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  • L'Art contre Dieu

    Je reviens souvent à Bernard Henri-Lévy, parce qu'il est le plaideur le plus habile en faveur du totalitarisme démocratique occidental. La tâche la plus difficile pour lui est certainement de faire le lien entre la démocratie libérale et le judaïsme.

    La véritable religion de BHL est le catholicisme romain, c'est-à-dire la subversion des Ecritures saintes à l'aide de sophismes philosophiques, afin d'inventer un plan politique ou moral qui ne peut pas être fondé sur les prophètes chrétiens ou juifs. On ne trouve aucune trace de la démocratie dans l'eschatologie juive ou chrétienne.

    BHL organise une exposition à la fondation Maeght sur le thème : "Art et philosophie/vérité." Les apparences de l'humanisme sont sauves, et c'est sans doute ce qui compte surtout dans cette exposition : démontrer que la démocratie libérale n'est pas exclusivement le culte du veau d'or, c'est-à-dire un régime dont la barbarie excède en puissance celle du régime nazi, dont la volonté s'est heurtée à d'autres régimes plus puissants encore.

    La nation juive sous le regard de Dieu, comme la théorie de la France chrétienne, sont des produits de l'art humain, sans consistance spirituelle. N'importe quel ennemi du christianisme ou du judaïsme démontrera facilement que le dieu qui légitime la propriété de tel ou tel peuple est une invention de l'élite afin de conforter sa position. La légitimité des institutions et des élites, ainsi que Shakespeare le montre, ne peut venir que du droit naturel, car il n'est aucune sorte de puissance qui ne soit issue de la nature.

    BHL dit : "On a tort d'accuser les juifs de mépriser l'art ou d'être iconoclastes ; le judaïsme ne condamne que l'idolâtrie." Soit. Mais dans ce cas il faut dire quel art est idolâtre, et quel art ne l'est pas, ce que BHL ne fait, occultant l'élucidation de Dürer que les arts libéraux, dont l'exercice engendre la mélancolie, sont idolâtres ou lucifériens. Ce sont des arts qui ont pour but de justifier l'homme ou de le conforter - de maîtriser le feu -, mais qui ne recèlent aucune vérité surnaturelle, vers quoi les prophètes veulent tourner l'homme, dans le sens contraire du monde ou du destin.

    Quant à la démocratie, c'est l'idéologie ou l'objet d'art le plus néfaste, étant donné qu'elle n'a pas de fonction pratique, mais une fonction religieuse. "Je ne suis pas venu apporter la paix dans le monde.", dit le Messie, contre les pendards démocrates-chrétiens et leur folklore aussi insipide qu'infernal. Il n'y a probablement pas d'espèce humaine plus hypocrite que l'espèce démocrate-chrétienne, et pourtant cette espèce domine le monde, sans doute parce que son hypocrisie fait qu'elle est la mieux adaptée.

     

  • L'Art contre Dieu

    L'art est érection. Il est donc contre dieu. Si dieu n'incite pas l'homme à l'érection, mais à l'amour, c'est parce qu'il est une force bienveillante, contrairement à la nature, qui ne donne jamais sans retrancher ensuite ce qu'elle a donné. Le païen, par son art, tente ordinairement de rivaliser avec la nature pour se protéger de ses effets (à l'exception d'Homère, qui met en garde contre le plan physique).

    La nature engendre des artistes pour la célébrer ; le Messie est envoyé de dieu pour retrancher ce qu'il faut d'hommes afin de triompher de la nature, marquée par la mort et le péché.

    La peur détermine l'art et l'artiste. Celui qui cherche la vérité ne craint ni la foudre ni les vicissitudes du temps.

  • Mélancolique bourgeoisie

    De trop courir après des chimères qu'il ne rattrape jamais est ce qui rend le bourgeois mélancolique, et donne à son art le goût de la soupe pas assez salée qu'on sert dans les hôpitaux.

