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Lapinos - Page 35

  • Athéisme

    Comme dirait Baudelaire, le problème de la foi en dieu impose de démêler si le culte est rendu à Satan ou à Dieu, surtout si l'acte de foi émane d'une femme. En effet, c'est un représentant du sexe qui a témoigné pour la première fois de sa confiance dans le Malin.

    Afin de ne pas paraître sexiste, comme l'est nécessairement le point de vue social, parlons plutôt des "gens de robe" en général, c'est-à-dire des gens de justice. Satan seul délègue sa justice, dont la représentation est dans la mythologie chrétienne celle d'un cheval noir.

    Le problème de l'athéisme moderne est par conséquent de savoir contre qui l'athée se bat, Dieu ou Satan ?

    Le plus grand mouvement moderne antichrétien est le mouvement de passivité.

     

  • Complotisme chrétien

    Si le complotisme est un phénomène chrétien au sens large, cela s'explique parce que la vision chrétienne du monde n'est pas une vision morale, mais une vision historique. L'Antéchrist est ce complot dans le vocabulaire des apôtres. Paul de Tarse en fait dans ses épîtres un élément historique essentiel. Derrière la littérature complotiste de grande qualité ("Hamlet", de Shakespeare), comme derrière des oeuvres superficielles ("Matrix", des frères Wachowski), on retrouvera les éléments de la cosmologie chrétienne et/ou juive, opposée à la cosmologie satanique ou prométhéenne (résumée par le nombre d'homme 666).

    A la vision complotiste ou historique, s'oppose la conception éthique païenne ou néo-païenne de la "banalité du mal", b.a.-ba du négationnisme historique. Il n'y a rien d'étonnant à ce que cet argument fasse partie de la rhétorique nationale-socialiste d'Hannah Arendt, (qui cherche sans doute ici des circonstances atténuantes à son amant le professeur Heidegger, ancien membre du NSDAP) : en effet le millénarisme nazi, comme le millénarisme soviétique ou démocratique, sont typiques du néo-paganisme qui consiste à blanchir les élites politiques et religieuses à l'aide de la notion de "progrès social". Comprenez : le permis de tuer des élites "au nom de dieu" n'est plus valide - l'argument du "progrès social" remplace donc dieu. La notion religieuse de "progrès social" légitime donc les crimes des élites, bien que cette notion soit scientifiquement improbable, donc débile.

    Ici la fausse science évolutionniste s'avère indispensable en tant que substitut de "philosophie naturelle" pour soutenir l'éthique totalitaire abstraite. Ce clergé bascule dans le délire religieux quand il s'agit d'expliquer comment la bestialité, facteur d'évolution, peut engendrer un progrès éthique, et quelle sorte de progrès la compétition entre les hommes a jusqu'ici engendré ?

    Le fait marquant de cette éthique technocratique moderne "à géométrie variable", qui sert d'instrument de domination au service des élites occidentales, c'est qu'elle est "judéo-chrétienne". La rhétorique du progrès social est essentiellement l'oeuvre subversive du clergé chrétien ; le nazisme serait une simple doctrine réactionnaire nitchéenne, non pas totalitaire, sans cet argument darwinien du "progrès de la race" ou prolétarien du "progrès social", qui donne la dimension totalitaire à la propagande nazie, et non seulement nitchéenne ou artistique ; quant au régime soviétique, Lénine indique lui-même l'analogie de ce régime avec l'ancien régime français théocratique de Louis XIV, préambule à l'avènement du pouvoir de la bourgeoisie industrielle. Le régime totalitaire le plus puissant, dont la dénomination de "Pacte atlantique" résume bien le mobile prométhéen véritable, quant à lui n'hésite pas à s'avancer derrière le drapeau de "l'humanisme judéo-chrétien", aussi grossière soit la manoeuvre.

    Ce qui le contraint à un tel faux-semblant, c'est largement le fait que l'éthique subversive judéo-chrétienne est le moyen le plus efficace du négationnisme historique. A tel point qu'on peut enseigner l'histoire aujourd'hui, à partir du mensonge démocrate-chrétien, en montrant comme ce dernier a pour but de faire obstacle à la conscience chrétienne de l'histoire. L'esprit de Shakespeare est aux antipodes de l'éthique démocrate-chrétienne, au service de l'iniquité la plus grande.

    Le combat de Shakespeare au service de la vérité chrétienne, dirigé contre l'office de mort de l'élitisme chrétien, a bien le caractère d'ultime combat, perdu d'avance apparemment comme celui de David contre Goliath, mais que le fils de l'homme remportera contre la Bête de la terre et ses suppôts déguisés en soldats et militants chrétiens.

     

     

  • Boycott des JO

    Une fois n'est pas coutume, j'approuve Bernard-Henry Lévy de réclamer le boycott des JO. Comment peut-on prétendre à l'organisation de nations unies, tandis que de telles grand-messes sportives néo-nazies continuent d'être organisées, démenti le plus criant au prétexte humaniste de certaines de ces nations ?

    - On découvre à cette occasion, en particulier quand ils se tiennent en hiver, que l'écologie est un des discours les plus hypocrites, puisque l'on n'hésite pas à défigurer la montagne pour le spectacle et le profit ; mais surtout, ce sont les mêmes médias qui prêchent l'écologie à la mode et incitent le public à regarder les JO ou à se rendre en masse aux urnes (le décorum patriotique de ces deux manifestations d'un minimum de conscience n'aura échappé à personne).

    - Bien sûr il ne s'agit nullement à l'occasion des JO de faire l'éloge du sport et de la vie saine, comme dans les gymnases de l'antiquité, mais bien d'une culture totalitaire exemplaire, ajoutant à l'hitlérisme ou au stalinisme le culte de l'argent et une cause d'aliénation supplémentaire : la technique, l'efficacité et l'esprit de compétition sont bien les termes qui reviennent le plus souvent pour faire l'éloge de ces jeux olympiques, d'ailleurs aussi "jouissifs" que la spéculation boursière ou le casino. Une petite minorité de ces sous-hommes travestis en athlètes, manifestement dépourvus de volonté propre, à l'instar des jeunes guerriers ou des robots qui défendent les grandes démocraties bancaires, se réjouit d'être récompensée d'avoir triomphé d'une multitude d'adversaires.

    - Moins encore que des prostituées, les jeunes sportifs entraînés à la compétition disposent de leur corps, puisqu'il est de notoriété publique que leurs parents ou leurs entraîneurs leur ôtent leur libre-arbitre dès le plus jeune âge afin d'en faire des fonctionnaires sans leur agrément (au sens où le sportif moderne, contrairement au gymnaste antique, est incité à s'accomplir dans une fonction ou une spécialité circonscrite).

    - Quel meilleur moyen, en outre, de dissuader le plus largement d'une pratique classique vertueuse du sport, que d'en faire assurer la promotion par des sportifs dont l'imbécillité sera flagrante aux yeux de personnes moins conditionnées physiquement ? Cette dissociation de l'intellect et du corps, typique de la mentalité totalitaire, permet d'élargir la critique à une dimension que George Orwell, critique du totalitarisme avant BHL a mieux perçue que ce dernier - à savoir la contribution de l'intellectualisme au totalitarisme.

    Il faut des soldats et des types compétitifs pour accomplir physiquement les génocides, mais ce sont toujours des intellectuels qui en sont les commanditaires ou les ordinateurs, qui "appuient" sur le bouton, comme on dit. Einstein, par exemple, qui a accompli un effort de justification du développement de la technique atomique, passe pour un intellectuel de génie, plutôt que pour un grand sportif. On se souvient que l'Ukraine a aussi souffert de l'argument du progrès atomique. Là où les intellectuels se trahissent, et font preuve de sentiments puérils très semblables à ceux de leurs "petites mains", c'est lorsqu'ils se décernent des titres ronflants et se distribuent des médailles entre eux. Les prix Nobel traduisent une inconscience de la part des intellectuels, comparable à celle des irresponsables qu'ils manipulent.

    En comparaison des JO de Munich, organisés en 1936 par Adolf Hitler, on observe d'ailleurs une régression : les noirs n'étaient pas les bienvenus dans ces jeux occidentaux modernes, tandis qu'ils peuvent désormais plus largement se soumettre à cette forme d'esclavage alternative, destinée à blanchir tel ou tel régime militaire ou ploutocratique.

    On comprend pourquoi le discours réactionnaire de Nitche ("C'était mieux avant !") revient en force aujourd'hui sous diverses formes : c'est presque un mécanisme culturel automatique - parce que le "désir d'avenir", slogan moderne ou totalitaire, qui flotte au-dessus de tous les régimes de cette sorte, afin pour les élites de sidérer les masses, le "désir d'avenir" a du plomb dans l'aile.

