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Lapinos - Page 25

  • Le Christ dans le métro

    Je croise dans le métro, ligne 8, un jeune chrétien qui prêche intelligemment à la rame. - Jésus-Christ, dit-il, n'est pas venu fonder une religion, mais les détruire toutes. La trentaine ou un peu moins, l'apparence et le costume d'un VRP, calme, pas d'effet dramatique dans son discours, ni d'indice de folie - originaire du Maghreb.

    Les robots qui se rendent au boulot prêtent un peu l'oreille, pour ceux qui n'ont pas un casque à diffuser de la musique sur la tête, délivrant un ordre de mission cool. La santé mentale apparente du prêcheur est ce qui plaide le plus en sa faveur.

    L'indifférence reprendra ses droits dans une, deux ou trois stations. Il n'y a pas d'amour, mais de l'indifférence, dira l'athée, justifié par la plupart des faits et gestes de ses contemporains ; de l'indifférence et de l'appétit. Le prêtre chrétien ne doit pas s'attendre à ce que son prêche ait un effet de masse, surtout dans les derniers temps de la terre et de l'humanité, de l'avènement de l'antéchrist.

  • Moyen et but

    La volonté n'est rien au regard de la vérité.

  • Fornication catholique

    Le péché de fornication est la pire chose dont on puisse accuser un chrétien. La colère du Christ Jésus est chaque fois déclenchée par elle contre ses disciples ou les Juifs, tandis que Jésus n'a pas de réaction en face du blasphème des païens.

    Le clergé romain est le principal responsable de l'occultation de ce péché contre l'esprit de dieu, afin de retarder l'apocalypse pour le compte de la bête de la terre. En faisant croire que l'on peut prévenir la fornication par la morale sexuelle, alors que la fornication EST la morale sexuelle.

    Idiot utile, le "père" Alain de La Morandais (tu n'appelleras "père" que ton dieu et ton dieu seul, dit l'écriture sainte), est convoqué par les chaînes de propagande capitaliste, télévision ou radio, dès qu'il s'agit de fournir une explication aux paroles de l'évêque de Rome, son chef, en matière de morale catholique. Les authentiques chrétiens n'ont pas de chef et sont responsables de leur propre salut, et M. de la Morandais s'exprime au nom de son club de branleurs capitalistes, et en lui seul. De même quant un éditorialiste du "Figaro" a l'audace de se dire "chrétien", ne voyez-là qu'une manifestation de la ruse de Satan.

    Le divin La Morandais, prêt à toutes les galipettes pour cinq minutes dans la lumière des projecteurs, déclare à des centaines de milliers de Français, voire des millions, que "le plaisir sexuel est un don de dieu" (!) ; la preuve, il l'a lu dans un traité du pape Karol Wojtyla. Sans rire. Bien sûr le fromage et le pinard des moines sont un cadeau de dieu, à ce compte-là. Voilà comment on efface les paroles du Messie sur la faiblesse de la chair dans l'Eglise catholiques - exactement comme on vend des savonnettes à la télé. Spirituellement, il n'y a aucune différence entre ces deux propositions.

    Si j'avais dix-sept ans aujourd'hui, l'âge pas très sérieux où les sociétés totalitaires s'efforcent de maintenir leurs citoyens, je me convertirais sans attendre à l'islam, équivalent du catholicisme en moins femelle (comparez l'équipement du croisé chrétien aujourd'hui, et celui du djihadiste musulman). Et pourquoi ça ? Parce que la violence est une source immense de plaisir, et que ce plaisir vient de dieu, disent les crétins, en trempant leur biscuit dans une tasse de thé.

    Dix-sept ans est sans doute l'âge mental de M. La Morandais, car son idée du plaisir traduit cet âge, exactement comme les types de dix-sept ans appellent "amour" le coït, ce qui est une manière de le diviniser, à un point jusqu'où le paganisme n'a pas osé aller. Petit Roméo va en enfer guidé par un prêtre, nous montre Shakespeare, et cette leçon-là vaut soixante dix-sept fois sept fois les babils de La Morandais et du pape Wojtyla à l'attention des jeunes paroissiennes en fleur. 

  • L'athéisme

    Je distingue habituellement deux sortes d'athées. Ceux qui sont sentimentaux, et ceux qui ne le sont pas ou peu. Ainsi, le peu d'intérêt que j'ai pour la littérature de Houellebecq vient de ce que son auteur est manifestement du type sentimental, un sentimentalisme analogue à celui du misanthrope. En disant qu'il est "un écrivain qui vit avec son temps", Houellebecq trahit qu'il est un écrivain entièrement charnel.

