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Lapinos - Page 32

  • Info-secte.org

    Le site www.info-secte.org répertorie diverses sectes ou mouvements sectaires qu'il tente de présenter avec objectivité. Pêle-mêle on retrouve les Témoins de Jéhovah, l'occultisme véhiculé par la série Harry Potter, l'Eglise de la Nouvelle Jérusalem inspirée par les écrits du théologien Emmanuel Swedenborg, etc.

    De façon bizarre, voire ésotérique, les auteurs de ce site se disent chrétiens, mais leur propos n'a pas, disent-ils, de vocation confessionnelle ; ces enquêteurs prétendent n'être pas "affiliés au Vatican", mais invoquent en revanche la caution des parlementaires français et d'une liste de mouvements sectaires dressées par eux. Ce sont donc des chrétiens qui prétendent évaluer des mouvements sectaires chrétiens, voir confronter les assertions de certaines sectes chrétiennes aux saintes écritures chrétiennes, mais qui ignorent qu'il est défendu à un chrétien de servir deux maîtres ; en l'occurrence, aucun chrétien ne peut reconnaître à l'Etat français, personnalité morale anthropologique ou fictive, se métamorphosant au gré des circonstances économiques, une quelconque autorité dans les domaines essentiels de la liberté et de la vérité. L'éducation civique revêt donc nécessairement pour un chrétien le caractère d'un sectarisme ou d'une éducation sectaire.

    On peut facilement faire la démonstration historique que la théorie antichrétienne du "chrétien au service de la Cité" est une des causes majeures, de nature politique et morale des grands schismes au sein du christianisme, ayant entraîné la constitution d'Eglises nationales, répondant d'abord aux besoins de causes relatives. De nombreuses prétendues sectes chrétiennes se trouvent justifiées par les évangiles de lutter contre la récupération par des mouvements nationalistes identitaires des symboles de la foi chrétienne et de souligner la bestialité réelle de ces mobiles chrétiens. Les menaces divines à l'encontre de telles tentatives de récupération de la foi à des fins privées sont nettes et sans appel.

    Bien qu'ils ne sont pas "affiliés" au Vatican, les auteurs de www.info-secte.org ne traitent pas du cas de l'Eglise romaine comme d'une secte, jadis prospère et aujourd'hui plus ou moins ruinée. Il est probable que les auteurs du site ont tenu compte de la relative reconnaissance sociale dont bénéficie le culte catholique romain et ses adeptes, eu égard au rôle essentiel qu'il a joué dans la culture occidentale, et qu'il joue encore à travers des idéologies telles que le culte des "droits de l'homme" ou la démocratie - idéologies opposables moralement aux nations barbares. La reconnaissance sociale ne prouve cependant pas que les "valeurs occidentales" idéales ne sont pas constitutives d'un abus de confiance.

    Bien que de très nombreux enfants en relèvent pour leur éducation et leur avenir, l'Education nationale n'est pas non plus traitée par ce site comme une secte. Pourtant on ne voit pas qu'il soit fait grand cas au sein de cette institution puissante de la détermination individuelle, dont n'importe quel scientifique admettra qu'elle est la meilleure garantie contre l'adhésion aveugle à des principes religieux. Si l'esprit critique avait cours au sein de cette institution, probablement les philosophes, historiens et savants qui font la démonstration que les valeurs républicaines ne contredisent pas les valeurs catholiques romaines mais les prolongent (Marx, Péguy, etc.), ne feraient pas l'objet d'une mise à l'index aussi stricte, mais seraient exposées dans un esprit scientifiques. De même on peut trouver curieux que les philosophes et hommes de lettres complices actifs du stalinisme, c'est-à-dire de la religion truquée du peuple, par les élites et pour les élites, continuent d'être présentés comme des saints laïcs.

    Curieusement, ces ennemis autoproclamés de l'esprit sectaire, et donc pour résumer de l'abus de confiance, ne se donnent pas pour but de lutter contre des formes civiles ou civiques de sectarisme, qui passent par des méthodes similaires de réduction de la liberté individuelle au choix de sa marque préférée de yahourts, ou sa position sexuelle favorite. En effet, les discours des partis politiques peuvent être assimilés à des doctrines sectaires, reposant sur des méthodes d'embrigadement et de propagande même pas honteuses d'elles-mêmes. Combien de policiers et de soldats du rang ne sont pas désillusionnés après avoir fait l'expérience réelle de la mission pour laquelle ils ont été enrôlée ? Mais surtout il faudrait parler de la publicité et de l'abus de confiance permanent qu'elle représente, puisque la publicité consiste à faire miroiter un bonheur et une satisfaction qu'elle ne permet pas d'atteindre ? On pourrait multiplier les exemples de substitution du langage de la séduction et du viol des consciences à l'esprit critique préventif des dérives religieuses sectaires.

    Un mot, pour conclure, sur le chapitre assez original consacré à "Harry Potter" et à la propagation de croyances et rituels occultes au sein de la jeune génération. Le phénomène inquiète les autorités morales de ce pays, à la fois parce qu'il semble spontané et impossible à enrayer. Il se développe d'ailleurs dans le cadre d'une éducation largement déléguée à la fonction publique enseignante, et impliquerait de sa part une autocritique à laquelle elle n'est pas disposée, ce qui est significatif là encore de l'organisation cléricale et sectaire de l'Education nationale. Impossible d'envisager pour les autorités morales que le vase des valeurs républicaines et celui de l'occultisme véhiculé par Harry Potter peuvent être des vases communicants. Pourtant ils le sont ; sans lien direct avec la philosophie des Lumières, les valeurs républicaines peuvent être traduites comme des valeurs technocratiques. Le gadget est le produit de la technocratie, dans tous les domaines y compris juridique, artistique (le cinéma) ou mystico-religieux. Les romans de J.K. Rowling sont des gadgets, conçus comme tels, et ils fascinent les gosses pour la même raison que leurs parents et professeurs sont fascinés par les gadgets dernier cri. Infantile et débile l'occultisme de Harry Potter, si on le compare à l'occultisme de Pythagore ou au satanisme de Nietzsche (très peu occulte ou secret, d'ailleurs), qui peuvent prétendre sérieusement soutenir une certaine forme de rationalisme moral et politique.

