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Lapinos - Page 44

  • Récidivistes

    Tandis que le code pénal s'efforce de dissuader les criminels de la récidive, les intellectuels y sont au contraire encouragés par le code moderne.

    Réflexion que je me fais en voyant de nouveau en librairie un bouquin d'Antoine Compagnon, cacouac entre les cacouacs, et auteur il y a quelques années de l'essai le plus débile et confus qu'on puisse écrire sur le thème de la modernité. Le niveau d'abrutissement général jusqu'où les élites françaises ont conduit la France serait sans doute moindre si les intellectuels s'appliquaient le principe de précaution, à la manière de La Bruyère, consistant à laisser mûrir son ouvrage une bonne vingtaine d'années avant de le publier.

    Même la manière de BHL de resserrer les boulons de la modernité, avec l'opiniâtreté d'un mécano allemand dévoué à son engin est moins pénible, car plus transparente. BHL a pigé que la propagande passe d'abord par la cinématographie et la télévision, et que c'est sur ce terrain qu'il convient avant tout de donner un semblant de cohérence à l'argumentaire moderne, qu'aucun artiste, philosophe ou savant ne cautionnera, étant donné le but poursuivi par l'art moderne de rendre justice à la médiocrité.

    Maître Bernard (je le surnomme ainsi étant donné la coïncidence de sa méthode avec celle de Bernard de Clairvaux pour subvertir le christianisme et, déjà, l'ouvrir à la modernité), maître Bernard s'étonne de l'animosité à son égard, alors même que, contrairement à Aragon, Sartre ou Eluard, il n'a encore sucé la bite d'aucun tyran sanguinaire, et sa bouche demeure pure. La réponse est pourtant simple : les Français demeurent assez hostiles aux curés et à leurs sermons. De même les encycliques pontificales sont vaines, dans la mesure où elles ne rencontrent que l'assentiment du patronat démocrate-chrétien, convaincu d'avance de la sainteté de cette rhétorique parfaitement creuse. Tant que l'évêque de Rome ne porte pas atteinte à la vulgate démocrate-chrétienne, il reste un idiot utile dans son habit de lumière, significatif du culte solaire.

    Nitche n'a pas tort montrer le caractère catastrophique de l'anthropologie moderne. C'est assez risqué de la part des derniers évêques de Rome de convoquer Nitche, ou même de la part de BHL de simplement l'évoquer. Car l'anthropologie et l'art modernes ne pèsent pas bien lourd au regard de la métaphysique artistique de ce latiniste accompli, qui n'hésite pas à révéler l'origine satanique de la culture de vie latine.

    C'est sur la cause de l'anthropologie ou du nihilisme moderne que le raisonnement de Nitche est erroné et celui de Shakespeare-Bacon, au contraire lucide. Le mirage hégélien ou "judéo-chrétien" ne peut faire autrement -et il ne fait pas autrement que s'appuyer sur la science physique de la lumière solaire. On peut dire que la rhétorique moderne est un miroir magique. L'anthropologie moderne répond à la nécessité d'exploiter la lumière solaire. Sur le plan totalitaire de l'exploitation, la physique d'Einstein est valide et confortée, comme un dogme technocratique. Sur le plan du culte solaire, elle est fausse et prive l'homme de la conscience, au profit de l'exploitation. Mais la physique d'Einstein, aussi bien que la rhétorique de Hegel, sont absolument dépourvues de lien avec le judaïsme ou le christianisme. Le sacrifice de la volonté de puissance satanique n'est pas tant au profit des "faibles", selon Nietzsche, que des élites judéo-chrétiennes. De même la démocratie, sur le plan politique, qui ne trouve aucun appui dans le christianisme, et que les masses populaires n'ont jamais réclamé, ni dans l'absolu, ni encore moins suivant la formule d'un étatisme ou d'un nationalisme renforcé.

  • L'Intellectuel

    L'intellectuel est un philosophe qui, s'appuyant sur le monde, éprouve le besoin de justifier celui-ci.

    Apparue un peu avant, cette espèce a commencé de proliférer au XXe siècle.

  • Genèse

    Si la sagesse n'était pas aussi difficile, le monde n'existerait pas.

