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Lapinos - Page 44

  • L'Avenir de l'homme

    Tandis que la femme cède au plan de l'avenir, l'homme a le don d'y résister. C'est ce qui fait de lui un animal moins religieux.

    Des nations qui donnent dans le panneau publicitaire, c'est-à-dire la solution finale de l'anthropophagie moderne, on peut être certain qu'elles sont sous la domination des femmes ou du féminisme, par conséquent ravagées par le sentiment de culpabilité et cultivant le goût de l'esclavage volontaire par où les femmes justifient le plus souvent leur existence.

    L'éloge de la démocratie en Amérique, au XXIe siècle, ne peut être le fait que de menteurs professionnels et de collaborateurs actifs.

  • Civilisation

    La civilisation est égyptienne ou elle n'est pas. La civilisation n'a fait que se dégrader depuis les pharaons. L'homme civilisé se dirige vers l'avant, ignorant que son but est derrière lui. Il n'y a rien de neuf sous le soleil de la civilisation depuis l'Egypte, que des formes anciennes plus ou moins bien remises au goût du jour.

    C'est pourquoi on trouve déja dans la Grèce antique des anarchistes bien plus pertinents que les nôtres, trouvant déjà la civilisation ennuyeuse et statique, et peu préoccuppés de bâtir une civilisation idéale. Cette race d'hommes a l'heur d'ignorer la sociologie et les anthropologues emberlificoteurs d'autrui pour se rassurer eux-mêmes.

  • L'Humanité

    Plus l'homme est petit et faible, plus l'humanité s'écrit avec une majuscule, et plus les hommes se trucident entre eux. C'est le piège où Satan est tombé.

  • Civilisation

    "Jésus-Christ, le premier, a désigné clairement aux hommes le laudateur et le maître de toutes les fausses vertus, le détracteur et le persécuteur de toutes les vraies, l'adversaire de toute grandeur réelle et proprement humaine, le contempteur de tout sentiment élevé, du moment qu'il ne paraît pas feint, de toute affection tendre, sitôt qu'elle semble profonde.

    Cet esclave des forts, ce tyran des faibles, cet ennemi des malheureux, il l'a nommé le monde, et c'est le nom qui lui est resté jusqu'ici dans toutes les langues modernes. Avant l'ère chrétienne, cette idée générale, qui est si vraie, qui a été et qui sera si profitable, n'est venue, me semble-t-il, à personne, et je ne connais aucun philosophe païen qui l'exprime par un terme unique ou sous une forme précise. Peut-être auparavant l'imposture et la lâcheté n'avaient-elles pas pris l'ampleur que nous leur connaissons et la civilisation n'en serait-elle pas arrivée à ce point où elle se confond pour l'essentiel avec la corruption.

    En somme, l'homme que je viens d'évoquer et que nous a montré Jésus-Christ, est l'homme que nous appelons civilisé : il est ce que la raison et l'intuition ne nous révèlent pas, ce que les livres et les éducateurs nous annoncent, ce que l'exemple de la nature nous présente comme chimérique et que seule l'expérience de la vie nous fait connaître, et admettre. Il me reste à ajouter que cette idée, bien que générale, s'applique, en tout point, à d'innombrables individus."

    Leopardi

    (la démocratie chrétienne est l'idée de "Jésus-Christ, sauveur du monde")

  • Théorie du genre

    La théorie du genre n'est qu'une casuistique dérivée du droit canonique, et de l'invention de l'anthropologie au moyen-âge. Comme l'est le darwinisme, de surcroît. Pour prouver que la théorie du genre est une science, encore faut-il recevoir l'évolutionnisme comme une science, et pourquoi pas l'athéisme, la laïcité et les bouquins déconnants de Michel Onfray à l'usage du populo. Dans ces cas-là, celui qui a le meilleur avocat l'emporte. Quel spectacle plus affligeant qu'un débat entre un partisan de la théorie du genre et un opposant ? Les reportages sur la vie des animaux sont moins stériles.

    Le plus intéressant est de savoir pourquoi les clercs romains ont inventé l'anthropologie et, partant, tout le merdier de la justification de l'homme par l'homme afin de se rassurer, pourquoi ils l'ont inventée contre la Bible, qui n'a rien d'anthropologique.

    L'anthropologie médiévale résulte tout simplement de l'impossibilité, pour édicter des règles de vie chrétiennes, de se fonder sur les paraboles évangéliques, en même temps que de l'impossibilité de reprendre telle quelle la morale païenne naturelle. D'où cette troisième voie la plus frauduleuse, qui est celle de l'homme sans autre religion que la sienne (et sa maman aussi, quand même).

  • Décadence

    Rares sont les hommes d'élites qui ont le courage de regarder en face le fait de la décadence, à l'instar de Nitche. Les pleutres disciples de l'antéchrist se sont efforcés de gommer le constat de la mort de l'art par leur héraut.

    A la décadence, les élites libérales et démocrates-chrétiennes opposent le retour éternel et cyclique du profit. Dans ce régime, l'inflation galopante a le don de provoquer une grave crise religieuse. Le fachisme emprunte sans doute à Nitche sa mystique, mais il doit tout pour la cause au libéralisme. On retrouve ici la mécanique sociale implacable décrite par Moïse de la provocation de l'homme par la femme. Toute tentative d'imposer l'éthique dans le judaïsme ou dans le christianisme implique de donner du mythe de la Genèse une version truquée. TOUTE DOCTRINE SOCIALE CHRETIENNE oblige à nier le péché originel. La théologie catholique romaine, à cet égard, est passée au cours du dernier siècle, du mensonge par omission qui la caractérisait auparavant, au mensonge positif. De Calvin, on peut excuser l'erreur d'une lecture trop humaine de la Genèse, à côté d'une incitation sincère et efficace à la charité et au désembourgeoisement nécessaire pour se rapprocher de l'Esprit de Dieu. Mais du psychologue démocrate-chrétien, il faut botter le fondement sans hésiter ; son erreur n'est pas une erreur mais un calcul. Il faut comme Freud renier Moïse pour pouvoir prêcher la psychanalyse comme une science.