    La fascination du gadget correspond au mobile érotico-macabre dit de "la recherche du temps perdu". On voit aussi que cette culture de masse infantile prolonge l'art surréaliste le plus débile, qui attribue à la perte de conscience provoquée par l'art, sous prétexte de favoriser l'extase, un rôle positif similaire à celui de l'injection de drogue.  

     

     

     

     

     

  • Sociologie catholique

    Un sondage récent établit que les catholiques français ont des moeurs semblables au reste de leurs compatriotes. Le seul problème, c'est que des "moeurs catholiques", ça n'existe pas. La défense de la vérité est le seul mobile du chrétien, d'où il tire son mépris des civilisations et des sociétés humaines, nécessairement fondées sur une forme de vérité mensongère. Il se trouve de surcroît que la raison sociale la moins mensongère est la raison sociale satanique.

    Sont donc traitées dans ces sondages et cette sociologie de questions culturelles "françaises", si l'on veut, qui ne concernent pas la foi chrétienne ou catholique. Quiconque sait lire, pourra lire les évangiles et constater que le christ Jésus, à l'opposé du curé catholique romain, considère les questions de moeurs pour ce qu'elles sont, à savoir des questions entièrement relatives. L'apôtre Paul à la suite de Jésus précise qu'il n'y a pas de salut chrétien par les oeuvres, ce qui peut se traduire dans le vocabulaire moderne par les "oeuvres sociales". C'est ce qui explique la haine des antichrists à l'égard de l'apôtre Paul, en particulier des antichrists qui ont vu dans le catholicisme romain un culte subversif allié - Nitche ou Maurras, par exemple, convaincus que le catholicisme romain exprime une culture de vie païenne.

    Ce qui a largement été cause de la défaite de l'Eglise catholique romaine au cours des derniers siècles, c'est d'ailleurs sa défense du droit et de l'ordre établi contre des partisans de la vérité plus sincères, comme les philosophes des Lumières, et plus encore le marxisme qui remet en cause le principe même de la civilisation. La vision historique donne conscience de ce que la civilisation est un état d'inconscience (de là la volonté de l'Occident de faire taire Shakespeare par tous les moyens, d'une manière que Shakespeare a prophétisée dans "Hamlet" - parce que Shakespeare a mis la civilisation occidentale minable).

    De même la sociologie qui oppose "l'esprit du catholicisme" à "l'esprit du protestantisme" est une science débile, puisque la doctrine sociale chrétienne, qu'elle porte le label catholique ou protestant, n'est qu'un opportunisme. L'opportunisme occidental, les croisades, sont une réalité, mais on ne peut pas les traiter scientifiquement en occultant l'opportunisme qui les détermine, et dont l'opposition entre la doctrine catholique et la doctrine protestante ne permet pas de rendre compte.

    Les sociologues modernes sont d'ailleurs des docteurs catholiques romains qui s'ignorent, puisque la défaillance scientifique qui caractérise la sociologie a été introduite par la doctrine catholique romaine. Le monde païen avait des poètes païens utiles et raisonnables - le monde moderne a des sociologues débiles.

     

     

  • Le syndrome Thoreau

    Une fois n'est pas coutume, je cède à la mode qui consiste à employer des termes médicaux en toutes circonstances, mode qui témoigne de l'extrême irresponsabilité de l'homme moderne, en même temps que de la dissolution de l'individualisme dans l'étatisme.

    Tous ces types avec des téléphones portables ! On ose encore parler d'excès d'individualisme, quand la gent masculine adopte de plus en plus des comportements féminins grégaires (on reconnaît aisément dans le port de la cravate un signe de soumission et d'agrégation, proche de la croix de sectes sataniques ou catholiques).

    Le "syndrome Thoreau" désigne le comportement de certains Américains, subissant le poids de la culture germanique en vigueur aux Etats-Unis, au point d'y renoncer pour faire le choix d'une culture moins masochiste. Henry Thoreau est une sorte de Nitche yankee, c'est-à-dire parfaitement inconscient, contrairement à ce dernier, du rôle décisif du christianisme et du judaïsme dans l'histoire de l'humanité. On ne trouve donc pas chez Thoreau de volonté d'éradiquer le judaïsme et le christianisme de la culture à tout prix afin de restaurer la civilisation, et ramener la paix et le bonheur dans le monde. Thoreau s'attarde plus que le philosophe allemand sur le phénomène des banques et de l'argent, qu'il traduit comme un signe de peur et de corruption sociale avancée. Quelques terroristes arabes ont il est vrai fait trembler dernièrement toute une nation armée jusqu'au cou, confirmant le diagnostic pessimiste de Thoreau. La Bible elle-même indique que c'est la peur qui a détourné le peuple juif de la loi et l'a incité à trahir Moïse pour le veau d'or.

    Mais Thoreau ignore à peu près complètement la Bible. L'intense corruption sociale de la nation dans laquelle il vit, qui n'avait pas encore trouvé le moyen de dissimuler l'esclavage derrière des motifs humanistes, l'incite à se tourner vers la nature et le principe d'incorruptibilité de celle-ci, contenu dans la formule nitchéenne de "l'éternel retour". On trouve de plus en plus d'Américains atteints du syndrome de Thoreau, c'est-à-dire plus ou moins en rupture de ban, tâchant de reconquérir un minimum de conscience individuelle, fuyant la culture totalitaire judéo-chrétienne des élites à défaut de pouvoir l'affronter, tant cette mécanique économique est puissante. Déjà, à l'époque des hippies, du temps du déploiement des forces militaires américaines en Asie, Thoreau faisait figure de guide spirituel. Derrière le mobile du terroriste également, on retrouve l'idéal du bonheur. Ce que le terroriste veut faire sauter, c'est le verrou qui l'empêche de jouir.

