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Mon Journal de guerre - Page 56

  • Art et Peuple

    Si même des artistes libéraux comme Delacroix ou Baudelaire, à demi possédés, ont pu discerner le caractère diabolique de la photographie (comme Aristote plus de deux millénaires auparavant), qu'en sera-t-il des chrétiens face au cinéma, "image animée de la bête", selon l'évangile ?

    Les Anglais ont cette vieille expression, qui remonte peut-être à Samuel Johnson ou Shakespeare, du temps où l'art et les artistes n'étaient pas entièrement conçus pour méduser le peuple : "Le diable habite la maison.", pour signifier à quel point le diable est familier de l'homme, prié dans l'ancien culte romain païen à l'intérieur du domicile ; il était naturel que le cinéma s'invite au coeur du foyer, comme le culte prométhéen est au coeur de l'inconscient collectif.

    "S'ils ont appelé le maître de la maison Belzébuth, combien plus les gens de sa maison ! Ne les craignez donc point : car il n'y a rien de caché qui ne doive se découvrir, rien de secret qui ne doive être connu. (...)"

    "je suis venu apporter, non la paix, mais le glaive. Car je suis  venu séparer le fils de son père, la fille de sa mère, et la bru de sa belle-mêre ; et on aura pour ennemis les gens de sa propre maison (...)" Matth. X, XI.

  • Delenda est Roma

    Qu'est-ce que la civilisation, si ce n'est l'art de réduire l'humanité à une porcherie ? De faire de l'institutionnalisation de la sodomie le dernier raffinement social ?

    C'est la fable du "fils prodigue" qui correspond le mieux à l'état d'infériorité spirituelle dans laquelle se trouve l'homme civilisé, ayant quitté la maison de son père. Et la boue de la bauge où se vautrent les hommes civilisés, ils l'appellent "l'éthique", et ils en ont le groin tout barbouillé.

  • Against Ellul

    - That Christian Churches betrayed Jesus-Christ was not only observed by J. Ellul or M. Luther, but many other Christian artists such as K. Marx, William Shakespeare or Francis Bacon, Rabelais, Dante, John Wyclif, Molière, Emmanuel Swedenborg, Balzac... careful readers of the Gospels.

    - Critics by Ellul of Karl Marx were surprising for me, because Marx destroyed the hegelian/nazi modern ethics based on legal science, and Marx does condemn Christian clerks who introduced legal science in the Roman Church. What is legal science for Jewish or Christian people but the AEgyptian science?

    - Shakespeare/Bacon did probably make the best critics.

    - Are Christian 'feminists' as Ellul says when Jewish were before the most misogynist? Every society or civilization is living under a female principle. As Christian people do see Society as Hell, they no doubt beware as Jewish before the female principle.

    - Condemning Mohammedan people is rather useless. The pure satanic religion is the AEgyptian one. The Civilization that has got the best rate, 666/666 in Astronomy. Are Mohammedan people from this religion, as Plato for instance, nazi Hegel, Einstein, Freud, Carl Jung? This is the good question. More than every satanic religion, wealth is condemned by Jesus-Christ as a major barrier to spirituality.

  • Cartels

    De nos jours la bêtise rend un culte au temps, sous prétexte qu'il est "comme de l'argent". Le veau d'or finit en avalanche de plomb sur le râble des crétins.

  • Satan dans l'Eglise

    Satan dans l'Eglise peut se résumer à la "démocratie-chrétienne", c'est-à-dire au capitalisme, comme celui-ci est un projet de société païen sous le masque chrétien.

    Le projet démocratique est doublement étranger à la conscience païenne, qui se distingue par une éthique et une morale rationnelles, excluant l'utopie égalitaire et le millénarisme national-socialiste, et d'autre part il est étranger au message évangélique sur lequel il est impossible de fonder un quelconque "projet de société", notamment en raison de la place qu'un tel projet accorde nécessairement à l'inconscient collectif.

    Fidèle à l'évangile, la théologie de saint Paul s'appuie au contraire sur la conscience individuelle ; elle et un amour purifié de l'éthique, c'est-à-dire ne faisant aucune place à l'érotisme et à la justification de l'homme par l'homme, qualifiée dans la révélation de "fornication". Le catholicisme, l'universalisme de Paul de Tarse est dépourvu de point commun avec le principe divisionnaire démocratique, non moins identitaire que le nazisme.

    De façon volontairement lapidaire, je viens d'énoncer ici différents motifs qui permettent de distinguer les faux prophètes les plus grossiers, et les théologies les plus mensongères. Les enfants élevés au sein de ce mensonge sont les premières victimes de ce plan démoniaque, dont le caractère pédérastique est particulièrement net dans les grandes nations "démocrates-chrétiennes" ; "pédérastique", c'est-à-dire régressif sur le plan de la conscience.

    - La subversion du christianisme est un phénomène caractéristique de l'histoire moderne, de sorte que l'on peut dire, contrairement à certain théoricien de la subversion du christianisme par les Eglises institutionnelles, que la spécificité du paganisme occidental est de faire obstacle à l'Esprit de dieu. La mer rouge séparait le peuple hébreu des Egyptiens ; l'étang de feu sépare les chrétiens du plan démocratique. Dans le christianisme, histoire et mythologie se rejoignent.