    Un chrétien doit comprendre que l'anthropologie est une ruse de Satan (l'anthropologie se présente le plus souvent sous la forme de l'éthique judéo-chrétienne), afin d'inciter l'homme à chercher la liberté là où elle n'est pas, dans l'accomplissement de devoirs ou de performances sociales, dont l'effet libérateur est identique à celui du rêve ou de la drogue, de la gloire sportive, etc. Conduit dans l'impasse de l'avenir par des clercs judéo-chrétiens, le plus grand nombre des hommes, broyés par les roues de ce char, adopte une position rétrograde antichrétienne.

    - A l'intérieur de la culture moderne occidentale, deux tendances se font la guerre, en même temps qu'elles se fécondent mutuellement et se complètent pour faire obstacle à la liberté. C'est pourquoi il n'y a pas de culture, ni d'art chrétiens : parce que, d'une manière ou d'une autre, que cet érotisme corresponde à celui, plus passif, de la femme, ou celui plus actif de l'homme, l'art est érotique tandis que du point de vue chrétien, élucidant l'interdit juif de l'art, la détermination érotique est une faiblesse.

    - On observe que la subversion catholique romaine du christianisme, qui consiste à transgresser l'interdit de l'art est fondatrice de l'art moderne - et non pas comme le dit Nitche : l'art moderne décadent et masochiste est chrétien. Cet art moderne abstrait est mû par une détermination érotique féminine, c'est-à-dire nettement plus macabre que l'art païen antique.

    - La rhétorique artistique moderne est mensongère (G.W.F. Hegel) : elle s'efforce de faire passer pour le sens de l'histoire, ce qui n'est en réalité que le vieillissement et la sclérose de l'art, manifestée dans l'expansion de la musique, art totalitaire par excellence, car le moins universel, en même temps qu'il est le plus susceptible de passer pour tel.

     

     

  • Liberté politique

    L'espoir de libération politique est une illusion, nous disent le Messie, ses apôtres et Shakespeare.

    La démocratie-chrétienne est le fer de lance de l'antichristianisme, et il nous faut combattre ses actionnaires chrétiens à l'aide du glaive de la parole de dieu, confronter cette immonde parodie du salut chrétien au message évangélique. Dieu ne viendra pas en aide à des hommes qui ont traîné sa parole dans des lieux de corruption, et s'en sont servi pour berner les peuples.

    Le refus du Messie de cautionner la moindre action politique, ou la moindre action de rébellion afin d'instaurer un nouvel ordre, est doublement contredit par la démocratie (la démocratie, dans les temps modernes, s'appuie nécessairement sur une rhétorique pseudo-chrétienne) : en effet, l'argument démocratique sert de caution à des gouvernements oligarchiques ploutocratiques, en même temps qu'il permet de justifier, à l'aide de la rhétorique la plus spéculative, des mouvements de libération.

    S'il y a bien un type d'homme chez qui le péché n'est pas aboli, c'est bien le politicien, qui doit nécessairement en passer par la trahison et se comporter en bête pour parvenir à ses fins. Si, de surcroît, ce politicien ose se dire chrétien, présenter son pacte avec la fortune et avec Satan comme un pacte avec Dieu, alors il accomplit la part la plus obscure du plan de satan, et son châtiment en portera la marque.

    Shakespeare montre à ses lecteurs et auditeurs chrétiens dans "Jules César" qu'il était encore permis aux antiques romains de se laisser bercer par l'espoir de justice politique, porté par l'honnête Brutus, mais que les chrétiens, eux, grâce au Messie, savent qu'il est vain d'attendre ici-bas autre chose en politique que l'accomplissement des lois naturelles cruelles à travers les institutions.

    (Billet dédié spécialement à Fodio, exilé en Ukraine)

  • Le prophète Shakespeare

    Je suis issu d'un milieu catholique romain complètement sclérosé spirituellement, et Shakespeare avec sa belle logique chrétienne m'a aidé à m'échapper de cette prison.

    Ce milieu catholique romain est comparable au milieu juif, partagé entre la fidélité à une religion juive archaïque, et l'adaptation au monde moderne, dont la direction est assez floue pour que le moindre scepticisme incite à soupçonner derrière l'étiquette "moderne" un fanatisme religieux débordant, dont témoigne aussi le masochisme du consommateur capitaliste, sous-homme disposé à sacrifier sa vie pour les derniers gadgets "high-tech".

    Il faut envisager les génocides modernes comme des dommages collatéraux de la modernité, dans la mesure où les tenants du futurisme sont des propagandistes et des censeurs, oeuvrant activement pour dissimuler cet aspect. Depuis la Libération, l'intelligentsia française est presque parvenue à faire passer la scolastique allemande pour une forme de pensée supérieure, et les jongleries d'Einstein pour l'effet du génie scientifique.

    Le plus mondain, le culte moderne l'emporte chez les ambitieux, et les foules soumises à ces ambitieux. Dans les milieux catholiques romains, la tendance moderne résulte d'un emprunt, non pas directement au luthéranisme, mais aux doctrines protestantes mieux adaptées au principe laïc et à l'extinction du monde paysan. Marx a raison de dire que ce n'est pas le protestantisme qui est la cause du capitalisme, mais le capitalisme qui est la cause du protestantisme ou de la "laïcité". Autrement dit c'est la formule institutionnelle protestante que le haut clergé catholique romain a adoptée, non l'esprit de la réforme de Luther, peu compatible avec les visées mondaines de la démocratie-chrétienne.

    Ce que les milieux catholiques romains nostalgiques ou "nitchéens", plus attachés à des valeurs paysannes qu'à la vérité chrétienne ne comprennent pas, c'est que l'Eglise romaine dont ils se réclament est, ainsi que l'histoire le montre, l'institution moderne par excellence. Sa nature "d'institution chrétienne", qui la contraint à trahir doublement les principes institutionnels et la vérité chrétienne qui proscrit le jugement de l'homme par l'homme, exige en effet d'elle une métamorphose permanente, et de faire passer cette métamorphose pour un progrès. On voit bien que l'Eglise catholique romaine a une détermination absurde du point de vue institutionnel, puisqu'elle procède du rejet des formes institutionnelles qu'elle a revêtues dans le passé, comme si le droit n'était pas un principe conservateur, le droit excluant l'histoire, et l'histoire excluant le droit.

    L'histoire de l'Eglise romaine est impossible, car cette institution est fondée sur la justification incessante d'une autorité morale institutionnelle qui ne peut se fonder sur le message évangélique, qui est, lui, historique, c'est-à-dire le plus dissuasif de la foi et de la raison institutionnelle, en particulier de la foi dans l'avenir.

    La consécration par le pape Jean-Paul II du temps comme un facteur de salut, est non seulement antichrétienne, mais elle trahit un plan institutionnel d'unité dans le temps.

    Shakespeare n'est pas moderne : la preuve en est que les personnages auxquels les modernes s'identifient, pêle-mêle Ophélie, Roméo et Juliette, Richard II, voire Claudius, sont tous marqués par Shakespeare du sceau de la folie ou de la mort. Si Shakespeare est aussi dissuasif du plan moderne, et annonciateur de la bestialité humaine moderne, c'est parce qu'il est pleinement conscient que le plan moderne se confond avec la religion chrétienne institutionnelle... jusqu'à la fin des temps.

    Shakespeare n'est pas païen ou athée, conservateur pour autant, comme l'a prétendu Nitche. La preuve c'est qu'il envisage la fin du monde, en lieu et place de la mort qui, comme le souligne Hamlet, est la perspective paradoxale du païen, ne fuyant la mort que pour finalement la rejoindre, et mener ainsi une existence moins rationnelle que celui qui prend la décision de mettre un terme à sa vie.

  • Chacun cherche son genre

    Rien d'étonnant à ce que les partisans de la théorie du genre ne parviennent pas à accorder leurs violons entre eux pour donner une définition de la théorie du genre. J'ai mentionné récemment les efforts dans ce sens du professeur de morale ubuesque Axel Kahn. Ici je pèse mes mots : les régimes totalitaires s'appuient sur une rhétorique scientifique qui n'a de scientifique que l'étiquette apposée dessus.

    Il faut viser précisément ce qu'il y a derrière la théorie du genre, à savoir l'anthropologie chrétienne, subversion majeure du message évangélique, puisqu'elle est dépeinte par les apôtres comme l'antéchrist.

    La détermination moderne est en effet indissociable du discours anthropologique chrétien. Le plus grave péché contre l'Esprit de Dieu et la parole divine est commis par le clergé chrétien lui-même. D'abord le clergé catholique romain, puis le clergé protestant dès lors que la réforme de Luther a pris un tour institutionnel et perdu son sens spirituel, ce qui fut très rapide.

    On peut caractériser l'anthropologue chrétien comme le père fondateur de l'athéisme moderne, qui résulte surtout d'une confiance débordante dans l'homme, inédite dans l'histoire de l'humanité, et que l'on retrouve aussi bien derrière la théorie du genre que derrière l'exhortation de Simone de Beauvoir à "devenir une femme".