    L'impasse dans laquelle le raisonnement de Thoreau jette est à peu près la même que l'impasse du bonheur, qui n'est jamais plus stable que l'eau recueillie dans le creux de la paume. Ce dernier revêt une importance capitale pour les personnes qui subissent l'esclavage des élites judéo-chrétiennes capitalistes et leurs foutues doctrines sociales hypocrites, qui pourraient faire l'objet des mêmes pamphlets marxistes aujourd'hui qu'il y a cent ans. Mais pour l'homme en position de jouir normalement, le bonheur est comme le soleil - non pas un dieu, mais un moyen, de sorte que l'homme en position de penser, pour le meilleur comme pour le pire pensera au-delà de sa condition.

    La même obsession du bonheur de la part de Nitche l'incline à nier dieu - pas n'importe quel dieu - pas Satan, qui donne la vie et la mort et auquel tout savoir éthique remonte, mais le dieu métaphysique des juifs et des chrétiens.  

  • Critique littéraire

    "Qu'auront apporté les écrivains de la fin du XXe siècle ? Peut-être un changement de décor. (...)" dixit Frédéric Beigbeder.

    La littérature de Beigbeder n'est elle-même qu'une resucée de Proust. Il n'y a que les médecins allemands pour s'intéresser vraiment à Proust et à Beigbeder. Ce dernier est d'ailleurs un peu moins nul que Proust, car un peu plus critique.

    L'homme du peuple, qui n'a rien à cirer de la littérature et de la culture, à l'instar des chrétiens, pourra se demander de même : "Qu'ont apporté les savants de la fin du XXe siècle ?"

    En ce qui me concerne, je ne recommanderais pas Shakespeare si Shakespeare ne relevait pas de la science, comme la plupart des mythes.

    F. Beigbeder ajoute : "Je ne pense pas que les centres commerciaux soient la plus grande réussite esthétique du siècle précédent, mais je les considère comme un progrès par rapport aux camps de concentration." Ici Beigbeder retombe au niveau de la doctrine sociale de l'Eglise démocrate-chrétienne, c'est-à-dire de la littérature la plus insane de tous les temps, car il va de soi que les camps de concentration et les centres commerciaux traduisent le même phénomène bestial. On mange en 2014 comme on tue en 2014 : les méthodes d'assassinat nazie sont pasteurisées et hygiéniques. Si les chambres à gaz ont bel et bien été mises en service, c'est ce qu'elles signifient : non pas une cruauté excessive, mais un professionnalisme exemplaire. Les Allemands ont plaidé pour leur défense qu'ils ne s'étaient pas bien rendu compte qu'ils accomplissaient le pire, l'ayant accompli en fonctionnaires plus ou moins zélés. Les centres commerciaux n'ont rien de rabelaisien non plus, mais ils sentent la doctrine sociale démocrate-chrétienne à plein nez. Ils résultent de la germanisation accélérée de la France par ses élites après la dernière guerre, que Bernanos a qualifié de mensonge plus grand que le mensonge de la collaboration lui-même. De fait le parti gaulliste est un des artisans du négationnisme. Conjointement avec le parti communiste, il a fait en sorte qu'on ne puisse tirer aucune leçon de l'histoire.

    Les hommes du XXe siècle appartiendraient-ils au néant ? Tous leurs efforts ne tendraient-il pas secrètement vers la nullité ?

  • Critique littéraire

    En tant qu'apologie du rêve, l'art dit "surréaliste" est le mieux adapté à un régime totalitaire. Le surréalisme est un art infra-médical ; le projet de la psychanalyse n'est pas aussi débile a priori que celui du surréalisme, qui constitue une régression de la conscience en-deçà du mythe, comparable à la régression des mathématiques modernes.

    La culture de masse totalitaire peut être dite "surréaliste" ; cela permet d'en discerner la cause dans les élites occidentales modernes, qui seules justifient le surréalisme ou le cinéma comme un art.

    NB : dès lors qu'un auteur dit "surréaliste" a de l'humour, manifestant par là une prise de conscience, on peut lui ôter l'étiquette surréaliste. L'humour va en effet à l'encontre de l'instinct, et donc du génie. En principe, les artistes surréalistes sont des artistes belges, allemands ou américains, élevés sous la mère comme des veaux.

  • Apostasie romaine

    Lors de la récente canonisation de deux de ses chefs, l'Eglise romaine est apparue telle qu'elle est, comme une construction juridique athée.

    Il n'est pas difficile aux adversaires du culte catholique romain de démontrer qu'il est purement rhétorique, que l'on se place du point de vue de Satan et du droit naturel (Nietzsche), ou bien encore du point de vue chrétien apocalyptique (la bête de la terre est représentative des puissances qui tirent leur légitimité de la loi), ou bien encore du point de vue athée laïc dérivé du catholicisme romain, majoritaire en Occident - le culte républicain moderne, dans le cadre de l'Etat totalitaire moderne, plagie en effet le culte catholique romain dans ses rituels et célébrations.

    En tant que tel, le culte catholique romain est ultra-minoritaire en France, mais dans sa version technocratique modernisée, il est largement répandu ; c'est ce qui explique la fascination pour un clergé et des cérémonies qui semblent désormais appartenir au folklore - l'Eglise catholique romaine est la matrice de l'appareil judiciaire moderne.

    - L'Eglise romaine apparaît donc comme un leurre parfait, qui d'une part se présente comme une démonstration juridique facile à réfuter. Il est aussi facile de démontrer que le mobile de l'Eglise romaine n'est pas spirituel, mais moral et politique, qu'il est facile de démontrer que la théorie de la relativité d'Einstein n'est pas scientifique mais arbitraire. D'autre part la doctrine romaine fait écran au message évangélique, dont il n'est possible de déduire aucune règle de vie sociale.

    - La transition opérée de la "légende dorée" catholique romaine à une procédure judiciaire stricte n'est qu'une illusion. Il faut des miracles pour faire un saint du culte latin : mais la transformation quotidienne par les prêtres romains du vin en sang du christ et du pain en corps du Christ n'est-elle pas un miracle alchimique suffisant ?

    On sait d'ailleurs la réticence du Messie à opérer des miracles, dont les magiciens sont aussi capables. La capacité de Satan à accomplir des miracles est attestée dans l'Evangile par l'annonce des miracles de l'Antéchrist.