    Il arrive que le philosophe bourgeois connaisse, à l'article de la mort, une dernière érection et le désir de fabriquer enfin quelque chose, après avoir dépensé tout son intellect sur l'examen des causes premières et des fins dernières.

    Son mobile essoufflant lui a au moins appris une chose, c'est que la chimère qu'il poursuivait est, en fait, derrière lui. Cela explique la jalousie extrême des bourgeois à l'égard de leurs enfants, et leur violence à se débarrasser sur leurs épaules de fardeaux aussi inutiles que l'avenir, la réforme sociale ou le soin de la planète. Si Proust ne songe qu'à retremper son biscuit dans le giron de sa mère, c'est sûrement parce qu'il a toujours été à l'article de la mort, et pas assez sportif pour courir après une cause plus chimérique encore.

    Quel tableau d'histoire formidable nous propose Shakespeare dans "Troïlus et Cressida", peignant les valeureux guerriers troyens et achéens animés des mêmes intentions bourgeoises et médiocres que l'homme moderne, pratiquant déjà l'art de l'échangisme comme Claudel. Que Shakespeare emploie le même mot de "labeur" pour parler du travail de la terre et du coït, voilà qui était fait pour scandaliser le bourgeois à travers les âges, jusqu'à notre Claudel. La dramaturgie bourgeoise n'est pas dramatique au regard du tragédien - elle est ridicule et pompeuse comme le code civil, uniquement faite pour le blanchiment de l'argent.

    Il n'y a que deux voies pour échapper à la mélancolie des tièdes, rançon de leur habileté à s'adapter au monde - la voie de l'art selon Satan, ou bien celle de la vérité selon dieu.


  • Le Gay Savoir

    Le sens de l'art occidental dominant est d'être une culture de mort. C'est ce qui explique qu'il soit aussi féminin, comme marqué par le double signe négatif et le masochisme.

    Les expressions de la "culture de vie", qui ont pu surgir ça et là en certaines occasions, souffrent donc d'être à contresens de l'art occidental, et d'ignorer en quelque sorte la base technique et économique de l'art. Tandis que le cinéma, lui, qui est une culture de mort typiquement occidentale, repose sur des bases économiques aussi meubles et fluctuantes que la direction éthique qui est la sienne.

    Tenant de la "culture de vie" paysanne, et par conséquent logiquement phallocrate ou misogyne, F. Nitche est le tenant d'un art vaincu d'avance par l'esthétique nationale-socialiste hégélienne, qui a le don d'épouser les contours de la culture occidentale et de permettre de les justifier par un discours qui possède la rationalité apparente du droit ou des mathématiques modernes.

    On pourrait dire que Hegel est beaucoup plus faux que Nitche, mais que, rendant mieux compte de l'artifice macabre en quoi résulte l'art moderne, l'esthétique nazie hégélienne est d'un usage beaucoup plus répandu et utile. Peu importe que des millions d'heures de cinéma ne disent pas ce qu'un artiste digne de ce nom, disposant du libre-arbitre, dira, sculptera ou peindra en quelques heures, comme le cinéma justifie l'homme moderne et le conforte dans la certitude de sa supériorité, il s'impose comme un art majeur. Il tient dans le domaine esthétique le discours que la démocratie tient sur le plan juridique : un discours qui, bien qu'il ne repose sur aucune réalité historique, a le don de complaire à une majorité d'hommes.

    Mais la rançon de cette culture fascinante est extrêmement lourde, puisque, en échange du confort procuré par quelques syllogismes cinématographiques imbéciles, c'est le caractère résolument macabre de cette culture infâme qui est occulté aux jeunes générations, quand elles ne sont pas délibérément placées sous cette camisole, afin de mieux les soumettre.