    Le mécanisme du discours totalitaire clérical n'est que partiellement élucidé par la critique réactionnaire de Nitche : le discours totalitaire "emprunte" au message évangélique l'idée que l'homme a la faculté d'échapper au conditionnement naturel : le christianisme propose un universalisme anti-anthropologique et contre-nature, puisqu'il traduit la mort naturelle comme l'effet de la bêtise humaine.

    Une femme peut bien, selon le propos chrétien, échapper à son "destin de femme" : non seulement elle le peut, mais la vérité surnaturelle l'exige. Tout cela n'est du point de vue réactionnaire antichrétien de Nitche que fantasmagorie.

    Ce que Simone de Beauvoir ignore, dont il frappant d'observer qu'elle raisonne exactement comme une nonne catholique romaine, c'est en quoi consiste "échapper à son destin de femme", c'est-à-dire "devenir l'épouse du Christ", suivant la formule apocalyptique consacrée. Chez l'athée ou l'anthropologue, la vocation sociale vient se substituer à la vocation spirituelle.

    C'EST UNE TELLE PRESENTATION SOCIALE IDEALISTE DU MESSAGE EVANGELIQUE QUI FONDE LE DISCOURS TOTALITAIRE.

    Le marxisme fournit une illustration récente du processus totalitaire, qui sans l'intérêt que les élites occidentales judéo-chrétiennes trouvent dans ce moyen de diviser ne serait rien. La critique radicale du droit et de l'argent fait de Marx l'un des penseurs récents les moins éloignés de la logique chrétienne ou juive ; or Marx n'est pas moderne, c'est le marxisme-léninisme et le stalinisme qui le sont. Là encore, le totalitarisme (ainsi que Lénine l'a avoué, sachant l'absence de toute "transition socialiste" dans le marxisme), vient de l'assignation d'un but social au marxisme qui est, si ce n'est spirituel, du moins critique et scientifique, mais certainement pas social, Marx sachant parfaitement que le socialisme est la négation de la critique. L'art le plus social est en effet celui qui supporte le moins la critique.

    On peut dire de la théorie bestiale du genre qu'elle est une tentative de trouver une signification dans l'espèce humaine de l'évolutionnisme biologique, dont le bénéfice semble avoir été jusqu'ici parfaitement nul. C'est une caractéristique du discours totalitaire de ne jamais énoncer de philosophie naturelle cohérente, c'est-à-dire justifier le système des lois par une science rationnelle. La raison en est, là encore, chrétienne, car il est impossible au christianisme de prétendre s'appuyer sur une philosophie ou un droit naturels. Le clergé chrétien ne peut ainsi, par ruse, que noyer le poisson et contribuer ainsi à l'aliénation croissante du monde.

    - La doctrine réactionnaire de Nitche fournit une explication du monde moderne comme un monde en proie à la démence chrétienne, partiellement véridique, mais échoue à expliquer pourquoi cette démence s'avère impossible à soigner.

    - Les évangiles et les apôtres chrétiens, anarchistes ou antisociaux, dans la mesure où ils ne sont pas déterminés par la mort et le péché, mais par la fin du monde, fournissent une explication du monde moderne comme étant en proie à la démence chrétienne, tout en expliquant pourquoi cette folie est invincible moralement et socialement, et pourquoi Satan tombera dans le piège qu'il a tendu à la vérité, qui consiste à faire du clergé judéo-chrétien le principal actionnaire du mensonge public.

  • Ethique

    Le sentiment d'être honnête est aussi développé chez le propriétaire que le sens de l'honneur chez le gangster. La proximité du crime fait préférer au gangster le terme "d'honneur" à celui "d'honnêteté".

  • Eloge de la faiblesse ?

    Le poncif nitchéen prêtant au christianisme l'éloge de la faiblesse est constamment répété ; je lisais encore ce truc récemment sur un site qui fait la propagande du Pacte Atlantique auprès du public français. Rien ne dit que, malgré sa puissance de feu extraordinaire, le Pacte Atlantique ne sera pas lui-même réduit rapidement à néant un jour ou l'autre, et que ceux qui voient en lui une protection durable de leurs intérêts, ne sont pas de lâches femelles.

    - Pour faire la démonstration de la faiblesse des apôtres, qui se présentent comme les fils du tonnerre, Nitche doit produire une théorie du christianisme incohérente, niant la résurrection, afin d'affirmer la toute-puissance de la nature et du système solaire.

    La thèse de Nitche est incohérente dans la mesure où Nitche postule tantôt l'équivalence du message évangélique et de la morale judéo-chrétienne, tantôt il souligne que cette morale judéo-chrétienne trahit le message évangélique. Ainsi Nitche considère positivement la trahison par l'Eglise catholique romaine du message évangélique. L'Eglise romaine est "athée", au sens où Nitche l'est lui aussi, et il se réjouit par conséquent de cette orientation antichrétienne de la papauté (comme le Français Charles Maurras).

    D'une certaine manière, on peut dire que Nitche ne parvient pas à résoudre la contradiction du christianisme-religion de faibles et de ratés, efféminés, et l'incapacité des élites aristocratiques et bourgeoises antichrétiennes à éradiquer cette religion au cours des derniers millénaires, malgré sa faiblesse supposée, afin de restaurer le droit naturel satanique. Il s'ensuit de la part de Nitche un récit psychologique de l'histoire, assez incohérent pour faire par exemple du seul "moine Luther" honni par ce hobereau allemand, le restaurateur du christianisme. Nitche croit l'éradication du judaïsme et du christianisme près de se produire, ce qu'il prend pour une preuve de la justesse de sa thèse.

    - Il convient de lire Nitche dans le texte ("L'Antéchrist"), car il est trop politiquement incorrect au regard de la science scolastique française, qui pour cette raison n'en présente que des versions truquées ou expurgées, à la manière de Maurras ou de Michel Onfray. La présentation de l'Eglise catholique romaine par Nitche comme l'une des branches actives de l'antichristianisme, est ainsi susceptible de choquer en France comme en Italie.

    - Si le christianisme était un éloge de la faiblesse, il serait un athéisme - ce que la morale judéo-chrétienne est effectivement, qui consiste à substituer à la théologie chrétienne un discours anthropologique. De ce point de vue, il n'y a aucune différence entre les derniers évêques de Rome et la prêcheuse athée Simone de Beauvoir : il faut comprendre que l'éthique judéo-chrétienne réduit dieu à une hypothèse, et que cette spéculation philosophique est la phase préliminaire de l'athéisme moderne occidental.

    La réalité est donc que "l'éloge de la faiblesse" est un discours anthropologique, produit par les élites chrétiennes, contredisant le sens eschatologique des évangiles. Cet éloge de la faiblesse a principalement une fonction féminine ou sociale, alors même que le message évangélique est ABSOLUMENT DEPOURVU DE FONCTION SOCIALE.

    L'éloge de la faiblesse n'est donc pas, comme le prétend Nitche "le discours des faibles", justifiant leurs propres tares - c'est le discours d'une élite afin d'asservir plus facilement à ses intérêts les faibles : progressivement le pouvoir des élites consacré dans l'Etat de droit a pris la place de dieu.

    Quel chrétien peut s'enrôler dans l'armée en tant que chrétien, au service du pacte Atlantique, sans être faible d'esprit, d'une faiblesse soigneusement entretenue par un clergé sournois, et qui ne trouve aucun appui dans les évangiles ? 

  • Démolisseur d'art

    Un commentateur de ce blog prétend ne pas comprendre l'hostilité du christianisme à l'art et à la culture. Disons, premièrement, que l'art et la culture sont devenus désormais des "mots-valises", c'est-à-dire que la plupart des gens, y compris parfois lorsqu'ils exercent une activité artistique, n'ont pas de notion précise de ce que sont l'art ou la culture.

    Ce climat d'inconscience généralisée, qui tend à présenter l'imbécillité ou la folie comme une plus-value artistique, en particulier quand il présente la liberté et le hasard comme deux notions proches, suffit pour caractériser l'art moderne de décadent. L'utopie totalitaire démocratique se reflète donc dans l'art le plus relativiste, qui traduit la contamination de la population tout entière par le goût bourgeois. Relativement la merde est appréciable, et l'homme peut s'avérer assez original pour la trouver délicieuse ; du reste, comme tout le monde chie, la merde est universelle. Voilà à peu près où en sont 

    Un chrétien en revanche sait qu'il n'y a pas de culture pacifique - il n'y en a jamais eu, et il n'y en aura jamais ; aucune culture n'est exempte de l'aspect de mobilisation du peuple au service des élites qui le dirigent. Par le vocable de "culture chrétienne", on entend donc forcément l'antichristianisme à l'oeuvre sous les couleurs de l'apostolat chrétien. En ce sens, des "artistes" comme Jérôme Bosch, Boccace, Shakespeare, ne le sont pas, puisque leur oeuvre est une entreprise de démolition de l'art chrétien dominant. On peut mieux comprendre la notion d'antéchrist telle que l'apôtre Paul et l'apocalypse chrétienne la présentent, en étudiant le fait subversif de la "culture catholique" : c'est pourquoi le propos de Shakespeare est bien apocalyptique et non artistique.