  • Bacon, Shakespeare & Nitche

    "Je ne suis qu'un homme. Mais j'ai déjà vécu plusieurs vies à travers d'autres hommes, et de toutes leurs expériences, les pires comme les meilleures, j'ai su tirer des leçons. Parmi les habitants de l'Inde j'étais Bouddha, en Grèce Dionysos - je me suis incarné dans Alexandre et César, ainsi que le poète Shakespeare, lord Bacon."

    F. Nitche (lettre à Cosima Wagner)

    Nitche fait subir à l'histoire et à Shakespeare-Bacon le même traitement qu'il inflige à l'univers. Il n'en garde que ce qui le conforte.

    Shakespeare est un historien trop prophétique pour confondre le moine-théologien du moyen-âge et son bagage philosophique platonicien avec l'apôtre Paul.

    Plutôt que de se réincarner, Nitche aurait mieux fait, pour ne pas mourir bête, de lire ce que dit Bacon de ce sacré Dionysos. A savoir, fait historique, que c'est tout juste si Dionysos figure au panthéon des Grecs. Il semble que Dionysos fut trop humain pour ça.

    Il semble que Nitche-Dionysos n'a pas lu "Jules César" non plus, ni d'autres pièces de Shakespeare les plus dissuasives pour la nation anglaise d'imiter le modèle romain, dont les chrétiens savent qu'il est le plus satanique. Tout l'effort de Shakespeare est de montrer que la culture chrétienne médiévale n'a rien de chrétien. 

    Bien sûr Shakespeare n'est pas plus "moderne" que Nitche, mais en principe il n'y a que les imbéciles et les spéculateurs qui le sont.

  • L'Intellectuel

    Ce que l'intellectuel nous dit d'une chose nous en apprend plus sur l'intellectuel que sur la chose. Les bibliothèques publiques sont désormais garnies aux deux tiers de biographies subtiles, mal classées dans les catégories de l'art ou de la science.

  • L'engagement politique

    Je n'ai relevé de tout Sartre et de sa morale de trousseur d'étudiantes nunuches qu'une seule phrase raisonnable : "Les couvreurs prennent plus de risque que les intellectuels."

  • Ophélie

    Si Shakespeare expédie "ad patres" la ravissante Ophélie sans trop de périphrases, c'est pour bien nous montrer que toutes les personnes sentimentales s'appuient sur le néant, et que leur folie et leur suicide n'est qu'une question de secondes, de minutes ou d'années.

    Victime de la mode et des sentiments se comptent par milliards dans les charniers de l'Humanité, vieille putain dont les anthropologues sont amoureux, comme Laërte l'est de sa soeur : dans le seul but de se montrer sous son meilleur profil.

    Tout le cinoche en son honneur ne sauvera pas la divine Humanité.

  • Politique, jamais plus

    N'écoutez pas les vieux barbons qui prônent l'engagement politique pour parer aux faillites du système. Il n'y a là que des vieux tocards nostalgiques d'âges d'or rêvés, ou des publicitaires d'un futurisme débile. Ce que les vieux barbons veulent, c'est empêcher les jeunes gens de vivre à présent.

    Ils comptent sur les générations futures pour empêcher ce qu'ils ont permis, autorisé, cautionné, ce avec quoi ils ont temporisé toute leur vie, en particulier la censure. Si l'on essorait leurs discours plein d'emphase sur l'engagement politique, il n'en sortirait qu'un vieux jus sentimental de fils à maman sur le déclin.

    Le fait est que des idéaux, il y a en beaucoup trop, et qu'on croirait l'Occident un parterre de vieilles filles la gueule pleine d'éthique et de radotages.

  • Dialogue avec l'Antéchrist

    L'Antéchrist maudit le monde moderne au nom de Satan. Les apôtres maudissent le monde tout court au nom de la parole de Dieu.

    Les allégations de Nitche qui tendent à attribuer au judaïsme et au christianisme l'anthropologie moderne ne reposent sur rien. L'anthropologue n'est qu'un actionnaire du monde, caché derrière de grandes phrases, dont aucune n'a une signification chrétienne.