    - L'apôtre Paul promet à ceux qui demeurent fidèles à la parole de dieu, qui est son Esprit, la conscience absolue.

    Les preuves de la subversion démocrate-chrétienne sont partout, plus ou moins flagrantes. La négation de Satan en est une, évidente, comme si le chemin de l'homme vers la vérité et la pleine conscience n'était pas constamment entravé par l'agitation du monde, ainsi que Jésus-Christ lui-même tout du long de sa vie publique, s'est heurté à Satan. La conciliation du message évangélique avec un projet de société, quel qu'il soit, entraîne inéluctablement la négation plus ou moins radicale de l'antéchrist. Les sectes sataniques répandues aux Etats-Unis, surtout dans les jeunes générations, ne font que proclamer tout haut des principes qui animent plus discrètement leurs élites bourgeoises ; ce n'est pas sans rappeler le propos de l'anarchiste Léon Bloy : "A quoi sert de se familiariser avec le culte le plus ésotérique de Satan, les tables tournantes et les messes noires, quand l'organisation du commerce lui rend gloire partout, du matin au soir ?"

    - Cette subversion du christianisme à laquelle le clergé romain médiéval a activement contribué par sa philosophie platonicienne, et qui consiste "grosso modo" à réduire le message évangélique au plan éthique, on en retrouve le procédé plus récemment dans la psychanalyse. Au cours de ses études, Carl Jung, après avoir reconnu la parenté de la médecine de l'âme du psychanalyste avec celle du confesseur catholique romain, autrement dit sur le plan médical la "culture de vie" que celui-ci transmettait à travers divers sacrements, met petit à petit à jour que la science moderne, et non seulement l'inconscient collectif, repose sur les mêmes hypothèses que l'inconscient et la science du moyen âge. Il  peine à se l'avouer, mais on peut l'ajouter : les alchimistes du moyen âge sont mieux conscients que nos savants modernes de la détermination chimique, matérielle, de la psyché. La matière vivante détermine toute volonté, et non l'inverse. On a là toute la philosophie naturelle, et son recyclage à l'infini, contre laquelle Shakespeare s'est dressé, au nom du christianisme. Car, bien sûr, elle n'a rien de chrétien, pas plus que la démocratie, qui n'est autre qu'un phénomène psychologique. La tentative de Jung pour concilier l'éthique païenne et la charité chrétienne ne repose sur aucune base scientifique sérieuse. De façon plutôt cocasse, certains psychanalystes s'obstinent dans une description psychiatrique de Hamlet, quand l'intention manifeste de Shakespeare est de montrer que son héros, vit dans Elseneur entouré de possédés : Ophélie, son père, son frère, le tyran Claudius, la reine Gertrude, tous sont animés par une impulsion inconsciente, dont ils sont incapables de reconnaître le caractère démoniaque ; ce sont des marionnettes. Or pour le chrétien, il faut être fou pour aimer la vie et ne pas se révolter contre la condition humaine.

    Neurasthénique, Hamlet ? Il faut l'être du point de vue de la culture de vie médicale ou païenne pour mépriser la vie. Pratiquement, Shakespeare sait que l'Eglise romaine a réduit le sacerdoce du prêtre à une médecine de l'âme, et que c'est un crime contre l'Esprit de l'avoir fait. Il montre aussi que c'est l'élite qui requiert particulièrement la cure, car c'est sa position sociale qui la fragilise spirituellement et l'expose à la mélancolie. Pusillanime, Hamlet ne l'est pas non plus ; son comportement illustre la prudence scientifique. Quant au désir de vengeance qui animerait Hamlet selon d'autres encore, il ne résiste pas à une simple lecture de la pièce, dépourvue de ressort psychologique ; comment un tragédien, qui n'accorde à la psychologie ou au langage aucun esprit, pourrait-il écrire sur les passions humaines, aussi répétitives et ennuyeuses que la musique, et sur lesquelles tout a été dit depuis le mythe biblique d'Adam et Eve, ou celui d'Oedipe ?

    Hamlet est doté de l'esprit qui consiste à voir le monde comme un enfer, irrémédiable parce qu'il est fermé à la force de l'esprit, et se consolide de cet hermétisme, comme la matière vivante elle-même, et les mirages qui ne font que la prolonger de façon virtuelle.

     




  • Cqfd

    Tout gosse, déjà, je sentais que cette abréviation, "cqfd", était aussi creuse que les "valeurs républicaines", identiques à l'acier dont sont faits les coffre-forts et les missiles Dassault, et que la morale, comme l'esthétique, se résout à un simple calcul de singe.

    Pour nier le progrès, il suffit de se situer sur le plan social, exactement le même où l'évolution se démontre.

  • L'Evolution finale

    Ce qui fait que l'artiste ou l'homme de science sera peu enclin à gober la théorie de l'évolution, c'est qu'elle est, de toute évidence, une pure clause de style.

    Alphonse Allais, le seul surréaliste vraiment sérieux, comme son sens de l'auto-dérision l'indique (il est difficile de prendre l'humanité plus au sérieux que l'espèce des primates), emploie toutes les ressources de son art afin de souligner toutes les incohérences que la théorie de l'évolution entraîne pour un esprit français : elle oblige à prendre la religion au sérieux ; à voir dans les salauds des surhommes, puisqu'il faut être un salaud pour s'adapter à la société, etc. On devine derrière le ton badin d'Allais un homme extrêmement colère que la société française, du fait de son élite républicaine, soit en train de devenir nazie.