    La prohibition de l'art chrétienne paraît donc superficiellement rejoindre le point de vue conservateur et réactionnaire de Nitche, qui condamne l'art moderne comme une culture de mort décadente. C'est ce qui explique que Nitche et certains de ses disciples ont pu croire Shakespeare un athée proche de la nostalgie réactionnaire et de l'apologie du surhomme. En réalité, et sur ce point Nitche est faux, le chrétien n'a aucune raison d'adhérer à l'art anthropologique décadent, d'abord parce que le christianisme n'a rien d'anthropologique. L'art moderne, dont la fonction est à peu près de démontrer le progrès social et l'évolution, sans aucunement rapporter la preuve d'une moindre bestialité des politiques et des moeurs modernes, est étranger au christianisme, dont la vocation sociale est inexistante.

    Les doctrines sociales de l'Eglise romaine sont des blanc-seings accordés à la bourgeoisie industrielle esclavagiste, et rien d'autre.

    Pour autant, le christianisme ne s'accorde pas avec la culture de vie et l'art réactionnaires, essentiellement païens, que Nitche a souhaité restaurer contre la cinématographie bourgeoise macabre, et toutes les théories relativistes d'espace-temps.

    La mort de l'art n'a rien d'effrayant pour un chrétien, qui l'espère pour lui-même au profit de la vérité et du discernement de dieu. La spiritualité ou la mystique de l'art moderne n'est autre qu'une spiritualité chrétienne galvaudée - ce détournement est perceptible en raison du caractère animiste de l'art moderne, alors que le christianisme est étranger à la théorie sociale de l'âme. Seul l'individu peut voir dieu face à face. C'est ce qui explique que le christianisme dévalue à ce point la famille au profit de l'individu. A l'individualisme, l'art moderne oppose l'aliénation et le relativisme, l'artiste qui ne sait pas si ce qu'il fait est de l'art, mais répond néanmoins à la commande lucrative de quelque chanoine démocrate-chrétien.

     

  • La Pucelle

    Les pucelles sont aussi ignorantes des mécanismes sociaux que les prostituées en sont conscientes. Le fanatisme religieux semble se nourrir d'une certaine abstinence sexuelle. Il est probable qu'un mahométan qui a vécu maritalement pendant plusieurs années n'ira pas faire la guerre à la pourriture occidentale en échange de la promesse de quelques vierges, représentation du bonheur plus séduisante pour un puceau que pour un homme expérimenté.

    Je dis "semble", car le goût inverse du libertinage est également fanatique. Sade, par exemple, est fanatique de la propriété, il ne parle que de ça, comme tous les prédateurs sexuels. Sade est si jaloux qu'il exige de sa régulière qu'elle lui soit fidèle durant tout son emprisonnement.

    La pucelle Caroline Fourest est aussi fanatique que Jeanne d'Arc, et par conséquent les valeurs républicaines de Caroline Fourest sont aussi inconséquentes que le catholicisme de Jeanne d'Arc. Satan communique-t-il plus facilement avec les puceaux ? C'est une question que je me pose aussi en raison de l'aliénation mentale fréquente des moines et moinesses.

    Caroline Fourest me fait d'ailleurs penser à un personnage de fiction, tant ce qu'elle dit est stéréotypé. Bien sûr la télé y est pour beaucoup, car pour bien passer à la télé, il faut inconsciemment jouer un rôle. Mais il me semble qu'elle ne se force pas. Je suis étonné qu'un producteur ne lui ait pas encore proposé un rôle de Jeanne d'Arc moderne dans un film visant l'édification des militants et des militantes républicaines.

    Dame Fourest vient d'écrire un roman où elle raconte qu'elle est tombée amoureuse d'une autre militante urkrainienne ? C'est le truc des personnages de fiction, ça : quel que soit leur âge, ils tombent amoureux, sans doute parce qu'ils n'ont que ça à foutre. C'est l'aveu que la cause féministe est une cause sentimentale et non sérieuse.

    Cette militante se vante de militer pour une cause féministe pacifiste qui n'a jamais cédé à la violence. Et 200.000 avortements par an, ce n'est pas de la violence, peut-être ? Le coït, ce n'est pas de la violence ? On parvient avec ce type de raisonnement au comble de l'abstraction et de la pure rhétorique. La médecine moderne se pose elle-même en promesse débile de faire disparaître la violence et la souffrance - promesse qu'elle est très loin de tenir.

    L'incitation des femmes à avorter, dans la plupart des cas, est une contrainte non moins forte que la contrainte de se marier pour les femmes dans des sociétés moins riches.

    Et je n'aborderai pas ici le problème de l'ingestion de produits chimiques abortifs ou contraceptifs, et la violence qui peut en découler, en dépit des dénégations de médecins dont l'avis sur ces questions n'est pas indépendant, puisqu'ils reçoivent des appointements de l'industrie chimique ; ou encore le problème des séquelles d'avortement. 

    Bien au-delà du cas de Caroline Fourest et de l'avortement, le propos est éclairant sur la manière dont la violence moderne est habilement dissimulée, et le rôle que la plupart des féministes jouent dans cette dissimulation. C'est en effet exactement sur la même base rhétorique que la violence des riches est occultée. De façon caractéristique, contrairement au marxisme, le féminisme qui traite en principe constamment de la question de l'abus de pouvoir, n'aborde presque jamais la question de l'argent, alors même qu'il est caractéristique de l'abus de pouvoir moderne.

    La femme est l'emblème d'une société idyllique, et c'est comme s'il était impossible aux femmes de se départir de ce rôle pour admettre la noirceur irrémédiable du plan social, noirceur que les idéologies réformatrices n'ont fait qu'aggraver.

  • Nabe vs Dieudonné

    Plutôt gonflé de la part de Marc-Edouard Nabe de signer "Soral et Dieudonné ont déshonoré l'antisionisme" dans... "Le Point".

    Les gesticulations de M.-E. Nabe rappellent comment l'avocat du peuple serbe, Patrick Besson, a dû se coucher devant la doctrine du Pacte atlantique afin d'obtenir une chronique mondaine dans "Le Point".

    Le copain de Nabe, F. Taddéi, est contraint de faire profil bas. Et après ça BHL présente la Russie de Poutine comme une dictature ! BHL bien sûr, car c'est lui le grand Inquisiteur, avec sa bande de petits tonsurés serviles autour, plus crétins les uns que les autres, défenseurs de l'Occident judéo-chrétien sous la forme du pétrole transformé en bidules en plastique. Même Rome ne dispose pas d'un Inquisiteur comme BHL.

    Je ne comprends pas le problème de Nabe avec le complotisme ? Je ne comprends pas quelle vérité Nabe propose à la place de : l'Etat ment, comme toutes les institutions, il délivre une vérité institutionnelle, c'est-à-dire religieuse.

    Je ne pige pas non plus où Nabe a vu un débat scientifique organisé dans une revue scientifique de premier plan entre ceux qui nient que l'attentat du 11 Septembre soit l'action d'une puissance étrangère, ou que l'administration allemande des camps ait fait usage de chambres à gaz pour éliminer les Juifs, ou encore qui nient qu'il y a chez L.-F. Céline une volonté d'extermination des Juifs ? Son pote F. Taddéi souligne que les journalistes télé usent de techniques particulières afin de présenter des faits qui les dérangent. Mais même si l'animateur ne fait pas de zèle afin d'indiquer au téléspectateur ce qu'il convient de penser, les débats télévisés sont peu propices à l'élucidation de la vérité. La télévision est faite pour la propagande et le divertissement. Georges Orwell n'aurait pas manqué d'en faire la remarque. Orwell est-il un complotiste selon M.-E. Nabe ?

     

  • Le Christ anarchiste

    Pas de société sans culpabilité. Même certains criminels parlent de "payer leur dette" à la société, salope dont le crédit paraît ainsi illimité.

    Le christianisme est déculpabilisant : c'est en quoi il est anarchiste et menace l'ordre social.

    C'est un piège de Satan -assez grossier- de faire passer le sentiment de culpabilité et la résignation devant la mort pour des mobiles chrétiens. C'est dans ce piège que Satan tombera lui-même.

  • La question juive

    La question juive demeure au centre de presque tous les débats politiques, éthiques, religieux, voire économiques.