    Dans la décadence, significative pour l'aristocrate de la perte de son droit de jouissance, il y a au contraire pour l'homme de plus basse extraction une opportunité à saisir : le genre d'opportunité que les premiers apôtres n'ont pas laissé passer ; cette opportunité n'est pas la révolution, où l'élitisme trouve encore un intérêt virtuel.

    Pour cela, l'homme ou la femme de basse condition doit s'affranchir de la souveraineté populaire, qui n'est qu'une ruse inventée par les "rois très chrétiens", et plus encore de l'égalité, que la République n'a jamais accomplie et qu'elle n'accomplira jamais, car, comme le disent Nitche et Marx ensemble, elle est juridiquement impossible. Rien n'est plus facile que de s'affranchir d'idéaux truqués : il suffit d'imiter l'écolier au début des vacances qui fait un tas de ses cahiers, ses copies et ses brouillons, et y flanque le feu, accomplissant ainsi l'autodafé de ses certitudes passées. La difficulté est surtout pour le vieillard, car son idéal est comme la troisième jambe sur laquelle il s'appuie dans sa vieillesse pour continuer d'avancer. Le danger de la moraline judéo-chrétienne ou républicaine, et en cela on ne peut que confirmer le diagnostic du docteur Nitche, c'est qu'elle incite l'homme à penser en harmonie avec la mort.

  • De natura rerum

    Où la science naturelle de Nitche est défaillante, et son "Retour éternel" néo-païen :

    - ce qui "dénature la nature" dans la philosophie naturelle de Nitche, provient de ce qu'il l'envisage sous l'angle exclusif du rapport personnel qu'il veut s'efforcer d'entretenir avec elle, c'est-à-dire comme un "potentiel". C'est sans doute un angle à la fois plus limité et plus réaliste que celui de l'exploitation capitaliste des ressources naturelles à l'infini, principal ressort de l'anthropologie moderne fustigée par Nitche.

    Cela revient à considérer le système solaire ou le zodiaque (chiffré 666 dans le christianisme) comme un organisme gigantesque en perpétuel renouvellement. Sans tenir compte de la part qui n'est pas organique, ou seulement comme une base neutre, un point de départ, auquel vient se heurter l'idée de cycle.

    La conscience, pour Nitche, est liée à la vie. Celle qu'il prête à la nature divine, est aussi liée à la vie et aux cycles. Il s'accorde ainsi avec les prêtres romains antiques, et sa morale aristocratique est similaire. Lucrèce, peut-être encore mieux que Nitche, discernait que cette philosophie naturelle est sans solution pratique sur le plan religieux et populaire. Un peu trop dissuasive des travaux des champs pour le compte d'un maître. Les idoles sont nécessaires, leur culte sans doute un peu plus esthétique que le rituel du triage des déchets.

    Cette conception ferme la porte à la métaphysique. C'est-à-dire, selon Aristote, à ce qui dans la nature n'obéit pas aux lois cycliques de la biologie, mais paraît au contraire immuable. Nitche n'a d'intérêt que pour la puissance, la réunion du corps et de l'âme permise par le culte païen, tandis que l'éthique moderne entraîne un effet de division et d'affaiblissement de l'homme sur le modèle de la femme.

    Malgré l'occultation de la métaphysique (mêlée à l'éthique, elle fonde toutes les variétés de pataphysiques), la conception biologique ou vitale des païens Romains, leur "culture de vie", paraît plus sérieuse que les modèles mathématiques anthropologiques, prônés par les technocrates : ces derniers impliquent une conscience plus mécanique, non pas liée à la vie, mais qui serait plus conforme au mobile du robot, le plus éthique, et qui permettrait si l'homme l'imitait, d'accomplir enfin la démocratie.

  • Ethique & Civilisation

    Le principe de base de l'éthique est de faire de ses qualités des vertus, et des défauts d'autrui des péchés. Ainsi les hommes reprochent habituellement aux femmes leur ruse et leur séduction, et les femmes accusent les hommes d'être brutaux et balourds.

    L'homme trouve ainsi dans son âme toutes les ressources pour se justifier et donner un sens à son existence.

    La civilisation ou la culture ne fait que répéter le même principe à l'échelon politique ou religieux. Il y a deux sortes de moralistes : ceux qui sont payés pour édicter la règle commune ou l'adapter à la nouvelle donne économique, et les moralistes plus indépendants, qui se chargent de ramener pour eux-mêmes l'éthique à un niveau plus raisonnable, quand les tartuffes officiels font de l'absurdité ou du nihilisme une raison de vivre. Ainsi de l'éthique actuelle, où le devoir assigné à l'homme est d'être un chancre ou un cinéphile : bien qu'isolés, cette morale a ses détracteurs.

    L'historien ne peut donc s'accommoder de l'idée de civilisation ou de culture, afin de discerner si l'histoire a un sens ou pas ; faute de quoi il ne fera qu'un album de clichés photographiques, adapté au contexte. En Allemagne, le catéchisme prête majoritairement à la révolution française de 1789 un sens chrétien idéaliste. Nitche, qui lui prête le sens d'une contre-culture catastrophique, a peu de disciples en Allemagne, en raison du fachisme et des lois éthiques contre lui. En France, le catéchisme prête majoritairement à cette même révolution française le sens d'une émancipation de la religion.

