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  • Apostasie de Jean-Paul II

    Les évangiles excluent tout calcul social. La doctrine de Jean-Paul II est essentiellement sociale.

    En même temps les évangiles ne contraignent personne à faire le choix d'une existence antisociale tournée vers dieu. Au stade ultime, la doctrine catholique romaine de Jean-Paul II, la plus compatible avec les valeurs bourgeoises capitalistes, s'avère une contrainte exercée afin de mener une vie sociale et trouver à cette vie un sens - par conséquent comme une négation du message évangélique. On ne peut donc manquer de juger cette tournure étrange. 

    D'une manière générale, le XXe siècle coïncide avec la substitution de l'anthropologie à la théologie, célébrée d'une part par la philosophie laïque athée comme le triomphe de la raison humaine, et d'autre part vantée par la propagande catholique romaine comme une sociologie chrétienne des plus raffinées. Les évangiles nous parlent de liberté, de vérité, d'amour, c'est-à-dire de dieu ; la doctrine catholique nous parle de l'homme et de l'institution catholique.

    La procédure de canonisation des papes, plus encore qu'une autre puisque l'évêque de Rome est la clef de voûte de l'institution romaine, trahit le caractère de culte providentiel du catholicisme romain, c'est-à-dire une conception de l'au-delà caractéristique du culte païen, imité par la République française lorsqu'elle procède au transfert des cendres de tel ou tel héros national au Panthéon, contredisant ainsi les slogans démocratiques.

  • Vie de merde

    Bien sûr il y a d'épisodiques moments de joie (et mon point de vue est celui d'un homme dans la force de l'âge), mais le vrai visage de la vie est celui d'un bourreau ; on peut donc dire que toutes ces personnes efféminées qui célèbrent la vie, à travers une poésie plus ou moins sentimentale, souffrent du syndrome de Stockholm.

    Je veux dire par là que, selon le tempérament paradoxal de l'homme, sa volonté commune de mourir idiot, de confondre par exemple la culture de vie satanique avec la spiritualité chrétienne, la vie est souvent célébrée par des victimes ou des personnes malheureuses, et non seulement par quelques sadiques.

    Je lisais cette semaine la nécrologie, rédigée par un journaliste, d'un de ses amis décédé prématurément d'un cancer ; en dépit des convictions athées exprimées par ce journaliste, la nécro se terminait par un : "Vive la vie... quand même.". Quel débordement de foi inutile !

     

  • Surnaturel et science

    Certains lecteurs parviennent sur ce blog en interrogeant Google ainsi : - y a-t-il une opposition entre le surnaturel et la science ?

    La réponse est non, l'humanité ne connaît pas cette distinction avant le XVIIe siècle ; c'est donc le propre de la science bourgeoise dite "moderne" de postuler cette différence. Le but de la manoeuvre n'est pas difficile à comprendre : il s'agit de justifier la technique et les mathématiques (mécanique) comme des sciences à part entière. Dans ce cadre technocratique, l'artifice (la science-fiction débile du voyage dans le temps, par exemple) prend la place du "surnaturel" et du mythe.

    C'est dans la "science sans conscience" volontaire que réside l'extraordinaire criminalité de la bourgeoisie occidentale moderne, dont Shakespeare prédit qu'elle engloutira l'Occident tête (Angleterre) la première.

  • Anthropologie catholique

    "ON IRA TOUS AU PARADIS !"

    Ce cantique athée résume bien l'esprit de la doctrine catholique, qui revêt avec la canonisation en série des papes une dimension ubuesque. De fait, ici, ce que la propagande cherche à compenser en encourageant le culte de l'institution à travers ses représentants, c'est la ruine juridique de l'Eglise romaine. Le culte de la personnalité est le propre des institutions fragiles, encore neuves ou déliquescentes.

    Un Occidental qui n'a pas conscience du rôle matriciel étrange joué par l'Eglise romaine, de source illégitime de la norme, n'est qu'un aveugle.

    D'une part le culte insane de la personnalité et d'une biographie truquée de Jean-Paul II, dont pratiquement aucun "fan" ne saurait dire ce qu'il a apporté au message évangélique - d'autre part quelques railleurs, inconscients que les cérémonies de translation des cendres de tel ou tel poète républicain au Panthéon sont le strict décalque de la doctrine anthropologique catholique.

     

  • Machiavel

    Le machiavélisme du régime démocratique consiste à faire croire qu'il n'est pas machiavélique.

    Derrière chaque démocrate-chrétien, il n'y a pas beaucoup à creuser pour découvrir un culte rendu au Prince de ce monde ; il n'y a pas à creuser beaucoup plus loin que pour déceler la même détermination dans le "Grand Siècle", et c'est d'ailleurs pourquoi Molière n'a pas pris une ride.

    Molière partage avec Shakespeare cette particularité chrétienne : on ne peut ni les prendre pour des auteurs conservateurs, ni pour des auteurs "progressistes" ; cette particularité fait qu'ils échappent au "cahier des charges" de l'art. Ils ne sont pas des artistes selon les seules définitions, anthropologiques, qui existent de l'art.