    Les peuples primitifs prennent les technologies occidentales dites "avancées" lorsqu'ils les découvrent pour des miracles. La technologie occidentale est bel et bien miraculeuse au sens naturel, et donc démoniaque. L'univers est lui-même un miracle permanent du point de vue de la science technique et des mathématiques modernes (largement tributaires de la science scolastique catholique), dans la mesure où cette science technique n'explique pas l'univers autrement que par ses effets.

  • Apostasie de Jean-Paul II

    Je précise dans ma précédente note le cadre général de l'apostasie catholique romaine, c'est-à-dire comment un message universel, sous le prétexte de la tradition ou de l'anthropologie, a été transformé peu à peu en une sorte d'insane théorie de la relativité affublée de l'étiquette chrétienne.

    Cette transposition subversive du message évangélique dans le domaine social s'accompagne du blanchiment de la chair, domaine dans lequel le pape Jean-Paul II se spécialisa, cela même alors que les saintes écritures désignent cette opération de blanchiment comme le péché de fornication. On comprend que l'abstinence sexuelle de Karol Wojtyla n'est pas ici en cause, bien que sa théologie subversive ne soit pas complètement étrangère aux débordements criminels de son clergé et du sacerdoce catholique romain ésotérique. Cette opération évoque aussi irrésistiblement les pharisiens, accusé par le Messie d'être des "sépulcres blanchis", expression significative de la trahison par le clergé juif du sens eschatologique de la loi de la Moïse.

    - Dans le "Figaro" du 27 avril 2014, publication financée comme on le sait par un industriel de l'armement, J.-M. Guénois consacre un article à Yves Semen (!), apologiste de la "théologie du corps" de Jean-Paul II ; la caractéristique essentielle de cette théologie est d'être un tissu de spéculations philosophiques entièrement dépourvu de rapport avec les évangiles. J.-M. Guénois parie apparemment sur l'ignorance complète des lecteurs de son journal subventionné de tout ce qui ne relève pas des mécanismes boursiers. Ceux-ci requièrent d'ailleurs un manuel de la branlette ou du libre-échangisme catholique romain. On peut compter sur le nouveau pape, plus progressiste, pour la rédiger.

    Il faut toute l'extraordinaire mauvaise foi et le pharisaïsme de cet Yves Semen pour prétendre que la charité chrétienne peut être mêlée au coït. C'est une ignominie que de le prétendre, comparable à l'argument capitaliste de la "libération sexuelle". Aucune religion païenne n'est aussi barbare et sournoise.

    "(...) Karol Wojtyla est un philosophe personnaliste avant d'être théologien. Pour lui, la "personne" est vraiment faite pour se donner. En se donnant, elle se "trouve" et se rencontre là dans son bonheur. Voilà sa grande idée." Y. S.

    On flirte ici avec la bêtise absolue. D'abord parce que le christianisme s'oppose radicalement à toute philosophie personnaliste, c'est-à-dire à la théorie de l'accomplissement social de l'individu, ensuite parce que le "don physique sexuel" n'a bien sûr rien de libre et de gratuit - il n'a rien d'un don au sens chrétien.

    "Et voilà que s'écroulent des siècles d'une théologie catholique du soupçon vis-à-vis de la chair." ajoute J.-M. Guénois. On peut parler d'un soupçon dans la Genèse vis-à-vis de la femme ; on peut parler de l'avertissement du christ Jésus contre la chair. "La théologie catholique du soupçon vis-à-vis de la chair" est une locution qui ne veut rien dire, entièrement dépourvue de sens historique. Sans doute le journaliste fait-il la confusion avec la distinction opérée entre le corps et l'âme par certains clercs catholiques ; mais cette distinction n'a rien de théologique, ni rien de catholique - elle n'est qu'un écho de la philosophie de Platon.

    "Jean-Paul II professe une réconciliation historique de l'Eglise avec la sexualité." Y.S.

    Le propos est doublement grotesque ; d'abord parce que la spiritualité chrétienne exclut d'envisager la prédation sexuelle comme un mouvement spirituel, ensuite parce que, sur le plan social ou mondain étranger au christianisme, la sexualité dépend des conditions économiques, et non de la volonté de tel ou tel. La doctrine sociale de l'Eglise, c'est-à-dire la trahison du clergé, a donc évolué au cours des siècles depuis le moyen-âge au gré de l'évolution du capitalisme occidental. Le culte de la personnalité des papes, lui-même est typique de l'époque, et non du christianisme.

    A ce compte-là, le protestantisme peut-être présenté comme une théologie, plus moderne, du divorce chrétien, c'est-à-dire uniquement sous l'angle de sa vocation sociale, alors même que le principal intérêt de la théologie de Luther est de dénoncer le mensonge de la vocation sociale du christianisme.

    L'article du "Figaro" ne le mentionne pas, mais Jean-Paul II en osant la comparaison du mariage civil, d'essence païenne, et du mariage du Christ et de l'Eglise, a accompli un véritable attentat contre la parole divine, dont l'apôtre Paul dit qu'elle recèle ici un grand mystère apocalyptique.

  • Apostasie de Jean-Paul II

    Les évangiles excluent tout calcul social. La doctrine de Jean-Paul II est essentiellement sociale.

    En même temps les évangiles ne contraignent personne à faire le choix d'une existence antisociale tournée vers dieu. Au stade ultime, la doctrine catholique romaine de Jean-Paul II, la plus compatible avec les valeurs bourgeoises capitalistes, s'avère une contrainte exercée afin de mener une vie sociale et trouver à cette vie un sens - par conséquent comme une négation du message évangélique. On ne peut donc manquer de juger cette tournure étrange. 

    D'une manière générale, le XXe siècle coïncide avec la substitution de l'anthropologie à la théologie, célébrée d'une part par la philosophie laïque athée comme le triomphe de la raison humaine, et d'autre part vantée par la propagande catholique romaine comme une sociologie chrétienne des plus raffinées. Les évangiles nous parlent de liberté, de vérité, d'amour, c'est-à-dire de dieu ; la doctrine catholique nous parle de l'homme et de l'institution catholique.