    Si Céline avait lu Allais plus attentivement, il aurait été encore moins nazi, car il aurait su que les hommes les mieux adaptés dans ce monde ne sont juifs que dans la mesure où c'est à la mode de l'être. En principe, ils sont de confession assyrienne ou babylonienne. 


  • Les Mots

    Reconnaître le mensonge dans les mots, comme Léopardi, est assez rare de la part d'un homme élite. En effet le piège dans lequel tombent les faibles est toujours d'abord rhétorique. Le style moderne est "sémantique", c'est-à-dire qu'il tente de faire croire que le langage a un sens propre.

    Le combat de Marx est contre la sémantique, sachant que les peuples sont systématiquement entraînés sur ce terrain par ceux qui les dominent et les exploitent. On dispose en France avec le jansénisme de l'exemple d'une pensée chrétienne pratiquement aussi idiote que le libéralisme dans le domaine économique, c'est-à-dire une pensée où la fonction religieuse devient le but religieux.

    En tant que Français, je renie la langue française et je vomis l'Académie française et l'académisme : pratiquement, ce sont les auteurs les moins français. Il faut être Québécois pour cultiver la langue française. La culture américaine découle plus de l'académie française que moi, car, pratiquement, l'académisme en art revient au culte de satan (n'importe quel artiste, ayant vu le faciès de Richelieu par Champaigne comprendra ce que je veux dire : c'est un portrait de l'iniquité).

  • Art et Peuple

    - Le peuple s'interroge sur l'art abstrait et se demande s'il n'y aurait pas là quelque ruse religieuse ? En effet.

    - Le clergé répond que l'art abstrait est l'art de s'interroger toujours, sans chercher de réponse. A juste titre.

    - Il faut entendre par "abstrait" l'art le plus spéculatif : la photographie, le cinéma ou l'argent. Dans le domaine des choses virtuelles, le clergé se meut à son aise, comme l'araignée sur sa toile.


  • Amour et vérité

    On ne se détermine contre la vérité que par faiblesse. L'une d'entre elle consiste à faire croire que l'âme est plus forte que le corps, alors qu'en vérité c'est l'homme tout entier qui est faible.

    La division entre l'âme et le corps n'est introduite qu'au détriment de l'homme, pour le bénéfice de la société. Les femmes y adhèrent naturellement, tandis que les hommes s'en méfient.

    Si l'Occident s'inspire des religions païennes animistes dès le moyen âge, en dépit des Grecs (Homère ou Aristote), du judaïsme ou du christianisme, c'est faute de trouver dans la pensée matérialiste occidentale une incitation au devoir ou au civisme, quelque chose qui fonde le respect de la personnalité morale ou de l'identité. Tous les philosophes orientalistes libéraux ou fachistes du XIXe siècle ont beaucoup de retard sur le seul terrain où ils croient briller : celui de la culture. Dans ce domaine, d'ailleurs, on est toujours en retard sur les pyramides.

    Si l'amour et la vérité se confondent dans le christianisme, tandis qu'on trouve toujours un éloge plus ou moins discret du mensonge dans le socialisme, c'est parce qu'il est impossible d'aimer quand on est faible : on "hallucine d'aimer", dans ce cas, c'est-à-dire qu'on idolâtre, on prend pour but ce qui n'est qu'un moyen - la vie. Satan n'a pas d'autre ruse que l'anthropologie.

    N'écoutez pas les faux apôtres qui prétendent qu'il y a un "érotisme chrétien" : ce sont des chiens et des lâches ; et une lâcheté aussi extraordinaire signale que le plan social n'a jamais été aussi incliné.

  • Golden Calf

    - It is said that French people do not love money. If they would hate it, they would be saints, and of course they are not.

    - When money is sacred, sex is too: this was the religion by Ayn Rand, and she was right. God bless her.

  • New Superstition

    It is not possible in Molière's country to take the German medicine of S. Freund or C. Jung really seriously -as something else than a new baroque religion. And neither in Shakespeare's country I guess?

    Money make people mad, obviously (no need to make long studies on human soul and dreams): the psychanalyst is the therapist who is paid to hide the fact that money make people mad (Women do like those kind of therapists who tell them that money is 'reasonable', as Eva did like the fruit that was given to her by the devil).

  • Psychanalyse et totalitarisme

    Au niveau conscient, la démocratie n'est pas possible, car elle n'est pas plausible. La démocratie ne fait pas moins appel à l'inconscient que la publicité.

    D'ailleurs il n'y a AUCUN homme politique, d'aucun parti, qui ne fasse appel aujourd'hui, exactement comme Hitler ou Staline firent, à l'érotomanie des foules qui les admirent. Un bon avocat plaiderait pour Hitler ou Staline selon la même défense que pour tout homme politique depuis Ponce-Pilate jusqu'à aujourd'hui : "Responsable mais pas coupable."

