Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

  • Peace & Love

    La guerre au nom de la paix ressemble furieusement au sexe au nom de l'amour.

    La formule du satanisme occidental a de quoi dérouter les tenants de l'ancienne culture de vie païenne. Satan comme la nature, se sert du temps pour abuser l'homme.

     

  • Sens de l'histoire chrétien

    Le sens de l'histoire chrétien est une épée de Damoclès suspendue au dessus de la tête des élites occidentales. Manié par Shakespeare, ce rasoir fait plus de dégâts que tous les couperets révolutionnaires du monde. Nul n'a jugé plus sévèrement la monarchie britannique que Shakespeare, puisqu'il l'a jugée absurde.

    Le danger de l'histoire est si grand pour les élites occidentales, dont les institutions sont formulées contre elle, que la principale tâche assignée aux universités occidentales depuis mille ans est d'occulter l'histoire. N'importe quel universitaire occidental peut se reconnaître dans le portrait de Polonius-Copernic planqué derrière une tenture, rangé du côté du pouvoir contre la vérité.

    Loué soit Shakespeare d'avoir su protéger comme Homère la vérité contre les malversations des intellectuels et des philosophes.

     

  • Evolutionisme et humanisme

    Jean d'Ormesson, critique littéraire au "Figaro", suggérait il y a quelques années que la théorie transformiste darwinienne était en cause dans l'athéisme de la société occidentale moderne.

    C'est inexact. C'est oublier d'abord que le christianisme n'a jamais été et ne sera jamais une religion commune, un culte providentiel, mais que c'est une religion qui compte peu d'élus, tant la puissance du Séducteur est grande.

    C'est oublier ensuite que la thèse du "génie du christianisme" de Chateaubriand est parfaitement satanique, qui fait la théorie d'un christianisme culturel ou mondain. Mahomet fonde une culture, parce qu'il fonde une morale ; le christianisme prévient, lui, au contraire, contre la bête de la terre, et le christianisme oedipien ou pédérastique de Chateaubriand est une religion personnelle, anthropologique et non universelle. Chateaubriand s'émeut sur sa propre enfance, un certain nombre de fêtes païennes "christianisées", et il appelle ce sentiment qui lui réchauffe le coeur "christianisme".

    Il faut prendre l'hypothèse transformiste darwinienne comme une philosophie naturelle moderne. On peut tirer ce constat en observant que les tenants de l'hypothèse évolutionniste postulent simultanément l'hypothèse du progrès social. Il est au moins une chose qui n'a pas évolué depuis l'Egypte antique, c'est la méthode qui consiste à légitimer le pouvoir politique et moral à l'aide de principes scientifiques plus ou moins solides. La théorie transformiste est donc un des éléments qui permettent à l'Occident moderne de prétendre non seulement à une puissance de feu supérieure, mais à la supériorité sur le plan éthique, dans la mesure où le culte du progrès social est devenu la religion commune de l'Occident.

    Donc l'hypothèse de Darwin n'est pas spécifiquement athée, puisque le culte du progrès social a été introduit par le clergé chrétien, véhiculé par une culture chrétienne dans laquelle Charles Darwin a baigné. On fait parfois valoir les sentiments athées de Darwin, contrairement à ceux de son épouse, mais cette culture bourgeoise chrétienne est particulièrement propice au volte-face. Le curé athée Sartre fut ainsi athée tout au long de son existence, avant de manifester une sorte de fidéisme, quelque temps avant sa mort.

    C'est bien la culture chrétienne occidentale qui fait de l'homme un être suprême, une conscience supérieure ; la meilleure preuve en est que la philosophie et la science physique antiques sont incompatibles avec la thèse transformiste, parce qu'au regard du cosmos, l'homme n'est rien ou presque pour un savant de l'antiquité, et l'énigme de l'origine et de la fin de l'humanité, bien plus que dans une détermination instinctive, est à rechercher dans les étoiles. La science naturelle antique fait le constat expérimental de la médiocrité humaine, au contraire de la science biologique moderne qui postule sa supériorité.

    La raison que les chrétiens ont de s'opposer au darwinisme est que cette science mathématique (c'est-à-dire hypothétique, laissant place au hasard), est le fruit de la "culture chrétienne", c'est-à-dire d'une subversion de la parole divine, par et au profit d'élites corrompues.

    En tant que philosophie naturelle propice à favoriser la pseudo-science raciale nazie ou la pseudo-science économique libérale, l'évolutionnisme contredit l'humanisme, particulièrement attaché aux sources antiques.

    J'ai personnellement beaucoup argumenté contre des évolutionnistes, sous l'influence de cultures différentes. Les artistes sont ainsi naturellement sceptiques à l'égard de l'évolutionnisme, dans la mesure où ils font un effort pour se déterminer individuellement et sont donc hostiles à l'idée de progrès collectif ou social (idéologie beaucoup plus germanique que française). Le milieu démocrate-chrétien est à peu près le seul où l'on professe le darwinisme comme un dogme, et il est à peu près certain que les trois-quart des évêques et cardinaux catholiques romains sont convaincus de la validité des thèses de Darwin, sans jamais avoir lu le moindre ouvrage dessus. Si l'on prend la bêtise démocrate-chrétienne pour point de référence, il est certain que l'antécédent du singe est probable.

  • Les Mots

    Les promesses électorales ressemblent comme deux gouttes d'eau aux promesses amoureuses. C'est pourquoi je mets en garde sur ce blog contre l'aspect foncièrement ténébreux de la démocratie-chrétienne, dont la responsabilité dans la bestialité moderne est principale. La démocratie-chrétienne tend à l'humanité un piège d'une redoutable efficacité. La meilleure preuve en est qu'un suppôt de Satan autoproclamé comme F. Nitche MENT MOINS que ces chiens qui font des serments nationalistes sur la bible.