    La culture de vie peut paraître une alternative tentante, un espoir, comme il a paru à Nitche qu'elle pourrait empêcher la décadence de l'Occident. Mais ce n'est pas le cas : ce serait aussi stupide que de croire que le corps d'un homme ordinaire peut résister à la vieillesse et à la mort. Il ne le peut pas, à cause de la culture à laquelle il est soumis, y compris quand cette culture est une culture de vie, suscitant une volonté de vie plutôt qu'une volonté macabre. La culture, en somme, n'est rien. Elle ne peut pas être mieux qu'un point de départ. Qui se vante de sa culture scientifique, se vante de son ignorance et ne fait sans doute que répéter les lois qu'il a apprises par coeur, et qui sont aussi relatives et instables que la matière, elle, est stable, et s'impose sur les hommes, aussi "cultivés" soient-ils.

    Le passage de la culture de vie virile à la culture de mort féminine est principalement le fait, en Occident, de l'Eglise catholique romaine et des Eglises chrétiennes constituées après l'éclatement de la première au XVIe siècle. Hors de cette matrice, point d'art moderne abstrait (= musical), tel qu'il s'est développé peu à peu depuis le XVIIe siècle.

    Mais dans cette transition, l'Eglise catholique a joué le rôle le plus passif : son clergé n'a fait que s'adapter aux valeurs du moment. Elle n'a fait en définitive qu'accomplir l'effort qui consiste à dissimuler que les saintes écritures chrétiennes ne justifient aucune culture d'aucune sorte, ni positive ou virile, ni négative ou féminine suivant leur caractéristique au stade de la ruine.

    C'est à connaître que le chrétien met toutes ses forces, non pas à être cultivé - il y a des légumes pour ça.


  • Valeur du rêve

    Le progrès personnel, en art, entraîne à considérer la valeur de l'onirisme ou du rêve comme nulle ; ça m'intéresse moins de savoir comment un cinéaste fabrique son cinéma qu'un pâtissier ses gâteaux. Comme les intellectuels, les cinéastes ne savent rien faire seuls, et tout leur art consiste à se rendre indispensables aux pires entreprises humaines.

    La vie des trafiquants de drogue est sûrement plus palpitante que celle des cinéastes, suppôts de Satan, mais de 3e classe seulement.

    Moins débile que le cinéma, l'art égyptien est fait pour fasciner, donc pour faire rêver. Mais ses planificateurs eux-mêmes font preuve d'un esprit diablement raisonnable et discipliné. Ils font rêver le quidam par leur grande maîtrise, tandis que le cinéma se base le plus souvent sur le bluff et quelques gadgets. Une poignée d'écrivains, au XIXe siècle, a déjà épuisé toute la matière que le cinéma mâche et remâche. Ces écrivains mettaient plus d'humour, et n'éprouvaient pas le besoin de se pavaner comme des paons.

    Aux Etats-Unis, on arrête parfois la circulation des voitures et des piétons pour tourner des scènes de cinéma. Peut-on faire plus barbare ? Mon pote américain, sans doute l'Américain le moins prêt à assassiner son voisin pour quelque problème de libido sous-jacent, éprouvait d'ailleurs une certaine honte de ce cirque indécent : emmerder les gens pour un film.

    Les animaux domestiques rêvent. Ils rêvent qu'ils sont des animaux sauvages.

  • L'Art chrétien

    A la question : y a-t-il un empêchement pour le chrétien de s'adonner à l'art, comme le juif fidèle aux commandements de dieu ? La réponse est : oui, le plan de la culture, c'est-à-dire de l'idolâtrie, est signalé au chrétien comme étant incliné vers la mort, parallèle au plan de la chute.

    On distinguera ainsi facilement les vrais témoins de Jésus, de ceux qui, feignant de le suivre, parlent au nom de la bête.