    Un certain niveau constant d'aliénation du personnel politique lui permet, alors qu'elles sont indéfiniment couvertes de sang, de garder les mains sales pures. C'est très pratique : je suggère à n'importe quel gangster de faire Sciences-po. pour éviter à sa mère de se faire un sang d'encre (Ce qui choque la plupart des mères, c'est le crime illégal. Le vol mais pas la propriété.)

    Un éminent psy se demande pourquoi la plupart de ses patients ne continuent pas de lutter contre l'inconscient après leur guérison, mais préfèrent se contenter d'une part de hasard ou d'inconscient, donc de déterminisme, au lieu d'aller vers une liberté pleine et entière ? La réponse est simple : c'en serait fini de la démocratie et de toutes les sortes d'idéaux totalitaires si l'homme était libre. Ce que la démocratie prétend vouloir, c'est cela même qui la nie. Moins un homme est aliéné, moins il subit le mirage de la démocratie.

  • Mythologie

    Je note un regain d'intérêt en ce moment pour la mythologie antique, dont il est difficile de prononcer s'il est superficiel ou plus profond. Grâce aux contes, les enfants sont restés plus proches des fables mythologiques, car il est difficile d'imaginer des histoires plus simples ou d'intéresser les enfants aux problèmes de robinet des adultes (bien que la tentative existe, à travers les contes pédophiles, c'est-à-dire "à visée pédagogique", dont "Alice au pays des merveilles"). 

    Un genre auquel l'oeuvre de Shakespeare est presque assimilable, d'ailleurs, c'est le conte. Marx n'est pas le premier à avoir pensé le sens de l'histoire à rebours du maillage juridique de plus en plus serré des temps modernes. Or c'est le même Shakespeare qui dévoile que les ornements religieux, culturels ou politiques du Royaume d'Angleterre sont complètement bidons, ses monarques cocus ou démoniaques, qui écrit par ailleurs "Cymbeline" ou "L'Epiphanie".

    Le goût pour la mythologie traduit le goût pour la métaphysique, à laquelle les temps modernes ont substitué des plans éthiques et politiques truqués, analogues à l'ancien purgatoire. Contrairement à la métaphysique, ils ne sont que des représentations abstraites, dérivées des objets physiques qui les déterminent. Comme l'imagination se moque du cinéma, la mythologie protège des hallucinations éthiques et des formules magiques abracadabrantesques.

  • Puritains & Libertins

    Le libertinage ne peut se passer du puritanisme, et vice-versa ; c'est mécanique.

    Pratiquement, Thérèse d'Avila n'a d'intérêt que pour Sade, et Don Juan fascine une nonne. L'intelligence de Molière est de renvoyer puritains et libertins dos-à-dos ; cette lucidité lui vaut la haine à travers les siècles de toutes les variétés de dévôts, et dieu sait qu'il y en a ! Pratiquement ce sont les deux chemins pour parvenir aux ténèbres que le marquis de Sade et Thérèse d'Avila tracent : l'éviscération ou la claustration.

    Pratiquement, on pourrait définir la pensée française comme le double mépris du libertinage et du puritanisme qui, compte tenu du tempérament moderne, revient à peu près au bovarysme ou à la semaine du cinéma japonais à St-Germain-des-Prés. En fonction du revenu national, le libertinage ou le puritanisme aura plus ou moins de succès.

    Merci Louis-Ferdinand Céline de n'être ni libertin, ni puritain, et de nous éviter l'ennui de toutes ces littératures néo-nazies d'après Schopenhauer, Nitche, Hegel ou Freud ! Le dégoût de la mélancolie est assez dissuasif du nazisme, selon moi.

    (Dans une gazette destinée à entretenir le parisianisme, un pornocrate mi-gouailleur, mi-patenôtre, est sondé sur ses goûts littéraires profonds, et forcément précurseurs du "vidéo-club" ; suivi immédiatement d'un article sur les nonnes de Port-Royal, aussi vain et informatif que possible. On y apprend que ces nonnes se défendirent contre l'accusation d'hérésie en affirmant qu'elles étaient stupides. Même Chateaubriand n'a pas conçu une idée du christianisme aussi éloignée des évangiles que le jansénisme.)


  • I Hate Democracy

    Barack Obama a été élu par la frange de la population des US la moins riche, président du pays le plus puissant du monde.

    Tandis que l'idéal démocratique est tout entier contenu dans la promesse d'enrichissement aux Etats-Unis, en France il ne résiste plus que grâce aux efforts de la gauche française, parti des dévôts, aussi prompt à prôner la paix qu'à l'empêcher, dès lors que celle-ci n'est plus le meilleur calcul. La gauche qui est désormais écartelée entre son devoir religieux et son devoir économique.

    Ai-je  vraiment jamais croisé quelqu'un, en France, qui ait foi dans la démocratie ? En dehors de quelques bonnes femmes hystériques, je ne crois pas ; bien sûr des tas de gens qui ont intérêt à faire croire qu'ils y croient ; certains autres qui aiment y croire, pour pas se tirer une balle dans la tête ; plein encore qui n'y pensent pas du tout : - "Hein, ah oui la démocratie, tu m'excuses mais si je ramène pas 3.000 euros/mois à la maison, ma femme se barre, alors la déclaration des droits de l'homme peut bien attendre..." ; certains qui sont tellement distraits qu'ils ne se sont même pas rendu compte qu'on était en démocratie (en quoi ils n'ont pas tort, vu que la religion est un truc parfaitement subjectif), et puis le type du titi parisien que je préfère, plus ou moins l'inverse de cette pouffiasse de Mme Bovary, qui éclate de rire quand on lui parle de démocratie, ou avale son trentième ballon de rouge d'affilé après cinquante ans, s'il a survécu à la circulation parisienne, et pour qui toutes les constitutions démocratiques du monde additionnées n'atteindront jamais le pouvoir de fascination d'un tout petit ballon.