    Une autre analogie possible est entre les moyens légaux d'assassiner -les armes des soldats modernes-, et les méthodes, techniques et discours de l'amour moderne afin d'enjoliver le coït.

    L'anecdote de ce jeune tueur professionnel de 22 ans engagé dans les troupes d'élites françaises en Afghanistan, montré par la télé (afin de le rendre sympathique !) en train d'envoyer les bisous les plus niais à sa dulcinée restée en France, est on peut plus explicite. L'assassinat légal à l'arme blanche, ou les tournois de chevalerie anciens, peuvent être rapprochés de la manière d'aimer ancienne, comportant une certaine dose de responsabilité, tandis que le pilote de bombardier moderne qui anéantit de nuit un quartier sur ordre, inconscient, finira probablement entre les mains d'un de ces enfoirés de psychiatres. Musique et cinéma, dit-on, sont utilisés dans l'armée américaine afin de maintenir le plus possible le trouffion dans un état second. La conscience du meurtre est atténuée. Par ailleurs, comme dit l'autre, désormais on peut coucher des centaines de fois, des milliers de fois avec tel ou telle, sans que cela laisse la moindre trace. La littérature est désormais, comme dit Céline, "au niveau des nerfs", faite par des névrosés pour d'autres névrosés, car l'existence du citoyen lambda est faite de stimuli.

    Shakespeare avait prévu que les génocides ou la bestialité modernes, seraient le fait de brutes sentimentales, maintenues dans cet état par leurs élites.

  • Le Christ anarchiste

    C'est parce que le mal est nécessaire à l'équilibre du monde que les évangiles ne s'adressent pas moins aux salauds qu'aux personnes vertueuses.

    Ce qui est intolérable du point chrétien, c'est le blanchiment de la société, vieille méthode pharisienne perpétuée par le clergé chrétien.

  • Dialogue avec l'Antéchrist

    "Je connais mon sort. Un jour se rattachera à mon nom le souvenir d'une crise comme il n'y en eut nulle autre au monde, du choc le plus profond des consciences, d'une décision conjurée à l'encontre de tout ce qui avait été cru, exigé, sanctifié jusqu'alors. Je ne suis pas un homme, je suis de la dynamite.

    (...) Celui qui a découvert la morale découvre aussi la non-valeur de toutes les valeurs auxquelles on a cru ou croit encore ; même dans le type le plus vénéré de l'homme, même dans le saint il ne voit plus rien qui soit digne de respect mais les formes les plus fatales d'avortons, fatales parce qu'elles fascinaient. (...) Le concept de Dieu, inventé comme pour être le contraire du concept de vie - en lui... toute l'hostilité mortelle à la vie se trouve rassemblée en une unité épouvantable." "Ecce Homo", F. Nietzsche

    Dans ce paragraphe, Nitche dévoile, ce qui n'est pas franchement un "scoop", le mépris chrétien de la vie. Le serpent de la Genèse est en effet symbole de vie.

    Le disciple de Zarathoustra, qu'un chrétien tel que moi nomme "suppôt de Satan" pour plus de commodité, s'attend à ce que son annonce faite au monde du mensonge chrétien sous-jacent dans la détermination moderne fasse l'effet d'une bombe, c'est-à-dire qu'elle permette aux élites occidentales que Nitche interpelle de voir l'histoire de l'Occident comme l'histoire d'une décadence, en lieu et place du "progrès social" affiché.

    A cela il faut ajouter le compliment adressé par Nitche à la doctrine catholique romaine, et surtout à l'art catholique romain, d'avoir étouffé le message évangélique, sous prétexte de le propager. Autrement dit, Nitche impute principalement la culture de mort moderne à la culture chrétienne protestante qui lui fut inculquée par ses parents.

    Cependant, là où Nitche prétend rétablir la vérité et mettre fin à -au moins- deux millénaires de mensonges, il ne dit que la moitié de la vérité, ce qui est cause, dans sa doctrine à visée rationaliste, de plusieurs contradictions.

    - Il est vrai que Jésus-Christ et les apôtres méprisent la vie, la culture, l'art, et tout ce qui en découle ; mais c'est au nom de l'immortalité, et non de la mort. Par conséquent, la doctrine de Nitche repose sur la négation de la résurrection, et, d'une manière plus large, de toute métaphysique. Or, sur ce point, Nitche ne révèle pas grand-chose, pour ne pas dire qu'il occulte largement l'importance de la métaphysique dans le monde antique pré-chrétien, suivant une méthode qui sera reprise par les nazis et les sectateurs de la République française, amputant l'antiquité des éléments qui contredisent leur thèse. De façon caractéristique, Nitche fait de Dionysos une divinité majeure, alors qu'il n'était dans la Grèce antique qu'une divinité secondaire.

    - Plus grossièrement encore, Nitche assimile le christianisme à la culture protestante moderne, alors que les Evangiles et le Messie se montrent hostile à toute forme de culture, et en particulier une culture qui se réclamerait de Jésus-Christ, ce qui reviendrait à fonder le christianisme sur le péché, et non sur l'amour et la vérité. Nitche s'attaque violemment à une culture et à une doctrine sociale chrétiennes, alors même qu'il n'y en a pas. Toute forme de mobile temporel est désavoué par la parole divine, et s'exposent par conséquent au néant tous ceux qui trahissent cette parole. La récupération et l'usage du message évangélique à des fins militaires ou éthiques ne fait pas de ce message un message militaire ou éthique pour autant.

    Conclusion : l'antéchrist, sous le prétexte de s'attaquer au christianisme, s'en prend à ce qui est décrit dans l'évangile comme l'antichristianisme, c'est-à-dire une force de subversion majeure, une OPA abusive par les élites occidentales sur les évangiles, similaire aux malversations antiques du clergé juif. De ce fait même, l'antichristianisme de Nitche a, comme celui de Judas, un côté suicidaire, car Nitche dévoile certaines positions et stratagèmes sataniques ; il se comporte comme un soldat romain, voulant torturer et crucifier le Christ et ses apôtres, à l'époque des poisons modernes, fielleusement déversés dans l'oreille des innocents afin de les tuer dans leur sommeil. Nitche n'a rien compris à Shakespeare et à la nuit dans laquelle l'Occident est plongé jusqu'à la fin du monde.