    L'idée que le monde moderne trimphera de Satan n'est pas chrétienne non plus. Il faut chercher le sens de l'histoire ailleurs que dans les sornettes psychologisantes de Nitche.

  • L'Avenir de l'homme

    Tandis que la femme cède au plan de l'avenir, l'homme a le don d'y résister. C'est ce qui fait de lui un animal moins religieux.

    Des nations qui donnent dans le panneau publicitaire, c'est-à-dire la solution finale de l'anthropophagie moderne, on peut être certain qu'elles sont sous la domination des femmes ou du féminisme, par conséquent ravagées par le sentiment de culpabilité et cultivant le goût de l'esclavage volontaire par où les femmes justifient le plus souvent leur existence.

    L'éloge de la démocratie en Amérique, au XXIe siècle, ne peut être le fait que de menteurs professionnels et de collaborateurs actifs.

  • Civilisation

    La civilisation est égyptienne ou elle n'est pas. La civilisation n'a fait que se dégrader depuis les pharaons. L'homme civilisé se dirige vers l'avant, ignorant que son but est derrière lui. Il n'y a rien de neuf sous le soleil de la civilisation depuis l'Egypte, que des formes anciennes plus ou moins bien remises au goût du jour.

    C'est pourquoi on trouve déja dans la Grèce antique des anarchistes bien plus pertinents que les nôtres, trouvant déjà la civilisation ennuyeuse et statique, et peu préoccuppés de bâtir une civilisation idéale. Cette race d'hommes a l'heur d'ignorer la sociologie et les anthropologues emberlificoteurs d'autrui pour se rassurer eux-mêmes.

  • L'Humanité

    Plus l'homme est petit et faible, plus l'humanité s'écrit avec une majuscule, et plus les hommes se trucident entre eux. C'est le piège où Satan est tombé.

  • Civilisation

    "Jésus-Christ, le premier, a désigné clairement aux hommes le laudateur et le maître de toutes les fausses vertus, le détracteur et le persécuteur de toutes les vraies, l'adversaire de toute grandeur réelle et proprement humaine, le contempteur de tout sentiment élevé, du moment qu'il ne paraît pas feint, de toute affection tendre, sitôt qu'elle semble profonde.

    Cet esclave des forts, ce tyran des faibles, cet ennemi des malheureux, il l'a nommé le monde, et c'est le nom qui lui est resté jusqu'ici dans toutes les langues modernes. Avant l'ère chrétienne, cette idée générale, qui est si vraie, qui a été et qui sera si profitable, n'est venue, me semble-t-il, à personne, et je ne connais aucun philosophe païen qui l'exprime par un terme unique ou sous une forme précise. Peut-être auparavant l'imposture et la lâcheté n'avaient-elles pas pris l'ampleur que nous leur connaissons et la civilisation n'en serait-elle pas arrivée à ce point où elle se confond pour l'essentiel avec la corruption.

    En somme, l'homme que je viens d'évoquer et que nous a montré Jésus-Christ, est l'homme que nous appelons civilisé : il est ce que la raison et l'intuition ne nous révèlent pas, ce que les livres et les éducateurs nous annoncent, ce que l'exemple de la nature nous présente comme chimérique et que seule l'expérience de la vie nous fait connaître, et admettre. Il me reste à ajouter que cette idée, bien que générale, s'applique, en tout point, à d'innombrables individus."

    Leopardi

    (la démocratie chrétienne est l'idée de "Jésus-Christ, sauveur du monde")

  • Théorie du genre

    La théorie du genre n'est qu'une casuistique dérivée du droit canonique, et de l'invention de l'anthropologie au moyen-âge. Comme l'est le darwinisme, de surcroît. Pour prouver que la théorie du genre est une science, encore faut-il recevoir l'évolutionnisme comme une science, et pourquoi pas l'athéisme, la laïcité et les bouquins déconnants de Michel Onfray à l'usage du populo. Dans ces cas-là, celui qui a le meilleur avocat l'emporte. Quel spectacle plus affligeant qu'un débat entre un partisan de la théorie du genre et un opposant ? Les reportages sur la vie des animaux sont moins stériles.

