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messie

  • Sens chrétien

    ...de l'Ancien Testament.

    Quelques mots d’un copieux ouvrage de Pierre Grelot (1917-2009), érudit catholique (professeur à l’Institut catholique de Paris), dont je reprends le titre pour cette note.

    Judaïsme et foi chrétienne sont parfois amalgamés à tort, ce qui ne vaut pas mieux que l’erreur du célèbre Marcion qui présente la foi chrétienne pour la pierre angulaire d’une religion entièrement nouvelle.

    La démarche de P. Grelot consiste à critiquer la religion juive à la suite de l’apôtre Paul. Que reste-t-il de l’Ancien Testament pour un disciple de Jésus ?

    Une telle démarche critique heurte bien sûr les Juifs, pour qui les prophéties juives ne préparent ni n’annoncent l’avènement de Jésus-Christ, et pour qui la religion juive est réservée aux seuls Juifs, à l'exclusion des païens ; non seulement la foi chrétienne est universelle, donnée à tous les hommes, mais elle leur est offerte directement, sans l'intermédiaire d'un clergé, Jésus-Christ refusant pour cette raison d'être appelé "maître" par ses apôtres.

    La démarche critique de "Sens chrétien de l'Ancien Testament" heurte également les « judéo-chrétiens », qui occultent l’aspect de perfectionnement de la Loi (juive) caractéristique de la foi chrétienne - si caractéristique qu’elle explique la haine farouche du clergé juif contemporain de Jésus pour un prédicateur dont l’enseignement prive le clergé de légitimité.

    On pourrait qualifier le « judéo-christianisme » d’erreur grossière, car elle méconnaît à la fois les exigences des Juifs et celles des disciples du Messie. Néanmoins cette hérésie est très répandue.

    Tandis que l’Apôtre résume de façon concise la Loi de Moïse à un « pédagogue » : « (…) Ainsi la Loi nous servit-elle de pédagogue jusque au Christ, pour que nous obtenions de la Foi notre justification. Mais la Foi venue, nous ne sommes plus sous un pédagogue. » (Galates 3, 23-25). P. Grelot traite la question de façon quasiment exhaustive ; il explique pourquoi et comment l’Ancien Testament est "préparation" (pédagogie) et "annonce" (prophétie de l’avènement de Jésus), mais aussi les problèmes que l’eschatologie ont posé et posent encore au « monde chrétien », ou encore la signification spirituelle de la « Jérusalem nouvelle », opposée à celle du peuple juif, encore prisonnière des griffes du temps.

    • Qu’est-ce qui empêcha les Juifs de reconnaître en Jésus le Messie que l’Ancien Testament annonçait ?

    C’est ici le chapitre qui m’a le plus intéressé, mais qui est malheureusement le moins clair, le plus intellectuel au sens péjoratif du terme. Le « manque de spiritualité » est la réponse lapidaire de l’Apôtre à cette question, face à des Ecritures saintes juives qui requièrent de comprendre l’esprit caché derrière la lettre.

    On sait que les douze ne comprenaient pas l’enseignement de Jésus pour les mêmes raisons. Ils suivaient sans comprendre, comme des enfants, notamment Simon-Pierre.

    Comme les fables, les écritures juives sont le plus souvent allégoriques. Un esprit trop terre-à-terre, efféminé, ramènera leur sens spirituel à un sens temporel. On voit d’ailleurs que le Messie est assiégé par des questions terre-à-terre - le paiement des impôts, le mariage, le divorce, illustrant le manque d’intérêt du commun des mortels pour les choses spirituelles.

    La difficulté des Juifs à comprendre le sens spirituel de la Loi et des prophéties juives se traduit par la multiplication des rituels. Les rituels, qu’ils soient religieux ou profanes, trahissent toujours un degré plus ou moins élevé de superstition (et donc d'athéisme). Ils sont synonymes dans le Nouveau Testament de la stérilité de la religion des pharisiens.

    Les chrétiens rencontrent aussi cette difficulté d’interprétation, bien que les paraboles du Messie heurtent de plein fouet l’ordre naturel des choses et que le Messie rappelle la faiblesse de la chair.

    NB : Je n’ai pas été gêné à la lecture de cet ouvrage par le « dogme catholique », c'est-à-dire par certaines interprétations du Nouveau Testament contestées par d’autres chrétiens ; cette guerre rend sans doute pour les païens la compréhension du « monde chrétien » difficile, bien que la Bible leur soit accessible directement.

  • Bouddha pourquoi faire ?

    Il y a quelques jours le Dalaï Lama tweetait ceci : "Toutes les religions ont le potentiel de créer de meilleures personnes - mais aucune religion ne peut clamer sa suprématie au-dessus d'une autre."

    Le dogmatisme en creux de ce chef bouddhiste ("aucune religion ne peut") permet de comprendre pourquoi le bouddhisme est aussi en vogue dans le monde moderne. Par ailleurs j'ai expliqué sur ce blog comment le monachisme catholique a produit une religion très proche du bouddhisme, où la règle de vie l'emporte sur le message évangélique, qui finit par disparaître au profit de vagues doctrines sociales allemandes ou de recettes de boy-scouts.

    C'est en effet une sorte de relativisme qui est exprimée ici sous le couvert de la sagesse bouddhiste, un relativisme en adéquation avec la mentalité du quidam moderne. Il évoque l'adage, aussi répandu qu'il est stupide et démenti par la réalité : "La liberté d'Untel s'arrête où commence celle d'autrui."

    A quoi cette phrase correspond-elle, dans un monde où les rapports de force violents sont palpables à chaque instant, dans chaque endroit ou presque ?