    La difficulté que rencontre la scolastique moderne avec Shakespeare tient largement à ce qu'elle est incapable de le situer dans une époque ou dans un mouvement - moi-même je ne qualifie Shakespeare de "renaissant" que pour souligner que l'étiquette "baroque" ou "pré-romantique" est celle qui lui va le moins. L'artifice moderne est baroque. La modernité n'est qu'un stuc, et Shakespeare est un entrepreneur de démolition. Ce sont les mêmes universitaires qui qualifient Shakespeare de "baroque" qui disent la plupart de ses pièces "énigmatiques", sans doute pour signifier que l'étiquette baroque s'accorde avec l'indéfinissable. Si vous lisez Shakespeare correctement, et non avec une oreille de musicien, vous comprendrez que l'accusation lancée par Shakespeare à l'université et aux universitaires de l'Occident d'être les instruments afin d'étouffer l'Esprit, cette accusation-là appelait une vengeance de la part des clercs, que l'on pourrait dire "vengeance de Polonius".

    Certains ont pu dire Shakespeare dans la ligne de Machiavel. Bien que Francis Bacon a sans doute lu Machiavel, il est plus juste de dire qu'il en tire parti, car l'on voit bien que le cadet des soucis de Shakespeare est d'aider les princes chrétiens à se maintenir en selle. Shakespeare montre bien plutôt les princes chrétiens victimes d'une culture médiévale truquée, un peu comme des joueurs d'échecs qui n'auraient pas conscience de la signification satanique du jeu d'échecs. Le machiavélisme démocratique consiste d'ailleurs à jouer avec les pions et sacrifier ceux-ci pour protéger les pièces majeures. Que Shakespeare soit anticlérical, à l'instar de Machiavel, ne signifie pas qu'il soit athée. Elle signifie que Shakespeare a conscience de la coïncidence du cléricalisme et du pharisaïsme.

    Le propos de Machiavel, lui, est comme une "patate chaude" dans la culture occidentale, ainsi que la doctrine de Nitche ultérieurement. Machiavel et Nitche ont le don de dévoiler au nom de la raison et pour le compte des élites dirigeantes, démocratiques ou chrétiennes, afin de soigner leur folie, ce que celles-ci doivent garder secret, à savoir que la politique ne sera jamais un jeu de dames, où toutes les pièces ont la même force, mais qu'elle restera toujours un jeu d'échecs, où la transparence n'est pas de mise et les pièces sont inégales. Ce jeu, Shakespeare souligne qu'il n'est qu'un jeu de dupes et l'Occident une tournure catastrophique, non de l'histoire mais de la partie d'échecs. Plus vous prendrez au sérieux la règle du jeu, plus vous serez dupe dit Shakespeare.

     

     

  • Benoît XVI antéchrist

    C'est l'affirmation réitérée du caractère "anthropologique" du message évangélique par l'ex-évêque de Rome qui permet d'affirmer que sa doctrine est antichrétienne.

    Comme l'anthropologie est un terme assez vague, baignant dans le flou scientifique moderne et ses divisions grotesques en sciences molles et dures, disons plus simplement qu'il est impossible de déduire des évangiles des solutions éthiques ou politiques afin d'améliorer la condition humaine, irrémédiablement marquée par le péché.

    La thèse de ce pontife romain (qui n'est pas la sienne propre, mais celle d'une institution chrétienne reposant sur une rhétorique anthropologique), s'oppose à la défense faite par le Messie à ses fidèles apôtres de fonder le royaume de Dieu dans ce monde.

    Autrement dit quand la loi de Moïse s'adressait encore à un peuple, l'arrachant au principe identitaire, juridique ou racial qui est la détermination commune des peuples, le message évangélique s'adresse, lui, à l'individu seul. "Bienheureux ceux qui ont faim et soif de la justice, car ils seront rassasiés.", disent les Evangiles ; or ceux qui ont faim et soif de la justice sociale ne sont pas bienheureux, ils sont imbéciles, induits en erreur par un discours destinés à plonger les peuples dans un état de léthargie spirituelle.

    L'idée de justice sociale a la couleur et l'odeur du christianisme, mais elle en réalité non seulement étrangère à l'esprit et la lettre des Evangiles, mais en outre l'instrument principal de sa subversion. Il n'y a pas de remède social à un mal dont l'origine est sociale, et les évangiles n'en proposent pas.

    La rhétorique anthropologique de Benoît XVI et des élites occidentales démocrates-chrétiennes s'accompagne d'un négationnisme de l'histoire. Plusieurs faits historiques sont occultés. D'abord le fait que l'athéisme moderne s'inscrit dans le prolongement du discours anthropologique chrétien. Derrière le masque laïc porté par les autorités culturelles et morales, on distingue assez nettement la convergence d'intérêts ; Benoît XVI a reçu naguère le quitus d'intellectuels laïcs athées en raison de la conformité de son propos, non pas au message évangélique, mais bien à la rhétorique anthropologique qui forme le cadre général de l'éthique occidentale moderne. On constate que les élites politiques font preuve du plus grand opportunisme, s'agissant de reconnaître à l'Eglise romaine son primat idéologique, ou au contraire de le nier.