    La démocratie est plus ou moins synonyme de "rêve américain". Le cauchemar vaut mieux : on risque moins d'être déçu au réveil.

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    Barack Obama was elected by the poorer citizens of the U.S., President of the most powerful country in the world.

    While the democratic perfume is entirely bottled in the promise of enrichment in the United States, it has not been yet dissipated in France yet thanks to the persuasiveness of the French left, the main religious party. But, in general, French people do not believe in Democracy or such 'American Dream'. Nightmares are better than dreams, cause when you wake up, reality is not so bad.

  • Mariage gay

    (Avertissement au lecteur : ce blogue est en partie fait pour aider le lecteur à recouvrir la conscience, dans un monde où la manipulation des esprits est devenue une mode de gouvernement conventionnel. La méthode s'appuie sur état psychologique général comparable à celui d'un vieillard, dont les dernières années sont souvent celles d'un suicide lent et absurde, après le gaspillage de sa jeunesse à courir après un bonheur ou une gloire vains. Pour cette raison, l'individualisme est empêché, le respect d'institutions en ruine inculqué à de jeunes générations qui n'en ont cure, voyant qu'elles sont destinées à l'euthanasie de vieux tartufes.

    L'auteur ne partage donc aucune des valeurs actuelles défendues par un quelconque parti laïc ou d'Eglise, groupe de pression privé ou institution d'Etat. Il a foi dans le dieu éternel révélé au monde par son fils Jésus-Christ.)

    - Martin Luther signale que le sacrement de mariage catholique romain est entièrement dépourvu de fondement évangélique. Peu d'exégètes chrétiens un minimum sérieux et un minimum sincères ont d'ailleurs prétendu le contraire.

    - Calvin, que je crois sincère, l'a fait, sur la base de la Genèse attribuée à Moïse ; Calvin n'a pas compris que la Genèse revêt le double caractère mythologique ET historique. Sur ce point au moins, le raisonnement de Calvin est marqué par le paganisme, c'est-à-dire la méconnaissance du sens de l'histoire. Pour un chrétien, suivant l'apôtre Paul, toute entrave à l'accomplissement de l'histoire est une entrave à l'Esprit de dieu et à la parole de dieu ; c'est ce qui rend le dogmatisme impossible dans le christianisme, alors qu'il fonde la culture anthropologique païenne, renversée par Moïse d'abord, et qui par la force de l'Esprit de dieu ne rejaillira jamais.

    La faiblesse de l'homme implique que le chrétien remette sans cesse son ouvrage théologique en cause, faute de quoi il se verra acculé plus rapidement à la stupidité que n'importe quel artiste dans n'importe quelle culture, sauf les cinéastes qui, par définition, sont dogmatiques et faits pour entretenir la bêtise (les arts technocratiques sont tous dogmatiques, et ceux qui les pratiquent n'y vont chercher autre chose que le confort intellectuel).

    Le dogme indique l'assimilation de la théologie à l'architecture, ou de l'Esprit de dieu à la volonté humaine ; ce mouvement est un élément significatif du totalitarisme moderne, dans lequel on peut voir que l'Eglise romaine a joué un rôle décisif. A l'arrière-plan des pires tragédies que l'Occident a connues, et qui sont le plus souvent des sévices que l'Occident s'est infligés à lui-même, comme un cyclope stupide qui se donnerait des coups de massue sur la tête, on retrouve cet étrange attelage de valeurs païennes avec un "judéo-christianisme" au niveau du folklore, au plus bas étage sans doute jamais atteint par la pensée humaine, y compris morale ou politique.

    - A la suite de Luther, très différent du luthéranisme devenu peu à peu une sorte de médiocre poétique du divorce, sacralisant ce que Luther avait désacralisé, et suscitant en outre l'ésotérisme psychanalytique -en créant le besoin, sans contrecarrer sa formule ésotérique médiévale-, suivant Luther on peut donc prononcer que les sacrements catholiques romains, en général, sont le terrain où la métamorphose de la spiritualité chrétienne en éthique païenne s'effectue. Au stade de rituels romains désormais aussi intimes et privés que le mariage gay, l'ésotérisme est le plus flagrant. Tous les sacrements romains ne sont pas aussi éloignés de l'évangile que le sacrement de mariage, mais tous sans exception ont pour effet d'ôter à la parole de dieu ce que l'apôtre Paul défend : croire qu'elle permet la justification des "oeuvres de la loi" ; autrement dit : croire que l'Esprit de dieu peut être asservi, comme les pharisiens firent auparavant, à un intérêt ou une organisation humaine quelconque.