    Le plus intéressant est de savoir pourquoi les clercs romains ont inventé l'anthropologie et, partant, tout le merdier de la justification de l'homme par l'homme afin de se rassurer, pourquoi ils l'ont inventée contre la Bible, qui n'a rien d'anthropologique.

    L'anthropologie médiévale résulte tout simplement de l'impossibilité, pour édicter des règles de vie chrétiennes, de se fonder sur les paraboles évangéliques, en même temps que de l'impossibilité de reprendre telle quelle la morale païenne naturelle. D'où cette troisième voie la plus frauduleuse, qui est celle de l'homme sans autre religion que la sienne (et sa maman aussi, quand même).

  • Décadence

    Rares sont les hommes d'élites qui ont le courage de regarder en face le fait de la décadence, à l'instar de Nitche. Les pleutres disciples de l'antéchrist se sont efforcés de gommer le constat de la mort de l'art par leur héraut.

    A la décadence, les élites libérales et démocrates-chrétiennes opposent le retour éternel et cyclique du profit. Dans ce régime, l'inflation galopante a le don de provoquer une grave crise religieuse. Le fachisme emprunte sans doute à Nitche sa mystique, mais il doit tout pour la cause au libéralisme. On retrouve ici la mécanique sociale implacable décrite par Moïse de la provocation de l'homme par la femme. Toute tentative d'imposer l'éthique dans le judaïsme ou dans le christianisme implique de donner du mythe de la Genèse une version truquée. TOUTE DOCTRINE SOCIALE CHRETIENNE oblige à nier le péché originel. La théologie catholique romaine, à cet égard, est passée au cours du dernier siècle, du mensonge par omission qui la caractérisait auparavant, au mensonge positif. De Calvin, on peut excuser l'erreur d'une lecture trop humaine de la Genèse, à côté d'une incitation sincère et efficace à la charité et au désembourgeoisement nécessaire pour se rapprocher de l'Esprit de Dieu. Mais du psychologue démocrate-chrétien, il faut botter le fondement sans hésiter ; son erreur n'est pas une erreur mais un calcul. Il faut comme Freud renier Moïse pour pouvoir prêcher la psychanalyse comme une science.

    Dans la décadence, significative pour l'aristocrate de la perte de son droit de jouissance, il y a au contraire pour l'homme de plus basse extraction une opportunité à saisir : le genre d'opportunité que les premiers apôtres n'ont pas laissé passer ; cette opportunité n'est pas la révolution, où l'élitisme trouve encore un intérêt virtuel.

    Pour cela, l'homme ou la femme de basse condition doit s'affranchir de la souveraineté populaire, qui n'est qu'une ruse inventée par les "rois très chrétiens", et plus encore de l'égalité, que la République n'a jamais accomplie et qu'elle n'accomplira jamais, car, comme le disent Nitche et Marx ensemble, elle est juridiquement impossible. Rien n'est plus facile que de s'affranchir d'idéaux truqués : il suffit d'imiter l'écolier au début des vacances qui fait un tas de ses cahiers, ses copies et ses brouillons, et y flanque le feu, accomplissant ainsi l'autodafé de ses certitudes passées. La difficulté est surtout pour le vieillard, car son idéal est comme la troisième jambe sur laquelle il s'appuie dans sa vieillesse pour continuer d'avancer. Le danger de la moraline judéo-chrétienne ou républicaine, et en cela on ne peut que confirmer le diagnostic du docteur Nitche, c'est qu'elle incite l'homme à penser en harmonie avec la mort.

  • De natura rerum

    Où la science naturelle de Nitche est défaillante, et son "Retour éternel" néo-païen :

    - ce qui "dénature la nature" dans la philosophie naturelle de Nitche, provient de ce qu'il l'envisage sous l'angle exclusif du rapport personnel qu'il veut s'efforcer d'entretenir avec elle, c'est-à-dire comme un "potentiel". C'est sans doute un angle à la fois plus limité et plus réaliste que celui de l'exploitation capitaliste des ressources naturelles à l'infini, principal ressort de l'anthropologie moderne fustigée par Nitche.