    Sous ce titre, Karl Marx traite surtout de la question des Juifs d'Europe de l'Est. On sait que Marx, s'inspirant de Shakespeare, définit l'argent comme un agent corrupteur et un instrument d'auto-aliénation, a contrario de Freud et des psychanalystes, ignorant l'histoire et le fait de la circulation de l'argent au sein des sociétés modernes, comme le sang circule dans le corps.

    La vocation professionnelle des Juifs dans ces contrées, en raison de la honte et de la méfiance vis-à-vis des métiers où l'on est amené à manipuler l'argent, compte tenu de ses facultés corruptrices (la plupart des crimes de sang ont pour cause l'argent), conduit Marx à souligner la corruption particulière des milieux juifs assignés à ce type de fonction.

    On constate d'ailleurs que lorsque l'art est assimilé à sa valeur marchande, comme c'est le cas désormais aux Etats-Unis, dans le même temps l'aliénation mentale de l'artiste ou de l'art qui traduit une telle détermination macabre, est porté au crédit de cet artiste ou de cet art. Le nécrophile Salvador Dali feint la folie, bien plus qu'il n'est véritablement fou, mais il a conscience de la nécessité de feindre la folie et de produire un art "surréaliste" dans une société ploutocratique.

    Bien sûr les milieux d'affaire, à qui ne manquent pas les scribes dévoués, s'efforcent de faire passer Marx pour un antisémite proche d'Adolf Hitler. Suivant une loi anthropologique constante, l'homme pointe l'ignominie d'autrui, réelle ou supposée, afin de dissimuler la sienne.

    La question de l'antisémitisme est liée à la première. Du lien entre les élites capitalistes et les Juifs, Karl Marx ne fait pas une nécessité, et son opprobre s'étend au patronat chrétien, bien plus actif encore à faire passer à l'aide de "doctrines sociales" plus spécieuses les unes que les autres la propriété pour une "valeur chrétienne", quand la vérité évangélique impose renonciation à tout ce à quoi les hommes attribuent de la valeur.

    Plusieurs essayistes modernes ont tenté d'élucider la question de l'antisémitisme. Bernard-Henry Lévy est sans doute le plus connu aujourd'hui. La rhétorique antisémite lui semble omniprésente dans la culture occidentale ; mais la démarche apparemment scientifique de Bernard-Henry Lévy cache mal que son effort est d'abord clérical, pour faire passer l'antisémitisme pour un péché, et non pas tant pour comprendre ses causes ou ses buts.

    Tandis que Marx souligne la corruption de certains milieux juifs, pour Bernard-Henry Lévy le judaïsme est une sorte de concept philosophique très proche du baptême catholique romain. On le décèle notamment au fait que son rapport à l'Etat d'Israël est analogue à celui des catholiques romains français "ultramontains" à Rome. On a pu voir d'ailleurs Bernard-Henry Lévy adopter des positions quasiment "christiques", comme s'il était le Messie tant attendu par Israël.

    On peut attribuer à Marx la même détermination messianique, étant donné sa volonté de faire franchir à l'humanité l'étape ultime qui la sépare de la vérité. Marx connaît trop bien l'ancien et le nouveau testaments pour ignorer que la vérité est l'autre nom de dieu, d'une part, et d'autre part que la puissance étatique est représentative de la force satanique qui s'oppose à la vérité.

    Nombre de Juifs, à l'instar de BHL, parlent d'un judaïsme largement fait de l'éducation qu'ils ont reçue de leurs parents, sans grand rapport avec saintes écritures, et que les circonstances du martyr des Juifs d'Europe de l'Est a transformé en religion d'Etat, suivant le procédé des nations occidentales qui consiste pour elles à tenter par divers stratagèmes et blanchiments à se présenter comme des nations civilisées. On censure ainsi Marx autant que possible, pour occulter qu'il présente la civilisation occidentale, soumise aux mutations économiques, comme une civilisation décadente au regard de celles qui s'appuient, par exemple, sur le conservatisme artistique. Et on promeut en revanche Hegel, le philosophe de la modernité sereine, le moins susceptible de prévenir contre les effets de la barbarie occidentale.  

     

  • Les Athées

    Tous les athées ne sont pas des anthropologues convaincus de leur raisonnement comme l'Allemand Feuerbach, qui fait du progrès de l'humanité le prolongement logique de la religion chrétienne. Dans l'athéisme moderne, le raisonnement compte pour beaucoup.

    Les athées n'expriment pas toujours des convictions, mais parfois aussi des doutes ; plus facétieux que Feuerbach, bien que "Jacques le Fataliste" soit aussi une démonstration que dieu n'est autre qu'une construction de l'esprit humain, Diderot s'est amusé à inverser les données du pari de Pascal (pari qui n'a rien de chrétien, mais est proprement pascalien).

    On oublie souvent de relever que les athées du XVIIe ou XVIIIe siècle ont reçu une éducation religieuse, c'est-à-dire cléricale. La plupart du temps, ils ne font que démolir des arguments théologiques en usant de formules et de démonstrations rhétoriques qu'ils ont apprises au cours de leur scolarité. Or les évangiles sont tout sauf rhétoriques, puisqu'ils contiennent au contraire des avertissements contre le verbe humain.

    Cette manière athée-là fait penser à ces fils ou ces filles qui croient s'émanciper de leurs pères ou de leur mère par l'expression de convictions différentes, mais qui adoptent une conduite ou une existence similaire, ordonnée par des causes et des but économiques similaires. C'est d'ailleurs une démarche consciente, de la part de Voltaire comme de Feuerbach, de substituer la philosophie au catéchisme catholique romain. Il est tout aussi faux, sur le plan historique, de faire de la Révolution française un moment-clef de l'athéisme, que de lui attribuer comme fait Hegel un sens spirituel chrétien. Ce type d'interprétation trahit l'incompréhension, bien plus grave de la part des chrétiens que des athées, que le christianisme n'est pas plus anthropologique que les religions païennes antiques n'étaient.

    On me rapporte le propos, plus récent, d'un athée, membre de l'Académie française, qui dit voir, ou plutôt entendre dans la musique une preuve contraire que dieu existe bien. Ce type est un benêt : loin de prouver dieu, la musique justifie au contraire l'homme et l'humanité, comme tous les arts où il n'est pas fixée de limite à l'abstraction ; la musique épouse donc la cause de l'athéisme moderne, qui est d'abord et avant tout un relativisme. D'ailleurs s'il y a une religion que les sceptiques peuvent railler comme une invention de l'homme afin de se rassurer, c'est bien la musique. La musique est un placebo. 

     

     

  • Désir et curiosité

    On confond souvent désir et curiosité, afin d'embrouiller un peu plus l'explication du mythe de la Genèse (qui a rarement été aussi bien expliqué que par Francis Bacon, à l'aide d'une comparaison avec le mythe analogue de Prométhée). De fait l'éthique judéo-chrétienne, dirigée contre la lettre et l'esprit des saintes écritures, requiert une interprétation erronée de cette fable, ouvrant droit à la morale judéo-chrétienne.

    La curiosité ou la soif de connaissance est au contraire la plus forte incitation à ne pas se fier au désir, qui fait prendre les rêves pour la réalité. Un savant se méfiera donc du mouvement érotique de l'humanité, et de son propre mouvement érotique le cas échéant, car si l'histoire a un sens, il ne saurait être économique ou érotique, ni même artistique ou technologique ; la science naturelle est le meilleur moyen pour infirmer l'histoire et la caractériser comme une illusion judéo-chrétienne.

    A l'hypothèse païenne de l'éternel retour biologique du même, le chrétien ou l'historien répondra en faisant valoir que cette science naturelle n'explique qu'une part de l'homme, à savoir sa détermination érotique commune avec les autres espèces. Mais qu'une telle science naturelle moderne, non seulement ne se préoccupe pas de ce qui distingue manifestement l'homme des autres espèces, mais rend la démarche scientifique inexplicable ou absurde, lui faisant perdre sa vocation d'élucidation pour la ramener à une simple quête de moyens techniques, c'est-à-dire de solutions qui n'en sont pas.

    La réponse du chrétien ou de l'historien n'est pas dans l'énoncé de concepts abstraits, censés prouver le libre-arbitre humain ; la capacité d'abstraction, typique des femmes, loin de permettre l'émancipation du conditionnement naturel, ne fait que renforcer les droits de la nature, ainsi que l'art le plus conceptuel ou rhétorique, à force de casuistique et d'effets de manche, finit par être l'éloge le plus vibrant aux bonnes imitations antiques de la nature. En raison de la capacité d'abstraction qu'elle traduit, la théorie de la relativité trahit une conscience technocratique de la réalité, et non à proprement parler une conscience scientifique.

    La science fait toujours reculer les droits de l'érotisme et de la morale, qui opèrent conjointement. Si le christianisme est pur de tout mouvement érotique, c'est parce que c'est un message scientifique.