    En tant qu'elle inclut le progrès éthique et celui de la civilisation, l'histoire selon Hegel ne vaut rien. Hegel conduit au paradoxe typiquement anthropologique d'indiquer le mouvement ou la direction, en même temps qu'il indique la fin de l'histoire, ouvrant ainsi une voie royale au mercantilisme et à la justification du totalitarisme comme un progrès. Le sens de l'histoire selon Hegel, qui n'est qu'une cinématographie de l'histoire, est le sens que les élites rêveraient qu'il ait. La culture de masse, qui fait se tordre la bouche à quelques intellectuels raffinés, est un produit de l'élitisme.

    Le point de vue de l'historien dépasse celui de la politique ou de l'éthique. Il s'éloigne moins de la métaphysique. Et si l'historien ne se soucie pas du point de vue éthique, qui a atteint en Occident le niveau du relativisme ou du culte identitaire, que branlent tous ces comités d'éthiques scientifiques et leurs pseudo-experts ?



  • Retour de Nitche

    Je lisais il y a quelques jours sur un blog l'appel d'un type à un "Mai 68 de droite". C'est l'expression d'une volonté typiquement nitchéenne, qui pourrait bien se propager à tout ce que la France compte de forces vives.

    Sur le plan politique, cette réaction nitchéenne est le résultat de l'échec sans doute définitif du projet hégélien de nation européenne. Les Français y ont toujours été hostiles, en raison de son arrière-plan de philosophie germanique, dont ils ont assez naturellement l'instinct qu'il est débile.

    Un intellectuel kantien, tel que Luc Ferry, ne peut compter que sur la fortune pour se maintenir en France, tant l'esprit français contredit la tradition monastique véhiculée par Kant. Le Français typique n'aime pas les choses complexes, il préfère les choses décomplexées, et les syllogismes philosophiques ne lui inspirent aucun respect, contrairement au Boche hermaphrodite ou sa sous-espèce made in USA perpétuellement en quête d'objets de dévotion, si féministe pour cette raison.

    Le projet national-socialiste européen échoue d'apparaître trop clairement ce qu'il a toujours été : un calcul mercantile - en quelque sorte on pourrait dire que tous ceux qui possèdent une volonté artistique, s'y opposent comme l'art s'oppose à la maladie ou la vieillesse ; mais il échoue plus encore d'être un régime carthaginois inefficace. C'est ce qui coupe la plèbe la plus empoisonnée par les vapeurs toxiques de la modernité des injonctions de l'élite. L'électeur du FN, si l'on considère dans cette espèce la plus grande espérance de bonheur déçue, n'est pas CONTRE la modernité - simplement, elle n'y a pas droit : la masturbation ou le football, le hachisch, le western, prennent plus de valeur que la célébration mystique du pangermanisme européen.

    Bien sûr Nitche n'est pas "de droite", sans quoi il serait "hémiplégique" selon son expression, et ne pourrait pas se relever des obstacles sans une membrure complète ; mais la moraline, elle, a pris l'étiquette de gauche, au lieu de l'étiquette gaulliste qui lui fut attachée au cours des "Trente glorieuses".

    Le plan social, dont la culture totalitaire proscrit le dépassement sous peine de condamnation éthique (ni art satanique, ni vérité chrétienne), perpétue la guerre des sexes sous une forme mystique, dont ni le réactionnaire viril nitchéen, qui fournit la semence, ni la femelle moderne, qui prête l'utérus, n'ont conscience. Malgré lui, Nitche qui veut être un aigle dans le ciel, est pris dans les filets de la culture moderne afin d'en faire un épervier pour la chasse. Hitler a joué le rôle du cheminot qui remet le train de la modernité sur les rails. Trucage scientifique, auquel Karl Marx n'aurait pas prêté la première phalange, sachant trop l'atavisme criminel de l'homme moderne, l'historien moderne doit s'efforcer de dissimuler le rôle positif de Staline et Hitler dans la marche forcée du monde moderne vers l'avenir.

  • Déphilosopher !

    Quand je lis le dernier soliloque philosophique à la mode de maître Bernard Henri-Lévy, où celui-ci tente par des saltos rhétoriques la conciliation de l'art et de la vérité, je me dis que, tapis dans les coulisses de l'Occident, Nitche et Marx n'ont pas dit leur dernier mot.

    Déphilosopher, ou mourir dans les dernières vapeurs gazeuses de la philosophie.

  • La Modernité

    La modernité n'est pas dans la négation de Jésus-Christ, comme l'affirme Léon Bloy. La modernité n'est pas non plus dans la négation de Satan, comme le prétend F. Nitche.

    La modernité consiste dans la double négation de Jésus-Christ ET de Satan. La modernité consacre le point de vue anthropologique. L'homme moderne trouve sa plus grande justification dans la mort. Elle constitue l'événement le plus rationnel d'une vie ubuesque.

  • Exit Darwin

    Quelques commentaires sur un ouvrage de Cédric Grimoult, appuyé par le CNRS et destiné à combattre l'hydre créationniste : "Créationnisme - Mirages et contrevérité" (2013).

    Par-delà mes critiques lapidaires des développements à prétention historico-scientifique dudit Grimoult, je souhaite attirer l'attention des pouvoirs publics compétents sur le peu d'utilité du CNRS et l'agravation du déficit public que ses dépenses somptuaires entraînent. Je suis disposé à rédiger un rapport gratuitement pour le compte du ministère compétent, intitulé : "De l'utilité (ou pas) de la recherche dite "fondamentale" dans le cadre technocratique assigné à la science laïque."