    L'athée moderne n'est pas l'héritier de la foi chrétienne, puisque celle-ci est intransmissible par la voie anthropologique, mais l'athée moderne hérite bel et bien de la rhétorique anthropologique chrétienne et de la thèse liturgique du saint sacrifice de la messe (eucharistie), autour de laquelle l'anthropologie chrétienne s'articule depuis le moyen-âge. L'athée moderne est l'héritier de ce que les évangiles prohibent, à savoir l'énoncé d'une doctrine sociale chrétienne, et que l'anthropologie chrétienne permet.

     

    L'individualisme chrétien affranchit l'homme de la tutelle de dieu, comme une mère lâche son enfant pour lui permettre d'apprendre à marcher seul. Un tel individualisme est conforme à l'esprit évangélique. Mais le discours anthropologique élitiste, en introduisant une perspective sociale irrationnelle, ramène cet individualisme à un relativisme athée inconséquent, et qui s'avère un instrument d'aliénation extraordinaire des peuples à la volonté et aux désirs plus fermes des élites.

    Car l'autre fait historique nié par la doctrine de Benoît XVI, parfaitement soluble dans les "temps modernes", c'est le caractère totalitaire du discours anthropologique chrétien. Il est sous-jacent dans toutes les doctrines modernes catastrophiques, non seulement libérales, mais aussi communistes ou nazie. Ce qui est présenté comme un progrès social humaniste, s'avère en réalité une convulsion de l'humanité.

    La prochaine canonisation du pape Jean-Paul II, nouveau scandale de la propagande catholique romaine, sera l'occasion de confronter de nouveau le discours anthropologique chrétien à la vraie foi, car cette canonisation "pour le besoin de la cause", trahit largement ce que le discours anthropologique cherche à dissimuler, à savoir la substitution d'un culte providentiel au message évangélique. Le procédé de la canonisation des papes présente une analogie avec le sacre du moderne suppôt de Satan Napoléon par lui-même, et elle est de surcroît aussi absurde que le culte de la personnalité pour un tenants de valeurs démocratiques. Cette propagande inconsidérée trahit que la démocratie-chrétienne a plus à voir avec un culte oedipien qu'avec des évangiles dont l'apôtre Paul affirme avec force dans l'épître aux Galates qu'ils fondent une spiritualité anti-oedipienne, c'est-à-dire antisociale.

  • Théorie du complot

    "L'homme est un animal qui complote" (d'après Aristote)

  • Critique littéraire

    Le critique littéraire qui refuse ou s'abstient d'entrer dans le domaine de la science méconnaît la littérature. Il n'est pas un littérateur digne de ce nom ou digne d'intérêt qui fera volontairement de la littérature de genre, s'adressant plutôt aux enfants qu'aux adultes, aux hommes qu'aux femmes, aux esprits qui ont le goût de la science plutôt qu'à ceux qui préfèrent demeurer bêtes, etc.

    La critique littéraire de Sainte-Beuve fait à cet égard effectuer à la critique un net recul. Sainte-Beuve, même s'il ne l'est pas encore assez du point de vue crétin de Proust, mérite le qualificatif de moderne. La psychanalyse accompagne ce recul, en se focalisant sur le style de l'auteur. La tentative d'étude psychanalytique de l'oeuvre de Shakespeare illustre la légèreté de ce type d'étude. Si l'étude psychanalytique permet à Freud de soupçonner que Francis Bacon se cache derrière Shakespeare, en revanche elle ne permet pas d'avancer d'un iota dans la compréhension de l'oeuvre de Shakespeare.

    Ce qui fait la force de l'oeuvre de Shakespeare, c'est qu'on ne trouve pas ou presque la trace de Shakespeare dans l'oeuvre de Shakespeare, conformément à ce que l'on peut attendre d'un artiste chrétien. Sainte-Beuve ou Freud ne peut donc rien nous dire de valable sur Shakespeare. La culture bourgeoise romantique et moderne, comme l'indique déjà effectivement K. Marx, exclut la tragédie (mais nullement l'art dionysiaque, ainsi que le prétend Nitche), c'est-à-dire un art dont Marx indique utilement qu'il est conçu pour lutter contre la bêtise humaine.

    D'une certaine manière, Shakespeare a anticipé Freud ou la psychanalyse comme une composante du totalitarisme. Un lecteur intelligent comprendra que Hamlet n'est pas fou, mais qu'il se fait passer pour tel aux yeux du monde. C'est Ophélie qui est véritablement aliénée. Or le point de vue médico-social freudien, lui, se rétracte devant une lecture intelligente pour diagnostiquer la folie de Hamlet ; la culture néo-nazie, elle, organise le procès de Hamlet.

  • Satan et la Musique

    Satan et la musique, ce n'est pas moi qui le dis, ce sont les grands maîtres de musique ou les grands chanteurs populistes, le symbolisme systématique des clips de variété.

    La musique dit le pacte inconscient de l'humanité avec Satan. Il y a des degrés, des grades, bien sûr, comme dans toutes les armées. Les musiciens de rockn'roll ne sont pas forcément les mieux informés - un peu trop francs du collier, avec leurs signes religieux distinctifs - des grognards de l'Empire. Le must de la musique satanique, c'est la musique chrétienne. La musique chrétienne, c'est la culture sous sa forme la plus subversive. Des drogues douces on se soigne parfois plus difficilement que des fièvres de cheval.