    La procédure de canonisation des papes, plus encore qu'une autre puisque l'évêque de Rome est la clef de voûte de l'institution romaine, trahit le caractère de culte providentiel du catholicisme romain, c'est-à-dire une conception de l'au-delà caractéristique du culte païen, imité par la République française lorsqu'elle procède au transfert des cendres de tel ou tel héros national au Panthéon, contredisant ainsi les slogans démocratiques.

  • Vie de merde

    Bien sûr il y a d'épisodiques moments de joie (et mon point de vue est celui d'un homme dans la force de l'âge), mais le vrai visage de la vie est celui d'un bourreau ; on peut donc dire que toutes ces personnes efféminées qui célèbrent la vie, à travers une poésie plus ou moins sentimentale, souffrent du syndrome de Stockholm.

    Je veux dire par là que, selon le tempérament paradoxal de l'homme, sa volonté commune de mourir idiot, de confondre par exemple la culture de vie satanique avec la spiritualité chrétienne, la vie est souvent célébrée par des victimes ou des personnes malheureuses, et non seulement par quelques sadiques.

    Je lisais cette semaine la nécrologie, rédigée par un journaliste, d'un de ses amis décédé prématurément d'un cancer ; en dépit des convictions athées exprimées par ce journaliste, la nécro se terminait par un : "Vive la vie... quand même.". Quel débordement de foi inutile !

     

  • Surnaturel et science

    Certains lecteurs parviennent sur ce blog en interrogeant Google ainsi : - y a-t-il une opposition entre le surnaturel et la science ?

    La réponse est non, l'humanité ne connaît pas cette distinction avant le XVIIe siècle ; c'est donc le propre de la science bourgeoise dite "moderne" de postuler cette différence. Le but de la manoeuvre n'est pas difficile à comprendre : il s'agit de justifier la technique et les mathématiques (mécanique) comme des sciences à part entière. Dans ce cadre technocratique, l'artifice (la science-fiction débile du voyage dans le temps, par exemple) prend la place du "surnaturel" et du mythe.

    C'est dans la "science sans conscience" volontaire que réside l'extraordinaire criminalité de la bourgeoisie occidentale moderne, dont Shakespeare prédit qu'elle engloutira l'Occident tête (Angleterre) la première.

  • Anthropologie catholique

    "ON IRA TOUS AU PARADIS !"

    Ce cantique athée résume bien l'esprit de la doctrine catholique, qui revêt avec la canonisation en série des papes une dimension ubuesque. De fait, ici, ce que la propagande cherche à compenser en encourageant le culte de l'institution à travers ses représentants, c'est la ruine juridique de l'Eglise romaine. Le culte de la personnalité est le propre des institutions fragiles, encore neuves ou déliquescentes.

    Un Occidental qui n'a pas conscience du rôle matriciel étrange joué par l'Eglise romaine, de source illégitime de la norme, n'est qu'un aveugle.

    D'une part le culte insane de la personnalité et d'une biographie truquée de Jean-Paul II, dont pratiquement aucun "fan" ne saurait dire ce qu'il a apporté au message évangélique - d'autre part quelques railleurs, inconscients que les cérémonies de translation des cendres de tel ou tel poète républicain au Panthéon sont le strict décalque de la doctrine anthropologique catholique.

     

  • Machiavel

    Le machiavélisme du régime démocratique consiste à faire croire qu'il n'est pas machiavélique.

    Derrière chaque démocrate-chrétien, il n'y a pas beaucoup à creuser pour découvrir un culte rendu au Prince de ce monde ; il n'y a pas à creuser beaucoup plus loin que pour déceler la même détermination dans le "Grand Siècle", et c'est d'ailleurs pourquoi Molière n'a pas pris une ride.

    Molière partage avec Shakespeare cette particularité chrétienne : on ne peut ni les prendre pour des auteurs conservateurs, ni pour des auteurs "progressistes" ; cette particularité fait qu'ils échappent au "cahier des charges" de l'art. Ils ne sont pas des artistes selon les seules définitions, anthropologiques, qui existent de l'art.

    La difficulté que rencontre la scolastique moderne avec Shakespeare tient largement à ce qu'elle est incapable de le situer dans une époque ou dans un mouvement - moi-même je ne qualifie Shakespeare de "renaissant" que pour souligner que l'étiquette "baroque" ou "pré-romantique" est celle qui lui va le moins. L'artifice moderne est baroque. La modernité n'est qu'un stuc, et Shakespeare est un entrepreneur de démolition. Ce sont les mêmes universitaires qui qualifient Shakespeare de "baroque" qui disent la plupart de ses pièces "énigmatiques", sans doute pour signifier que l'étiquette baroque s'accorde avec l'indéfinissable. Si vous lisez Shakespeare correctement, et non avec une oreille de musicien, vous comprendrez que l'accusation lancée par Shakespeare à l'université et aux universitaires de l'Occident d'être les instruments afin d'étouffer l'Esprit, cette accusation-là appelait une vengeance de la part des clercs, que l'on pourrait dire "vengeance de Polonius".

    Certains ont pu dire Shakespeare dans la ligne de Machiavel. Bien que Francis Bacon a sans doute lu Machiavel, il est plus juste de dire qu'il en tire parti, car l'on voit bien que le cadet des soucis de Shakespeare est d'aider les princes chrétiens à se maintenir en selle. Shakespeare montre bien plutôt les princes chrétiens victimes d'une culture médiévale truquée, un peu comme des joueurs d'échecs qui n'auraient pas conscience de la signification satanique du jeu d'échecs. Le machiavélisme démocratique consiste d'ailleurs à jouer avec les pions et sacrifier ceux-ci pour protéger les pièces majeures. Que Shakespeare soit anticlérical, à l'instar de Machiavel, ne signifie pas qu'il soit athée. Elle signifie que Shakespeare a conscience de la coïncidence du cléricalisme et du pharisaïsme.