    L'art chrétien fait nécessairement table rase de la culture. Et nul n'a réduit en cendres la culture occidentale comme Shakespeare. Plus vous lisez Shakespeare, mieux vous le comprenez, plus vous saisissez que la civilisation occidentale repose sur le néant, et qu'elle est ainsi inférieure à toutes les civilisations précédentes : elle est sans clef de voûte. Sa clef de voûte consiste dans un mensonge qu'il est nécessaire de renouveler en permanence. En effet, la bête a été frappée une première fois ("bête de la mer") ; sous la forme de la "bête de la terre", elle subsiste et semble avoir recouvré des forces, triompher, même, dans le libéralisme ou la démocratie-chrétienne: en réalité, la bête convulse.

    Pour se défendre contre la vérité, épée dont le tranchant s'est accru de la révélation du Messie et de ses apôtres que la vie, en soi, ne vaut rien, les élites morales et politiques sont contraintes d'ourdir une culture dont le mensonge excède la foi, mêlée de raison, des régimes païens antiques. Autrement dit: la part d'inconscience, dans l'Occident moderne, est accrue ; par conséquent la part d'irresponsabilité. Cela se voit particulièrement dans son art. L'Occident verse donc de plus en plus dans la folie, d'une manière irrémédiable, et dont la forme la plus banale est le gâtisme.

    La fuite en avant de la civilisation occidentale s'explique, comme toute fuite, par la peur. Dans la fuite, l'instinct ou la volonté sont privilégiés sur la pensée. Contrairement à la culture païenne traditionnelle, animée par une crainte raisonnable de la mort, la culture occidentale moderne est plus effrayée encore par la vérité. La société moderne est plus totalitaire et moins démocratique encore que les sociétés païennes, dans la mesure où même le domaine culturel est régenté par les élites. Il n'y a pratiquement plus de culture populaire dans l'Etat totalitaire. Rien dans la culture des Etats-Unis ou presque qui relève de l'initiative populaire et ne soit pas appuyé sur les banques.

    Est-il nécessaire d'être chrétien pour le comprendre ? Est-ce qu'il ne suffit pas d'un minimum de conscience pour comprendre que la "culture scientifique" dissimule une grossière imposture, car la science combat forcément ce qui est de l'ordre de la culture. En somme qu'il n'y a pas de science "collective", mais que l'individu, seul, peut être savant. Le plan collectif n'autorise que le partage des convictions, c'est-à-dire la culture ou la religion. Le savant méprisera nécessairement l'homme d'élite, en raison de l'appui de celui-ci sur la masse et les choses quantitatives. Toutes les paraboles de Jésus-Christ, pratiquement incompréhensibles du point de vue élitiste ou politique (le point de vue platonicien, qui est celui de Judas Iscariote d'après son évangile), en revanche sont acceptables du point de vue scientifique, au regard duquel l'ordre humain est seulement nécessaire, ce qui ne signifie pas fondé sur l'expérience ou vrai.

    Si l'Occident moderne est dépourvu de métaphysique véritable, c'est pour le besoin de son organisation.

    Le régime républicain, non seulement a peu à voir avec les Lumières, mais il prolonge la haine de l'Eglise catholique romaine pour la science dénoncé par les Lumières, suivant la même méthode que les évêques de Rome et pour les mêmes raisons. La science républicaine est au niveau de la culture scientifique, c'est-à-dire de la religion.

  • Le bénéfice du doute

    Je souffre chaque fois que j'entends quelqu'un déclamer contre la vérité, surtout quand c'est un homme issu du peuple. Je souffre d'autant plus que c'est un artiste, qui coupe ainsi les ailes de son art, le ramenant ainsi au niveau de la musique.

    Si les mathématiques sont élevées au niveau de la science dans les régimes technocratiques, de même que la musique est élevée au rang de l'art, c'est pour une question de pouvoir : afin de mieux diviser. Ainsi la vérité ne subsiste plus qu'en tant qu'elle est religieuse, c'est-à-dire fondée sur la foi et la raison. Quel capital donnera des fruits, sans le doute et sans la foi ? Les déments qu'on voit s'agiter dans les salles de marché, sont sous l'emprise d'un délire de religieux.  