  • Foi et doute

    L'hurluberlu qui pose le principe du doute à côté de la foi trahit qu'il n'a jamais cru en une seule chose - lui-même. Ce type d'hurluberlu a généralement foi aussi dans le génie humain, et ne discerne pas le sphinx tapi dans la pénombre derrière lui.

    Le culte de l'argent se rapporte à soi, et le culte de soi se rapporte à l'argent : c'est pourquoi on peut exiger d'être payé afin de soigner un complexe d'Oedipe.

    Le seul hurluberlu dans ce genre, que j'observe témoignant d'une pure foi et d'une flamme bien droite, ne vacillant pas au gré du doute, c'est Bernard-Henry Lévy ; mais je le soupçonne de se droguer.

  • Imitation de Jésus-Christ

    Je supporte mieux la fréquentation des personnes sataniques que celle des démocrates-chrétiens.

    Par "sataniques", j'entends les personnes qui ont vécu, qui ont l'expérience de quelque-chose, et dont l'existence n'est pas purement rhétorique. Ces personnes croient généralement au diable, au destin, elles sont mal à l'aise sur les plateaux de télévision.

    Au départ, je suis mû par le même mouvement que Nitche, à cette différence qu'il a littéralement failli mourir sous le poids de la culture protestante (en son temps il y avait encore une petite différence entre le catholicisme et le protestantisme qui s'est abolie depuis), tandis que j'ai seulement cru mourir d'ennui. On peut croire Nitche véritablement habité par Satan, comme le sont souvent les hommes qui osent violer les lois et devant lesquels les femmes se pâment, ou bien qu'elles fuient en poussant des cris, car la psychologie des femmes n'est pas très éloignée de celle des foules.

  • Vaseline moderne

    La modernité est la vaseline pour mieux faire passer dans le public les moeurs bourgeoises, et je dirais le cinéma, puisque celui-ci résume à lui seul l'esprit de la bourgeoisie.

    Le goût du régime nazi pour le cinéma et son usage prouve que ce régime est un régime bourgeois, et non "néo-classique" comme il s'est parfois donné l'apparence. De même le cinéma est un critère qui permet de discerner que la critique par les philosophes des Lumières de l'ancien régime a été dépourvue d'effets sur le plan politique et moral. Science-fiction, divertissement, propagande, pornographie, sont autant de vices dénoncés par les philosophes des Lumières, et que le cinéma répand dans les couches populaires, au point qu'on ne peut sérieusement dénoncer le populisme, tout en évitant d'y inclure la critique du cinéma. Ceux qui, comme Malraux, ont tenté d'ériger en art le cinéma, difficulté exactement aussi difficile que d'ériger les mathématiques modernes en science, doivent être regardés du point de vue critique humaniste comme des artisans du totalitarisme bourgeois.  

    C'est un abus de langage de parler "d'art moderne" pour désigner autre chose que les ouvrages de style, le mobilier au sens où les jurisconsultes parlent de "biens mobiliers", ou bien d'une production artistique destinée à faire la démonstration que la bourgeoisie a fait accomplir à l'art un progrès. L'aspect patrimonial est essentiel dans la notion d'art moderne. Une telle adhésion de la part des artistes à la démonstration du progrès moderne est en réalité assez rare. Cette démonstration est largement scolastique et universitaire, et la méfiance est répandue parmi les artistes des professeurs et de l'université, qui de tous temps ont été à la botte et à la merci du pouvoir.

    On voit d'ailleurs que plus l'art d'une nation est faible - les Etats-Unis, par exemple -, plus le respect de la scolastique y est important, ce qu'un Français traduira facilement par : le cléricalisme.

    La France, a-t-on coutume de dire, est "réactionnaire". Ce tempérament lui vient principalement de l'hostilité de ses artistes à la bourgeoisie, et donc à la modernité. Je dirais : qui ne sent l'odeur de mort dans la modernité n'est pas artiste ou n'est pas Français.

    La seconde moitié du XXe siècle marque un tournant dans la tentative d'imposer la démonstration moderne, que l'on peut traduire par une germanisation des esprits. La plupart des grands penseurs du XIXe siècle sont très critiques à l'égard de la bourgeoisie, et donc de la modernité. A quelques exceptions près, et d'une faible portée, la littérature et la pensée du XXe siècle accompagnent le mouvement moderne. Ce revirement en dit long sur la qualité de l'enseignement scolaire et universitaire, puisque c'est une action de censure religieuse positive qui consiste à faire passer pour moderne ce qui ne l'est pas. Prenons les cas de Nietzsche, Marx et Balzac (à qui Marx accorde le mérite d'une description critique de la société bourgeoise, c'est-à-dire le statut d'historien véritable) : aucune de ces doctrines ou de ces critiques ne permet de fonder la démonstration moderne. Ni bien sûr le théoricien réactionnaire du retour à l'ordre antique, ni la tête pensante du communisme, ni l'historien chrétien, révélateur de la véritable nature de la bourgeoisie française. Quant à la psychanalyse, il n'est même pas certain que l'on puisse qualifier ses pères de "modernes", en raison de leur référence au mythe, alors même que, de façon significative, la culture bourgeoise moderne en est exempte. 