     

  • Athéisme

    Au fait, "athéisme" veut-il dire : ne pas croire en dieu, ou bien : croire en l'homme ?

  • Satan et les Romains

    Il a sans doute raison, ce curé catholique romain, de dire aux petits enfants qui l'écoutent de ne pas voir le diable partout. Comme le diable est véritablement partout, on n'apprendra rien d'essentiel en étant attentif à la myriade de manifestations secondaires de la fortune ou de la providence.

    Ne pas voir le diable partout : en revanche ce serait une erreur fatale de ne pas le reconnaître dans l'Eglise catholique romaine, de ne pas comprendre la signification des flèches d'une cathédrale gothique.

    Le divin Nitche est persuadé de l'inspiration satanique de l'art catholique romain : il se trompe, car la tâche dévolue par Satan à l'art catholique romain est bien plutôt de masquer Satan que de l'exalter. Une fois ces écailles soigneusement appliquées sur les yeux de l'humanité par les artistes catholiques romains, n'importe quel motif - athée, laïc, personnel, existentialiste, bouddhiste, chamanique, communiste -, a pu servir de prétexte. Les petites mains de la ruche n'ont pas besoin de savoir ce que mijote la reine, du moment que les contours de sa petite cellule sont bien dessinés. 

  • Anthropologie

    L'absurdité de la condition humaine justifie tous les actes contre nature. Le suicide, doctrine aristocratique, est tabou pour une seule raison : si les ouvriers se suicident, qui servira les bourgeois ?

    - Où lisez-vous, bourgeois, que le Christ a levé le petit doigt pour empêcher ce curé de Judas de se suicider ? Seule la société menace l'homme au-delà de la mort, et ces menaces sont du même calibre que les promesses des politiciens : elles n'engagent que les bonnes femmes, invariablement occupées depuis l'aube de l'humanité à répéter la même erreur qu'Eve.

    Le travail de l'anthropologue moderne, dans le régime totalitaire où nous sommes, consiste à faire passer l'absurdité pour la logique, jusqu'à proscrire l'humour. Aussi à la fin des temps, les partisans de la morale et de Satan, sont-ils aussi écoeurés par la société qu'un chrétien peut l'être.

  • Liberté ou bonheur ?

    Qui poursuis le bonheur renonce nécessairement à la liberté. Le bonheur est relatif, tandis que la liberté, elle, est au contraire universelle.

    S'il y a peu d'élus au royaume libre de dieu, c'est pour la raison que le bonheur se pare de séductions sociales ou mondaines dont la liberté est dépourvue. Quelle femme peut ainsi plaire à l'homme sans se servir d'appâts naturels ? C'est la liberté. Le bonheur est une putain - on le reconnaît à son revers macabre.

    Sur le plan social, la liberté n'est d'aucune utilité. Certains disent même que l'homme est un "animal politique", et seulement tel ; ou encore certains prétendent que l'évolution est une loi fondamentale de la physique. Cela est nécessaire, non pour faire le bonheur, mais pour y faire croire comme le plus grand effet de la bonté de dieu.

    Ainsi le culte de Satan s'entretient-il sous diverses apparences, dont les plus sournoises portent la marque de la sympathie... pour Jésus-Christ. La liberté n'est rien pour les princes de ce monde et leurs clergés factieux, nous dit Shakespeare - la liberté n'est rien, et cependant voyez combien farouchement ils la combattent, avec leurs universités et toutes sortes de moyens techniques extraordinaires. Que ne s'en tiennent-ils à l'apologie de Satan ou de Zarathoustra, comme Nitche ? Non, il semble que l'appui de renégats chrétiens ou de renégats juifs soit une contribution indispensable au mensonge démocratique millénariste. Pourquoi combattre ce qui n'existe pas ?

    Faites le bonheur, au lieu de le promettre, a-t-on envie de dire aux chiens démocrates-chrétiens, à tous ces défenseurs de la "famille chrétienne", tandis que le Messie affirme l'extrême relativité de la famille. Faites le bonheur des peuples, et alors le triomphe de Satan sera total - les princes de ce monde auront fait la preuve que la liberté, ce caillou dans leurs bottes, n'existe pas. Mais non seulement ils ne parviennent pas à faire le bonheur, mais leur main de fer s'alourdit.

    Le bonheur des uns fait le malheur des autres, tandis que la liberté d'untel ne nuit pas à celle d'autrui, si je peux m'exprimer ainsi dans le langage humain médiocre.

    Gare, le chemin de la liberté n'est pas celui de la souffrance ; c'est encore le bonheur que les masochistes imbéciles recherchent inconsciemment. La complicité des idiotes puritaines et des sadiques jouisseurs est indispensable pour la défense du monde. Comme les sexes opposés se font la guerre, il faut quand même qu'ils s'unissent pour la perpétuation du monde. Ainsi l'anthropologie, c'est-à-dire la pensée moderne, est toujours à double face, et le labyrinthe paraît ainsi d'autant plus inextricable.

    L'humanité oppose à dieu ses arcanes et cherche comme un ventre jaloux à retenir ses fils d'être libres.

  • Ulysse contre Achille

    En réponse au commentaire de Fodio ("Les femmes gémissaient ; mais sous prétexte de gémir sur Patrocle, c'était chacune sur son propre malheur". Pour l'aspect misogyne d'Homère. Zeus soutient les Grecs effectivement contre la majorité des autres dieux, il me semble. Pourtant c'est par amour pour Achille ; tu me diras que ce dernier meurt assez pitoyablement, mais comment expliquer cette préférence de Zeus pour Achille ?) :

    Il faut comprendre l'Iliade et l'Odyssée comme un ensemble, un diptyque. La religion d'Ulysse est une alternative à celle d'Achille.