    La foi de Benoît XVI dans l'avenir trahit que sa théologie est une mystification.

    Si l'on ne doit retenir qu'une seule chose de Marx, c'est celle-ci : la vérité est ce qui dérange le plus les élites, et, bien entendu, cela inclut les soviétiques et leurs poètes avides du sang des peuples. Qu'il y ait des "poètes communistes", des fêtes pitoyables "de l'humanité", cette absurdité signifie que le prolétariat a été maintenu dans l'ignorance et l'esprit de sacrifice, exactement comme les paysans furent par le clergé romain.

    La masse est assimilable au néant pour Marx, comme elle l'est pour tout chétien. Aucune aspiration à la liberté n'est compatible avec le raisonnement quantitatif.

    L'obstacle de la foi religieuse et du doute, n'est pas seulement levé dans le christianisme ; il l'a été bien avant, dès l'Antiquité. Le bénéfice du doute est toujours pour les élites. A cet égard, le jansénisme est la théologie judéo-chrétienne la plus exécrable, dans laquelle on retrouve l'origine de tous les méfaits accomplis par l'Occident moderne. Musique, mathématique, foi et raison, forment le socle d'un culte satanique, dont les symboles sont transparents, et dont le maléfice est accru des oripeaux chrétiens qu'il porte, qui éclabousse l'épouse du Christ du sang versé par la race de fer.

    A la suite de Shakespeare, transperçont donc ces chiens, planqués derrière la tenture de l'éthique.

    Pape romain, geignant sur les maux de la terre et la possession des propriétaires, ne se prive pas pourtant de bénir les puissances démocrates-chrétiennes, qui dans la zizanie ont trouvé le dernier moyen de faire durer le monde.

  • Art et Peuple

    Aucune élite n'a jamais eu besoin de la science ou de l'histoire. Ce que l'élite requiert, c'est la religion, pour faire obstacle l'histoire, qui présente le grave défaut aux yeux de l'élite de faire perdre aux institutions leur caractère sacré. Tout ce qui relève du mysticisme ou de l'abstraction pure, ce que les autorités éthiques baptisent aujourd'hui "culture", sent nécessairement la merde pour l'historien. 

    Le républicanisme peut se résumer à un élitisme: par conséquent, le républicanisme comporte un volet religieux. L'usage de la vieille ruine catholique romaine est pour détourner l'attention du fanatisme religieux républicain actif, camouflé derrière l'argument culturel. Pas plus qu'il n'y a d'historien catholique romain, il n'y a d'historien républicain.

    L'historien authentique se doit donc de révéler la double face de la science moderne. Les mathématiques et la mécanique jouent dans la civilisation occidentale en phase terminale, depuis le XVIIe siècle, un rôle décisif. Or on retrouve dans les mathématiques une dimension religieuse. Pratiquement, si l'humanisme ne s'était pas opposé à la polytechnique, on pourrait dire que l'inconscient collectif occidental n'a pas évolué depuis le moyen âge. Il s'est seulement métamorphosé. Shakespeare nous montre des monarques médiévaux sans prise sur les événements, au sommet de la pyramide mais écrasés par le destin lorsque celui-ci s'inverse ; aujourd'hui ce sont des systèmes politiques entiers qui sont dans la même situation de s'agiter ou de tenter de se réformer en vain. Quand on ne progresse pas sur le chemin de la liberté, on régresse.

    La culture élitiste comporte donc un aspect de dénigrement de la science, ou de subversion encore plus dangereuse à laquelle Rabelais fait allusion. Cette subversion consiste à faire passer l'outil scientifique pour l'objet de la science elle-même. De cette confusion, qui est la marque du totalitarisme, plus encore que des régimes tyranniques antiques, découle le propos marqué par le fanatisme religieux d'un Karl Popper, selon lequel la science doit se préoccuper de chercher, et non de trouver (on comprend qu'une formule aussi débile ait du succès dans l'université).

