L'alternance du puritanisme et de périodes de débauche sexuelle est caractéristique de la culture occidentale moderne. L'idée américaine idiote de libération sexuelle est étrangère à l'Antiquité, parce que celle-ci n'a pas eu l'usage sur le plan politique de la contrainte sexuelle, qui permet de lier plus facilement les masses laborieuses à leur outil de travail.
Plutôt que de parler de "culture occidentale", on pourrait parler de "culture bourgeoise", car la caste bourgeoise a elle-même ce caractère relativement difficile à définir de la culture occidentale "évolutive". Ironiquement, on pourrait dire que le bourgeois est l'homme qui s'estime descendant du singe. C'est pourtant le cas - l'hypothèse évolutionniste est conforme aux valeurs bourgeoises, parmi lesquelles la mutation joue un rôle essentiel. La théorie américaine du "dessein intelligent" n'est nullement une théorie chrétienne, c'est d'abord et avant tout une théorie artistique. Ce qu'un artiste est amené par son art à mettre en doute, dès lors qu'il ne fait pas seulement commerce de son art suivant l'exigence bourgeoise, c'est l'aspect positif de la mutation. Nitche n'est pas loin de découvrir que la science évolutionniste est animée par un préjugé irrationnel issu de la morale judéo-chrétienne. Parce que l'existentialisme satanique est un existentialisme opposé à l'existentialisme bourgeois.
De la même manière, le darwinisme de la culture nazie ou des autorités nazies trahit que le nazisme n'est pas seulement réactionnaire, mais moderne et bourgeois, en prise avec son époque. Il s'agit de dénoncer surtout l'aspect réactionnaire du nazisme afin de blanchir la culture bourgeoise moderne, dont le stalinisme est moins éloigné.
Ce qui rend toute conversation avec des personnes puritaines très difficile, c'est qu'elles sont entièrement déterminées par le sexe comme les nourrissons, plus encore que les débauchés sexuels qui ont une conscience plus nette de leur aliénation.
On pourrait dire que l'antiquité entretient un rapport moins passionné avec la sexualité, ce qui se traduit sur le plan religieux par un moindre fanatisme. Le "décrochage" de l'éthique d'avec l'esthétique au cours de l'ère dite "chrétienne", la musique devenant peu à peu primordiale, est d'une manière générale un signe de progrès du fanatisme religieux. Si la société bourgeoise du spectacle est une société barbare, c'est très largement en raison de sa passivité religieuse et du maquillage de ce panurgisme par ses élites en discipline scolaire, en civisme, en patriotisme ou en mouvement culturel.
L'éloge bourgeois de la laideur s'explique par une plus grande passion, compensant une moindre vitalité ; mais comme la vitalité primera toujours sur la passion, la culture moderne est condamnée à mourir, si ce n'est déjà fait. Elle ne résiste que grâce aux efforts énormes de propagande auxquels elle a consenti au cours des temps modernes, car la culture bourgeoise occidentale est, de fait, la culture la plus religieuse de tous les temps. Probablement aucune culture n'a jamais prôné, comme la culture bourgeoise, que le questionnement et la recherche scientifiques priment sur les réponses scientifiques et l'élucidation de l'objet de la science. Un chrétien aura du mal à ne pas voir dans la culture moderne bourgeoise, en principe "judéo-chrétienne", portée par des actionnaires "judéo-chrétiens", une ultime réponse de Satan à la révélation chrétienne.