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Mon Journal de guerre - Page 53

  • Art et peuple

    Le besoin de mensonge croît à mesure que les sociétés croissent. Kafka éprouve bien que la démocratie rapproche l'homme de l'insecte. La culture, toujours au niveau du cliché, traduit strictement cet avilissement.

  • Freud et la France

    Les Français, grâce à Molière, ne peuvent pas croire que la psychanalyse est une science, car ils savent que la médecine se nourrit de pieux mensonges, dont les personnes affaiblies ont besoin pour se sentir mieux.

    De même, plus une société est affaiblie, plus elle requiert de ses édiles qu'ils tiennent des discours religieux rassurants. La promesse de démocratie répond à un besoin psychiatrique.

  • Marx et les Etats-Unis

    «Ce qui distingue d'emblée le pire architecte de l'abeille la plus experte, c'est qu'il a construit la cellule dans sa tête avant de la construire dans la ruche K. Marx

    Architectes et cinématographes haïssent Karl Marx qui déclare leur art abstrait nullissimme.




  • Société et musique

    Réduit à la musique ou au problème éthique, il n'y a aucun progrès à attendre de l'art. Dans ce cas, A. Gide a raison : tout a déjà été dit depuis le début, et le reste n'est plus qu'une question d'angle sans intérêt, ou de calcul du nombre d'or à l'infini. L'art moderne, c'est-à-dire religieux, est essentiellement fait pour tenter de dissiper l'ennui des élites.

    J'expérimente chaque jour que la société est invariable depuis la fable racontée par Moïse d'une femme tentant de convaincre un homme de s'appuyer sur la vertu, l'arbre de la connaissance du bien et du mal où loge le serpent. A quoi bon se perdre dans les thèses socialistes, quand une fable les résume en quelques lignes, et fournit la moitié du sens de l'histoire ? Si ce n'est pour se divertir et lutter contre l'ennui. La masse du peuple est continuellement victime à travers les âges de l'inaptitude de ceux qui la commandent à s'occuper l'esprit autrement que par l'hypothèse religieuse. Les prophètes parlent aux peuples en savants, avec toute l'humilité requise pour recevoir les dons de l'esprit. Orgueil et religion sont liés depuis le début jusqu'à la fin du temps.

  • La Cavalier Noir

    Pourquoi la justice des hommes, celle qui condamna Jésus-Christ à mort, est-elle représentée dans la prophétie comme un fléau terrible : le cavalier noir, porteur d'une balance pour peser les âmes ? Parce qu'il n'y a dans l'éthique ou la morale, personnelle ou collective, qu'une manière de se justifier. C'est une folie de la part de celui qui se prétend chrétien, de revêtir les vêtements noirs de la magistrature.

    Or, par où l'homme ou les nations se justifient, leurs drapeaux, leurs constitutions et leurs armées, selon les apôtres ils se condamnent à une mort plus ou moins terrible.

    Troquez sans hésiter plus toute la littérature moderne contre deux ou trois fables d'Esope.

  • Etats-Unis ou Néant

    Toute spéculation juridique ou mathématique se réduit au néant, c'est-à-dire au droit naturel réel, non celui des fantasmes écologistes.

    Toute doctrine sociale à prétention humaniste est satanique, c'est-à-dire faite pour occulter que la prédation, comme l'affirme l'humanisme chrétien authentique, détermine les relations sociales. Le sort des Etats-Unis est entre les mains de Satan, comme celui de tout homme qui s'en remet à la providence ou au hasard. "Qui a l'usage des armes périt par les armes" dit la Bible, souillées par les faux prophètes judéo-chrétiens.

  • L'Athée

    Où l'athée se montre très semblable au catholique romain, c'est par l'ignorance crasse du b.a.-ba de sa propre doctrine. Je pense en particulier à Michel Onfray, qui tient sur le matérialisme les propos les plus délirants. Matérialiste, Nitche ? Il n'y a pratiquement aucun Boche qui le soit. Bien sûr le fétichisme et la religion de l'art (la musique) sont fondamentalement animistes.