    Mettons entre parenthèses le message chrétien que la sentence du Dalaï Lama ignore ou condamne implicitement : il est parfaitement faux de dire que toutes les religions païennes se valent. Il y a, dans la manière de concevoir et d'organiser les rapports entre l'homme et la Nature, des religions païennes plus intelligentes et supérieures aux autres. Il y a des religions qui permettent une meilleure jouissance et un plus grand bonheur que d'autres.

    De plus, suivant la caste à laquelle on appartient, sa situation sociale, la religion ne s'applique pas de la même manière. Pour simplifier, on ne jouit pas des mêmes droits, et on n'a pas les mêmes devoirs suivant sa condition. Il est étonnant que le Dalaï Lama ignore complètement le fait du partage inégal des biens et des pouvoirs, auquel toutes les religions et tous les clergés participent pourtant.

    Mais revenons maintenant au message évangélique : il échappe à l'admonestation du Dalaï Lama, car le message évangélique n'a absolument pas pour but de "créer de meilleures personnes" - le christianisme n'est pas une éthique, le christianisme n'est pas une philosophie, bien que certains insinuent le contraire "au nom du Christ", afin de se mettre au diapason du monde.

    Le message évangélique ne répond pas au besoin de la plupart des hommes de vertu et de raison, mais plutôt à l'aspiration de quelques-uns à l'amour, chose qui, du point de vue de la vertu peut sembler une folie, et qu'il l'est dans la mesure où elle fait perdre à l'ordre établi sa valeur mystique.

    Quand le Messie proclame qu'il n'est pas venu pour faire la paix, mais la guerre, comment peut-il mieux stupéfier les bouddhistes et signifier nettement que son message n'est pas fait pour tout le monde, mais seulement pour ceux qui veulent vraiment le salut ?

    A contrario, qui fait vraiment le choix du vice ou de la vertu ? N'est-on pas, dans ce domaine, presque entièrement déterminé par les lois de la physique ?

    La déclaration de guerre du Messie des chrétiens ne fait que traduire la conscience qu'il n'y a pas de paix possible dans ce monde, contrairement à l'affirmation des prêtres qui agitent sous le nez du peuple cet opium pour le faire patienter.

    La déclaration de guerre du Messie pousse à faire un choix, non pas au rayon des religions anthropologiques, destinées à améliorer le séjour forcé de l'homme sur cette terre, mais POUR lui et AVEC lui, ou au contraire CONTRE lui.

  • Folie de la croix, folie des hommes

    On retrouve sous la plume de Sainte-Beuve («Port Royal», 1840) l’expression «folie de la croix» pour parler de l’exécution de Jésus-Christ.

    Sympathisant du mouvement janséniste hostile aux méthodes jésuites et à la théologie médiévale, Sainte-Beuve était et demeura néanmoins athée. Il est l’auteur d’une impossible étude du christianisme d’un point de vue extérieur, sous l’angle de la crise janséniste du XVIIe siècle, qu’il définit comme une tentative de réforme protestante interne à l’Eglise romaine. «Impossible étude» -car Sainte-Beuve ne pouvait l’ignorer, qui cite parfois les évangiles et saint Paul- le Messie des chrétiens a proclamé que «CELUI QUI N’EST PAS AVEC LUI EST CONTRE LUI».

    La casuistique laïque, qui dissocie artificiellement «vie publique» et «vie privée», par exemple, n’est pas sans rappeler le jésuitisme. Du point de vue chrétien authentique, il ne peut y avoir de posture neutre vis-à-vis de Jésus-Christ et de la parole de dieu. La thèse laïque apparaît donc comme une imposture, notamment dans sa version « démocrate-chrétienne », la plus cauteleuse.

    L’expression « folie de la croix » est malheureuse parce qu’elle est pleine d’ambiguïté. A qui attribuer cette folie ? Un chrétien répondra sans hésiter : - au clergé juif qui a comploté l’assassinat de Jésus-Christ, le Messie annoncé par les prophéties juives ; ou encore : - à la soldatesque romaine, qui a torturé et exécuté l'envoyé de Dieu.

    Du point de vue païen ou athée, qui est celui de Sainte-Beuve, la folie peut passer pour celle de dieu lui-même, qu’il ne comprend pas ou auquel il s’oppose. Du point de vue biblique, c’est-à-dire juif, puis chrétien, la folie est le propre de l’homme sans dieu ou bien idolâtre. L’idolâtrie contemporaine, du veau d’or ou de l’Etat, dont les régimes totalitaires font étalage, prouve que le point de vue chrétien n’est pas insensé, ni la prédiction des apôtres sur le règne de l’Antéchrist.

  • Féminisme et apocalypse

    L'anthropologie moderne féministe se confond avec le cléricalisme. On en prend conscience en étudiant la littérature religieuse du moyen-âge et de la renaissance, où le sens du sacrifice social des femmes est exalté par des cardinaux (italiens) ou des saints catholiques romains officiels. L'aptitude particulière des femmes au sacrifice est censée imiter le sacrifice du Christ Jésus lui-même. Cette propagande se heurte à un obstacle majeur : cet obstacle est théologique, puisque le sacrifice du Messie est dépourvu de vocation sociale. Le point de vue social est celui des pharisiens, dont la tactique consiste justement à tenter de mettre le messie en porte-à-faux avec les lois religieuses juives ou le civisme romain.