    Cela revient à considérer le système solaire ou le zodiaque (chiffré 666 dans le christianisme) comme un organisme gigantesque en perpétuel renouvellement. Sans tenir compte de la part qui n'est pas organique, ou seulement comme une base neutre, un point de départ, auquel vient se heurter l'idée de cycle.

    La conscience, pour Nitche, est liée à la vie. Celle qu'il prête à la nature divine, est aussi liée à la vie et aux cycles. Il s'accorde ainsi avec les prêtres romains antiques, et sa morale aristocratique est similaire. Lucrèce, peut-être encore mieux que Nitche, discernait que cette philosophie naturelle est sans solution pratique sur le plan religieux et populaire. Un peu trop dissuasive des travaux des champs pour le compte d'un maître. Les idoles sont nécessaires, leur culte sans doute un peu plus esthétique que le rituel du triage des déchets.

    Cette conception ferme la porte à la métaphysique. C'est-à-dire, selon Aristote, à ce qui dans la nature n'obéit pas aux lois cycliques de la biologie, mais paraît au contraire immuable. Nitche n'a d'intérêt que pour la puissance, la réunion du corps et de l'âme permise par le culte païen, tandis que l'éthique moderne entraîne un effet de division et d'affaiblissement de l'homme sur le modèle de la femme.

    Malgré l'occultation de la métaphysique (mêlée à l'éthique, elle fonde toutes les variétés de pataphysiques), la conception biologique ou vitale des païens Romains, leur "culture de vie", paraît plus sérieuse que les modèles mathématiques anthropologiques, prônés par les technocrates : ces derniers impliquent une conscience plus mécanique, non pas liée à la vie, mais qui serait plus conforme au mobile du robot, le plus éthique, et qui permettrait si l'homme l'imitait, d'accomplir enfin la démocratie.

  • Ethique & Civilisation

    Le principe de base de l'éthique est de faire de ses qualités des vertus, et des défauts d'autrui des péchés. Ainsi les hommes reprochent habituellement aux femmes leur ruse et leur séduction, et les femmes accusent les hommes d'être brutaux et balourds.

    L'homme trouve ainsi dans son âme toutes les ressources pour se justifier et donner un sens à son existence.

    La civilisation ou la culture ne fait que répéter le même principe à l'échelon politique ou religieux. Il y a deux sortes de moralistes : ceux qui sont payés pour édicter la règle commune ou l'adapter à la nouvelle donne économique, et les moralistes plus indépendants, qui se chargent de ramener pour eux-mêmes l'éthique à un niveau plus raisonnable, quand les tartuffes officiels font de l'absurdité ou du nihilisme une raison de vivre. Ainsi de l'éthique actuelle, où le devoir assigné à l'homme est d'être un chancre ou un cinéphile : bien qu'isolés, cette morale a ses détracteurs.

    L'historien ne peut donc s'accommoder de l'idée de civilisation ou de culture, afin de discerner si l'histoire a un sens ou pas ; faute de quoi il ne fera qu'un album de clichés photographiques, adapté au contexte. En Allemagne, le catéchisme prête majoritairement à la révolution française de 1789 un sens chrétien idéaliste. Nitche, qui lui prête le sens d'une contre-culture catastrophique, a peu de disciples en Allemagne, en raison du fachisme et des lois éthiques contre lui. En France, le catéchisme prête majoritairement à cette même révolution française le sens d'une émancipation de la religion.

    En tant qu'elle inclut le progrès éthique et celui de la civilisation, l'histoire selon Hegel ne vaut rien. Hegel conduit au paradoxe typiquement anthropologique d'indiquer le mouvement ou la direction, en même temps qu'il indique la fin de l'histoire, ouvrant ainsi une voie royale au mercantilisme et à la justification du totalitarisme comme un progrès. Le sens de l'histoire selon Hegel, qui n'est qu'une cinématographie de l'histoire, est le sens que les élites rêveraient qu'il ait. La culture de masse, qui fait se tordre la bouche à quelques intellectuels raffinés, est un produit de l'élitisme.