    Molière nous montre à travers Don Juan le type de l'athée supérieur ou dominant, entièrement dépourvu de sentiments. Cette sorte d'athée connaît souvent une mort brutale et soudaine, la plus désirable quand on ne nourrit pas d'autre espoir que l'espoir de jouissance. Plus désirable, certainement, que le suicide lent et vaguement masochiste qu'acceptent des athées moins raffermis en guise d'existence. 

    Dans sa critique radicale de la société, il était logique que Molière imagine un personnage tel que Don Juan, beaucoup moins ridicule que tous les autres types sociaux, car se comportant rationnellement et avec courage, n'hésitant pas de temps en temps à défier la mort, bref jouant beaucoup moins la comédie que les personnages qu'il croise ; Don Juan joue seulement la comédie de l'amour, car l'amour est du registre exclusif de la comédie.

    Il est tentant de croire que Molière fait l'apologie de Don Juan ou qu'il est derrière ce personnage, comme Shakespeare derrière Hamlet. Mais ce n'est pas le cas, faute de quoi Molière n'aurait pas pu écrire "Don Juan", mais seulement des ouvrages tels que ceux produits par le marquis de Sade.

    La démocratie est la victoire de Sganarelle sur Don Juan, ou plus exactement le prolongement de celui-ci par celui-là. La culture bourgeoise prolonge la culture aristocratique comme Sganarelle prolonge Don Juan. La culture bourgeoise a dieu et maître à la fois, comme Sganarelle. Le bourgeois invoque de temps en temps le nom de dieu ou de quelque succédané comme la paix dans le monde, l'égalité des hommes, avant de se remettre au travail sous l'effet d'un coup de pied au cul, flanqué par quelque esprit plus rationnel et indépendant. Mais comme le nombre des sganarelles ne cesse de croître, et celui des don juans de décliner, la bourgeoisie est condamnée à la panique générale et au chaos.

  • Chrétien et insulté

    ...par "Charlie Hebdo".

    Chrétiens, nous avons en partage avec les mahométans d'être insultés régulièrement par "Charlie-Hebdo", d'une manière qui nous rappelle les insultes des soudards romains, d'autant plus que la doctrine laïque dont ces descendants de soudards s'enorgueillissent est un néo-paganisme déguisé. Nietzsche a le courage de se dire suppôt de Satan, antisémite, antichrétien - courage que les soldats de seconde classe n'ont pas. 

    - Si les chrétiens s'abstiennent de répliquer à de telles insultes (Jésus-Christ s'est laissé insulter et cracher dessus sans rien dire et en s'abstenant d'user de son pouvoir divin, provoquant l'incompréhension de ses bourreaux), c'est parce que la tentation d'y répondre est satanique. Satan provoque les chrétiens comme il a provoqué le Christ Jésus au désert, l'incitant à user de la puissance que lui confère son père. Répliquer au blasphème est donc, pour le chrétien fidèle, un autre blasphème plus grand encore, dirigé contre sa propre foi.

    - Si un chrétien cherche à empêcher le blasphème des païens contre le Christ, comme l'évêque de Rome dernièrement, c'est la preuve qu'il se comporte comme Judas l'Iscariote, en zélé défenseur d'un dieu qui ne lui a pas demandé son aide. En effet, c'est en ne répliquant pas aux insultes des soudards romains, de leur chef ou des prêtres juifs, que le Christ Jésus fait la preuve de l'existence de l'amour - et devant cette preuve le monde et ses ministres ne peuvent que se tordre de rage ; en effet, si l'amour existe, alors le monde et ses actionnaires sont condamnés.

    - Mahométans, voyez comme l'on se permet de vous diaboliser, parce que deux d'entre vous ont répliqué par la violence à de sournoises provocations - c'était exactement le but visé par Satan, qui domine les politiciens et les prêtres comme ces derniers dominent les foules : en divisant pour mieux régner.

    Si la foi en dieu est un trésor, à quoi bon jeter de l'or à la figure de ceux qui prétendent qu'elle n'est que du plomb ? De ceux qui vivent désespérément isolés de tout, et même de leurs semblables, ce que leurs manifestations de solidarité, aussi massives que superficielles, trahissent - l'humanité au niveau de la chaleur animale.

     

     

  • Choc des civilisations

    Dieu lui-même, par la voix de son fils Jésus-Christ, proscrit à ses disciples de prendre part à la civilisation. On voit auparavant Moïse et son peuple fuir la civilisation, symbolisée par l'Egypte, pharaon et ses soldats.

    L'expression de "choc des civilisations" ne fait que décrire la civilisation en voie ou en cours d'implosion, ployant sous le nombre des instincts et des volontés contradictoires.