    La mort et la résurrection du Sauveur, en faisant reculer les frontières de la mort, compromettent définitivement l’ordre social. Celui-ci trouve en effet sa consistance dans la perspective de la mort. L’éternité n’est d’ailleurs concevable du point de vue éthique ou social que sous la forme d’un au-delà parfaitement virtuel, c’est-à-dire d’une théorie de l’espace-temps, formule qui permet de recomposer l’au-delà au gré des métamorphoses de la société. Il faut comprendre l’invention du purgatoire, en l’absence de fondement scripturaire, comme la réponse du clergé à un besoin social dont le christ n’a cure.

    On peut se demander où sont passés l’au-delà et le purgatoire dans une société laïcisée, voire athée, qui semble s’être affranchie de ces idéaux ? On les retrouve dans les différentes théories de l’âme, et surtout c’est la vocation de l’art moderne de faire croire à l’au-delà. Sans la mystification de l’avenir ou du progrès de l’art, il n’y a plus d’art moderne, ni d’artistes modernes, martyrs de cette cause religieuse. L’art païen, produit de la culture de vie païenne, refuse au contraire de se tourner vers l’avenir et le progrès au profit d’une jouissance présente ; le prêtre réactionnaire païen Nitche assimile à juste titre l’anthropologie moderne à un dolorisme. Peu d’artistes modernes sont conscients comme Nitche ou Hegel de la détermination anthropologique chrétienne de l’art moderne.

    L’erreur d’appréciation de Nitche à propos de la morale puritaine est de la croire dirigée contre les femmes. Elle fut au contraire conçue par le clergé puritain comme une mesure protectrice des femmes des débordements de la sexualité masculine, en des temps où celle-ci présentait un danger majeur d’accident. La monogamie est donc une loi religieuse féministe. Ce faisant le clergé féministe commet, sous prétexte de combattre la fornication, le péché de fornication, puisque celui-ci n’est pas moral, dans le coït ou l’acte de chair lui-même, mais dans l’attribution à l’acte de chair d’une dimension mystique amoureuse, qui du reste va bien au-delà de la mystique païenne dans ce domaine, qui n’outrepasse pas les limites de la raison et du droit naturel.

    C’est cette mystique charnelle chrétienne dont Shakespeare s’attache dans « Roméo & Juliette » à montrer le véritable ressort ; non pas en vertu d’un quelconque athéisme ou paganisme, comme prétend Nitche, mais parce que l’anthropologie chrétienne est la pire atteinte possible à l’eschatologie chrétienne, et au message évangélique, le moins anthropologique qui soit, et le plus dissuasif pour l’homme de « s’installer dans le temps ».

    Nitche a bien compris, du reste, que l’aspiration de l’homme à l’éternité, seule justifie la science, et que si cette aspiration n’est qu’un vain fantasme, alors l’art est bien suffisant, qui se contente d’imiter la nature et renonce à l’élucider au-delà de ce qui est nécessaire à la jouissance ou la moindre souffrance.

     

    Le mensonge de Nitche, relayé par de nombreux historiens pétris de culture latine, est d’inventer une antiquité païenne hostile à la métaphysique et convaincue de l’éternel retour, procurant force de loi au destin, alors que les témoignages sont nombreux dans l’antiquité, à commencer par Homère, d’un goût pour la métaphysique, de sorte que l’aspiration de l’homme à l’éternité est de tous temps. Le christianisme ne fait qu’affirmer que cette aspiration est la seule logique, en dehors de laquelle tout est anthropologiquement absurde et efforts acharnés pour s’adapter à cette absurdité. L’homme a conçu depuis la nuit des temps que l’anthropologie est un serpent qui se mord la queue.

  • Salut romain

    Le dernier évêque de Rome a fait dernièrement dans une homélie une étonnante déclaration, qui trahit l'acharnement de l'Eglise romaine à se situer en dehors de l'histoire. Cet évêque a en effet repris une critique adressée par Luther au clergé et à l'institution romains, sans paraître se douter que Luther décèle ainsi la clef de voûte de l'édifice juridique catholique romain.

    "Il faut combattre le "syndrome de Jonas" qui nous porte à penser hypocritement que, pour nous sauver, nos oeuvres suffisent.

    (...) Jonas avait les choses bien au clair à l'esprit : la doctrine c'est cela et c'est cela qu'il faut faire, que les pécheurs se débrouillent, moi je m'en vais. Ceux qui vivent selon ce "syndrome", Jésus les appelle hypocrites, parce qu'ils ne cherchent pas le salut des petites gens, des ignorants et des pécheurs. (...)

    Tellement de chrétiens pensent qu'ils seront sauvés par ce qu'ils auront fait, par leurs oeuvres. Les oeuvres sont nécessaires, mais sont une conséquence, une réponse à cet amour miséricordieux qui nous sauve. Car les oeuvres seules, sans cet amour miséricordieux ne servent à rien. Et ce syndrome de Jonas, justement, n'a pas seulement confiance qu'en la justice personnelle, dans ses oeuvres."

    Or le salut par les oeuvres est une invention de l'Eglise romaine, qui sans elle n'aurait pas connu la puissance qu'elle a connue ; l'impuissance et la ruine actuelles de cette Eglise autrefois triomphale résultent de la concurrence accrue de nouvelles oeuvres sociales. Elles indiquent le caractère organique et temporel de l'Eglise romaine, et non historique de l'Eglise des saints véritable, telle que présentée par les saintes écritures.

    Cette invention du salut par les oeuvres est par où cette Eglise répète ou prolonge la synagogue des juifs, condamnée par le Messie et l'apôtre Paul.