    Un homme, ici non pas forcément instruit du christianisme, mais de bon sens comme les premiers apôtres furent, observera que l'exigence de l'apôtre Paul et les précautions qu'il exige vis-à-vis de la parole divine, sont celles qu'un savant ou un artiste exigera pour sa science ou son art : pouvoir les exercer gratuitement ou en toute indépendance, non comme un simple exécutant. La conscience chrétienne des premiers apôtres est proche de la science. Le sacrement de mariage gay est le produit dérivé de la culture judéo-chrétienne, sans laquelle il n'aurait pas pu franchir la limite de la raison pratique païenne.

    - Un esprit français concluera rapidement que le meilleur parti qu'on puisse tirer du mariage gay est une pièce de boulevard italienne. Il faut souligner par ailleurs la contribution de la science sociologique française d'après-guerre à l'imbécillité humaine : elle n'est que pure rhétorique allemande au niveau du débat sur le mariage gay, pure démonstration de la part d'un régime mercantile de faire croire que les mobiles ou la dignité de ce régime s'élèvent au-dessus des mobiles du commerce. Et cette démonstration, d'une certaine manière est concertée entre les générations ou les associations de consommateurs qu'elle paraît opposer : fruit de la tactique de vils communicants, le débat se nourrit de l'hystérie des deux camps, et de la ruse religieuse la plus grossière qui consiste à opposer le droit naturel à la culture, et vice-versa selon les circonstances, alors que les deux plans sont complémentaires et que la culture, c'est-à-dire la religion, au sens de "l'éthique", repose entièrement sur l'hypothèse du droit naturel. Précisément c'est ce qui explique qu'il n'y a pas d'éthique juive ou chrétienne possible : le pacte de l'homme avec la nature, que l'on voit celle-ci sceller dans la Genèse sous la forme d'un serpent, à côté de l'arbre de la connaissance du bien et du mal, pour le meilleur et en occultant le pire. La loi de Moïse était faite pour mettre un terme à ce pacte, et non pour le concurrencer ; de là l'insistance de saint Paul à dénier aux oeuvres de la loi la force salvatrice ; une loi qui ne produit pas d'oeuvre ne dérive pas du droit naturel ; de là le pacte, encore aujourd'hui, entre des pharisiens juifs ou chrétiens et la morale antichrétienne, la tenace adhérence de la démocratie-chrétienne à tout ce que les apôtres rejettent explicitement.

    Toutes les valeurs libérales sont indexées sur l'argent, quelle que soit leur position dans le spectre ou l'arc-en-ciel libéral, de la démocratie-chrétienne à l'écologisme en passant par tous les autres types de catéchismes érotiques. A moins d'être un esprit cynique, on s'attachera en pure perte à la défense de ces valeurs : POUR LE SEUL PROFIT DE CHIENS qui, ayant passé un pacte avec le diable, tentent de retarder le paiement de leur dette par des holocaustes d'enfants.

    Crétin vous êtes dans ce monde qui ne touchez pas au moins les prébendes qu'un marchand d'armes ou un trafiquant de drogue perçoit pour ses services. La fortune n'est jamais que le produit d'un fin calcul de Satan, où je doute qu'il y a un centime de trop ou de moins sur chaque compte.

     (NB : Une note sur mon nouveau blogue élucide de façon détaillée, et que ceux qui me font confiance pourront se passer de lire, comment les deux derniers évêques de Rome ont inventé l'érotisme chrétien suivant la méthode de S. Freud et Carl Jung, certainement la moins chrétienne possible, mais également peu scientifique. Le plus intéressant dans ce fatras est la reconnaissance par Carl Jung que son antichristianisme ne fait que répéter le propos des alchimistes chrétiens du moyen âge.)

  • Le Christ immoral

    On ne peut pas comprendre la perversité du libéralisme, sans comprendre celle du catholicisme romain. C'est sur ce point notamment que la critique de réactionnaires comme Nitche ou Maurras est défaillante, invectivant d'une part le libéralisme (en vain), et de l'autre Jésus-Christ et ses apôtres, alors que ceux-ci n'ont aucune responsabilité dans le catholicisme romain ou la philosophie médiévale, dans laquelle celui-ci croit trouver une fondation solide.

    Ainsi Nitche se retrouve-t-il dans la position intellectuelle des catholiques romains ou des libéraux, qui n'est pas loin du soliloque ou de la morale pure, non loin de la folie moderne.

    La philosophe nazie Hannah Arendt est une menteuse, et son mensonge est identique à celui de Pangloss. C'est dans l'ordre animal que le mal est banal : dans l'ordre humain, il revêt une dimension bestiale extraordinaire, celle-là même que les anthropologues libéraux qualifient de "mouvement culturel", dont le singe n'est pas capable. C'est ce que l'immonde philosophie évolutionniste ne résout pas : les deux caps que le singe ne peut franchir : celui de la bestialité anthropologique, culturelle (du masochisme, par exemple, ou du cinéma) ; en réalité, doté d'une meilleure vitalité ou d'une meilleure détente, le singe se passe de cinéma et n'a que des divertissements ou des opinions utiles ; et, à l'opposé de la culture, l'esprit critique, dont les régimes technocratiques ou polytechniciens se coupent dans leur aspiration à la puissance, mais dont l'individu, libéré des maillons de l'espèce, sait se montrer capable. Tous les cinéastes qui, d'ailleurs, ont la prétention d'élever le cinéma au-dessus du pur divertissement, refont le même chemin que la philosophie mystique nazie ou le satanisme vers le dogmatisme religieux, l'éloge inconscient de la chair qui anime les sectes puritaines.