     

  • L'imposture laïque

    J'entends un laïc athée se plaindre que les religions, musulmane, chrétienne, juive, etc. le dérangent parce qu'elles sont une insulte à la raison.

    D'une certaine manière c'est une bonne chose dans ces temps de spéculation intensive, de politiques hasardeuses et de nombres irrationnels, que cette défense typiquement française de la raison. Bon, le type ne dit pas si sa raison est celle du plus fort, la raison d'Etat, ou bien encore une autre ? Personnellement je préfère le terme de bon sens à celui de raison ; le bon sens qui permet aux Français de se méfier unanimement de leurs hommes et de leurs femmes politiques, pas franchement des exemples d'athéisme puisqu'ils se disent tous de bonne foi.

    Et ne parlons pas de R. Descartes, père fondateur allemand de la raison raisonnante française, qui a largement ouvert la porte à l'hypothèse scientifique, au lieu de la certitude expérimentale, et qui était persuadé que l'âme est une glande cervicale. D'ailleurs Descartes n'a pas voulu exclure la religion, mais seulement que les questions de science et les questions de religion soient traitées séparément, tout en sachant qu'elles peuvent difficilement l'être (tout ça est un peu confus, mais je rappelle que Descartes n'était pas français).

    Mais surtout mon plaignant, pour qui la religion insulte la raison, affirme tout haut ce que les tenants de la laïcité dissimulent habituellement, à savoir qu'elle n'est pas un principe de neutralité. On peut blasphémer contre la raison, et donc contre la laïcité. La laïcité situe la raison au-dessus de la religion. La raison vise à réduire la superstition, à moins qu'on ne veuille garder sa raison pour soi, et dans ce cas le principe de laïcité est parfaitement inutile ; pourquoi ne pas laisser plutôt cours à la libre-pensée ? D'ailleurs c'est bien mal connaître les doctrines athées les plus avancées que de croire qu'elles sont neutres et peuvent elles-mêmes se plier au principe de laïcité. La laïcité n'est donc pas un principe raisonnable, c'est un principe ubuesque, dépourvu de fondement juridique, scientifique ou religieux, qui débouche directement sur le principe totalitaire de la garantie des libertés publiques par l'Etat.

    La réalité du principe de laïcité, c'est que c'est un décret d'inviolabilité de la morale publique édictée par les élites françaises. La chasse aux sectes ? Elle n'empêche pas les jeunes Français de s'enrôler dans l'armée française, où sont appliquées des méthodes d'embrigadement typiquement sectaires. On ne peut pas accorder foi aux philosophes démocrates-chrétiens qui fournissent leur caution au principe de laïcité : pour un strapontin dans la République, un fauteuil à l'Académie, une chaire à la Sorbonne ou le commandement d'une place-forte militaire, ils seraient prêts à tous les parjures, même les plus astucieux. Ces démocrates-chrétiens font une concurrence déloyale à tout le monde - aux serviteurs de la raison d'Etat républicaine, en même temps qu'aux véritables chrétiens qui expriment la moins intime des convictions possibles qu'on ne peut servir deux maîtres à la fois.

    Avocats de la laïcité, soyez sérieux deux minutes. Le devoir religieux actuel n'est plus tant d'aller à la messe que de se rendre à la boulangerie acheter des oeufs de Pâques, ou d'être vêtu de façon sexy, c'est-à-dire de consommer ou d'être consommé (si vous êtes en bas de l'échelle). C'est à peine s'il reste assez de prêtres pour assurer la mission touristique de mise en valeur du patrimoine ! Les Français regardent la télé, ils vont au cinéma, ils sont largement affranchis des vieilles litanies et des vieux dogmes. A la limite, s'il n'y avait plus un seul chrétien, plus un seul musulman, plus un seul juif pour incarner la superstition, vous ne seriez plus aussi rassurés sur le fait que vous êtes dotés de la raison et des Lumières.

    Donc c'est faire bonne mesure de prévention contre la superstition en prohibant la publicité commerciale dans l'enceinte des écoles et des lieux publics. Cela indique que la raison se situe au-dessus de la superstition. Mais peu de religions s'opposent à une telle sobriété. Et puis cette précaution est aussitôt défaite par la presse, la télévision, qui n'hésitent pas à s'affirmer aussi laïques que l'institution scolaire.

    Enfin pour se placer du côté de la raison, c'est-à-dire plus ou moins de la science, même si le terme reste assez vague et semble parfois dangereusement recouper l'éthique, contre la religion, il faut avoir lu les textes saints de telle ou telle religion ; or beaucoup de tenants de la laïcité ne l'ont pas fait, ou bien s'en remettent à d'autres pour le faire, voire pensent que le christianisme a un quelconque rapport avec cet autre article de foi qu'est la démocratie, dont tout le monde parle, mais que personne n'a jamais vu.

     

  • Police chrétienne

    Un hebdomadaire financé par un industriel de l'armement fait de la publicité cette semaine à un groupe de jeunes chrétiens diplômés qui se veulent engagés au service de la cité. La mention des diplômes est sans doute là pour faire sérieux ; un presque jeune curé souriant prend la pose près d'un bénitier pour augmenter l'effet.