    "Car nous tenons pour certain que l'homme est justifié par la foi, à l'exclusion des oeuvres de la Loi." (Romains, III, 28)

    Cette subversion de la parole divine - le mot n'est pas trop fort puisque le salut par les oeuvres prend la place de la charité véritable - a une cause institutionnelle et sociale. Autrement dit, le "salut par les oeuvres de la loi" répond à la vocation d'un corps ecclésiastique constitué, à qui il permet de postuler un monopole sur le salut.

    L'évêque de Rome fait donc preuve d'une grande tartufferie, ou bien d'une grande ignorance de l'histoire de son Eglise. En effet, le pape ne trône sur rien d'autre que sur le salut par les oeuvres, et s'il y a bien quelqu'un qui est concerné par le "syndrome de Jonas", c'est celui devant lequel les catholiques romains se prosternent comme leur père.

  • A l'heure de la mort

    Le Messie nous prévient qu'à la fin des temps, le mensonge sera tel que la clameur des faux prophètes et des chiens qui invoquent son nom sera si forte qu'elle rendra presque inaudible la parole et l'esprit de dieu.

    L'homme naïf et stupide qui croit dans la vertu surhumaine de l'homme, à la fin de son temps vit dans le mensonge et la croyance qu'il n'est pas qu'un mort en sursis.

    Il y a une manière de traduire le monde, voire l'univers, entièrement physique et biologique : c'est celle de la "civilisation". D'où Aristote est stupéfiant pour le curé nazi Heidegger, puisque le savant grec conçoit une logique qui échappe aux lois de la physique (et la pataphysique algébrique).

    Il y a une manière de comprendre le monde qui ne s'attache qu'au progrès, négligeant les principes physiques sur lesquels repose la civilisation, et cette manière c'est l'histoire ou l'apocalypse.

    Les données de la physique étant invariables, et les civilisations se fiant à ces données, il n'y a pas de progrès à attendre de la civilisation, qui est sans doute la chose la plus ennuyeuse pour l'homme qui cherche la liberté, et donc à triompher de la nature.

    La manière dont l'Occident judéo-chrétien ou athée (ces deux idéologies ont la même cause élitiste) présente le progrès, le met en avant, c'est sous la forme de la culture de mort. Certainement l'antichrist Nitche a raison sur ce point, et sa misogynie s'explique très bien ici par le fait que l'Occident est entraîné par une puissance féminine et macabre. L'Occident se définit en creux et en négatif comme une femme. Il se trompe sur le fait qu'on puisse s'opposer à ce mouvement. Et sa haine du Messie et des apôtres n'entame en rien la vérité. Pour empêcher l'Occident de se déterminer contre elle, encore faudrait-le que l'antéchrist puisse détruire cette vérité. Et il ne peut rien contre elle. 

  • Guerre et amour

    Si Homère est historien, c'est parce qu'il nous montre que la guerre et l'amour sont pour l'homme sur le même plan ; et que cela est valable en tous temps, en dépit des sermons des sophistes platoniciens visant à démontrer que l'homme est intrinsèquement bon.

    L'historien ne fait pas dans le détail, contrairement au chroniqueur mondain.

    La guerre est un art érotique ; la manière dont chaque civilisation fait la guerre reflète sa façon de faire l'amour. Un dessinateur lucide sur la lâcheté croissante des soldats français au cours des âges, les montrant de plus en plus éloignés par la puissance de feu de leurs adversaires, aurait pu faire le même dessin à propos de l'amour, de plus en plus "virtuel" sous nos latitudes.

    J'ai entendu un jour un pornocrate, c'est-à-dire un type auquel son banquier accorde plus de garanties qu'à un maquereau, parce qu'il donne des signes d'adhésion à la démocratie et aux valeurs actuelles, témoigner du progrès conjoint de la pornographie et de la technologie. On peut en dire de même de la guerre : elle stimule l'esprit terre-à-terre des ingénieurs.

    Un historien occidental doit savoir que dans cette métamorphose des comportements militaires et amoureux, l'Eglise romaine a joué un rôle décisif. S'il l'ignore, c'est un imbécile ou un menteur (Il y a dans l'Université beaucoup de menteurs positifs, qui tronquent et truquent, et la profession d'intellectuel est la moins surveillée. C'est une profession dans laquelle on n'est pas capable de fournir une définition valable de l'intelligence, après trois mille ans de philosophie.)

    S'il n'y a pas de place dans le christianisme pour la culture, pas plus qu'elle ne trouve de fondement chez Homère, c'est parce que la culture est faite pour occulter l'aspect de prédation dans l'amour humain. Il n'y a aucun doute à avoir sur le fait que les soi-disant chrétiens qui suggèrent un plan érotique dans l'art chrétien sont d'authentiques suppôts de Satan. Les "armées chrétiennes" sont justifiées par la "culture chrétienne" : en aucun cas elles ne le sont par les saintes écritures et les apôtres véritables du Messie. Il faut ici se servir du glaive de Jésus, et trancher la gorge des faux prophètes qui prétendent le contraire.

    La culture occidentale paraît anodine, voire anecdotique : elle est en réalité un discours de haine diffus, mais extrêmement puissant, et sa barbarie excède celle du nazisme. C'est une explosion de chair potentielle, et les chrétiens doivent se tenir sur leur garde s'ils ne veulent basculer dans l'étang de feu, c'est-à-dire être happés définitivement par l'enfer où nous sommes.


  • Gay Savoir

    Mêler Jésus-Christ et la parole de dieu à la manifestation de l'hystérie sociale en faveur du mariage est le plus grand péché du point de vue évangélique. Le plus grand péché parce qu'il altère la logique du message chrétien, universel.