    En préambule, deux ou trois problèmes techniques évoqués dans ce bouquin, mais auxquels l'auteur n'apporte pas d'éclaircissement véritable :

    - Le "créationnisme" ne se réfère pas à la Bible ou à la Genèse. En tant qu'elle est soumise au processus de maturation et de pourrissement, la création de la matière vivante n'est pas "le fait de dieu". Autrement dit plus simplement pour le public profane, agnostique ou croyant plus dans l'avenir qu'en dieu, la mort n'a, ni dans le judaïsme, ni dans le christianisme, une cause divine. Elle n'est pas, comme dans certaines religions païennes antiques, une étape nécessaire. Tout au plus le "créationnisme" a pu servir à qualifier la science physique ou naturelle d'Aristote, incompatible avec la théorie moderne de l'évolution, dans la mesure où elle conçoit l'homme comme un "microcosme". Le rapprochement ou l'analogie avec les autres espèces animales ou végétales, animées par le souffle vital, ne permet pas d'expliquer entièrement la complexité de l'espèce humaine selon Aristote. Il n'y a pas de "solution de continuité" entre l'espèce humaine et les autres espèces vivantes au regard des observations expérimentales d'Aristote. Sur un plan physique plus large, étendu à l'univers visible et invisible, celui-ci a réfuté l'idée que l'univers puisse avoir une cause unique, et ainsi évoluer ou se développer selon une loi mathématique uniforme.

    On ne peut se contenter de prouver la véracité scientifique du darwinisme, en établissant que les groupes de pression américains qui invoquent la Bible l'ont lue "la tête à l'envers". Rien n'est plus facile que démontrer le caractère totalement baroque de la justification religieuse des institutions des Etats-Unis au plus haut niveau.

    - L'argument de "l'intelligent design", pas plus que le précédent, ne peut être mis en relation avec le judaïsme ou le christianisme, mais tout au plus avec le panthéisme de certains philosophes modernes. On voit par exemple qu'il s'accorde avec l'idée de "grand architecte de l'univers" à laquelle Voltaire accorde foi. Ou encore F. Nitche plus récemment. Le plus probable est pour ces philosophes que la nature a été pensée de façon intelligente. Il en va de même au demeurant pour Descartes, Newton, Leibnitz, bref la plupart des pères fondateurs de la science moderne. Cette parenthèse permet de faire ressortir le véritable mobile religieux des groupes de pression nord-américains, et qu'ils sont essentiellement fondés sur la culture nord-américaine.

    - L'évolutionnisme : le problème n'est pas au regard de la science chrétienne celui de la métamorphose des espèces vivantes, suivant un principe évolutif ou régressif, ni de la subdivision des espèces en sous-espèces. Le problème est bien celui du transformisme, c'est-à-dire de l'aspiration métaphysique de l'homme, qui ne peut pas être du point de vue chrétien le produit de la compétition entre des individus au sein d'une même espèce. Pratiquement on pourrait dire que ce qui est essentiel chez l'homme, du point de vue chrétien, et qui dénote d'une détermination que l'on ne retrouve dans aucune autre espèce, c'est sa capacité à s'extraire, pour penser, d'une logique sociale. Comment s'est effectuée la transition d'une détermination biologique grégaire à la capacité humaine de s'en extraire. Voici le point où le chrétien ne peut pas se contenter de quelques fossiles.

    Si le raisonnement évolutionniste rejoint le raisonnement totalitaire, du point de vue chrétien, c'est pour cette raison.

    - Entrons maintenant dans le corps de l'ouvrage de Cédric Grimoult. Autant dire que le premier chapitre est un tissu de raccourcis et de spéculations historiques infondées. Dans l'ensemble, cet ouvrage de défense du darwinisme offre la possibilité à la critique scientifique de se contenter d'en pointer les très nombreuses contradictions internes pour l'infirmer.

    "Les créationnistes se présentent aujourd'hui comme les victimes des évolutionnistes qui étoufferaient leur liberté de parole. Mais il s'agit là d'une contrevérité manifeste pour deux raisons. D'abord, aucune institution scientifique mondiale ne dispose d'un monopole permettant de délivrer une vérité toute faite.

    La victoire de l'esprit des Lumières s'est traduite, dans les sociétés occidentales, par un confort issu de ses conséquences technologiques et économiques, qui ont fait reculer la misère et la mort.

    Le rejet du créationnisme par la communauté scientifique constitue donc un mouvement de libération, par rapport à des idées archaïques inadaptées au monde moderne."

    Comment peut-on, dans la même page, nier l'existence d'un consensus scientifique, et s'en prévaloir quelques lignes plus bas ? Pour s'en tenir au cas français, il est sans doute l'exemple d'un des monopoles les plus stricts de par le monde ; l'exemple d'un quasi-monopole de l'enseignement scientifique par des enseignants sélectionnés au terme d'un processus compétitif. Ce monopole est d'ailleurs le plus souvent assumé par les représentants de l'élite laïque républicaine, et non nié comme ici.

    Le deuxième paragraphe serait risible s'il n'était signé par un agrégé d'histoire & "docteur habilité en Histoire des Sciences", excusez du peu. Entamer un livre destiné à combattre la propagande créationniste par la plus grossière image d'Epinal n'est sans doute pas le meilleur moyen de faire valoir sa science.

    - l'idée que l'esprit des Lumières a eu un impact sur le développement technologique et économique relève de la plus pure fantaisie. Si Voltaire est actionnaire de la Compagnie des Indes, il n'a pas inventé le principe de l'exploitation coloniale, et aurait même plutôt tendance à cacher cet aspect de sa philosophie.