    A cet égard "l'Enéide" de Virgile est une régression. L'Enéide fonde un culte national assez creux, une anthropologie et non une théologie. Cette précision est utile, s'agissant du rapport entre Homère et Shakespeare, dans la mesure où ce dernier fait table rase de la culture latine occidentale, qui repose sur la filiation entre les nations modernes et Troie ou Rome.

    Autrement dit, si Achille est bien le héros de l'Iliade et le chéri de Zeus, c'est Ulysse le héros de Homère et son favori. Achille témoigne d'une religion radicalement différente de celle d'Ulysse. Homère indique que Achille est en proie au déterminisme religieux, son ressort est psychologique, tandis que Ulysse, lui, au contraire, est libre ; autrement dit, Homère indique que la voie de la sagesse n'est pas un chemin naturel. Cela est probable en raison de la déception d'Achille aux enfers, qui serait disposé à échanger toute sa gloire, en définitive, contre la vie, c'est-à-dire la possibilité d'un meilleur choix.

    On pense d'ailleurs ici à la diatribe de Francis Bacon contre les soldats, aux yeux desquels ne comptent rien que le vin, les femmes et la musique. Bacon sait d'ailleurs parfaitement que, sans leurs soldats, les nations ne sont rien, ce qui implique du point de vue culturel d'encourager systématiquement le militarisme ou le militantisme (l'intellectuel moderne "engagé" n'est que le masque du prêcheur nationaliste, c'est-à-dire du pourvoyeur de charnier).

    L'expression d'une sagesse ou d'une spiritualité contre-nature de la part d'Homère, outre la misogynie, permet de discerner en lui un "tragédien juif". Homère ouvre une brèche dans la philosophie naturelle, c'est-à-dire le culte égyptien ou oedipien.

    Ce qui déclenche la colère de Platon, c'est la promotion par Homère de la conscience religieuse individuelle à travers Ulysse, incompatible avec le culte providentiel païen archaïque. Platon est plus moderne que Homère, parce qu'il est plus archaïque. Homère, lui, énonce une théologie qui n'est en principe pas tributaire du temps, et qui a le défaut, du point de vue élitiste ou platonicien, de n'être d'aucun usage sur le plan politique ou éthique.

    - De la même manière, on pourrait dire que dans le théâtre de Shakespeare, du moins pour les tragédies situées dans l'ère chrétienne, tous les personnages de Shakespeare confessent la foi chrétienne. Comme il se doit, selon la doctrine catholique romaine, les rois et les princes d'Occident sont, comme Achille est le chéri de Zeus, les favoris de dieu, portant sur eux les insignes de la foi chrétienne. Il n'est pas moins vrai qu'aux yeux de Shakespeare, ce type de culte providentiel est nécessairement païen et satanique. "Mon royaume pour un cheval !" : Shakespeare révèle en l'occurrence la véritable nature du culte des potentats occidentaux, et pourquoi ils sont les moins bien placés pour comprendre le sens spirituel de l'histoire.

    Autrement dit, Homère part d'un poème religieux ou d'un thème nationaliste classique, comparable à l'Enéide ou à "Star Wars", dans lequel il introduit la critique, c'est-à-dire l'ingrédient qui a le don de faire voler en éclats la culture. Shakespeare se comporte de la même façon par rapport à la culture médiévale, mélange de paganisme et de christianisme.

  • Homère, tragédien juif ?

    Homère est-il un tragédien juif comme je le soutiens ? Homère et Shakespeare ne partagent-ils pas à travers les siècles la volonté de faire voler en éclats la culture, c'est-à-dire l'athéisme ?

    Le savant chrétien Francis Bacon a bien conscience, ainsi qu'il l'explique dans ses "Essais", que parler d'athéisme à propos de l'antiquité est un anachronisme.

    Nous voulons parler ici d'athéisme au sens du "cléricalisme", c'est-à-dire la captation du "phénomène divin" par tel ou tel clergé, assortie de la définition de dieu par ce clergé, afin de servir les intérêts d'une élite politique. L'histoire des hommes est émaillée de tels complots. Le complot des juifs pharisiens est sans doute le plus connu. Mais le "Hamlet" de Shakespeare est fait pour rappeler l'épisode du prophète Daniel et du complot déjoué des prêtres babyloniens.

    On peut comprendre ce conflit en termes profanes, puisqu'il oppose de la même façon la technologie et la science. En effet, il est fait état dans les deux cas d'une même prétention scientifique -les régimes technocratiques modernes en ont même fait le "nec plus ultra" de la conscience humaine-, mais la réalité de l'histoire des sciences est celle d'un conflit entre la science technique et les savants.

    L'hostilité de Platon à Homère est donc la première piste. Derrière l'accusation typiquement cléricale d'impiété visant Homère et les mythes homériques, y a-t-il de la part de Platon une volonté plus profonde de défendre le culte égyptien antagoniste de la religion de Moïse, c'est-à-dire cette philosophie naturelle à laquelle est associé par les prophètes chrétiens le nombre de la bête 666. La foi juive de Homère pourrait expliquer sa relative impiété vis-à-vis des figures du zodiaque. Il convient de parler d'impiété relative, car "L'Iliade" n'est pas un pamphlet. On peut penser que le récit de "L'Iliade" vise plutôt le dévoilement complet d'un culte, partiellement occulté par le clergé chargé de sa diffusion. Ainsi le lecteur en sait plus long en lisant "L'Iliade" que le héros Achille du fait de son initiation. Le destin de Troie est celui de l'homme civilisé, ou qui se croit tel, béni des dieux mais non du dieu de Moïse.

    Au plan civil, Platon juge Homère indécent : mais précisément la religion de Moïse et le christianisme ne tiennent pas compte du plan civil, qu'ils décrivent comme une impasse.