    La fornication, qui désigne un péché de nature spirituelle et non charnelle, est le péché des hystériques défenseurs d'un ordre social qui n'a jamais existé et n'existera jamais, ainsi que la révélation chrétienne l'affirme sans ambiguïté.

    A toutes les questions sociales qui lui sont posées, sans exception, le Messie oppose une fin de non-recevoir. Pour le rétablissement de l'ordre social, voyez le pape et ses beaux discours théoriques contre nature (c'est-à-dire dont la nature n'offre aucun exemple, ni même les prémisses d'une probabilité).

    Quelle sorte de prêtre peut cautionner cette kermesse, quand le tiers de l'humanité crève des caprices de ceux qui maintiennent le monde dans le chaos ?

  • Exit la Shoah

    L'ordre moral s'est reconstitué après la dernière guerre autour du thème central bien noir de la Shoah. Pour plusieurs raisons, cet ordre moral est désormais à bout de souffle. La première raison est qu'il est de plus en plus difficile de faire éprouver de la culpabilité, à mesure que l'époque du crime s'éloigne et que les liens avec les protagonistes de la guerre se distendent.

    Les Français d'origine maghrébine réclament plutôt une morale fondée sur les crimes perpétrés par l'armée française en Afrique. Tout du moins, ils se sentent peu de responsabilité dans un conflit opposant des Occidentaux entre eux, et les conséquences de ce conflit.

    De fait, ceux qui devraient se sentir le plus liés à ces génocides ou ces massacres odieux, à travers le temps, sont les acteurs de l'économie capitaliste, puisque la concurrence économique débridée entre nations fanatisées par des slogans républicains entraîna la succession des conflits mondiaux. Le sens de la civilisation est facile à pénétrer : il devient très complexe, dès lors que les moralistes s'emparent de l'histoire pour tenter de lui donner un sens moral. Sur ce terrain, la trahison de l'esprit critique français a atteint une intensité inégalée. Personne n'a protesté, me semble-t-il, contre la mise en examen des nouvelles générations, à l'aide des crimes de leurs aïeux, commis pour de l'argent. Contre l'invention de péchés nouveaux. Un Bernanos ou une Simone Weil, je suppose, n'aurait pas laissé passer ça.

    Après avoir indiqué l'essoufflement d'un clergé, "faute de paroissiens", quasiment, il faut dire que ce catéchisme apparemment "judéo-chrétien" ne l'est pas. Un juif authentique, obéissant à dieu et non à l'Etat d'Israël, sait parfaitement la supercherie de "l'éthique juive" ; il y a la loi de Moïse, un point c'est tout. L'éthique est un truc d'Allemand ou de nazis. Même les Français athées, dans l'ensemble, n'en ont rien à cirer des galimatias de Heidegger ou d'Hannah Arendt, qui ne font que renouveler ceux de Pangloss inutilement. De même quand Benoît XVI, ou n'importe quel de sa clique nous parle "d'éthique chrétienne", on sait que c'est un imposteur qui se moque de l'apôtre Paul.

    L'idée que la morale peut-être universelle n'est pas chrétienne. Tout ce qui n'est pas universel appartient à César, et les chrétiens ne le lui disputent pas. La bourgeoisie démocrate-chrétienne n'a fait que prouver par ses forfaits qu'en matière d'éthique, chacun voit midi à sa porte. Il y a une étonnante coïncidence entre la démocratie-chrétienne et la clef de l'enfer.

    Victimisation : à Jésus-Christ, crucifié, on substitue les victimes juives de la Shoah : mais Jésus-Christ n'est pas une victime. Il ne l'est ni pour ses assassins Juifs et Romains, parce qu'il est coupable, ni pour ses disciples, puisqu'il est ressuscité. On trouve, dans le Christ-victime, l'opération des clercs du moyen-âge pour rendre le christianisme compatible avec la morale publique, c'est-à-dire pour récupérer la charge ecclésiastique proposée par l'Esprit-Saint à tous les hommes. Pour lui signifier qu'il n'est pas un dieu païen, le dieu d'Abraham arrête son geste de sacrificateur. De même la colère du Messie est sur les marchands d'offrandes dans le Temple. Le sacrifice est essentiellement païen. Sans sacrifice, pas de soldat. Porter les armes n'est pas chrétien. Etre passé par les armes pour refuser de le faire, c'est ça qui est chrétien. Etre passé par les armes pour refuser de le faire, c'est dominer le monde. C'est comme ça, c'est écrit. Aucun curé ne pourra jamais changer ça. Pas même Nitche, avec ses moustaches de légionnaire de Satan.

    L'Antéchrist procure la volonté au soldat. L'Esprit procure la force de donner à cette volonté un sens qui n'est pas celui du droit naturel.

    La meilleure preuve que la victimisation des Juifs n'a rien de juif ni de chrétien, mais qu'elle est une tartufferie hénaurme et dangereuse, c'est que jamais les prophètes juifs et chrétiens ne s'adressent aux élites, qui les haïssent suivant une règle multimillénaire, que Nitche s'est dernièrement seulement contenté de rappeler. Les prophètes tiennent toujours compte de l'intense corruption spirituelle des élites. Or, bien sûr, la victimisation ne vient pas des victimes ou du peuple ; elle vient comme la démocratie d'un souci des élites de manipuler le peuple en le flattant. Plus la distance est artificiellement abolie entre les élites et le peuple, plus ce dernier doit se méfier qu'on ne soit en train de l'entraîner à l'abattoir.

  • Au fil de l'Epée

    La prison dont les barreaux sont les plus solides est celle des paradoxes humains. C'est pourquoi les chrétiens ont un dieu qu'ils nomment "logique".