    Le propos de Machiavel, lui, est comme une "patate chaude" dans la culture occidentale, ainsi que la doctrine de Nitche ultérieurement. Machiavel et Nitche ont le don de dévoiler au nom de la raison et pour le compte des élites dirigeantes, démocratiques ou chrétiennes, afin de soigner leur folie, ce que celles-ci doivent garder secret, à savoir que la politique ne sera jamais un jeu de dames, où toutes les pièces ont la même force, mais qu'elle restera toujours un jeu d'échecs, où la transparence n'est pas de mise et les pièces sont inégales. Ce jeu, Shakespeare souligne qu'il n'est qu'un jeu de dupes et l'Occident une tournure catastrophique, non de l'histoire mais de la partie d'échecs. Plus vous prendrez au sérieux la règle du jeu, plus vous serez dupe dit Shakespeare.

     

     

  • Benoît XVI antéchrist

    C'est l'affirmation réitérée du caractère "anthropologique" du message évangélique par l'ex-évêque de Rome qui permet d'affirmer que sa doctrine est antichrétienne.

    Comme l'anthropologie est un terme assez vague, baignant dans le flou scientifique moderne et ses divisions grotesques en sciences molles et dures, disons plus simplement qu'il est impossible de déduire des évangiles des solutions éthiques ou politiques afin d'améliorer la condition humaine, irrémédiablement marquée par le péché.

    La thèse de ce pontife romain (qui n'est pas la sienne propre, mais celle d'une institution chrétienne reposant sur une rhétorique anthropologique), s'oppose à la défense faite par le Messie à ses fidèles apôtres de fonder le royaume de Dieu dans ce monde.

    Autrement dit quand la loi de Moïse s'adressait encore à un peuple, l'arrachant au principe identitaire, juridique ou racial qui est la détermination commune des peuples, le message évangélique s'adresse, lui, à l'individu seul. "Bienheureux ceux qui ont faim et soif de la justice, car ils seront rassasiés.", disent les Evangiles ; or ceux qui ont faim et soif de la justice sociale ne sont pas bienheureux, ils sont imbéciles, induits en erreur par un discours destinés à plonger les peuples dans un état de léthargie spirituelle.

    L'idée de justice sociale a la couleur et l'odeur du christianisme, mais elle en réalité non seulement étrangère à l'esprit et la lettre des Evangiles, mais en outre l'instrument principal de sa subversion. Il n'y a pas de remède social à un mal dont l'origine est sociale, et les évangiles n'en proposent pas.

    La rhétorique anthropologique de Benoît XVI et des élites occidentales démocrates-chrétiennes s'accompagne d'un négationnisme de l'histoire. Plusieurs faits historiques sont occultés. D'abord le fait que l'athéisme moderne s'inscrit dans le prolongement du discours anthropologique chrétien. Derrière le masque laïc porté par les autorités culturelles et morales, on distingue assez nettement la convergence d'intérêts ; Benoît XVI a reçu naguère le quitus d'intellectuels laïcs athées en raison de la conformité de son propos, non pas au message évangélique, mais bien à la rhétorique anthropologique qui forme le cadre général de l'éthique occidentale moderne. On constate que les élites politiques font preuve du plus grand opportunisme, s'agissant de reconnaître à l'Eglise romaine son primat idéologique, ou au contraire de le nier.

    L'athée moderne n'est pas l'héritier de la foi chrétienne, puisque celle-ci est intransmissible par la voie anthropologique, mais l'athée moderne hérite bel et bien de la rhétorique anthropologique chrétienne et de la thèse liturgique du saint sacrifice de la messe (eucharistie), autour de laquelle l'anthropologie chrétienne s'articule depuis le moyen-âge. L'athée moderne est l'héritier de ce que les évangiles prohibent, à savoir l'énoncé d'une doctrine sociale chrétienne, et que l'anthropologie chrétienne permet.

     

    L'individualisme chrétien affranchit l'homme de la tutelle de dieu, comme une mère lâche son enfant pour lui permettre d'apprendre à marcher seul. Un tel individualisme est conforme à l'esprit évangélique. Mais le discours anthropologique élitiste, en introduisant une perspective sociale irrationnelle, ramène cet individualisme à un relativisme athée inconséquent, et qui s'avère un instrument d'aliénation extraordinaire des peuples à la volonté et aux désirs plus fermes des élites.

    Car l'autre fait historique nié par la doctrine de Benoît XVI, parfaitement soluble dans les "temps modernes", c'est le caractère totalitaire du discours anthropologique chrétien. Il est sous-jacent dans toutes les doctrines modernes catastrophiques, non seulement libérales, mais aussi communistes ou nazie. Ce qui est présenté comme un progrès social humaniste, s'avère en réalité une convulsion de l'humanité.

    La prochaine canonisation du pape Jean-Paul II, nouveau scandale de la propagande catholique romaine, sera l'occasion de confronter de nouveau le discours anthropologique chrétien à la vraie foi, car cette canonisation "pour le besoin de la cause", trahit largement ce que le discours anthropologique cherche à dissimuler, à savoir la substitution d'un culte providentiel au message évangélique. Le procédé de la canonisation des papes présente une analogie avec le sacre du moderne suppôt de Satan Napoléon par lui-même, et elle est de surcroît aussi absurde que le culte de la personnalité pour un tenants de valeurs démocratiques. Cette propagande inconsidérée trahit que la démocratie-chrétienne a plus à voir avec un culte oedipien qu'avec des évangiles dont l'apôtre Paul affirme avec force dans l'épître aux Galates qu'ils fondent une spiritualité anti-oedipienne, c'est-à-dire antisociale.

  • Théorie du complot

    "L'homme est un animal qui complote" (d'après Aristote)

  • Critique littéraire

    Le critique littéraire qui refuse ou s'abstient d'entrer dans le domaine de la science méconnaît la littérature. Il n'est pas un littérateur digne de ce nom ou digne d'intérêt qui fera volontairement de la littérature de genre, s'adressant plutôt aux enfants qu'aux adultes, aux hommes qu'aux femmes, aux esprits qui ont le goût de la science plutôt qu'à ceux qui préfèrent demeurer bêtes, etc.