    Une jeune normalienne déclare qu'elle a créé un sous-parti à l'UMP, mais que si on essaye de la récupérer, elle s'en ira, na ! Se douterait-elle de quelque-chose ?

    En français, "chrétien engagé au service de la cité" se traduit par "mondanités" ; sauf pour les bidasses chrétiens qui s'en vont tirer du taliban en Afghanistan ou du djihadiste en Centrafrique pour veiller au salut de la France, et dont l'utilité est plus certaine pour le bon approvisionnement de la cité.

  • Le Christ anarchiste

    Dans sa lettre aux Galates, l'apôtre Paul accuse l'apôtre Pierre de n'avoir pas compris la nouveauté du message évangélique, par rapport à la loi juive, et de se comporter de façon ambiguë vis-à-vis des juifs et des gentils : "Mais lorsque Céphas (Pierre) vint à Antioche, je lui résistai en face, parce qu'il était digne de blâme."

    L'apôtre Paul prétend détenir de l'Esprit de dieu lui-même la vérité sur le sens du sacerdoce nouveau qui, pour le dire vite, fait de chaque homme ou de chaque femme un apôtre ou un prêtre à part entière. Paul abolit ainsi la fonction sacerdotale au nom de l'Evangile. Peu de temps avant de retourner au père, on vit en effet le Messie recommander à ses apôtres de ne plus lui donner du "maître", mais de l'appeler leur "frère".

    On trouve dans les différentes épîtres, outre le détail de la dispute avec Céphas, de nombreuses explications à la signification du sacerdoce nouveau que le chrétien qui veut travailler au règne prochain du Christ ne peut se dispenser de lire. J'insiste sur le terme "prochain", car la perspective d'un temps infini est faite pour anéantir la foi chrétienne dans le salut, la noyer dans l'action sociale ; les païens ne requièrent nullement l'aide ou l'apport du christianisme dans le domaine de l'action sociale, et quand l'antichrist Nietzsche accuse l'action sociale chrétienne d'être le principe même de la décadence, il a parfaitement raison... si ce n'est qu'on ne voit nulle part aucun apôtre prôner l'action sociale, c'est-à-dire le service du monde.

    "Pour nous, nous sommes Juifs de naissance, et non pécheurs d'entre les Gentils. Cependant sachant que l'homme est justifié, non par les oeuvres de la Loi, mais par la foi dans le Christ Jésus, nous aussi nous avons cru au Christ Jésus, afin d'être justifiés par la foi en lui et non par les oeuvres de la Loi [comment le clergé soi-disant chrétien peut-il justifier l'action sociale, si ce n'est comme une oeuvre de Loi]. Or si, tandis que nous cherchons à être justifiés par le Christ, nous étions nous-mêmes trouvés pécheurs..., le Christ serait-il donc un ministre du péché ? Loin de là ! Car si ce que j'ai détruit, je le rebâtis, je me constitue moi-même prévaricateur, puisque c'est pas la Loi que je suis mort à la Loi, afin de vivre pour Dieu. J'ai été crucifié avec le Christ, et si je vis, ce n'est plus moi qui vis, c'est le Christ qui vit en moi. Ce que je vis maintenant dans la chair, je le vis dans la foi au Fils de Dieu, qui m'a aimé et qui s'est livré lui-même pour moi. Je ne rejette pas la grâce de Dieu ; car si la justice s'obtient par la Loi, le Christ est donc mort pour rien."

    Paul définit l'ancienne Loi comme une pédagogie. Le peuple juif élu a été soustrait à la loi naturelle commune comme une première étape nécessaire. Il lui oppose la foi communiquée par le Messie et la parole divine comme un perfectionnement non nécessaire, mais indispensable pour parvenir à l'amour et au salut.

     

     

  • Le Christ anarchiste

    L'amour est aussi intolérant avec le sentiment amoureux que la vérité est intolérante avec la raison sociale ou les doctrines du même goût.

    Le blasphème de la bourgeoisie contre l'amour, c'est de cela dont crèvent ses enfants sous ses yeux.

  • Preuve de dieu (3)

    "Le suicide prouve dieu" : cet élément de preuve avancé par Jacques Léopardi a le mérite, contrairement au pari et aux pensées confuses de Pascal, de mettre à jour le véritable sens antisocial du message évangélique.

    L'idée que le suicide prouve dieu est propre à choquer un païen, n'importe quel tenant d'une quelconque "culture de vie" ; elle a de quoi scandaliser la plupart des Italiens, qui de par leurs mères ont une bite à la place du cerveau. L'honnêteté particulière de Mussolini fut de ramener l'élan commun italien sous les emblèmes de la Rome antique démoniaque. Son imbécillité particulière fut de n'avoir aucun sens de l'histoire, et d'ignorer que le paganisme est condamné dans les temps modernes à revêtir l'apparence chrétienne. Il est condamné à une telle apparence par Satan lui-même. Ceux qui ont quelques notions de la stratégie militaire comprendront comment Satan agit, et qu'il n'est pas utile que ses militants aient une conscience claire du plan d'ensemble. Satan s'oppose à la pleine conscience par l'homme de ses actes par le biais de la science morale (retenez cette phrase, et méditez-la, car elle permet de reconnaître la milice de Satan, y compris la plus dangereuse qui porte un masque chrétien). Les païens qui ne comprennent pas pourquoi Satan les a abandonnés, et la culture de vie n'est plus ce qu'elle était, du temps du culte de Déméter, et pourquoi la puissance de feu est entre les mains d'Occidentaux veules et efféminés, ces païens doivent comprendre que la tactique de Satan est celle de la terre brûlée, et qu'ils font tout simplement les frais de cette tactique.