    De même, du point de vue de Shakespeare, la culture est l'instrument principal du négationnisme de l'histoire, et donc du salut.

    On peut voir dans la constance des clercs et philosophes platoniciens à travers les âges à vilipender Homère, une preuve supplémentaire de la profondeur de cet antagonisme ; y compris lorsque ce culte platonicien/pythagoricien opère sous couvert du christianisme, comme c'est le cas en ce qui concerne Dante Alighieri, étrangement guidé par un prêtre du culte romain ennemi à travers le paradis, le purgatoire et l'enfer, et théoricien d'un culte impossible, analogue au culte mahométan.

     

  • L'Anthropologie chrétienne

    L'anthropologie chrétienne est l'argument derrière lequel le paganisme des soi-disant "élites chrétiennes" s'avance masqué, c'est-à-dire la formule la plus efficace de l'antichristianisme. Cette rhétorique anthropologique subversive évoque la prophétie des apôtres concernant l'avènement de l'Antéchrist, c'est-à-dire une puissance apparemment sympathisante du Christ Jésus, et non pas hostile.

    Les Evangiles sont la parole de dieu, du point de vue chrétien, et par conséquent intangibles : nul ne peut y ajouter ou y retrancher, à moins de commettre le péché de fornication, c'est-à-dire non pas une faute du point de vue anthropologique, mais un péché contre l'esprit de dieu. L'inaltérabilité de la parole divine est indiquée par la mention qu'elle durera plus longtemps que la terre elle-même, c'est-à-dire que l'humanité.

    La difficulté de l'homme à comprendre la parole divine tient d'abord à la nature pécheresse de l'homme. L'anthropologie chrétienne semble hésiter entre la source divine de la vérité et la raison humaine commune. Or, comme on ne peut se satisfaire d'une demi-science, qui ménagerait une place au mensonge, on ne peut se satisfaire d'un demi-christianisme, trempé dans l'eau tiède du désir et des ambitions humains. Tandis que le Messie nous dit que le christianisme est à prendre ou à laisser, d'une certaine manière l'anthropologue chrétien nous dit le contraire.

    Où l'on discerne encore que l'anthropologie chrétienne est satanique, c'est sur le plan social ou mondain, puisque le Messie, poursuivant le but du salut de l'homme, méprise absolument le plan social ou mondain, tandis que le but sournois de l'anthropologie chrétienne est de le revaloriser.

    Le clergé chrétien, romain en particulier, prétend donc avoir inventé une méthode complémentaire de l'enseignement de la parole divine. Or cette méthode n'est ni plus efficace, ni complémentaire : elle contredit et occulte l'amour et l'esprit de vérité chrétiens, exactement pour la même raison qui incita le clergé juif à trahir l'esprit de la loi de la Moïse en se l'appropriant. Or cette opération de blanchiment du monde à l'aide de l'anthropologie chrétienne est à l'arrière-plan de tous les génocides de l'Occident moderne : elle a servi à battre le rappel des foules ivres de bonheur et de sang. Arrachez le masque de l'anthropologue athée ou moderne, et vous découvrirez au-dessous celui de l'anthropologie chrétienne, acharnée à traduire le message évangélique en propositions sociales impossibles.

    L'anthropologie chrétienne est également indissociable de l'élitisme ou de l'esprit de caste, car bien entendu les élites sont actionnaires du monde, bien plus que ne le sont les personnes du peuple, asservies aux chimères et aux utopies sociales. Si cela semble assez évident en ce qui concerne l'ancien régime et sa consolidation à l'aide de lois chrétiennes, ça n'est pas moins vrai en ce qui concerne la démocratie, régime plus sournois mis en place par les élites bourgeoises afin de tenir les peuples en haleine.

    - La médiocre encyclopédie Wikipédia traite dans un article de la notion confuse d'anthropologie chrétienne ; en préambule, l'article indique que l'anthropologie chrétienne doit surtout à trois noms (sic) : Aristote, Thomas d'Aquin et Jean-Paul II. Suivant le propos de cet article, destiné à justifier grossièrement la "cause sociale chrétienne", Aristote serait un précurseur du concile Vatican II. Il s'agit ici de l'interprétation d'Aristote par Thomas d'Aquin, représentatif de l'effort du clergé du moyen âge pour rendre la société civile compatible avec les exigences évangéliques - effort sournois et impossible, puisque la spiritualité chrétienne s'efforce de souligner l'assise sociale dans le mensonge, le péché et l'absence de spiritualité. Thomas d'Aquin fait en outre dire à Aristote le contraire de ce qu'affirme le savant naturaliste grec, à savoir qu'il est improbable physiquement que l'âme persiste au-delà de la mort, et que certainement l'âme n'est autre qu'un principe physique, et non divin ou métaphysique. Or la croyance dans la persistance de l'âme n'est pas plus requise du point de vue chrétien qu'elle est requise du point de vue d'Aristote : cette croyance répond à un besoin anthropologique ou social, éthique.

    - L'ancien évêque de Rome Jean-Paul II, quant à lui, ignore délibérément que les symboles chrétiens - les paraboles et l'apocalypse chrétiennes s'appuient largement sur des expressions symboliques - ces symboles et métaphores ont une signification opposée à celle des symboles et métaphores païens, qui ont, eux, bel et bien une valeur anthropologique, tandis que les symboles et les métaphores chrétiens ne peuvent produire d'effet sur le terrain anthropologique ou social, c'est-à-dire des choses temporelles. Les évangiles, notamment, démystifient l'érotisme, qui au contraire sur le plan anthropologique est systématiquement une denrée mystique.

    Même le vitriol déversé par Nitche au nom de Satan sur les évangiles et l'anthropologie chrétienne moderne qu'il accuse d'avoir inversé les valeurs bien plus réelles de l'anthropologie païenne, ce vitriol est moins néfaste, car il met à jour certaines parties authentiques du christianisme, notamment l'inaptitude de celui-ci à servir un quelconque art ou à justifier une quelconque société.