    On observe le même phénomène dans l'art, dont la barbarie technocratique a provoqué la scission de la science. Pour épouser la culture républicaine, il faut abhorrer la science. Pour fabriquer l'utopie démocratique totalitaire, il faut en effet purger la culture de l'histoire. L'attachement de la pensée française à l'histoire, fait d'ailleurs qu'il n'y a pratiquement aucun penseur français à gober l'utopie démocratique, c'est-à-dire à ne pas faire le constat qu'elle est une démagogie extrêmement dangereuse. Les chefs religieux actuels qui tentent d'astreindre les jeunes générations à ce culte, ont bien de la peine à citer des références sérieuses et à occulter que la mystique de la souveraineté populaire est un emprunt à l'élitisme d'Ancien régime.

    L'art dit "abstrait", c'est-à-dire musical ou mathématique est indissociable de la technique. Il ne traduit pas autre chose que la substitution de l'artiste à l'objet de l'étude scientifique. Et cette substitution traduit l'envahissement de l'art par des considérations religieuses. Un artiste qui ne voit pas que Cervantès est un artiste beaucoup plus important que Picasso ou Dali, ne connaît rien à l'art : c'est probablement un conservateur de musée, investi d'une mission religieuse. 

    A l'opposé, la science véritable comporte une incitation à se méfier de l'élite et de son aspiration religieuse. Une religion truquée, reposant sur un "deus ex machina", c'est-à-dire l'homme lui-même, et, selon l'organisation pyramidale, l'élite.

    Le principal et dernier appui de la culture aujourd'hui, malgré l'imposture assez évidente de ses ministres ou acteurs, est dans le confort intellectuel procuré par l'ingéniérie et la technologie. La culture française est désormais sous tutelle de la Chine. C'est-à-dire qu'un bouleversement politique en Chine pourrait contribuer à la débâcle culturelle occidentale, c'est-à-dire à la crise religieuse à laquelle on assiste. C'est un cas typique de dépendance du maître vis-à-vis de son esclave.

    Il ne faut pas chercher ailleurs que dans l'université la responsabilité de l'abaissement de l'art au niveau de la foire aux fétiches ou du cinéma. Non pas l'imputer aux commerçants, aux collectionneurs, ou encore à des vandales imaginaires. Grosso modo, l'université a inventé un "cartésianisme français", qui ne correspond même pas à Descartes, et qui consiste à démontrer, sans jamais le prouver, que tout ce qui n'est pas fonctionnel n'existe pas, et donc à assigner à l'art ou à la science humaine, les limites de l'intelligence artificielle.

  • Art et Peuple

    Extrait d'une interview de Toni Morrisson (prix Nobel et universitaire afro-américaine, caution morale de Barack Obama). Où l'on peut voir que, comme en France, les intellectuels racontent n'importe quoi aux Etats-Unis.

    "J'ai une vision très différente du rapport entre l'art et la politique que celle de la plupart des gens. Je pense que tout art véritable est politique, et tenter d'en faire quelque chose d'apolitique est en soi un acte politique. Dans ses pièces, Shakespeare parle de gouvernement, de guerre, de pouvoir, et tout cela est politique à mes yeux...

    Comme beaucoup de Yankees, capables de citer une ou deux tirades de Shakespeare par coeur, Toni Morrisson n'a pas lu Shakespeare, c'est-à-dire qu'elle l'a pris pour un auteur ornemental, une sorte de cinéaste. Sans exception, il n'y a pas une pièce où Shakespeare, parlant du pouvoir, de la guerre et du gouvernement, n'en souligne la détermination satanique. Le pouvoir des rois n'a rien de surnaturel, dit Shakespeare à la face des institutions chrétiennes hideuses. Chose étonnante pour un Yankee, il semblerait que Shakespeare a lu le nouveau Testament.