    La doctrine catholique au service de la civilisation est certainement l'aspect le plus évident du satanisme de cette religion "évolutive". Si la doctrine catholique romaine est aussi changeante, c'est parce qu'elle accompagne le changement de civilisation - et par conséquent le choc, car le conservatisme est le but de la civilisation et non le changement indéfini. Qui faut-il croire ? Augustin d'Hippone qui clame son indifférence vis-à-vis de la chute de Rome, ou les papes modernes qui prétendent détenir le secret de la paix mondiale et pouvoir en faire bénéficier les grands de ce monde ? Il faut croire les évangiles, qui dissuadent de croire que la civilisation peut être fondée sur une vérité universelle.

    Le relativisme de l'Occident, terme beaucoup plus précis pour décrire la religion partagée par la plupart des Occidentaux, athées actifs ou croyants passifs (démocrates-chrétiens), est la preuve que la théologie catholique n'a aucun fondement universel ; on juge l'arbre à ses fruits, prononce le Christ contre la tentative des Juifs d'accorder la loi de Moïse à leurs intérêts et l'échec de cette solution.

    Le manque d'intérêt des chrétiens pour l'art et la civilisation peut paraître égoïste à un esprit païen. La raison de ce mépris, outre qu'il serait complètement fantaisiste de vouloir rétablir la civilisation au point de non-retour où elle est rendue (c'est la tentative, plus vaine que déshonorante, du régime nazi), s'explique parce que la paix et le salut requièrent toutes les forces du chrétien, y compris sa volonté qu'il tient de Satan, grand ordonnateur de la vie et des choses vitales. 

  • Catholicisme (intransigeant)

    "Je n'achète que des fruits et des légumes de saison."

    Lucie, 26 ans, catholique. Témoignage cité (avec fierté) par "La Croix".

  • Le Christ anarchiste

    Le suppôt de Satan qui clame que le christianisme est une religion anarchiste afin de déconsidérer cette religion aux yeux du plus grand nombre, est moins éloigné de dieu que le soi-disant chrétien qui prétend que le christianisme a une vocation sociale.

    A toute présentation mensongère de son message, Jésus-Christ réagit par la colère, tandis que la violence meurtrière de Ponce Pilate et ses soldats le laisse impassible.

    Il n'y a pas eu, il n'y a pas et il n'y aura pas de cité chrétienne idéale, mais seulement des tentatives de restaurer la chair contre le message évangélique.

  • La Sainte Famille

    C'est sous ce titre que Karl Marx rédigea un pamphlet presque humoristique afin de ridiculiser la doctrine sociale des églises chrétiennes. Plus tard, le gendre de Marx, Paul Lafargue, fera preuve de la même ironie mordante dans un pamphlet fustigeant l'alliance du clergé chrétien et des banquiers capitalistes. Ce complot reste d'actualité, en dépit des effets de manche du pape Bergoglio et sa façon de pisser dans un violon en prêchant la paix mondiale.

    "Le Figaro" révélait récemment à ses lecteurs que le pape Jean-Paul II était peu ou prou un agent de la CIA. Si le rôle politique et moral de Rome en Europe est de plus en plus résiduel, les élites politiques et moral préférant se dire "laïques", le catholicisme demeure bien implanté dans les continents exploités par l'Occident.

    Bien sûr on peut objecter que le communisme a joué un rôle similaire de religion antiaméricaine, afin de s'opposer à l'influence des Etats-Unis. Sans doute, mais Marx n'en est pas la cause, de même que Jésus-Christ n'a pas poussé Judas à le trahir.

    On peut d'ailleurs se passer de Marx pour remarquer que la famille est un principe essentiellement païen. Chaque nouvelle doctrine sociale chrétienne dans le domaine de la famille ne peut manquer de porter atteinte au droit naturel sur lequel les législations païennes reposent, tout en trahissant l'esprit évangélique, essentiellement anarchiste ou antisocial. Toutes les paraboles expliquent que l'amour et la vérité divines ne peuvent se concevoir selon le cours ordinaire de la volonté et des entreprises humaines. En tant qu'animal social, l'homme est donc voué à la mort. La plus grande erreur est de croire qu'il peut y avoir une société chrétienne exemplaire.

    Pour ce qui est de faire croire à la sainteté de la démocratie-chrétienne, à sa pureté d'intention, c'est-à-dire pour ce qui est d'induire les faibles d'esprit en erreur, il s'agit de la stratégie de l'Antéchrist en personne, et les chrétiens doivent donc viser cette stratégie comme on vise la tête du dragon, ou comme le Messie s'opposa aux pharisiens.

    Les païens, qui nient selon leur doctrine que l'histoire puisse avoir un autre sens que celui de l'éternel retour des choses suivant le cycle des saisons, feraient bien de se demander, si l'histoire n'a pas de sens, comment il se fait que le pharisaïsme démocrate-chrétien puisse tenir le haut du pavé ? Servir de culte aux armées les plus puissamment armées ?