    - le lien de cause à effet entre la philosophie des Lumières et la révolution bourgeoise de 1789 n'est pas démontré. Il a même été démontré le contraire, à savoir que c'est une explication idéologique a posteriori. La restriction des libertés et l'esclavage industriel au long du XIXe siècle ne correspondent pas aux voeux ou aux idéaux exprimés par les philosophes des Lumières. Or la restriction des libertés et l'asservissement aux outils industriels n'ont pas freiné le progrès technologique. Il y a donc là un argumentaire au niveau de la propagande libérale la plus grossière, et non une remarque historique. Voltaire, Diderot, Rousseau, n'ont aucune responsabilité dans le confort moderne dont s'enorgueillit Cédric Grimoult. Cette confusion entre la science, la technique et les idées philosophiques ne fait que renforcer le soupçon que le discours évolutionniste est une perche tendue aux débordements mystiques totalitaires de toutes sortes.

    Dans un chapitre consacré plus loin au distingo entre la foi et la science, l'auteur écrit : "Les philosophes avaient déjà montré que la science véritable est amorale, c'est-à-dire étrangère à toute prescription morale - au "devoir être", car elle se concentre simplement sur ce qui est."

    Paragraphe qu'il suffit de confronter à un suivant afin d'en démontrer la mauvaise foi : "Le combat pour l'évolutionnisme et la laïcité exige un travail de fond et d'implication de nombreux acteurs en faveur d'une éducation plus complète, d'une information critique et d'un engagement plus fort en faveur de la raison et, plus généralement, des idéaux issus des Lumières et qui constituent les fondements d'une démocratie véritable."

    L'éducation, l'idéalisme, la démocratie véritable sont des notions qui se rattachent directement à la morale. Des savants plus sceptiques lanceraient des avertissements contre cet "idéalisme" le plus vague, et ce millénarisme démocratique improbable.

    De surcroît, les nombreux "comités d'éthique scientifique" cautionnés par les pouvoirs publics en France s'avèrent, selon la définition de Cédric Grimoult lui-même... comparables à des tribunaux d'inquisition.

    L'argumentaire laïc se présente donc comme le discours d'une élite, refusant de s'appliquer à elle-même les conseils qu'elle donne aux autres religions et courants de pensée. Cette élite laïque n'a même pas conscience que l'idée de "neutralité scientifique", développée par l'un des savants évolutionnistes les plus confus, feu l'Américain Stephen Gould, est une idée sans la moindre consistance historique et scientifique. La meilleure preuve en est que C. Grimoult, sous couvert de répondre à la "propagande créationniste", se situe exactement à son niveau en diffamant le judaïsme, le christianisme ou l'islam au passage.

    C. Grimoult reproche aux détracteurs de l'évolutionnisme de s'appuyer sur des arguments extérieurs à la biologie. Mais lui-même veut apporter à la biologie moderne le soutien de la science historique, domaine où il est défaillant.

    Dans le domaine de la biologie, C. Grimoult n'est pas plus probant, se contentant d'énumérer un certain nombre d'arguments à opposer aux détracteurs d'une théorie qu'il rattache d'une façon très maladroite de la part d'un soi-disant scientifique à la laïcité, pure détermination idéaliste et éthique, dont rien ne dit qu'elle ne sera pas très bientôt socialement inadaptée, y compris en France.

    "Les preuves apportées par Darwin sont indirectes : le naturaliste ne peut montrer l'évolution en action, parce qu'il faut généralement des centaines de générations pour façonner de nouvelles espèces."

    Ce régime de la preuve indirecte ou de la semi-preuve, du tas d'indices ou de fossiles concordants, est bien la raison pour laquelle la prudence scientifique s'impose. Quand il n'y a que des preuves "indirectes", il y a une expression réservée qui s'impose, c'est celle "d'hypothèse scientifique". En quoi le régime de l'hypothèse dérange-t-il les savants évolutionnistes ? En quoi perturbe-t-il leurs recherches scientifiques, eux-mêmes étant persuadés que leurs preuves seront bientôt complétées ? C'est la question que posent les détracteurs de l'évolutionnisme. Et, encore une fois, la mutation de certains êtres vivants n'implique pas le transformisme et que l'homme puisse être regardé, aussi flatteuse soit cette position, comme le produit le plus raffiné de l'évolution biologique.

    D'autant plus que si le naturaliste ne peut prouver "in vivo" l'évolution, ce n'est pas tant la preuve directe des mutations qu'on lui demande, que celle du transformisme.

    "Parmi les arguments apportés plus récemment en faveur de la théorie de l'évolution, il faut signaler la découverte de l'universalité des codes génétiques."

    L'idée que toutes les espèces vivantes ont quelque chose en commun est une idée qui a plusieurs millénaires d'ancienneté. Elle est plus prudente et plus scientifique que le terme d'universalité des codes utilisées ici, qui suggère que le cosmos tout entier serait susceptible de muter, sans en rapporter la moindre preuve. Quels régimes prétendent fonder la notion d'universalité sur le code génétique, si ce n'est les régimes totalitaires modernes ?

    "Dans la nature, il n'existe pas de sélectionneur, le processus est automatique. Pour l'expliquer, Darwin s'inspire de la théorie économique que Thomas Malthus (1766-1834) expose en 1798 dans son "Essai sur la population", d'après laquelle toute population biologique croît plus vite que les ressources disponibles, ce qui crée une compétition implacable entre les individus."