    Pour actualiser le propos de Léopardi, et mieux le comprendre, on pourrait dire que "La théorie du genre prouve dieu". En effet il ne s'agit pas pour Léopardi de recommander le suicide comme la voie du salut, mais d'indiquer que la vie, dont la volonté humaine découle, étant dépourvue de logique, n'a pas une origine divine mais porte bien la marque du péché originel. L'homme est doué de la capacité de s'opposer au droit naturel, autant qu'il est capable de s'y plier, et cela suffit à justifier les métaphysiciens de dénier à la science physique la capacité de rendre compte à elle seule de l'univers, puisque la biologie n'est même pas capable d'expliquer la raison humaine ou sa détermination propre. Il n'est pas plus fou de se suicider que de vivre pour mourir et s'exposer ainsi en vain à la souffrance. L'homme est moins doué pour le bonheur que le cochon, en dépit des efforts de la bourgeoisie pour l'imiter - mais malgré cette infériorité sociale, l'homme n'en conduit pas moins les porcs à l'abattoir, et non l'inverse. Si l'homme est un loup pour l'homme, pourquoi Darwin expédie-t-il les lettres les plus niaises et sentimentales à sa régulière ? Pour prouver qu'il a le tempérament d'un petit veau, qui aime comme on tète ? Pour prouver que la faiblesse est le propre de l'homme ?

    Bien sûr Léopardi parle ici du suicide comme une solution contre la souffrance et la condition humaine, et non comme un dernier recours ou une impasse. Contrairement à Pascal qui oppose un dieu abstrait aux dieux païens physiques, Léopardi a conscience que le christianisme ne se nourrit pas de preuves ou de paris, puisque le christianisme est une religion révélée.

    Contrairement à Léopardi, Bacon, voire Aristote ou Homère, la théologie de Pascal, qui en réalité n'est qu'une propagande, s'expose à la preuve contraire que le dieu dont le christ Jésus révèle la présence n'est qu'une vue de l'esprit humain, selon la formule mathématique ou juridique. Si d'ailleurs l'antichrist Nitche apprécie Pascal, c'est parce que ce dernier conforte sa théorie selon laquelle il n'y a pas d'autre loi que la loi naturelle de l'éternel retour, et que l'art abstrait est pure négation de la réalité physique, qui ne crée rien d'autre qu'une bulle spéculative. Le dieu des chrétiens n'est rien d'autre pour Nitche qu'une perspective truquée, un millénarisme dangereux maquillé en promesse d'avenir radieux ou de progrès social - l'espoir des faibles, puisque les forts vivent au présent, qui est le temps de la jouissance et du meilleur rapport avec la nature vivante. Léopardi, lui, s'abstient d'une démonstration de dieu à l'aide du moyen rhétorique le plus humain ; il se contente de remarquer que la volonté contraire à la vie et à l'instinct prouve que la psyché humaine n'est pas seulement régie par des lois physiques, et le prouve d'autant plus chez un homme de bonne volonté.

    La métaphysique et la mythologie antiques rendent d'ailleurs compte d'une conscience de la métaphysique des anciens bien plus proche de la pensée de Léopardi que de l'antiquité postfabriquée par Nitche. La théologie antique a d'ailleurs aussi récusé par avance le perspectivisme pascalien, qui part de l'homme et finit nécessairement par revenir à l'homme, de sorte que l'athéisme moderne a frappé la tête des élites occidentales comme un boomerang lancé par les médiocres théologiens du XVIIe siècle, inventeurs du providentialisme chrétien le plus insane, car un paganisme qui ne dit pas son nom.

     

     

     

     

  • Shakespeare contre Claudel

    Paul Claudel est, comme critique d'art, ce qu'on fait de pire. La médiocrité des Français en général dans ce domaine tient sans doute à ce qu'ils sont plus artistes que critiques. L'art d'autrui n'est qu'un matériau pour Claudel afin de produire son propre art, comme on arrache les solives d'une charpente en ruine pour fabriquer sa propre couverture. Claudel ne fait pas de la critique, mais de la récupération. Comme la critique n'intéresse pas les bonnes femmes, qui nourrissent plus de passion pour les flèches des cathédrales en rut, Claudel est à peu près sûr que son public n'y fera que du feu.

    Diderot avant Claudel fut semblable fantaisiste, qui a fondé en partie la muséographie moderne sur des principes catholiques romains, et fait donc partie du même clergé. Cette dimension catholique romaine de l'art moderne, affirmée et théorisée par Hegel, on la retrouve chez Diderot, plus discrète. Ne serait-ce que parce que l'attachement de Diderot à la musique est typique de l'anthropologie catholique romaine, c'est-à-dire de l'invention d'une dimension anthropologique, dont le christianisme est dépourvu, afin de remettre la définition de dieu et de la foi entre les mains du clergé.