    L'anthropologie est l'ennemie jurée des chrétiens, à commencer par les anthropologues qui portent le masque chrétien, dont il faut piétiner les ouvrages, entièrement du domaine de l'idolâtrie. Le triomphe de l'anthropologie est celui de la bêtise humaine. Derrière chaque homme, se croyant justifié d'émettre un jugement moral sur autrui, se cache un anthropologue imbécile.

    "Ce qui sort de la bouche de l'homme -le langage humain- souille l'homme", dit le Messie à ses apôtres pour les dissuader de se fier aux diverses sortes de rhéteurs qui entendent régenter l'esprit humain.

    L'homme n'a qu'un potentiel très limité. Limité à l'érotisme ou la force vitale. Sans l'inspiration divine, sa compréhension du cosmos est quasiment nulle et se réduit à des spéculations algébriques. Ces dernières reviennent à réduire l'univers à un organisme vivant, et à lui affecter le mouvement instable et paradoxal propre à la vie.

    L'antichrist Nitche avec son "éternel retour", ne fait que reconnaître le caractère satanique de la science anthropologique occidentale, où la spéculation joue un rôle essentiel. "Voir les choses dans un miroir", selon le procédé qui définit l'entendement de l'homme d'élite, est un moyen pour celle-ci de se conforter contre la sagesse divine. L'élite ne se légitime JAMAIS selon dieu, mais toujours CONTRE lui. Quitte, s'il le faut, à le remplacer par une idole, selon le procédé des suppôts de Satan, à l'intérieur de l'Eglise chrétienne (Pascal, Joseph de Maistre).

    C'est ce qui explique que Hamlet passe Polonius-Copernic au fil de l'épée, et non pour une sordide histoire de cul telle que celles qui hantent le roman ou le drame bourgeois.

  • Dialectique contre Ethique

    Cette note est pour accompagner Fodio dans l'étude des sonnets de Shakespeare, où le grand prophète chrétien de l'Occident met littéralement le feu à la culture chrétienne médiévale afin de faire table rase de la morale catholique romaine, entièrement satanique.

    Les sonnets de Shakespeare sont donc le plus grand poème chrétien illustrant la dialectique chrétienne, opposée à l'éthique païenne binaire.

    Dès qu'un chrétien ou un juif invoque l'éthique, vous pouvez savoir grâce à Shakespeare que vous avez affaire à un imposteur: ce que les chrétiens authentiques nomment un "fornicateur".

    Jamais civilisation n'a porté de masque plus ignoble que celui de la démocratie-chrétienne, dont le rapport avec "l'odeur du Danemark" est très étroit. Shakespeare a-t-il prophétisé le nazisme ? Non, il a prophétisé bien pire encore, conformément à l'apocalypse. Un esprit divisionnaire extrême, qui ressemble à la convulsion de la bête de la terre, et qui laissera les fidèles apôtres du Christ indemnes. 

    Shakespeare témoigne d'une conscience chrétienne aiguë de l'écartèlement de l'homme par deux forces antagonistes. Il les décrit dans ses sonnets, l'une comme un ange, "un homme parfaitement beau" (sonnet 144), l'autre comme "une femme à la couleur maligne" (ibidem). Quelques benêts dans l'Université y ont lu un aveu 

    de bisexualité ; ça tombe bien puisque Shakespeare, après Rabelais, dissuade de prendre le savoir universitaire très au sérieux. Il n'y a pas besoin d'une théorie du complot pour comprendre la raison de la médiocrité de l'enseignement académique : agrégation et panurgisme suffisent à l'expliquer.

     

     

     

    Le "prince charmant" des contes chrétiens occidentaux n'est pas plus "sexué" que la vierge Marie, quoi qu'il soit nécessaire de tout érotiser pour fourguer des indulgences ou le purgatoire. Ce prince symbolise

     l'Esprit divin, combattant l'iniquité. L'histoire, pour les chrétiens, commence par la chute d'Adam et Eve suivant la mythologie de Moïse, et s'achève par la résurrection de Jésus-Christ (anti-Adam), et de son épouse, l'Eglise (anti-Eve). Comme Moïse, inspiré par dieu, a conçu une mythologie de l'origine du monde et de la chute, qui entraîne la mort de l'homme, Shakespeare conçoit une mythologie de la fin des temps. 

    Partout dans l'oeuvre de Shakespeare-Bacon, les sonnets aussi bien que les pièces, on retrouve ce symbolisme historique ou apocalyptique.

     

     

    L'entreprise de Shakespeare peut se comparer à celle de Dante Alighieri, à condition de comprendre que Shakespeare rétablit l'histoire et la science contre l'éthique et la philosophie platoniciennes du poète italien, sans fondement dans les saintes écritures. La Béatrice de Shakespeare est pure, comme l'éternité, de considérations anthropologiques, nécessairement charnelles, portant la couleur maligne, écarlate ou pourpre, du péché.

     

    - Shakespeare sait très bien la tendance de l'homme à tout traduire sur le plan charnel ou érotique. Cette tendance n'épargne pas l'ère chrétienne; elle est représentée sous la forme de la grande prostituée.

    Bacon développe par ailleurs l'idée, opposée à la psychanalyse, que la chair est le principal obstacle à la conscience et à la science. Elle l'est plus encore lorsqu'elle est sublimée dans des théologies puritaines odieuses et qui frisent la démence sado-masochiste (Thérèse d'Avila). L'ivresse de la chair est moins grande chez Sade ou Don Juan qu'elle n'est chez certains religieux dévôts, parfois totalement abstinents mais dévoués à un culte érotique.