    C'est ici une des raisons les plus anciennes qui a fait penser que la théorie du transformisme de Darwin était une hypothèse erronée ; l'analogie avec le schéma économique malthusien inapte à rendre compte de nombreuses évolutions démographiques, et comme tous les traitements économiques de données, partant du principe que l'homme a un comportement exclusivement bestial, toutes ses actions ne visant qu'à satisfaire des besoins primaires.

    Pratiquement l'économie envisage l'homme comme un animal essentiellement religieux. D'où l'on peut penser que la thèse évolutionniste est largement biaisée par le raisonnement anthropologique, similaire à celui de l'économiste, et qui est le raisonnement le moins scientifique possible.

    Enfin dans un paragraphe intitulé "Hasard et Nécessité", C. Grimoult tente de dissiper le soupçon qui naît de toutes les affirmations de "sélection automatique" ou de "mutations aléatoires", soupçon que l'évolutionisme a recourt à la sémantique pour dissimuler les lacunes de la science évolutionniste :

    "Au plan philosophique, hasard pur et nécessité absolue se situent tous deux dans le domaine de l'idéologie. Seule une démarche probabiliste, reconnaissant à la fois un rôle important au hasard (à chaque niveau d'intégration du vivant) et à sa canalisation par les lois physiques et les modalités sélectives multipolaires (c'est-à-dire à chaque palier d'intégration également) s'avère adéquate."

    Dans un jargon digne de la casuistique médiévale, l'auteur explique benoîtement à ses lecteurs, que si l'on passe par la "démarche probabiliste", ce sera beaucoup mieux que de faire comme les idéologues qui invoquent le destin ou la providence trop ouvertement, puisque la part de l'idéologie et de ce qu'on ignore encore sera mieux cachée.

    Non, la démarche probabiliste n'a rien de philosophique ou de scientifique : elle est typique de tous ceux qui essaient de faire passer pour le savoir acquis ce qu'ils ignorent encore. Dans le domaine économique, cette démarche a récemment contribué à des catastrophes, exactement pour cette raison qu'elle postule un savoir plein et entier là où il n'y a qu'une demi-vérité.

  • Bloy ou Nitche

    Avec le même tempérament et la même fougue polémique, Léon Bloy et Frédéric Nitche ont combattu la modernité, l'un au nom de Jésus-Christ, l'autre au nom de Satan. Avec une moue de dédain, l'anthropologue moderne les déclare "impossibles".

    En somme la modernité n'est qu'une question de probabilité.

  • De Nitche à Mussolini

    Epargnons à Nitche la comparaison avec la mystique hitlérienne, puisque celui-ci se voulait "latin", non pas Français, puisque le Français a tendance à considérer que l'horizon du latin ne dépasse pas l'ourlet de la jupe de sa mère. Si l'on exclut de la littérature italienne tout ce qui n'a pas une connotation pédérastique, il ne reste plus grand-chose.

    De même le Français se défendra toujours d'avoir du style, surtout si la flatterie vient d'une femme, celle-ci n'étant qu'un compliment indirect touchant son organe viril. Les intellectuels déploient des efforts de rhétorique pour parvenir au même résultat que l'homme naturel. Je dissuade les artistes en herbe, quand ils sont robustes, de vouloir faire moderne et d'adopter le style le plus démonstratif.

    Bien sûr le motif le plus net pour le Français de se défier du Latin, c'est qu'il a été mené à la boucherie et au vain sacrifice par un Italien. Napoléon, mais pas seulement. L'immonde Corse ajoute d'ailleurs à Hitler une dimension sadique au crime politique. Les Allemands ont une manière beaucoup plus féminine, beaucoup plus organisée, de tuer : il leur faut un plan et des justifications éthiques, un peu comme pour l'avortement de masse. L'Allemand est effectivement plus moderne. Le déclin de la figure de l'homme politique s'est opéré de l'Italien, dont le droit de faire couler le sang du peuple repose pratiquement sur le bon plaisir aristocratique, vers l'Allemand, qui s'appuie sur de bonnes intentions, où on retrouve la marque de la moraline judéo-chrétienne. Ce mouvement marque un recul de la responsabilité politique. Il est bon que les guerriers décorent leurs maisons des crânes de leurs victimes. On peut facilement s'accorder avec Nitche sur le fait que le nihilisme moderne abaisse l'homme au niveau de l'insecte, en lui ôtant le plus complètement l'aptitude à choisir.

    Ce que le Français apprécie dans l'art de Shakespeare, c'est qu'il est le plus dépourvu de style. Il est voué ainsi à demeurer une énigme aux yeux des psychologues. La preuve de l'aspiration théologique réelle de Shakespeare est dans son oeuvre de désacralisation de l'art occidental. Si la nécessité persiste pour les élites intellectuelles de liquider Shakespeare d'une manière ou d'une autre, en collant sur son front les étiquettes les plus improbables, c'est pour la raison que Shakespeare met un terme définitif à la foi dans la civilisation occidentale. Shakespeare fonde l'art moderne contre lui. La quête de la beauté platonicienne n'est plus permise à l'artiste après Shakespeare. Comprenez : ce moyen naturel de faire obstacle à l'histoire n'est plus permis.

    C'est tout l'enjeu historique que Nitche n'a pas saisi. Il s'est retrouvé, comme le fachisme, pris entre deux feux contraires. Le nihilisme occidental décadent, d'une part, dont la faiblesse morale est compensée par des moyens de propagande extraordinaires, et de l'autre le progrès de l'histoire selon l'esprit de dieu, la force quasiment invisible qui anime Shakespeare, mais n'en contraint pas moins la culture occidentale à cette posture macabre, à se déterminer en creux et non plus selon la culture de vie, que le christianisme ne vise pas à détruire, contrairement au dire de Nitche, mais à laquelle il ôte toute prétention spirituelle, ainsi que scientifique.