    De voir que des païens ou des athées ont pu parfois combattre la doctrine sociale chrétienne comme un ferment d'iniquité, c'est-à-dire rétablir une partie de la vérité, devrait être une provocation pour les chrétiens qui ne le font pas à lutter contre les cartels démocrates-chrétiens et leur fornication.

  • Universalisme

    Longue est la liste des notions dont le sens est complètement dévoyé, au sein d'une culture qui prétend briller par la précision et la "haute définition". Il n'y a pas besoin de gratter beaucoup l'épiderme de la civilisation judéo-chrétienne, qui procède presque entièrement de l'autojustification et du plaidoyer "pro-domo" pour remarquer que c'est la confusion qui domine, et non le sens juste. J'en ai déjà fait la remarque à propos du "matérialisme", dont la notion est complètement brouillée. Il va de soi qu'on ne peut être matérialiste, et accorder foi en même temps à la théorie d'Einstein selon laquelle l'espace et le temps prévalent sur la matière.

    De même le sens le plus répandu, qui consiste à qualifier la société de consommation de "culture matérialiste", est le plus erroné, car l'amour des objets de consommation, qui caractérise les personnes aliénées par cet amour, est une inclinaison bien plus sentimentale qu'elle n'est physique. La culture occidentale de la consommation est donc une culture animiste, ainsi que le goût du cinéma et la musique le trahissent aussi - un animisme débridé, sans doute, mais un animisme tout de même. Le totalitarisme en général, dont j'affirme en tant que chrétien que cette forme d'oppression nouvelle ne peut être dissociée de la culture judéo-chrétienne, se caractérise par son emprise sur l'âme, au lieu de l'ancienne contrainte physique. G. Orwell a fait opportunément cette remarque que les intellectuels sont beaucoup moins sensibles au totalitarisme que les personnes ordinaires. Cela est dû à une forme d'intelligence artificielle, capable en théorie de s'affranchir de la réalité. Pour ainsi dire la démocratie, et la petite musique séduisante de l'égalité qui soutient ce culte et le véhicule, en raison de son caractère purement théorique, ne peut être prônée que par des intellectuels, qui font ainsi le jeu du capitalisme, seul mouvement capable de donner à la démocratie une apparence de réalité en faisant reposer la société sur une concurrence accrue, facteur d'une injustice grandissante, puisque contribuant à faire de l'argent le principal étalon de l'égalité et du mérite.

    On peut en dire autant de l'individualisme, de l'humanisme, notions aussi communément mal traduites. Dans certains cas, la trahison est volontaire et sournoise. C'est le cas de l'individualisme, assimilé à l'égoïsme et accusé par certains propagandistes d'être un facteur de désorganisation sociale, quand c'est la mécanique technocratique, tentative d'appliquer aux sociétés un modèle d'organisation inspiré de la fourmilière, qui est la cause principale du désordre social. Or la technocratie repose sur la négation de la détermination individuelle, notamment à travers le darwinisme social, qui a inspiré aux économistes nazis, américains et soviétiques les solutions finales les plus catastrophiques. Ce n'est pas le volet réactionnaire ou nietzschéen, la filiation avec les Lumières de l'idéologie nazie qui firent la dangerosité de ce régime, mais sa culture industrielle et technocratique.

    L'universalisme, comme l'humanisme d'ailleurs, est dans beaucoup de bouches, comme une sorte d'idée chewing-gum qu'il convient de mâchonner pour avoir l'air d'exhaler de bonnes paroles qui parfument l'air autour de soi. J'entendais récemment un directeur de cirque déclamer sa passion pour les arts du cirque, ne manquant pas d'ajouter pour expliquer sa passion que le cirque est un art universel. Veut-il dire par là que le cirque est apprécié aux quatre coins de la planète ? Ce n'est pas mon cas, car je trouve le spectacle des clowns plutôt sinistre. Les enfants les apprécient surtout, mais les enfants ne sont-ils pas fascinés par les spectacles et les arts macabres ? En tant que Français, j'attrape la migraine au bout de quelques minutes d'écouter de la musique classique allemande ou des airs d'opéra italiens. Au même titre la connerie est universelle. Sans doute l'argent est aussi l'agent universel le plus répandu. On peut tout autant dire les cultures "diverses" qu'on peut les dire "universelles". Autrement dit la culture oppose autant les hommes qu'elle est susceptible de les rapprocher, le temps d'une beuverie, d'un film ou d'un épisode de fièvre amoureuse.