    L'art "apolitique" ne peut avoir d'autre sens que l'art le plus primitif ou éthique, "dionysiaque" comme disent les conservateurs de musée modernes. C'est encore ce qu'on appelle l'esthétique ou la culture de vie.

    Une bien meilleure théorie que celle de Toni Morrisson vient à l'esprit : si l'art étatsunien est entièrement politique ou esthétique, cela signifie qu'il n'y pas d'art chrétien, apocalyptique, aux Etats-Unis. Dans ce cas, pourquoi les Etats-Unis brandissent-ils des symboles chrétiens, au lieu, comme le parti nazi, d'agiter des croix gammées ? Est-ce que les membres des sectes sataniques aux Etats-Unis sont les seules personnes qui ne sont pas hypocrites ? Vu de France, ce cirque ignoble ressemble à une nation maurrassienne, le culte de l'or en plus.

    ... avec la période de l'anticommunisme, on a fait du mot "politique" un mot sale. En réaction à ce qui se passait en URSS, on a décidé aux Etats-Unis que l'art ne devait être qu'esthétique."

    A entendre Toni Morrisson, tout ce que disent les soviétiques est vrai ? Certes, Karl Marx a proposé une autre voie à l'art que l'esthétique : la science ; mais la science n'a pas plus à voir avec la politique que l'esthétique. Très fréquemment, les savants sont persécutés par les hommes d'Etat, qui ne supportent que les polytechniciens, astrologues, psychanalystes, médecins. Par ailleurs, l'URSS est une technocratie socialiste, comme les Etats-Unis : rien n'oppose ces nations, sauf leur niveau de développement.

    Qu'est-ce qui n'est pas éthique, technique ou esthétique dans l'art des Soviets ?

     

     

  • Art et Peuple

    Si même des artistes libéraux comme Delacroix ou Baudelaire, à demi possédés, ont pu discerner le caractère diabolique de la photographie (comme Aristote plus de deux millénaires auparavant), qu'en sera-t-il des chrétiens face au cinéma, "image animée de la bête", selon l'évangile ?

    Les Anglais ont cette vieille expression, qui remonte peut-être à Samuel Johnson ou Shakespeare, du temps où l'art et les artistes n'étaient pas entièrement conçus pour méduser le peuple : "Le diable habite la maison.", pour signifier à quel point le diable est familier de l'homme, prié dans l'ancien culte romain païen à l'intérieur du domicile ; il était naturel que le cinéma s'invite au coeur du foyer, comme le culte prométhéen est au coeur de l'inconscient collectif.

    "S'ils ont appelé le maître de la maison Belzébuth, combien plus les gens de sa maison ! Ne les craignez donc point : car il n'y a rien de caché qui ne doive se découvrir, rien de secret qui ne doive être connu. (...)"

    "je suis venu apporter, non la paix, mais le glaive. Car je suis  venu séparer le fils de son père, la fille de sa mère, et la bru de sa belle-mêre ; et on aura pour ennemis les gens de sa propre maison (...)" Matth. X, XI.

  • Art et Peuple

    - Le peuple s'interroge sur l'art abstrait et se demande s'il n'y aurait pas là quelque ruse religieuse ? En effet.

    - Le clergé répond que l'art abstrait est l'art de s'interroger toujours, sans chercher de réponse. A juste titre.

    - Il faut entendre par "abstrait" l'art le plus spéculatif : la photographie, le cinéma ou l'argent. Dans le domaine des choses virtuelles, le clergé se meut à son aise, comme l'araignée sur sa toile.


  • Salaud de Pie XII

    Je sais depuis assez longtemps que Pie XII, dans le domaine de l'art, sous des airs d'intello. n'était qu'un vulgaire iconoclaste (à croire qu'il n'y a pas d'imposture intellectuelle sans lunettes).