    Nitche a un point commun avec la modernité qu'il déteste, et ce point est exactement le même que celui qui permet de rattacher la réaction fachiste aux régimes qu'elle prétendait vouloir renverser. Ce point consiste à poser pour vraie la prétention de l'Eglise romaine à témoigner du message évangélique. Nitche ignore (sans doute délibérément) ce que Shakespeare ne cesse de mettre en avant : à savoir que l'anthropologie médiévale n'a aucun appui évangélique.

  • Exit l'existentialisme

    Je ne suis pas misanthrope, je suis Français.

    Prédiction à court terme : on verra bientôt l'existentialisme petit-bourgeois, qui est la religion de l'Occidental moderne, se déliter sous les coups de boutoir du satanisme, seule issue possible à l'accomplissement de soi dans le cadre de la culture de mort totalitaire. L'échec de la réaction satanique de Mai 68 est largement imputable à la prospérité économique de la France en ce temps-là. Le moyen le plus efficace de la moraline judéo-chrétienne, social-démocrate ou libérale est l'argent, qui permet d'acheter les consciences, sous couvert d'un mouvement compassionnel hypocrite.

    Chaque fois que cet argument lui a fait défaut, la culture de mort s'est retrouvée en danger.

    Le fait d'une démocratie sous assistance psychiatrique, et qui échoue à faciliter la jouissance, c'est-à-dire dans le domaine précis où elle prétend être efficace, est de plus en plus évident aux yeux des actionnaires minoritaires du système. Voter est devenu un réflexe, répondant au stimulus du marketing politique, mais le lendemain même du scrutin rituel, la fièvre et le mouvement mis en branle par les journalistes, retombent.

    J'allume la radio, pour entendre la rumeur du monde ; et je l'éteins, pour ne pas avoir la nausée. La radio n'est faite que pour faire entendre une petite musique rassurante et contribuer ainsi autant que possible à l'ordre social. Le public des radios est supposé "proustien", c'est-à-dire n'ayant pas la force physique pour devenir soi-même à la manière de Nitche, et ne disposant plus comme moyen existentiel que de se maintenir au stade embryonnaire de la pensée, à l'instar de Proust, dans une sorte de liquide amniotique radiophonique le protégeant de la réalité extérieure.


  • Léopardi contre Nitche

    Sans doute parce qu'il est Italien, Giacomo Leopardi est parfois indûment rapproché de Nitche. Cette seule citation de Leopardi, "Le suicide prouve Dieu", où dieu n'est pas une divinité païenne quelconque, suffit à les séparer nettement. Pas plus qu'il n'est satanique, Leopardi n'est adepte de la culture de mort imputée par Nitche au christianisme et à Jésus-Christ lui-même.

    Le mot de Leopardi fait référence à la science naturelle antique, celle d'Aristote notamment, qui voit dans l'homme l'animal le plus complexe, au milieu des autres espèces possédant le souffle vital - un microcosme. De sorte que la sagesse des anciens se préoccupe non seulement de l'aspiration physique, vitale, de l'homme, mais aussi de son aspiration métaphysique contradictoire. Homère a ainsi raconté les aventures de deux super-héros opposés. Achille, courant au-devant de son destin, illustrant l'élan physique ou la culture de vie, nécessairement macabre, et Ulysse d'autre part, plus prudent et illustrant l'aspiration métaphysique et les obstacles tragiques auxquels la sagesse se heurte, mais dont Ulysse finit par triompher. Louant la tragédie grecque, on voit que Nitche en élude les données fondamentales, pour la rapprocher du dieu aryen Dionysos, sans doute afin de l'amputer de la partie métaphysique et conforter sa thèse d'une antiquité grecque baignant dans la culture de vie jusqu'au "décadent" Platon.

    On remarque d'ailleurs dans le récit mythologique de la Genèse attribué à Moïse, la même dialectique que chez Homère - d'une part un arbre de vie, où niche le serpent, symbolique de la science physique, et d'autre part l'arbre du salut, symbolique de la sagesse divine ou de ce qu'Aristote nomme "métaphysique".

    Bien que Leopardi soit l'auteur d'une pensée plus forte et plus cohérente que celle de Nitche, il est moins célébré publiquement que celui-ci. L'explication en est sans doute que Leopardi est moins moderne que Nitche. Bien que la morale aristocratique de Nitche ne s'accorde pas avec le darwinisme, comme le nazisme s'accorda avec lui pour cause de populisme ou de socialisme, la culture de vie nitchéenne ne remet pas en cause le conditionnement physique de l'homme postulé par la science moderne.

    Nitche n'est sans doute pas nihiliste, comme les vils curés modernes qu'il blâme pour s'être acoquinés avec la plèbe et l'empoisonner avec de vains idéaux, mais il est misanthrope, ce qui revient à peu près au même.

  • Exit Nietzsche

    Ist es sinnvoll, Nietzsche weiterhin in Deutschland zu lehren? Dieses alte Volk, in dem die Frauen letztlich die Männer fürhen, sollte besser die Befruchtungsmethode von Nietzsche aufgeben und das Land an die Türken geben. Fascism is over.

  • Les Eléments

    Voici comment la sagesse de Salomon relègue au rang de l'idolâtrie le culte des éléments auquel la culture de vie de Nitche se rattache :

    "Insensés par nature tous les hommes qui ont ignoré Dieu, et qui n'ont pas su, par les biens visibles, voir Celui qui est, ni, par la considération de ses oeuvres, reconnaître l'Ouvrier.