    Les moralistes qui démontrent que l'accès de l'homme aux notions ou aux choses universelles est barré par la mort, parce que celle-ci a tendance a réduire la conscience à la seule volonté, sont plus convaincants. Ils permettent de comprendre pourquoi le catholicisme évangélique est forcément anarchiste et antisocial - parce qu'il n'y a pas de société qui ne soit fondée sur le culte des morts, dont le christ Jésus a expressément affranchi ses apôtres. A l'inverse, le problème ou la question d'une notion ou d'une chose universelle n'a aucune raison d'être posée dans une culture de vie païenne, car celle-ci pose à la conscience humaine la limite d'une philosophie naturelle. Dans le paganisme, le rapport de l'homme et des sociétés avec la nature divinisée, prime ; dans le judaïsme ou le christianisme, seul le dépassement de ce rapport avec la nature divinisée compte. La notion de culture et celle d'universalisme n'ont donc rien à faire ensemble, étant antagonistes, tout comme la notion de culture et celle de science sont antagonistes. Un esprit scientifique digne de ce nom verra dans la culture le principal obstacle au progrès scientifique. L'argument culturel est le principal vecteur de l'idolâtrie. Vous voulez réduire le christianisme à néant ? Réduisez-le à ses aspects culturels, comme Feuerbach, c'est-à-dire aux applications sociales d'un message évangélique, qui proscrit absolument cette voie. Vous voulez réduire la science à néant : enfermez-la dans les spéculations de la géométrie algébrique, la plus culturelle des sciences.

  • Le Christ anarchiste

    S'aimer soi-même suivant l'incitation évangélique, à cause de la résistance sociale à cet amour-là, n'est pas le plus facile.

    Si on peut parler de "résistance sociale" à l'amour chrétien de soi, c'est parce que cet amour donne la force de s'opposer à l'aliénation sociale et ses différents vecteurs que sont l'argent, l'idolâtrie patriotique, ou encore la démocratie-chrétienne, en tant qu'elle représente une tentative d'étouffer le message évangélique dans l'oeuf, c'est-à-dire de faire passer la déclaration de guerre du Christ au monde pour une doctrine sociale.

    Le satanisme de Nietzsche est moins nuisible que la doctrine sociale de l'Eglise, pure fornication. Comment cela ? Parce que, tandis que le suppôt de Satan pose le principe de la faiblesse du Christ et des apôtres, du néant de cette doctrine, la doctrine de l'Eglise cultive cette faiblesse qui sert de preuve à l'antichrist, distillant une éthique judéo-chrétienne qui ne doit rien aux prophètes juifs et chrétiens, mais tout au calcul des nations judéo-chrétiennes et de leurs actionnaires.

    Un tel paradoxe ou une telle ruse est annoncé par les épîtres de Paul, l'apocalypse de Jean, ou encore Shakespeare, comme le règne de l'antichrist. Mais le camp des saints garde une confiance sans faille dans le fait que toutes les ruses de Satan seront déjouées, y compris le coup ultime du satanisme à visage juif ou chrétien.

  • Ethique

    Si l'homme juge avec beaucoup plus de sévérité ses contemporains que les hommes du passé, c'est parce que ces derniers sont un bien moins grand obstacle à ses intérêts.

    Mais Jésus-Christ, lui, sera sans cesse conspué ou trahi par les sociétés humaines, en raison de la menace permanente que ses paroles font planer sur celles-ci.

    La plus grande fortune en ce monde est d'avoir de la vertu, plutôt que des illusions modernes. En cela on ne peut démentir le suppôt de Satan Nietzsche. Mais c'est avoir une ambition limitée dans le temps que de viser la seule force de caractère que procure la vertu.

  • De la vertu au vice

    Quelqu'un me faisait remarquer ici récemment l'existence d'un nouveau magazine, intitulé "Vice", et apparemment assez en vogue sur Internet, en raison de sa conformité à l'esprit du temps.

    Le vice n'est pas la vertu des régimes ou des politiques sataniques (Rome et les Romains). L'antichrist Nitche prône la vertu contre le vice moderne. Le vice est la vertu des régimes mercantiles ; il n'est pas difficile d'observer de quelle sorte de nécessité les gouvernements occidentaux actuels sont captifs, ni de comprendre pourquoi leur prétention à l'humanisme déclenche les sarcasmes, et jusqu'au dégoût de l'humanisme chez certains, qui l'assimilent à l'hypocrisie.

    Quand le "judéo-christianisme" rime avec le mercantilisme ou le veau d'or, il n'y a que le pape pour ne nourrir aucun soupçon sur la tournure des événements politiques, à croire ou faire croire qu'il peut jouer les intermédiaires entre les puissants et les opprimés.

     

  • Tolstoï contre Shakespeare

    Bien plus que le marxisme, l'idéologie de Tolstoï coïncide avec la politique du régime soviétique. Ce dernier fut contraint à ses débuts de composer avec les masses paysannes et de leur accorder le partage des terres auquel la monarchie orthodoxe tsariste s'opposait. Lénine a eu l'intelligence ou la ruse de ne pas se mettre à dos la paysannerie, contrairement au nouveau pouvoir républicain en France, issu de la crise du régime monarchique de Louis XVI qui renonça à amadouer les paysans et préféra les affronter.