    La critique littéraire de Sainte-Beuve fait à cet égard effectuer à la critique un net recul. Sainte-Beuve, même s'il ne l'est pas encore assez du point de vue crétin de Proust, mérite le qualificatif de moderne. La psychanalyse accompagne ce recul, en se focalisant sur le style de l'auteur. La tentative d'étude psychanalytique de l'oeuvre de Shakespeare illustre la légèreté de ce type d'étude. Si l'étude psychanalytique permet à Freud de soupçonner que Francis Bacon se cache derrière Shakespeare, en revanche elle ne permet pas d'avancer d'un iota dans la compréhension de l'oeuvre de Shakespeare.

    Ce qui fait la force de l'oeuvre de Shakespeare, c'est qu'on ne trouve pas ou presque la trace de Shakespeare dans l'oeuvre de Shakespeare, conformément à ce que l'on peut attendre d'un artiste chrétien. Sainte-Beuve ou Freud ne peut donc rien nous dire de valable sur Shakespeare. La culture bourgeoise romantique et moderne, comme l'indique déjà effectivement K. Marx, exclut la tragédie (mais nullement l'art dionysiaque, ainsi que le prétend Nitche), c'est-à-dire un art dont Marx indique utilement qu'il est conçu pour lutter contre la bêtise humaine.

    D'une certaine manière, Shakespeare a anticipé Freud ou la psychanalyse comme une composante du totalitarisme. Un lecteur intelligent comprendra que Hamlet n'est pas fou, mais qu'il se fait passer pour tel aux yeux du monde. C'est Ophélie qui est véritablement aliénée. Or le point de vue médico-social freudien, lui, se rétracte devant une lecture intelligente pour diagnostiquer la folie de Hamlet ; la culture néo-nazie, elle, organise le procès de Hamlet.

  • Satan et la Musique

    Satan et la musique, ce n'est pas moi qui le dis, ce sont les grands maîtres de musique ou les grands chanteurs populistes, le symbolisme systématique des clips de variété.

    La musique dit le pacte inconscient de l'humanité avec Satan. Il y a des degrés, des grades, bien sûr, comme dans toutes les armées. Les musiciens de rockn'roll ne sont pas forcément les mieux informés - un peu trop francs du collier, avec leurs signes religieux distinctifs - des grognards de l'Empire. Le must de la musique satanique, c'est la musique chrétienne. La musique chrétienne, c'est la culture sous sa forme la plus subversive. Des drogues douces on se soigne parfois plus difficilement que des fièvres de cheval.

  • Foi et doute

    L'hurluberlu qui pose le principe du doute à côté de la foi trahit qu'il n'a jamais cru en une seule chose - lui-même. Ce type d'hurluberlu a généralement foi aussi dans le génie humain, et ne discerne pas le sphinx tapi dans la pénombre derrière lui.

    Le culte de l'argent se rapporte à soi, et le culte de soi se rapporte à l'argent : c'est pourquoi on peut exiger d'être payé afin de soigner un complexe d'Oedipe.

    Le seul hurluberlu dans ce genre, que j'observe témoignant d'une pure foi et d'une flamme bien droite, ne vacillant pas au gré du doute, c'est Bernard-Henry Lévy ; mais je le soupçonne de se droguer.

  • Imitation de Jésus-Christ

    Je supporte mieux la fréquentation des personnes sataniques que celle des démocrates-chrétiens.

    Par "sataniques", j'entends les personnes qui ont vécu, qui ont l'expérience de quelque-chose, et dont l'existence n'est pas purement rhétorique. Ces personnes croient généralement au diable, au destin, elles sont mal à l'aise sur les plateaux de télévision.

    Au départ, je suis mû par le même mouvement que Nitche, à cette différence qu'il a littéralement failli mourir sous le poids de la culture protestante (en son temps il y avait encore une petite différence entre le catholicisme et le protestantisme qui s'est abolie depuis), tandis que j'ai seulement cru mourir d'ennui. On peut croire Nitche véritablement habité par Satan, comme le sont souvent les hommes qui osent violer les lois et devant lesquels les femmes se pâment, ou bien qu'elles fuient en poussant des cris, car la psychologie des femmes n'est pas très éloignée de celle des foules.

  • Vaseline moderne

    La modernité est la vaseline pour mieux faire passer dans le public les moeurs bourgeoises, et je dirais le cinéma, puisque celui-ci résume à lui seul l'esprit de la bourgeoisie.

    Le goût du régime nazi pour le cinéma et son usage prouve que ce régime est un régime bourgeois, et non "néo-classique" comme il s'est parfois donné l'apparence. De même le cinéma est un critère qui permet de discerner que la critique par les philosophes des Lumières de l'ancien régime a été dépourvue d'effets sur le plan politique et moral. Science-fiction, divertissement, propagande, pornographie, sont autant de vices dénoncés par les philosophes des Lumières, et que le cinéma répand dans les couches populaires, au point qu'on ne peut sérieusement dénoncer le populisme, tout en évitant d'y inclure la critique du cinéma. Ceux qui, comme Malraux, ont tenté d'ériger en art le cinéma, difficulté exactement aussi difficile que d'ériger les mathématiques modernes en science, doivent être regardés du point de vue critique humaniste comme des artisans du totalitarisme bourgeois.  

    C'est un abus de langage de parler "d'art moderne" pour désigner autre chose que les ouvrages de style, le mobilier au sens où les jurisconsultes parlent de "biens mobiliers", ou bien d'une production artistique destinée à faire la démonstration que la bourgeoisie a fait accomplir à l'art un progrès. L'aspect patrimonial est essentiel dans la notion d'art moderne. Une telle adhésion de la part des artistes à la démonstration du progrès moderne est en réalité assez rare. Cette démonstration est largement scolastique et universitaire, et la méfiance est répandue parmi les artistes des professeurs et de l'université, qui de tous temps ont été à la botte et à la merci du pouvoir.

    On voit d'ailleurs que plus l'art d'une nation est faible - les Etats-Unis, par exemple -, plus le respect de la scolastique y est important, ce qu'un Français traduira facilement par : le cléricalisme.

    La France, a-t-on coutume de dire, est "réactionnaire". Ce tempérament lui vient principalement de l'hostilité de ses artistes à la bourgeoisie, et donc à la modernité. Je dirais : qui ne sent l'odeur de mort dans la modernité n'est pas artiste ou n'est pas Français.

