Un survol de ce qu'on nomme pour sacrifier au "marketing" la pensée "post-moderne" permet de se rendre compte que ni Karl Marx ni G.W.F. Hegel n'ont été "dépassés".
Autrement dit le national-socialisme, à quoi la pensée en partie totalitaire de Hegel correspond bien d'une part, et le communisme d'autre part, ces deux doctrines demeurent le comble de la modernité occidentale. Il n'y a pas d'opinion qui sorte de ce repère orthonormé, Hegel en abscisse et Marx en ordonnée.
Il faut laisser de côté, même s'il fait l'unanimité des partis politiques ou presque, le "libéralisme", qui ne constitue pas une pensée cohérente mais un ensemble de slogans hétéroclites contredits par la réalité la plus tangible. Ainsi les deux Etats les plus "libéraux" au monde, les Etats-Unis et le Royaume-Uni, sont en même temps des Etats policiers où les règlementations en tous genres abondent, qui encouragent, limitent ou prohibent tous les trafics possibles et imaginables, jusqu'au trafic de sentiments humains.
Ce qu'on appelle l'"existentialisme" n'a pas non plus de cohérence. Il est caractérisé par l'enfantillage d'un Jean-Paul Sartre ou d'un Frédéric Nitche, athées un jour, croyants le lendemain. Deux penseurs prédestinés à finir dans les placards de l'Histoire, même si, pour entrer dans les détails, on peut dire que le crétinisme de Nitche excède celui de Sartre. On a le cas d'un Candide égaré au XXe siècle avec Sartre, et avec Nitche le cas d'une pucelle allemande qui se prend pour un super-héros. Le cas de Sartre et de sa Simone-Cunégonde est quand même moins bête.
Quant à la théologie, qu'il vaut mieux appeler "pensée de l'Eglise contemporaine", force est de constater qu'il y a beau temps que l'Eglise a cessé de penser par elle-même. Benoît XVI n'hésite pas à en faire l'aveu en se référant à des philosophes "laïcs" (avec une prédilection pour les plus décadents).
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Il n'est pas difficile par conséquent de deviner que ce qui détermine la pensée post-moderne c'est précisément de masquer la réalité que les silhouettes de Hegel et de Marx se découpent toujours sur l'horizon.
Aussi le but de la manoeuvre est-il de tirer Hegel et Marx vers la sophistication, de les traduire en langage codé pour mieux les trahir. Hegel offrait une prise au ce fanatisme laïc, à l'incohérence d'Heidegger, qui de mon point de vue incarne l'imbécilité universitaire post-moderne de façon exemplaire, étant donné que Hegel est contradictoire et qu'il ne parvient pas à s'extraire complètement de l'obscurantisme allemand.
Dans le cas de Marx, penseur anglais, français, italien, tout ce qu'on voudra sauf allemand, c'était plus difficile. La radicalité même prônée par Marx et sa dissidence de l'Université rendait la tâche plus ardue.
A l'aide de quelques syllogismes kantiens, des idéologues comme Althusser, Derrida ou Balibar se sont fait fort de dissimuler la science de Marx derrière un rideau de fumée philosophique. La revanche de l'Université bafouée sur Marx, en quelque sorte. Des grenouilles qui veulent se faire plus grosses que le boeuf et éclatent en charpie de sophismes hasardeux. "Protège-moi de mes amis, je me charge de mes ennemis" aurait pu dire Marx à son "alter ego" Engels.