    Je n'en veux pas à cet énergumène pour son ignorance, mais il est typiquement, à l'inverse de L.-F. Céline, le type du républicain qui se fait un devoir de bourrer le mou au peuple.

    Si les valeurs républicaines sont aussi débiles, c'est historiquement parce qu'elles ne font que proroger les valeurs éthiques chrétiennes.

    Je conseille aux athées la lecture de L. Feuerbach (Nitche n'est pas athée, mais nostalgique du droit divin d'ancien régime) ; cet autre Allemand (c'est un fait historique que l'arriération philosophique allemande et l'athéisme sont liés) élucide beaucoup mieux la psychologie athée moderne, et comment pour que l'homme devienne son propre dieu (processus aussi incestueux qu'oedipien), l'étape préalable de l'invention d'une religion à sa mesure était indispensable, où le clergé latin a joué un rôle subversif décisif, nul n'étant mieux placé que lui pour ôter son caractère surnaturel au message évangélique. Il y a deux sortes de tocards ultimes en France aujourd'hui : les laïcs athées qui s'opposent à la théorie des "racines chrétiennes", alors même qu'ils en sont le prolongement ; et les démocrates-chrétiens insanes qui revendiquent ces "racines chrétiennes" impossibles selon les écritures saintes. Et cette chienlit-là est déversée sur le peuple et les gosses par des fonctionnaires qui ne méritent pas un centime. 

  • Marx, anarchiste et chrétien

    - Mais Marx ne se vante-t-il pas rarement d'être chrétien ?

    - Dans le christianisme, et c'est la raison pour laquelle ce n'est pas vraiment une religion nitchéenne comme les autres, l'élection ne vient pas des hommes, mais de Dieu. Autrement dit, l'étiquette chrétienne ne compte pas. Ce qui compte, c'est le souci de la vérité, et donc de Dieu. Indubitablement, Karl Marx a lu la Bible avec plus d'attention que ceux qui n'éclatent pas de rire en entendant parler "d'aumôniers militaires catholiques", dont la seule fonction est d'aller au charbon pour le compte d'un régime républicain qui insulte Jésus-Christ et les apôtres comme il respire.

    - Quelle est la contribution de Marx à la défense de la parole de Dieu ?

    - Dans un siècle où le totalitarisme s'est définitivement implanté dans les esprits, où la France même est devenue "socialiste", c'est-à-dire ce qu'il y a de plus éloigné de l'esprit de ses meilleurs penseurs*, Karl Marx en démolissant la philosophie nazie hégélienne montre que l'enfer est une construction éthique et juridique, "anthropologique" comme on dit aujourd'hui. Au confort de l'éthique bourgeoise chrétienne, puis républicaine, il oppose la science. Pratiquement, Karl Marx renouvelle le défi de Hamlet aux puissances infernales qui dirigent le monde.

    Pourquoi l'Allemand ou le socialiste déteste-t-il autant Marx ? Principalement par fainéantise : les Allemands et les socialistes ne pensent qu'à s'amuser. A de rares exceptions, dont Marx fait partie, la philosophie allemande est au niveau du tourisme ou de Chateaubriand, pratiquement aussi répétitive que la musique.

    *Pratiquement, le socialisme est aussi étranger à la France que le patriotisme et toutes les valeurs féminines. Le "patriote français" ne peut être autre qu'un homme d'élite ou son factotum appointé. Quand le patriote français est un homme du peuple, c'est qu'il a été manipulé, excité au sacrifice pour une cause vaine par quelque chien de curé satanique.

  • Sionisme et nazisme

    C'est une belle preuve de la perversité du diable que l'appui de la théologie dite "sioniste" sur l'apocalypse, c'est-à-dire l'évangile qui condamne sans appel toutes les nations sans exception. En Belgique, la justification du pacte atlantique entre les Etats-Unis et Israël par la Bible a quelque crédit comme, je pense, nulle part ailleurs en Europe.

