé son aide. En effet, c'est en ne répliquant pas aux insultes des soudards romains, de leur chef ou des prêtres juifs, que le Christ Jésus fait la preuve de l'existence de l'amour - et devant cette preuve le monde et ses ministres ne peuvent que se tordre de rage ; en effet, si l'amour existe, alors le monde et ses actionnaires sont condamnés.

    - Mahométans, voyez comme l'on se permet de vous diaboliser, parce que deux d'entre vous ont répliqué par la violence à de sournoises provocations - c'était exactement le but visé par Satan, qui domine les politiciens et les prêtres comme ces derniers dominent les foules : en divisant pour mieux régner.

    Si la foi en dieu est un trésor, à quoi bon jeter de l'or à la figure de ceux qui prétendent qu'elle n'est que du plomb ? De ceux qui vivent désespérément isolés de tout, et même de leurs semblables, ce que leurs manifestations de solidarité, aussi massives que superficielles, trahissent - l'humanité au niveau de la chaleur animale.

     

     

  • Choc des civilisations

    Dieu lui-même, par la voix de son fils Jésus-Christ, proscrit à ses disciples de prendre part à la civilisation. On voit auparavant Moïse et son peuple fuir la civilisation, symbolisée par l'Egypte, pharaon et ses soldats.

    L'expression de "choc des civilisations" ne fait que décrire la civilisation en voie ou en cours d'implosion, ployant sous le nombre des instincts et des volontés contradictoires.

    La doctrine catholique au service de la civilisation est certainement l'aspect le plus évident du satanisme de cette religion "évolutive". Si la doctrine catholique romaine est aussi changeante, c'est parce qu'elle accompagne le changement de civilisation - et par conséquent le choc, car le conservatisme est le but de la civilisation et non le changement indéfini. Qui faut-il croire ? Augustin d'Hippone qui clame son indifférence vis-à-vis de la chute de Rome, ou les papes modernes qui prétendent détenir le secret de la paix mondiale et pouvoir en faire bénéficier les grands de ce monde ? Il faut croire les évangiles, qui dissuadent de croire que la civilisation peut être fondée sur une vérité universelle.

    Le relativisme de l'Occident, terme beaucoup plus précis pour décrire la religion partagée par la plupart des Occidentaux, athées actifs ou croyants passifs (démocrates-chrétiens), est la preuve que la théologie catholique n'a aucun fondement universel ; on juge l'arbre à ses fruits, prononce le Christ contre la tentative des Juifs d'accorder la loi de Moïse à leurs intérêts et l'échec de cette solution.

    Le manque d'intérêt des chrétiens pour l'art et la civilisation peut paraître égoïste à un esprit païen. La raison de ce mépris, outre qu'il serait complètement fantaisiste de vouloir rétablir la civilisation au point de non-retour où elle est rendue (c'est la tentative, plus vaine que déshonorante, du régime nazi), s'explique parce que la paix et le salut requièrent toutes les forces du chrétien, y compris sa volonté qu'il tient de Satan, grand ordonnateur de la vie et des choses vitales. 

  • Catholicisme (intransigeant)

    "Je n'achète que des fruits et des légumes de saison."

    Lucie, 26 ans, catholique. Témoignage cité (avec fierté) par "La Croix".

  • Le Christ anarchiste

    Le suppôt de Satan qui clame que le christianisme est une religion anarchiste afin de déconsidérer cette religion aux yeux du plus grand nombre, est moins éloigné de dieu que le soi-disant chrétien qui prétend que le christianisme a une vocation sociale.

    A toute présentation mensongère de son message, Jésus-Christ réagit par la colère, tandis que la violence meurtrière de Ponce Pilate et ses soldats le laisse impassible.

    Il n'y a pas eu, il n'y a pas et il n'y aura pas de cité chrétienne idéale, mais seulement des tentatives de restaurer la chair contre le message évangélique.

  • La Sainte Famille

    C'est sous ce titre que Karl Marx rédigea un pamphlet presque humoristique afin de ridiculiser la doctrine sociale des églises chrétiennes. Plus tard, le gendre de Marx, Paul Lafargue, fera preuve de la même ironie mordante dans un pamphlet fustigeant l'alliance du clergé chrétien et des banquiers capitalistes. Ce complot reste d'actualité, en dépit des effets de manche du pape Bergoglio et sa façon de pisser dans un violon en prêchant la paix mondiale.

    "Le Figaro" révélait récemment à ses lecteurs que le pape Jean-Paul II était peu ou prou un agent de la CIA. Si le rôle politique et moral de Rome en Europe est de plus en plus résiduel, les élites politiques et moral préférant se dire "laïques", le catholicisme demeure bien implanté dans les continents exploités par l'Occident.

    Bien sûr on peut objecter que le communisme a joué un rôle similaire de religion antiaméricaine, afin de s'opposer à l'influence des Etats-Unis. Sans doute, mais Marx n'en est pas la cause, de même que Jésus-Christ n'a pas poussé Judas à le trahir.

    On peut d'ailleurs se passer de Marx pour remarquer que la famille est un principe essentiellement païen. Chaque nouvelle doctrine sociale chrétienne dans le domaine de la famille ne peut manquer de porter atteinte au droit naturel sur lequel les législations païennes reposent, tout en trahissant l'esprit évangélique, essentiellement anarchiste ou antisocial. Toutes les paraboles expliquent que l'amour et la vérité divines ne peuvent se concevoir selon le cours ordinaire de la volonté et des entreprises humaines. En tant qu'animal social, l'homme est donc voué à la mort. La plus grande erreur est de croire qu'il peut y avoir une société chrétienne exemplaire.

    Pour ce qui est de faire croire à la sainteté de la démocratie-chrétienne, à sa pureté d'intention, c'est-à-dire pour ce qui est d'induire les faibles d'esprit en erreur, il s'agit de la stratégie de l'Antéchrist en personne, et les chrétiens doivent donc viser cette stratégie comme on vise la tête du dragon, ou comme le Messie s'opposa aux pharisiens.

    Les païens, qui nient selon leur doctrine que l'histoire puisse avoir un autre sens que celui de l'éternel retour des choses suivant le cycle des saisons, feraient bien de se demander, si l'histoire n'a pas de sens, comment il se fait que le pharisaïsme démocrate-chrétien puisse tenir le haut du pavé ? Servir de culte aux armées les plus puissamment armées ?

    De voir que des païens ou des athées ont pu parfois combattre la doctrine sociale chrétienne comme un ferment d'iniquité, c'est-à-dire rétablir une partie de la vérité, devrait être une provocation pour les chrétiens qui ne le font pas à lutter contre les cartels démocrates-chrétiens et leur fornication.