  • BHL, le Messie ?

    On a pu voir récemment Bernard-Henry Lévy garantir aux Ukrainiens, place Maïdan, l'appui de la société civile française. Qu'est-ce que la société civile ? L'ensemble des hommes et des femmes qui "comptent" dans une société, c'est-à-dire qui disposent d'un certain pouvoir.

    De cette société civile, BHL est en quelque sorte l'éminence grise ou le porte-parole, par-delà droite et gauche, c'est-à-dire le clivage qui régit un mode d'organisation interne subalterne.

    L'usage de l'argument démocratique comme un refrain, est similaire de l'usage de dieu par certains prêtres au service de sociétés civiles plus anciennes. La démocratie, le peuple, a une existence purement rhétorique et conforme aux attentes de BHL. A quoi bon le cheval, s'il n'y a pas de cavalier pour l'enfourcher ? BHL caresse le peuple, comme le cavalier flatte l'encolure de son cheval, mais nul mieux que lui ne sait se passer du mandat officiel du peuple. Il a parfaitement raison, puisque, en réalité, la scène internationale est un domaine, une zone de non-droit. La méthode pour faire passer l'arbitraire pour la justice internationale est on ne peut plus grossière ; elle relève de la propagande et du négationnisme de l'histoire. Un esprit rationnel ne peut y souscrire, car il faut pour cautionner cette matière accepter que soient introduits dans le droit un certain nombre de fantasmes judéo-chrétiens.

    Plus cynique encore la manière dont BHL s'adresse à la foule de la place Maïdan, comme si foule et démocratie coïncidaient. Or la foule est synonyme de bêtise et de violence, de force brute dépourvue de conscience. Il y a là l'application d'une méthode populiste par quelqu'un qui passe son temps à ternir le populisme en le qualifiant de nazisme. BHL se comporte d'ailleurs comme les démagogues se comportent dans ces cas-là : en chef- d'orchestre.

    - BHL a quelques détracteurs en France, pour la plupart extérieurs à la société civile ; ils se contentent pour la plupart du temps de dire que BHL est un imposteur. C'est tout le contraire ; ce qu'on peut dire de la rhétorique progressiste de BHL, c'est qu'elle est parfaitement rigoureuse. BHL prolonge d'une manière étonnante à travers les siècles le type de l'inquisiteur du moyen âge. Il a parfaitement raison, car le mouvement moderne est un mouvement médiéval.

    D'énormes efforts furent entrepris par le clergé catholique au moyen-âge pour inventer de toutes pièces une éthique judéo-chrétienne, une culture chrétienne, en contournant des textes saints et des symboles mythologiques qui ne le permettent pas, afin de restaurer le pouvoir du clergé et une formule théocratique chrétienne. De cet effort ancien, BHL est le continuateur ; il en propose une formule mieux adaptée que le catholicisme romain aux élites modernes qui dominent désormais le monde.

    De même que les anciens clercs catholiques prêchaient la croisade aux soudards en se gardant bien de se mêler directement aux combats, BHL agite un peu partout où les pouvoirs publics et la "société civile" le lui permettent, l'étendard de l'éthique judéo-chrétienne humaniste.

  • Guerre & cinoche

    Un acteur de cinoche allemand a jugé opportun de tourner un film dédié au général von Choltitz, qui aurait selon lui désobéi à l'ordre d'Hitler de faire sauter Paris.

    - Sans ça, la réconciliation entre les Français et les Allemands n'aurait pas été possible, commente avec gravité cet acteur. - T'as qu'à croire, Edgard, tant qu'il y a un intérêt en jeu, les bourgeois sont toujours prêts à se rabibocher. On aurait juste fait venir un peu plus de métèques d'Italie ou d'Afrique pour réparer les dégâts.

    Daniel Cohn-Bendit, après la défense de Vladimir Poutine par Jean-Luc Mélenchon, reproche à ce dernier de haïr les Allemands, les Américains, les journalistes et les femmes. Cohn-Bendit, lui, hait seulement les nazis et le Front national.

    V. Poutine vient de piger que les méchants, au cinéma, sont nécessairement antisémites. Du coup il accuse les putschistes ukrainiens d'être de sales antisémites. La presse française ne sait pas trop comment interpréter une telle déclaration.

    - Dans une série américaine, le méchant "serial killer", c'est-à-dire le type qui n'a pas le temps d'attendre que la guerre soit déclarée pour assouvir ses rêves, entre autres tares, est "créationniste" ; en même temps, c'est plutôt logique, vu que Satan est sacrément calé en sciences-nat. De même il est assez logique que les flics, qui ont un comportement grégaire, soient évolutionnistes.

     

  • L'Alliance franco-russe

    Les partis politiques extrémistes, en France défendent la position du tsar Poutine, tandis que le pouvoir central, médiatique et institutionnel, soutient la stratégie du Pacte atlantique.

    Après tout les Yankees aussi savent jouer aux échecs, et il n'est pas difficile de voir que la domination des Etats-Unis sur le reste du monde est le résultat des guerres civiles du XXe siècle entre Européens, profitables en termes de croissance. Preuve de la continuité du plan économique et du plan militaire, les pertes financières de la Russie, consécutives à l'invasion de la Crimée, sont comptabilisées par la presse capitaliste comme des victoires du Pacte atlantique.

    D'une manière générale la diplomatie, comme la féminité, consiste à savoir repérer le mâle dominant pour s'accoupler, Poutine ou Obama ?

    On ne peut s'empêcher de remarquer à quelle vitesse l'intelligentsia parisienne a basculé de l'alliance franco-russe à l'alliance franco-américaine. L'intelligentsia a donc la même constance qu'une girouette. Bernard-Henry Lévy a peint le tableau le moins noir possible des Etats-Unis, véritable asile d'aliénés selon ses citoyens les moins toqués, comme Aragon fit avec l'Union soviétique.