    Donc le Jésus-Christ des Belges entre dans Jérusalem, et il félicite les pharisiens et le gouvernement romain pour leur concordat. "Folklore pédophile" : cette expression pour qualifier la culture allemande ou japonaise convient très bien aussi à la Belgique.

  • La Bête de la terre

    Le monstre de la fiction a la panse remplie de la chair des hommes, et les babines couvertes de sang encore frais, me dis-je en reposant un bouquin commandé automatiquement par ma bibliothèque avec dégoût. La bête de la terre pourrait bien crever d'obésité prochainement.

    Toi qui, mystérieusement, est né en France, profite de son invitation au réalisme, et laisse le cinéma à la racaille nazie, destinée à l'enfer.

  • Chrétien et Anarchiste

    L'association des deux n'étonne que ceux qui font profession d'être étonnés. Bien sûr personne ne dit que les chrétiens ne sont pas des bourgeois ridicules, comme les autres. Ce qui est sûr, c'est que Jésus-Christ ne l'est pas.

    La preuve que Jésus-Christ est anarchiste ? Il scandalise les socialistes : Nitche hait Jésus-Christ, parce que celui-ci n'a cure de la société.

    C'est quand même curieux d'aller chercher dans la famille chrétienne, l'Etat chrétien, le parti démocrate-chrétien, les Etats-Unis, etc., la preuve que le christianisme n'est pas un anarchisme, mais un socialisme banal comme les autres (il est très loin de l'être) ! C'est tout simplement ignorer que le socialisme, c'est le grand n'importe quoi, le tout-à-l'égout de la pensée politique ou philosophique. Pratiquement la seule chose cohérente dans le socialisme, c'est la haine de Nitche parce que Jésus-Christ n'est pas socialiste, mais anarchiste.

    Bon, passons de la part de journalistes : ils sont là pour encourager le panurgisme et remplir les salles de cinéma : comme les chrétiens y vont aussi, je pense bien que l'idée qu'ils sont anarchistes paraîtra risible, puisque le cinéma -par définition- est un art nazi. C'est le "niveau universitaire", comme on dit, qui est inquiétant ; enfin, je veux dire qui m'inquiéterait, moi, si je n'étais pas convaincu depuis longtemps que l'université paie les gens grassement à ne rien faire, à fabriquer des "Européens" à la queue leu-leu et maintenir tant bien que mal le mythe de l'ascension sociale. Car si le christianisme n'était anarchiste ou antisocial, stigmatisant la société comme une impasse, on n'aurait ni Rabelais, ni Molière, ni Balzac, et même François Hollande ne serait pas payé pour dire du mal de l'argent, ingrédient parfaitement social. Or je me demande qui est plus anarchiste et plus chrétien que Molière, c'est-à-dire incitant à porter sur la société un regard scientifique, celui qu'elle ne peut pas porter sur elle-même. Pratiquement, pour être une fabrique d'abrutis ou de robots selon l'impulsion de son élite, la République française est obligée de censurer Molière et le remplacer par des exercices de style républicains.

  • Femme-enfant

    Un blogueur proteste qu'on ne peut qualifier Simone Weil de "catholique". Il a raison, non seulement parce que Simone Weil butte sur l'institution ecclésiastique, mais parce qu'on ne retrouve pas dans ses écrits une logique chrétienne pure, comme chez saint Paul ou Shakespeare.

    - Comment, Shakespeare, mais Hamlet tue tout le monde autour de lui ! Certes, mais il le fait avec le glaive que Jésus-Christ est venu apporter au monde, d'une manière tout aussi symbolique que réelle. Si la mythologie et l'histoire n'étaient pas liées, alors Moïse ne serait pas Moïse mais un représentant de commerce sioniste.

    - Simone Weil ne démêle pas bien, par exemple, la notion de grâce païenne (providence), et celle de grâce chrétienne (action du glaive que Jésus est venu apporter aux hommes, et par lesquelles les nations et leurs armées périront). Il faut dire, à la décharge de Simone, qu'elle est née dans un milieu bourgois républicain, et qu'elle a fait "Normale Sup." (sic), ce qui constitue un passeport pour le néant a priori, la connerie immarcescible.