    - La dialectique chrétienne, rappelée dernièrement par Karl Marx d'une manière moins imagée, implique contrairement à la foi et à la raison païenne animiste (tous les paganismes ne sont pas des animismes), implique de ne pas considérer l'âme autrement que comme un "principe vital", indistinct du corps. La raison pour laquelle il n'y a ni purgatoire, ni "espace-temps" au-delà de la mort dans le christianisme, que celle-ci n'est pas une étape nécessaire, est liée au fait que l'âme n'a pas dans le christianisme d'existence séparée ou autonome. C'est le sens chrétien de "la résurrection des corps" : la personnalité morale, juridique, n'a pas de fondement chrétien. "Laissez les morts enterrer les morts !" dit Jésus, car le culte des morts est essentiellement païen.

    Pour le chrétien, tout se joue dans l'enfer, ici et maintenant. Satan passe l'humanité au crible.

    Le christianisme n'est pas "binaire", comme sont les religions "anthropologiques" ou "morales". Non seulement le chrétien reconnaît qu'il y a un aspect positif dans Satan, et non seulement négatif, mais il reconnaît que c'est l'aspect de la santé ou de la beauté (au sens platonicien) sur le plan personnel, ou de la politique lorsqu'elle est équilibrée, dans lequel se traduit cet aspect positif.

    C'est bel et bien un sens chrétien qu'il faut donner à la réforme de la science selon Francis Bacon Verulam (alias Shakespeare), et non censurer cet aspect comme font généralement les universitaires qui traduisent Bacon à leur convenance, suivant une tendance équivalente aux méthodes inquisitoriales du moyen âge. Rien n'autorise le droit canonique !!! Il faut le dire et le répéter face aux chiens qui prétendent le contraire, et se mettent délibérément en travers de la voie de l'Esprit.

    Le droit canonique est une insulte à Paul et son épître aux Hébreux. C'est la manifestation d'un pharisaïsme odieux, qui entraînera ceux qui s'y fient dans l'étang de feu.

    La réforme de Francis Bacon vise en effet deux buts concordants, dont les universités européennes n'ont JAMAIS tenu compte (ce que Bacon avait sans doute prévu) : en finir avec la philosophie platonicienne (il met plus ou moins Aristote dans le même sac, sachant qu'Aristote est à moitié platonicien, et qu'il a fini par rompre avec le pythagorisme et la croyance égyptienne dans l'âme séparée du corps) et revenir à la mythologie d'Homère, porteuse de vérités beaucoup plus profondes que l'éthique de Platon. Par Homère, Bacon veut renouer avec un universalisme dont il sait qu'il emprunte tout à Moïse. L'opposition d'Achille le païen et d'Ulysse le juif est déjà une dialectique illustrée.

     

  • Misogynie chrétienne

    Une manière d'expliquer la "misogynie" chrétienne est celle-ci : la femme est dans le "Nouveau Testament" le symbole de la division du travail. La femme "en travail" symbolise l'humanité souffrante, coupée de Dieu jusqu'à la fin des temps. Mais il y aussi Marthe, soeur de Lazare, qui ne juge pas utile de délaisser sa tâche pour écouter les paroles éternelles du Messie, ou croyant lui faire plaisir par son agitation ou sa vertu.

    Pratiquement, l'anthropologie, on pourrait presque dire la médecine, tant l'anthropologie, dégraissée des utopies millénaristes socialistes, se réduit à la médecine et repose entièrement sur le travail et la mécanique du coït. L'Esprit chrétien jette le discrédit sur l'ordre social et le travail, par conséquent cela entraîne la misogynie de sa part, dans la mesure où la femme incarne le travail, tout en dissimulant le caractère divisionnaire et macabre du travail, le sens de mort lente et vaine que lui prête Moïse dans sa mythologie. La haine de Moïse existe d'ailleurs chez les personnes qui se disent "de race juive", insultant ainsi les prophètes juifs (S. Freud, piètre réinventeur de savoirs que l'antiquité posséda bien mieux que lui) : on peut être certain que cette haine a une origine féminine. Les femmes, comme les Egyptiens, ont bien plus à coeur l'esclavage.

    Je dois dire, même Simone Weil, la seule femme à ma connaissance dont la pensée n'est pas sexiste ou sexuée, et qui est consciente que bâtir en fonction de son désir revient à fabriquer des empires chimériques, Simone Weil a perdu beaucoup de temps à essayer de trouver une solution pour raffermir le travail, et qu'il ne soit plus cet esclavage ou cette prostitution mise en place par la bourgeoisie démocrate-chrétienne. Pour le chrétien, on ne peut pas lutter contre la mort ou l'asservissement du travail de cette façon. Pour le chrétien, l'autodestruction d'une société a un sens naturel. Et pourquoi le chrétien s'inquièterait pour telle ou telle société, puisqu'il ne s'inquiète même pas de la terre, qui passera avant que la parole de dieu ne passe. On comprend pourquoi Jésus-Christ ne dit rien aux propriétaires ou aux femmes mariées.

    Ces deux espèces exigent des garanties que les évangiles ne leur fournissent pas. Jésus-Christ parle aux hommes qui n'ont rien à perdre. Toutes les solutions dignes que Simone Weil s'évertue à rechercher pour le bien social, elle aurait dû les rechercher pour elle-même. Simone Weil a la maladie du socialisme sincère : on le comprend à sa façon de se tenir soigneusement à l'écart, comme d'une lèpre, de l'extraordinaire duplicité de la démocratie-chrétienne, encore une fois pire que celle de Judas Iscariote, car Judas a rendu l'argent, tandis que la démocratie-chrétienne, non seulement à vendu le Christ en échange de l'ordre social, mais s'accroche à ses deniers.