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    Pourquoi, maintenant, Jésus-Christ est-il immoral ? Pour employer le langage moderne, la réponse est qu'il est animé par une conscience scientifique et non morale ; cette science que les meilleurs humanistes chrétiens ont désigné, "science consciente", afin de souligner tout ce que la technique doit au réflexe et à un automatisme de la pensée, le terrain même où l'homme est inférieur à l'animal : celui de l'espace-temps. Cette infériorité est suffisante pour expliquer que le libéralisme est la doctrine économique la plus stupide de tous les temps : elle se fonde sur l'aptitude de l'homme à l'économie, alors qu'il est, de toutes les espèces, la moins douée pour l'économie.

    Bien avant Marx, Rabelais prononce que la science juridique n'en est pas une, et fonde la langue française sur le mépris du langage, c'est-à-dire l'outil le plus vil, celui-là même par lequel, selon Jésus-Christ, "l'homme se souille", et en vient à ne plus se connaître, à ne plus s'aimer. La souillure dont parle Jésus-Christ n'est pas d'ordre moral ou éthique : cette souillure revient à la bêtise ou la folie. Sont imprimées sur l'aliéné les stigmates du langage, et il se prend -à juste titre- pour un parangon de justice sociale : à juste titre, c'est-à-dire que sa raison et sa foi sont les plus pures, en même temps qu'il est le plus impuissant à rétablir un ordre dont la ruine lui échappe.

    Tout commentaire des paraboles de Jésus-Christ doit être préfacé par : "Elles sont toutes immorales". Cette immoralité n'a rien d'énigmatique, mais tout le pieux office du clergé catholique romain a consisté à les réduire à cet état, ou par lâcheté et amour du monde, ou par un satanisme avéré, se dissimulant à peine derrière les incitations à la haine du sinistre Bernard de Clairvaux. Très exactement, les paraboles de Shakespeare sont dites "énigmatiques" pour la même raison. Leur prétendue "clef" est la même. Shakespeare confronte un ordre moral chrétien inique à la vérité évangélique, surnaturelle et non éthique. Ce que Shakespeare-Hamlet refuse absolument, à la suite de saint Paul, c'est une philosophie rétablissant la mort dans ses droits, une culture qui ne peut être que celle du suicide grotesque et pitoyable de Roméo et Juliette, d'Ophélie et de son inhumation orchestrée par le singe Laërte - cet acteur de cinéma disloqué.

    La véhémence de saint Paul vis-à-vis de ses disciples, qui renouvelle celle des prophètes juifs vis-à-vis du peuple hébreu, et bien sûr celle de Jésus, comme la missive de remontrances de Paul aux Galates en témoigne, s'explique par le mépris que l'apôtre des gentils éprouve pour l'anthropologie, c'est-à-dire le penchant naturel ou charnel de l'homme pour l'éthique, c'est-à-dire la justification systématique de ses oeuvres, à laquelle son état d'ignorance l'accule, et par où le judaïsme, congédiant ses prophètes, s'était enlisé dans la superstition et un platonisme, dont il semble que le zélote Judas, d'après ses notes personnelles récemment retrouvées, était proche.

    Ce qui fait la faiblesse de la philosophie morale allemande moderne, c'est précisément cette incapacité à dépasser le niveau religieux ou éthique. Tout le mérite de Marx est de s'être extrait de cette fange.

    Toute la puissance que l'antéchrist Nitche convoque au service de la civilisation, il s'en prive pour lui-même, tandis que l'apôtre, au contraire, détourne des "oeuvres de la loi" (c'est ainsi que Paul désigne la morale juive périmée) afin de renforcer l'homme. Le satanisme est une religion où les plus dévôts sont les plus mal traités, probablement en raison de leur manque d'efficacité ; si les banquiers libéraux sont des surhommes en comparaison, c'est à leur morale beaucoup mieux adaptée qu'ils le doivent, et qui consiste à tirer le meilleur profit pour eux-mêmes de l'exploitation d'autrui : ils ne prétendent pas dicter la morale, mais ce sont eux qui tirent les plus grands bénéfices de la tromperie universelle, entièrement contenue dans le langage.

    Luther a raison (il sait lire) : les oeuvres de la loi ne sauvent pas, et le purgatoire n'est qu'un vaste écran de fumée juridique, équivalent de la chappe de plomb de l'inconscient collectif qui l'a remplacé. L'éthique sociale n'a pas lieu d'être parmi les chrétiens. Shakespeare le dit encore mieux que Luther, en montrant que le négationnisme de l'histoire repose essentiellement sur l'argument de l'éthique sociale, et en permettant par l'histoire à son lecteur de recouvrir la vue, il réunit la vérité à la charité, sans laquelle celle-ci peine souvent à dépasser la sentimentale tromperie de soi-même.

    Shakespeare rapproche l'homme du salut et de la force de l'Esprit, dont le clergé l'avait tragiquement éloigné en scellant Paul et les évangiles sous des boisseaux de philosophie et des tonnes de pierrailles gothiques.