     

  • Culte du Progrès

    Le culte du progrès a peu à peu remplacé les anciens cultes, jusqu'à devenir presque universel. Comme tout culte, ce dernier repose sur d'importants moyens de coercition et de censure.

    - Ainsi les institutions françaises "progressistes" censurent une littérature française globalement très sceptique vis-à-vis de l'idée de progrès social.

    - L'idolâtrie du progrès social est un culte en apparence chrétien.

    - Un païen ne peut en effet croire au progrès social en vertu de la matière, qui assigne à l'homme des limites spatio-temporelles. Les poètes païens vont parfois jusqu'à dire, conscient que le temps est représentatif du plan humain, que le temps n'existe pas. Autrement dit, l'idée que la volonté humaine peut s'imposer sur une volonté d'ordre cosmologique, selon sa formule zodiacale (666), est impossible dans la philosophie naturelle païenne rationaliste où l'homme est relatif à la nature et non l'inverse.

    L'hypothèse du transformisme biologique est peu crédible du point de vue païen essentiellement conservateur, dans la mesure où la philosophie naturelle évolutionniste semble déterminée par l'idée de progrès social.

    - Le chrétien, quant à lui, ne peut croire au progrès social dans la mesure où le plan social, introduit par Eve et auquel l'Epouse du Christ mettra un terme définitif, est indiqué par la parole divine comme une voie sans issue.

    L'histoire récente a montré l'aptitude extraordinaire des théoriciens du progrès social à remplir les charniers de cadavres. Dans la doctrine hitlérienne, apparemment la plus païenne, c'est encore l'aspect du progrès social qui constitue la part la plus illusoire et dangereuse.

    Le procédé de la propagande en faveur du progrès social est celui de l'illusionnisme ou du cinéma : il consiste à attirer l'attention sur un détail secondaire, afin de distraire l'attention du mouvement général. La théorie du progrès social se nourrit d'indices statistiques et non de preuves.

    L'humour est certainement la meilleure arme contre le culte du progrès social et ses prêtres, car il entraîne la prise de conscience inverse de l'idolâtrie du progrès, à savoir la faiblesse et la nudité de l'homme, son athéisme essentiel.

    Si l'idolâtrie du progrès social résulte d'une faiblesse particulière de la psychologie chrétienne, comme prétend Nitche, ou bien d'une ruse de Satan, je vous laisse en décider.

  • Féminisme et apocalypse

    L'anthropologie moderne féministe se confond avec le cléricalisme. On en prend conscience en étudiant la littérature religieuse du moyen-âge et de la renaissance, où le sens du sacrifice social des femmes est exalté par des cardinaux (italiens) ou des saints catholiques romains officiels. L'aptitude particulière des femmes au sacrifice est censée imiter le sacrifice du Christ Jésus lui-même. Cette propagande se heurte à un obstacle majeur : cet obstacle est théologique, puisque le sacrifice du Messie est dépourvu de vocation sociale. Le point de vue social est celui des pharisiens, dont la tactique consiste justement à tenter de mettre le messie en porte-à-faux avec les lois religieuses juives ou le civisme romain.

    La mort et la résurrection du Sauveur, en faisant reculer les frontières de la mort, compromettent définitivement l’ordre social. Celui-ci trouve en effet sa consistance dans la perspective de la mort. L’éternité n’est d’ailleurs concevable du point de vue éthique ou social que sous la forme d’un au-delà parfaitement virtuel, c’est-à-dire d’une théorie de l’espace-temps, formule qui permet de recomposer l’au-delà au gré des métamorphoses de la société. Il faut comprendre l’invention du purgatoire, en l’absence de fondement scripturaire, comme la réponse du clergé à un besoin social dont le christ n’a cure.

    On peut se demander où sont passés l’au-delà et le purgatoire dans une société laïcisée, voire athée, qui semble s’être affranchie de ces idéaux ? On les retrouve dans les différentes théories de l’âme, et surtout c’est la vocation de l’art moderne de faire croire à l’au-delà. Sans la mystification de l’avenir ou du progrès de l’art, il n’y a plus d’art moderne, ni d’artistes modernes, martyrs de cette cause religieuse. L’art païen, produit de la culture de vie païenne, refuse au contraire de se tourner vers l’avenir et le progrès au profit d’une jouissance présente ; le prêtre réactionnaire païen Nitche assimile à juste titre l’anthropologie moderne à un dolorisme. Peu d’artistes modernes sont conscients comme Nitche ou Hegel de la détermination anthropologique chrétienne de l’art moderne.

    L’erreur d’appréciation de Nitche à propos de la morale puritaine est de la croire dirigée contre les femmes. Elle fut au contraire conçue par le clergé puritain comme une mesure protectrice des femmes des débordements de la sexualité masculine, en des temps où celle-ci présentait un danger majeur d’accident. La monogamie est donc une loi religieuse féministe. Ce faisant le clergé féministe commet, sous prétexte de combattre la fornication, le péché de fornication, puisque celui-ci n’est pas moral, dans le coït ou l’acte de chair lui-même, mais dans l’attribution à l’acte de chair d’une dimension mystique amoureuse, qui du reste va bien au-delà de la mystique païenne dans ce domaine, qui n’outrepasse pas les limites de la raison et du droit naturel.

    C’est cette mystique charnelle chrétienne dont Shakespeare s’attache dans « Roméo & Juliette » à montrer le véritable ressort ; non pas en vertu d’un quelconque athéisme ou paganisme, comme prétend Nitche, mais parce que l’anthropologie chrétienne est la pire atteinte possible à l’eschatologie chrétienne, et au message évangélique, le moins anthropologique qui soit, et le plus dissuasif pour l’homme de « s’installer dans le temps ».

    Nitche a bien compris, du reste, que l’aspiration de l’homme à l’éternité, seule justifie la science, et que si cette aspiration n’est qu’un vain fantasme, alors l’art est bien suffisant, qui se contente d’imiter la nature et renonce à l’élucider au-delà de ce qui est nécessaire à la jouissance ou la moindre souffrance.

     

    Le mensonge de Nitche, relayé par de nombreux historiens pétris de culture latine, est d’inventer une antiquité païenne hostile à la métaphysique et convaincue de l’éternel retour, procurant force de loi au destin, alors que les témoignages sont nombreux dans l’antiquité, à commencer par Homère, d’un goût pour la métaphysique, de sorte que l’aspiration de l’homme à l’éternité est de tous temps. Le christianisme ne fait qu’affirmer que cette aspiration est la seule logique, en dehors de laquelle tout est anthropologiquement absurde et efforts acharnés pour s’adapter à cette absurdité. L’homme a conçu depuis la nuit des temps que l’anthropologie est un serpent qui se mord la queue.

  • Théorie du genre

    Pour qui sait regarder la vérité en face, la "théorie du genre" dont on nous rebat les oreilles traduit l'effondrement du savoir scientifique au niveau de la rhétorique, c'est-à-dire de la religion.

    Cette présentation d'une vérité religieuse comme une vérité scientifique est typique du discours totalitaire, qui s'est nourri notamment au XXe siècle d'évolutionnisme ou de darwinisme social.

    J'ai commenté l'exhortation fameuse de Simone de Beauvoir à "devenir femme" sur ce blog, présentation plus poétique de la "théorie du genre", et dit la part de christianisme qu'elle recèle. D'une manière générale, on ne peut comprendre le totalitarisme sans comprendre la religion chrétienne qui le détermine. Le monde païen connaît "seulement" la tyrannie fondée sur le droit naturel ; au cours de l'ère chrétienne s'est développée une formule de l'oppression, fondée non plus sur le droit naturel, mais la science humaine ou anthropologique. Autrement dit, le rapport de l'homme à la nature s'est inversé, non pas sous l'effet de la science, mais au contraire d'une spéculation religieuse intense, où la scolastique médiévale chrétienne a beaucoup contribué.

    Simone de Beauvoir est au demeurant une admiratrice de la philosophie nationale-socialiste de G.W.F. Hegel, c'est-à-dire d'une interprétation prétendument chrétienne de l'histoire que l'on retrouve à l'arrière-plan de tous les partis totalitaires modernes : nazi, stalinien et démocrate-chrétien, classés ainsi dans l'ordre de puissance. Répétons-le, car cette imposture est celle de l'Education nationale et des universités françaises depuis la 2nde guerre mondiale. L'hégélianisme est le plus grand commun dénominateur des idéologies totalitaires post-napoléoniennes, non le marxisme, ou même la doctrine réactionnaire de Nitche. Le marxisme est la doctrine de l'impérieuse urgence de dissoudre l'Etat afin, pour l'homme, de recouvrer la liberté. La critique de l'Etat et du droit modernes de Nitche est plus concise mais néanmoins assez efficace - ce qui fait du nazisme une idéologie moderne, c'est le volet des théories raciales ou du darwinisme social, derrière lesquels on retrouve, comme dans la théorie du genre, l'aspect du mobile juridique déguisé en mobile scientifique.