    Ainsi : "La fonction de tout art est de briser le cercle étroit et angoissant du fini, dans lequel l'homme est enfermé tant qu'il vit ici-bas, et d'ouvrir comme une fenêtre à son esprit aspirant à l'infini." où on voit que Pie XII définit l'art chrétien comme l'art païen, c'est-à-dire environ comme les mathématiques, où le zéro et l'infini sont équivalents, même si on peut jongler avec (les mathématiques sont très proches des arts du cirque, la simplicité des enfants de la balle en moins), avec cette caractéristique propre au mathématicien qui est d'ignorer ce qu'est un cercle, ce que la science et l'art savent et disent déjà depuis près de trois mille ans !! La réflexion est typiquement nazie ; mais les nazis, qui ont gobés Darwin à fond, sont plus près de la grand messe et du cirque que de la science : des polytechniciens ; si on donne à un polytechnicien un pinceau pour peindre, il peindra un pinceau.

    Mais je viens d'apprendre par la télévision que Pie XII, non content de dire des conneries "ad infinitum", a béni publiquement la télévision au moment de sa naissance ! Il a vu en elle un instrument de civilisation à l'échelle mondiale ; ben merde alors ; là pour le coup je doute qu'Adolf Hitler aurait été assez stupide, à la place de Pie XII, pour se prononcer de façon aussi irresponsable dans le même sens. C'est là un quitus donné à un médiat dont il n'a pas fallu attendre longtemps pour se rendre compte qu'il repose comme le cinéma sur la pornographie, c'est-à-dire qu'il excite chez l'homme dès le plus jeune âge les instincts les plus bas afin d'en faire rapidement une brute nazie en puissance, mobilisable dès que nécessaire.

    On sait que les Yankis ont inventé la torture hypocrite par la musique, qui fait peu à peu basculer dans la folie. Je suis tenté de croire que par le cinéma ou la télévision, qui ne sont jamais que des stimulus musicaux plus puissants, l'effet serait encore plus radical, celui d'une chambre noire, peut-être même trop puissant pour satisfaire aux exigences du tortionnaire, qui est d'effrayer sans provoquer l'arrêt cardiaque trop vite.

  • Un peu d'art pour tous

    Le rapport est étroit entre l'architecture et l'âme, ses différentes conceptions. On peut dire que la longue leçon d'esthétique "judéo-chrétienne", "laïque" ou "nationale-socialiste" (les trois qualificatifs sont mérités) de G.W.F. Hegel, est dominée du début à la fin par l'idée d'architecture. Comme Hegel ne veut pas qu'on se rende compte de sa pirouette, il dissimule l'architecture à la fin derrière la poésie et la philosophie, produits politiques plus subtils et plus difficile à définir que l'architecture. Si la roue de Hegel pouvait tourner ou qu'on pouvait lui ajouter un rayon, il lui faudrait revenir au point de départ : l'architecture.

    La conception de l'âme a bien sûr varié sensiblement au cours du temps, connu des états différents, y compris pendant le laps assez uniforme entre le XIXe et nous. On peut dire qu'à l'âme gothique correspondent les cathédrales, et qu'à l'âme "freudienne" ac tuelle correspond l'architecture de Jean Nouvel, dont l'uniformité saute aux yeux. On dirait que les éléments d'architecture contemporaine sont faits surtout pour être embotés les uns dans les autres. Pour reprendre un terme algébrique - et comment parler du totalitarisme sans parler de mathématiques -, il s'agit d'une architecture de type cellulaire.

    Qui est déjà entré dans une maison habitée par une maîtresse de maison en ayant l'impression de pénétrer son âme comprendra ce que je veux dire. Certaines femmes interviouvées après un cambriolage parlent même du sentiment d'avoir été "violées" ; une femme a rarement du "viol", soit dit en passant, une idée concrète, physique, mais pense plutôt à la souillure ou au déshonneur moral.