    La seconde moitié du XXe siècle marque un tournant dans la tentative d'imposer la démonstration moderne, que l'on peut traduire par une germanisation des esprits. La plupart des grands penseurs du XIXe siècle sont très critiques à l'égard de la bourgeoisie, et donc de la modernité. A quelques exceptions près, et d'une faible portée, la littérature et la pensée du XXe siècle accompagnent le mouvement moderne. Ce revirement en dit long sur la qualité de l'enseignement scolaire et universitaire, puisque c'est une action de censure religieuse positive qui consiste à faire passer pour moderne ce qui ne l'est pas. Prenons les cas de Nietzsche, Marx et Balzac (à qui Marx accorde le mérite d'une description critique de la société bourgeoise, c'est-à-dire le statut d'historien véritable) : aucune de ces doctrines ou de ces critiques ne permet de fonder la démonstration moderne. Ni bien sûr le théoricien réactionnaire du retour à l'ordre antique, ni la tête pensante du communisme, ni l'historien chrétien, révélateur de la véritable nature de la bourgeoisie française. Quant à la psychanalyse, il n'est même pas certain que l'on puisse qualifier ses pères de "modernes", en raison de leur référence au mythe, alors même que, de façon significative, la culture bourgeoise moderne en est exempte. 

     

  • L'imposture laïque

    J'entends un laïc athée se plaindre que les religions, musulmane, chrétienne, juive, etc. le dérangent parce qu'elles sont une insulte à la raison.

    D'une certaine manière c'est une bonne chose dans ces temps de spéculation intensive, de politiques hasardeuses et de nombres irrationnels, que cette défense typiquement française de la raison. Bon, le type ne dit pas si sa raison est celle du plus fort, la raison d'Etat, ou bien encore une autre ? Personnellement je préfère le terme de bon sens à celui de raison ; le bon sens qui permet aux Français de se méfier unanimement de leurs hommes et de leurs femmes politiques, pas franchement des exemples d'athéisme puisqu'ils se disent tous de bonne foi.

    Et ne parlons pas de R. Descartes, père fondateur allemand de la raison raisonnante française, qui a largement ouvert la porte à l'hypothèse scientifique, au lieu de la certitude expérimentale, et qui était persuadé que l'âme est une glande cervicale. D'ailleurs Descartes n'a pas voulu exclure la religion, mais seulement que les questions de science et les questions de religion soient traitées séparément, tout en sachant qu'elles peuvent difficilement l'être (tout ça est un peu confus, mais je rappelle que Descartes n'était pas français).

    Mais surtout mon plaignant, pour qui la religion insulte la raison, affirme tout haut ce que les tenants de la laïcité dissimulent habituellement, à savoir qu'elle n'est pas un principe de neutralité. On peut blasphémer contre la raison, et donc contre la laïcité. La laïcité situe la raison au-dessus de la religion. La raison vise à réduire la superstition, à moins qu'on ne veuille garder sa raison pour soi, et dans ce cas le principe de laïcité est parfaitement inutile ; pourquoi ne pas laisser plutôt cours à la libre-pensée ? D'ailleurs c'est bien mal connaître les doctrines athées les plus avancées que de croire qu'elles sont neutres et peuvent elles-mêmes se plier au principe de laïcité. La laïcité n'est donc pas un principe raisonnable, c'est un principe ubuesque, dépourvu de fondement juridique, scientifique ou religieux, qui débouche directement sur le principe totalitaire de la garantie des libertés publiques par l'Etat.

    La réalité du principe de laïcité, c'est que c'est un décret d'inviolabilité de la morale publique édictée par les élites françaises. La chasse aux sectes ? Elle n'empêche pas les jeunes Français de s'enrôler dans l'armée française, où sont appliquées des méthodes d'embrigadement typiquement sectaires. On ne peut pas accorder foi aux philosophes démocrates-chrétiens qui fournissent leur caution au principe de laïcité : pour un strapontin dans la République, un fauteuil à l'Académie, une chaire à la Sorbonne ou le commandement d'une place-forte militaire, ils seraient prêts à tous les parjures, même les plus astucieux. Ces démocrates-chrétiens font une concurrence déloyale à tout le monde - aux serviteurs de la raison d'Etat républicaine, en même temps qu'aux véritables chrétiens qui expriment la moins intime des convictions possibles qu'on ne peut servir deux maîtres à la fois.

    Avocats de la laïcité, soyez sérieux deux minutes. Le devoir religieux actuel n'est plus tant d'aller à la messe que de se rendre à la boulangerie acheter des oeufs de Pâques, ou d'être vêtu de façon sexy, c'est-à-dire de consommer ou d'être consommé (si vous êtes en bas de l'échelle). C'est à peine s'il reste assez de prêtres pour assurer la mission touristique de mise en valeur du patrimoine ! Les Français regardent la télé, ils vont au cinéma, ils sont largement affranchis des vieilles litanies et des vieux dogmes. A la limite, s'il n'y avait plus un seul chrétien, plus un seul musulman, plus un seul juif pour incarner la superstition, vous ne seriez plus aussi rassurés sur le fait que vous êtes dotés de la raison et des Lumières.

    Donc c'est faire bonne mesure de prévention contre la superstition en prohibant la publicité commerciale dans l'enceinte des écoles et des lieux publics. Cela indique que la raison se situe au-dessus de la superstition. Mais peu de religions s'opposent à une telle sobriété. Et puis cette précaution est aussitôt défaite par la presse, la télévision, qui n'hésitent pas à s'affirmer aussi laïques que l'institution scolaire.

    Enfin pour se placer du côté de la raison, c'est-à-dire plus ou moins de la science, même si le terme reste assez vague et semble parfois dangereusement recouper l'éthique, contre la religion, il faut avoir lu les textes saints de telle ou telle religion ; or beaucoup de tenants de la laïcité ne l'ont pas fait, ou bien s'en remettent à d'autres pour le faire, voire pensent que le christianisme a un quelconque rapport avec cet autre article de foi qu'est la démocratie, dont tout le monde parle, mais que personne n'a jamais vu.