L'amour, il n'y a pas de matière plus rare ; l'amour, il n'y a rien de plus difficile. Tenez, moi, dans ma vie, ai-je été aimé ? Par qui ? Ma mère ? Je ne suis pas sûr que mes paroles aient jamais franchi le pare-brise de ma mère, qui comme toutes les femmes ressemble à une voiture, et demande à être traitée comme elle : avec tout le tact qu'un propriétaire galant doit à ses objets de prédilection. Vous cherchez un pigeon, mademoiselle : observez bien le comportement de votre cible avec les voitures. S'il file des coups de pied dedans aux voitures ou leur pisse dessus la nuit comme moi, passez votre chemin. C'est le b.a.-ba de la relation sentimentale moderne.
Et, pour ma part, ai-je aimé ? La camaraderie de l'enfance, ça c'était un truc plutôt sympathique - j'ai plein de bons souvenirs, mais... nous étions trop stupides. Je l'étais, vous l'étiez, chers camarades, et ne m'en veuillez pas si je ne suis pas resté le même. Le monde incite à ça, à consolider sa stupidité, de plus en plus, jusqu'au trépas. Les histoires de couple finissent moches en général. Toute la mystique sado-maso n'y change rien : moche ET ridicule, voilà ce que ça donne.
J'ai plutôt cherché à aimer des hommes, ça se comprend, à cause de mon attrait naturel pour les femmes, qui représente un obstacle supplémentaire ; c'est déjà assez le supermarché comme ça -non ?- pour pas s'enfoncer encore plus dans le commerce. Curé ? Non, ce sont des toubibs. A une clientèle pas très éloignée de graves perturbations mentales (d'où l'extraordinaire besoin de sectes aux Etats-Unis), ils dispensent des conseils plus ou moins avisés, à des femmes qui n'en ont pas besoin, puisqu'elles en ont l'instinct inné. La faiblesse des féministes, par rapport aux autres femmes, c'est de se couper de la nature, puisque c'est de ce lien que les femmes tirent leur force spéciale.
Je ne pige pas comment je peux avoir un père aussi féministe !? Oui, d'accord, sans les femmes la société se casse la gueule, mais on s'en fout de la société, puisqu'on est des hommes et pas des curés bretons ou auvergnats, complices des femmes.
Et puis la société d'aujourd'hui, bon... elle n'est pas de toute première fraîcheur ; c'est pas comme si elle sentait la rose. Il faut vraiment être pédé aujourd'hui, je crois, pour avoir du respect pour la société, comme une vieille mère-pute, ou je ne sais trop quoi de vaguement coercitif : le PS ? la femme de de Gaulle ? Les pédés ils ne couchent pas avec les femmes, alors c'est un peu facile leur carnaval.
Il te faut quoi, dix, douze ans de vie aujourd'hui pour découvrir le noir purin dans lequel on se traîne ?
Les trente-six nuances de gris de la boue de Paris, selon Alphonse Allais, correspondent bien au maquillage de la vieille peau de chagrin rétrécie. "La communauté réduite aux caquets", dit l'autre anarchiste.
Et donc l'amour est si rare aujourd'hui, en dehors de l'amour de dieu ; aussi rare que la liberté. Il faut pratiquement aller la chercher directement dans les étoiles, la liberté, aujourd'hui. Si elle était "air", nous serions tous crevés depuis longtemps. Combien de temps ils vont pouvoir continuer de feindre comme ça ? Leur histoire va très mal se terminer à tous ces cons.