    Tolstoï rêvait d'une réforme agraire, préalable à une révolution sociale. Beaucoup d'idées socialistes progressistes sont nées dans la cervelle d'aristocrates chrétiens. Tocqueville est presque le seul moraliste français à avoir foi dans l'idéal démocratique égalitaire. On peut penser que de tels idéaux résultent de l'accord impossible entre les valeurs aristocratiques et le christianisme. De cette impossibilité résulte un moyen terme idéologique désastreux, dans la mesure où le socialisme constitue le coeur de l'idéologie totalitaire, liée à une traduction antichrétienne du message évangélique.

    Marx, quant à lui, est assez éloigné de croire que l'amélioration de la société puisse être une source de progrès véritable, voire un but de progrès. Sans doute est-il beaucoup trop juif ou chrétien pour le croire, car pour un juif ou un chrétien le progrès est du domaine de la métaphysique, à l'exclusion du domaine social entièrement charnel. Le discours de la "doctrine sociale chrétienne" est le vecteur de l'antichristianisme, que ce soit dans la version de Tolstoï, des pontifes romains modernes, ou dans la version laïcisée de Lénine. La version de Lénine est une fornication moins grande, car Lénine cherche moins à faire passer le progrès social pour une valeur chrétienne. Il n'en reste pas moins que la doctrine des soviets est tributaire de cette contrefaçon du christianisme que constituent les différentes doctrines sociales chrétiennes, tentatives dirigées contre l'esprit de dieu d'accorder l'amour de dieu avec la nécessité et les besoins humains.

    Comment appliquer les paraboles de Jésus-Christ sur le plan social ? Il ne faut pas chercher à le faire puisque le Christ n'a pas permis à ses apôtres de le faire sous peine de damnation. Il y a certainement une part de fornication dans la détermination de Judas Iscariote, c'est-à-dire de refus d'accepter la radicalité antisociale du message évangélique.

    Shakespeare, loin de témoigner de sa foi dans le progrès social comme Tolstoï, illustre non pas "le choc des cultures", expression presque entièrement dépourvue de sens puisque le sentiment identitaire implique une détermination guerrière (comme il est pacifique, le chrétien se purifie de tout sentiment identitaire), mais le heurt entre la détermination culturelle et le christianisme.

    Shakespeare a conscience que le christianisme fait table rase de toute forme de culture, autrement dit qu'il signe l'arrêt de mort de l'art. La littérature d'Homère illustrait déjà un tel phénomène, puisque Achille symbolise la culture, et Ulysse le progrès de la conscience humaine contre la culture. Ulysse est aussi individualiste qu'Achille est prisonnier de considérations sociales. Ce qui diffère chez Shakespeare, et ce pourquoi Tolstoï trouve qu'il manque de simplicité par rapport à Homère, c'est l'illustration que l'affrontement a lieu dans les temps modernes entre le christianisme et une culture qui se réclame du christianisme, directement ou indirectement, de sorte que la plupart des hommes ne mesurent pas l'enjeu de leur existence. Autrement dit l'apparente complexité de Shakespeare ne tient pas à Shakespeare lui-même, mais à une réalité sociale plus complexe et des ténèbres plus noires que celles de l'Antiquité.

  • Athéisme

    Il est toujours étonnant de voir des personnes sentimentales professer leur athéisme, dans la mesure où c'est précisément le sentimentalisme de certaines personnes qui disent croire en dieu qui fait douter, si ce n'est de leur sincérité, du moins de leur science.

    Athées ou croyantes, les personnes sentimentales sont d'abord des personnes sentimentales, c'est-à-dire la cible privilégiée de prêcheurs qui prônent une sorte de religiosité horizontale ou musicale. La musique ne s'élève pas, en effet, bien au-dessus des passions humaines.

    Au chrétien le doute n'est pas permis, car ce serait comme de partir à l'assaut en marchant à reculons. Bien sûr on peut avoir des raisons sentimentales de se battre, dans la vie - mais c'est à cette sorte de raisons qu'on reconnaît les suppôts de Satan, le soldat au sens humain du terme, jeune crétin manipulé par plus malin que lui.

    (L'organisation des armées en général fournit de précieux renseignements sur la manière dont procède Satan, et tout particulièrement l'organisation des armées catholiques. On pourrait décrire l'implication de Satan dans l'histoire en termes de stratégie militaire. L'antéchrist Nietzsche fait penser à ces officiers supérieurs qui ne comprennent pas les décisions politiques qui pèsent sur le cours de la guerre, n'hésitant pas à bafouer les valeurs ancestrales.)