    C'est l'occasion de remarquer une nouvelle fois la connivence des intellectuels avec le totalitarisme, quelle que soit son étiquette. Dans le domaine artistique, l'absurdité extraordinaire de la politique occidentale depuis des siècles se traduit par cet intellectualisme. Les formes modernes de barbarie humaine revêtent sans doute elles aussi une forme plus intellectuelle et rhétorique.

    Caractéristique du monde totalitaire, la formidable incitation du peuple à se convertir à une culture qui, qu'elle soit industrielle ou élitiste-casuistique, n'est pas la sienne, est significatif de la ruse socialiste ou démocratique. De même l'expression de la vérité comme le "devoir d'information", motif totalitaire, passe par une justification intellectuelle. Non seulement la désinformation, mais l'information agit comme la rumeur, afin que la vérité soit plongée dans un épais brouillard. L'intellectuel paraît alors le mieux qualifié pour diriger le monde plongé dans le noir, comme un aveugle est le plus habile à se dépêtrer dans l'obscurité. En réalité entre la fausse lumière des intellectuels et l'obscurité, il n'y a pas de différence, et les penseurs humanistes ont toujours dénoncé la ruse qui se cache derrière le parti-pris intellectuel.

  • La Guerre mondiale

    Il faut envisager la guerre mondiale, non comme un accident, mais comme le terminus de la culture totalitaire moderne.

    La compétition économique entre les nations fait en effet partie du processus de guerre. L'histoire nationale-républicaine enseignée dans les collèges et lycées consiste à ôter la conscience historique, afin de maintenir l'éthique de la guerre intacte, sans laquelle il n'y a pas d'élites ni d'Etat. Où l'on perçoit que la culture de masse est un dispositif à la disposition des élites éthiques et politiques, c'est en raison de l'abrutissement qui est visé, et de la réduction de l'homme par le cinéma au stade du militant, c'est-à-dire de la chair à canons.

    La guerre fait suite à la paix comme la mort intervient dans un corps vivant, non pas comme un accident, mais comme son prolongement naturel.

    Autrefois, l'astrologie permettait aux meilleurs devins de prévoir la guerre, et sa durée ; aujourd'hui, un bon statisticien, disposant des outils de mesure des rapports de force mondiaux, en particulier des flux monétaires, devrait pouvoir prédire avec précision son début, et si ces forces sont suffisantes pour aboutir à l'extinction de l'espèce humaine. Le calcul statistique revient à peu près au même que la mathématique astrologique, bien que le type du statisticien-conseiller du prince moderne (Jacques Attali) soit plus proche du gourou que les savants astrologues n'étaient. On retrouve dans les théories statistiques dites "fondamentales" le même procédé que chez les mages de seconde zone.

    L'arbitraire particulier du droit moderne ("droits de l'homme" définis par les rentiers du capital) rend la prédiction un peu plus difficile ; il semble de ce fait qu'il y a une part d'initiative humaine dans la guerre, alors que ce n'est pas le cas. Bien sûr les chefs militaires de l'Antiquité connaissaient la ruse, mais elle ne faisait pas partie de l'adn de leur droit de la guerre, contrairement aux nations judéo-chrétiennes modernes.

    Les nazis sont comparables aux Troyens dans la dernière guerre mondiale, non seulement en raison de leur défaite, mais à cause de leur nostalgie naïve de la civilisation et du bonheur.

     

  • Guerre et rhétorique

    "Moderne" et "démocratique" se dit aussi de la guerre sans merci que l'homme se livre en ces temps avancés où nous sommes rendus. L'hypocrisie et le cynisme contemporains feraient presque passer la guerre de Troie pour un match de rugby courtois.

    Mais, derrière le tissu de rhétorique afin d'accommoder la guerre à l'idée de progrès, les caractères restent les mêmes : il faut encore des types avides de gloire et obéissant au destin comme Achille pour trucider. On reste toujours aussi sourd aux cassandres qui prévoient que la technocratie mène au pire. La femme demeure toujours symboliquement l'enjeu de la guerre, c'est-à-dire que les actes de guerre sont commis par des féministes, ou des imbéciles dont l'éloge du sexe dissimule un comportement prédateur.

    De mauvais critiques estiment qu'il y a de la part d'Homère dans l'Iliade une esthétique de la guerre. C'est ne pas voir qu'il y a au contraire dans la guerre moderne et démocratique une part de laideur rhétorique extraordinaire. Ce n'est donc pas parce que la guerre moderne est un bourbier infâme de mots et de justifications anthropologiques hypocrites que Homère fait briller la guerre.

    Le propos d'Homère est bien plutôt de souligner le fondement guerrier de la culture. De sorte qu'il n'est aucune culture qui ne prenne sa source dans la violence, non seulement la culture grecque : s'il en était une, Homère serait périmé depuis longtemps.

    Un homme de culture est fondamentalement bestial, voilà ce que veut dire Homère en substance dans "l'Iliade". C'est la raison pour laquelle les chrétiens sont tentés de voir en Homère un tragédien juif, en raison de son mépris pour la culture, caractéristique de Jésus-Christ et des prophètes. Comprenez qu'on ne peut fonder une culture sur l'interdiction absolue de tuer figurant dans les tables de Moïse. La meilleure preuve en est du saccage systématique par les hommes de cultures chrétiens ou juifs à travers les millénaires de la mythologie chrétienne ou juive qui recèle ce mépris de la culture.

    Ce que Homère entend "par-delà la culture", c'est-à-dire n'étant pas soumis à la loi du destin, il nous le dit dans "L'Odyssée".

  • Le Christ anarchiste

    Quand on est chrétien ou anarchiste, détestant la société, on se fait parfois taxer de misanthropie. Pourtant la société n'est pas haïssable seulement par rapport à soi, elle est détestable en elle-même, comme tout système. Molière dans le misanthrope décèle un amoureux contrarié de la société. Voici aussi pourquoi la parole divine encourage à vaincre sa peur, car l'idolâtrie de la société vient d'un fond de lâcheté.