    - Il est probable que Simone Weil s'est déterminée contre une mère juive d'une rare stupidité, comme sont souvent les mères juives (ou italiennes, pour ne pas faire de discrimination religieuse). Des pharisiens ET des veuves, émane le complot juif contre la vérité. En effet Simone Weil se distingue surtout par son ouverture d'esprit. Je la définis comme une femme-enfant - pas du tout une nonne, ce n'est pas ça, les nonnes sont les ancêtres des féministes, elles ne pensent à rien - des murs. Simone Weil ne mute pas : son intelligence est assez bien protégée des effets de la nature (sauf tout ce qui tourne autour de la "grâce", qui peut très bien être un phénomène naturel ou artificiel, et non pas véritablement surnaturel.) Bien des personnes croient qu'il y a une vie après la mort, par simple marque de la spéculation ou du calcul sur leur existence, et ils ne comprennent pas que le christianisme puissent être aussi irréligieux et encourager l'individu comme Simone Weil, à n'en faire qu'à sa tête. Un cuistre - son nom m'échappe, comme les noms de tous les poètes modernes au fur et à mesure que je reste un enfant -, a déclaré que Simone Weil ne se doutait pas qu'elle était aussi folle. Ainsi le Danemark croyait que Hamlet était fou, et les psychiatres.


  • L'Apocalypse et les enfants

    Il est beaucoup plus facile de causer de l'apocalypse avec les enfants. Principalement parce qu'ils ne prennent pas tellement les adultes au sérieux, leur système de croyance. Et ils ont raison : les adultes passent pratiquement tout leur temps à jouer avec leur vie. Je crois que ce qu'il y a de sympathique chez les Français, d'ailleurs, d'enfantin, c'est qu'ils ne prennent pas vraiment les questions sexuelles ou politiques au sérieux.

    D'ailleurs pour prendre la politique au sérieux, il faut commencer par se prendre soi-même au sérieux, ce qui n'est pas une preuve d'intelligence, mais au contraire de QI. Finalement c'est la peur de s'ennuyer qui détermine les Français contre la politique.

  • La Foi

    Pour un chrétien, le socialisme se confond avec ce truc ridicule qu'est la "foi" ou "l'espérance" ; et le doute, par conséquent, avec le pressentiment du socialiste d'avoir été berné par la nature -la sienne, sa mère, les femmes, toutes les choses naturelles.

    - Passant par la station Guy Môquet, je lis sur une méchante petite plaque d'acier un bout de la lettre-testament du jeune Guy : "(...) ce que je souhaite de tout mon coeur, c'est que ma mort serve à quelque chose." Je ne vais pas jeter la pierre au petit Guy : à son âge j'étais aussi con et socialiste que lui. Il y a la foi et le doute dans ce testament improvisé, car Guy se demande bien A QUELLE CHOSE sa mort pourra bien servir, comme l'agneau dont le loup s'est approché tout près, à l'aide d'arguments socialistes.

    Et je me demande bien aussi, moi qui suis chrétien et donc anarchiste, à quoi peut servir la mort des petits agneaux socialistes, qui se sacrifient ainsi pour l'art abstrait ?

    Guy Môquet, si tu avais pu voir à quoi ta mort a servi - des marchands d'arme cyniques se décernant le prix Nobel de la paix -, tu aurais sans doute beaucoup souffert. Sur ce point, Brassens a tort : mieux vaut mourir pour l'art abstrait brutalement, dans la fleur de l'âge, en croyant que ça va servir à quelque chose.

  • Théorie du plaisir

    On trouvera le maximum de plaisir sur cette terre dans des choses peu coûteuses.

    Ce peu de plaisir sera largement gâché par la douleur du plus grand nombre, malmenés par le destin, vieux salopard allié des curés jusqu'à la fin des temps. Même se sentir lâche est douloureux, et les hommes politiques évitent cette douleur en ne pensant à rien.