  • Vérité heurte

    La vérité est aussi simple que le cerveau humain est complexe. La vérité heurte donc la nature de l'homme réfléchi.

    La morale est un domaine plein de paradoxes, toujours plus nombreux au cours du temps. Cette extension du domaine de la science marque l'éloignement de l'homme de la vérité sur lui-même, mieux connue aux origines de l'humanité qu'elle ne l'est maintenant.

    De la part de la psychanalyse, on ne peut qu'approuver l'intérêt pour la mythologie, en même temps qu'on se moquera de la prétention de la psychanalyse à révolutionner la médecine et à sonder l'âme, qui par définition n'a ni sens profond ni unité.

  • Culture de vie

    Selon l'affirmation de l'antichrist Nitche, la "culture de vie" est le fondement de la civilisation. Le mythe de la Genèse ne dit pas autre chose, puisque le serpent symbolise la vitalité ; les thaumaturges le prennent volontiers pour emblème.

    Il faut une certaine dose de "savoir-vivre", non pas au sens des bonnes manières, mais plutôt de l'endurcissement du corps et de l'âme afin de mieux résister aux petits et grands coups du sort, pour accorder du prix à la vie, qui n'a pas de logique en dehors d'elle-même, c'est-à-dire de la jouissance. L'ironie permet souvent à ceux qui savent jouir de s'accommoder de l'absurdité de la vie. C'est une façon de parer la douleur engendrée par la vanité ultime de la vie.

    Rien de plus raisonnable que le suicide pour des individus qui, ayant acquis le savoir-vivre, constatent le déclin de leurs forces vitales et ne peuvent plus rien faire pour l'enrayer, s'exposant ainsi gratuitement aux seules choses amères. Or sur ce point, on aboutit à un paradoxe surprenant : le suicide est bien plus "tabou" dans la culture moderne, bien que celle-ci ne soit pas une culture de vie, qu'il ne l'était dans l'antiquité païenne. Ce paradoxe n'est qu'apparent : une détermination culturelle masochiste, comme c'est le cas de la culture moderne ou encore de la plupart des femmes, exige un garde-fou plus élevé, un interdit religieux plus fort. Le manque de vertu, répandu dans les sociétés modernes et qui permet la domination des masses par quelques-uns, est à la fois le ciment de la société totalitaire et ce qui garantit son implosion révolutionnaire. La rhétorique totalitaire est bel et bien un ersatz de message chrétien ; c'est ce qui explique que des régimes ploutocratiques, aussi nettement éloignés du modèle du Christ Jésus que peut l'être un missile balistique baptisé par un aumônier catholique, continuent de faire référence au judaïsme ou au christianisme.

    Dans la culture moderne, la vie a un prix d'autant plus inestimable que la jouissance est réduite. On peut parler de "culture de mort" comme Nitche, ou encore de "culture de vie inconsciente", car la mort n'est visée dans la culture moderne que comme un souverain bien, une jouissance définitive plus mystique encore que celles que la vie procure de temps à autre. A cela on reconnaît que la culture moderne démocratique n'est pas chrétienne, contrairement aux dires des papes catholiques et des petits et grands actionnaires de l'Occident.

    - Quand Léopardi écrit que "Le suicide prouve dieu", il exprime là le point de vue de la métaphysique, selon lequel le pouvoir de la nature (Satan) sur l'homme n'est pas illimité - l'homme peut volontairement s'affranchir de la culture de vie, parce que celle-ci ne répond pas à son besoin de science.

    Le suicide, direct ou par privation masochiste des plaisirs naturels, ne permet pas de connaître dieu, mais il prouve son existence, puisqu'il est aussi difficile à l'homme de trouver le sens de l'existence qu'il est aisé au singe de le découvrir. La culture moderne est donc hantée par le fantôme de dieu, sa probabilité, en même qu'elle est plus éloignée encore de dieu que ne l'étaient les sociétés païennes antiques.

  • Satan dans l'Eglise

    Si les chrétiens fidèles à la parole divine doivent s'abstenir de se mêler de politique, au contraire de nombreux catholiques infidèles qui ne craignent pas la damnation, c'est pour la raison que l'ordre politique ne permet pas de se rapprocher de la vérité divine, mais seulement de Satan qui préside au destin du monde.

    Ceux-là qui consolident leurs ambitions morales et politiques à l'aide de slogans chrétiens ne valent pas mieux que les pharisiens qui ont cru pouvoir assassiner le Christ Jésus pour le faire taire.