     

     

     

  • Guerre des sexes

    Aristophane avait vu juste : le féminisme est le moyen d'entretenir la guerre des sexes, et donc par conséquent la guerre tout court. C'est aux juifs et aux chrétiens féministes que Céline aurait dû s'en prendre plus précisément. Le coeur de la religion est à jamais entre les mains des femmes : elles font et défont la foi au gré de leurs désirs. Derrière chaque prêtre, chaque poète, cherchez la femme ; derrière chaque type qui "va au charbon", en somme.

    Les féministes prouvent habituellement l'asservissement des femmes par la médiocrité de leurs revenus. C'est occulter complètement dans quel but nombre d'hommes s'activent et se plient aux règles de la compétition. On prouvera au contraire la servitude plus grande des hommes par le fait qu'ils décèdent plus tôt. Les femmes ont un moral d'acier, un flegme naturel, et rien ne s'oppose hormis de vieux préjugés couillons à ce qu'on les expédie désormais en première ligne pour défendre les valeurs actuelles. La guerre par, pour, entre femmes, voilà l'avenir. Amen.

  • Deus ex Machina

    Le hasard est le dieu des imbéciles, dont l'ancienne formule est la grâce ou la providence des anciens catholiques romains.

    Depuis la nuit des temps, la science combat le providentialisme, et le providentialisme combat la science. Autrement dit le but élucidateur de la science s'oppose au but organisateur de la religion. Le monde, au bout du compte totalitaire, n'est pas complexe, non, ce qui est complexe c'est la foule d'informations contradictoires, de nature religieuse, sur le monde. 

    Le refus de certains biologistes évolutionnistes bornés d'entendre parler d'histoire de la science, par exemple, témoigne de leur ignorance que la science a toujours été un enjeu religieux, c'est-à-dire moral, ou politique majeur, et que la science pèse beaucoup moins sur la morale ou la politique que ces dernières contraintes ne pèsent sur la science. En somme l'influence de l'inconscient collectif est presque reconnue partout, sauf dans la communauté scientifique.

    Les scientifiques ne s'étonnent pas d'un cadre scientifique qui est devenu, depuis le XIXe siècle, une méthodologie pure, ni que le méthodisme soit un principe moral avant tout. Ils ne comprennent pas qu'il est inutile de convoquer l'éthique dans une société technocratique, puisque la technocratie est essentiellement un ordre moral, postulant un "deus ex machina", c'est-à-dire l'équivalent de la formule providentielle. Etat-hasard-"Française des jeux" revient au même que Dieu-grâce-kermesse. Dieu devient inutile peu à peu au XIXe siècle en raison du machinisme. Le paysan ne pouvait manquer de rendre grâce au dieu providentiel pour le fruit de son travail, tandis que pour l'ouvrier ou le citadin moderne "qui vit avec son temps", c'est-à-dire le plus persuadé des mérites de la civilisation dans laquelle il évolue, les machines sont autant de témoignages de l'existence d'un tel dieu, les médiateurs de la puissance de l'Etat et de ses institutions. L'encombrement des machines et leur intrusion jusque dans les détails les plus intimes de la vie dispense d'une idole supplémentaire, d'un dieu du foyer ou du comice agricole tel que Nitche l'aurait souhaité. Ce qui importe aux élites, et Nitche s'avère de ce point de vue impuissant, c'est le maintien de la main-d'oeuvre à un certain niveau d'inconscience ou de folie religieuse, dont dépend la légitimité des faiseurs d'opinion. On a vu maints vieux singes impies (dernièrement G. Steiner) déplorer à la suite de Napoléon la "mort de dieu" et la perte pour leur caste des brahmanes de ce moyen de coercition. Ce type de négationniste occulte que la bourgeoisie industrielle a troqué son dieu contre la paix sociale, et qu'elle ne peut pas payer deux fois la même monnaie de singe. Enrichi, l'homme moderne n'a plus de compte à rendre à son banquier en matière de foi, mais il doit lui prouver désormais seulement qu'il fait son devoir en consommant, digérant, chiant, et travaillant pour consommer de nouveau, suivant un cycle qui tend à prouver que l'homme a bien une parenté avec l'amibe, et qu'il peut de temps en temps faire le singe en vacances.

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    La tentative de Francis Bacon de refonder la science en la purgeant de ses préjugés philosophiques médiévaux, où la méthode prenait justement toute la place, n'a rien de "baroque", comme les moins malhonnêtes historiens de la science le relèvent (ils sont peu nombreux, et j'indique toujours Karl Popper comme le comble de la malhonnêté ou de l'imbécillité) ; cette tentative est caractéristique de l'humanisme de la Renaissance, dont l'art fut aussi le moins soucieux d'éthique - c'est-à-dire le plus réaliste et le moins fondé sur l'illusion de la perspective. Dans l'architecture somptuaire, Bacon voit d'ailleurs un signe de dégradation de l'esprit chrétien, sachant parfaitement pour l'avoir démontré par ailleurs, que le confort et l'orgueuil, l'ivresse du pouvoir, sont les deux mamelles de l'athéisme ou de l'anthropologie. Il est assez étonnant d'entendre Bacon fréquemment cité en référence aux Etats-Unis, alors même que la science polytechnique prométhéenne en vigueur aux Etats-Unis contredit tous les avertissements de Bacon contre "la science sans conscience".