    - Une manière simple de contester le fondement scientifique de la "théorie du genre" est de dire que le "progrès social" est une hypothèse scientifiquement improbable. Les deux hypothèses sont en effet liées. Le "devenir de la femme", tel qu'évoqué par S. de Beauvoir est en effet un "devenir social chrétien". La vérité scientifique, c'est que la société se métamorphose, elle évolue, mais rien n'indique que cette évolution soit un progrès. Mesurez la place de la science dans ce genre de conviction : elle se nourrit d'un préjugé répandu par de soi-disant chrétiens, puis de soi-disant athées socialistes, alors même que le christianisme, si l'on prend la peine de lire les apôtres, s'avère LA RELIGION LA MOINS SOCIALE DE TOUS LES TEMPS. Jamais aucune religion n'a souligné autant la vanité complète et définitive du plan social, fondant l'universalisme sur l'amour, et l'amour sur le renversement de l'ordre social, non pas violent mais spirituel, non pas collectif mais individuel. En dépit de cela, l'Eglise romaine s'avère la matrice des institutions sociales occidentales.

    Mesurez la place de la science dans l'Occident en général, puisque c'est un suppôt de Satan, défenseur du droit naturel, Nitche, qui sait mieux que des légions de clercs catholiques que le christianisme est essentiellement anarchiste. Ce que Nitche ignore, c'est la détermination de ces légions de clercs. Pourquoi un tel acharnement à proférer des bobards religieux comme la démocratie ou l'égalité entre les sexes ?

    - Le "généticien" (sic) Axel Kahn, accomplissant son devoir médiatique, s'est fendu d'un essai de vulgarisation de la "théorie du genre" pour le petit peuple français têtu que les prêches radiophoniques émanciperont bientôt des ténèbres où il est plongé ; aussi parce que les sectateurs de la théorie du genre ont un peu du mal à s'accorder les uns les autres, comme dans la tour de Babel, parfaitement emblématique du tour que la rhétorique peut jouer aux rhétoriciens qui croient que la rhétorique est une "science dure".

    Au titre de généticien et de nombreuses autres distinctions, disons que M. Axel Kahn, savant pour rire, a sa part de responsabilité dans l'eugénisme national. Celui-ci est remis en cause par des économistes un peu plus sérieux que les médecins-légistes qui permettent à la France de se délester chaque année de 200.000 embryons. Or l'économie prévaut sur l'éthique dans les nations libérales, de sorte que celle-ci résulte objectivement de la compétition que se livrent les acteurs économiques à l'échelle mondiale. Voilà ce qu'on peut dire sur le terrain extra-scientifique où se situe M. Axel Kahn.

    "La théorie du genre ne veut pas dire qu'il n'y a pas de différence biologique entre l'homme et la femme, comme le zizi par exemple, mais qu'on ne peut pas déduire de cette différence biologique une différence de comportement, comme le fait que les femmes sont moins bonnes que les hommes en maths, par exemple." Voilà en substance ce qu'a dit le professeur Kahn, voulant ainsi renforcer le crédit de la théorie du genre auprès de la frange de la population qui parle petit nègre.

    Donc les différentes manières de se vêtir des hommes et des femmes n'ont pas une cause biologique ? De même les hommes vont à la guerre, ils représentent 99% de la population carcérale misogyne sans que la nature y soit pour rien ? Le propos d'Axel Kahn en dit long sur la mentalité évolutionniste, c'est-à-dire la théorie qui constitue la clef de voûte de l'eugénisme moderne, et qui pose l'hypothèse incomplètement démontrée du transformisme biologique. Paradoxalement, et ce paradoxe fait soupçonner un préjugé anthropologique plaqué sur le monde animal, l'évolutionnisme renforce l'idée du déterminisme biologique (pour ne pas dire qu'elle nie la liberté), tout en refusant à la nature d'être la cause essentielle de la culture, c'est-à-dire en posant le principe d'une liberté, celle contenue dans la théorie du genre, totalement théorique et "empruntée" à cette falsification du christianisme qu'est l'éthique chrétienne.

    Ce paradoxe n'est pas seulement celui de l'éthique scientifique moderne, il est aussi exactement celui de l'art moderne, dont on ne peut manquer de souligner l'appui qu'il a fourni aussi largement aux idéologies totalitaires, sous la forme globale du futurisme le plus inepte, ou encore de l'existentialisme le plus creux. Il y a discours éthique et un discours esthétique totalitaires, et ils convergent. Ce discours prétendument humaniste occulte la science véritable, non seulement métaphysique mais même physique. Le refus des savants technocrates d'envisager la métaphysique n'est pas, comme on peut croire au premier abord le refus d'envisager des questions extra-physiques ou qui touchent à la foi ; ce refus tient à ce que la conscience moderne postule une réalité virtuelle qui constitue une métaphysique d'un autre genre, dont le rôle d'agrégation des masses est primordial.

    - De prétendus savants comme Axel Kahn se gardent d'expliquer comment ils font pour concilier science et éthique. Ils ne démontrent pas non plus en quoi la conciliation qu'ils opèrent est supérieure moralement à celle opérée par le régime nazi, et leur abus de position morale dominante est strictement le même.

    En même temps que la communauté des savants neurologues ou psychiatres fait l'aveu que le cerveau, où cette communauté situe empiriquement l'intelligence, est encore "terra incognita" (la mise en évidence de l'activité cérébrale à l'aide de produits de contraste est une expérience tautologique ridicule), Axel Kahn décrète que la différence sexuelle biologique n'est pas lourde de conséquence sur la volonté qui anime l'homme ou la femme !? Il n'y a pas de définition de l'intelligence, mais l'intelligence des hommes et des femmes est similaire.

    En ce qui me concerne, je soupçonne au contraire une accointance particulière entre les mathématiques modernes, dites "post-euclidiennes", et le mode de réflexion féminin, pour avoir observé à de nombreuses reprises que la géométrie antique pythagoricienne heurte naturellement moins la façon virile de penser, plus concrète. Il y a bien sûr des exceptions, notamment les "gens de robe", qui partagent souvent la manière subjective et pusillanime des femmes de penser, qui balancent souvent et concluent rarement. C'est certes une femme, Simone Weil, qui se prononce contre la physique nucléaire moderne en raison d'un tour rhétorique excessif suspect, mais son raisonnement est largement fondé sur la pensée grecque antique. Mathématicien, le frère de Simone Weil a manifesté quelques soupçons quant au fameux progrès accompli par les mathématiques modernes, en comparaison des anciennes, en raison de la dimension pataphysique ou surréaliste de la nouvelle norme.

    Un des processus totalitaires les plus dangereux est celui qui consiste à faire de l'exception la nouvelle règle, quand celle-ci servait anciennement à confirmer la règle principale. On retrouve ce processus dans l'eugénisme, la théorie du genre, le marketing politique : il expose la culture moderne et ses acteurs à une destruction sous la forme de "retour du naturel au galop".

    L'apocalypse chrétienne énonce que la seule force qui peut s'opposer à la violence anthropologique de l'homme vis-à-vis de lui-même, c'est la connaissance. Le monopole de l'Etat sur la science est donc un scandale absolu ; il ne fait que prolonger le monopole de l'Eglise romaine. Le plus scandaleux est la caution fournie par de soi-disant chrétiens ou de soi-disant juifs à cette science étatique totalitaire. J'ai des noms, des centaines de noms, mais je ne les donnerai pas, car tout homme périt par où il a péché - la folie frappe souvent les prétendus savants qui parlent contre l'esprit de dieu - il ne faut pas se préoccuper des salauds qui abusent de leur position dominante, mais des victimes de leurs tromperies. Il n'y a pas de liberté dans le genre, pas plus qu'il n'y en a dans la nature ; il y a seulement une façon plus hasardeuse de choisir sa mort, qui traduit plus l'empreinte de l'Etat, et moins celle de la famille. A quoi bon servir l'Etat ? C'est le dieu le plus froid, proche parent de Pluton. 

     

     

     

  • Demain la révolution

    Tandis que des manifestations violentes de mécontentement ont lieu en Ukraine contre le président Ianoukovitch soutenu par le pouvoir russe, quelques dizaines de milliers de personnes ont manifesté à Paris dimanche dernier a contrario contre le gouvernement oligarchique capitaliste de la France, son orientation "américaine" en matière de moeurs.

    On s'achemine peut-être en France vers un nouveau Mai 68, comme certains blogueurs le prônent depuis quelques mois ? La presse française préfère évoquer le 6 février 1934 - mais pas sa répression policière républicaine brutale. En réalité, le 6 février 1934 et Mai 68 sont des mouvements analogues ; Mai 68 est un mouvement beaucoup plus réactionnaire ou nitchéen qu'on ne le dit. Au demeurant, Nitche a raison, la France est plus réactionnaire qu'elle n'est moderne.