    Ce que le Messie révèle aux Juifs qui veulent lapider une femme adultère, c'est qu'il est vain de fonder un ordre patriarcal, misogyne : cela ne comblera pas le "piège de la femme". De même les musulmans, qui reprennent la formule juive patriarcale, ne lutteront pas efficacement de cette manière contre la séduction féminine du libéralisme et la manière qu'il a, sous couvert de féminisme, de se servir des femmes comme d'un appât pour attraper les hommes et les faire rentrer dans le rang social. De les ramener ainsi au travail.

  • Christianisme exotique

    Le christianisme est devenu aujourd'hui la chose du monde la plus exotique. Quel rapport entre le christianisme et la défense des valeurs familiales, par exemple ? Aucun. Pourtant l'idée que la famille et le christianisme sont liés semble arranger tout le monde, modernes comme conservateurs.

    L'apparente défaite des apôtres véritables de Jésus-Christ, supplantés par de grossiers imposteurs qui n'hésitent pas à présenter la fornication comme la doctrine de l'Eglise, est un des signes d'apocalypse les plus sûrs.

    Si le sens de l'histoire de l'humanité est indiqué par le sens de la vie du Messie, ses étapes décisives, alors nous vivons sans doute les moments d'obscurité totale que les apôtres connurent après la crucifixion, quand le pouvoir politique romain et le pouvoir religieux juif semblaient avoir triomphé ensemble de la Vérité.

    La vie de chaque personne humaine depuis la chute est essentiellement tragique. L'apocalypse est une peinture réaliste, insupportable aux yeux de ceux qui ont fait le choix du rêve et sa lente euthanasie confortable. S'il n'y a plus de tragédiens après Shakespeare, c'est parce que le goût du rêve a remplacé chez les artistes celui de la réalité... pour le très grand dommage du peuple.

    Mes contemporains de la race de fer sont sans doute parmi les plus bêtes, avec tous leurs gadgets. Des morts vivants. Il faut dire à tous les opprimés de la terre que haïr l'Occident est inutile. Cela n'en vaut pas la peine. L'Occident est riche et propriétaire. Et alors ? C'est ce qui lui vaudra d'être foudroyé par la puissance dont il tire sa force. Laissez cette puissance agir seule et ne perdez pas votre temps à haïr la race de fer.


     


  • Usage de Bernanos

    Je n'ai pas été élevé par Bernanos. Pour la bonne raison que je me suis élevé par Léon Bloy, auquel Bernanos n'ajoute pas. La culture est comme les rayons des bibliothèques, où les idéologies les plus contradictoires peuvent voisiner dans la poussière. Qui ne sait que la culture est faite pour habituer et mener progressivement au cimetière, comme un lent corbillard, est métèque en France.

    Le type français est beaucoup trop pragmatique pour accorder de l'importance à la culture ou l'art abstrait, où se complaisent les plus pusillanimes dévotes toute leur vie, quand elles n'y mettent pas un terme brusque avant. - Eh, l'argent ne suffit-il pas en matière d'art abstrait, Sganarelle ? L'argent conditionne la musique, et non l'inverse.

    A rebours de la culture, la spiritualité pousse à se chercher un maître d'armes. Le type cultivé, lui, tourne délibérément le dos au champ de bataille. Très largement, la barbarie de l'Occident moderne tient à ce qu'il est incapable de regarder ses propres crimes en face, contrairement à ce larron que la soldatesque romaine avait crucifié à côté de Jésus. L'Occident moderne évoque la figure de Ponce Pilate. Le crime, d'accord, pourvu qu'on ait l'hygiène.

    Préférant la maîtrise d'arme de Shakespeare, j'ai dû négliger Bernanos, et même Bloy. Tous les stylistes qui passent à sa portée, Shakespeare leur tranche la gorge sans pitié. Nitche n'est pas né et mort dans l'Empire, qu'il crache déjà le poison de Claudius, destiné à Hamlet, par les narines. Shakespeare n'a de pitié que pour le simple lecteur. Les étourdis prennent les révolutionnaires français pour des iconoclastes ou des briseurs d'idoles - des talibans. Tout le travail avait déjà été fait par Shakespeare auparavant, pour le compte du cavalier à la tunique ensanglantée, monté sur un cheval blanc, symbolique pour les chrétiens du triomphe de l'Esprit dans l'histoire, sur la grâce et la providence des nations païennes. La seule façon de renverser les idoles, est de le faire spirituellement.

    Shakespeare ne se retourne jamais sur la civilisation, rêverie qui trahit la faiblesse de Bernanos ou Bloy, leur relâchement spirituel. Il ne s'agit pas de juger le besoin de sommeil ou de repos de tel ou tel guerrier. L'apôtre Pierre lui-même s'est trompé plusieurs fois d'épée et de combat. Il s'agit de ne pas se retourner sur la chimère sentimentale de la civilisation, presque aussi niaise que le futurisme démocratique, car ce relâchement est par où Satan et ses hordes regagnent du terrain.

    Il s'agit de suivre Shakespeare dans sa percée fantastique des lignes des robots humains, leurs prothèses mécaniques. S'il y a bien un trait d'esprit français de la part de Bernanos, c'est de stigmatiser la détermination biologique imbécile de la technocratie et des technocrates, suppôts qui ont tous la formule sanguine tatouée quelque part sur le corps.