    Face au principe de vertu et au droit naturel des païens, un chrétien doit se comporter ainsi : - ne jamais christianiser la vertu ou le droit : il n'y a pas de pire abomination qu'un tribunal civil ou pénal qui prétend rendre la justice au nom du dieu des chrétiens. Par ailleurs un chrétien doit souligner que le monde moderne n'est pas vertueux, notamment en raison de la fausse science évolutionniste qui traduit une anthropologie débile. Toutes les idées politiques modernes ont la couleur et l'apparence d'idées chrétiennes, mais leur finalité éthique et politique est suffisante pour indiquer qu'elles ne le sont pas, mais une ruse de Satan afin de diviser les hommes afin qu'ils se désintéressent de la vérité universelle.

    Satan applique une stratégie de la terre brûlée, et il le fait à l'aide de pyromanes soi-disant chrétiens.

     

  • Science sans conscience

    ...n'est que ruine de l'âme.

    J'ai déjà dit sur ce blogue combien la "conscience chrétienne" dont Rabelais fait état dans cet avertissement, diverge de l'éthique, sorbonagrerie néoplatonicienne de clercs ineptes. J'en veux pour preuve que le darwinisme, promotion d'un déterminisme barbare et totalitaire, reçoit la caution la plus souvent aveugle d'exemplaires tartufes, attachés par ailleurs à brandir la bannière de l'éthique, y compris jusque sur le terrain de la guerre où elle est vouée à être indéfiniment bafouée par des lois supérieures.

    D'éthique de la liberté il n'est pas question dans le christianisme. Les évangiles illustrent une conception chrétienne de la liberté OPPOSEE à celle de l'éthique, contrairement au païen Platon. "Ethique de la liberté" : la formule est d'un pasteur et universitaire protestant, Jacques Ellul, sournoisement occupé à promouvoir le choc des cultures sous couvert d'anarchie. J. Ellul aurait mieux fait de lire les paraboles du Christ, qui montrent toutes le fossé qui sépare la charité de l'éthique. Il aurait aussi pu lire Platon, et comprendre ainsi à quel point l'éthique est compatible avec l'esclavage.

    J'allais oublier Molière : l'aumône de Don Juan au pauvre est significative de la démarche éthique, dont Molière montre ici le caractère de parodie subtile de la charité. Don Juan est athée : son geste a une dimension sociale. Il ne fait pas l'aumône suivant le commandement de dieu, mais pour le bien du monde, c'est-à-dire au fond pour lui-même, car Don Juan a conscience que la société n'a qu'une valeur relative. Et Molière, lui, sait que la société n'a aucune valeur du point de vue chrétien.

    Ce que Rabelais dit de la science, on peut le dire de l'amour : "Amour sans conscience n'est que ruine de l'âme." (Cela ne vaut pas d'abord pour les putains, dont bien souvent la conscience est plus nette des véritables ressorts de l'amour humain que les filles à papa.)

    Science et amour se confondent parfaitement du point de vue chrétien. L'incitation à la conscience dans la science est ainsi incompréhensible du point de vue païen, qui relève du droit naturel et de la philosophie naturelle. La nature est pour le physicien païen un dieu seulement partiellement pénétrable. Le physicien païen s'incline devant la nature qui en saura toujours plus que lui.

    Sauf la dimension de respect, la technocratie moderne répète exactement la même mentalité. L'éthique moderne, substituée à la conscience chrétienne authentique, n'est là que pour affranchir la science du respect, c'est-à-dire pour attribuer à l'homme une capacité qui n'est pas la sienne, mais celle de l'homme. Les soi-disant "comités d'éthiques" ne sont là que pour servir de caution à la barbarie moderne. L'athéisme ou l'éthique chrétienne sont des armes juridiques au service de la domination occidentale. Si complot de l'Occident il y a, il consiste surtout à faire passer les valeurs occidentales pour des valeurs "scientifiques", ce qu'elles ne sont pas. Les mathématiques sont une science inférieure à la poésie, et bien souvent les mathématiciens n'ont de la nature ou de l'univers que des supputations pour toute connaissance.

    Les propagandistes modernes de l'éthique juive, chrétienne ou laïque, sont en réalité les artisans de la destruction de l'humanisme chrétien authentique. L'éthique chrétienne substitue le néant à dieu - il devient ainsi possible de passer de l'athéisme au christianisme, et du christianisme à l'athéisme, comme on enfonce une porte ouverte.

    Simultanément, d'une manière tragique et qui a été illustrée par Shakespeare dans plusieurs pièces, l'éthique chrétienne (l'odeur qui empeste le Danemark) incline l'amour dans le sens de la mort (suivant le mobile qui détermine Ophélie). Il ne s'agit pas pour Shakespeare comme certains l'ont cru (Nitche) de dénoncer le christianisme, mais bien de dénoncer une morale chrétienne-platonicienne qui dissimule derrière l'argument de la tradition l'occultation du message évangélique, de sorte que la culture médiévale n'est qu'un syncrétisme abject dans la plupart de ses propositions, notamment les plus officielles.