    Le point de vue de l'historien dépasse celui de la politique ou de l'éthique. Il s'éloigne moins de la métaphysique. Et si l'historien ne se soucie pas du point de vue éthique, qui a atteint en Occident le niveau du relativisme ou du culte identitaire, que branlent tous ces comités d'éthiques scientifiques et leurs pseudo-experts ?



  • Retour de Nitche

    Je lisais il y a quelques jours sur un blog l'appel d'un type à un "Mai 68 de droite". C'est l'expression d'une volonté typiquement nitchéenne, qui pourrait bien se propager à tout ce que la France compte de forces vives.

    Sur le plan politique, cette réaction nitchéenne est le résultat de l'échec sans doute définitif du projet hégélien de nation européenne. Les Français y ont toujours été hostiles, en raison de son arrière-plan de philosophie germanique, dont ils ont assez naturellement l'instinct qu'il est débile.

    Un intellectuel kantien, tel que Luc Ferry, ne peut compter que sur la fortune pour se maintenir en France, tant l'esprit français contredit la tradition monastique véhiculée par Kant. Le Français typique n'aime pas les choses complexes, il préfère les choses décomplexées, et les syllogismes philosophiques ne lui inspirent aucun respect, contrairement au Boche hermaphrodite ou sa sous-espèce made in USA perpétuellement en quête d'objets de dévotion, si féministe pour cette raison.

    Le projet national-socialiste européen échoue d'apparaître trop clairement ce qu'il a toujours été : un calcul mercantile - en quelque sorte on pourrait dire que tous ceux qui possèdent une volonté artistique, s'y opposent comme l'art s'oppose à la maladie ou la vieillesse ; mais il échoue plus encore d'être un régime carthaginois inefficace. C'est ce qui coupe la plèbe la plus empoisonnée par les vapeurs toxiques de la modernité des injonctions de l'élite. L'électeur du FN, si l'on considère dans cette espèce la plus grande espérance de bonheur déçue, n'est pas CONTRE la modernité - simplement, elle n'y a pas droit : la masturbation ou le football, le hachisch, le western, prennent plus de valeur que la célébration mystique du pangermanisme européen.

    Bien sûr Nitche n'est pas "de droite", sans quoi il serait "hémiplégique" selon son expression, et ne pourrait pas se relever des obstacles sans une membrure complète ; mais la moraline, elle, a pris l'étiquette de gauche, au lieu de l'étiquette gaulliste qui lui fut attachée au cours des "Trente glorieuses".

    Le plan social, dont la culture totalitaire proscrit le dépassement sous peine de condamnation éthique (ni art satanique, ni vérité chrétienne), perpétue la guerre des sexes sous une forme mystique, dont ni le réactionnaire viril nitchéen, qui fournit la semence, ni la femelle moderne, qui prête l'utérus, n'ont conscience. Malgré lui, Nitche qui veut être un aigle dans le ciel, est pris dans les filets de la culture moderne afin d'en faire un épervier pour la chasse. Hitler a joué le rôle du cheminot qui remet le train de la modernité sur les rails. Trucage scientifique, auquel Karl Marx n'aurait pas prêté la première phalange, sachant trop l'atavisme criminel de l'homme moderne, l'historien moderne doit s'efforcer de dissimuler le rôle positif de Staline et Hitler dans la marche forcée du monde moderne vers l'avenir.

  • Déphilosopher !

    Quand je lis le dernier soliloque philosophique à la mode de maître Bernard Henri-Lévy, où celui-ci tente par des saltos rhétoriques la conciliation de l'art et de la vérité, je me dis que, tapis dans les coulisses de l'Occident, Nitche et Marx n'ont pas dit leur dernier mot.

    Déphilosopher, ou mourir dans les dernières vapeurs gazeuses de la philosophie.

  • La Modernité

    La modernité n'est pas dans la négation de Jésus-Christ, comme l'affirme Léon Bloy. La modernité n'est pas non plus dans la négation de Satan, comme le prétend F. Nitche.

    La modernité consiste dans la double négation de Jésus-Christ ET de Satan. La modernité consacre le point de vue anthropologique. L'homme moderne trouve sa plus grande justification dans la mort. Elle constitue l'événement le plus rationnel d'une vie ubuesque.