  • L'Europe négationniste

    C'est le sacre de Napoléon par lui-même que l'auto-satisfecit des technocrates européens, se remettant le prix Nobel, rappelle. Sans doute Napoléon était-il plus conscient de la portée anthropologique de son geste ; moins irresponsable, bien que, déjà, massivement meurtrier.

    La seule paix dont la technocratie européenne peut se prévaloir, c'est celle qui règne après les grands massacres humains : la paix des cimetières. De tels discours, propres aux benêts, sont faits pour entretenir l'espoir ; la politique se situe désormais au niveau du pantomime.

    Ne vous y fiez pas : Anders Breivik est l'Européen véritable de la fin des temps, le fils de l'Europe prédatrice et sournoise.

  • Requiem

    Il paraît que faire écouter le requiem de Mozart à des boeufs ou des veaux facilite leur abattage. Ils partent l'esprit tranquille. Ils ne sont pas les seuls à qui la musique fait cet effet.

  • Fils du Ciel

    "Pourquoi nul ne m'a enseigné à reconnaître les constellations et à me familiariser avec le ciel étoilé, qui surplombe ma tête et dont je ne connais cependant pas la moitié à ce jour ?"

    Thomas Carlyle

    - Etrange divertissement de la science, en effet.

  • Oublier le temps

    Un mathématicien franco-italien, Carlo Rovelli, vient de publier : "Il faut oublier le temps." J'ai eu l'occasion naguère lors d'un colloque scientifique d'exprimer mon doute à ce fonctionnaire de la science, quant au sérieux de la science universitaire contemporaine. Mon initiative venait de ce qu'il paraissait lui-même fort empêtré dans la théorie d'Einstein sur la relativité du temps, affectée par lui à travers la notion floue d'espace à la matière elle-même.

    - Dialogue impossible avec le représentant d'une science technocratique, qui ne conçoit pas, ou mal, la convergence de la science, de l'art et de la théologie, de sorte qu'ils se reflètent toujours à travers les âges, d'une manière plus ou moins aisée à distinguer. L'art, la science et la théologie de l'Egypte antique, civilisation la plus pure, se répondent ainsi parfaitement.

    L'esprit français quant à lui, moins religieux et plus concret que celui des autres peuples, conçoit mal qu'une science qui repose sur le langage et des concepts mathématiques absents dans la nature, se proclame "expérimentale". On voit d'ailleurs que la haute définition du langage algébrique s'accommode du flou le plus complet sur des notions telles que l'espace ou l'infini, vocables sous lesquels chacun peut pratiquement placer ce qu'il entend.

    La science est un enjeu théologique majeur, et vice-versa. Y compris aujourd'hui, dans la mesure où la technocratie sous l'empire desquelles nous évoluons, se doublent d'une sorte de culte ou de religion qu'on peut qualifier de prométhéenne. En quelque sorte le feu nucléaire inspire un respect analogue à celui que le fleuve amazone a pu inspirer à telle ou telle tribu riveraine. Etc.

    Comme l'art égyptien reflète la géométrie et la science égyptienne, je fais remarquer que les mathématiques modernes trouvent un écho dans l'art du divertissement où la culture nord-américaine brille. Seul un ignorant pourra contester le rapport étroit entre la religion et le divertissement. Toutes les religions païennes l'ont soigneusement prévu et organisé comme soupape à la contrainte de l'ordre social. Il est parfaitement juste de la part de l'historien Marx, relayé par Orwell dans le même sens, d'indiquer le caractère éminement religieux du monde moderne technocratique, c'est-à-dire son inclination pour la vertu et le mode de raisonnement virtuel.