    Le socialisme est le plus bas degré de la conscience, à peu près du même niveau que celui que les anciens sages attribuaient aux guerriers stupides ; on ne peut pas dire que la psychanalyse moderne se soit beaucoup opposé à cette démence.

  • Homère et les modernes

    Les hommages rendus à Jacqueline de Romilly sont de ceux que l'on rend indistinctement à la culture, fatras on ne peut plus hétéroclite désormais.

    De loin, elle paraît brillante et, à l'instar des ouvrages académiques, son nom fait honneur au corps de métier enseignant. Mais, sous couvert d'hellénisme, ce sont des valeurs latines que J. de Romilly promeut dans ses ouvrages. Pour une raison facile à comprendre : la république moderne totalitaire, sa culture de masse et ses méthodes de gouvernement démagogiques, renvoient à la Rome antique, bien plus qu'à la culture grecque.

    L'erreur de J. de Romilly est d'ailleurs assez grossière de vouloir lutter contre la décadence par des moyens politiques ou éthiques, alors même que la décadence est un phénomène éthique ou politique nécessaire, c'est-à-dire naturel. Jacqueline de Romilly est en outre, comme beaucoup d'intellectuels républicains ou réactionnaires à la suite de Nitche, une négationniste. L'effet de la révélation chrétienne est à ses yeux nul et non avenu. Bien plus encore que celle de Nitche, la culture prônée par J. de Romilly est pure nostalgie.

    "(...) D'autre part, vous faites un parallèle avec les livres sacrés : il est parfaitement exact que dans l'éducation grecque, l'explication d'Homère tenait la première place ; Xénophon, par exemple, estime qu'un Athénien cultivé doit savoir Homère par coeur (...). A toutes les époques de l'hellénisme, on a cherché dans Homère des conseils, et ce dans tous les domaines, même quand il s'agissait de stratégie ou de philosophie. On a multiplié également les lectures allégoriques, et les chrétiens eux-même y ont cherché -et trouvé- bien des symboles et bien des significations. Il reste cependant une différence capitale : c'est qu'un livre sacré doit être respecté dans ses moindres détails et doit reste "ne varietur". Or Homère représente pour les Grecs une oeuvre à propos de laquelle ils peuvent réagir et prendre leurs distances. (...) Un livre sacré, c'est, du point de vue religieux, un livre fixé une fois pour toute, respecté et respectable ; là, c'est un élan."

    J. de Romilly manifeste ici une double méconnaissance du "sacré" et de l'histoire. La première chose à dire, en l'occurrence, c'est qu'il existe plusieurs sortes de sacralité différentes, voire opposées. La politique est ainsi, dans de nombreuses religions païennes (Virgile) une cause sacrée - tandis que les religions dans lesquelles la liberté est une "chose sacrée", pour ne pas dire dieu, méprisent la politique et la rabaissent au niveau de la bestialité. Chez les prophètes juifs ou chrétiens, les nations et les rois sont conduits par Satan.

    Quant au respect des livres sacrés, l'histoire de l'Occident prouve qu'un livre peut être sacré, comme le nouveau testament des chrétiens, et n'en être pas moins contredit systématiquement, y compris par les prêtres censés faire partager la révélation qu'il contient, sous couvert de la "tradition". La dénomination même de "pape" est prohibée par les apôtres, ce qui n'empêche pas l'évêque de Rome de citer la parole divine. On comprend que J. de Romilly exclut par principe la qualité métaphysique des textes sacrés, et les croit tous de nature anthropologique, ce qui est absurde pour une helléniste. Mais même en ce qui concerne la sacralité juridique, qui manifestement fascine J. de Romilly, son jugement est inexact : le Coran, ainsi, n'est pas respecté dans ses moindres détails, pour la simple raison que ces détails se contredisent parfois. En ce qui concerne le code civil et la sacralité des lois républicaines, ils évoluent au gré des élites qui les édictent et on peut parler de sacralité "à géométrie variable", opposable à ceux qui ne font pas partie de ces élites. A cet égard on comprend pourquoi la démocratie de Platon n'est pas pure hypocrisie comme la nôtre.

    "J'ajoute (...) que les héros d'Homère, s'ils sont un peu plus beaux, un peu plus grands que les hommes normaux, ne sont jamais dépeints comme des êtres parfaits : ils ont tous des défauts, des faiblesses, et on ne saurait les comparer à des saints ou à des prophètes. (...)"

    Il s'agit encore d'un jugement superficiel, et J. de Romilly mélange tout ; les saints de la tradition catholique romaine ne sont pas les apôtres, et de nombreux saints de la tradition romaine sont de pures fictions - l'Eglise romaine elle-même ne place pas au même niveau les paroles et écrits de tel ou tel de ses saints, et la parole divine transmise par les apôtres. Les apôtres ne sont par présentés comme "parfaits", et il en est même un qui se suicide. Les prophètes juifs et chrétiens ne sont  pas tous également parfaits. Le sens de l'histoire et l'universalisme chrétien affirment la perfection plus grande de Jésus-Christ, sur qui la mort n'a pas de prise, contrairement à Moïse.

    Quant à certains héros grecs ou homériques, ils ont bien un degré de perfection quasiment absolu, tel Héraklès, qui seul est capable de délivrer Prométhée, significatif de la condition humaine douloureuse et de la mort. De même Ulysse, s'il chute de nombreuses fois, se relève toujours et finit par atteindre son but, dont on peut penser qu'il a une signification spirituelle, étant donnée l'assistance d'Athéna.

    C'est le négationnisme de l'histoire, typiquement romain ou républicain, qui est le but visé par J. de Romilly, derrière sa démonstration superfielle. La muséographie pour faire pièce à l'histoire.