    Baudelaire, lui, au moins, a conscience de la dimension satanique de l'art et de l'aspiration macabre de l'art moderne, travaillant à sa propre perte à la manière d'une femme.

    Claudel accuse Shakespeare d'être païen. Pourtant l'entreprise de démystification systématique de l'érotisme menée par Shakespeare ("Roméo & Juliette") indique on ne peut plus clairement qu'il ne l'est pas. En effet, il n'y a pas de culture païenne sans cette dimension mystique accordée à l'érotisme. Et s'il n'y a pas de culture chrétienne possible, c'est en raison de l'encouragement à la faiblesse que représente la culture. C'est au contraire l'entreprise de blanchiment de l'érotisme qui est la grande affaire de Claudel et de l'Eglise romaine en général, à travers lesquels ils trahissent leur paganisme.

  • La femme de Jésus...

    Tantôt les détracteurs de Jésus disent qu'il n'a jamais existé, tantôt qu'il avait une femme. La seconde manière est sans doute une façon de faire passer le message selon lequel Jésus était un bourgeois, puisqu'il est bien connu que, contrairement aux bourgeois, les héros ne se marient pas.

    Il y a sans doute en France, plus qu'ailleurs, un reste de conscience que les sentiments sont le déguisement de la trivialité.

    "Le Figaro", journal d'information pour les banquiers et leurs employés, qui mélange culte du veau d'or et antichristianisme, titrait récemment : "Jésus avait une femme !" un article consistant à dire que la découverte d'un antique papyrus contenant le mot "Jésus" et le mot "femme" pouvait difficilement appuyer la thèse selon laquelle Jésus aurait eu une épouse. Ce type d'article est plus inquiétant pour ceux qui ont foi dans le journalisme que pour les chrétiens.

    Récemment le coup a été fait du "frère" de Jésus. S'il y a bien une chose que ce type d'article prouve, c'est que Jésus emmerde le monde depuis deux mille ans. Comme le dit le chrétien G. Léopardi : jamais la société n'a été condamnée plus lourdement qu'elle ne l'a été par Jésus, pas même dans l'Antiquité. C'est d'ailleurs ce qui explique que l'hostilité aux "gens de robe", y compris lorsqu'elle est apparemment athée, se rapproche tant de l'esprit du christianisme. C'est aussi ce qui permet de comprendre que l'idée de progrès social prétendument chrétienne s'oppose à la vérité évangélique. C'est une tactique pharisienne, puisqu'il s'agit de blanchir la société, en faisant miroiter un avenir improbable d'égalité et de paix, tandis que la loi chrétienne d'amour nous dit qu'il n'est aucun édifice social dont la clef de voûte ne soit le péché.

    Jésus est l'ennemi public n°1 à jamais.

  • Satan et le mal

    La tradition catholique romaine a beaucoup oeuvré afin d'effacer Satan et l'antéchrist, ce qui revient à barrer à l'homme la voie du salut. L'exhortation évangélique est au contraire à déchiffrer le nombre de la bête.

    La fausse doctrine de l'Eglise romaine a oeuvré selon une méthode facile à comprendre, et que d'autres institutions chrétiennes ont imité. Elle y a oeuvré en incorporant les principes sataniques du droit romain, et ce faisant elle a joué le rôle de matrice des nations européennes.

    Un fidèle catholique n'accorde à aucun système légal, à aucune philosophie naturelle le caractère universel, que ce système fonde un régime monarchique de droit divin, recopié sur le culte égyptien satanique, ou qu'il fonde un régime démocratique bourgeois.

    Chacun sait dès le plus jeune âge, presque instinctivement, ce qu'il est naturellement bon ou mal de faire. Or Satan n'est pas "le dieu du mal", mais le dieu de la connaissance du bien et du mal. Satan est donc, du point de vue chrétien, un dieu vertueux et non un dieu mauvais.

    La coexistence de valeurs juridiques et de l'esprit évangélique au sein de la culture catholique romaine a bouleversé les valeurs juridiques et les mathématiques rationnelles d'une part, tout en portant atteinte à l'esprit chrétien d'autre part.

    G.K. Chesterton, moraliste anglais converti au catholicisme romain a eu ce mot : "Le monde moderne est plein d'anciennes vertus chrétiennes devenues folles." C'est inexact : il n'est nulle part écrit que dieu récompense la vertu, mais l'amour. Shakespeare, bien mieux que G.K. Chesterton, élucide le phénomène de l'invention de la "vertu chrétienne" par les élites catholiques pour leur propre profit. Derrière toute doctrine sociale chrétienne se cache un élitisme ; et derrière la doctrine sociale démocrate-chrétienne se cache l'élitisme le plus sournois de tous les temps.

    A l'heure du jugement dernier, qui a lieu ici et maintenant, le catholique romain peut toujours se justifier en disant qu'il n'est pas raisonnable de la part du Messie de n'avoir pas prévu des règles pour ordonner la vie de ses disciples. Mais se justifier n'est pas aimer.

    La connaissance du bien et du mal est presque instinctive. Savoir distinguer Dieu de Satan, au contraire ne se peut sans l'aide de l'Esprit.