    L'application la plus courante qu'on puisse rencontrer du voyage dans le temps est le cinéma, qui fait éprouver à ses adeptes un tel phénomène virtuel. "Il faut oublier le temps." : une telle proposition, dans le domaine artistique, entraîne l'artiste à reléguer le cinéma au niveau de la musique, c'est-à-dire du divertissement religieux ou culturel, sans grand intérêt par conséquent pour élever l'humanité au-dessus de la bêtise animale qui est son penchant alternatif. Autant dire que pour un savant/théologien/artiste juif ou chrétien, le mélange de cinéma et d'humanisme passe nécessairement pour une grossière plaisanterie. Autant laisser faire l'art par des ordinateurs, si vous voyez ce que je veux dire, et s'en remettre à eux pour libérer l'homme de la condition humaine. Il faut dire ici à quel point l'éthique moderne est propice à la fainéantise, et j'ai toujours vu depuis ma plus tendre enfance le cinéma fréquenté par des branleurs à la recherche du temps perdu. A partir de là, ça détermine forcément une économie fondée sur l'exploitation d'autrui : je veux dire lorsque pour le profit de divertissements assez médiocres, il faut dépenser des millions, conséquemment des esclaves doivent turbiner en parallèle toute la journée avec la devise : "Le travail rend libre." placardée au-dessus de leur tête. Des concepts frauduleux et perturbateurs de l'intelligence humaine, comme la "propriété intellectuelle", en découlent aussi.

    Très nombreux sont les artistes dans l'histoire qui, contrairement aux prêtres fainéants, se proposent par conséquent de ne pas tenir compte du temps et de ses effets dans leur art. Pensez que, sans ça, on n'aurait que des artistes académiques ou modernes (l'académisme est toujours ce qui paraît le plus moderne sur le moment). Shakespeare, qui tient compte du temps suivant l'observation que celui-ci exerce une contrainte majeure sur le progrès et l'imagination ("L'art est long, la vie est courte"), ne voyage pas dans le temps jusqu'à nous. La réalité est autre : Shakespeare se maintient en relation avec nous du fait de son propos universel, par conséquent hors du temps et des dogmes religieux. Shakespeare n'est pas menacé par la ruine, et dévalue ainsi les civilisations les plus orgueilleuses, dont la jalousie viscérale fait d'ailleurs qu'elles ont tenté d'effacer ses oeuvres.

    Sur le plan scientifique, "oublier le temps" revient à extraire la science de la fonction technocratique et religieuse qui lui est assignée. La science ne peut être "consciente", et non irresponsable comme la polytechnique, disculpée par la propagande et l'éducation civique scientifique de tous ses crimes abominables, "consciente" selon le voeu des humanistes, que sur le plan individuel. Il n'y a aucun dommage à rejeter le mobile technocratique, et à mépriser des tocards arrogants qui, à coups de milliards, ne parviennent même pas à atteindre le but limité que les arts libéraux ne peuvent dépasser : la jouissance paisible du plus grand nombre, et un équilibre relatif, point de départ et non terminus de la science véritable. Toute la difficulté est de ramener à une moindre lâcheté l'Occident, qui s'est exposé lui-même par la gabegie de ses élites à un mauvais film terrifiant : le reflet de sa bêtise, l'insondable connerie qui consiste à se rassurer à l'aide de systèmes providentiels, qui sont la première cause de la tragédie humaine. 

  • L'Hypothèse

    Si j'avais été Pascal, les grands espaces sidéraux ne m'auraient pas inquiété, mais bien plutôt ce cloaque que fut le XVIIe siècle des chrétiens esclavagistes. Je me serais demandé comment m'extirper d'une telle merde ? Par comparaison, La Bruyère est un logicien brillant (bien que faux sur le point de l'âme).

    Si Blaise Pascal plaît tant aux demoiselles et aux banquiers, c'est parce qu'il divague à 200%, comme toute la clique janséniste. En dehors des mathématiques modernes, je ne connais pas de discours plus débile que le jansénisme. Les deux sont sans doute liés, c'est-à-dire l'altération de la géométrie sérieuse des Egyptiens, jusqu'à donner l'architecture moderne, qui craque à la moindre secousse. Si la valeur d'une civilisation se mesure au niveau de ses architectes, je ne donne pas cher des gratte-ciel de New York.

    Surtout n'écoutez pas le genre d'abruti, dont les universités sont pleines, qui dit aimer Pascal ET Molière, Descartes ET Bacon, Montesquieu ET la démocratie : ils les ignorent et méprisent tous.