    Mais ils ont regardé le feu, le vent, l'air mobile, le cercle des étoiles, l'eau impétueuse, les flambeaux du ciel, comme des dieux gouvernant l'univers.

    Si, charmés de leur beauté, ils ont pris ces créatures pour des dieux, qu'ils sachent combien le maître l'emportent sur elles ; car c'est l'Auteur même de la beauté qui les a faites.

    Et s'ils en admiraient la puissance et les effets, qu'ils en concluent combien est plus puissant celui qui les a faites.

    Car la grandeur et la beauté des créatures font connaître par analogie celui qui en est le Créateur.

    Ceux-ci pourtant encourent un moindre reproche ; car ils s'égarent peut-être en cherchant dieu et en voulant le trouver.

    Occupé de ses oeuvres, ils en font l'objet de leurs recherches, et s'en rapportent à l'apparence, tant ce qu'ils voient est beau !

    D'autre part, ils ne sont pas non plus excusables ; car, s'ils ont acquis assez de science pour arriver à connaître le monde, comment n'ont-ils pas connu plus facilement le Maître ?"

    Sagesse, XIII, 1-9.

  • L'Art moderne

    La rhétorique est une manière de compenser la beauté quand on ne l'a pas ou qu'on l'a perdue.

    Les belles femmes sont mutiques car elles n'ont rien à démontrer. Telles quelles, elles sont parfaites aux yeux du monde, et Kant ne leur est d'aucun usage.

    Voilà pourquoi une beauté qui ne s'intéresse pas aux choses surnaturelles, mais seulement aux usages et aux discours du monde, court à sa perte.

    Et tout ce qui est valable pour la femme, l'est aussi pour la civilisation.

  • Société civile

    ... quand tu nous tiens par les bourses.

    L'hypocrisie et le double langage de la société civile française se traduit par le fait de clouer au pilori des écrivains néo-païens tels que Drieu La Rochelle, Brasillach, Maurras ou Dominique Venner, tout en permettant l'éloge de la doctrine réactionnaire de Frédéric Nitche, son étude pieuse dans l'université.

    On a bien une idée de la veulerie indécrottable de l'homme à travers l'idée de société civile, puisque l'éloge de Nitche traverse tous les "courants de pensée" de cette société civile, dans lesquels le prêtre de Zarathoustra lui-même n'aurait vu, en fait de "courants", que des petits marigots boueux. Champion de la veulerie à la française : le parti démocrate-chrétien et sa farine anthropologique - le parti de Sganarelle.

    Il n'y a guère aujourd'hui que le musulman fier de l'être et qui défie les autorités, à ressembler à Nitche.

    Il y a bien une différence entre les fachistes français cloués au pilori et le prêtre de Dionysos. Tandis que les premiers insultent les juifs et la "race juive" improbable, sans se mêler des prophètes et des juifs fidèles à Moïse, le second réserve sa vindicte à ces mêmes prophètes. Le "juif moderne" délègue en quelque sorte à Nitche le soin d'insulter Moïse, manquant d'audace pour le faire lui-même.

    Le destin de la doctrine de Nitche en France ne s'accomplit pas dans la restauration de l'esprit aristocratique de "l'hyperboréen", tourné en dérision par Shakespeare : il s'accomplit dans le catéchisme du lécheur de bottes de l'homme moderne. Car voici à quoi sert le nitchéisme, c'est-à-dire le satanisme d'ancien-régime - dans tous les domaines où il est requis encore un peu d'ardeur virile, à savoir le bombardement des populations étrangères, la saillie des dernières bonnes femmes consentantes, la vitupération de Jésus-Christ et des apôtres, la conduite et le pilotage des machines, la rébellion inutile sauf pour cautionner la police municipale, l'auto-crucifixion de l'artiste - la culture de vie est faite pour servir de bréviaire aux larbins de la culture de mort. Voilà le secret de la tolérance vis-à-vis de la doctrine réctionnaire de Nitche, pourvu qu'elle n'empiète pas trop sur les droits de la moraline. La culture de mort moderne est bien trop nihiliste pour se féconder elle-même. Le curé nihiliste se rit des cultures identitaires les plus transgressives ; la seule chose qu'il redoute, c'est l'individualisme.

    Si l'on veut bien prendre un peu de recul sur l'histoire récente, se détacher du catéchisme moralisateur que les institutions républicaines ont mis à la place, on verra que c'est le même rôle joué par Napoléon, Hitler ou Staline, que celui joué par Nitche, de féconder la culture moderne et redonner à son néant un but et un sens. L'existentialisme dans sa version sartrienne ou proustienne, comme dirait Marx est un pur onanisme. L'activité principale du philosophe moderne est de tirer les marrons du feu, et de se repaître de tout ce qui, bon ou mauvais, n'a pas été produit par lui, mais que sa ruse lui a permis de s'approprier.

    C'est aussi, plus inconsciemment encore, l'usage de la matière dans les pures hypothèses rhétoriques de la science moderne, de fournir aux syllogismes une apparence de rationalité. Elle réapparaît seulement au stade de la mise en oeuvre. L'idée d'univers infini est une pataphysique improbable, dont la seule preuve repose sur l'efficacité du chimiste, non à produire de l'énergie, mais à permettre son usage civil et militaire. L'extrême danger de la science physique moderne, d'ailleurs entre-aperçu par Nitche, est l'onction éthique accordée à cette science. Le technicien a entre les mains un outil et un usage, auxquels des professeurs d'éthiques imbéciles et irresponsables prêtent le sens mystique le plus débile.