    La France est surtout moderne de par ses universités et ses professeurs, qui ne sont jamais que des fonctionnaires. "Réactionnaire" ne veut pas dire "de droite", puisque la mécanique gauche-droite est un moteur dont le mouvement n'est positif que du point de vue moderne. Si l'on prend Nitche comme exemple du pur réactionnaire - on peut définir le type réactionnaire comme celui à qui le seul slogan de l'avenir ne suffit pas pour avancer. La misogynie réactionnaire n'est pas un hasard, c'est quasiment un principe de jouissance, de sorte que l'avenir en particulier, et la détermination abstraite en général, est perçue comme un joug. Le désir d'avenir est un désir féminin. Ses chaînes, la femme en fait le plus souvent un ornement. La manière de marcher vers l'avenir est aussi caractéristique : comme elle est grégaire, il suffit qu'un obstacle se dresse sur ce chemin pour que le troupeau s'éparpille. Il y a dans le désir d'avenir, comme dans le désir de démocratie, un désir de se noyer dans la masse.

    De surcroît la presse et les médias français font corps avec l'oligarchie. Ils distraient les masses à l'aide de sujets secondaires, économiques. Bien sûr l'économie nous détermine, mais c'est précisément pour cette raison qu'elle n'a pratiquement aucun intérêt ; les mahométans sont plus raisonnables avec leur "Inch Allah", que tous ces branleurs avec leurs mastères d'économie qui font et refont leurs calculs à l'infini. Montrer ces têtes de cul à la télé française, quelle infamie. La vie est trop courte pour ne pas s'intéresser exclusivement à ce qui ne nous détermine pas. Simone de Beauvoir a raison : ce qu'on est à la naissance compte pour rien ; on peut prouver aussi bien le néant par l'origine que par la fin dernière. Mais dans ce cas, pourquoi ce déversement incessant d'histoires de cul et de sentiments féminins complètement puérils ? Autrement dit pourquoi l'iniquité moderne passe-t-elle par des garanties et des ruses féminines ?

    Le désir de rébellion ou de révolution de la jeunesse, son parfum excitant, viennent du sentiment que la révolution permet de reconquérir du terrain sur le destin ou l'économie. Comme dit l'humoriste Dieudonné : "Mieux vaut mourir libre que de vivre en esclave." : ce discours fait certainement mouche parmi les jeunes gens sensibles à la privation de liberté dans l'Etat de droit hyper-paternaliste où nous sommes. George Orwell dit justement que les intellectuels ne perçoivent guère la privation de liberté dans les régimes totalitaires ; c'est probablement parce que l'intellectualisme, qui est aussi un élitisme (en tant qu'artiste, Nitche rejette l'intellectualisme), peut se définir comme une pensée abstraite - comme le rêve, elle fournit sous la forme rhétorique un certain nombre d'échappatoires au lourd conditionnement de fait, qu'un artiste ou une personne à l'esprit plus concret ressentira mieux. En quelque sorte, l'intellectuel est non seulement captif du système, mais il en est un complément indispensable afin de suggérer les contours d'une liberté idéale, parfaitement hypothétique. D'une manière beaucoup plus sinistre, l'intellectuel, qui est une sorte de prêtre, censure les critiques du système technocratique qui entraîne le conditionnement le plus strict : censurés Marx, Orwell, Bernanos, Simone Weil, Céline, Shakespeare, Molière : ou passés à la moulinette de la culture de masse cinématographique.

    Cependant Shakespeare montre que la révolution, si elle paraît légitime et correspondre mieux à l'aspiration à la liberté que le maintien de l'ordre en place, la révolution est inutile dans la mesure où elle ne fait pas reculer les droits de la tyrannie (cf. "Jules César"). Le meilleur moyen d'être insoumis à l'ordre public n'est pas la révolution, mais la charité, beaucoup plus difficile que la révolution, la charité socialement impossible.

  • Ironie et histoire

    Nitche fait de l'humour ou de l'ironie, non seulement une vertu française, mais la marque d'une conscience païenne supérieure - d'où l'hommage qu'il rend aux moralistes français du XVIIe siècle. Le salut chrétien n'est aux yeux de Nitche qu'une plaisanterie saumâtre, car il soumet l'homme à une perspective entièrement abstraite, en contrepartie de la renonciation au bonheur terrestre, visée plus juste des religions païennes.

    Dans une large mesure, la religion grecque ne correspond pas à la définition trop restreinte que Nitche en donne, et qui consiste à nier qu'il y a une métaphysique grecque, pour réduire l'art grec à une simple détermination anthropologique, alors que tout laisse penser au contraire que Homère, Aristote ou Démocrite on une démarche théologique authentique, et ne sont pas seulement des poètes ou des moralistes. On voit bien notamment comme Homère et la mythologie soulignent que le plan humain du désir contrecarre le plan divin de la sagesse. Il y a d'ailleurs dès l'Antiquité grecque un matériel scientifique suffisant pour réfuter la science physique relativiste d'Einstein, qui déduit les propriétés de l'univers ou du cosmos des seules facultés humaines, c'est-à-dire prend pour un dogme l'idée selon laquelle la nature s'organise autour de l'homme.

    Le néo-paganisme écologiste ou libéral découle de l'idée d'exploitation plus ou moins rationnelle de la nature. Ces doctrines sont risibles du point de vue païen de Nitche, pour qui la nature est bien plus insondable que l'homme, dont le mobile biologique est transparent, et qu'il n'y a pas besoin de gratter beaucoup le vernis culturel pour découvrir. L'ironie est d'ailleurs permise par la connaissance de soi ou l'exaltation artistique de soi comme un être borné, limité, et non soumis au plan social infini, qui relie les hommes entre eux jusqu'à former une chaîne innombrable.

    Nitche oppose donc la recette d'un humanisme païen à la culture moderne, qu'il accuse d'être un instrument d'aliénation judéo-chrétien. La doctrine de Nitche capote sur le point de savoir de qui cet instrument d'aliénation sert le dessein. Capoterait tout autant une théorie qui chercherait à démontrer que la culture de masse répond à une initiative et à des besoins populaires, puisqu'il est manifeste que cet aspect du totalitarisme porte la marque des élites. De manière caractéristique, ce sont les élites qui s'efforcent d'assimiler les gadgets technologiques ou juridiques au progrès scientifique ou juridique.

    La doctrine païenne de Nitche est une doctrine aristocratique, et il ne peut en être autrement, en raison de sa référence rationnelle au droit naturel. Nitche est parfaitement conscient qu'une société égalitaire, en vertu de la nature, est impossible : une société égalitaire ne peut s'appuyer que sur la rhétorique la plus abstraite, qui tôt ou tard sera démasquée. Qu'adviendrait-il d'une société dont tous les membres seraient capables d'ironie, c'est-à-dire seraient avertis de la vanité de l'existence ? La raison de se soumettre au bonheur d'autrui serait perdue dans une telle société. C'est ce qui explique que les fachistes ont été naguère les meilleurs exégètes de Nitche, ne cherchant pas à dissimuler la nature essentiellement aristocratique du surhomme nitchéen.

    L'amalgame de Nitche serait véridique entre la culture moderne et la moraline judéo-chrétienne si le christianisme permettait de définir un plan social, une doctrine sociale, ou encore une anthropologie. Or ce n'est absolument pas le cas, et l'apôtre Paul, ennemi juré de Nitche et des pharisiens juifs et chrétiens qui propagent sa doctrine, ne donne pas prise au plan social, à moins de ne retenir de Paul que les quelques conseils cironstanciels qu'il donne à ses disciples, et d'en ôter toute la partie eschatologique.

    La conscience historique occupe quant à elle la même place que l'ironie dans la doctrine païenne de Nitche. Cette conscience historique, de Shakespeare ou Molière, a bien aussi un aspect ironique ; mais cette ironie, qui vise les rois tombés à terre, ne vient pas du constat de la vanité ou des limites de l'existence humaine, mais de la vanité et des limites du monde, et par conséquent de l'art humain. En définitive, après avoir cru reconnaître dans Shakespeare un semblable aristocrate (Francis Bacon), Nitche se demande quel but poursuit Shakespeare exactement. Shakespeare ne construit certainement pas une doctrine artistique à l'instar de Nitche, mais il montre bien plutôt que, comme le monde est condamné, l'art humain est aussi condamné à s'étioler, sans pour autant que la vérité soit altérée, ce qui constitue un démenti chrétien formel aux sciences sociales ou anthropologiques, ainsi qu'à la philosophie naturelle qu'elles ont fourni aux régimes totalitaires depuis le XVIIe siècle.